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Forêt pluviale du Costa Rica

Nous prenons le petit-déjeuner tôt à 6h40, la salle est remplie de jeunesse hollandaise. Les œufs sur le plat sont retournés, le jus de fruits est du pamplemousse, les bananes plantains frites, le pancake américain et le café local.

Nous n’effectuons qu’une demi-heure de bus jusqu’à une école puis nous mettons sac au dos pour la journée qui sera mouillée.

Nous verrons deux cascades par le chemin de la forêt et traverserons cinq fois la même rivière avec les chaussures de marche. Le cuir résiste bien au premier, mais est trempé dès le suivant.

Nous marchons en forêt pluviale, d’ailleurs il pleut. Il s’agit d’une forêt tropicale toujours humide où les arbres ne résisteraient ni à la sécheresse ni au froid.

En permanence arrosée, la végétation est luxuriante. Certains arbres sont tombés car leurs racines restent superficielles en raison du climat toujours humide et ne connaissant jamais de saisons. Coupés, les arbres ne présentent pas de stries de montée annuelle de sève comme en Europe et il est difficile de mesurer leur âge.

Des fougères arborescentes côtoient un gros arbre qui n’est pas un kapokier mais un genre de ficus où l’on peut tenir à l’aise entre deux plis des racines. Le groupe veut d’ailleurs faire une photo. Il pleut et les feuilles goûtent car elles ont une pointe faite pour cela en forêt pluviale.

Le sentier est raviné et caillouteux, refait à la machette pour nous car la végétation envahit vite le terrain. Les lianes faisant une suite de S sont appelées échelles de singes ; le réservoir à graines d’un arbre est appelé brosse à singe pour son aspect ébouriffé.

Les cascades forment le haut de la vallée. Le bruit des chutes est apaisant, la brumisation et les ions négatifs font du bien. Les éternelles « photos de groupe » à partager sur le gogol ou les fesses-book de ces dames sont très à la mode globish et le groupe de filles y sacrifie volontiers. C’est pour moi hautement déplaisant mais je constate que tout le monde a son gadget-phone et se précipite sur le code Wi-Fi dans chaque hôtel pour consulter ses innombrables messages et répondre chaque soir à tous ses amis jaloux du voyage. Voire les narguer en envoyant des photos. Décidément, ce nouveau monde n’est pas celui de ma génération – à 10 ou 15 ans près, mais des années qui font la différence.

Le guide local du parc prénommé Fauricio et le fermier qui nous accueille pour le pique-nique dans son hangar nous ont accompagnés dans la forêt. Nous avons vu un morpho, quelques oiseaux, mais moins qu’hier. La pluie était peu dense dans la forêt mais exige la cape dès l’arrivée sur le plateau et jusqu’après le pique-nique.

Au sortir de la forêt, nous marchons dans l’herbe haute trempée autour d’un étang où est plantée une fontaine incongrue et autour duquel poussent quelques arbres fruitiers. Nous voyons un gros rongeur qui n’est pas un coati détaler dans les herbes.

Le pique-nique de tortilla caoutchouc au fromage local juste pressuré, aux tomates pas mûres, est nettement à l’américaine, c’est-à-dire sans goût. Le concombre est trop vieux et une viande à chien en conserve est carrément au goût de chiotte yankee.

Le fermier nous offre pour nous réchauffer son café local et une gnôle qu’il a fabriqué lui-même avec des cerises Nancy. L’alcool a bon goût et sa saveur un peu raide est masquée par le sucre. Le dé à coudre suppé paraît peu fort mais échauffe vite après une deux minutes. L’alcool titre bien 25°.

Le soleil n’apparaît aujourd’hui que sur les derniers cent mètres de marche durant le retour vers le bus, dans une atmosphère plus moite encore. Ce qui pousse un jeune local à enfourcher sa moto torse nu dans un village traversé et à foncer devant nous sur la route pour se rafraîchir la peau.

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William Faulkner, Le bruit et la fureur

william faulkner le bruit et la fureur
Voici « le chef-d’œuvre » du maître américain selon les spécialistes, le livre préféré de son auteur ainsi qu’il le dit. Il l’a écrit avec aisance, comme en croissance organique proliférant à partir d’une scène initiale, très chargée érotiquement. La curiosité des narrateurs est née lorsqu’ils étaient enfants au vu de la culotte salie de boue de leur sœur en train de grimper à l’arbre pour observer la chambre où leur grand-mère vient de décéder.

