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Richard North Patterson romance le système judiciaire américain

Article repris par Medium4You.

L’affaire Strauss-Kahn est traitée dans les romans judiciaires américains. ‘Pour les yeux d’un enfant’ parle de viol d’une journaliste dans une chambre d’hôtel… Comment prouver que c’est vrai… ou faux ? Suspense.

Ancien avocat puis procureur de l’Ohio, fonctionnaire de liaison entre la SEC (l’autorité des marchés financiers américains) et procureur du Watergate, militant du parti Démocrate, ami de Ted Kennedy et heureux père de cinq enfants, Richard North Patterson est également l’auteur depuis 1979 de roman policiers juridiques. Outre qu’ils donnent une description précise et vivante du système judiciaire en vigueur aux États-Unis, ils ont pour particularité d’être très bien écrits et d’offrir une psychologie fouillée des personnages. Il a vendu 25 millions d’exemplaires de ses 15 romans, ce qui lui permet de vivre entre la baie de San Francisco et Martha’s Vineyard, deux lieux qu’il décrit parfois dans ses livres.

Ceux que je préfère dans le lot sont anciens, mais on les trouve encore – c’est dire ! Le temps qui vinifie donne aussi sa patine aux vraies œuvres. ‘Degré de culpabilité’ (Degree of guilt, 1993) et ‘Pour les yeux d’un enfant’ (Eyes of a child, 1994), racontent chacun un procès, mais mettent surtout en scène un père et son fils. C’est profond, émouvant et vrai. L’expérience a d’ailleurs été vécue telle, Richard North Patterson ayant obtenu la garde de son premier fils adolescent après un divorce. « Être un parent solitaire, dit-il dans une interview, a été probablement l’expérience la plus importante de ma vie d’adulte. »

Dans ‘Pour les yeux d’un enfant’, on interroge le fils de 16 ans : « Qu’est-ce qui te fait dire que Chris a été un bon père, Carlo ? – Il a toujours été très présent. Carlo parlait d’une voix un peu rauque. J’ai toujours su à quel point je comptais pour lui. Caroline sourit. – Que veux-tu dire par ‘il a toujours été très présent’ ? – Pour l’école, pour mes matches, pour me conduire là où je devais aller, et puis pour parler. » p.585 En quelques phrases, voici résumé tout un traité d’éducation et de psychologie, en plus clair et plus efficace : un gamin a besoin qu’on s’intéresse à lui, qu’on se préoccupe de qui il est et de ce qu’il fait, ni plus, ni moins.

La seconde expérience est probablement celle d’écrire, de fouiller les personnalités, d’accuser les caractères tout en conservant les nuances qui donnent la couleur de chaque individu. « Écrire, c’est réécrire », dit-il encore, « écrire est difficile et doit être maîtrisé. » Il se défend d’écrire des énigmes policières, ce qui tend à faire croire que le monde est un endroit logique où des solutions peuvent être trouvées à tout. Il préfère les romans qui prennent la loi pour prétexte car ils explorent les territoires moralement ambigus du crime, du mensonge et de leurs motifs. La clé est l’empathie : pour les victimes comme pour les bourreaux. Non pour les excuser, mais pour observer leurs ressorts et analyser les passions qui les meuvent, avec cette surdétermination de l’humain qui met de la valeur partout.

‘Nulle part au monde ‘(No safe place, 1998), paraît à Richard North Patterson le type même du livre qu’il aime à écrire, son « meilleur et le plus accompli », l’exploration la plus complexe d’un rôle d’homme. Le sénateur Kerry Kilcannon, d’origine irlandaise comme l’auteur, est candidat démocrate à la Présidentielle. Sa campagne se heurte aux minorités violentes anti-avortement et pro-armes à feu. Tout est bon pour casser sa campagne… jusqu’à la manipulation du secret professionnel et du fanatisme. L’instrument du destin sera un gamin mal grandi, que le héros se reproche de ne pas avoir accueilli le jour où il avait besoin. Du grand art dramatique !

Richard North Patterson est un auteur américain à lire. Ses qualités d’écriture captivent le lecteur et le pavé que représente chaque livre est avalé sans s’en apercevoir. Il montre aussi un autre visage des États-Unis, que nous avions oublié : celui qui se préoccupe de l’homme plus que du business, de l’épanouissement des enfants plus que de l’égoïsme des adultes. Je n’ai cité que trois livres, mais les autres sont tout aussi attachants.

