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Spaghettis aux moules

J’ai eu cette interrogation bizarre et non sexuelle, pour une une fois sur ce blog, juste avant les vacances. Je crois savoir d’où elle vient, aussi je m’empresse de vous livrer ma « recette secrète » de spaghettis aux moules.

Tout a commencé lorsque j’ai voulu varier le sempiternel plat de spaghettis à la tomates et aux olives pour faire plaisir à un mien gamin. Les pâtes aux fruits de mer étaient délicieuses. Las ! Je n’avais point de coques ni de praires. Comment faire avec les moyens du bord ?

Inventer.

spaghetti

Donc les spaghettis. Je préfère les petits diamètres (Capellini n°1), mais vous pouvez varier. Vous les faites cuire dans beaucoup d’eau bouillante salée, le temps indiqué sur le paquet, avec la quantité prévue pour 2 (ados) ou 4 (adultes). N’étant pas italien, je rajoute une minute pour qu’elles soient moins al dente et qu’elles prennent mieux la sauce.

Pendant ce temps, mettez deux cuillerées d’huile d’olive dans une poêle, faites-y revenir deux échalotes hachées et deux gousses moyennes d’ail écrasées à la lame d’un couteau (ou au poignet si vous le craignez pas l’odeur persistante).

Ajoutez le jus d’une boite de moules (250 g) ou d’un bocal apéritif, à conditions qu’elles soient nature. Mais surtout pas les moules !

Faites réduire le jus d’une bonne moitié avant d’ajouter le contenu entier d’une boite de tomates pelées (400 g). Laissez réduire au moins 5 mn, il faut que la sauce devienne sirupeuse.

Hors du feu, ajoutez alors les moules (déjà cuites) de la boite – juste pour les réchauffer. Si vous les mettez avant, elles prendront la consistance infecte du caoutchouc.

Une fois les pâtes cuites, versez-les sur la sauce, mélangez et laissez s’imprégner quelques minutes. Vous pouvez ajouter du parmesan si vous voulez, ou quelques herbes comme persil ou thym.

spaghetti aux moules

Reste à déguster. C’est tout simple, et c’est bon. A portée de tout célibataire pressé, ou d’un couple qui rentre de voyage. Tous les ingrédients se conservent des mois dans un placard.

Évidemment, vous pouvez faire la recette avec de vraies tomates fraîches mûries sur la branche et cueillies au jardin, et ajouter de vraies moules encore vivantes avant que vous ne leur fassiez subir le sort de Jeanne d’Arc dans le faitout – mais l’intérêt de ma recette est qu’elle reste facile à faire.

Et fort aimée des ados.

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Mélenchon entre Péguy et Doriot

Article repris par Medium4You.

Il suffit d’écouter Jean-Luc Mélenchon, comme dans l’émission Répliques du 7 mai sur France Culture pour se dire que la régression de crise touche aussi la politique. Il était confronté au catho-provincial Tillinac sous la férule du maître d’école Finkielkraut.  Homme neuf et idées nouvelles Mélenchon ? Hélas non : il recycle l’itinéraire et le tempérament début de siècle (dernier) de Charles Péguy et de Jacques Doriot. Le premier a fini catho, le second facho. On craint de voir finir Mélenchon. Il recycle déjà le vieux communisme…

Charles Péguy n’est plus guère connu, tant ses litanies lassent l’œil et l’esprit. Mais le bonhomme était de son temps, celui de la IIIe République – méritocratie populaire et hussards noirs (expression qui est de lui dans ‘L’Argent’ en 1913). Né en 1873 d’un menuisier et d’une rempailleuse de chaises, il est mort lieutenant en septembre 1914. Il a inspiré le gaullisme de gauche. Jacques Doriot, né d’un forgeron et d’une couturière, aurait été lui aussi précurseur du général de Gaulle s’il n’y avait eu la guerre et la collaboration. Jean-Luc Mélenchon leur ressemble ; il ressource les mêmes origines et les mêmes idées issues du même terreau dixneuviémiste. Né d’un receveur des postes et d’une institutrice, il est lui aussi le produit de la méritocratie républicaine.

  • Comme Péguy, mal à l’aise à Normale Sup, Mélenchon se contente d’un CAPES de lettres modernes après une licence de philo et, comme Doriot, fait plusieurs boulots d’ouvrier.
  • Comme Péguy devenu anticlérical sur le tard, Mélenchon a une imprégnation catholique qu’il recycle dans le socialisme, idéal rêvé d’amour et d’égalité entre les hommes. Il rejoint Péguy et Doriot dans l’adhésion à la IIIe Internationale.
  • Comme Péguy et Doriot, Mélenchon méprise l’argent, la quête effrénée des richesses matérielles, la non reconnaissance des humbles vertus du travailleur, artisan et paysan.
  • Comme Péguy, Mélenchon est un patriote tendance Valmy 1792, et coupeur de têtes canal 93, jacobin et robespierriste au service du Peuple tout entier (entité mythique) et non pas au service de quelques-uns.
  • Comme Doriot, fondateur du parti Populaire Français, Mélenchon fonde le PDG, parti d’extrême gauche rival du parti communiste.

