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Gorbatchev de gare

Mikhaïl Gorbatchev, représentant d’une nouvelle génération, est devenu le 11 mars 1985 Secrétaire Général du Comité Central, à 54 ans. L’URSS, avant sa venue, était immobile, menée par une classe dirigeante rescapée des purges staliniennes et de la Seconde Guerre mondiale.

Son ascension est due à une conjonction de chances, de bons contacts, d’habileté politique, de travail satisfaisant selon les critères du Parti, et du jeu politicien au Politburo.

Stavropol, région où il est né, est l’une des terres agricoles les plus riches d’URSS (il fut en charge de l’agriculture) et lieu de thermalisme réputé, où viennent se reposer les membres du Politburo. Souslov, qui y a été Premier Secrétaire, et Andropov, qui y était né, y séjournaient souvent. Cela n’est pas indifférent à la carrière de Gorbatchev : nommé au Secrétariat du Comité Central en 1978 avec l’accord de Brejnev, membre à part entière du Politburo en 1980 après avoir su faire impression, il est en charge de l’ensemble de l’économie et de l’organisation du Parti sous Andropov, négocie des pouvoirs plus grands (l’idéologie, la culture et les Affaires étrangères en sus des domaines précédents) en échange de son soutien à la candidature de Tchernenko. Enfin, Gorbatchev est élu le 11 mars 1985 à une voix de majorité contre le pâle brejnévien Grichine, et grâce au soutien d’Andrei Gromyko.

Il est le pur produit du Parti, un léniniste.

Gorbatchev affirme : « les ouvrages de Lénine et son idéal socialiste restent pour nous une source inépuisable de pensée créative, dialectique, de richesse théorique, de sagacité politique ». La différence réside en sa génération : il est de 20 ans plus jeune que les dirigeants précédents. Certaines de ses idées figurent dans les discours de Brejnev (par exemple la critique de l’économie et de la société dans le discours du 25e Congrès en 1976), et poursuivent l’entreprise d’Andropov. L’interdépendance du monde est une réactivation de la coexistence pacifique de Khrouchtchev (le terme est réutilisé tel quel), la perestroïka était déjà prônée par Jdanov dans son discours au Plénum du Comité Central du PCUS le 26 février 1937, l’assouplissement économique avait été tenté par Lénine avec la NEP et par Brejnev avec Liberman en 1965, la glasnost vient de la Russie du tsar. Mikhaïl Gorbatchev est un marxiste-léniniste :

  • Marxiste, car il croit au but à atteindre, il sait l’idéologie utile à l’autorité dans son rôle historique, et il puise selon les circonstances dans le fond permanent du dogme.
  • Léniniste, comme son maître Andropov, car il préfère le marxisme en actes et s’inspire de l’exemple pragmatique de l’homme qui n’est devenu mausolée que sous Staline : l’idéologie est un guide pour l’action politique.

Dans les changements préconisés, la discipline doit accompagner l’initiative, le contrôle du Parti doit assurer l’efficacité de la glasnost, les droits du citoyen ont pour contrepartie leurs devoirs. La perestroïka est une modernisation du socialisme dans sa forme historique, pas une révolution. Mais comme ses réformes sont un échec, il ravive le nationalisme comme le fera Poutine. Gorbatchev crée un Fond de la culture russe, restaure le vieux quartier de l’Arbat, prépare de grandioses cérémonies du Millénaire.

Il considère que l’économie de guerre héritée de Staline engendre des dysfonctions humaines inacceptables. Les pénuries engendrent hargne, grossièreté, délation, envie – un « ensauvagement » féroce. L’habitude de subir, d’être pris en charge engendre irresponsabilité, indifférence, parasitisme, comportement mafieux, banditisme. Les mœurs se dégradent, l’entretien des infrastructures se fait mal, engendrant les comportements de « banlieues » : divorces, abandons, bandes, hooliganisme, brigandage, violence. L’environnement et le système de santé en souffrent, les accidents du travail et les accidents civils se multiplient. Dans l’Oural, un train de collégiens a déraillé en juin 1989, faisant plus de 200 morts et plus de 700 blessés. Mikhaïl Gorbatchev a blâmé à cette occasion la combinaison d’« irresponsabilité, d’incompétence et d’inorganisation ».

Début 1989, Françoise Thom décrit le processus de « re-communisation » qu’opère la perestroïka à ses débuts, parallèlement à une manipulation de l’information à destination de l’Occident.

Dans Le moment Gorbatchev, elle montre que les mots et les slogans doivent être assez ambivalents pour être perçus favorablement en Occident sans engager l’URSS. Exemple la « démocratie » – elle signifie la démocratie socialiste, c’est-à-dire le centralisme du Parti. Exemples les droits de l’homme – il s’agit de la conception socialiste, c’est-à-dire avant tout les droits économiques et les obligations patriotiques telles que l’interdiction de sortir du territoire, de tenir des propos antisoviétiques, etc. Exemple la glasnost, traduit en général par « transparence » alors que le sens en russe induit plutôt l’idée de « publicité », de « dire pour expliquer », autrement dit une forme de propagande.

Les objectifs de l’URSS restent les mêmes. Il s’agit toujours de modifier le système de sécurité régional de l’Europe jusqu’à le contrôler (encourager le retrait américain, le découplage nucléaire, empêcher une union politique et surtout militaire, diviser les nations en faisant miroiter les contrats, etc.), de développer une interdépendance économique entre Europe Occidentale et Europe de l’Est en infléchissant les termes de l’échange dans un sens favorable à l’URSS (toujours plus de technologie).

Les deux grandes idées de Gorbatchev sont l’affinité européenne de la Russie et son retour à ses « valeurs universelles ».

  • L’Europe, c’est la culture grecque (la démocratie, la raison scientifique), romaine (le droit, l’Etat arbitre des minorités de l’Empire) et chrétienne.
  • Les valeurs russes, ce sont les Dix Commandements chrétiens, cette alliance entre Dieu et les hommes pour qu’ils prennent en main leur vie et que la loi défende les faibles, ces « normes morales et éthiques communes à l’humanité tout entière ».

L’image de la forteresse assiégée est brisée par Gorbatchev qui invoque l’interdépendance des intérêts de l’URSS et du reste du monde. « L’Europe est notre maison commune », dit-il en reprenant cette idée de Gromyko, « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural est une entité historico-culturelle. » Au 28èmeCongrès du Parti communiste soviétique de juillet 1990, Mikhaïl Gorbatchev déclare que « la reconnaissance de la liberté de choix pour chaque peuple est une condition fondamentale de l’instauration d’un nouvel ordre mondial, » fondé sur le codéveloppement et la coopération. « Aujourd’hui, ajoute-t-il (ce qui est savoureux après les agressions de Poutine) nous ne vivons pas à une époque d’ultimatums, de conflits et d’actions irréfléchies qui désunissent les gens et compliquent davantage la situation. »

Pour une société organique

Nous avons noté en son temps que la « troisième voie » prônée par Gorbatchev – entre la centralisation planificatrice et le marché avec ses conséquences politiques – a des ressemblances avec le corporatisme de type fasciste. Mussolini prônait une « société organique » dans laquelle les citoyens devaient être spirituellement et moralement unis, préparés à se sacrifier pour la nation. Par contraste avec le système parlementaire, fondé sur des droits politiques abstraits et des groupes partisans en conflit, le corporatisme appelle l’unité des travailleurs et des employeurs avec l’Etat dans une société harmonieuse. Le système économique présenté par Gorbatchev devant le Congrès, fin 1989, proposait une économie administrée dans laquelle les entreprises ne seraient pas libres, mais, conjointement avec les coopératives et les sociétés semi-publiques, devraient agir en harmonie par des accords, des unions, des associations.