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Politique sans DSK

Le héros socialiste, expert économique mondialiste et sauveur d’une France craintive à bout de souffle a masqué les courants souterrains de la prochaine présidentielle. Il a tant fait rêver en rose, ou se positionner en bleu, brun ou vert, que les enjeux en ont été occultés. Sa disparition subite, digne de l’acte manqué freudien, met en lumière tout ce qui demeurait caché : rejet massif de la droite de gouvernement, dédain des extrêmes, tentation du centre.

Le rejet de Nicolas Sarkozy est tel qu’il aurait fait voter Strauss-Kahn sans que l’électeur adhère vraiment à sa politique. Une enquête réalisée pour Canal+ par la méthode sérieuse du face-à-face, du 29 avril au 2 mai 2011 au domicile d’un échantillon représentatif de 1000 personnes, montre que seuls 17% des Français sur six jugent le bilan de Nicolas Sarkozy positif. Les 76% de jugements négatifs sont au-delà des précédents : 43% des Français jugeaient favorablement le bilan de Valéry Giscard d’Estaing en 1980, 56% celui de François Mitterrand en 1987 et 49% celui de Jacques Chirac en 2000. Même les électeurs Sarkozy du 1er tour 2007 sont partagés, 47% jugent le bilan positif contre 47% négatif.

En cause, la crise mais surtout une attitude. Nicolas Sarkozy n’apparaît pas légitime dans la fonction présidentielle. Même dans le domaine régalien, où il a le moins démérité, il apparaît grande gueule puis capitulard, hésitant à avancer quand les puissants froncent les sourcils. La reculade sur la régulation financière au G20, le désastre sur l’environnement à Copenhague, la négociation avec les Russes en Géorgie, l’absence de vision long terme en Libye ou en Afghanistan… Le bilan de Nicolas Sarkozy sur la place de la France dans le monde n’est estimé positif que pour 36% des sondés.

Mais le président du pouvoir d’achat cause plus qu’il n’agit : 89% des sondés jugent négative son action, 80% ne voient aucun bénéfice sur l’emploi, 76% trouvent ses réformes fiscales dans le mauvais sens. Le financement des retraites est mal jugé par 71%, la politique d’immigration mauvaise à 69%, la justice à 67%. La crise économique et financière a fait l’objet de discours musclés… qui ont accouchés de souris : 63% des sondés jugent sa gestion négative. De même la sécurité, mauvaise pour 61%, et l’environnement, mal géré pour 59%.

Sur tous ces sujets, Dominique Strauss-Kahn était crédité de pouvoir mieux faire. Lui hors jeu, pour qui voter ? Une enquête par téléphone des 20 et 21 mai 2011 pour Le Nouvel Observateur et i>Télé auprès d’un échantillon représentatif de 1013 personnes, montre que François Hollande est pour l’instant le favori. Il bénéficie du soutien des plus de 65 ans (28%) et des électeurs 2007 de François Bayrou en 2007 (29%).

La droite est dans les choux, responsable d’avoir peu fait pour contrer la crise, et pas pour le plus grand nombre. Nicolas Sarkozy obtiendrait moins de 25% des intentions de vote au premier tour. Il réalise ses meilleurs scores parmi les plus âgés (40% d’intentions de vote chez les 65 ans et plus face à Martine Aubry), les commerçants, artisans et chefs d’entreprises (33%) : toutes les catégories que guigne Marine Le Pen. On note une nette déperdition de l’électorat Sarkozy 2007 de premier tour : 38% n’ont plus l’intention de voter pour lui en 2012.

Marine Le Pen ne tire pas profit de l’affaire DSK, mais serait au second tour si Ségolène Royal, Bertrand Delanoë ou Laurent Fabius se présentaient. Elle est première chez les ouvriers (32%), les employés (25%) et les femmes au foyer (29%). Mélenchon ne décolle pas, non plus que l’extrême gauche.

