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Stéphane Béguinot, Bonnie Highland Laddie

Stephane Beguinot Les aventures des MacClyde 2
Voici la suite de la saga écossaise d’heroic fantasy dont le premier volume en 572 pages, paru en 2010, s’intitulait Le clan du Grey Watch. Celui-ci est à peine moins gros, à la mesure de l’appétit de grand air et d’action des lecteurs. Car, après un début un peu poussif où toute la jeunesse s’échauffe aux jeux entre clans, ce qui intéresse moyennement, puis par un enchaînement curieux où toute la même jeunesse se met derechef à pouliner – enfin l’action débute avec éclat. L’ennemi Grey Watch se révèle en plein essor, toutes flèches dehors. Dès lors, le souffle épique porte l’histoire et tient en haleine jusqu’au bout.

L’auteur a su se départir du ton un peu gentillet du premier tome. Il y a encore des BA (beaucoup moins), du sexe (un peu), de la cruauté (amplement), et de l’aventure (en veux-tu, en voilà). Pour les tortures et raffinements de cruauté, que la jeune génération adore, je vous laisse découvrir, elles sont plutôt raffinées. Mais pour le sexe, en voici un court échantillon : « Imaginez-là, revenant d’un abordage victorieux, parfumée de poudre et de sang, les vêtements en lambeaux, dévoilant son anatomie. Insatiable et excitée, elle en redemande et exige un corps à corps amoureux avec vous… Je vous laisse imaginer la suite » p.234. Avouons que nous aussi !

Un peu déshabitué de tous ces noms barbares, Eimhir, Angus, Uilleam, Caitriona, Eithne, Cowan (qui s’écrit autrement), le lecteur va être désorienté quelque temps, ne sachant plus trop qui est qui. Manque indéniablement un récapitulatif des personnages comme dans les romans anglais.

Il y a aussi des scories, des fautes d’orthographe laissées de côté : je paris (pour je parie) vers la p.25, tir (tire) au flanc p.36, d’une mort (sans e) p.172, sans fard (avec un d) p.367, taches vertes (et pas tâches !) p.368, un curieux « contre sur » p.245. Et cet usage à contresens du mot ‘infime’ (sans doute pris pour infini ?) dans l’expression « infime honneur » p.374 : infime – qui signifie tout petit – n’a rien du grand honneur que le sens semble exiger… Restent quelques erreurs d’accords au subjonctif, mais l’Éducation nationale n’a rien foutu depuis deux générations pour respecter la langue – et qui le sait encore ? Il y a surtout un usage immodéré du jargon branché : problématique, échanger (tout seul, en l’air, sans dire quoi), écoute, bruiter, challenge, stress, angoisser, culpabiliser, gérer, investiguer, attentiste, impactant…

Mais vous retrouverez, outre les héros (dont la très irritante Eimhir qui fonce toujours sans réfléchir et met en danger tout le monde), les bons vieux fantômes (qui se régénèrent dans le whisky), les kiltômes, kiltishs, twinômes et même des fantômelles. Outre les crossigeons et une dragonne (qui se porte en lac et pas au poignet) née des amours d’une eau chargée en minéraux et d’un ricochet multiple en virtuose. Si Steafan (le père de toute cette marmaille écossaise et de ces personnages) se fait disparaître, empalé lors d’un raid, c’est peut-être pour garder l’imagination plus libre et laisser la place à ses enfants.

On dit aussi que l’auteur, ayant atteint désormais l’âge respectable de 50 ans, a instillé quelques amis dans les personnages secondaires. Il en brosse un portrait parfois énigmatique. Ses célèbres jeux de mot ne sont pas le meilleur de son style (« Devrait-on pour autant jeter la pierre à ceux restés de marbre ? » p.364), mais maintiennent un ton alerte, au final réjouissant. S’amuser à écrire est le premier pas pour bien conter. Et tout le tome est dédié à Bonnie Highland Laddie, le « beau jeune homme des hautes terres » (nous dit-on p.379) ; il se révèle… fils de fantôme ! Un beau pied de nez à notre quotidien trop rationnel.

