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Uxmal

« Emergeant soudain des bois nous débouchâmes, pour ma plus totale stupéfaction, sur une vaste étendue dégagée parsemée de monticules, de ruines, de structures pyramidales et de vastes édifices bâtis sur des terrasses. Ces vestiges grandioses étaient bien conservés et richement ornés ». John Lloyd Stephens décrit ainsi sa visite à Uxmal en 1840 (p.249) Aujourd’hui inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, Uxmal signifie « trois fois édifié » selon notre guide du site qui parle un bon français.

Il vient nous prendre à l’hôtel et nous dit bonjour en maya – je n’ai pas retenu l’onomatopée fort longue, ni n’ai pu la transcrire. Ce guide a appris la psychologie des Français : paradoxes pour attirer l’attention, anecdotes culturelles pour soutenir le discours, ironie en transition – il en use à loisir. Il évoque la « tache mongole » des Mayas qui disparaît à l’âge de deux ans et la particularité génétique de ne pas supporter le lait qui rapproche les Mayas des Asiatiques. « Si vous rencontrez quelqu’un avec un sourire : c’est un Maya ; s’il a l’air sérieux : c’est un Toltèque, un Olmèque ou autre Pastèque… S’il a des pesos dans les yeux, il est espagnol. »

Les Mayas d’Uxmal savaient gérer l’eau, ce pourquoi ils ont pu édifier une cité dans cette vallée sans puits naturel. L’approvisionnement en eau était assuré par les pluies, recueillies dans deux types de réservoirs : le bassin à ciel ouvert rendu étanche par de l’argile et la citerne souterraine surmontée d’une surface de captage en forme d’entonnoir. La gestion centralisée de l’eau a exigé sans aucun doute l’instauration de pouvoirs centralisés autoritaires. Le système, conçu pour s’adapter à la nature saisonnière des pluies, aux rios étiques et à l’absence de sources permanentes, était le seul moyen efficace de garantir des réserves en eau suffisantes pour assurer les besoins de la population et l’irrigation des champs. Planifier, construire, entretenir le système nécessitait une autorité pour contraindre les masses humaines à bâtir un système collectif.

L’eau reste d’ailleurs un problème au Mexique, surtout dans la capitale dont la pluviosité et les nappes souterraines ne couvrent que 2% des besoins. 67% de la consommation est puisée dans les nappes phréatiques, ce qui rend instable le sol et fait s’effondrer notamment le centre historique de Mexico de 30 cm par an ! Le solde provient d’aqueducs depuis les vallées voisines. Mais la mobilité du sol engendre des ruptures du réseau de distribution, donc des gaspillages, qui rendent le système peu efficace. Les grandes compagnies des eaux internationales, et surtout les premières mondiales que sont les françaises, sont sur les rangs pour créer un réseau efficace à Mexico.

Des datations au carbone 14 du bois ont permis de situer au 6ème siècle la fondation d’Uxmal dont l’apogée aurait été vers 900. Les linteaux de bois au-dessus des portes sont d’origine ; ils ont 1500 ans. « S’ils ont résistés, c’est parce qu’ils ont été cueillis à la pleine lune : pas de liquide, pas de termites », assène le guide. Il ajoute : « site religieux, il est difficile de le comprendre vraiment sans croire. » Le site est abandonné vers 1200 comme Chichen Itza, à l’époque où est fondée la nouvelle cité de Mayapan dans le nord du Yucatan. Les princes sont contraints de vivre dans cette nouvelle capitale où ils servent d’otages et de courtisans aux princes Cocoms. Stephens et Catherwood décrivent les premiers le site au grand public américain. Les premières fouilles sont entreprises en 1929 par Franz Bloom et les travaux de conservations ont commencé en 1943 ; ils sont toujours en cours.

