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Petit tour dans Bellagio

Je remarque qu’ici les cloches repiquent l’heure entière à la demie, avec un coup de plus d’un autre ton. Dès sept heures, nul ne peut échapper au temps martelé par l’imperium du clergé.

Au petit déjeuner, le guide part comme chaque jour faire quelques courses pour compléter le service de l’hôtel. Il achète des jus de fruit, du müesli, des yaourts et du fromage. La mamma de 72 ans, patronne de l’hôtel, s’active à la machine à café tandis que son mari glande devant le journal et son café. Bien usé, il n’est chargé que de surveiller les entrées le jour et de servir au bar pour les rares touristes qui le réclament, le soir.

Mystère matrimonial du matin, attisé par les airs de conspiration de la patronne qui a susurré au guide à mi-voix ce matin : « vous savez, ils dorment dans la même chambre ! » Renseignements pris, Madame Lapinot a gardé une chambre seule, les deux hommes (le mari et l’amant, pensent les épris de vaudeville) une autre chambre à deux ! Que ne va-t-on pas aussitôt soupçonner ! On se demande – perfidement – si le lit « matrimonial » de rigueur en Italie a été séparé pour eux…

Le bateau ne partant qu’à dix heures, nous avons le temps de faire le tour de Bellagio. Le bourg s’éveille. Il est composé surtout de bars et d’hôtels le long du lac, et de boutiques de souvenirs et d’alimentation fine dans les ruelles. Celles-ci sont en escalier et montent la colline d’où l’on a vite une vue sur l’eau plate et verte et les rives au loin.

Les vitrines aiment à présenter de grands santons religieux ou des Amours presque nus dans toutes les positions, jouent de la musique. Le statut d’enfant, pour les Chrétiens, exonère de toute « mauvaise » pensée ; le corps bébé fait ce qu’il veut et sa chair est celle des anges, pas encore vraiment humaine – traduisez « sexuée ». Les adultes statufiés sont vêtus et boutonnés jusqu’au cou. Les Italiens ont la passion des bambini, de l’Enfant Jésus paganisé, rêve de toutes les mères : en sucre, il est à croquer.

Une commerçante pschitte un produit à l’aide d’une bombe à un demi-mètre du sol, le long de sa vitrine : il doit s’agir d’un répulsif pour chiens pisseurs ou pour mauvais touristes tendance bière.

L’église de Bellagio, du 12ème siècle pour ses parties les plus anciennes, est très sombre. Le clocher a été monté sur une ancienne tour de défense du bourg vers le nord. La notice proposée à l’entrée ne manque pas d’affirmer présomptueusement qu’elle est « l’un des meilleurs exemplaires de l’art Roman-Lombard » !

Saint-Jacques est à la fois organisée et exubérante. Elle offre la rigueur germanique comme le baroque italien, mariés pour le meilleur et pour le pire. Le prêtre officie, entouré de grilles de fer. Chacun sa place, voulue par l’église : les fidèles en vrac dans la nef, le prêtre isolé, surélevé, mis en valeur, les chœurs de part et d’autre de lui pour chanter sa louange (euh… celle de Dieu, mais pour l’Eglise ça revient au même). Devant l’autel, un triptyque peint représente la Madone pâmée de joie ineffable sous l’influence génésique de l’Ange, saint Sébastien nu pâmé de souffrance sous les traits qui le pénètrent bien profond et saint Roch qui jouit de son bubon suppurant.

L’autel dégouline de fioritures et de dorures, les absides sont décorées de mosaïques sur fond d’or. Il faut bien contenter les bigotes d’ici, riches surtout de mauvais goût. En 1657, Saint-Jacques fut instituée canoniquement en paroisse autonome et la famille Sfondrati a obtenu de transformer tout l’intérieur dans le style « de l’époque ». Son décor a été figé en 1904 lorsqu’elle est devenue « monument national ». Un « Christ mort », statufié sous la table de l’autel serait espagnol. La tradition veut qu’il ait appartenu à un édifice hispanique du nord du lac de Côme. Emporté par une crue du fleuve Adda, des pêcheurs l’auraient trouvé flottant sur le lac et l’auraient ramené à Bellagio. Une toile de l’école du Pérugin expose une descente de Croix.

