Articles tagués : bounty

Robert Merle, L’île

robert merle l ile

Le canevas de ce roman est fourni par la révolte de la Bounty, cette frégate anglaise de 28 m mutinée le 28 avril 1789 contre son capitaine William Bligh. Les rebelles, par peur des représailles, décidèrent de s’installer sur l’île Pitcairn dans le Pacifique et de fonder une colonie. Robert Merle ne reprend pas l’histoire réelle mais il part de ce qui est vraiment arrivé (pour autant que les témoignages contradictoires puissent l’avérer) pour dévier vers la fiction en laissant courir son imagination.

L’auteur est séduit par les grandes catastrophes qui saisissent tout soudain des hommes ordinaires et les force à s’adapter à la situation imprévue : Week-end à Zuydcoote dans la poche de Dunkerque, La mort est mon métier dans les camps nazis, Malevil après l’explosion atomique, l’avion détourné de Madrapour. La survie devient brutalement un impératif et chacun révèle ce qu’il est vraiment.

Neuf Britanniques, six Tahitiens et douze tahitiennes débarquent donc sur l’île déserte du Pacifique, à l’écart des routes commerciales et mal déterminée sur les cartes. Un bon moyen de se cacher de la Royal Navy qui ne va pas manquer de les faire chercher pour les juger et les pendre pour mutinerie. Très tôt, les problèmes vont naître : émergence d’un nouveau chef, une autre forme de prise de décisions, un racisme latent qui conduira au meurtre, rôle des femmes, attrait de la terre à posséder.

Le plus intéressant personnage de cette histoire est Mac Leod, fourbe matelot écossais qui évincera les officiers du bord et mènera les plus vils et les plus faibles par la ruse et la menace. Face à lui, le nouveau capitaine Mason est un bourgeois borné et puritain, très marqué par la mort de son neveu Jimmy, mousse de 15 ans tué d’un coup de poing par l’intraitable capitaine. C’est ce meurtre qui a déclenché la mutinerie, dernière frasque d’une longue série d’humiliations et de punitions d’une stupide et inflexible figure d’Anglais du siècle. Les réflexes de classe passent mal en 1789…

Le second, Purcell, est la figure centrale du livre, le bien opposé au mal incarné par Mac Leod. Il sera le seul britannique survivant à la fin des 697 pages. Jeune, souple, intelligent et ouvert, il sait s’adapter aux coutumes tahitiennes et n’a rien de cette pruderie ridicule des autres Blancs. S’il n’a pas non plus leur orgueil de race, il possède une conscience morale nourrie de la Bible, si exigeante qu’elle rend la vie humaine sacrée – malgré tout. En fait, la religion compte peu pour le personnage, qui ne prie jamais. Mais il est viscéralement pacifique, profondément humain, amoureux, sensible, très lié aux femmes qui le comprennent à merveille et l’admirent.

Les pages les plus douces du roman sont celles où il évoque Ivoa, sa femme tahitienne qui lui donnera un enfant, ou Jones, matelot de 17 ans à peine, « drôle et gentil », fier de ses muscles nouveaux qu’il garde toujours un peu crispés pour les faire ressortir, ou encore Mehani, son « frère » tahitien, ou Omaata la géante placide, généreuse et sage. Purcell est un poète aimant l’union et la concorde. Étonnamment moderne par cela, il est en complet porte-à-faux avec ceux de son temps.

Trop idéaliste, trop hésitant, trop confiant en ce désir de paix qu’il croit enraciné en chacun, il apparaît comme un président Carter dont il a les références et les scrupules. Seul parmi les Anglais, il a su se libérer des entraves physiques et sociales qui corrompent la morale ou la rigidifient en aigrissant le caractère par l’insatisfaction. Il est un homme heureux, heureux de l’instant qu’il vit, de ceux qui l’entourent dont il voit surtout les qualités, heureux d’être lui-même. Il est le « sauvage » parmi les Blancs austères et névrosés. Les matelots ne le comprennent pas, ni le capitaine. Seuls les très jeunes, les Tahitiens et les femmes sont de plain pied avec lui. Tous les autres Britanniques ont au fond du même un ressentiment perpétuel qui les ronge et les rend agressifs, envieux et égoïstes.

