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De la haine fanatique

Un jeune abruti par la propagande islamique a poignardé un écrivain indien d’un milieu musulman né en Inde avant de s’exiler à Londres puis à New York pour avoir « écrit » des versets « sataniques. Il n’a jamais lu le livre, il n’a jamais connu l’auteur, il n’était pas même né lorsque la fatale fawta à propos d’un conte fut édictée en 1989 pour raisons politiques par un mollah assoiffé de pouvoir.

Comment « la religion » peut-elle diviser les humains alors que son but serait de les unir ?

Comment un vil mortel, fût-il iranien, donc orgueilleux de son peuple élu par le cousin Ali, peut-il interpréter et tordre pour ses intérêts la parole divine d’Allah le Dieu unique, Créateur aux cent noms ?

Comment un jeune fanatique ose-t-il agir à la place de Dieu, si Lui n’a pas jugé bon de le faire ?

Comment ? Par haine fanatique – ce qui est bien peu religieux mais plus bassement humain. Allah sera-t-il content de se voir « honorer » par de viles passions machiavéliques de vermisseaux insoumis que sont les mâles qui professent sa religion ? Laissons-lui le soin de répondre, il n’aura peut-être qu’une immense indifférence pour ces minuscules remous sur l’onde cosmique qu’il a créée.

« L’Iran dément », titre la presse – à prendre au sens littéral : la démence. « Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés et même condamnés », avoue en contrepoint Nasser Kanani, porte-parole du ministère des Affaires Étrangères – ce qui est suggérer l’inverse de ce qu’il dit, en bonne dialectique faux-cul iranienne.

La haine est « jalousie lorsqu’elle est un effet du sentiment de nos désavantages comparés au bien de quelqu’un. Quand il se joint à cette jalousie de la haine une volonté de vengeance dissimulée par faiblesse, c’est envie. » Ce qu’écrivait le capitaine Luc de Vauvenargues en son jeune temps est une profonde vérité des mots. La haine vient de l’amour déçu, repoussé. Le jeune Libanais né américain se sent mal dans la société yankee : que ne la quitte-il pas pour aller vivre en Iran où sont ses idoles, les machos guerriers « gardiens » de la révolution conservatrice ! Mais il n’ose pas, le velléitaire, car il soupçonne obscurément que la société iranienne sous l’emprise des mollahs n’est qu’une théocratie totalitaire dans laquelle Allah est instrumenté au gré du pouvoir du clergé chiite.

Il le devine, mais il se venge. Il envie les Pasdaran d’être si forts et grandes gueules, armés jusqu’aux dents – pas comme lui. Il envie Salman Rushdie l’écrivain de vivre de ses œuvres et de savoir transgresser les textes sacrés pour les discuter, ce qu’il n’ose faire. Il est immature. Il est jaloux. Il tue. Plutôt voir disparaître le sujet de son envie que de vivre en ayant son exemple qui vous nargue.

Au fond, Allah ne lui importe pas. C’est son petit moi blessé de 24 ans qui lui importe, élevé à la yankee dans le culte de la compétition de tous contre tous dans laquelle il fait manifestement pâle figure. Comme tous les jeunes hommes, il se prend des modèles. Malheureusement, il a choisi les plus bornés. Sans analyser une seconde ce qui motive les Pasdaran comme ont été motivés les gestapistes ou les miliciens de Staline  et tant d’autres : la vanité du pouvoir sur les gens, le sentiment d’impunité, de fraternité dans le tout-est-permis, de bande qui fait bander. Il voudrait être l’un des leurs, lui qui n’est personne.