Mais ce qui sort est le centre. Les Français sentent bien que la crise est profonde et touche tous les pays développés. De quoi remettre en cause le mode de vie confortable où l’énergie est peu chère, les salaires en hausse, les retraites décentes. Or l’incertitude est la norme dans l’histoire, pas la protection. Les pays émergents eux-mêmes ne sont pas à l’abri d’accidents économiques ou sociaux (l’inflation en Chine, les menées islamistes en Inde, la déstabilisation du Pakistan, les révoltes au Nigeria, le cartel de la drogue au Mexique…). Une position mesurée sur tous ces sujets, de l’union européenne à la mondialisation, de la transition nucléaire à la productivité est nécessaire. Les candidats non idéologiques, pragmatiques, à l’écoute non seulement des votants mais du monde, emportent les suffrages.

Ce pourquoi Strauss-Kahn faisait rêver, lui qui était loin du gauchisme. Ce pourquoi Martine Aubry, trop rigide et considérée à tort ou à raison comme d’esprit archaïque époque Mitterrand, est moins désirée que François Hollande, bien que femme. L’électorat Modem se reporterait à 70% sur Hollande contre 52% sur Aubry au second tour, selon le sondage. Nous ne sommes cependant qu’à un an des élections, tout peut se modifier d’ici là.

Chez les écolos, Nicolas Hulot (entre 8% et 12%) arriverait à regrouper davantage qu’Eva Joly (7%) et certainement plus que Cécile Dufflot si elle se présentait. Les centristes déclarés (François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin) parviennent dans ce sondage autour de 15 à 20% s’ils s’additionnent. Jean-Louis Borloo est le mieux placé, entre 7 et 9.5% selon les hypothèses. Il devance à chaque fois François Bayrou, entre 5 à 8% des intentions de vote, usé par trop d’années de présence mi chèvre mi chou dans le paysage. Dominique de Villepin n’est pas désiré, à 3-4% seulement.

Rejet de la droite, désir du centre pour conduire la politique française, le parti Socialiste paraît bien placé s’il sait ouvrir le gouvernement aux centristes et aux écologistes non radicaux. Le fera-t-il ? Ce serait rejouer à gauche ce qu’a réussi Nicolas Sarkozy en 2007. Le léninisme de combat des apparatchiks, dont maints exemples sont donnés à qui sait le lire, me font penser qu’il s’agit là d’impensable. Seul DSK aurait pu, lui qui avait un pied en dehors du parti, jusqu’à chercher à se créer des inféodés dans la presse. Même Ségolène Royal n’a pas osé avec François Bayrou en 2007, ce qui est sa principale erreur politique. Je ne vois ni Martine Aubry, ni François Hollande, appeler un Jean-Louis Borloo ou un Français Bayrou dans un gouvernement de gauche… Il y a tant de « camarades méritants » à récompenser !

Le « centrisme » Hollande paraît donc bien une illusion. C’est en tout cas une tactique qu’il devrait développer pour rester dans le sens de l’opinion française.

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Ce qui se révèle de l’ex-candidat Strauss-Kahn

La chute du candidat potentiel libère la parole – et pas seulement des femmes. On apprend ainsi ce que l’on n’aurait jamais su des pratiques du parti qui se dit le plus vertueux de France : la manipulation. Le Congrès de Reims et le recomptage léniniste des votes en faveur de Martine Aubry n’était pas qu’un écart… Les déjeuners secrets avec la presse sont-ils l’autre scandale de l’affaire DSK ? Strauss-Kahn avait convoqué en rendez-vous secrets certains journalistes d’organes de gauche pour qu’ils fassent allégeance et soutiennent activement sa campagne. Marianne, le Nouvel Observateur et Libération ont été arrosés en trois déjeuners ‘off’ dans de grands restaurants parisiens. Denis Jeambar, dans Marianne, vend la mèche… mais bien tard, une fois le loup renvoyé en tanière.

Le métier de journaliste n’en sort pas grandi, pas plus que les mœurs politiques, restées très féodales dans ce pays qui se veut constamment « révolutionnaire ».