Poutine reprend cette idée que le Russe est un être organique et que la Russie doit être une famille – différente des autres, excluante et se sentant volontiers supérieure aux autres dans son originalité entre Europe et Asie.

Dostoïevski écrivait : « je considère la Russie d’un point de vue peut-être singulier : nous avons traversé l’invasion tatare, puis deux siècles d’esclavage, sans doute parce que l’un et l’autre ont été de notre goût. Maintenant, on nous a donné la liberté et il s’agit de la supporter : en serons-nous capables ? La liberté sera-t-elle autant de notre goût ? Voilà la question. » Pour le moment, la réponse est non.

Le 25 décembre 1991 à 19h, devant les caméras de la télévision, Mikhaïl Gorbatchev démissionne officiellement de ses fonctions de Président de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et remet à 19h20 les codes nucléaires à Boris Eltsine, Président de la République de Russie. Il est mort mardi 30 août 2022.

Il était devenu pour son peuple Gorby dompteur de l’ours et bouffon absurde dans l’inertie totale du système. Un chef… de gare.

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Michel Henry, Marx philosophe de la réalité (1)

Karl Marx est un monstre comme le siècle 19e a su en faire naître. Il s’agissait de tout embrasser de l’histoire et du savoir humain, d’être philosophe, politicien, économiste, sociologue. Marx est Protée.

  • Il écrivait en journaliste, pas en hégélien, ce pourquoi il reste lu ;
  • Sa pensée était mouvante comme la vie, chaque événement le faisait retoucher l’ensemble, ce pourquoi son œuvre est inachevée ;
  • Son existence ne devrait pas parler en sa faveur, lui qui a laissé mourir de faim ses enfants plutôt que de s’abaisser à travailler pour gagner sa vie, mais ce misérabilisme passe bien auprès des démagogues.

En bref, Marx est incontournable et compliqué. Ma génération, celle des années 1970, a été tellement imbibée de marxisme approximatif, dogmatique et prédigéré, qu’il nous a donné une indigestion : trop rationaliste, trop je-sais-tout, trop bardé d’interdits. Mais Marx existe, comme d’autres, il est bon de ne pas l’ignorer. Il faut cependant lui ôter les oripeaux des contresens et des récupérations. Jamais peut-être un homme n’a été autant catéchisé par ses disciples. La catéchèse simplifie, déforme, met l’accent sur ce qui est utilisable au détriment du tout. C’est le mérite de Michel Henry, philosophe, de nous resituer Marx dans sa dynamique philosophique.

Karl Marx est avant tout un philosophe ; il n’est économiste que par dérivé et politologue que par suite. Ce qui l’intéresse est de comprendre le monde avant de le changer. Ce pour quoi il est nécessaire d’aborder Marx par la philosophie. Michel Henry écrit chiant, trop complaisant envers les formes de la tradition allemande férue d’obscurité, de mots-valises et de complexité qui conduit souvent à l’obscurantisme. Mais résistez au touffu de l’expression et vous verrez Marx débarrassé du marxisme.

Car le marxisme est l’ensemble des contresens qui ont été faits sur Marx. La théorie retenue jusqu’aux années 1960 n’était qu’une caricature justifiant l’activisme politique de certains récupérateurs. La pensée philosophique même de Marx est restée volontairement ignorée, les ‘Manuscrits de 44′ et ‘L’idéologie allemande’ inédits jusqu’en 1932 en allemand ! Engels lui-même, l’ami et mécène, avait appauvri les concepts faute d’intelligence aussi vaste et de scrupules intellectuels aussi pointilleux que ceux de Karl.

Michel Henry montre que la pensée de Karl Marx n’est ni matérialiste, ni dialectique, ni activiste politique, ni positiviste scientiste, ni althussérienne – ni même une idéologie !

Marx critique l’essence politique. Le manuscrit de 1842 met en cause la philosophie de l’Etat de Hegel pour qui la Nation s’inclut dans l’Esprit pour le rendre possible – un avatar de Dieu dont il faudrait réaliser la Cité chrétienne… Pour Marx, la réalité est politique – pas l’essence. Et la réalité est avant tout économique.

L’aliénation est la condition dans laquelle l’amour est contrarié, la volonté empêchée. La vie morale authentique est extérieure à la réalité de l’État, ce carcan moralisateur qui enferme dans le collectivisme. Et l’économique est l’aliénation du politique. La signification pour la cité (polis) de l’activité de chacun ne consiste pas dans sa participation aux affaires de l’Etat, mais doit qualifier son activité personnelle et professionnelle. Car l’individu n’existe qu’en relation – ce qui fonde une société. L’universalité idéale du politique est donc remise en cause.

L’humanisme du jeune Marx fait de la religion une illusion de l’essence humaine, une représentation fantasmée. Elle est compensation imaginaire de ce qui n’est pas satisfait dans le réel. Le secret de la religion est donc à chercher dans l’utilité personnelle, l’égoïsme, le trafic, l’argent. Luther a vaincu la servitude par dévotion en la remplaçant par la servitude par conviction. Il s’agit d’aller au-delà.

L’origine de la dialectique allemande est dans l’alchimie médiévale où le fond du réel est le changement, le plomb transmuté en or. Le Prolétariat est le Christ, c’est seulement en sombrant dans le désespoir absolu que peuvent naître la foi et le salut. Par invasion de la philosophie allemande dans l’économie, la politique retrouve sa position dans l’Etat hégélien. Mais la vraie vie y est absente : la politique y est considérée comme protestation contre la misère, en bref une religion qui est le complément idéologique du monde vrai. La mythologie de l’Histoire devient alors une conception apocalyptique, messianique. La métaphysique allemande a été recyclée dans le romantisme de Schiller, Novalis et Hölderlin, avant d’être rationalisée par Hegel – qui reprend le bon vieil ordre hiérarchique catholique. Le salut est annoncé, le passage se fera par la négation des contraires.

