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Marguerite de Xavier Giannoli

Dans les années 1920, la baronne Marguerite Dumont (Catherine Frot) convie son cercle social à l’écouter chanter un récital d’opéras. Cette quinquagénaire adore chanter, elle adore l’opéra et les grands airs, elle adore la musique, Bach, Mozart, Bizet, Purcell, Bellini… Sauf qu’elle chante lamentablement faux, ne sachant placer sa voix. Elle ne s’entend pas. Les spectateurs, si, et ils en souffrent. Dans les oreilles, fuyant dès qu’ils le peuvent dans une pièce à côté, portes fermées, avec des bouchons distribués par le majordome, ou retardant son arrivée comme son mari Georges (André Marcon), qui prétexte une panne de voiture : « c’est un moteur puissant, mais fragile ». Ils souffrent aussi dans leur civilité, ne voulant pas faire de peine à leur hôtesse ni à leur hôte. On se soutient dans la même classe sociale, habituée à l’hypocrisie.

Marguerite a épousé Dumont pour son titre ; elle lui a apporté sa fortune. Les deux sont donc attachés l’un à l’autre par des intérêts autant que par des sentiments. Ceux-ci s’étiolent avec le temps, et le mari a pris une maîtresse, tandis que l’épouse cherche désespérément à se faire reconnaître de lui. D’où l’exacerbation des événements. D’un passe-temps dont on sourit, le chant devient pour Marguerite une façon d’exister. Elle prend prétexte de l’article d’un jeune journaliste de Comoedia, le magazine des arts de ces années-là, pour se pousser en avant. L’article est superficiellement laudateur, reconnaissant le mérite de celle qui chante pour recueillir des fonds pour les orphelins de la guerre, tout en pouvant se lire au second degré comme une critique radicale de la voix. Elle est décrite comme décalée, originale, rare – autrement dit pas du tout adaptée. Les autres articles de presse titrent sur une belle cause mais une mauvaise voix.

Le tout est soigneusement caché à Marguerite par les proches et les amis du cercle. On ne lui dit rien, On n’ose pas. Certes, dans son enfance, la fillette avait été écarté des chorales pour sa voix particulière, mais les adultes n’avaient pas osé lui dire carrément qu’elle n’avait pas d’oreille, qu’elle ne s’entendait pas. Cela devient plus grave au moment où elle décide de monter sur scène devant un vrai public. Le journaliste Lucien Beaumont (Sylvain Dieuaide) et son ami Kyrill Von Priest (Aubert Fenoy) l’introduisent dans le milieu décalé des cafés-concerts parisiens où règne le jazz, le théâtre de l’absurde, le mouvement Dada, le surréalisme en poésie. Son « décalage » de voix ravit les jeunes qui veulent tout remettre en question. Voilà donc Marguerite sollicitée de chanter la Marseillaise devant un parterre d’anciens combattants et de gens du monde, pour promouvoir la reconstruction, dans laquelle son mari fait ses affaires.

C’est un flop, elle fait scandale, et elle est exfiltrée sous les sifflets, mais le journaliste et son copain dessinateur poète l’adulent en lui disant qu’elle a eu du succès. Marguerite est convoquée devant le cercle, d’où elle se fait exclure. Pourtant, dit-elle, la Marseillaise est le chant de la liberté, et c’est une liberté de la chanter telle qu’on est. Elle se rend bien compte que quelque chose ne va pas dans sa prestation, et elle se pique d’engager un professeur de chant pour s’améliorer. Son mari tente de l’en dissuader, car elle s’enferre dans ses illusions, mais elle tient bon. Son majordome noir Madelbos (Denis Mpunga), pianiste décorateur, l’aide, aimant sa maîtresse pour son illusion même. Il la prend en photo dans divers costumes, dont un ridicule en walkyrie wagnérienne, ou d’autres en seul soutien-gorge. Cette collection est son érotisme à lui, mais documente aussi la mégalomanie de Marguerite. Lorsqu’Atos Pezzini (Michel Fau), chanteur d’opéra décati qui joue Paillasse sans succès au théâtre, est pressenti pour lui donner des cours, il abandonne devant le désastre de la voix, en disant qu’il va « réfléchir ». Le majordome le fait carrément chanter en le raccompagnant en limousine pour qu’il accepte, en lui montrant des photos qu’il a achetées à l’une de ses ennemies. On le voit en situation équivoque avec un éphèbe de moins de 21 ans, Diego (Théo Cholbi), son aide et chéri, au physique un peu clown, un peu gitan. Il doit donc s’exécuter.