Le métier de politicien socialiste non plus. Ce sont ses étudiants de Science Po qui ont assisté médusés à un cours sur le travail et le salaire minimum, et à des propos télé le même soir à l’inverse. C’est qu’il n’est pas politiquement correct au parti socialiste de déclarer que le SMIC est trop haut en France, qu’il pèse sur les salaires juste au-dessus et sur la compétitivité du pays. Entre théorie économique et discours politique, Dominique Strauss-Kahn avait parfaitement assimilé l’hypocrisie nécessaire. Il avait le cynisme du parfait socialiste prêt à tout dire pour arriver au pouvoir, tout en n’en pensant pas moins. La « pensée de gauche » – si tant est qu’il y en ait une en France – n’en sort pas grandie.

De même la référence aux « valeurs républicaines », si souvent affirmées, sont-elles le plus souvent du théâtre. La pratique ne résiste pas aux tentations communautaristes.

On se pose en multiculturel, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, dans la lignée droitdelhommiste d’égale dignité de tous. Voilà qui est très libéral, sens XVIIIème siècle et j’y adhère complètement. Sauf que les femmes sont une espèce soumise, si l’on observe les pratiques de ces messieurs habitués des suites et des ors républicains. Sauf que les indigènes de la république sont renvoyés à leurs différences, tout écart de leur part à la norme dite républicaine étant solidifié en pratique culturelle, particularisme cultuel ou coutume traditionnelle. Ce multiculturalisme bobo, qui n’a rien du regard ethnologue, dépolitise en figeant les différences. Il n’y a rien à faire, tout est ethnique, aucune politique particulière à mener, c’est culturel. L’autre est enfermé dans son origine originale, conservé en indigène irréductible.

C’est la même chose à l’extrême droite avec l’irrédentisme gaulois, celui qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Comme s’il existait encore un « peuple gaulois » conservé dans la glace, différent de l’italien du nord, du germain de l’est, de l’anglais du nord et des celtibères de l’est… Le Gaulois est sommé de respecter une « identité française » dont on a peine à savoir ce que c’est.

Les intellos rejettent le multiculturalisme anglo-saxon sous le nom de communautarisme. Ils revendiquent l’intégration à la française. Le cosmopolitisme universaliste est une composante de l’esprit des Lumières, donc appartient à l’esprit français. Mais certains n’ont pas peur de la schizophrénie : ils vilipendent tout ce qui est américain ou anglais, communautarisme, ultralibéralisme comme mondialisation… mais s’empressent de l’adopter candidement s’il sert leurs intérêt immédiat. Tel le lobby juif à l’œuvre dans l’affaire DSK. Nous savons qu’il existe un lobby officiel aux États-Unis ; nous ne savions pas qu’il en existait un occulte en France. Or nous avons tous entendu le chœur des intellos-médiatiques qui se revendiquent juifs défendre le fils de famille sur les télés françaises, comme s’il suffisait d’appartenir à la communauté pour être de facto vertueux. Être juif n’a rien de déshonorant et nombre d’envieux sont antisémites faute d’avoir réussi comme les bons élèves. Mais pourquoi revendiquer l’intégration républicaine, haïr le communautarisme s’il est musulman… mais le pratiquer ouvertement pour soi ?

L’avocat newyorkais de DSK, Benjamin Brafman, revendique son appartenance à la religion juive orthodoxe. Que vient faire la religion dans une affaire de mœurs ? Est-ce que la seule croyance en une religion du Livre expliquerait que les femmes soient dominées et sans leur mot à dire ? Il va plus loin en confiant ses propos sur l’affaire non pas à un journal français comme Le Monde, Le Figaro ou Libération, mais à… Haaretz, quotidien israélien. Que vient faire Israël dans ce procès qui met en cause un citoyen français sur le territoire américain ? Il faut certes y voir une tactique judiciaire qui consiste à détacher DSK des préjugés yankees à l’égard des Froggy bastards, tout en agitant la compassion de la minorité juive américaine, mais imagine-t-on les dégâts dans l’opinion française ? Dominique Strauss-Kahn se trouve extradé de sa culture et de son pays, au profit d’une ethnie mondialiste particulière, qui est montrée pouvoir s’installer ici ou là sans être attachée nulle part…

J’aimais assez l’homme, que j’ai pu rencontrer ici ou là dans des colloques, son intelligence aiguë, son sens de la mesure, sa vision globale. Peut-être aurait-il été un bon président pour la France, donnant les grandes impulsions que ses ministres auraient mises en œuvre. Mais l’expression affichée de ce multiculturalisme-là par son entourage est une forme de racisme qui consiste à dire, qu’on le veuille ou non, « je ne suis des vôtres qu’en partie, je suis avant tout de mon clan ».