Au sommet de Bellagio se dresse un asilo infantile que je me plais à traduire en « asile d’enfants », même s’il ne s’agit en réalité que d’une crèche. En tout cas, cela piaille là-dedans !

Sur le port, d’où montent d’odorantes bouffées d’eau douce et de mousse, un photographe a piqué en vitrine la photo de chacune des célébrités qui ont traversé un jour la ville, depuis John Kennedy, Président des Etats-Unis, à Gianfranco Fini, récent Président de la République italienne. On peut voir Charlton Heston, Alfred Hitchcock, Rolando (un footeux brésilien), et un musicien nommé… Roberto Mussolini – un joueur de pipeau comme l’autre ?

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Projets des pharaons tahitiens

Le nouveau collège de Teva i uta a l’air d’être en bonne voie maintenant. On a beaucoup tergiversé : ici ? là ? Pour agrandir le golf ? Pour l’hôtel voulu par les Chinois ? Comme l’indiquait le président Fritch, « nous avons perdu le financement de l’État qui était aux alentours de 600 millions de XPF… parce que nous avons eu des retards sur le choix des terrains, et l’instabilité politique n’a pas arrangé les choses. » Il est sorti de terre, le gros œuvre presque terminé, en route pour la rentrée d’août 2016. Dix ans d’attente pour que les collégiens de Teva I Uta ne s’expatrient plus à Taravao et à Papara. Les locaux devraient accueillir 600 élèves. Le tavana de Teva I Uta voudrait que les enseignants originaires de ce district et certifiés y demandent leur mutation, que les chômeurs y trouvent un emploi pour l’entretien et la cuisine…

collégien collégienne

Sœur Anne ne vois-tu rien venir ?
– Si, je vois venir un nouveau « projet » pharaonique.
– Encore un ? Comme celui du Mahana Beach ? J’entends « Ecoparc de la Maroto ».
– Ce sera bien ?
– Merveilleux ! Deux hôtels, une cabine « téléphérique », des activités culturelles et de loisirs, un golf…
– Ce sera où exactement ?
– Au fond de la vallée de Papeanoo.
– Iiiiaaa ! Combien cela va coûter ?
– Oh ! seulement 14 milliards de XPF (1€ = 119,33 XPF).
– Ça fait beaucoup, c’est qui qui va payer ?
– Ils parlent seulement d’une vision, « le projet », ils verront après qu’on aura trouvé des investisseurs, mais que des investisseurs locaux, na.

relais de la maroto tahiti

Après le bleu du Mahana Beach avec ses 2 500 chambres voici venir le vert de l’Ecoparc Fare Fenua. Investissez, investissez. Actuellement, les trois fondateurs de la Société Ecoparc sont Dominique Auroy, Jean-Claue Teriierooiterai et Alban Ellacott. Plus de détails ? Avec plaisir :

  • Deux hôtels d’une capacité totale de 200 chambres. L’un est le Relais de la Maroto (reconstruit ou réhabilité) et agrandi, l’autre un établissement 4 étoiles adossé au golf d’altitude à proximité du barrage de Tahinu (au-dessus du fare Hape) : un golf d’altitude de 18 trous sur un dénivelé de 500m.
  • Une télécabine reliant le Relais de la Maroto au Mont Fare Fenua à 1 000 m d’altitude. Un parcours aérien de 1 900 m de long d’une dizaine de minutes pour apprécier le panorama complet de la caldeira et la vue des sommets à proximité.
  • La reconstitution d’un village polynésien à proximité des sites archéologiques ; un village artisanal ; un musée avec des espaces d’animations culturelles.
  • Un centre de thalassothérapie, centre de massage et spa alimenté par des eaux gazeuses et ferrugineuses.
  • Des chemins aménagés à la découverte des arbres et plantes de Tahiti
  • Des loisirs variés comme VTT, parapente, canyoning, baignade et toboggans naturels, luge d’été, jeux pour enfants, etc.
  • La bouffe ? aucun souci : restauration gastronomique et rapide à l’Ecoparc, au sommet du Fare Fenua, buvette à la cascade de la Maroto et au village artisanal, boutique…