Lui aussi tente de faire comprendre à Marguerite que sa voix n’est pas adaptée, qu’elle n’est pas soprano colorature comme elle le croit, qu’il ne sert à rien de pousser ses aigus qu’elle ne saurait réussir, qu’elle doit travailler, et encore travailler – mais rien n’y fait. Devant la candeur et la monomanie de Marguerite, il se détourne de la vérité au dernier moment. Il est vrai que l’argent qu’elle lui donne est une manne qui lui sert à régler ses dettes et à entretenir son giton. Lequel, en débardeur, fait danser Marguerite dans un beuglant tendance, cherchant à la détourner par la sensualité des corps de son ide fixe : chanter à l’opéra devant un parterre public.

Mais elle y tient, elle le fera. Tout est donc préparé comme il se doit, la soirée commence. Marguerite, seule en scène, déguisée en ange avec des ailes interminables en plumes d’autruche, massacre les airs qu’elle a choisis. Le public rit, et puis miracle, soudain sa voix se pose et son chant devient harmonieux. Miracle aussi dans la salle, les spectateurs se taisent. Et c’est la catastrophe : la voix se brise, les cordes vocales trop sollicitées s’ensanglantent. Marguerite est envoyée direct à l’hôpital. Elle pourra chanter à nouveau, mais c’était son chant du cygne. Plus question de se donner en spectacle.

Mais sa monomanie perdure. Elle se croit une grande star qui a vécu des moments inoubliables sur les scènes du monde entier. Le docteur (Vincent Schmitt), s’aperçoit que c’est moins le physique que le psychique qui compte ici. Il enregistre ses délires de reconnaissance. Un jour, il a l’idée de la faire chanter et d’enregistrer sa voix avec les nouveaux appareils que la technique rend disponibles. Lorsqu’il la restituera, pense-t-il, Marguerite qui ne s’est jamais entendu chanter, prendra enfin conscience de ce que personne n’ose lui dire depuis des décennies. Ce qui est fait. Et Marguerite, saisie, s’écroule. Son corps s’effondre en même temps que ses illusions. Occasion, pour le majordome noir à l’attitude ambigüe, de prendre la dernière photo de sa collection.

Ce film est inspiré de la vie réelle de la riche fausse cantatrice américaine Florence Foster Jenkins. Le nom de Margaret Dumont, actrice américaine des années 1930, est associé à la caricature de cantatrice ratée des Marx Brothers. Mais ces références pour cuistres, qui n’ont aucun intérêt pour l’histoire contée ici, masquent le vrai sujet : l’illusion.

Marguerite est une Castafiore qui ne sait pas qu’elle est fausse. Elle se fait un film dans lequel elle est une grande cantatrice, adulée du public faute de l’être de son mari. Au fond, et c’est là le pathétique, elle tente d’exister avec ce qu’elle a : l’argent en abondance, faute d’amour. Ce n’est pas le fric qui fait le talent, mais il aide à le faire croire. Elle suscite l’empathie, Marguerite, et ses proches ne veulent pas lui faire de peine. Mais là où le pathétique devient tragique, elle se fourvoie dans une voie sans issue. Sa voix ne sera jamais une voix. Elle n’acceptera jamais la réalité des choses. A la cinquantaine, il est trop tard pour changer, et la chute de ses rêves sera sa mort même, son passage définitif dans la folie si elle survit. Lorsque son personnage de carton-pâte s’écroule, elle-même n’est plus rien, comme un dieu auquel on ne croit plus.

César 2016 : Meilleure actrice pour Catherine Frot, Meilleurs décors, Meilleurs costumes, Meilleur son.