Plus on s’éloigne des Aztèques, plus les civilisations méso-américaines paraissent traditionnelles. Aux petits groupes agricoles et artisans, aux relations égalitaires, succèdent des sociétés plus complexes, hiérarchisées, rassemblées autour de centres administratifs et religieux, pratiquant l’agriculture organisée, la gestion de l’eau et les échanges commerciaux. Mais la prédation humaine connaît ses limites quand le terrain n’est plus favorable. Une démographie trop forte engendre une intense utilisation des sols, ce qui les appauvrit en l’absence d’engrais apportés et les érode sous ce climat. Des disettes apparaissent qui engendrent des conflits entre les villes, les archéologues en ont la preuve. Ce climat de pénurie et de violence aboutit à une rupture entre le peuple paysan et son élite dirigeante et religieuse. Le commerce s’effondre, l’égoïsme croît. Chacun reprend ses billes et émigre vers des terres nouvelles. Les cités sont désertées. Le déclin rapide des Mayas s’explique probablement ainsi. Parfois, une conquête de peuples venus d’ailleurs achève le désastre. Ce fut le cas dans le nord des basses terres du Yucatan.

Nous commençons par la pyramide du Devin de 35 m de haut, appelée ainsi selon une légende de la superstition locale : un nain magicien l’aurait élevée en une seule nuit… Nombre d’oiseaux sont représentés, des colibris, des quetzals. Les oiseaux étaient vénérés par les Mayas qui croyaient qu’ils communiquaient avec les dieux. Les masques de Tchac sculptés sur la pyramide sont 52 comme les siècles mayas et les semaines d’une année. Les monstres sont les puissances cosmiques dont la gueule ouverte donne accès au monde surnaturel. Il suffit d’y entrer. Suit le quadrilatère des Nonnes, une cour de 65 m sur 45 m entourée de bâtiments allongés qui évoquaient les cellules d’un couvent pour les premiers voyageurs. Il fait bon, côté ombre, car le soleil commence à chauffer dur dès avant 10 h ce matin. Un gros lézard préhistorique se prélasse sur la pierre. C’est un varan qui ne craint pas les hommes. Le dessus des portes est décoré d’une frise où pointe le long nez de Tlaloc. Des statues de captifs, de singes et d’oiseaux sur fond géométrique sont d’un bel effet. Un dieu a face de hibou est figuré sur l’édifice est. « Sur l’esplanade vaste comme le soleil, le soleil de pierre danse et repose, nu, face au soleil nu », dit joliment le poète (Octavio Paz, « Liberté sur parole », p.40).

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Henry James, Washington Square

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Nous sommes dans le quartier chic et prospère de New York vers 1840 ; la ville bouge et les patriciens se déplacent de plus en plus vers le nord, changeant de maison à mesure des avancées du commerce et du bruit, mais aussi pour habiter du neuf muni de toutes les dernières perfections techniques. Washington Square reste, pour l’auteur qui y a vécu enfant chez sa grand-mère, le lieu de l’aisance et de la positon sociale. Un lieu qui oblige et qui enferme.

Les passions y sont donc vives, cultivées en serre et sous couvercle de la bienséance. Le groupe social, auquel le docteur Sloper est parvenu par son talent de médecin, doit être protégé, surtout à cause de sa fille unique Catherine, ni vraiment belle, ni vraiment intelligente. Lorsque la jeune fille, qui n’a connu personne, tombe en amour devant Morris, un bel animal coureur de dot, elle succombe – et son idéalisation place le jeune homme sous le signe de l’art : son visage est celui des tableaux, son corps celui d’une statue, sa prestance celle des héros. Mais le séducteur en veut à la rente de la jeune fille, héritage de sa mère, plus la rente supplémentaire qu’elle peut espérer de son père. Morris n’est qu’un jouisseur hédoniste, sans travail ni constance. Ce dont le docteur s’aperçoit lorsqu’il mène sa petite enquête de moralité sur le prétendant : « Ce n’est pas ce que j’appelle un gentleman. Il n’en a pas l’âme. Il est extrêmement insinuant, mais il a une nature vulgaire. Je l’ai percé à jour en une minute. Il est vraiment trop familier… et je déteste la familiarité. C’est un enjôleur prétentieux » (chap.VII).

A ce devoir familial, le docteur ajoute la douleur d’avoir perdu un fils prometteur et une épouse adorée ; Catherine ne ressemble ni à l’un ni à l’autre, elle doit être protégée contre elle-même. Mais cette protection est aussi une emprise, la rationalité scientifique du père se manifestant surtout en mépris, indifférence et sarcasmes. Le père n’aime pas sa fille, mais se fait une vertu de la protéger du coureur de dot Morris jusqu’après sa mort. « Les jeunes gens de cette catégorie ne font jamais rien pour eux-mêmes s’ils peuvent obtenir que d’autres le fassent pour eux, et c’est la passion aveugle, le dévouement, la crédulité des autres qui leur permettent de continuer » (chap.XIV). Comme l’ailante, arbre fétiche du square dont Henry James se souvient de l’odeur méphitique comme de la vivacité increvable, Morris « avait profité de tout et il ne s’était jamais fait prendre » (chap.XXXV).