Une petite précision, le Relais de la Maroto avait été construit à l’origine comme résidence des ouvriers de Marama Nui qui travaillaient à la mise en place des ouvrages hydroélectriques de la Papenoo. Les travaux ont duré 10 ans. Propriété de M.D. Auroy, le relais a été mis en gérance depuis 2 ans, il vivote dans son activité hôtelière et survit grâce à son activité de restauration pour les touristes en « safari » dans le centre de l’île.

A vos porte-monnaie ! Le peï devrait sortir 4 milliards de XPF de ses poches… tant le « projet » est séduisant ! Ouverture (prévue) en avril 2018.

Hiata de Tahiti

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Réserve d’animaux du parc national d’Udawalawe

Le lodge où nous arrivons la nuit tombée est l’Athgira River Camp, aux bungalows en dur sur pilotis ouvert d’un côté comme une tente. Il fait chaud, tropical, humide ; nous avons changé de région. Le camp, proche du centre de sauvetage des éléphants, est au bord de la rivière Rakwana, où l’on entend quelques locaux se jeter à l’eau nus à grandes éclaboussures. Nous n’avons pas le temps de dîner qu’il se met à pleuvoir en averse tropicale, nous voici obligés d’aller sous les paillotes, plus serrés qu’à l’extérieur, tandis que les garçons bruns aux chemises blanches très ouvertes virevoltent entre les tables.

Athgira River Camp sri lanka

Départ 6h10, le jour à peine pointé, pour 2h30 de 4×4 Toyota sur les pistes du parc national d’Udawalawe de 310 km². Il y aurait plus de 500 éléphants, des léopards et une grande variété d’oiseaux. Nous montons à quatre ou cinq par bétaillère, un banc de chaque côte sous une armature métallique, pour les quelques 7 kilomètres de route qui nous séparent de l’entrée dans la réserve. Le chauffeur de notre 4×4 est svelte et très souriant. Il conduit pieds nus, avec prévenance pour les touristes, leur évitant les cahots les plus forts, les branches traitresses et les ornières déstabilisatrices.

chauffeur parc national udawalawesri lanka

Nous observons la faune du pays : éléphants aux aguets, buffles broutant, un chacal tirant sur sa charogne, plusieurs aigles collés au tronc desséché d’un arbre mort comme pour se dissimuler, sur le lac des ibis, un héron, des crocodiles digérant immobiles au soleil, entre les arbres un vol de perroquets, des caméléons qui se fondent.

buffles parc national udawalawesri lanka

Les 4×4 passent sur la même piste arpentée plusieurs fois par jour, les animaux ne se dérangent même plus au bruit ; ils se suivent, ce qui gêne parfois la vue.

oiseau parc national udawalawesri lanka

Nous prenons des photos mais nous en avons au final plein des fesses en raison des chaos et plein les yeux en raison de la lumière ; je ne suis pas prêt pour un safari africain, les grosses bêtes de la jungle ne m’intéressent plus comme à l’âge des peluches au temps des dessins animés. Nous n’avons pas vu le léopard, seul gros félin de l’île : il se planque. Au retour du safari, il pleut… Il est à peine tombé quelques gouttes dans la réserve alors que la route qui mène au camp était toute mouillée. Y aurait-il un microclimat au-dessus des éléphants ?

oiseaux parc national udawalawesri lanka

Nous revenons au camp pour un petit-déjeuner de thé et de fruit, d’œufs brouillés. Pour une fois, il y a du bacon croustillant. Mais le café, bon dans le premier pot, a du repasser dans la même mouture au second tant il est fade. Mieux vaut en rester au thé. Il nous faut encore parcourir des kilomètres le long de l’océan, la vue trop souvent bouchée par les hôtels reconstruits après le tsunami avec les fonds d’aide internationale, pour passer Mirissa et atteindre enfin notre hôtel bord de mer, l’Insight Resort Ahaugama.