Pas de composition rationnelle pour cette histoire contée par les quatre personnages, chacun donnant un point de vue différent sur le même sujet, à une journée près. Quatre narrateurs, Benjy l’idiot né en 1897 (dont le nom de baptême est Maury), Quentin le frère né en 1890, Jason l’autre frère né en 1894, et Disley la vieille négresse qui règne sur la cuisine de la maisonnée. Quatre parties, chacune englobant et retissant la précédente, commençant le 7 avril 1928 avant un retour au 2 juin 1910, puis revenant aux 6 et 8 avril 1928, journées où tout va se dénouer.

Ce qui se dénoue est une tragédie grecque dans le sud vaincu des États-Unis, une histoire de famille maudite. Un père alcoolique, une mère aboulique, un fils idiot, un autre incestueux, une fille perdue – seul le dernier semble avoir la tête sur les épaules et les pieds sur terre (avec le sens des affaires). Mais tout le reste de sa famille va le perdre, la fille issue de l’inceste devenant pute et larguant les amarres à 17 ans avec le magot amassé de l’oncle. Pas simple au lecteur de s’y retrouver, les personnages ayant pris le nom de leur grand-père ou oncle, ce pourquoi Quentin est à la fois un mâle (en tant que frère incestueux de Caddy née en 1892) et une femelle en tant que fille née de ces amours réprouvés (en 1911) ; on a donc parfois sur la même page le Quentin « il » et le Quentin « elle » (qui se prononce en anglais cantine, ce qui n’est pas très heureux en français).

Mais si l’histoire est complexe, hantée par la famille de l’auteur autant que par la luxuriance érotique de la végétation du Mississippi, le style fait l’écrivain. Il tente une expérimentation littéraire en faisant narrer par un idiot une histoire shakespearienne pleine de bruit et de fureur, incluant des incidentes en plein monologue sous forme d’images subjectives en italiques, donnant des pages entières sans aucune ponctuation, usant de l’ellipse et de l’allusion. « Puissance de l’inexprimé », dit le préfacier traducteur Maurice-Edgar Coindreau. Pour Benjy, tout détail, à chaque instant, lui remet en mémoire le passé. Ainsi du « caddie ! » crié par les joueurs de golf près de la propriété qui lui rappelle Caddy, sa sœur adorée désormais mariée et loin de la maison. Le second narrateur, Quentin, est plus rationnel, étudiant à Harvard mais suicidaire parce que son seul amour est pour sa sœur Caddy et qu’il ne supporte pas la suffisance mâle des camarades qui l’entourent. Il est plus clair mais plus caché, empli de réticences à avouer le fond de son âme, n’en ayant pas pleinement conscience peut-être. Le troisième narrateur, l’autre frère Jason, est aigri de n’avoir pas pu réaliser ses ambitions sociales en raison du poids familial à assumer. Il voit son esprit rétréci à l’immédiat, à l’argent, à l’utilitaire ; il voit la morale de la ville le juger, il soupçonne le complot des boursiers juifs de New York pour le gruger. Ce n’est pas de sa faute mais la fatalité d’une maison en chute : il amasse par économie et détourne les chèques envoyés par Caddy, la mère de Quentin qu’il élève – mais Quentin n’a qu’une aspiration : s’évader de l’étouffement domestique, vivre ses hormones avec le premier forain qui passe. Seuls les Noirs sont sereins, habitués à vivre dans la fatalité depuis longtemps. Chaque narrateur a son style et de ce contraste naît le charme. Point de logique mais le chaos, point de cohérence mais le trouble, point de sécheresse lumineuse mais la touffeur tropicale. C’est ce qui fait que ce roman fascine, que l’on a peine à oublier après l’avoir lu.

C’est moins la chute de cette maison du sud qui a fait le succès du roman en France que son adoption par Sartre, qui s’est empressé de tirer l’auteur vers son idéologie. L’expérimentation textuelle a titillé aussi les auteurs rebelles du « nouveau » roman des années 1950. Ce nouveau roman n’a plus rien de nouveau et apparaît bien ringard, comme une impasse, tandis que Faulkner continue de briller au firmament des lettres américaines. Car la littérature est moins un procédé qu’un art qui vient de l’intérieur. On n’écrit pas avec sa tête mais avec ses tripes, ce qu’aucun Sartre ne pourra jamais comprendre, trop intello et trop enfermé dans son système.