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Catherine se contente de vivre ; elle voue une admiration sans bornes à ce père qui a réussi et qui a tant de savoir, mais s’est forgée une carapace contre l’absence de sentiments à son égard. A force d’être dépréciée, elle a touché en elle-même le roc de son libre-arbitre et révèle ainsi sa grâce intérieure. Elle obéit au père tout-puissant qui ne veut que son bien, mais elle ne se mariera pas et refusera de revoir le rustre qui a cru pouvoir la posséder (sa fortune plus qu’elle-même) et qui a trouvé prétexte pour rompre aussitôt qu’il a su sa fiancée déshéritée. Catherine se forge ainsi un destin quaker, le sens du devoir tenant lieu d’existence convenable dans cette vallée de larmes.

A ce trio de la fille, du père et du prétendant s’ajoute la ridicule ex-femme de pasteur Mrs Penniman, sœur du docteur, qui bovaryse à tout va sur ces amours qu’elle pare de romantisme – alors même que, dans la société affairiste protestante américaine, seul la fortune et la réputation comptent, pas l’amour. Elle mêle le maternel et l’érotique dans son entreprise d’entremetteuse, par désir de bien faire, mettant son nez partout. Elle est le joker débridé qui pousse l’action et mène aux catastrophes.

Car la fille et le père sont des caractères, même si la première reste imperméable à toute culture (son voyage d’un an en Europe glisse sur son âme comme la rosée sur les plumes d’un canard). La femme Penniman a tout de la vilenie lâche du serpent, tentatrice et pusillanime. Père et tante sont des manipulateurs, tout comme le prétendant trop beau pour être honnête. Seule Catherine reste droite et exemplaire. « De son propre point de vue, les grands événements de son existence étaient que Morris Townsend avait joué avec son affection, et que son père en avait brisé le ressort » (chap.XXXII).

Quant à l’auteur, il trône à l’empyrée, intervenant par des commentaires caustiques sur tel ou tel. Il décrit des personnages bien typés dans un lieu bien précis, exposant les conventions et les usages pour en montrer l’effet sur les familles, l’empire du père, l’ignorance des filles, la brutalité sans vergogne des jeunes hommes. Le romancier fait son miel des coutumes établies – et des passions qui tentent de les déborder de toutes parts. Henry James prend modèle sur Balzac et son Eugénie Grandet, qu’il transpose à New York dans la société chrétienne rigoriste, de son temps et de son époque.

Ce roman carré, huis-clos psychologique, fournit de beaux caractères et permet à l’auteur de montrer l’étendue de sa palette à peindre les tempéraments. Il se lit bien, sans trop d’adjectifs ni de descriptions, centré tout entier sur les personnages et leur profondeur.

Henry James, Washington Square, 1880, Livre de poche Biblio 2015, 288 pages, €6.90

e-book format Kindle, €1.99

Henry James, Un portrait de femme et autres romans, Gallimard Pléiade 2016 édité par Evelyne Labbé, 1555 pages, €72.00

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J’ai visité le site d’où est partie la fin du monde

La « fin du monde » (maya) est une histoire de calendrier et de computation. Un cycle commencé en 3114 avant JC se termine et un autre commence – parce que le calendrier solaire de 365 jours et le calendrier divinatoire de 260 jours ne coïncident que rarement. Il n’existe que 13 chiffres mayas, donc tous les 13ème bak’tun un nouveau cycle commence. Les ignares ont vu sur Internet que « le calendrier » maya situait la fin du monde le 21 décembre 2012 (ou peut-être le 23). Les ignares sont donc « cru » que c’était arrivé, tout comme la finance en 2008, les millénaristes en 2000, les partisans de l’Ancien régime en 1940, les pacifistes en 1914, les anarchistes en 1871, les Lumières en 1789, les moines en l’an mille… Déjà « le monde » était né du chaos en Grèce antique, tout comme le Crépuscule des dieux allait advenir dans le monde nordique. Et alors ? La terre continue de tourner, le soleil de briller, la galaxie d’étaler sa spirale – et l’humanité est toujours vivante.