Vous en reprendrez bien une dose ?

Stéphane Béguinot, Bonnie Highland Laddie – Les aventures des MacClyde 2, 2013, éditions Carmichael, 395 pages, €23.00
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Le premier volume, chroniqué sur ce blog

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Cati Baur, Quatre sœurs 2 : Hortense

cati baur quatre soeurs 2 hortense

Quatre sœurs, ce sont cinq filles dans une seule maison, de 9 à 23 ans. Les parents sont absents, en voyage dans l’autre monde pour cause d’accident. Les gamines, mi-enfants, mi-adolescentes, vivent en vase clos dans un manoir gothique au bord d’une falaise. Ce décor isolé et froid de bord de mer les oblige à se faire livrer des surgelés, à prendre le car pour le collège en ville et à ne se baigner que trois jours en août.

La bande dessinée par Cati Baur est tirée des romans de Malika Ferdjoukh, aux mêmes éditions. Un tome 1 est déjà paru, qui porte le prénom de la plus jeune des filles, Enid, 9 ans. Hortense est la seconde, 11 ans, préado déjà, qui tient un journal intime et réussit sur les planches. Certes, elle se verrait bien chirurgienne des maladies incurables, mais ce sera pour plus tard. Sa nouvelle voisine Muguette est si gravement malade qu’elle sera peut-être « Meurthe-et-Moselle » dans quelques mois.

C’est ainsi que l’on joue sur les mots pour se raconter des histoires. Bettina, 14 ans, est amoureuse et chiante ; Geneviève, 16 ans, s’occupe de l’intérieur (bordélique) et de la cuisine (lasagne aux choux les jours de dèche), mais aussi de boxe thaï pour se défouler de tout ça ; Charlie, au prénom garçonnier, est l’aînée de 23 ans devenue chef de famille, elle travaille, elle est vaguement amoureuse de Basile, médecin, et se fait aider financièrement par tante Lucrèce, une sorte de Cruella Deville sortie tout doit des salons de thé d’Agatha Christie. D’Enid, on ne sait quasiment rien parce que l’on est censé avoir tout appris dans le tome 1.

Tout ce petit monde vit en vase clos, les sorties sont rares et presque toujours entre filles. Le lecteur garçon qui a dévoré enfant la série du Prince Eric (illustré par Pierre Joubert, père de famille nombreuse), découvre le même monde, avec un demi-siècle de distance et inversé. Nous ne sommes plus dans la fraternité mais dans une sororité (le terme pour fratrie féminine était à inventer). Toutes les passions et les activités de garçons sont transposées pour filles. Ce n’est plus l’amitié entre plus grands et plus jeunes mais l’amour pour le sexe opposé, ce n’est plus la camaraderie entre collégiens mais la rivalité mimétique entre pimbêches, ce ne sont plus les jeux de piste mais les peines de cœur du je-t’aime-moi-non-plus. Avec quelques BA (bonnes actions) en prime : sauver une portée de chatons, sympathiser avec la bizarre Muguette, faire bonne figure à la tante Lucrèce, avouer son amour au plus laid de la ville…

Les garçons sont d’étranges animaux que le quinconce des filles observe comme au zoo. On reste entre donzelles même pour les boums, les profs de collège sont toutes des femmes, comme l’infirmière et la véto. L’abominable homme des glaces est celui qui livre les surgelés. L’amoureux d’une copine porte le nom invraisemblable de Wolfgang Phuong. Basile le médecin ne pense qu’à bouffer de la quiche ou à se reprendre un café. Le professeur de théâtre est « un court bonhomme aux joues rouges, la lippe pendante qui donne envie de lui faire beuleup-beuleup ». Le beau-frère de la voisine est impitoyable aux portées de chatons. Le seul beau jeune homme de l’album, quand il voit une vieille, lui pique son sac. Même Mycroft – le rat – est un « puant ignominieux ».