jeune indien amerique torse nu

Mason s’accroche au formalisme par habitude de caste – et parce qu’il ne se sent pas à la hauteur de sa tâche. Mac Leod, fils de pauvre, famélique depuis l’enfance, a une haine envers tout ce qui est supérieur à sa condition. Johnson est un faible vieillard que les femmes ont toujours battu, en Angleterre comme sur l’île. Smudge est un petit laid fort couard, vrai roquet hargneux rempli de ressentiment contre la force et la beauté. Purcell, à l’inverse, est bon parce qu’il n’est aigri par rien.

« Mais il ne suffit pas d’être bon », comme lui dit le chef des Tahitiens après la première tuerie. « Tu dis : je partage avec vous l’injustice. Mais cela ne supprime pas l’injustice » p.335. Purcell compatit, mais s’abstient d’agir, inhibé devant la violence. Il est pourtant courageux et prend des risques considérables pour se faire entendre des deux camps et tenter de réconcilier les uns et les autres. Si cela lui vaut l’admiration de ses adversaires, sa diplomatie reste inefficace car il n’admet pas la violence nécessaire à faire respecter les accords. Même si l’on répugne à tuer, cacher cette répugnance peut rendre les exhortations plus plausibles.

La force est le dernier recours du diplomate quand les situations échouent ; jamais la négociation seule n’a suffit sans la menace. Si tu veux la paix, prépare la guerre. Qui refuse la guerre n’aura jamais la paix. Comme chacun sait que tuer est tabou pour le lieutenant Purcell, on le laisse dire. Dès que l’un ou l’autre transgresse l’interdit et tue, Purcell reste sidéré, désarmé, sans force. Il n’est pas crédible. S’il avait su ne pas hésiter et choisir fermement son camp en prouvant sa détermination à le défendre jusqu’au bout, la guerre n’aurait pu s’allumer et se répandre dans l’île.

La grande leçon du livre est là : il faut, en certaines circonstances, faire taire les nuances et avoir le courage de choisir son camp jusqu’à recourir à la violence lorsque l’on a épuisé les autres moyens. Même si l’on répugne à tuer, la détermination de le faire est indispensable pour exposer sa volonté, aux autres comme à soi-même. Ainsi devons-nous agir contre le terrorisme : par le droit, mais sans aucun scrupule.

Le message chrétien est ambigu qui demande de tendre l’autre joue. A la lettre, et malgré Gandhi, la non-violence systématique est une faillite. Ce dogme fait les martyrs et les saints mais pas les chefs efficaces. Or, lorsque la survie de tout un groupe est en jeu, on n’a que faire des martyrs, alors qu’un chef est indispensable. Une autorité doit s’imposer, s’il le faut par la force s’il n’est pas d’autre langage, pour faire reconnaître ici et maintenant la sagesse ; à charge, une fois la crise passée, de tempérer la force par l’adhésion volontaire de la majorité. Avec le risque que l’illusion des bons sentiments ne précipite les circonstances à imposer la dictature, faute de décision ferme dans les temps. Robert Merle, qui était socialiste, savait combien le pétainisme ne l’emporte que faute de fermeté. A trop refuser de voir le réel, l’urgence emporte la force bien au-delà de ce qui aurait été nécessaire… C’est ainsi que les bons bourgeois idéalistes se retrouvent avec Hitler ou Castro.

Purcell semble l’avoir compris, mais seulement après toutes ces épreuves, et l’aventure se termine sur une note d’espoir – bien différente du destin réel des mutinés de la Bounty. Mais L’île, bien sûr, est un roman.