calendrier maya et bas relief

Mais les ignares ont « la croyance ». Nul ne peut rien dire contre les croyances. Aucune raison ne saurait en venir à bout. C’est au contraire prétexte à délires, comme les lycéennes immatures de Poubelle la vie, le feuilleton phare de la chaîne multiculturelle régionale. Faire « des conneries », voire « baiser pour la première fois » : les ados auraient-il besoin de prétextes ? Redécouvre-t-on l’idéologie ou l’emballage marketing avec la soi-disant « fin du monde » ? L’idéologie, chacun devrait le savoir depuis l’imbibition marxiste des profs du secondaire, est le masque des intérêts. L’emballage marketing, chacun devrait le savoir depuis l’imbibition intello-médiatique des Normaux supérieurs, est la manipulation du désir. Un prétexte pour forcer la main. Rien de tel qu’une bonne peur bleue pour que la ou le chéri(e) vienne se blottir dans vos bras – et plus encore pour oublier. Nous sommes bel et bien dans La société du spectacle.

palenque tête maya en forêt vierge

Mais le calendrier maya est réel, la date d’aujourd’hui n’apparaît qu’une seule fois sur l’ensemble des stèles mayas découvertes. Il s’agit du monument 6 de Tortuguero, lié au site de Palenque au Mexique. Je l’ai visité par une riante matinée, avant les grosses chaleurs du jour et l’afflux des touristes. Voilà un site enchanteur tel que je les rêvais dans mes lectures d’enfants, de vieilles pierres monumentales érodées, une jungle proliférante au-dessus et alentour, les mystères des rites oubliés.

Bob Morane y situait quelques-unes de ses aventures, exaltantes pour les gamins de 12 ans des années 60. Les photos de quelques têtes mayas parues en noir et blanc dans la vieille revue Archaeologia ont entretenu ma flamme d’archéologue en herbe. « Aux confins septentrionaux du pays lacandon, où la montagne couverte de forêts vient s’achever en contreforts et en gradins qui dominent la plaine marécageuse, les monuments gris et dorés de Palenque se détachent sur le moutonnement vert de la jungle », écrit Jacques Soustelle dans son livre Les Quatre Soleils.

bob morane et revue l histoireNous pénétrons dans un bois clairsemé au-delà duquel nous pouvons apercevoir une partie des 15 hectares fouillés sur une superficie évaluée à 16 km². Palenque signifie « maisons de pierres fortifiées », traduction espagnole du mot chaol Otulum. Le site aurait été occupé de -100 à +900 avec son apogée au 7ème siècle sous le roi Pacal pendant 46 ans, auquel a succédé son fils durant 18 ans. Le déclin de la cité commença quand le successeur du fils fut vaincu par le roi de Tonina et décapité selon les rites. Des peuples venus du golfe du Mexique affaibliront progressivement la ville continentale jusqu’à son abandon. Cortès ne l’a pas vue durant son périple. Le père de Solis, venus évangéliser, la découvrira en 1746, le comte aventurier français Jean Frédéric Maximilien de Waldeck y passera un an, en 1832, pour dessiner les ruines.

Palenque expédition Stephens & Catherwood

Mais ce seront Stephens et Catherwood, en 1840, qui révèleront Palenque au public en publiant leur récit de voyage. Il est vivant, sensible et imagé, illustré de gravures réalistes ; il se lit encore agréablement aujourd’hui. « Nos Indiens crièrent « el palacio ! » et nous vîmes, par les éclaircies de la forêt, la façade d’un grand édifice dont les piliers étaient ornés de personnages en stuc, aux formes curieuses et raffinées. Des arbres avaient crû tout près et leurs branches pénétraient dans ses ouvertures. Unique par son style et l’effet qu’elle produisait, cette extraordinaire structure nous frappa par sa beauté funèbre ». Les fouilles scientifiques du site n’ont débuté qu’en 1949 et se poursuivront longtemps.