Manipulation en sous-main, discours idéologique pour plaire aux militants, refuge communautaire quand sa vertu est attaquée, certitude absolue d’avoir raison et de n’être jamais « coupable » de rien : l’état d’esprit léniniste, ce bunker de la pensée, a décidément beaucoup de mal à lâcher les consciences des hommes de gauche français.

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Non politique française

Le remaniement est un non-événement ; il ne pouvait en être autrement. Mais durant les soldes, la guerre continue. Le Sahel fait allégeance à l’Oussama, l’Afghanistan pose toujours le problème pakistanais, la croissance ne repart pas aux États-Unis, le chômage demeure élevé, la dette des États européens fait basculer l’Irlande après la Grèce. Demain la France ? Nos gouvernants comme notre opposition s’en moquent. Ne comptent que les petits jeux entre amis et le théâtre télévisé.

Remaniement : mêlez le beurre avec les gens de même farine et vous épaissirez la sauce. Elle sera moins légère mais les morceaux seront bien emballés. La recette Sarkozy fait dans la cuisine de grand-mère, façon IVe République. On prend les mêmes et on recommence. L’objectif ? Garder le pouvoir. L’avenir ? Navigation à vue. L’Europe, le monde, la crise ? Dormez, bonnes gens, on s’occupe de tout. Qu’il y ait des chômeurs long terme s’ils sont plus de 45 ans, ou des mômes de onze ans qui se fassent descendre à la kalachnikov pour cause de trafic de banlieue, qu’importe. Alors que la drogue, les armes, les immigrés, le chômage sont des conséquences de la mondialisation.

• La gauche la ferme, par tabou idéologique sur le colonialisme et l’obsession du « racisme ». Tout devrait se régler par encore plus d’État et encore plus d’impôts. Suffit de redistribuer et d’assister, circulez, y a rien à voir.
• La droite s’en fout, tant que la sécurité reste un thème porteur et qu’ils se descendent entre eux…

Alors qu’il s’agit d’écarts culturels (tollé à gauche quand le sociologue de gauche Hugues Lagrange l’a montré). Et que la meilleure façon de relativiser les écarts culturels n’est ni de les nier (à gauche) ni de les essentialiser (à droite) mais de les gérer par la société. Ce qui veut dire affirmer tranquillement les valeurs républicaines et les traditions françaises ; être ferme avec tous les intégristes pour assurer la neutralité de l’espace public ; ne tolérer aucun manquement à la loi, même des agriculteurs syndicalistes, des casseurs de droite ou des dealers maghrébins (mixez tout ça comme vous voulez). Cela passe évidemment par l’école. Mais qu’elle se délite et que le SNES freine toute réforme, même proposée par le socialiste Bruno Julliard, qu’importe à la gauche : yaka déverser encore plus de moyens, yaka jacobiniser encore plus les programmes, les formations, les carrières, yaka faire « tous pareil », à la façon technocrate 1791 qui a inventé le département carré, la semaine de dix jours et l’année de dix mois. La droite, pour une fois, va dans le bon sens en dotant les universités de capitaux pour les rendre autonomes, en décentralisant certaines décisions au niveau de chaque établissement et en refondant les programmes sur la base qu’on croyait minimum… en 1850 : lire, écrire, compter. Avec les profs formés après 68, tout ça c’est facho.

Ces zozos attendent la Retraite, comme si les actifs restant ou les marchés financiers allaient payer allègrement et sans rien dire le repos doré des vieux hédonistes. Eux qui ont mangé leur pain blanc le premier et endetté le pays pour deux générations, se préparent des lendemains difficiles… Car, dans le monde, ce qui compte est la puissance. Quelle est celle de la France ?