Mostra de Venise 2015 : Prix Padre Nazareno Taddei.

DVD Marguerite, Xavier Giannoli, 2015, avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga, France TV distribution 2016, 2h07, €4,99, Blu-ray €5,00

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Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris

Un film sur le chocolat avec de l’émotion mais du superficiel. Angélique Delange (Isabelle Carré) est une chocolatière. Jeune, elle est bourrée de talent mais aussi de névroses. C’est une grande émotive qui se glace dès qu’on la regarde, au rebours de sa mère qui aime à baiser avec n’importe qui jusque dans l’appartement de sa fille. D’où la fuite d’Angélique devant le jury de chocolatiers qui vante ses réalisations et sa phobie de travailler pour une marque.

Mais elle se soigne, outre par le chocolat qui est un anti-déprime, en allant régulièrement aux réunions des Émotifs anonymes, comme existent les Alcooliques anonymes. Elle a trouvé ce groupe de parole grâce à un membre du jury de chocolatiers qui lui-même était grand émotif – et s’en est à peu près sorti. Angélique, au nom de confiserie, travaille dès lors pour lui, la boutique Mercier où elle livre chaque jour des boites de chocolat qu’elle concocte elle-même toute seule dans sa cuisine. On raconte que la fabrication de ces chocolats réussis sont dus à un ermite qui se cache. Et cela dure sept ans – jusqu’au décès de Mercier. Angélique est dès lors forcée de trouver un nouvel emploi.

Elle postule à l’annonce de Jean-René Van den Hugde (Benoît Poelvoorde), patron de fabrique de chocolat au bord de la faillite parce que lui-même névrosé émotif. Il se soigne avec un psy qui lui fait faire des exercices réguliers d’aptitudes sociales comme inviter à dîner toucher une personne, faire un cadeau… Dès leur première rencontre, foin de tous les autres candidats, Angélique est embauchée. C’est le coup de foudre, même si le téléphone qui sonne avec insistance dans le bureau réduit le dialogue à presque rien. Mais Angélique est intégrée sur un quiproquo : elle doit être représentante et pas créatrice ! Bravement, elle s’oblige aux relations sociales, sans grand succès, malgré la passion pour le chocolat qu’elle éprouve comme son patron.

Qui finit par l’embrasser, l’inviter à dîner, faire tout ce qu’elle veut. Non sans lui avoir dit qu’un seul baiser serait le dernier à cause du qu’en-dira-t-on, lui avoir posé un lapin au restaurant où il ne cesse de changer de chemise à cause de ses bouffées d’angoisse qui le font transpirer. De quoi exciter l’imagination d’Angélique qui réinvente l’ermite de Mercier pour créer à la fabrique Van den Hugde une nouvelle gamme de chocolats un peu moins « désuets », comme le dit la principale cliente. Une caméra relie soi-disant l’atelier au créateur et Angélique commente et ordonne la façon aux jeunes apprentis (dont Pierre Niney et Swann Arlaud).

C’est un succès – le salon du chocolat de Roanne le prouve – mais les femmes de la comptabilité (Lorella Cravotta et Lise Lamétrie) s’aperçoivent que la caméra ne transmet rien et découvrent à l’évidence qu’Angélique est l’ermite. Pour éviter la faillite de la boite et donc la perte de leur emploi, elles vont donc se liguer avec les garçons pour rapprocher le patron et la représentante afin de renflouer l’image du chocolatier Van den Hugde. Et tout se termine par un mariage.. où chacun évite la cérémonie pour ne pas se montrer.

Le film ne tient que par le duo Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde, la réserve joyeuse de l’une faisant pendant au loufoque lunaire de l’autre, qui a un petit côté Stéphane Bern. Un thème de téléfilm, des situations plus pathétiques que comiques, mais une petite musique qui finit par retentir dans le cœur des spectateurs.