paon parc national udawalawesri lanka

La mer demeure forte, pas moins de cinq rangs de rouleaux viennent s’écraser sur le sable, mais il ne pleut plus. Notre premier soin, après la dépose des bagages dans les chambres, est de nous y tremper. Las ! On ne peut pas nager. Un courant traître vous emporte vers le large tout en vous déportant sur la droite. Le conseil est de ne pas quitter la zone entre les deux drapeaux rouges, une jetée artificielle de gros rochers faisant barrage.

mer a mirissa sri lanka

La lumière sur l’océan est comme souvent superbe, un dégradé de gris bleu vert du plus beau métal. Le ciel reste plombé de nuages lourds, même s’il ne pleut plus depuis quelques heures. Le sable est blanc jaune avec quelques brins de coraux arrachés par le ressac.

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Petizoiseaux de Polynésie

Le hao (Héron strié ou Butorides striata) long de 46 cm est présent sur l’île de Tahiti. Son bec est long et puissant. Il aime fréquenter les rivages des mangroves, les estuaires des rivières, il se dissimule parmi les branches de purau (Hibiscus tiliaceus). Son repas ? Des petits poissons, des mollusques, des crustacés qu’il pêche en eau peu profonde. Si l’occasion se présente, il y ajoute des insectes, des lézards. Le couple est monogame ; ils construisent un nid dans les purau, une plate-forme de branchettes. Madame y déposera un seul œuf, couvé par le couple pendant 25 jours. L’urbanisation menace les hérons. Les effectifs sont en net recul. Pas menacée au plan mondial, cette espèce l’est à Tahiti.

heron strie

Voici deux autres espèces qui menacent la biodiversité : les bulbuls à ventre rouge et les martins tristes (merles des Moluques). Ces oiseaux envahissants, classés nuisibles ont pris pieds, depuis peu, à Bora Bora, la Perle du Pacifique. Ils sont connus à Tahiti pour piller les récoltes de fruits et sont des voleurs de nourriture. Ils attaquent également les autres oiseaux. Certains hôtels de Moorea et Tahiti voient ainsi leurs buffets visités par ces volatiles qui engendrent des problèmes d’hygiène et des nuisances sonores. Pour Bora Bora il s’agirait de mettre en place un réseau de veille avec l’aide de l’association Manu et des bénévoles.

Bulbul à ventre rouge Pycnonotus cafer Red-vented Bulbul

Le bulbul à ventre rouge : 20 cm, mâle et femelle identiques d’apparence avec un corps marron-noir, une tête plus sombre avec une crête noire dressée en cas d’excitation, bec et pattes noires, sous-caudales rouge vif. L’espèce originaire d’Asie fut introduite à Tahiti dans les années 1970. Elle est  présente à Tahiti, Moorea, Huahine et Raiatea.  Cette espèce est responsable de la destruction des vergers, se montre très agressive avec les oiseaux endémiques et notamment le Monarque de Tahiti. Classée nuisible en Polynésie française, sa destruction est autorisée et souhaitable. A n’introduire dans une île nouvelle sous aucun prétexte et à éliminer sous peine de dégâts irrémédiables dans les vergers et pour l’avifaune.

Martin triste Acridotheres tristis Common Myna

Le martin triste : 23-25 cm, mâle et femelle identiques d’apparence, tête cou et gorge noirs chez l’adulte et bruns chez le juvénile, le corps marron à l’exception du bas-ventre, du dessous et de l’extrémité de la queue, blancs ; ailes noires avec une large zone blanche ovale sous chaque aile, le pourtour des yeux, le bec et les pattes jaunes. L’espèce est originaire d’Inde, introduite en Polynésie française en 1920-22 pour lutter contre la guêpe de feu, elle s’est en fait attaquer aux vergers. L’espèce a été classée nuisible en Polynésie française, sa destruction est autorisée et souhaitable car l’espèce s’attaque aux espèces endémiques de la Polynésie française. Le soir,  ces Merles des Moluques se rassemblent dans les grands arbres à  plusieurs centaines d’oiseaux et causent de terribles nuisances sonores.