Robert Merle, L’île, 1962, Folio 1974, 696 pages, €9.70

Catégories : Livres, Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Sur la mer polynésienne

Elles sont arrivées ! La première baleine de la liste ayant pris place dans nos eaux était une solitaire arrivée le 31 mai. Une éclaireuse ? Depuis on en compte plus d’une quinzaine autour de Moorea, Tahiti et Tetiaroa. Ces baleines, mâles, femelles parturientes et quelques juvéniles ont parcouru quelques 6 000 km avant de s’ébattre dans nos eaux. La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines. Il y a donc des règles pour approcher ces mammifères et les observer. Il faut se tenir à une distance de 50 m des adultes et à 100 m des baleineaux, garder une vitesse constante, changer de cap progressivement, ne pas approcher ces animaux par l’arrière. Rien que du bon sens mais que certains individus jugent trop contraignant.

TAHITI

Nos requins du Pacifique seraient-ils plus sociables, moins agressifs que ceux autour de l’Australie ou de la Réunion ? Ici, les attaques de requins sont rares. Certes, on cite quelques cas de morsures mais pas d’attaques mortelles. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006. Pour le requin bouledogue, sa présence est anecdotique, le requin blanc ne fréquente pas notre mer, mais le requin tigre s’y plaît. Nos eaux sont très claires ce qui n’est pas le cas à la Réunion.

D’abord des chiffres : la population de Pitcairn compte 50 habitants en 2015 contre 250 dans les années 50. Les îles Pitcairn sont composées de 4 petites îles volcaniques d’une superficie totale de 47 Km2 et dont seule celle nommée Pitcairn est habitée. Elles sont situées à environ 2 100 km à l’est de Tahiti. Ce petit morceau de terre où vivent depuis des générations des descendants de l’équipage du Bounty, ces marins qui s’étaient mutinés en 1789, a légalisé le mariage gay – selon le gouvernement qui l’a annoncé sur son site. Apparemment, nul, parmi la cinquantaine d’habitants ne serait à priori susceptible d’être intéressé par la nouvelle loi mais le territoire tenait à se mettre à la page, a expliqué le vice-gouverneur Kevin Lynch. C’est ici la dernière possession britannique dans le Pacifique entre la Nouvelle-Zélande et le Chili. La capitale des îles Pitcairn ? – Adamstown. Je suis sûr que vous ne le saviez pas.

ado gay colliers

Encore Clipperton : un autre confetti dans le grand océan, royaume des crabes, des oiseaux (quelques 110 000 fous masqués la plus importante communauté au monde) – et des rats. A 12 000 km de la France, à 6 000 km de Tahiti et à 1 300 km du Mexique, l’atoll de 7 km2 – dont 1,7 km2 de terres émergées seulement – est considéré comme le plus isolé du monde par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec cette ile isolée et inhabitée, la France dispose d’un véritable laboratoire à ciel ouvert. Clipperton est une chance pour la France ; elle ne devrait pas la gâcher. Ressources halieutiques (thonidés), champs sous-marins de nodules polymétalliques, position géographique dans une ZEE (zone économique exclusive) de 435 000 km2 supérieure à celle de la France métropolitaine (336 000 km2). Clipperton a permis à la France, en 1973, d’adhérer à l’Inter American Tropical Tuna Commission (I.A.T.T.C.) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches au monde et de participer à ses travaux (le tuna est le thon). Un accord lie la France et le Mexique, qui est autorisé à y faire naviguer 43 thoniers. En décembre aura lieu la conférence mondiale sur le climat (COP 21). Verra-t-on François Hollande se saisir de ce dossier et autoriser la création sur l’atoll d’un observatoire de l’océan « sur les plans faunistique, climatique et environnemental » ? Jacques Chirac n’avait pas saisi cette opportunité or, comme le dit le député UDI du Tarn Philippe Folliot, « Clipperton ne doit pas rester en jachère ». Rappel : Clipperton a été découvert par des marins français en 1711, le jour du vendredi saint, l’atoll fut d’abord appelé île de la Passion avant de prendre le nom d’un flibustier britannique qui écumait la région. Encore les Anglais !

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , ,

Où habiter à Tahiti ?