Marx lui préfère le fond des choses, le matérialisme historique. Pour lui l’histoire n’est pas Esprit mais réalité. Seule existe la relation des individus entre eux, toute explication par un Tout n’est que théorie verbale. Le cœur de l’histoire, ce sont les individus, leurs actions et interactions. L’essence du mouvement historique est « la réitération indéfinie du désir, du besoin et du travail » p.198. Ce qui fait qu’il y aura toujours une histoire en train de se faire. La proposition célèbre que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes » (Manifeste du parti communiste) énonce une propriété de l’histoire accomplie. Elle appartient à la science empirique : « la théorie de la lutte des classes est étrangère au matérialisme historique » p.201. Car « s’il peut encore être question de dialectique, c’est seulement d’une dialectique de la vie, c’est de son mouvement, celui de la souffrance qui, de par sa nature et en vertu de ce qu’elle est, essaye de se supprimer soi-même » p.214. Marx est un Bouddha positiviste : « La forme de production, l’état social et la conscience peuvent et doivent entrer en contradiction parce que la division du travail entraîne la possibilité et même la réalité que l’activité spirituelle et matérielle, la jouissance et le travail, la production et la consommation, échoient à des individus différents. » (Idéologie allemande VI, 171, cité p.218).

Les classes sociales naissent de ce que les individus ne sont pas seuls mais en interactions entre eux et prennent conscience d’être dans un même état. Une société est la somme des rapports entre individus. Le concept de classe est hégélien parce qu’il est une ‘totalité objective’ où un concept théorique remplace la réalité vécue. Il entraîne l’illusion que les conditions sociales sont ‘objectives’ et que des ‘structures’ sont objets de science (grand tropisme français des années 60 que le structuralisme…).

Marx s’élève contre cette abstraction, affirmant que la seule réalité réside dans l’existence individuelle concrète. Le concept de classe est utile aux manipulateurs politiques parce qu’il leur permet des généralités, d’enflammer les gens sur la peinture de conditions semblables, créant ainsi une unité idéale. Or ce n’est pas la liberté que Marx réclame comme désaliénation de chacun ! La liberté est avant tout un certain état de la société : les déterminations de l’existence qui sont une condition sociale et le produit de l’histoire. Ces conditions sociales ne sont pas objectives. On ne peut pas les changer volontairement d’en haut, par la politique (illusion du XVIIIe siècle). Les conditions sont modifiées par les hommes eux-mêmes dans leur existence concrète – et les éducateurs doivent être eux-mêmes éduqués (ce qu’ignorent apparemment les profs de gauche français…). D’où la dérive courante du politique (et des partis communiste ou socialiste) vers l’autoritarisme et la dictature d’avant-garde : ils croient savoir tellement mieux que vous ce qui est bon pour vous !

L’état de la société qui aliène est dû, pour Marx, à la division du travail. Les oppositions ville/campagne, production/commerce, manuel/intellectuel, comme le travail en miettes ou Paris et le désert français – enlèvent à la personne son pouvoir sur les choses et sur sa destinée. L’homme est agi par des structures imaginaires qui tiennent à l’organisation de la société. La suppression de la division du travail est donc la condition même du socialisme, entendu par Marx comme une ‘communauté sociale organique’ à l’allemande (pas une ‘société par adhésion volontaire’, à la française). Nous avons donc deux socialismes et il est clair que Marx avait en tête le premier lorsqu’il parlait de conditions objectives :

  1. Le socialisme qui vient de la base et se fonde sur les syndicats et associations émanant de la société même (Proudhon puis la social-démocratie allemande),
  2. Le socialisme qui vient d’en haut, d’un modèle théorique qu’une avant-garde s’efforce d’imposer au bas peuple ignare (le socialisme bismarckien puis le communisme léniniste, qui sans cesse houspille le ‘socialisme’ à la française).

Michel Henry, Marx, 1976, Gallimard Tel 2009, 966 pages, €91.84

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Baie des Cochons

Nous passons la Playa Giron. Le bus nous arrête pour déjeuner dans un resort à l’américaine au bord d’une plage aménagée de la baie des Cochons appartenant à la sempiternelle chaîne Horizonte. On nous affuble d’un bracelet de plastique jaune à l’entrée, comme au Club Med, signe que nous pouvons manger « tout ce que nous voulons » au buffet et boire « tout ce que nous voulons » au bar. Les plats proposés sont fort médiocres, comme les boissons forfaitaires sont très chimiques, servies à la pompe programmable dans des gobelets plastique qui s’empressent de s’envoler n’importe où une fois vides. La plage est peu attrayante, le soleil vif. Ceux qui veulent peuvent se baigner et certains en profitent. Je suis de ceux qui restent à l’ombre du bar à siroter de la bière, meilleure que les cocktails de rhum trop chimiques. Viennent ici des locaux et quelques touristes. À 18h il n’y a presque plus personne.

plage cuba

Nous repartons. La bahia de Cochinos, cette fameuse baie des Cochons dont le nom vient de la période coloniale mais dont l’histoire a surtout retenu le sinistre échec du débarquement des exilés cubains le 17 avril 1961. La bahia suscite des commentaires historiques de Sergio au micro. Il s’agissait du « Projet Pluto » de la CIA qui, bien qu’il soit le nom de ce chien ridicule qui accompagne parfois Mickey, désigne plutôt le dieu des Enfers chez les Grecs. Sur quelques 1500 mercenaires contras débarqués, 150 ont été tués ainsi que 200 Cubains ; les autres (près de 1200) ont été capturés en quarante-huit heures. Ils avaient sous-estimé la cohésion idéologique des castristes et leur matériel militaire importé d’URSS. Le président Kennedy a refusé de faire donner l’aviation pour les aider. Prison, procès, trois exécutions ont été mises en œuvre seulement pour « crime ». Les autres ont été échangés quelques mois plus tard par les Américains contre des livraisons de vivres et de médicaments à Cuba. Cet événement a permis à Castro d’éliminer toute opposition à son pouvoir et de se proclamer même « léniniste » le 2 décembre de la même année. Moins d’un an plus tard aura lieu (par vengeance envers les États-Unis) la crise des fusées – que Khrouchtchev a calmée – Castro le poussant carrément à la guerre atomique mondiale !

Le paysage défile et, une heure plus tard, le ciel se couvre, devient tout gris. Nous abordons La Havane et son front froid qui vient du nord.

la havane malecon

Les gens, dans les rues, sont habillés comme en hiver. Il fait frais. Sur le Malecon, le front de mer, les vagues jaillissent par-dessus le parapet en grands bouquets d’écume. Elles rongent un peu plus le trottoir qui semble bien entamé, comme une vieille éponge. Les immeubles du Malecon sont à demi en ruines, écroulés, les façades lépreuses, rongées. On se croirait à Beyrouth après les bombardements. Il est prévu de restaurer ce front de mer avec l’argent du tourisme, mais très peu d’immeubles sont en restauration aujourd’hui. À ce rythme, il faudra une nouvelle génération !