Hiata de Tahiti

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Des plantes tahitiennes à exploiter

De là-haut, on voit beaucoup de chose ! Les militaires farani ont découvert depuis les airs une plantation d’herbe (pas pour les veaux) soit 200 m2 de paka (pakalolo = cannabis). Une superbe plantation de 1050 pieds de 50 cm à 1 m de haut en pots individuels alignés, ordonnés, en excellente santé ! Cela se passait à Taohutu, à la presqu’île, au PK 4,5 côté montagne, sur la commune de Taiarapu ouest, à hauteur du quartier Aoma pour ceux qui connaissent les lieux. Deux personnes en garde à vue, plantation arrachée, matériel saisi pour destruction. La suite au prochain numéro !

Une vidéosurveillance pour sa culture de 1123 plants de pakalolo. L’individu âgé de 19 ans assurait ainsi la haute protection de sa source de revenus à Mataiea. Les hommes en bleu ont détruit les plants par incinération et saisi les appareils de surveillance.

cocotiers tahitiLe monoï est l’huile sacrée, ici. Avant la naissance jusqu’à la mort, le monoï a toujours accompagné le Polynésien. Huile au mana légendaire. Certes, les instruments de fabrication ont changé, les plats en aluminium ont remplacé les arbres évidés pour recueillir la pulpe de coco râpé, les cannes de bambou ont cédé leur place aux flacons. Quand le monoï est-il apparu ? Lors de la colonisation des îles ? Lors des premiers voyages en pirogue ?  Plusieurs versions pour raconter la naissance du premier cocotier. L’histoire de la Princesse Hina promise au prince du lac Vaihiria, Faaravaaianuu, une légende que j’ai déjà racontée.

Cet arbre est une richesse que les Polynésiens ont su exploiter, du bois aux palmes et aux noix de coco. Il nourrit, se désaltère, abrite, vêt, son huile sert de protection et de soin. Les mères enceintes s’en enduisaient le ventre rebondi, massaient et massent toujours leurs nouveaux nés. Le monoï est un excellent liniment aux propriétés cicatrisantes. Les guérisseurs (Tahu’ a ra’ au) faisaient et  font largement usage d’onguent préparés avec l’huile de noix de coco. Il était partie des rites funéraires. Teuira Henry raconte que « le crâne d’un parent était quelques fois conservé par la famille qui le nettoyait, le saturait d’huile parfumée et la faisait séjourner longtemps au soleil. Puis, après une invocation à l’esprit du disparu, il était placé avec les autres fétiches de la maison ». Pour les personnages les plus importants, une fois vidés de leurs entrailles après leur mort, on remplissait leurs corps de différentes herbes imprégnées de monoï. Dans « Tahiti aux temps anciens » on peut lire « De temps en temps les ti’i (tiki)  étaient baignés, placés au soleil et oints d’huile parfumée ; ils avaient toujours des vêtements neufs et de choix, tandis que les Dieux de plumes ne recevaient jamais ce genre de soins ».

L’huilerie de Tahiti est pour le moment en redressement fiscal en attendant le dépôt de bilan. C’est 29 employés à l’usine de Tahiti et 150 mandataires acheteurs dans les archipels. Le coprah traité donne l’huile qui sert entre autre à fabriquer le monoï. Adieu beauté, chevelure étincelante…

pandanus tahitiLe pandanus a-t-il encore un avenir économique ? Pour les chanceux qui ont sillonné les mers du Sud et fait escale à Bora Bora, ils ont pu voir que les toits des hôtels étaient couverts de pandanus. Très couleur locale… mais cela ne dure pas longtemps et c’est cher. Ce pandanus pousse sur les motu (récifs coralliens). On ne plante pas le pandanus, on le récolte – et on a construit les hôtels sur les motu ! Le maire de Bora Bora (Gaston Tong Sang) s’oppose aux hôteliers qui souhaiteraient employer du palmex canadien, moins cher, plus résistant pour couvrir les toits de leurs bungalows. L’authenticité coûte cher et les compagnies d’assurance ignorent le pandanus même s’il fait partie du patrimoine culturel polynésien. Les réunions entre  producteurs, poseurs, propriétaires de terrains et hôteliers n’ont apparemment rien donné, chacun priant pour sa paroisse.