En Polynésie, ils sont nombreux ceux qui ont choisi de vivre sur leur voilier, par amour de la mer ou pour des raisons financières. Par exemple à la Marina Taina (Punaauia), 70 bateaux sont habités et se trouvent au mouillage dans le lagon ou à quai. Pour un anneau dans la Marina ce sera 40 000 XPF par mois (335,20€) contre 20 000 XPF (167,20 €) au mouillage. Tous ne sont pas des marginaux, il y a là des professions libérales, des fonctionnaires, des retraités. Plusieurs catégories d’individus viennent ici sur leur bateau : il y a ceux qui ne bougent jamais et qu’on appelle les ventouses, ceux qui sortent régulièrement, enfin ceux de passage qui font le tour du monde.

gamins en bateau

L’hôtel Brando à Tetiaroa qui sera ouvert en juillet se veut écolo, et toujours plus écolo. L’électricité sera produite à moitié par des panneaux solaires photovoltaïques et moitié par le générateur à l’huile de coprah produite par l’huilerie de Tahiti. L’accord a été signé début avril. Rappel, pour une nuit à l’hôtel The Brando vous devrez déboursez 3 000 €. La climatisation utilise la technologie « Sea Water Air Conditioning » ou SWAC : l’eau de mer est pompée à plus de 900 mètres de profondeur pour rafraîchir l’air de l’hôtel, l’eau chaude étant fournie bien sûr par les panneaux solaires.

Tetiaroa, l’atoll des rois est composé de 12 îlots et tiennent une place particulière dans la tradition et l’histoire polynésienne. Les premiers habitants considéraient l’atoll comme un lieu sacré visité par les dieux. Les familles des dynasties Pomare en firent leur lieu de villégiature préféré. L’acteur Marlon Brando était tombé amoureux de l’île privée lors du tournage des Révoltés de la Bounty en 1960.

vahine seins nus sur plage

Depuis le 16 avril, un jeune dauphin à long bec est coincé dans le lagon de Punaauia. Les grosses têtes se penchent sur la méthode appropriée afin de guider ce jeune cétacé vers le large. Il a été baptisé Matatia du nom d’une vallée de Punaauia dont la rivière se jette dans le lagon. Le mammifère est séparé de son groupe et il est fortement question qu’il fasse appel à L’ONU pour devenir indépendant. A suivre.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Révolte ou révolution à Tahiti ?

Le festival de la Bounty a eu lieu à la mairie de Papeete du 25 au 27 octobre. Une petite délégation de Pitcairn était venue au fenua. La plupart étaient des descendants des mutins dont leur chef Fletcher Christian, mais l’un des descendants de William Bligh était présent également. Source d’inspiration que cette histoire d’une mutinerie devenue mythique. Livres, films ont voulu narrer l’exploit du Capitaine Bligh ou la romance de Fletcher avec une vahiné. La mutinerie a  inspiré écrivains et cinéastes : Charles Nordhoff et James Norman Hall, Jules Verne, Bengt Danielsson, les créateurs de la série Simpson où Bart incarne Fletcher Christian, également quatre films avec Errol Flynn, Clark Gable, Charles Laughton, Marlon Brando, Mel Gibson. A quand le prochain ? Au fait, savez-vous combien Pitcairn compte d’habitants ? Non ? Seulement 52.

bobby holcomb tahiti

La biographie de Bobby Holcomb écrite par Dorothy Levy et Bruno Saura vient de sortir en librairie. Bobby était un touche-à-tout de génie que les Polynésiens ont redécouvert. Né à Hawaï, enfance en Californie, hippie à San Francisco, quinze années en Polynésie, à Huahine surtout. Musicien, peintre, s’inspirant de la mythologie ma’ohi, croyait fermement en la magie, au mana. Pour qui s’est arrêté à Huahine, le mana transpire partout et principalement à Maeva. Il écrivit des chansons en incluant les noms des marae alentours, en langue tahitienne et en anglais, il fut reconnu comme chanteur, peintre. Même quand son ami Quincy Jones voulut lui envoyer un jet privé pour le faire soigner en Amérique, lui qui était si malade,  lui répondit : je dors au pied d’une montagne sacrée, cela suffit.