Palenque temple et plan generalNous commençons par le temple de la Calavera. Ce terme signifie « bambocheur » mais aussi « tête de mort », parce que l’on y a découvert un relief en stuc de crâne modelé sur un pilier de la galerie. Pour les amateurs de chiffres, la tombe contenait 670 pièces de jadéite, aujourd’hui au musée du site, un vrai trésor ! Mais le roi Pacal a sa vraie tombe dans le temple en pyramide d’à côté, dite « des Inscriptions ». Elle fut découverte en 1952 après 1269 ans de secret. Quatre hommes et une femme ont été sacrifiés en même temps que le roi et laissés là, dans le couloir funéraire, pour l’accompagner dans cet au-delà auquel la plupart des humains tentent désespérément de croire. La crypte renfermant le sarcophage de 3 m de long et pesant 20 tonnes a une voûte de 7 m de haut. De somptueux ornements de jade reposaient sur la poitrine, les poignets, les doigts et les oreilles du défunt. Un masque funéraire en mosaïque de jade recouvrait son visage, les yeux en coquille et obsidienne. Les deux têtes en stuc de Pacal à 12 ans (âge où il devint roi) et de Pacal adulte, ont été découvertes sous le sarcophage. La pyramide a, selon les datations au carbone 14, été construite après la tombe, en une vingtaine d’années.

Le fameux « palacio » se visite en groupe. 100 m de long, 80 m de large, 10 m de haut, il comprend deux cours, une tour de 15 m de hauteur et une série d’édifices dont les usages restent obscurs. Des reliefs en stuc montrent le fils de Pacal, Chan-Bahlum, dansant devant sa mère. Dans la cour de la Maison A, ce sont des captifs agenouillés qui se soumettent. Des galeries souterraines, au sud, permettent de ressortir vers le rio Otolum. Une fois passé le pont, fin de la visite commentée, la liberté commence.

Palenque bas reliefUn petit sentier mène au temple XX d’où il est aisé de photographier le temple de la Croix, celui de la Croix Foliée et d’autres temples. Elles s’élèvent à une vingtaine de mètres du sol et permettent d’accéder à une sorte de sanctuaire représentant cet inframonde qui communique avec les défunts. Le fils Pacal, qui devait bien aimer son père, les a fait bâtir pour cela. Depuis les corniches du temple de la Croix qui domine le site, je peux prendre en photo les autres temples découverts, dont le temple du Soleil en face. Le reste du site est dans la forêt, ce qui donne de l’ombre et de jolies vues. Ce qui sert aussi à réfléchir sur l’histoire et sur l’obstination de la nature à tout recycler dans le temps.

PalenqueCes pyramides, durant de longs siècles, avaient disparu du regard des hommes, recouvertes par la jungle. La nature, avec lenteur et patience, avait repris ses droits, ne laissant de traces de l’homme que cet ordre enfoui des pierres. Je pense à ce naturaliste qui déclare qu’il suffirait de « laisser faire », une fois coupée la source, pour que toute pollution se résorbe d’elle-même, tant la nature est luxuriante. Sur le long terme, le plus patient et le plus têtu gagne, comme l’eau des philosophes chinois. Souple, éminemment adaptable, l’eau se coule dans tous les moules qu’on veut lui imposer. Mais elle pèse, elle s’infiltre, elle passe par toutes les failles. Elle ne peut que gagner.

Palenque gaminLa grandeur de l’homme est justement de s’opposer un temps au courant, de bâtir un ordre éphémère au-dessus de la nature (mais pas « contre » elle, il en fait partie !). Existence tragique puisque l’homme n’a que moins d’un siècle de temps à passer alors que la nature a des millénaires devant elle… Il n’empêche que transformer le donné naturel pour l’adapter à l’homme, c’est cela même qui est « la civilisation ». Et tous ceux qui ne veulent rien changer ou, pire, revenir à une neutralité de cueillette, ceux-là sont des « barbares » puisqu’ils veulent abandonner ce qui fait l’homme même pour le ramener à sa pure condition d’animal prédateur.

Peut-être est-ce le retour de cette « barbarie » qui est pour l’homme « la fin du monde » ?

Les Mayas : la fin du monde n’aura pas lieu, dossier de la revue L’Histoire, décembre 2012, €6.20 en kiosque ou sur www.histoire.presse.fr

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Au pays du grand nuage blanc

Article repris par Medium4You.

Hiata, de Tahiti, est allée se promener en janvier de cette année en Nouvelle-Zélande avec ses amis tahitiens. voici le récit de son voyage, en plusieurs épisodes.