• Elle ne peut être militaire que si elle est démographique, or la France est bien petite face à la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, le Nigéria… et même l’Iran, la Turquie ou l’Algérie. Ce sera pire dans vingt ans. Le niveau qui compte est l’Europe et la France, en Europe, est démographiquement bien placée : qu’attend-t-elle pour prendre l’initiative de négocier au lieu d’imposer son caporalisme UMPS ?
• Elle peut être économique si les entreprises sont encouragées, les managers bien formés, l’esprit d’initiative présent. Or le système scolaire en son entier, depuis le primaire, adore classer, sélectionner, mépriser les attardés. Tout le monde fait des maths parce que c’est la filière d’excellence. Très peu de matheux deviennent ingénieurs et encore moins chercheurs. Beaucoup vont en entreprise mais, déformés par le tout calculable et le rationalisme froid, ils sont incapables de diriger des ensembles humains : voyez France télécom, Renault, la SNCF… Les grands groupes français se font à l’international car, dans leur pays, ils se font taxer, réglementer pour n’importe quoi, vilipender pour ne pas « produire français » (Estrosi à Renault !). Très rares sont les PME qui émergent ; quand elles le font, l’ISF vient les ponctionner à la transmission. Conclusion : la plupart vont s’immatriculer en Angleterre ou en Belgique et les chefs d’entreprise qui passent la main s’exilent en Suisse ou en Floride.
• Elle peut être culturelle si la langue est honorée, les artistes reconnus et le réseau médiatique autonome. On en est loin en France où hors de l’État, point de salut ! Il est curieux de constater combien les grands écrivains contemporains habitent hors de France : Le Clézio au Mexique, Houellebecq en Irlande, Maxime Chattam aux États-Unis, comme Jonathan Littell. Sans parler des chanteurs, des mannequins et des footeux. S’il n’y avait pas les commissions départementales d’État pour acheter les croûtes ou les montages d’école maternelle des zartistes, qui le ferait ? Le mécénat est découragé et Pinault est allé s’exiler à Venise. Le marché de l’art contemporain est artificiel, fondé sur la commande publique et sur les évaluations de fonctionnaires de la culture – d’où les prix ridicules lorsque les œuvres passent en ventes à l’étranger. Quant au rayonnement international, l’Élysée préfère des ambassades, même au fin fond de pays perdus, aux lycées français ou à l’Alliance française. Quand on n’a plus les moyens, seul le prestige de cour surnage.
• Reste l’image : le tourisme des monuments, la gastronomie, la mode. Sauf que l’hôtellerie n’est pas encore à la hauteur et le service revêche ; que les restaurants rognent sur l’assiette tout en salant l’addition ; que les anorexiques qui habitent la haute couture ne donnent vraiment pas envie.

Il faudrait penser grand le nouveau monde alors que la France se replie sur son petit soi.

• A gauche, on ne sait pas qui sera candidat dans 18 mois. Ce qu’on sait, est que les primaires pour désigner ce candidat vont faire surenchérir les démagogues, selon la maladie infantile du socialisme. Surtout branché mode, le gauchisme recyclable en vert.
• Au centre, il n’y a qu’un grand vide avec des velléitaires en vedette.
• A droite, ce sont les haines qui ressurgissent. Petites et méprisables, elles attisent le désarroi. Villepin attaque sur Karachi à cause de Clearstream. Avec le fin sens politique qu’on lui connaît, il risque de se faire pincer les doigts dans la porte. Chirac apparaît comme un tueur, l’arrêt des commissions promises aux militaires pakistanais ayant probablement tué onze ingénieurs français de la Direction des constructions navales. Les querelles de vieux riches (Bettencourt) laissent soupçonner un vaste trafic de commissions politiques. La raison d’État est-elle morale ?

De quoi faire monter l’abstention du tous pourris et le populisme du qu’ils s’en aillent tous. Cela me rappelle l’URSS de Brejnev, avec parti inamovible, dirigeant marionnette et banlieues désagrégées de violence et de drogue retour d’Afghanistan. On sait comment cela a fini : par la pire régression sociale sur trois générations. Fin de l’État providence, montée des mafias politico-barbouze, fuite des capitaux à l’étranger (Suisse, Angleterre, Riviera), reprise en main autoritaire des médias, loi de la jungle sociale. Est-ce cela qui nous guette ? Il paraît qu’on aurait aperçu, la semaine dernière, Dominique Strauss-Kahn sur le perron de l’Élysée…

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