La ville nous frappe par son odeur, son étendue, le nombre des gens dans les rues, les voitures plus nombreuses qu’ailleurs. La moiteur de La Havane sent le sexe et le sel. Beaucoup d’antiques américaines roulent encore pour le décor, les Chevy pataudes, les Buick élancées. Des adolescents jouent dans un parc. Le ballon les échauffe mais, contrairement aux villes de l’intérieur, ils ont gardé ici leurs tee-shirts sur le dos. Certains s’entraînent au judo, en kimono blanc, sur des aires de ciment !

vieille americaine cuba

Nous retrouvons, dans une lumière de fin du monde l’hôtel Kohly de l’aller, dans le quartier « huppé » de la ville, composé surtout de villas à jardins. Cette fois, je suis seul dans ma chambre, les fêtards ont décidé de se regrouper. Yves ira avec Philippe, seul jusqu’à présent. Justement, ce soir, Philippe renâcle à sortir, il est « fatigué »…

Je me prépare pour la douche, affaires défaites, lorsque la chambre d’à côté s’anime. On y pousse une fille qui glousse et éclate en rires brefs. D’une chambre à l’autre on entend tout : bruits mouillés, froissements, toujours ces gloussements. Et puis soudain ils se transforment en ahanements rythmés d’une Marie que l’on couche. Une femme, un homme sur elle, fait l’amour. La sonorisation s’arrête à peine, des voix, quelques mots indistincts ; je distingue deux voix d’homme. Et voilà que les gloussements reprennent, suivis d’ahans rythmés ! Cette fois, l’homme pousse un cri d’une voix jeune, comme un soupir vocalisé de délivrance. Lui aussi vient de baiser – la même. Je me suis mis sous la douche. En sortant, un peu plus tard, je vois une engageante cubaine aux yeux brillants sortir de la chambre d’à côté, suivie de deux « amis », peut-être américains. L’un peut avoir vingt ans, il est à peine coloré mais coiffé de tresses rasta. L’autre est fin et joli comme s’il en avait quinze. Ils font partie d’un groupe de musiciens car je les verrai sortir le lendemain portant des étuis d’instruments. Ceux-là viennent en tout cas d’explorer Cuba de l’intérieur. Ils ont servi dans le même corps.

2002 02 Cuba 232 bière Cristal

Au rendez-vous du bar, je goûte un cocktail Havana Special composé de rhum, jus d’ananas et marasquin. C’est assez doux, les machos diraient « plutôt pour les dames », mais ce n’est pas éthyliquement correct. Le buffet du soir est plantureux. Il comprend porc, poisson et poulet, salades à profusion (sans conséquences intestinales, semble-t-il, à Cuba), et divers desserts pour une fois mangeables (les précédents étaient des crèmes roses chimiques ou des génoises d’importation décorées de pseudo-chantilly gélatineuse). Nous prenons une bouteille de vin espagnol de la Rioja à dix. Juste pour le plaisir car elle est à 14$ !

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Luciano Canfora, La démocratie comme violence

luciano canfora la democratie comme violence

L’historien philologue italien de l’université de Bari édite en ce petit opuscule la première critique antique, probablement la plus ancienne, de la démocratie. Le texte de cette Constitution des Athéniens est attribué à Xénophon, qui n’en est sans doute pas l’auteur. Écrite vers 429-424 avant notre ère par un oligarque athénien en exil qui avait fait de la politique sa vie, cette œuvre sous forme de dialogue entre lui et un démocrate orthodoxe, nous apprend beaucoup sur notre démocratie d’aujourd’hui.

Nous avons hérité de la tradition du droit établi, supérieur aux lois de circonstances votées par l’Assemblée. La Constitution, les Droits de l’homme, les Principes généraux du droit, les Chartes des libertés et les Conventions internationales protègent les individus de l’arbitraire. Même si « la loi » se veut souveraine, « les principes » peuvent s’opposer à elle pour garantir un minimum de libertés.

Rien de tel dans l’antiquité. Le demos ne voit que son propre intérêt et impose à tous ses décisions légales. Il s’agit bien de la suprématie d’une partie du corps social (même majoritaire) sur l’ensemble, et pas d’une égalité formelle de tous. Le droit des minoritaires est de se taire, comme le disait si bien Laignel, député socialiste en 1981 : « il a juridiquement tort car il est politiquement minoritaire ». Le droit c’est moi, dit la majorité jacobine, se prenant pour le tout. Mélenchon ne dit pas autre chose, Marine Le Pen probablement non plus.

Rien d’étonnant à ce que pour Aristote comme pour Platon, « la démocratie » en ce sens soit la tyrannie des médiocres. « Partout sur terre, les meilleurs sont les ennemis de la démocratie – dit le Pseudo-Xénophon – Car c’est chez les meilleurs qu’il y a le moins de licence et d’injustice et le plus d’inclination au bien ; mais c’est chez le peuple que l’on trouve le plus d’ignorance, de désordre, de méchanceté : la pauvreté les pousse à l’ignominie, ainsi que le manque d’éducation et l’ignorance qui, chez certains, naît de l’indigence » p.22. Le peuple n’est pas inconscient pour cela, la démocratie est cohérente, dit l’auteur. « Le ‘peuple athénien’ sait bien distinguer, parmi les citoyens, les honnêtes gens des méchants. Mais, tout en le sachant, il préfère ceux qui lui sont favorables et utiles, même si ce sont des méchants, et il hait les honnêtes gens, justement parce qu’ils sont honnêtes » p.35. Plutôt le grand Méchant con que l’austère équitable, « pas assez à gauche, ma chère » comme disent les bobos qui se croient peuple.

Ce système démocratique, totalitaire et jacobin, aboutit dans l’histoire à ce que l’on sait : la Terreur de 1793, le coup de force léniniste en 1917, l’appel au peuple mussolinien puis hitlérien (tous deux élus « démocratiquement »), la monopolisation du pouvoir des Castro, Mao, Pol Pot et autres tyranneaux. La démocratie comme violence de tous sur tous, menée par quelques-uns dans une guerre civile où les opposants sont des ennemis à abattre ou (plus gentiment) des malades à rééduquer. Athénagoras, chef des démocrates de Syracuse vers 415 avant JC, prônait de frapper d’avance les adversaires politiques, de les punir « déjà pour ce qu’ils veulent, sans en avoir encore les moyens » p.65. Délit d’intention, délit d’opinion, délit de pensée : la pente est rapide de la réprobation politique à la condamnation morale – et à l’interdiction juridique, appliquée par la force.

Je n’ai aucun goût pour les histrions comme Dieudonné, Noir anti-impérialiste qui accuse les Juifs d’être à la source de tous les maux, mais sa récente interdiction par le fait du Prince montre que le droit, en France, reste mal admis par une partie (un parti ?) de la société. Si le militant humoriste enfreint la loi, le condamner pour des faits établis et contrôler l’application de l’amende ou de la peine, aurait mieux valu que l’interdiction préalable. Jamais l’antisémitisme n’a été aussi fort qu’après ce coup de force – assimilant volontiers et sans nuance antisionisme (opposition à la politique d’Israël en tant qu’État envers les Palestiniens) et antisémitisme (condamnation de gens en raison de leur appartenance raciale ou religieuse).