Un produit unique : Manuia. A la vôtre, Santé ! Il paraît que ce Blanc sec d’ananas est une première surprenante. Excusez mais votre représentante en vins et liquoreux n’a pas encore pu goûter ce nectar. Dès qu’il sera en vente en magasin, je ne manquerai pas d’y tremper mes lèvres, d’éviter de rouler sous la table afin de pouvoir vous tenir au courant de cette nouveauté qui, pour le moment, est destinées aux palais des restaurateurs. La salive suinte aux commissures de mes lèvres mais patience, patience, ton tour viendra.

Hiata de Tahiti

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Menaces sur Tahiti

« Saoul, il emprunte un rond-point en sens-inverse, et tabasse un couple d’automobilistes ; condamné à 3 ans dont 18 mois avec sursis. »

« Gambier : une Américaine accuse son guide de viol. »

« Fumée noire dans le ciel hier : incendie au Centre d’enfouissement technique de Paihoro. Situé à la limite de Papeari, le CET qui comprend actuellement 9 casiers en service, et un en préparation, traite environ 70 000 tonnes de déchets par an, soit approximativement 190 tonnes par jour ».

À Rurutu (Australes), les chiens errants attaquent. Rurutu a été à nouveau le théâtre de massacre d’animaux par des chiens en divagation. Après les chèvres, ce sont les oies qui en ont été les victimes. La moitié du troupeau d’oies décimé. Les chiens appartiennent à l’un des voisins de l’éleveur. Des animaux mal nourris qui traînent à la recherche de quoi manger.

Synode de l’église protestante mao’hi : elle veut décoloniser ! L’église protestante est devenue M A O ‘ H I il y a quelque temps. Politisée à l’extrême, elle a imposé des règles mao’hi aux offices comme remplacer le vin et le pain par de l’eau de coco et des tranches de coco car c’est mao’hi. Cela lui a permis de perdre une partie de ses enfants qui sont partis vers d’autres églises. Beaucoup pensent qu’elle se tourne trop vers la politique et préfèrent vivre leur foi chez les Sanito, chez les autres églises. Et certains temples se vident de mao’hi.

Tubuai (Australes), un aveugle est lardé de coups de couteau par son neveu. Partis « triper » dans une cabane perdue, le neveu aurait au passage du marea été poussé par un tupapa’u (esprit) à commettre ce crime. C’est le deuxième crime dans ce quartier de l’île où sous l’emprise du paka son cousin avait poignardé à mort une autre personne. Malédiction ? On devrait interroger les tupapa’u prochainement… s’ils y consentent évidemment.

A Faa’a, toute la famille imbibée d’alcool, environs 2 g pour madame et 3 g pour mossieur. Bagarre, un couteau planté dans le torse de mossieur. La semaine dernière c’était encore une dispute conjugale qui tourna au drame, un mort ; madame s’est défendue et a planté un couteau dans le cœur du mari.

A Moorea, un guide touristique est sauvagement agressé par deux jeunes gens. Il paraît que l’un des agresseurs avait consommé deux bouteilles de pastis à lui tout seul, avec au milieu quelques bières. Touristes : atation, atation !

Un « radeau » de pierres ponces de la taille de la Belgique dérive dans le Pacifique. Les scientifiques pensent qu’il s’est formé après l’éruption récente du Monowai, un volcan sous-marin actif.

La liste noire des fermetures d’hôtels s’allonge. Après le Maeva Beach de Punaauia, c’est au tour du Manihi Pearl Beach Resort, seul hôtel de l’île de fermer et de priver 22 familles de l’île de revenus.