Il a osé le geste sacrilège de prendre une vie, au prétexte que « Dieu » l’aurait exigé par la voix d’un mollah politicien qui manipule la religion à son profit. Parce que le mollah suprême connaît les textes sacrés, pas les autres qui n’osent pas ou sont trop flemmards pour s’atteler à leur étude. Donc se soumettent, comme à Allah, mais en passant par son intermédiaire humain. Ce qui est toujours dangereux, comme chacun le sait de tout « chef » : donnez-lui un quelconque pouvoir, il en abusera. Il manipulera les passions, dont la haine et l’amour sont les plus fortes. Amour de groupie pour le Chef, le Leader maximo, le Petit père des peuples, le Grand timonier, le Sauveur de la France ; haine de masse et de réseau social, mitou excité envers les désignés à la vindicte, les lynchables, les dénoncés par la moraline du temps. « Moi aussi j’en suis ! » se dit-il ; je jouis en bande, je détruis et massacre impunément, ce qui ravit mes instincts grégaire, le sexe sadique et l’ivresse de la violence.

Ce qui est un fait est que l’assaillant n’a pas réussi : Allah n’a pas voulu. Il semble vouloir au contraire la prison à vie pour ce faux dévot qui fait passer son arrogance de petite personne avant Sa gloire à Lui.

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Marc Kravetz, Irano nox

La « nuit d’Iran », titre emprunté au poème de Victor Hugo Oceano nox, scande les quarante ans de la révolution islamique de Khomeiny en 1979. Ce livre de synthèse des reportages effectués alors par l’auteur lorsqu’il avait 40 ans sera son dernier livre. Je l’ai lu à sa sortie en 1982, avide de savoir ; je viens de le relire. Il est vivant, il tient la route, il disait déjà tout ce qu’on devait savoir.

« Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ? »

Combien de révolutionnaires, combien de militants, partis joyeux et gonflés d’espérance, ont-ils disparu dans la tourmente islamiste ? Une mer sans fond, une nuit sans lune : tel est l’Iran de 1982 lorsque s’achèvent les grands reportages, commencés en 1979 alors que le Shah s’exilait. De la monarchie à la mollarchie, quarante ans plus tard, quel progrès ?

« Vous ne pouvez pas comprendre » est le leitmotiv que tout Iranien de l’époque oppose à l’auteur. Pourtant, contrairement aux journalistes de bureau, lui vient voir, toucher, sentir. Il rencontre, il écoute, il se renseigne, il médite. Mais il n’est pas musulman, ni ne parle persan. Lui vient de « la gauche » soixantuitarde passée par l’UNEF et le PSU, allant même faire un stage de guérilla à Cuba avec Christian Blanc, futur PDG de la RATP, d’Air-France et de Merrill Lynch France – et de Pierre Goldman, juif polonais comme lui, mais tombé dans le banditisme révolutionnaire, assassiné par les nervis.

Le marxisme découvrait l’islam, le rationalisme se confrontait à l’opium du peuple. La gauche intellectuelle française n’était pas prête à cela – et elle l’a occulté jusqu’aux attentats de 2015. Pourtant, l’Iran de Khomeiny en 1979 disait déjà tout ce qu’il fallait savoir, montrait tout ce qu’on allait voir. Mais il est de pire sourd qui ne veuille entendre, ni d’aveugle plus convaincu que celui qui ne veut pas voir. Marc Kravetz, au fil des rencontres, distille cependant le message.

« Khomeiny (…) a redonné à l’islam chiite sa force originelle de refus de la tyrannie et de la dépendance à l’égard de l’étranger. (…) Nous rêvions d’une révolution populaire, démocratique et anti-impérialiste : Khomeiny est en train de la faire et de la gagner. Mieux encore, sans parti, sans avant-garde organisée, sans autre idéologie que le message de l’Islam, il entraîne et unit le peuple tout entier » p.27. Tout est décortiqué dès les premières pages : la foi et l’espérance – manquera toujours la charité. La foi superstitieuse du petit peuple endoctriné par les mollâs et contraignant la vie quotidienne jusque dans la chambre à coucher ; l’espérance niaise de « la gauche » européenne lors du premier printemps « arabe » né chez les Persans (qui sont aryens) ; l’inutilité d’un parti communiste organisé en avant-garde à la Lénine – puisque le clergé chiite est déjà là et suffit.