Un livre difficile à aborder mais il faut s’accrocher. La première partie n’est pas fluide et demande attention ; la suite est plus abordable et d’une grande richesse. La scène où Quentin offre à la boulangerie un pain à une petite fille puis manque de se faire lyncher pour pédophilie parce qu’elle le suit partout et ne parle pas anglais, est un moment d’anthologie. Toute l’hypocrisie puritaine et la bêtise humaine, en particulier celle des petit-bourgeois, éclate d’un coup au grand jour.

Voilà un roman que j’ai lu vers 18 ans et que je n’ai jamais oublié ; le relire à l’âge mûr est un enrichissement.

William Faulkner, Le bruit et la fureur (The Sound and The Fury), 1929, Folio 1972, 384 pages, €7.98
Faulkner, Œuvres romanesques tome 1, Gallimard Pléiade, édition Michel Gresset 1977, 1619 pages, €57.00

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Chaud Tahiti

Pour la saison chaude 2011-2012, le risque cyclonique serait plutôt faible à cause ou grâce à la Niña, 23%. Si Madame Météo intègre des risques de dépressions tropicales, on atteint 56%, un taux légèrement plus élevé que l’an passé. Restez chez vous et attendez la fin de la saison chaude, touristes. Bien entendu si vous désirez vous mesurer à un cyclone, come with us you are welcome ! Nous sommes en tenue légère, comme vous voyez.

Si risque cyclonique il y a, alors les Australes, les Gambier, pourraient recevoir la visite de cyclones, on parle aussi des Iles du Vent (Tahiti, Moorea). Cool, rien de grave, on est habitué à voir sa toiture prendre le large.

La sécheresse perdure. Il y a un déficit pluviométrique essentiellement aux Iles du Vent, aux Tuamotu, aux Gambier. Il en est tombé deux à trois fois moins qu’en saison moyenne. C’est normalement durant ces six mois que 70% des pluies annuelles sont recueillies. Météo France qualifie cette saison de « sécheresse exceptionnelle ». Records battus : Faa’a 371 mm contre 674 mm, Rikitea (Gambier) 426 mm contre 581 mm pour les records précédents.

Est-ce la saison ? Tout le monde a noté la « petite phrase » de notre Oscar Temaru, Président du Territoire : « Tous les présidents de la République sont dignes de passer devant la cour internationale de justice. C’est pour cela que je vais à New-York. La France ne respecte pas les Polynésiens. »

 J’avais retenu que la Cour internationale était à la Haye (Gravenhage aux Pays-Bas) et qu’à New York était l’ONU. Ma mémoire me trahit-elle ou y a-t-il eu des changements dont on ne m’a pas avertie ?

Je devrai retourner à l’école du pays, peut-être…

Autre échec d’Oscar Tane, celui de la demande de prêt de 5 milliards de FCP auprès de la CPS (SS).

Mais inauguration en grande pompe du tunnel d’un kilomètre de long sur la côte Est. Pour ceux qui ont vécu ou visité Tahiti, il se situe au Trou du souffleur. Ce tunnel serait une idée d’Oscar Tane. Tane est le terme pour ‘Monsieur’ en local. Le ministre de l’équipement James Tane (qui n’est pas le frère du précédent) avait fait une surprise de taille à Oscar : la plaque du tunnel dévoilée, on pouvait lire Oscar Manutahi Temaru. Surprise du président qui n’aurait pas été au courant. Les commentaires fusèrent comme « dans toutes les démocraties du monde, on ne donne pas le nom d’une personne vivante à un lieu, un monument … ». Serait-ce alors l’initiative d’un ministre fayot ? La plaque fut taguée un ou deux jours après l’inauguration.

Au fait, d’après le correctif du ministre il aurait fallu lire « O manutahi i te maru o te Anahoho ». Mais alors il aurait fallu l’indiquer avant le taggage de la plaque. Merci au lexique du Tahitien contemporain pour entendre la traduction : «  Tel un oiseau aux ailes déployées ombrageant la rivière Anahoho. » C’est pas beau ça ?