Mais, il existe peut-être une solution. Un entrepreneur local claironne qu’il faut des casinos pour sauver le tourisme. L’homme se présente comme « un développeur social » et propose le rachat du Maeva Beach par un fonds d’investissement américain et l’installation de casinos par le Consortium des casinos internationaux. Ce monsieur est PDG des agences de voyages Tahiti nui Travel, Tahiti Tours ainsi que du groupe Casino en Polynésie française. Il pense qu’à l’horizon 2015, 260 000 touristes pourraient venir soit une hausse de 28,5 milliards de recettes.

Hiata de Tahiti

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Carantec

Article repris sur Ideoz-Voyages

Vers le bout de la Bretagne, droit vers l’Angleterre, coulent la rivière de Morlaix et la Penzé. La mer les a aidé à creuser chacune un aber que les géologues appellent ria. Il s’agit de la même chose, d’une vallée envahie par la mer, mais ‘aber’ est un mot celtique tandis que ‘ria’ vient de l’espagnol. Au milieu de ces deux avancées d’eau salée dans les terres est une pointe, prolongée d’une île basse. La pointe renferme Carantec, l’île s’appelle Callot. Il est nécessaire de prononcer Karanteg et Callote, selon le parler breton.

On dit que le site est « la plage » de Morlaix, à une quinzaine de kilomètres, où la jeunesse dorée vient justifier l’éclat de son épiderme dès les premiers beaux jours. On dit que c’est un hôtelier, Edmond Pouthier, qui a lancé la station auprès de la bourgeoisie fortunée dans les premières années du 20ème siècle. On dit, alors que la République Troisième venait à peine de naître, qu’on ne voyait paraît-il que panamas et ombrelles, vestes d’alpaga et robes à volants dans les hôtels chics de l’endroit. On dit que venaient là des peintres de l’école de Pont-Aven, des écrivains à la mode, des généraux célèbres, des théâtreux œuvrant à la Comédie Française. On dit aussi qu’on ne se refusait rien durant la « saison » à l’anglaise. Mais de toutes les constructions d’époque, il ne reste que vestiges. La mode passe, comme la saison, et les grands palaces comme les vastes demeures ne sont plus adaptées à notre temps.

Même l’église a été reconstruite en 1869 car elle menaçait ruine. L’abside a voulu reproduire les fenêtres de la Sainte Chapelle, en réduction bien sûr, avec la modestie qui sied aux Carantécois. Certaines des pierres sont venues de l’île Callot, menées chaque dimanche par les paysans. L’église occupe le sommet de la cité, comme il se doit dans un pays croyant. Il n’y a pas d’autre monument dans la ville sauf un petit musée Maritime et de la Résistance fort bien fait, non loin de l’église.

Autour d’elle virevoltent en S des rues et des ruelles qui descendent vers les grèves et le port. On ne compte pas moins de neuf plages autour de Carantec, orientées de l’ouest à l’est. Vous pouvez choisir chaque jour selon le vent. La Grande Grève est en face du camping et plutôt populaire, d’ailleurs excentrée dans la « banlieue » de la Penzé. La Grève du Port est plein ouest, très envasée, et n’intéresse guère que les gamins du cru. Grève Blanche, à l’extrémité nord, est « la » plage des Carantécois, face à l’île Callot dont la chaussée d’accès prend à une dizaine de mètres. C’était la plage en vogue au début du siècle, à la pointe extrême de la ville, sous les grands hôtels et face au large. La Grève de Pors-Pol la prolonge vers l’est, un peu plus rocheuse, trop près des bouées amarrant les esquifs. Une pointe rocheuse qui s’élève droit sur la mer sépare ces plages intimes des plages publiques. La Chaise du Curé, un gros rocher en forme de fauteuil entouré d’hortensias, permet une vue élevée de l’île Callot et de l’entrée en rade de Morlaix.