Luciano Canfora – inscrit sur les listes du Parti communiste italien comme candidat européen – n’hésite pas à critiquer ce genre de démocratie (en 1982…) : « la prévention est souhaitée non seulement à l’encontre des délits d’opinion, mais encore assurément à l’encontre des simples opinions, en fonction du présupposé qu’il est difficile de surprendre un complot antidémocratique en acte et sous-entendu que, de toute façon, s’en apercevoir quand le complot existe déjà signifie intervenir trop tard » p.65. On aimerait que le ministre de l’Intérieur ait la même force pour interdire les sites juifs qui dénoncent nommément avec photos, téléphone et adresse à l’appui les démonstrateurs de « quenelles ». Je trouve choquante cette façon de « loi du talion » qui rappelle les dénonciations de Vichy et le lynchage sans jugement des Noirs par le Ku Klux Klan. Je connais la vraie quenelle, je ne sais d’où vient le mot dieudonnesque, mais ce geste potache antisystème s’apparente plus à un salut à l’arabe main sur le cœur qu’à un geste « nazi » anti-juif. Nul ne pourra-t-il plus « faire un geste » sans être aussitôt accusé d’arrière-pensées mauvaises ? Définies arbitrairement par une infime minorité paranoïaque qui y voit on ne sait quoi ? Ce sont les actes qu’il faut punir, pas les intentions. Est-ce la guerre civile que l’on veut ?

La justice doit passer en silence, mais implacablement – et la justice civile, pas la justice administrative qui est juge et partie. L’antisémitisme est un délit : que fait la ministre ? Où en est l’exécutoire des décisions jugées ? Pourquoi ne saisit-on pas les recettes des spectacles, comme le fisc sait si bien le faire sur les salaires lorsque les impôts ou amendes fiscales ne sont pas payées ? Doit-on toujours, en France, passer par l’autoritarisme et les mouvements de menton faute de décision des responsables à faire appliquer la loi qui existe et l’autorité de la chose jugée ?

L’étude de Luciano Canfora, il y a plus de vingt ans déjà, a le mérite de pointer d’où vient l’erreur : dans la démocratie comme tyrannie de masse. Et dans son antidote : édicter le droit, faire respecter le droit, appliquer le droit. Or le droit, chacun sait, est n’est pas en France un pouvoir indépendant : il reste à la botte.

Luciano Canfora La démocratie comme violence, 1982, traduit de l’italien par Denise Fourgous, éditions Desjonquères 1989, 79 pages, €9.03

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Libéral malgré la gauche

L’ignorant n’est tourmenté que par l’opinion qu’il a des choses, non par les choses elle-même. Le mot chien ne mord pas, selon William James, mais la Gauche d’ambiance pourtant salive de rage comme un chien de Pavlov quand elle entend le mot « libéralisme ». Elle le qualifie même, avec la lourdeur petite-bourgeoise de la redondance qu’avait noté Roland Barthes, de « néo » ou d’« ultra », pour bien marquer le tu dois de sa pensée moralisante.

hollande 2013 photo

Car il n’y a rien de réel dans la caricature faite par la gauche (française) du libéralisme

Né durant les Lumières, le libéralisme est le règne du droit, la liberté dans les règles du jeu : liberté de conscience, liberté d’expression, libertés politiques et d’entreprendre. Ces autonomies individuelles sont opposées aux hérédités, ethnies, communautés, ordres et corporations. Le libéralisme politique a été inventé par les Français et les Anglais des Lumières. De cette conception philosophique découle une attitude, le respect à l’égard d’autrui (voir Diderot), une règle pratique, la tolérance envers les opinions (voir Voltaire) et une conception de la vie en commun (voir Montesquieu). Politiquement, elle se traduit par une charte des droits et devoirs, par la règle de droit et par la participation du plus grand nombre au gouvernement du pays.

La France révère « l’État » (avec majuscule) au nom d’une liberté qui ne serait rien sans la contrainte du Père. Or le concept de liberté est double : absence de contraintes – mais aussi choix des règles qui contraignent la vie commune. Les Anglais (protestants incités à lire par eux-mêmes la Bible) ont privilégié le premier, avec cantonnement de l’autorité par le consentement régulier. Les Français (catholiques sous la houlette de prêtres qui ont le monopole de l’interprétation biblique, eux-mêmes sous l’autorité du Pape) ont privilégié le second, sous prétexte que le peuple (les faibles, les ignorants, les infantiles) ne saurait être libre sans contrainte d’en haut. Mais pourquoi garder cette idée venue tout droit du Dieu tonnant, du Père fouettard, du Roi soleil, de l’État-c’est-moi, de la Terreur paranoïaque, de l’orgueilleux empereur des Français, de l’absence d’écoles publiques jusque bien tard dans le 19e siècle et de l’absence de droit de vote aux femmes jusque bien tard dans le XXe ? Les temps n’auraient-ils pas changé ?

Le choix des règles est l’exercice de la démocratie. Les penseurs français de gauche ont longtemps œuvré pour l’éducation, l’égalité devant la loi et la laïcité d’État pour délivrer les individus des contraintes de naissance, de race ou de religion. Ce n’est que depuis le choix du marxisme, transformé en instrument de guerre léniniste, qu’ils considèrent les citoyens comme mineurs au nom de la Vérité révélée déclarée « scientifique » qu’une caste cooptée à la tête du Parti se charge d’interpréter et de réaliser. La « liberté » à gauche est donc progressivement passée de la libération de ce qui aliène à la contrainte idéologique, traduite dans tous les pays du socialisme réel en contrainte d’État et, dans les autres pays, en contrainte de parti. Comment ne pas noter que, dès qu’ils ont pu (boat-people vietnamiens, chute du mur de Berlin, ouverture cubaine), les citoyens se sont empressés de fuir ?

L’État s’est retrouvé en France le seul créateur du lien social après que la Révolution ait tout aboli, jusqu’aux syndicats, recréés seulement en 1884. L’État absolu français (jacobin, colbertiste, élitiste et parisien) ne veut face à lui que des individus atomisés qui lui doivent tout. C’est le sens de « la volonté générale » de l’orphelin éperdu de Père, Jean-Jacques Rousseau, magnifiée aujourd’hui par le proto-tyran Mélenchon. On comprend pourquoi l’initiative est peu répandue en France, pourquoi le peuple attend tout de l’État, pourquoi toute innovation ne peut s’y épanouir… L’État français est une machine politique pour assurer le pouvoir à une élite restreinte ; l’État anglais est un garant juridique – voilà l’écart essentiel que les intellectuels devraient analyser !

Dans cette idéologie française de l’État, tout ce qui est « libéral » représente à gauche le Diable, puisque menaçant le pouvoir de quelques-uns. Selon Pierre Bourdieu, le néolibéralisme se réduirait à « un programme de destruction des structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur. » Cette opposition radicale entre l’État et le marché n’est malheureusement qu’une « idée pure », aussi évanescente que les ombres de la caverne de Platon. Karl Polanyi l’a largement démontré, le libre marché présuppose une intervention réglementaire constante et le développement d’un appareil de contrôle…

L’utopie néolibérale n’est pas le « marché pur » mais le profit protégé par un État camouflé en « non politique » qui se consacre uniquement à la gestion rationnelle et technicienne du social, à l’administration des choses (ce qui se passe à peu près en Chine depuis 1978). Pourquoi ne pas constater que le Parlement est bien plus efficace dans les pays où la « volonté générale » ne se traduit pas par le « j’veux voir qu’une tête » (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Scandinavie, Suisse, Inde…) ?