DVD Les émotifs anonymes, Jean-Pierre Améris, 2010, avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Lorella Cravotta, Universal Studio Canal Video 2011, 1h15, €9,18 Blu-ray €6,00

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Martin Amis, Money money

Le Fric… c’est l’obsession du début des années 1980 un peu partout dans le monde, emmenée par Thatcher au Royaume-Uni et Reagan aux Etats-Unis. Tout le monde suit, y compris « la gauche au pouvoir » en France avec les « affaires », depuis le Carrefour du développement jusqu’à Bernard Tapie avant l’affaire Elf, la « France à fric » de ces années noires et le reste. Le fric, l’esbrouffe, la bouffe… c’est l’obsession des petits-bourgeois enfin parvenus qui veulent prendre leur revanche sur leur enfance et mépriser l’élite, la culture, la civilité.

Martin Amis, né en 1949 à Oxford et devenu journaliste avant d’être écrivain, croque cette époque avec jubilation et sens aigu de l’observation. Il est au début de la trentaine, comme son personnage de John Self (qu’on peut traduire par Lambda Lui-même) ; il se met dans sa peau d’obèse (1m75 et 100 kg) et se débauche de toute sa vulgarité de gosse paumé, bâtard sans le savoir, trop tôt orphelin de mère, éclaté entre Londres et le New Jersey de 7 à 15 ans par un divorce mal passé, fils de pub entré dans la pub, du bar au barbare. « Vous comprenez, je sors des classes dangereuses. Oui, c’est vrai. C’est en moi tout ça, j’ai ça dans le sang. Et ce qu’on peut se faire avoir ! » p.268. Il ne croit pas si bien dire : lui qui enfile les putes en série, se demande « à quoi ça sert ? » une femme qui veut renoncer au sexe (p.385). Il se gausse des pédés et se fera enfiler (symboliquement) par un pédé. Finançant un film long métrage, ce qu’il ne sait pas faire malgré ses vidéos de pub à succès, il sera ruiné. Car le fric va et vient, comme la bite dans un trou et, à force d’inattention, ça ne bande plus. Coïtus interruptus : plus de fric !

Self est obsédé congénital : de fric, de malbouffe, d’alcool et de pornographie. Il veut se goinfrer par manque et accapare, avale, enfile tant qu’il peut ce qu’il peut. Pas avare car le fric lui tombe tout cuit sur le compte, mais mal dépensier (que pour sa gueule), cherchant dans le Fric à majuscule à la fois la revanche, le pouvoir et l’amour – rien de ce que cet instrument d’échanges ne peut vraiment lui donner. D’où le vide de son existence : célibataire, macho, cardiaque, mal dans sa (trop grosse) peau, laid, ridicule. « Le sexe est un avant-goût de la mort, disent les poètes. C’est ce que disent aussi les toubibs, en ce qui me concerne » p.436. Mais tant qu’il a le Fric, tout lui reste permis. Car le Fric est un royaume. « Vous savez ce que je désire plus que tout au monde – on peut même dire que c’est le rêve de ma vie ? C’est de gagner beaucoup de fric » p.151.

L’auteur, Anglais bon teint, ne manque pas d’accuser les cousins vulgaires d’Amérique d’avoir engendré ce goût de Fric, d’avoir déifié le Fric, d’en avoir fait le Veau d’or. « Là-bas, j’ai enregistré des tas de tuyaux subliminaux sur la richesse et le plaisir. J’ai posé les fondations de mes passions pour le fast-food, les sodas, les cigarettes fortes, la pub, la télé non-stop et peut-être aussi la pornographie et la castagne. Mais je n’en veux pas à l’Amérique. J’en veux à mon père qui m’y a expédié peu après la mort de ma mère » p.327.