Les autres plages, où viennent mourir les maisons de vacances et où s’installent les cafés-restaurants de rigueur (avec parking), s’étalent vers l’est. Respectivement la plage du Kelenn avec ses marchands de glaces et sa base nautique, la plage du Penker près des bateaux privés mouillés, la plage du Cosmeur en bas des pins de la pointe, puis Tahiti. Peut-être l’a-t-on appelé ainsi parce que c’était aux antipodes – ou presque – du centre-ville ? Ou pour sa grève blonde surmontée des pins maritimes sur la falaise ? En tout cas les baigneurs ont du sable et une vue imprenable sur la forteresse Vauban locale, destinée à impressionner les corsaires anglais tentés par les richesses de Morlaix : le château du Taureau, ancré sur l’îlot rocheux juste en face. Des navettes partent du Kelenn à heures marée pour le visiter.

En redescendant vers le sud, passé la pointe de Pen al Lann, il suffit de traverser le jardin exotique Claude-Goude et quelques établissements d’huîtres pour accéder à la longue plage plein est dite du Clouët. A marée basse, il faut aller chercher l’eau loin et un bassin de ciment a été construit pour que s’y ébattent les enfants du centre aéré quelles que soient les marées, juste avant le golf privé, et sous l’œil attentif des moniteurs. Les petits ont leur bac à sable délimité de clôture et même une salle fermée pour les jours de pluie.

C’est qu’on ne bronze pas tous les jours en été, à Carantec ; il peut même y faire froid lorsque le noroît souffle sa bruine sous un ciel bas. Mais lorsque le soleil donne, les torse nus fleurissent, parfois même au cœur de la ville, surtout quand on n’a pas douze ans. Sandales, bob et short composent l’habillement de base des campings et des colos, sur lequel on brode en fonction de la météo : un simple coupe-vent à même la peau quand on ne sait pas trop ; une fourrure polaire quand on devine sans peine ; un tee-shirt pour aller aux boutiques ; une serviette de bain pour aller à la plage. Mais pas trop d’habits, on s’en encombre, on les perd, on se les fait chiper exprès ou par inadvertance, tel ce gamin qui m’a demandé sur une plage quasi déserte où était passé son tee-shirt qu’il avait laissé là bien avant que j’arrive…

Carantec, c’est une lumière : vive avec le vent, éclatante sous le soleil, fluorescente sous la bruine qui allume les hortensias bleu électrique ou rose tutu. C’est le soleil qui se couche sur les clochers de Saint-Pol, sur l’autre rive de la Penzé. C’est le crépuscule qui fait fondre les contours de l’île Callot, comme si elle larguait les amarres dans la nuit, s’effaçant dans l’obscurité avec la marée qui monte…

Carantec, l’été, ce sont les estivants : ils emplissent le marché du jeudi et emplettent poisson, homards, artichauts du pays, fraises parfumées et oignons roses tressés de Roscoff. Les parents expliquent aux enfants la différence entre langouste et homard, crabe et tourteau, coquille Saint-Jacques et pétoncles. Juliettes ou augustes (selon qu’ils viennent en juillet ou en août), ils emplissent les plages en groupes familiaux, se raidissant dans l’eau à 17° ou s’amusent à marée haute sur le plongeoir.

Carantec, c’est aussi, et toute l’année, les habitants : placides quel que soit le temps, heureux de voir du monde, occupés à pêcher, à commercer, à exercer. Ils ont leur quant à soi, leur façon de penser ; ils sont discrets, sauf lorsqu’on vient les régenter. Sous la Révolution, sous l’Occupation, alors ils résistent. Ils ont bien rénové le centre-ville, remplaçant le parking près de l’église par une placette pavée où s’ouvrent deux restaurants.

Je vous conseille l’un d’eux, ‘La Chaise du Curé’, malgré son décor un peu chargé et plutôt « souvenirs ». On y mange bien, avec des inventions coquettes et une addition de raison. Le croustillant de bar à la sauce crémeuse est goûteux à souhait. Le pressé de pomme et andouille, sous le craquant de brick, est fort inventif.

Carantec est un lieu où l’on aime à revenir.

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