Le gauchisme idéologique se pare ainsi de « grands mots »

Il fait illusion et empêche d’analyser la réalité des choses. « Tout le monde » (ce qui signifie en fait « de gauche, français, parisien et guignant le pouvoir ») est anti-américain par antilibéralisme ; mais nul ne se pose jamais la question des libéraux là-bas. Or les Liberals américains (de gauche) sont clairement pour un État fort, appuyé sur la puissance militaire garantie par un oligopole de sociétés nationales protégées. Où se trouve la fameuse « libre concurrence » et « l’ouverture mondialisée » dont la gauche idéologique nous rebat les oreilles ? Les libéraux américains (Obama en est un, après Clinton) peuvent empêcher l’achat d’une société par un groupe étranger si l’intérêt national est en jeu… mais ils ont une claire vision nationale de cet intérêt – pas une vision étroitement idéologique servant aux Montebourg à faire mousser leur ego. Le refus ne passe donc pas par un oukase ministériel devant les médias mais par des arguments clairement présentés au Congrès – qui décide.

Pour tout ce qui est autre que l’intérêt national, le privé règne, donc l’initiative, l’entreprise, les financements. Pourquoi croyez-vous que les entreprises les plus dynamiques de la dernière révolution technologique se soient créées aux États-Unis et pas en France ? Nous avons inventé la Fnac, le Minitel, la carte à puce, Copains d’avant : mais le succès a été Amazon, l’Internet, Paypal et Facebook. Les intellos de gauche ne se sont-ils jamais demandé pourquoi ? Ce n’est pas l’incantation à la croissance qui la fera surgir. Encore moins le pouvoir magique de l’Administration d’État.

Liberal définition Robert

Le socialisme est né du libéralisme et dans son prolongement

Il était l’aspiration des prolétaires à étendre à l’économie les principes de liberté et d’égalité conquis en politique. Il visait à « désaliéner » les consciences, pas à remplacer l’aliénation bourgeoise (prédatrice, consumériste, bien-pensante) par l’aliénation d’État (centralisé, malthusien, politiquement correct). L’histoire a conduit trop souvent les socialistes à s’allier avec les ennemis de ses ennemis, donc à confondre le socialisme (« les producteurs associés », disait Marx) avec l’étatisme antilibéral.

Le libéralisme ne s’identifie pas à sa version étroite héritée de Frédéric Bastiat et défendue par les journaux financiers. Il ne peut être amalgamé à l’ultralibéralisme des Reagan et Thatcher mais connaît d’autres versions plus ouvertes comme celles de Léon Walras, de Stuart Mill, de John Rawls, d’Amartya Sen et de Joseph Stiglitz. L’État réalise mieux certaines activités, Stiglitz cite la sécurité des aéroports, la recherche, l’éducation, l’aide médicale, l’environnement. « Cet équilibre peut être différent selon les pays et les époques ; il varie d’un secteur d’activités à l’autre, d’un problème à l’autre » (The Roaring Nineties). Mais pas question d’entretenir des privilèges de monopoles lorsqu’ils sont indus et économiquement injustifiés ; ni de refuser de rationaliser l’organisation et l’emploi des moyens publics. L’État est dans son rôle lorsqu’il régule et arbitre, dans son rôle lorsqu’il prend en charge ce que le marché n’est pas apte à faire, dans son rôle lorsqu’il impulse la recherche dans un secteur stratégique – mais il ne doit en aucun cas se substituer à l’initiative privée lorsque celle-ci est efficace.

Les idées libérales incarnent une culture de la résistance : aux idées imposées, à l’expression bâillonnée, à une administration tentaculaire (y compris de Bruxelles), à un marché sans règles, à une économie mondialisée sans ordre ni normes, à une société civile sans principe de légitimité ou de critique, à une culture uniformisée, au droit du plus fort. La liberté n’existe que garantie par un pouvoir souverain… contrôlé par des contrepouvoirs citoyens. C’est le rôle du droit, de la loi votée, de l’État qui applique et contrôle. Mais dans cet ordre qui part de la base. Ce n’est pas à l’État de me dire comment il faut baiser, avec qui et pourquoi ; c’est cependant son rôle de faire appliquer le droit qui autorise ou interdit la relation ou le mariage, son rôle encore d’informer sur les dangers sanitaires, son rôle toujours de faire assumer les conséquences.

Quant au socialisme ouvrier traditionnel, des origines à Marx inclus, il n’est pas antilibéral. Il faut se garder de le confondre avec les diverses variétés de socialisme réactionnaire et petit-bourgeois surgies en même temps. Au contraire, l’utopie ouvrière est celle de la coopérative (pas de l’entreprise nationalisée), de la décision à la base (pas par une Administration), du moins d’État possible (qui selon Marx doit disparaître). Elle est plus libertaire qu’autoritaire, plus proche du libéralisme que du despotisme, plus tolérante que doctrinaire. Elle confisque moins la démocratie (expression, élections, droits) que le jacobinisme (partisan, centralisé, technocrate). Les antilibéraux sont toujours partisans de la contrainte – car l’opposé du libéralisme, c’est l’autoritarisme. Difficile de sortir de là.

Or les élites socialistes qui se disent “morales” et “progressistes” se gardent bien d’aider le peuple à s’émanciper, se contentant de le manipuler par de grands mots d’un vide sidérant, afin de conserver leur confortable contrôle issu de la légitimité partisane ou énarchique. La seule chose qui les intéresse est leur pouvoir personnel, étatique et parisien. Ce “chacun pour soi” est beaucoup plus dangereux que celui des PDG qui se gavent de stocks options : ils montrent leur intérêt tout cru mais parfaitement transparent (donc démocratiquement contestable, et d’ailleurs réellement contesté), alors que les politiciens d’une certaine gauche se parent de “vertu” et de “grandes idées généreuses”… pour faire entre soi les petites magouilles tout en se préservant entre soi par des copinages choisis, dans l’entre-soi des quartiers réservés et des entreprises publiques.

C’est là où la position dogmatique est non seulement un aveuglement politique, mais aussi une erreur démocratique. Machiavel l’a très bien montré, ce sont les lucides qui manipulent les gogos, les pragmatiques qui analysent les situations et ceux qui se gardent bien de suivre les idées générales qui ont – toujours – le pouvoir.

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Quel socialisme après La Rochelle ?

Article repris par Medium4You.

L’université d’été s’est achevée et la question demeure : le socialisme s’est-il perdu dans les sables ?

