Articles tagués : solide

Colette, Nudité

Un titre à faire bondir les puritains qui serrent les fesses devant tant d’immoralité. Mais Colette y tenait ; tout comme elle tenait à publier ce petit livre en 1943, en plein pétainisme triomphant – mais prudemment en Belgique. La censure nazie n’y voyait rien d’immoral, le catholicisme régressif pétainiste si.

Issu de deux articles parus dans Paris-Soir en 1938 et 39, Nudité parle des femmes de revues. Dont Colette a été, à la Belle époque. Une revue de 1935, qu’elle transpose en 1940 par la fiction, ravive ses souvenirs. A 70 ans, elle ressent plus qu’auparavant son goût du corps humain jeune, sans défaut, en pleine énergie vitale. Une passion très nietzschéenne que ne peuvent comprendre les coincés malingres des religions du Livre.

Elle aime les corps nus, dans leur natureté, leur vénusté lorsqu’il s’agit des femmes. Elle a chanté Bertrand, son jeune amant de 17 ans, sous les traits de Chéri et de Phil, le garçon de 16 ans du Blé en herbe. Elle y a fait allusion souvent dans ses romans sur le couple. Mais c’est la femme qu’elle aime esthétiquement, bien que l’érotisme ne soit jamais absent du goût que l’on peut avoir des êtres.

Pourquoi la femme ? Parce qu’elle se montre tout en courbes, en rondeurs, en ondoiement lorsqu’elle marche ou qu’elle danse. L’homme est plus carré, plus ferme, plus direct. Il est émouvant lorsqu’il est très jeune, à peine sorti de l’androgyne, mais quitte la douceur lorsqu’il prend de la maturité. Colette préfère les Vénus musclées, l’harmonieuse liberté de la charpente solide et de la chair gracieuse, les seins bien pommés sans être « jaune d’œuf sur son plat ni méduse échouée », comme elle dit joliment, un arrière-train bien accroché et pas « de petites fesses d’écolier, carrées de la base ».

Dehors, il neigeait, commence-t-elle, avant le spectacle des filles nues des Folies-Bergère. Contraste de la nature hostile et glacée à l’extérieur, et de la chaude humanité des corps livrés tels qu’en eux-mêmes à l’intérieur. Le nu est civilisation et non sauvagerie, semble dire Colette au rebours des idéologies de son temps, notamment du catholicisme moisi sous Pétain. Pas de grivoiserie : « La nudité intégrale n’appelle pas la frénésie. A sa vue, les visages de s’avilissent pas ».

Bien plus pornographique est cet Américain qui se pavane avec un mannequin de cire grandeur nature, de femme parfaite. Monsieur Lester Gaba (qui n’est pas resté dans les mémoires) l’emmène même au restaurant comme si elle était sa femme, cet objet fabriqué à qui il prête une fausse vie comme le Golem. Est-ce aimer la beauté que d’aduler un objet ? Le Veau d’or est-il préférable à la femme de chair bien réelle ? « Seul l’art assainit l’œuvre consacrée à la ressemblance. On cite peu de chefs-d’œuvre maléfiques ». Et nul n’est inconvenant face à la Vénus de Milo et autres statues antiques. En revanche, la sorcellerie pique des poupées de cire.

La nudité peut parfois blesser la pudeur, concède Colette. Elle cite l’exemple de ce jeune couple, dont elle a fait un exemple dans La Chatte, où le jeune mari plus entreprenant dit à sa toute jeune femme qu’il n’est pas inconvenant de se montrer nue à lui dans la chambre, ni de dormir nu ensemble. Mais celle-ci se débonde d’un coup de sa pruderie inculquée par l’éducation et déambule désormais toute nue dans l’appartement, comme il sera de bon ton dans les années post-68. Là, cela va au-delà de la légitime nature des relations entre mari et femme, avoue le jeune homme. « Un peu de tenue, bon Dieu… », dit-il à Colette. En effet, raisonne-t-elle, l’âge venant, le spectacle de la nudité de la compagne ou du compagnon se fait moins agréable – il faut y songer.

Évidemment, ce texte n’est pas réédité, pas même en e-book – puritanisme yankee Amazon oblige. Vous ne le trouverez commodément que dans la Pléiade, au tome 4 et dernier des Œuvres.

Colette, Œuvres tome 4 (1940-54), Bibliothèque de la Pléiade 2001, 1589 pages, €76,00

Les œuvres de Colette déjà chroniquées sur ce blog

Catégories : Colette, Livres | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Macron fait signes

Pour la présentation de ses vœux « aux Françaises et aux Français », le président Emmanuel Macron multiplie les signes non verbaux.

Sur le fond du discours rien de neuf, et c’est tant mieux pour la démocratie car le projet a été défini et les citoyens ont voté, et c’est tant pis pour les vautours des médias qui ne savent plus que ressasser quand ils n’ont plus de « nouveauté » à croquer.