bobby holcomb tahiti b

Adieu les contrefaçons ? Hop un procédé révolutionnaire, une étiquette contenant des informations comme lieu de production, date de production, producteur, zone géographique précise, etc, pas plus grosse que quatre cheveux, est un hologramme pouvant être révélé via un lecteur standard d’une cinquantaine d’euros et connecté à un simple ordinateur. Protection et traçabilité. Enfin pourrait-on dire. D’autres inventions qui pourraient bien changer la face de la perle : nettoyage bio pour les bios salissures, la révolution du nucléus. Le nucléus, c’est le cœur de la perle, c’est autour de lui qu’elle se fabrique. Actuellement les nucléus sont fabriqués avec des coquilles d’unionidae, une espèce de mollusque bivalve. Les rebuts étaient détruits avec leur nucléus. Gâchis. Un procédé permet désormais de recycler les perles n’ayant pas une couche nacrière suffisante pour être commercialisées. Une machine permettra de détacher la nacre du nucléus pour l’utiliser dans la cosmétique ou la teinture, les nucléus pourront après traitement être revendus aux perliculteurs. On pourra aussi fabriquer localement un nucléus à base de poudre de nacres. Les tricheurs n’auront qu’à bien se tenir !

Le venin du cent-pieds serait un antidouleur prometteur. Ce scolopendre ou mille pattes (Scolopendra subspinipes) cache dans son venin un antidouleur efficace. Des chercheurs australiens ont isolé une molécule susceptible d’inhiber les nerfs qui transmettent la douleur. Le venin du cent-pieds s’est avéré potentiellement aussi efficace que la morphine sur un canal nerveux particulier.

La dengue a fait sa première victime, un bébé de six mois. La progression de la dengue se poursuit. Deux virus circulent allègrement au fenua et maintenant le Zika a fait son apparition avec des plaques sur la peau, une fièvre importante une rougeur des yeux, des douleurs articulaires, des courbatures. On a beau crier sur tous les toits, sur toutes les télévisions  qu’il faut se protéger individuellement des moustiques. Tous les archipels sont touchés, sauf les Gambier. Que chacun détruise ses gîtes à moustiques. Les médecins ne savent pas comment le Zika est arrivé au fenua, et personne n’est immunisé.

Le ferry Aremiti II est construit aux Philippines pour un chantier australien et devrait bientôt relier l’Ile sœur à la capitale. Il embarquera 960 passagers et 140 véhicules légers. Construit en un an et demi, ce nouveau joujou a été mis à l’eau fin septembre, la livraison est fixée au 24 novembre, son arrivée dans la rade de Papeete prévue pour le 6 décembre, il devrait commencer ces trajets avant la fin de l’année. Bateau entièrement en aluminium, il mesure 80 m de long pour 17 m de large, intérieur très design ! Le snack-buvette attend sagement ses futurs clients ! Le navire api (nouveau) effectuera des traversées à 20 nœuds, mu par 4 moteurs MTU de 3 000 chevaux.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Qui est James Norman Hall ?

Connaissez-vous James Norman Hall, cet écrivain-aviateur américain qui a vécu à Tahiti ?

Mais oui, vous le connaissez ! Sans le savoir sans doute : Les révoltés de la Bounty, c’est lui. Il a écrit aussi d’autres livres.

Le musée qui lui est consacré est situé à Arue, sur la route de ceinture au PK 5,5 en direction de Mahina. En septembre 2011, la demeure a été classée sous le gouvernement Sarkozy, sous le label culturel et historique « des maisons des illustres ». La maison fait face à l’océan.

La demeure originelle construite en 1927, en bois de cèdre rouge a été détruite début 1998 lors de l’élargissement de la route de ceinture. Le bâtiment actuel, typique des années 1930, a été reconstruit en 1998-1999, presqu’à l’identique, sur le même terrain, quelques mètres en retrait.