La Nouvelle-Zélande est l’un des pays les plus isolés au monde. Les Maoris, premiers arrivants, la nommèrent Aotearoa « la terre du long nuage blanc ». Les îles de la Nouvelle-Zélande s’étirent entre 34° et 47° de latitude Sud et se situent sur le passage des 40ème rugissants, nommés ainsi pour ces vents qui balaient ces régions australes. La mer de Tasmanie, large de 1600 km, les sépare de la terre la plus proche, l’Australie. La fougère argentée (ponga) l’un des symboles du pays apparaît sur le maillot des All Blacks ! Il y a environ 180 millions d’années, la Nouvelle-Zélande appartenait à un vaste continent le Gondwana, avec les actuels Antarctique, Australie, Inde, Afrique et Amérique du Sud. La Nouvelle-Zélande se situe dans le Pacifique Sud à 1600 km de l’Australie et à 10 000 km de San Francisco et de Tokyo.

Deux îles principales (île du Nord et île du Sud), superficie 270 530 km², population 4,2 millions d’habitants. Les deux tiers des Néo-Zélandais habitent l’île du Nord. La capitale administrative et politique, Wellington, se trouve à la pointe méridionale de l’île du Nord, au centre géographique du pays. Le détroit de Cook, large de 20 km, sépare les deux îles. La Nouvelle-Zélande est une nation d’immigrants et la dernière terre à avoir été peuplée par l’homme. Il y a environ 1000 ans les Maoris s’y installèrent, les Européens il y a 350 ans seulement !

La Nouvelle-Zélande est subtropicale au nord, tempérée ou fraîche au sud, arrosée à l’Ouest et sèche à l’Est. Les volcans sont au centre de l’île du nord. Les paysages de Nouvelle-Zélande sont très variés. Sur son socle rocheux vieux de 600 millions d’années, des plissements, des éruptions volcaniques, des tremblements de terre ont façonné les paysages. La formation des Southern Alps ne date que de 3 millions d’années ! Le littoral s’étire sur 18 200 km, la lande couvre 10% du territoire, la Bay of Islands renferme 144 îles, les fjords au Sud-ouest du pays entaillent la côte sur 1000 km. Le plus profond descend à 420 m et le plus long mesure 40 km.

Faune et flore fascinent le visiteur : kauri aux immenses troncs rectilignes dans le Northland, kiwi au long bec fouisseur, ponga ou fougère argentée, gecko, manuka ou tee-tree, nestor kea, espèce de perroquets réputés pour leur intelligence, albatros royal à l’envergure majestueuse, pohutukawa ou arbre de noël des néo, otarie à fourrure…

62% des terres du pays sont consacrées à l’élevage et à l’agriculture et assurent 50% des revenus à l’exportation : pommes, poires, pêches et autres fruits à noyaux, raisins, pamplemousses, avocats, pepino, kaki, tamarillo, framboises, fraises, mûres, cerises ; des céréales : blé, avoine et orge ; autres ail, lavande, tournesol peignent la campagne. L’élevage ovin (40 millions de moutons, bovin (9 millions) donne laine, viande, produits laitiers, peaux. Le cerf est élevé dans 5000 fermes pour sa viande et ses bois très recherchés en Asie. Chèvres, autruches, émeus complètent le tableau.

Les vins de Nouvelle-Zélande sont renommés. La plantation des premières vignes remonte à 1830 et des Français ont planté en vigne la presqu’île de Banks dans le Canterbury (île du Sud) dès 1840. Le Northland élève le merlot, les environs d’Auckland le cabernet sauvignon. Le Marlborough (île du Sud) est la plus importante région viticole de Nouvelle-Zélande. Il produit des sauvignons blancs, des chardonnay et des mousseux. Le Wairarapa (Sud de l’Ile du Nord) offre son pinot noir. L’Otago (île du Sud) domine le marché mondial du pinot noir malgré ou grâce à une saison de maturation courte. Des Croates de Dalmatie sont à l’origine de la modernisation de la viticulture près du centre d’Auckland (île du Nord). Note personnelle : le pinot noir a été de loin mon préféré parmi les vins que j’ai goûtés ! J’attribuerai – avec beaucoup de modestie vu mes capacités de goûteur- une meilleure note aux vins Nouvelle-Zélande qu’à leurs cousins australiens.

Hiata de Tahiti

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