Rien de neuf sinon, contre la gauche démissionnaire et laxiste la référence à John Kennedy (demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays et pas seulement ce que votre pays peut faire pour vous), et contre la droite productiviste ou nationaliste la référence pour une première fois dans des vœux présidentiels aux « scientifiques » et aux « citoyens européens ».

Le discours était clair mais terne. Le regard franc, droit dans les yeux, avec peu de clignements et pas de mouvements attachés au prompteur. Le personnage était parfaitement centré sur l’écran, rien à sa droite et les drapeaux à sa gauche, près du cœur. Puisque le fond était neutre, je me suis surtout attaché au contexte non-verbal.

Le décor n’était pas le bureau de l’Elysée mais le petit salon d’angle à la table de marbre, un peu froide mais classique et solide. Pas de livres ni de bibelots mais une feuille manuscrite et un seul stylo à sa droite. Seulement deux plans de prise de vue : l’élargi et le rapproché. Tout cela donne le symbole de la rigueur et de la sobriété.

Sauf que – peut-être était-ce oublié ? – les montants de la croisée derrière la tête du président, en plan rapproché, rappelait furieusement la croix du Christ, celle que les laïcards intégristes ont fait retirer au monument breton à Jean-Paul II et que le Conseil d’Etat a jugé comme un robot juridique (l’IA pourrait remplacer le Conseil, fort inutile s’il s’agit de perroqueter le droit sans l’adapter – cela ferait d’utiles économies). Cette croisée était-elle du subliminal pour rassurer une France de culture catholique dans l’histoire ? Une Europe majoritairement chrétienne ? Un centre tout à fait démocrate-chrétien depuis la frange raisonnable des LR jusqu’aux radicaux de gauche ?

En plan large, n’apparaissait de la devise républicaine que la troisième partie, le mot « fraternité » – le mot le plus centriste peut-être puisque la liberté est à droite et l’égalité à gauche. Et c’était bien dans le ton du discours, sauf que le réalisateur a hésité deux ou trois secondes de trop à passer au plan large lorsque le président a commencé à en parler – une faute d’attention. Il n’est de même pas resté longtemps dessus, comme s’il fallait marteler le mot écrit avant d’en revenir au plan rapproché familier… où aucune émotion ne se lisait sur le visage présidentiel – donc, quel intérêt ?

A gauche du président, mais à droite de l’écran, au-dessus de la fille qui agitait ses bras pour les malentendants comme un ludion humoriste en soulignant les mots qui importent, deux drapeaux : le français au plus proche du chef de l’Etat, l’européen au même niveau mais à côté. Notez que le rouge du drapeau français était trois fois plus visible que le bleu, signe qu’Emmanuel Macron veut se montrer de centre gauche plutôt que de centre droit. Et sur le bleu nuit européen apparaissaient cinq étoiles seulement : référence au mouvement réformateur italien du Grillo ? ou plutôt cinq pays au cœur du renouveau possible de l’UE ? Peut-être Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Italie ?

Le président lui-même, vêtu de chic, n’avait la cravate ni bleue (comme à droite), ni rouge (comme à gauche) mais sur le même ton que le costume, ce gris-bleu anthracite qui fait sérieux et furieusement affaires. Il ne portait pas de montre pour que les niais ne glosent pas sur la marque et le prix, mais un anneau à l’annulaire de chacune des mains – donc ET droite ET gauche. A moins qu’il ne soit marié deux fois… l’une avec sa femme, l’autre avec la France ?

Il avait souvent les doigts joints pour l’union nationale, ou croisés pour la gauche et la droite ensemble, mais son corps était très peu en mouvement. Il n’était pas en marche mais installé, solennel, direct – jupitérien ? Il ne tonnait pas mais esquissait quelques gestes : le bras gauche étendu pour parler du travail, un mouvement des mains vers la droite pour évoquer le chômage. Et ces marques vers la droite ou vers la gauche sont revenues plusieurs fois selon ce qu’il disait.

Au total, il faisait sérieux mais pas tendu. Parlant peut-être trop lentement au début, avec des silences entre les mots assourdissants à l’écran, puis prenant assez vite un ton plus fluide, dégagé.

Qu’en retenir, sinon qu’il est lui-même et qu’il appuie ? Un peu trop à mon goût, mais le populaire a besoin qu’on insiste. Roland Barthes avait noté en 1955 combien la redondance était le propre du petit-bourgeois et combien le catch, parce qu’il appuyait les prises, avait la faveur du public. La génération électronique est peu capable d’attention et il faut ponctuer, marteler, répéter – tous les profs le savent bien.