Mais la foi est impérialiste, puisqu’elle sait détenir la Vérité suprême : Dieu a parlé par le Coran pour tout temps et en tous lieux. Il n’y a rien au-dessus de Dieu et lui obéir est un devoir – sous peine de griller éternellement dans les flammes de l’enfer sans les douceurs des houris ni des mignons. L’islam est l’identité des musulmans, leur enfance, leur façon de vivre, leur foi, leur loi et leur politique, l’affirmation de leur virilité. « Cette frustration agressive qui se marque (…) par l’exacerbation de la peur de l’autre et l’identification du moi à la force impérative de la Loi » p.161.

Mieux, la foi « appliquée à la société annonçait la communauté fraternelle des croyants, le dépassement des conflits et des contradictions, le règne de l’égalité dans la Cité de Dieu » p.106. Adi Rafari, un jeune mollâ lui affirme : « Notre révolution n’est rien d’autre que l’accomplissement des lois et des commandements de notre religion. Notre but est de créer une société où nous pourrons vivre comme au temps d’Ali, gendre du Prophète et fondateur de la foi chiite » p.117. Les terroristes islamistes actuels ne disent pas autre chose : comment n’avons-nous pas compris, en 1979, ce qui se préparait pour 2015 ? Chacun est libre d’exprimer ses opinions, « mais personne n’a le droit d’utiliser cette liberté contre l’Islam » p.121. La fatwa contre Rushdie et les tueries contre les caricatures de Mahomet sont de cette veine : la « liberté » est la censure – puisque l’humain n’est pas libre mais esclave de Dieu (et les femmes deux fois plus que les hommes). « Tout ce qui vit, bouge, palpite, respire doit se soumettre au code ou être exterminé » p.173.

L’islamisme est un intégrisme – la soumission de la politique aux commandements de Dieu – et un totalitarisme – puisqu’elle régit toute existence de sa naissance à sa mort. L’Iran khomeyniste l’a prouvé.

La révolution ? Elle est née moins de la répression de la Savak, la police politique du Shah, que du ressentiment. Les Iraniens du petit peuple et des classes moyennes frustrées veulent « se venger. – De quoi ? – Du rêve américain. (…) De leur rêve à eux. (…) Les gens sont peut-être bornés, analphabètes et ils ne connaissent rien du monde, mais ils savent au moins une chose, c’est qu’on les a bernés. Qu’ils sont des paumés pour toujours, que l’Amérique s’est foutue de leur gueule » p.39. Les gilets jaunes franchouillards sont dans le même sentiment ; leur manque cependant une foi et un chef… « La foule et Khomeiny se nourrissaient l’un de l’autre. Khomeiny suivait le peuple qui l’avait choisi comme guide suprême. Mais en ratifiant le choix du peuple, Khomeiny lui conférait le sens d’un destin collectif » p.88. Les printemps arabes sont la suite de ce qui s’est passé en Iran en 1979. Les attentats de 2015 et les autres sont la suite de ce que Khomeiny a prêché : « La hargne du zonard sacralisé par la cause du Prophète : il y a en effet de quoi craindre le pire » (p.134), écrivait Marc Kravetz en 1982… Le pire est arrivé avec Daesh et les attentats des zonards réislamisés.

Un livre écrit à chaud, mais sur le terrain ; un livre étape d’une histoire en mouvement qui reste d’actualité. Qu’on peut lire et relire aujourd’hui car, malgré les gens cités qui ont disparu, les impulsions sont les mêmes. Le monde doit tout changer pour que rien ne change, l’Iran islamiste le prouve à l’envi.

Marc Kravetz, Irano nox, 1982, Grasset, 273 pages, €19.90 e-book Kindle €5.99

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Christian de Moliner, Trois semaines en avril

Dans ce roman d’anticipation politique écrit au galop, l’auteur met en scène une France qui nous ressemble beaucoup. Sauf qu’elle est sortie de l’euro et entrée dans le marasme. La guerre civile frise entre Maghrébins et Blancs, des milices plus ou moins armées tirant parfois dans le tas.