A écouter les six candidats à la candidature, Manuel Valls, Ségolène Royal, Martine Aubry, François Hollande, Jean-Michel Baylet et Arnaud Montebourg – seuls les plus jeunes ont quelques idées d’avenir ; ils sont aussi les plus marginaux dans ce parti de vieux. Pour les ténors, l’œil britannique n’a pas manqué sa cible : « on les croirait congelés en 1981 ». Il ne s’agit que de taxer, règlementer, surveiller, étatiser…

Aucun pragmatisme mais le tropisme théorique : yaka faire une « grrande » réforme fiscale et tout ira bien, on pourra dépenser à tout va comme avant, pour arroser les clientèles.

L’Europe ? Yaka violer Merkel, « l’égoïsme » allemand est insupportable aux tenants du Bien qui ont la Raison pure infuse. Puisque les socialistes français détiennent – de droit divin historique – la Vérité, yaka la clamer à la face du monde pour que tout le monde s’incline.

C’est pitié que d’observer une grande nation se perdre en ses vieilles lunes de parti usé jusqu’à la corde. Le monde a changé mais la France socialiste demeure figée dans sa grandeur passée, incapable de bouger, de changer, de s’adapter. La France de gauche ne sait plus où elle en est. A l’origine syndicaliste-anarchiste avec Proudhon, devenu marxiste réformiste sous Lénine, le socialisme du parti s’est transformé en social-démocratie après 1945 puis s’est perdu dans l’émergence du monde tiers.

Plus de sous ! Fiscaliser ne suffit pas, d’autant que Thomas Picketty, expert des impôts au PS, avait déjà montré en 2007 qu’il y avait certes justice sociale à taxer les riches mais aucun « trésor caché » puisque les riches sont fort peu nombreux (Le Monde, 11 juin 2003).

  • Comment imposer les transactions financières sans nuire aux emprunts d’État – que seuls les étrangers vont désormais acheter ?
  • Comment raboter les niches fiscales sans nuire à l’emploi, le premier d’entre eux étant l’immobilier ?
  • Comment répartir ce qu’on ne sait pas produire ?

Le socialisme, expert en administration d’État, n’a pas su penser la société civile. Ce pour quoi il se réfugie aujourd’hui dans l’utopie écolo. Sans voir qu’entre l’utopie positive qui entraîne et la réalité à ses pieds qui résiste demeure un gouffre si l’on n’imagine pas aussi la passerelle !

Tout commence par la réforme de l’État, or le PS a la majorité de ses électeurs, militants et sympathisants dans l’appareil d’État. Équation impossible si l’on dit que la France est dans la moyenne haute des pays de l’OCDE pour le nombre de fonctionnaires par habitant (90 pour 1000 habitants) mais surtout que leur fonction n’est plus à la page pour être efficace (la centralisation d’État devrait nécessiter moins de fonctionnaires que le Royaume-Uni ou l’Allemagne, plus décentralisés). Scandale de l’évaluation pour les évaluateurs, ceux qui jugent tout du haut de leur statut : profs, flics, fonctionnaires du social. Alors que cela se fait sans drame dans tous les pays voisins.

L’écosocialisme se contente de ressourcer la vieille « croisade des enfants » où les illuminés marchent vers l’étoile. Économiser les ressources de la planète est bon, mais il serait mieux de rendre plus efficace la production de ce qui est. Las ! Les discours se bornent au catastrophisme mondial et aux micro détails locaux. Entre le « petit » producteur qui vend des paniers aux bobos et le « grand marché mondial » où la Chine est très présente, il n’y a aucune pensée de gauche. Veut-on nous faire croire qu’on gère un pays comme une région ? Le Poitou-Charentes ou Lille n’ont pas d’armée, que je sache ! Pas de politique étrangère, pas de place aux négociations de l’OMC ni dans les instances européennes !

La seule pensée de gauche se réduit, pour les plus avancés du PS, à la doctrine du FMI.Le bien-vivre écologique est une philosophie de sagesse… mais pour qui a déjà quelques ressources. S’il s’agit de conforter fonctionnaires et retraités, la France n’a pas besoin du parti socialiste. Aménager la stagnation, tous les partis savent faire. Pour aller de l’avant, peu ont des propositions.

La droite s’adapte avec pragmatisme, selon les vents du monde – c’est déjà ça. Au PS, on attend encore le Sauveur alors que le dernier pressenti, adepte de la dépense compulsive, imposée avec violence, vient de se griller lamentablement dans une chambre d’hôtel à Manhattan. Peu importent les particularités de la procédure américaine, les rapports médicaux et policier font foi, qui prouvent une émission de sperme strausskhanien et lésions sur le vagin de la femme. Consentante ou non, pour le fric ou non, l’aventure laisse apparaître toute l’arrogance, la vie de riche et les mensonges soigneusement mis en scène d’un apparatchik socialiste à qui tout semble permis. Une fois de plus un dirigeant du PS se dit responsable mais pas coupable.

Il faut donc encore « reconstruire »… Mais cela fait plus de dix ans que le socialisme ne cesse de se « reconstruire » sans avancer d’un pas. Depuis Jospin, rien. Plane l’ombre du populisme d’extrême-droite, contre laquelle seules des incantations émanent du PS.

Or le monde avance. Les Français peuvent être fiers de leur modèle économique et social, mais il craque de partout : trop de carcans, trop de niveaux hiérarchiques d’État, trop de dilution des responsabilités – et plus assez de sous pour des prélèvements obligatoires au sommet des pays de l’OCDE !

  • On ne fait pas l’Europe sans consentir à entamer la souveraineté nationale,
  • on ne se dit pas solidaires sans avoir une idée des conséquences de la crise grecque,
  • on n’emprunte pas auprès des marchés financiers sans se dire qu’il faut fixer un cap de sérieux,
  • on n’évoque pas un déficit keynésien sans voir qu’il n’est efficace que lorsqu’il est provisoire et non le prétexte perpétuel à la distribution démagogique,
  • on ne se préoccupe pas de l’emploi et de la vie quotidienne sans poser les problèmes de l’immigration et de l’identité des autochtones, et ceux de la paperasserie administrative et des règlementations sans fin.

Sur tout cela, motus au PS ! Yaka faire une « grrrande » réforme fiscale et violer Merkel. Point à la ligne. Alors que toutes ces pressions conduisent le Français moyen et populaire à un repli sur soi et au refus de toute différence.

Ce pourquoi les ouvriers ont déserté le PS aux élections récentes. Tout ce qui change est menaçant. Le modèle multiculturel est en faillite pendant que les partis de gauche ou les militants antiracistes sont peu à peu contestés. Car ce n’est pas être « raciste » que de dire que l’intégration se fait mal : c’est dire qu’on a mal et que c’est la faute au tabou concernant l’immigration. Ne pas en parler est bien pire que de dire ce qui est : que l’intégration se fait cahin-caha, que les « quartiers » sont des sas de passage vers une évolution par l’emploi et pas ces ghettos à l’anglo-saxonne qui fomentent des émeutes, que les études mènent à intégrer la société mieux que les discours compassionnels sur sssseuxquiisouffrrrr.