L’un des traits de l’humour est de se regarder comme autre et l’auteur n’en manque pas. John Self, ce symbole des années fric est le désespéré qui cherche à exister sans y parvenir. Car le fric ne peut pas tout : il ne peut pas vous faire aimer, ni vous rendre beau, ni vous cultiver malgré vous, ni vous forcer à penser. Ces années passent assez vite avec les « crises » successives des années 1990 à 2010 (crise japonaise, russe, asiatique, du Golfe, des valeurs technologiques, du 11-Septembre, des subprimes, de l’euro) et John Self est aujourd’hui fini. Mais il reste un type littéraire, l’équivalent d’un Harpagon, d’une Bovary ou d’un Rubempré. Il est pathétique et attachant, le récit de ses catastrophes conduit à en rire malgré la fin jamais glorieuse. « J’ai été mis au défi, et le défi a gagné. Pas de contestation. Je suis un infirme en détails, avec mes nombreuses circonscriptions clochardesques. Débile des tifs, clodo du bide, esquinté des gencives. J’ai le palpitant qui débloque. Je ne sais rien, je suis faible, lubrique, paumé, lâche. J’ai besoin d’une nouvelle dimension. J’en ai marre de n’être qu’une bonne blague…. » p.477. Il voit le monde avec humour, et lui-même plongé dedans. C’est parfois saignant : « Dîner dans une de ces boites du Village [à New York] où on broute plus qu’on ne mange, où les garçons sont fringués en toubibs, où la bouffe comporte une garantie de vie éternelle, et où les chiottes s’ornent d’un magnifique chêne en pot » p.452.

C’est un festival de situations scabreuses contées en vocabulaire semi-argotique, selon la culture du bonhomme. Cela ne vole pas haut mais reste cocasse jusqu’à la fin des (longues, il faut l’avouer) 622 pages. Le dernier chapitre, publié en italiques, est un final qui ne cesse de finir alors que le corps du roman passe bien. C’est dommage pour le tout mais les auteurs, pris par leur personnage, ne savent pas s’arrêter. Ils l’incarnent tellement… Ce qui est un signe de talent car se mettre dans la peau d’un autre, voilà qui est littérature, même si savoir couper l’en-trop est pourtant signe de savoir-faire. Des trois critères majeurs pour juger d’une œuvre, l’histoire, les caractères et le style, Martin Amis coche les trois avec brio dans cet opus qui l’a rendu célèbre. Il se lit encore, avec jubilation.

Martin Amis, Money money (Money), 1984, Livre de poche 2015, 622 pages, €8.00 e-book Kindle €7.99

Les romans de Martin Amis déjà chroniqués sur ce blog

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Paris sur Seine

L’été n’est pas fini et la capitale offre ses jeux à qui les veut. L’incontournable pyramide de verre au Louvre offre surtout son bassin d’eau fraîche durant les grosses chaleurs. Les kids s’y éclaboussent à l’envi.

Les jardins font mal aux yeux par leur herbe rare et leur gravier éblouissant, mais les policiers à cheval surveillent tous les comportements suspects.

Dans un bassin confidentiel, les bateaux à voile des gamins vont d’un bord à l’autre selon la brise. Le bassin du Luxembourg, plus grand, plus chic, plus 6ème arrondissement, est mieux connu, mais les Tuileries sont plus intimes.

Au Luxembourg, le basket fait rage car les éphèbes multiculturels peuvent s’exhiber torse nu sans craindre le regard réprobateur des gardiens et des mémères. Surtout si les enfants regardent.

Sur le pont des Arts règne la mode des cadenas, venue du monde anglo-saxon. Mode imbécile, comme tout engouement de foule qui reproduit sans savoir. L’étalage des liens inamovibles (on a perdu la clé) est clinquant et plutôt pathétique : tous ces Armelle & Colin qui vont se séparer dans quelques mois ou se déchirer dans une année…

Mais c’est la mode et tout branché se doit d’offrir son cul aux observateurs amusés pour contempler ce grand « art » à la Jacques Lang.

Reste de branchitude, les bouquinistes. Ils sont plus chers qu’ailleurs et offrent moins de choix que les librairies spécialisées sur Internet mais ils font partie de la vie des quais. Surtout quand Notre-Dame offre sa caution en ligne de mire.

Sur les marches des quais, les amoureux s’en moquent. Le monde peut bien s’écrouler, ils font monde à part dans leur bulle. Ils n’hésitent pas à se regrouper pour bien le montrer.

Grand-mère arpente, elle, le pavé pour montrer au petit-fils la « grande école » dans laquelle il doit entrer cette semaine. A six ans.

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