Les grandes causes se traitent à Papeari. Sans Papeari, la Polynésie ne serait rien… Après le dépôt de munitions, le chenil, le dépotoir, le moto-cross et bientôt la prison, c’est là, au pied du cimetière, qu’une société est venue construire un serpent de mer qui, une fois terminé, fut tracté jusqu’à l’atoll de Tetiaroa. Il s’agit de la canalisation immergée du Sea Water Air Conditionning  du futur hôtel « The Brando » a été plongée à une  profondeur de -960m, nouveau record mondial. Alors qui oserait dire qu’à Papeari, il n’y aurait que des ploucs ?

Le pakalolo, ça pousse bien et ça rapporte bien. Le pakalolo c’est le lait du rêve, la résine de cannabis… D’après la gazette locale, ‘La Dépêche de Tahiti’ du 26/10/2011, les Mutoi Farani (Gendarmes) auraient mis la main sur « 3090 pousses de paka dans des serres sous-abri à Papeari… sur indications  anonymes adressées à la gendarmerie, et où ? – à Papeari dans deux serres clandestines dissimulées dans un fare (baraque) apparemment abandonné. Ces trouvailles s’ajoutent à un millier de pieds du côté de Faaone (Côte Est) et du quartier de la Carrière à Papara. » Le Médor de la Gendarmerie nationale aura moins de travail, j’espère qu’il aura quand même droit à un repas amélioré après ces prises. La gazette locale du 28 octobre parle de « Cinq interpellations à Tahiti-Faa’a (aéroport), Papeari et Tipaerui (Papeete). Ca donne 313 g d’herbe séchée, un peu plus d’un gramme d’ice, 1626 pieds de pakalolo, une quarantaine de sticks, un peu d’argent liquide, un véhicule, du matériel informatique, deux pirogues d’une valeur de 1 million de Francs Pacifique ». Ah, mais notre président indépendantiste Oscar Tane n’avait-il pas dit qu’il « légaliserait » le pakalolo mais seulement celui vendu aux touristes… ? Mes pieds gonflent… j’ai des chevilles comme un tronc de bananier : je me prends pour qui ?

Après les chevilles, ce sont les doigts qui réclament une pause. Les ans s’accumulent. Portez-vous bien mes lecteurs, Iaorana (salut local).

Hiata de Tahiti

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Ica

Ica est une station balnéaire et thermale, surf sur sable.

Un décor de film au milieu du désert, une oasis de végétation tropicale borde les eaux vertes de la Laguna Huacachina qui devint une station thermale et balnéaire très prisée à la fin du 19e siècle. Les couleurs du sable, de l’eau, de la végétation et des bâtiments font écarquiller les yeux !

Les lignes de Nazca, vous connaissez bien sûr ! La couche de sable a été grattée pour délimiter des zones plus claires et les dessins sont formés par des cailloux. Ces figures sont parfaitement conservées.

On dénombre 18 types d’animaux, souvent des oiseaux, de 15 à 30 m de long associés à des figures géométriques, triangles ou trapèzes dont les plus grands s’étendent sur 1 km.

Les plus remarquables représentent un colibri de 60 m (ci-dessus) un singe de 80 m (plus bas), un oiseau frégate de 135 m et une araignée de 46 m de long. C’est en 1939 que le savant américain Paul Kosok remarque, à bord d’un petit avion, des lignes étranges sur le sol. C’est la mathématicienne allemande Maria Reiche qui consacre toute sa vie à essayer d’élucider ce mystère scientifique. Elle a dressé la carte des lignes de Nazca. Sa théorie est que « cet ouvrage a été fait pour que les dieux puissent le voir d’en haut et assister ses auteurs dans leurs activités de pêche, d’agriculture et dans leur vie en général ». Pour Maria Reiche, la pampa est un calendrier astronomique. Le singe (El mono, ci-dessous) ne serait que le symbole indien de la Grande Ourse, la constellation qui, pour les populations anciennes, représentait la pluie. Nous survolons quelques unes de ces lignes à bord de petits avions.

Retour à Lima pour rejoindre Pacaras et les îles Ballestas. Au passage, on immortalise El Candelabro, le chandelier, dessin à flanc de colline (ci-dessous).

Arrivée aux îles, nous verrons toutes sortes d’oiseaux marins.

Mais aussi des loups de mer, des manchots, des otaries, des pingouins de Humbolt.

Terre, montagne et mer, un voyage fabuleux au pays des Incas !

Hiata de Tahiti

— Fin du voyage au Pérou-Bolivie —

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