Nous sommes dans une ville « périphérique », selon la typologie de Christophe Guilluy, un endroit du nord-est où l’industrie s’est écroulée, laissant les immigrés en ghetto. Aux futures élections municipales, le maire sortant, plus ou moins compromis (mais n’est-ce pas plutôt de l’arrangement politique ?) va se trouver confronté à une liste blanche et à une liste islamiste. La première veut supprimer les subventions aux religions, la seconde imposer la charia financée par les impôts.

Un face à face entre bande rivales d’adolescents voit tirer un Blanc au nom d’immigration plus ancienne, et s’écrouler un Arabe de 13 ans. Fatima, une prof beur qui passait par là s’indigne et stoppe l’affrontement. Paris décide d’instaurer la loi martiale, comme dans une quarantaine de villes de l’Hexagone. Le capitaine Xavier Dubernard est envoyé relever les parachutistes de la ville.

Lui croit à la République égalitaire et laïque, lui veut négocier ; l’en-face, Arabes et Blancs ne veulent pas. Le tireur – 18 ans – se retranche dans un bâtiment et est tué par l’adjoint de Xavier, un lieutenant arabe… Car lui, militaire, ne croit plus à la République égalitaire et laïque, bloqué dans sa carrière par un plafond de verre malgré ses états de services. Il cède aux sirènes islamistes du caïd local, El Assam, qui lui rappelle quelles sont ses origines. La guerre civile va-t-elle commencer ?

C’est sans compter avec Fatima, beur mais pas musulmane, qui en a soupé des machos méditerranéens qui prennent leur plaisir et abandonnent leurs gosses aux fatmas bonnes qu’à ça. Elle-même est orpheline, délaissée par un djihadiste parti se perdre en Syrie. Elle décide de se révolter contre la violence en organisant une grande marche, puis une chaîne humaine. Toutes deux ont du succès, malgré les tentatives de récupération politique. Fatima en profite pour tomber amoureuse de Xavier, qui n’est pas insensible, malgré sa Nicole qui lui reste à Paris.

Mais la haine est plus forte que la République, et le caïd donne des poignards à trois ados bronzés pour qu’ils aillent zigouiller l’apostate – que lui-même, en tribunal islamique à lui tout seul, à fatwaisé pour « justifier » – au nom de Dieu – le crime.

Ce qui fut fait – mais El Assam est pris par l’armée et (on le suppose) jugé. Il aurait mérité douze balles dans la peau mais n’a pas eu le temps de prendre les armes qu’il avait pourtant achetées au trafiquant de drogue arabe du coin. Le capitaine Xavier s’est bien défendu, gérant la situation explosive avec le moindre mort. Mais c’en est trop. Certains militaires rêvent de prendre le pouvoir…

Suite au prochain numéro ? Car ce roman est un peu le prolongement du Pays des crétins, qui se passe dans une semblable ville quelques années avant nos jours.

Depuis sa parution en avril, Marine Le Pen a échoué à dresser la France colorée contre la blanche – mais peut-être n’est-ce que partie remise ? Un redressement à la Erdogan est-il possible en exaltant la nation et chassant tous les trublions bronzés ? Ou bien un parti islamiste, comme dans Houellebecq, finira-t-il par prendre un pouvoir délaissé par les politiques ?

Bien écrit, sans fausses notes (sauf une, la propension du capitaine Xavier à proposer le mariage à toutes ses conquêtes), ce thriller politique à la fois tient en haleine et fait réfléchir sur l’avenir et sur la civilisation. « France, mère des arts, des armes et des lois » ? Ou grand foutoir multiculti où monte la guerre entre religions ?

Christian de Moliner, Trois semaines en avril, 2017, éditions du Val, 144 pages, €13.00

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 balustradecommunication@yahoo.com

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