Dans ce monde à l’envers, les filles veulent faire tout les sports et métiers des garçons, mais sans lâcher les égards que les garçons leur devraient (galanterie, paiement des glaces, ciné et autres gâteries). Mais ce féminisme caricatural est contré par la réalité des cœurs. Hortense est très timide et Bettina très égoïste. Si la première va réussir à monter sur scène et jusque sur un petit nuage, la seconde va se prendre la veste de sa vie. Le garçon moche ne ressent plus rien pour elle après ses refus hautains en public. On ne peut pas tout avoir, demoiselles…

C’est bien dit, intime avec un brin d’humour. Convient bien sûr plus aux filles qu’aux garçons mais – vers 14 ans – ces derniers pourraient bien chiper les albums à leur sœur pour savoir comment sont les filles. Parce que tout est bien vrai.

Cati Baur et Malika Ferdjoukh, Quatre sœurs 2 : Hortense, 2014, éditions Rue de Sèvres, 153 pages, €14.25

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Approche des dieux égyptiens à Edfou

Sur les murs, de nombreuses figures sont piquetées. Je pense qu’il s’agit une fois de plus de la bêtise de tous ceux qui croient détenir une quelconque vérité, quels que soient les siècles et les croyances. Mais Dji a une autre théorie à ce sujet. Pour lui, un temple vit et ses cérémonies évoluent. Il est vrai que l’histoire égyptienne s’étend de 5500 ans BC (Before Christ) à 641 AC (After Christ) ! Les représentations qui ont une utilité à une certaine époque peuvent ne plus en avoir par la suite d’où leur piquetage.

pharaon et pharaonne seins nus edfou

A y bien regarder, on ne détruit pas n’importe comment : le piquetage est un travail méthodique sur certaines parties du corps, et non une suite de coups anarchiques un peu partout. On détruit en premier le nez – lieu du souffle, symbole de « l’âme vitale » – puis les yeux – qui ont un pouvoir, enfin (éventuellement) la tête et le reste du corps. Je ne sais pourquoi l’on a ainsi piqueté les figures, mais c’est dommage. Celles qui restent révèlent des silhouettes gracieuses au modelé doux. Des femmes on ne voit qu’un seul sein, dont le téton pointe, signe de vigueur et de désir. La robe tombe jusqu’aux pieds mais s’arrête juste en-dessous des seins, ce qui est un brin érotique à nos yeux d’aujourd’hui et ajoute au plaisir de la visite. Ces formes ciselées dans le mur m’évoquent le fragment poétique de l’époque d’Akhenaton, que j’ai lu récemment :

« Avec sa silhouette élancée et ses seins nacrés,
Ses fesses charnues et ses hanches étroites…
Sa noble allure,
Elle ravit mon cœur lorsqu’elle m’accueille. »

femme sein nu edfou

Les hommes sont en pagne, parfois translucide car on distingue les formes des jambes remontant sous la toile. Ils ont le torse harmonieux aux pectoraux galbés, aux flancs légèrement creusés, comme l’est aussi la dépression du nombril. Rien de rigide en ces sculptures pourtant conventionnelles. Elles ne sont pas bêtement réalistes car elles combinent plusieurs angles de vue : la face est de profil mais l’œil est de face, les deux épaules sont de face mais un seul sein est représenté, de profil.

horus faucon edfou

Le but de la représentation artistique dans l’Égypte antique n’était pas de « faire de l’art » comme le croient les bobos d’aujourd’hui, mais de conserver visages et silhouettes pour l’éternité. La sculpture était l’autre face de la momification : il fallait garder vivantes les formes essentielles des êtres. D’où cette régularité géométrique qui nous frappe tant et qui influence encore le dessin d’affiche ; d’où aussi cette observation aiguë de la nature en ses détails, comme la forme des feuilles ou le plumage des oiseaux. Reproduire en pierre, c’était conserver ; et conserver durablement, c’était maintenir les êtres en vie. L’objectif de la représentation artistique était magique plus qu’esthétique. Le meilleur artiste n’était sûrement pas le plus inventif ! Il était, à l’inverse, celui qui reproduit le mieux les êtres selon les règles de la tradition immuable. Ce sont les Grecs, impressionnés à l’aube de leur civilisation par l’art égyptien, qui vont secouer les formes pour les adapter à leur vision du monde : rendre les dieux comme des humains parfaits.

edfou anubis

On peut distinguer encore quelques traces de couleurs dans les chapelles protégées de la lumière. Scène charmante de simplicité : Isis, amoureuse d’Osiris, a passé le bras autour de son cou. La flottille d’Hathor vogue sur le grès, portant la déesse vers Horus pour son mariage annuel.