La primaire serait la solution ? Nous l’avons toujours écrit, adopter les mœurs américaines nécessite de laisser tomber l’esprit de caste à la française. Hillary Clinton a embrassé Barack Obama après son échec : verrait-on Martine embrasser François ou – pire ? – Ségolène baiser Martine (sur les joues) ? Si primaire il y a, il faut qu’elle soit ouverte. Tous les candidats, même les plus improbables, doivent pouvoir se présenter. Ce n’est évidemment pas le cas dans un parti resté léniniste pour qui il s’agit surtout de verrouiller.

L’électeur de gauche n’aura donc le choix qu’entre la fille de son père, le mari de sa femme et la femme du mari, plus quelques vagues outsiders mal considérés dans les rangs enseignants. Manuel Valls a le pragmatisme propre à la droite, voilà qu’il est aussitôt catalogué « de » droite, en bonne pratique stalinienne.

Hors du Dogme, point de salut ! C’est ce que disait le capitaine du Titanic lorsqu’on évoquait vaguement les icebergs déréglementés se baladant librement sur la mer libre…

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Ce qui se révèle de l’ex-candidat Strauss-Kahn

La chute du candidat potentiel libère la parole – et pas seulement des femmes. On apprend ainsi ce que l’on n’aurait jamais su des pratiques du parti qui se dit le plus vertueux de France : la manipulation. Le Congrès de Reims et le recomptage léniniste des votes en faveur de Martine Aubry n’était pas qu’un écart… Les déjeuners secrets avec la presse sont-ils l’autre scandale de l’affaire DSK ? Strauss-Kahn avait convoqué en rendez-vous secrets certains journalistes d’organes de gauche pour qu’ils fassent allégeance et soutiennent activement sa campagne. Marianne, le Nouvel Observateur et Libération ont été arrosés en trois déjeuners ‘off’ dans de grands restaurants parisiens. Denis Jeambar, dans Marianne, vend la mèche… mais bien tard, une fois le loup renvoyé en tanière.

Le métier de journaliste n’en sort pas grandi, pas plus que les mœurs politiques, restées très féodales dans ce pays qui se veut constamment « révolutionnaire ».

Le métier de politicien socialiste non plus. Ce sont ses étudiants de Science Po qui ont assisté médusés à un cours sur le travail et le salaire minimum, et à des propos télé le même soir à l’inverse. C’est qu’il n’est pas politiquement correct au parti socialiste de déclarer que le SMIC est trop haut en France, qu’il pèse sur les salaires juste au-dessus et sur la compétitivité du pays. Entre théorie économique et discours politique, Dominique Strauss-Kahn avait parfaitement assimilé l’hypocrisie nécessaire. Il avait le cynisme du parfait socialiste prêt à tout dire pour arriver au pouvoir, tout en n’en pensant pas moins. La « pensée de gauche » – si tant est qu’il y en ait une en France – n’en sort pas grandie.

De même la référence aux « valeurs républicaines », si souvent affirmées, sont-elles le plus souvent du théâtre. La pratique ne résiste pas aux tentations communautaristes.

On se pose en multiculturel, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, dans la lignée droitdelhommiste d’égale dignité de tous. Voilà qui est très libéral, sens XVIIIème siècle et j’y adhère complètement. Sauf que les femmes sont une espèce soumise, si l’on observe les pratiques de ces messieurs habitués des suites et des ors républicains. Sauf que les indigènes de la république sont renvoyés à leurs différences, tout écart de leur part à la norme dite républicaine étant solidifié en pratique culturelle, particularisme cultuel ou coutume traditionnelle. Ce multiculturalisme bobo, qui n’a rien du regard ethnologue, dépolitise en figeant les différences. Il n’y a rien à faire, tout est ethnique, aucune politique particulière à mener, c’est culturel. L’autre est enfermé dans son origine originale, conservé en indigène irréductible.

C’est la même chose à l’extrême droite avec l’irrédentisme gaulois, celui qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Comme s’il existait encore un « peuple gaulois » conservé dans la glace, différent de l’italien du nord, du germain de l’est, de l’anglais du nord et des celtibères de l’est… Le Gaulois est sommé de respecter une « identité française » dont on a peine à savoir ce que c’est.

Les intellos rejettent le multiculturalisme anglo-saxon sous le nom de communautarisme. Ils revendiquent l’intégration à la française. Le cosmopolitisme universaliste est une composante de l’esprit des Lumières, donc appartient à l’esprit français. Mais certains n’ont pas peur de la schizophrénie : ils vilipendent tout ce qui est américain ou anglais, communautarisme, ultralibéralisme comme mondialisation… mais s’empressent de l’adopter candidement s’il sert leurs intérêt immédiat. Tel le lobby juif à l’œuvre dans l’affaire DSK. Nous savons qu’il existe un lobby officiel aux États-Unis ; nous ne savions pas qu’il en existait un occulte en France. Or nous avons tous entendu le chœur des intellos-médiatiques qui se revendiquent juifs défendre le fils de famille sur les télés françaises, comme s’il suffisait d’appartenir à la communauté pour être de facto vertueux. Être juif n’a rien de déshonorant et nombre d’envieux sont antisémites faute d’avoir réussi comme les bons élèves. Mais pourquoi revendiquer l’intégration républicaine, haïr le communautarisme s’il est musulman… mais le pratiquer ouvertement pour soi ?

L’avocat newyorkais de DSK, Benjamin Brafman, revendique son appartenance à la religion juive orthodoxe. Que vient faire la religion dans une affaire de mœurs ? Est-ce que la seule croyance en une religion du Livre expliquerait que les femmes soient dominées et sans leur mot à dire ? Il va plus loin en confiant ses propos sur l’affaire non pas à un journal français comme Le Monde, Le Figaro ou Libération, mais à… Haaretz, quotidien israélien. Que vient faire Israël dans ce procès qui met en cause un citoyen français sur le territoire américain ? Il faut certes y voir une tactique judiciaire qui consiste à détacher DSK des préjugés yankees à l’égard des Froggy bastards, tout en agitant la compassion de la minorité juive américaine, mais imagine-t-on les dégâts dans l’opinion française ? Dominique Strauss-Kahn se trouve extradé de sa culture et de son pays, au profit d’une ethnie mondialiste particulière, qui est montrée pouvoir s’installer ici ou là sans être attachée nulle part…

J’aimais assez l’homme, que j’ai pu rencontrer ici ou là dans des colloques, son intelligence aiguë, son sens de la mesure, sa vision globale. Peut-être aurait-il été un bon président pour la France, donnant les grandes impulsions que ses ministres auraient mises en œuvre. Mais l’expression affichée de ce multiculturalisme-là par son entourage est une forme de racisme qui consiste à dire, qu’on le veuille ou non, « je ne suis des vôtres qu’en partie, je suis avant tout de mon clan ».

Manipulation en sous-main, discours idéologique pour plaire aux militants, refuge communautaire quand sa vertu est attaquée, certitude absolue d’avoir raison et de n’être jamais « coupable » de rien : l’état d’esprit léniniste, ce bunker de la pensée, a décidément beaucoup de mal à lâcher les consciences des hommes de gauche français.

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