La visite s’effectue au moyen de plaquettes trilingues (français, anglais, reo maohi), le mobilier est celui du couple Norman Hall. Ici on est dans le Tahiti d’antan, dans l’histoire mondiale puisque James Norman Hall a été aviateur durant la guerre 1914-1918.

Dans cette maison, a été créé l’une des œuvres de la littérature américaine rédigée sur sa machine à écrire au côté de son ami Charles Nordhof, la fameuse trilogie à quatre mains Les révoltés de la Bounty. A partir de cette histoire vraie du capitaine Bligh et du lieutenant Fletcher Christian, trois films seront réalisés, celui de Frank Lloyd en 1935 avec Clark Gable, celui de Lewis Milestone en 1962, avec Marlon Brando, et enfin, en 1983, un film réalisé par Roger Donaldson avec Mel Gibson.

Le couloir d’accès de la maison donne accès aux différentes pièces, véritables galerie de portraits, et on apprécie le mobilier de la salle à manger, du salon et ses bibliothèques, du bureau où est conservée la machine à écrire ou encore la chambre à coucher et les vestiges du pilote que fut James Norman Hall. Il vous en coûtera 800 FCP.

V., mon amie de Tahiti, a reconnu sur des photos ses grands-parents, ses oncles en culottes courtes et tantes. Les tontons aujourd’hui ont 88 et 85 ans !

Hiata de Papeete vous salue bien

Une émission de Canal Académie sur James Norman Hall par Françoise Thibaut, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques 

Catégories : Livres, Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , ,

Dernières élucubrations polynésiennes de mai

Depuis avril, le temps passe à grande vitesse. Il a plu pendant des jours et des nuits sans discontinuer, même Grisette (la chatte) n’a pas pu rentrer à la maison.

Tragique fait divers il y a quelques semaines aux Marquises. Une touriste métropolitaine a été tuée par la chute d’une noix de coco sur la tête !

Stupéfaction à Tahiti, une ado championne de taekwondo à 14 ans, aurait succombé à un arrêt cardiaque après un shoot mortel… au déodorant. L’autopsie confirmerait à 95% cette hypothèse. Après les accidents dus au jeu du foulard, après la consommation de paka (cannabis) et d’alcool, voici donc maintenant un autre jeu mortel pour les collégiens et lycéens !

Faire le possum est un nouveau jeu qui inquiète les autorités de Nouvelle-Zélande. Jeu très prisé par les étudiants qui consiste à s’assoir dans un arbre et à se saouler jusqu’à en tomber raide. L’opossum à queue en brosse est un marsupial vivant dans les arbres, que l’on trouve souvent dans les parcs de ce pays…

L’exode des Kiwis se poursuit. Ils désertent la Nouvelle-Zélande pour l’eldorado australien. Rappelons que les Kiwis ne sont pas seulement des fruits ni des oiseaux mais aussi les habitants de la NZ. Les opportunités de carrière sont alléchantes. Pour les Australiens, la main d’œuvre kiwi qualifiée est une aubaine. Pourquoi s’exilent – ils ? Le climat au pays des kangourous est beaucoup plus clément. La majeure partie des expatriés choisissent de s’installer dans le Queensland où les températures varient entre 10°c en hiver et 29°c en été. Pas besoin de permis de travail ou de visa pour les citoyens et les résidents permanents néo-zélandais qui s’installent en Australie. Aujourd’hui plus de 400 000 Néo-zélandais y vivent. Les salaires sont souvent le double, alors… La crise économique et les tremblements de terre de Christchurch expliquent aussi cet engouement pour le départ.

Nana la Tapageuse : après 23 ans de bons et loyaux services, elle dépose les armes. Après le départ de la Railleuse, c’est au tour de la Tapageuse de quitter Papeete. Le 14 mai elle a mis le cap sur Brest pour y être démantelée. L’arrivée est prévue pour le 30 juillet après 52 jours de mer et un long périple. Ce patrouilleur avait été construit en 1987 à Cherbourg et livré à Tahiti en 1989. Il sera, à Brest, désarmé, puis démantelé ou revendu. L’Arago a succédé à la Railleuse, la Tapageuse n’aura un remplaçant qu’à l’horizon 2014. Outre ses missions de sauvetage, ses opérations de police de la pêche, en juin 2000 la Tapageuse était venue mouiller dans le lagon de Huahine pour 3 jours de figuration dans le film d’Alain Corneau, Le prince du Pacifique.