Donc des vœux pour tous, égrenés dans la droite ligne d’un centrisme de gauche. Comme tous les citoyens éclairés, nous les mesurerons aux faits.

Catégories : Politique | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Jacques Martin, auteur classique

Mort il y a deux ans le 21 janvier, le père d’Alix peut être fier de sa progéniture. Ses albums se lisent plus que jamais. Dernier hommage d’une série à retrouver dans la catégorie Bande dessinée de ce blog.

Jacques Martin

La page dernière de couverture des albums d’Alix est un symbole du destin. La colonne de calcaire qui s’élève en son milieu est l’arbre du monde, comme Alix est de solide souche gauloise figurée par le calcaire blond, et de culture gréco-romaine par sa taille élancée et ses cannelures en échos à la musculature élégante du jeune homme. C’est la civilisation qui donne à Alix ce port fier et souple, solide et hardi, à distance de l’excès des gladiateurs et de la banalité sèche des travailleurs. Autour de la colonne grimpe un rosier sauvage comme plus tard sur les tombes d’Héloïse et d’Abélard, rouge et frais comme l’amour. Il symbolise Enak, le petit ami, sa fidélité naïve malgré sa faiblesse, son amour pudique et jaloux, sa ténacité. Autour s’étend la mer, Mare nostrum, lac civilisé, cœur du monde romain et centre du monde connu. Dès qu’on s’en éloigne, la barbarie surgit : le désert, les sauvages, les cruels, les tyrans. Le navire est là, à voiles et à rames, symbole de l’ingéniosité des hommes et de leur industrie. Même lorsque les éléments sont défavorables, l’esquif avance, mû par la force des hommes.

Tous les pères successifs d’Alix meurent : Astorix de chagrin, Toraya au combat, Graccus du cœur… Comme Jacques Martin, Alix est orphelin. Délaissé par un père lieutenant, brillant aviateur de l’escadrille des Cigognes durant la Première guerre mondiale mais tué en autogyre quand son fils avait 11 ans, le gamin Jacques fut mis en pension à l’âge des premiers émois. L’esclavage parthe d’Alix est l’analogue de la pension Sainte-Euverte, près d’Orléans, où l’adolescent Martin Jacques a été placé. Il y a été « éduqué », quêtant sans cesse un modèle paternel.

Alix adoptera comme père spirituel César, le consul républicain qui incarne la vertu romaine, souvenir de ses versions latines. Il n’aura de cesse de se vouloir figure paternelle à son tour, cherchant sans cesse à défendre d’autres orphelins plus jeunes. Enak, Héraklion, Kora, Sabina, Herkios, Zozinos, Marah, sont tous des chiens perdus sans collier, solitaires, abandonnés, avides de reconnaissance et d’amour, dont Alix couvre les épaules de son bras protecteur. Toraya, sauveur d’Alix dès le premier album, vend la mèche : « comment ne pas éprouver une grande pitié pour un enfant perdu ? » (‘Alix l’intrépide’ p.17).

Alix est le prénom Alice au masculin, d’origine germanique. Le garçon pourrait être alsacien, comme son créateur Jacques, né à Strasbourg. Il ne vient pas de Gaule centrale puisque Vercingétorix, empli de démesure, n’est pas son modèle (‘Vercingétorix’). Le tempérament national gaulois divise : anarchique, archaïque, paysan. Il a produit, selon Jacques Martin, la honteuse défaite française de 1940 qui va l’emmener au STO et l’obliger à dessiner pour Messerschmitt. Si l’éducation d’Alix enfant s’est faite en Gaule comme fils de chef, pareil au petit Jacques, il ne devient adulte qu’à Rome, pays urbain, civilisé, discipliné. Alix n’évoque ni ne recherche son vrai père, peut-être parce que les chefs sont trop pris pour élever leurs enfants ? Le propre père de Jacques Martin l’a abandonné à la pension, à ces ‘romains’ qui enseignaient le latin.

Au sortir de la guerre de 1939-45, la civilisation est américaine. Roosevelt en est le héros. La menace raciale a été vaincue (l’Allemagne nazie) mais pas la menace totalitaire du despotisme asiatique (l’URSS). C’est pourquoi Jacques-Alix combattra sans relâche les tyrans : les cléricaux adeptes de la pureté du sang dans ‘Le prince du Nil’, l’empire absolutiste dans ‘L’empereur de Chine’, les dictateurs et autres conducators dans ‘Iorix le grand’, ‘Vercingétorix’ ou Le démon du Pharos, les religieux sectaires dans ‘Le tombeau étrusque ‘, ‘La tiare d’Oribal’ ou ‘La proie du volcan’.