Dans ce temple, nous fera remarquer Dji plus tard, la ligne de découpe des blocs de pierre passe toujours sur l’œil des personnages. Nous sommes dans le temple d’Horus, faucon au regard perçant, et c’est bien le regard qu’il faut mettre en valeur. Je m’amuse à repérer le hiéroglyphe qui signifie « l’enfant » : c’est un bébé nu, assis, la mèche de cheveux de côté, un doigt dans la bouche. Sur un mur extérieur, ces graffitis sauvages : John Sheffet 1859, Jouve 1872 – des visiteurs…

edfou horus et pharaon

Il n’est pas aisé pour nous de pénétrer dans l’univers religieux égyptien. Il ressemble un peu au premier verset de la Bible. L’esprit absolu, Rê, était diffus dans le Chaos primordial. Il a pris conscience de lui-même en voyant sa propre image, Amon. La parole est une puissance qui crée, elle peut appeler son double et ainsi le créer. Les Tibétains imaginent de la même façon des êtres qui deviennent « réels » par autosuggestion. Se manifestent l’espace-air (Shou) et l’énergie-feu (Tefnout) qui engendrent terre (Geb) et ciel (Nout). Ce qui met fin au chaos en organisant l’univers équilibré et vivant que nous connaissons.

osiris insuffle la vie a pharaon edfou

Les forces créatrices de la vie spécifiquement terrestre sont Osiris, force fécondante, semence et arbre de la vie, eau qui donne l’aliment, et Isis, force génératrice et amour des créatures. Plus tard apparaîtront le couple des destructeurs, Seth et Nephtys, le mal nécessaire qui provoque le devenir par leur défi permanent. Maât, fille de Rê, est l’ordre du monde ; elle représente l’équilibre, la vérité, la justice, la communication entre les hommes. Hommes et dieux sont de même espèce, mais leur univers n’a pas la même dimension : aux hommes la terre, aux dieux l’univers. Tous deux possèdent une âme (Ba), une énergie qui permet le passage d’un monde à l’autre, et des éléments corporels (Ka), la force vitale. L’homme n’a qu’un seul Ka, les dieux plusieurs. Les hommes peuvent atteindre l’éternité : leur âme rejoint Osiris, la puissance vitale, et leur corps embaumé a la vie éternelle des cadavres impérissables. Le Ka du dieu est la statue qui le représente ; le prêtre fixe le Ka divin dans la statue par un geste rituel. Exposée au soleil, elle en reçoit le Ba et le dieu habite alors son temple comme un être vivant.

edfou scarabee et faucon

Des moineaux effrontés et peu sauvages volettent ici ou là, se perchant dans les trous des murs. En hiéroglyphe, le dessin du moineau signifie l’agitation et la destruction. Ce n’est pas pour rien que les moineaux symbolisent à Paris les gamins. Représenté devant les deux mamelons du désert, le dessin signifie « le mal », cette anarchie qui s’oppose à la gestion hiérarchique de la crue du Nil qui, seule, permet la vie quotidienne des hommes.