Et si la Bounty était ramenée à Tahiti ? Un Suisse travaillant et vivant à Tahiti a vu sur internet que la Bounty était à vendre. Cette réplique construite en 1961 pour y tourner le film ‘Les révoltés du Bounty avec Marlon Brando, a ensuite fait carrière dans ‘Pirates des Caraïbes‘. Actuellement elle est une attraction touristique à Porto Rico, en attendant d’être vendue 4,5 millions de dollars US (500 millions de FCP). Le citoyen de la confédération helvétique souhaite réunir des investisseurs privés, motivés. Souhaiteriez-vous contribuer à cet achat ? Voici les tarifs des contributions : donateur « tiare » don entre 1000 et 100 000 FCP ; bienfaiteur « honu » don entre 100 001 et 1 million FCP ; bienfaiteur « poerava » don supérieur à 1 million FCP. A vos tirelires !

En attendant, il n’y a plus de vaccins pour bébé. Il semble que, pour des raisons de crédit, la pharmacie générale de la Polynésie française n’a plus été en mesure de délivrer le Prévenar, vaccin indiqué pour la méningite à pneumocoques et destiné aux bébés. Pourquoi cette rupture ? En métropole, une dose coûte 6 700 FCP, au fenua 10 000 FCP, il faut faire 3 injections, et la CPS (SS locale) ne rembourse pas.

Mais plus de 400 millions FCP de primes ont été versées aux fonctionnaires en 2011, principalement aux services des finances et des impôts, les eldorados de l’administration en Polynésie française. Certains services tels ceux liés aux finances publiques concentrent une grande partie des indemnités et sont donc très prisés par les agents qui disposent ainsi de l’équivalent d’un 14e mois, voire d’un 15e mois de rémunération. Certaines voix s’élèvent contre ces avantages décidés en période de vaches grasses alors qu’actuellement le pei est en crise ! Et les vaches n’ont plus que la peau et les os, enfin pas toutes.

Candidats a la députation : 45 pour 3 places, qui dit mieux ? Un répond à la journaliste : « ça va me changer un peu parce que je suis les actualités à la télé, ce qui se passe au palais Bourbon… à Paris… J’aimerai essayer un peu de rentrer là-dedans et savoir comment ça marche et qu’est-ce que ça va rapporter » (sic !). Et d’ajouter : «… euh… je sais pas encore… j’ai pas encore réfléchi, mais j’aimerais bien savoir quand je serai là-bas dans quelle branche je me pointerai. » Ce monsieur avait l’air sincère. Il y a aussi les « has been », les Don Corléonne du clan des « siziliens » et d’autres du même acabit. J’espère que les fauteuils du palais Bourbon peuvent se transformer en transats pour la sieste les jours où ils viendront assister aux séances.

Hiata de Tahiti prend congé.

Nana les amis. Next time better comme on dit en Tahitien moderne.

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Vie tahitienne à la pointe Vénus

Nous sommes à Tahiti où, pas plus qu’ailleurs, il n’y a de sot métier : il n’y a que de sottes gens. On m’a demandé de tenir compagnie à un monsieur victime d’un A.V.C depuis plusieurs années. Homme fortement handicapé, il faut lui préparer ses repas, lui découper viande et poisson, légumes et fruits en petits morceaux, discuter avec lui. Il est rassuré par une présence car il lui arrive parfois de chuter et il ne peut se relever seul. Madame accompagne un voyage en Nouvelle-Zélande, le fils accompagne sa mère et sert de chauffeur au groupe, la fille et le gendre travaillent.