Jacques Martin dessine avec détails et minutie les corps et les paysages, mais surtout les villes. Il reflète un ordre du monde voulu par les dieux : de riches plaines ensoleillées, des cités organisées, rationnellement aménagées. Apollon le véridique, dieu d’Alix, règne sur la raison lucide et la morale généreuse ; il cantonne Artémis la chasseresse à l’arc, déesse d’Enak, aux domaines vierges, extérieurs à la civilisation urbaine. César le républicain, aidé d’Athéna, déesse de la loi raisonnable et de la cité, pacifie l’univers barbare et réprime les passions romaines débridées.

Discipline et justice civilisent, tel est le message de ces années pré-68 aux adolescents lecteurs du ‘Journal de Tintin’. Vanik le dit, cousin d’Alix à qui César a attribué un gouvernement en Gaule : « Des maisons confortables ont remplacé nos pauvres huttes et la prospérité succède à la misère. Non, je ne veux pas que la barbarie revienne en Gaule. » On a reproché à Jacques Martin ce dessin trop académique, qui comporte des erreurs ou des inventions archéologiques – mais peu importe, ce qui compte est le symbole.

La beauté morale se révèle dans les corps maîtrisés : Alix, Enak, Héraklion, Herkion, Zozinos ont l’architecture harmonieuse et la vigueur de l’ossature. La laideur morale s’illustre par l’excès : Iorix, Qââ, Vercingétorix, Maia, Archeloüs, et Sulcius – le double d’Alix plus narcissique, plus musclé et plus cruel dans ‘Roma, Roma’.

Souvent le rajout, le baroque du dessin, sont une façon d’illustrer la démesure, qu’elle soit de la nature, des États ou des hommes.

Les excès de parures de la forêt vierge, des forteresses cachées ou des villes nouvelles, des costumes ou de la musculature, sont une preuve physique, visible, de l’exubérance non maîtrisée qui peut déboucher sur des cataclysmes (invasion de serpents, tremblements de terre, foudre), industriels (rupture de barrage, effet de pile dans ‘Le dieu sauvage’, explosion de ‘L’île maudite’ et du ‘Spectre de Carthage’) ou moraux (Arbacès, Iorix, Vercingétorix, Sulcius…). A l’inverse, les héros sont sereins, équilibrés, harmonieux. Leurs corps sains incarnent des esprits sains et des cœurs forts où l’amitié, la générosité et la sociabilité se révèlent.

Leur quête le montre, selon l’analyse structurale de Greimas : le Destinateur (Apollon, Athéna, César) pousse le Sujet (Alix flanqué de son petit prince Enak) dans l’Épreuve (les aventures) contre l’Opposant (Arbacès, Pompée, tyrans, marchands, méchants) pour conquérir l’Objet (liberté, raison, civilisation, ordre dans la cité, vertus de l’âme). Le courage va nu, comme l’âme droite et la raison qui tranche. Les torses nus des garçons sont là pour rappeler que l’énergie vient de l’intérieur et pas des carapaces qu’on se met pour faire accroire. Ainsi, point besoin de déguisements de ménade et satyre comme dans Roma Roma pour que l’amour existe entre Alix et Enak – l’amour mais pas le désir sexuel brut singé sur scène, plutôt le désir sublimé par l’affection. Les marchands n’ont aucun scrupule, les barbares sont atteints de démesure, les tyrans sont cruels – seul l’homme républicain (grec ou romain), esprit sain dans un corps sain, va presque nu parce qu’il n’a rien à cacher.

Atteint de macula, Jacques Martin n’a pas pu dessiner Alix et Enak jusqu’au bout. Ses collaborateurs ont été inégaux : Rafael Morales est maladroit avec les corps, le tandem Ferry/Weber meilleur mais Christophe Simon surtout garde la pureté du trait et la grâce des jeunes corps mieux que les autres.

Jacques Martin s’est éteint à 88 ans le 21 janvier 2010. Marié, deux enfants, il laisse plusieurs petits-enfants mais ses vrais fils sont Alix, son double, et Enak, son fils adopté.

Albums que Jacques Martin a écrit et dessiné seul chez Castermann :

1 Alix l’intrépide
2 Le sphinx d’or
3 L’île maudite
4 La tiare d’Oribal
5 La griffe noire
6 Les légions perdues
7 Le dernier spartiate
8 Le tombeau étrusque
9 Le dieu sauvage
10 Iorix le grand
11 Le prince du Nil
12 Le fils de Spartacus
13 Le spectre de Carthage
14 Les proies du volcan
15 L’enfant grec
16 La tour de Babel
17 L’empereur de Chine
18 Vercingétorix
19 Le cheval de Troie
20 Ô Alexandrie

Avec Alix, l’univers de Jacques Martin, Castermann, 288 pages, 2002, €33.25

Deux vidéos de Jacques Martin interviewé sur Youtube en 1 et en 2

Tous les Alix chroniqués sur ce blog

Catégories : Alix, Bande dessinée | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,