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Edfou

Le temple égyptien symbolise pour Dji (qui aime à être iconoclaste) un homme couché : les colosses d’entrée en sont les pieds, la première cour péristyle avec ses deux rangées parallèles de colonnes sont les jambes, les deux salles hypostyles le torse. Entre la cour et les salles, une pierre de granit représente le sexe. Dans le sanctuaire, l’autel est la bouche et, sur le mur du fond, la représentation d’un scarabée figure les deux parties d’un crâne vu de dessus. Pourquoi pas ? Les Égyptiens ont dû ressentir le temple comme un corps physique où le Ba psychique du dieu pouvait s’unir à la terre et s’y ancrer.

temple Edfou

Mais je me méfie toujours du systématisme comme de la recherche constante du sens « caché » des choses ; les archéologues sont des scientifiques, malgré l’aspect littéraire de leur objet d’étude et, en dépit des paranoïas et des querelles de personnes, ils ont le sens du raisonnable et du respect pour les faits. Ils peuvent errer un moment, se fourvoyer dans quelque hypothèse, mais le débat intellectuel et les tâtonnements de la recherche dans le temps font que la vérité « probable » se fait inévitablement jour. Nous sommes loin du XIXème  siècle où seuls quelques pontes gardaient la haute main sur l’égyptologie !

2001 02 Egypte ticket temple Edfou

L’actuel temple d’Edfou, dédié à Horus le faucon solaire protecteur des pharaons, a été construit par les Grecs. Il fut entrepris sous Ptolémée III vers 237 et achevé 120 ans plus tard sous Ptolémée XII. Mais il a été bâti sur l’emplacement d’un sanctuaire plus ancien. Il est le second plus grand temple de l’Égypte après celui de Karnak. Deux faucons de granit noir précèdent le pylône d’entrée, cette vaste surface, plane comme un mur de forteresse. Sur ce dernier, très grand et presque massif, le roi sacrifie des captifs qu’il tient en grappe par les cheveux. Cette image de la victoire sur les ennemis est destinée à éloigner le mal. Un mur d’enceinte sépare la partie religieuse de la partie profane.

colonnes temple Edfou

Le guide n’est pas Dji, qui a notamment à gérer les déplacements de ses innombrables felouques  – mais un guide local parlant français, assez mauvais et trop bavard. Il se croit obligé de remonter à Cléopâtre, la grande pute de luxe, pour nous expliquer le temple que l’on a sous nos yeux ! Je l’écoute cinq minutes avant de le laisser tomber et de m’avancer seul entre les colonnes et dans les pièces successives. Je ne crois pas avoir manqué grand chose des explications, à écouter les autres ultérieurement. D’ailleurs, qu’importe : plus on Edfou, plus on lit !

temple edfou colonnes

Les colonnes des salles n’ont pas pour fonction de porter un toit, elles sont trop serrées pour cela. Elles figurent des papyrus pétrifiés et symbolisent un marécage qui conduit vers le tertre primitif (le saint des saints) qui s’est soulevé des eaux. On dit que, lorsque le Nil était dans ses plus fortes crues, il inondait la salle hypostyle de nombreux temples et donnait ainsi l’illusion du marais primordial. Depuis l’entrée, les salles se font de plus en plus petites et de plus en plus sombres ; c’est voulu.

frise temple Edfou

L’apothéose devait être le sanctuaire qui abritait la statue sacrée. Aujourd’hui il est vide : les dieux meurent lorsque l’on ne leur fait plus offrande et que l’on ne prononce plus leurs noms. Dans une salle s’ouvre le « laboratoire », appelé ainsi parce que, sur les murs, sont gravées en hiéroglyphes ce que l’on peut prendre pour les formules des parfums employés lors des cérémonies. La construction du temple est symétrique, le long d’un axe ; mais on constate une déviation, comme un refus du systématique et du rigide. Est-ce voulu ? Les temples sont le cosmos reflété, la résidence locale de la divinité, le complexe qui capte l’énergie divine. Construire un temple, c’est répéter la création. L’eau atteinte en creusant les fondations rejoint l’eau primordiale.

plafond grave edfou

On nous fait visiter le « nilomètre » où la nappe phréatique issue du fleuve vient lécher les bas-fonds. Cet endroit ne servait pas seulement au symbole, ou à mesurer la hauteur des crues du Nil, il servait aussi de puits qui fournissait l’eau au culte.

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