Je suis à la Pointe Vénus à Mahina, les pieds dans l’eau, au milieu des tupa (crabes de terre) qui dévastent le jardin. Le tupa creuse des trous et s’y engouffre en cas d’alerte. Il ne s’éloigne guère de son abri et observe tout déplacement suspect. Il sort la nuit pour manger, il est végétarien. A une certaine époque de l’année, il mue ce qui le rend très vulnérable.

Une amie me racontait que jeune (elle a maintenant plus de 72 ans), une tante lui avait rapporté un maillot de bain des USA. En Polynésie, très peu de gens avaient un maillot de bain à cette époque. Ils se baignaient tout nu. Elle en était très fière et faisait beaucoup de jaloux. Une nuit, elle laissa son maillot sécher dehors. Le lendemain matin, surprise, le crabe avait sévi : un tupa avait  mangé le tissu du maillot. Il était devenu un maillot à trous ! Cruelle déception pour la mode ! Mais ce devait être néanmoins très sexy.

Le site de la pointe Vénus, pointe Nord de Tahiti, est situé dans la commune de Mahina. Sa baie Mataiva a vu s’amarrer l’Endeavour de James Cook le 13 avril 1769. Captain Cook est resté trois mois à Tahiti. En 1868, Cook part explorer le Pacifique. Il doit mesurer le passage de Vénus sur le disque solaire, calculer la distance terre–soleil. Les résultats scientifiques seront nuls, par contre il donnera au monde d’excellentes descriptions de la culture tahitienne. Les révoltés de la Bounty y firent escale le 26 octobre 1788, un mémorial est érigé. Le 5 mars 1797, les missionnaires de la L.M.S y ancrèrent le Duff, le 7 mars, ils furent reçus par le jeune roi Pomare II. A la pointe se dresse le phare blanc dont la construction commença en 1866. C’est le frère Soulié, constructeur de la cathédrale de Rikitea (Gambier) 1841-1848, de la cathédrale de Papeete 1856 qui, avec l’aide des Mangaréviens (Gambier), construisit cette tour carrée de 25 m de haut et huit étages en pierre de corail. Le phare fut inauguré le 23 avril 1868, il fonctionnait par combustion de gaz sous pression. En 1963, on le rehaussa de 7 m. En 1973 il fut relié à l’électricité.

La pointe Vénus, c’est la pointe du vent. Les vagues sont nombreuses, on y pratique le va’a, le surf, la planche à voile, le kayak et le kite-surf. Pas d’odeur de moisi ici, l’air balaye tous les miasmes.

Les enfants de J. nous apportent les repas. J. est un demi-chinois qui parle quatre langues : le hakka, l’anglais, le tahitien et le français. Les programmes de télévision demeurent ses occupations principales. Il se passionne pour les émissions animales, les concerts de musique classique, les infos en anglais, la politique. Heureusement depuis quelques mois les 7 chaînes de télé gratuites sont captées  en Polynésie. Nanti des chaînes payantes de TNS, il est superbement équipé.

Avant de partir pour la Pointe Vénus, j’ai confié nos poussins à V. En arrivant chez J. il y avait aussi des poules, des coqs, des poussins. Quelques jours après mon arrivée, une poule noire qui couvait dans un creux du aito (arbre de fer) est venue présenter ses quatre nouveau-nés. Tout noirs comme elle. Elle vient réclamer plusieurs fois par jour du ma’a (de la bouffe). Elle me suit avec ses quatre petits dans mes déplacements extérieurs.

Elle a pris l’habitude de venir réclamer dès le matin la pitance. Je m’installe sur la terrasse pour savourer  mon café matinal. Elle arrive et se manifeste avec beaucoup de persuasion. Je cède : riz ou pain. Mais elle fait tant de vacarme que les autres volatiles se précipitent pour picorer. Bagarre, poursuite, c’est le drame journalier. J’ai tenté de lui expliquer qu’elle caquetait  trop fort… elle ne m’a pas compris. Tant pis !

Le mois de mars a été bien rempli. Nous sommes en automne ici. On ramasse des feuilles mortes à la pelle. Portez vous bien.

Iaorana

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,