Ces trois là se veulent des héritiers. La France est femme et ils veulent lui faire des enfants rouges. Pour Péguy le socialiste et pour Doriot, adepte de la révolution nationale d’Action française, elle prend la figure de Jeanne d’Arc contre les mots d’ordre venus d’ailleurs, Londres ou Moscou. Pour Mélenchon, celle de Marianne, belle et fragile, en butte aux vieux lions anglo-saxons ou aux aigles prussien ou russe. Mélenchon comme Doriot milite pour la république populaire, nationale et sociale, incarnée par la patrie des citoyens en armes. La religion Mélenchon est le socialisme utopique, obédience trotskiste lambertiste plus que léniniste. Il est orienté défense syndicale des travailleurs plus que professionnel de parti. Mélenchon, comme Doriot, prône cependant un parti de rassemblement national et populaire contre le parti socialiste dominant.

Antilibéral parce que le libéralisme est d’âme aristocratique, il se veut populiste, fils du peuple et fier de l’être, à la fois contre le modèle soviétique géré par un parti unique de professionnels détenteurs de la vérité, et contre la social-démocratie du reste de l’Europe qui « se contente » d’accompagner les réformes d’adaptation à la mondialisation. Bien que tribun généreux, Mélenchon se cache derrière un peuple mythique à la Michelet pour refuser le mouvement du monde. D’où le parallèle avec Péguy : son socialisme de progrès sent furieusement la résistance à la modernité, réactionnaire à cette globalisation qui ne fait plus de l’Europe (et encore moins de la France, même révolutionnaire) le phare du monde. Mais qui est un fait à prendre en compte plutôt qu’à nier.

Ce pourquoi il fonde le PDG, parti de Gauche pour une « autre » Europe démocratique et sociale, contre les traités européens actuels mais pour un bonapartisme européen que les autres pays ne veulent pas.

  1. Première contradiction : comment exister désormais dans le monde sans l’Europe ? Anticapitaliste, il est fatalement pour la « décroissance » chère à une fraction des écolos.
  2. Deuxième contradiction : on ne peut produire efficacement sans capitalisme, cette technique inventée à la Renaissance justement pour rationaliser l’usage du capital, du travail et des matières premières. Si l’on produit moins efficacement, au nom de la désaliénation marxiste qui redonne à l’homme sa maîtrise complète des processus de production, il faut désindustrialiser pour redorer l’artisanat où chacun est maître de lui et de ses processus. Donc partager la pénurie (aller aux 30h hebdomadaires pour partager le travail en moins, engager toujours plus de fonctionnaires, produire moins pour polluer moins, ne plus acheter de fraises en hiver ni de concombres espagnols, accepter de gagner moins et de participer plus…)
  3. Or l’écologie, qui est le souci de la planète et de la survie soutenable des hommes, ne conduit pas inévitablement à la décroissance : troisième contradiction.

Ne faudrait-il pas plutôt calculer la croissance autrement ? Pas la focaliser sur le toujours plus, mais intégrer des facteurs humains ? Une production plus efficace – produire le mieux avec le moins – est souvent le cas de travailleurs bien dans leur peau, dans leur entreprise et dans leur collectivité, plus que les processus fordistes de la rationalité maximum. Ils ont fait largement leur temps. Ce fut, dans les années 1980, Toyota contre Ford. Il faut améliorer et approfondir le processus. Mais pourquoi l’abandonner au nom d’idéologies fusionnelles d’essence régressive et religieuse ?

Car Mélenchon a écrit volontiers dans l’hebdomadaire chrétien d’information ‘La Voix Jurassienne’. S’il est anticlérical, il n’en est pas moins croyant, remplaçant le Dieu au-delà par une Humanité vague ici-bas. « Lui-même semblait un maître d’école extraordinaire, un grand pédagogue, un prédicant de l’ancienne France. Sa cervelle madrée, obstinée, baroque, avait reçu de naissance le génie de deux maîtres de la rue du Fouarre, des moines populaires et des gazetiers révolutionnaires… Il a, dans une brève carrière d’homme de lettres, trouvé moyen d’épanouir des forces de paysan qui agrandit ses champs, du boutiquier qui compte et recompte ses sous, du typo qui fait de la belle ouvrage, du curé qui prêche aux ouailles et d’officier de ligne entraînant ses hommes au devoir. » Cette citation ne lui va-t-elle pas comme un gant ? Sauf que ce portrait taillé sur mesure pour Mélenchon… a été écrit par Maurice Barrès pour Péguy il y a bien un siècle.

Charles Péguy, socialiste chrétien, abandonnera le pacifisme et parlera de « faire fusiller Jaurès » comme traître à la patrie en 1914. Jacques Doriot, fils du peuple, dérivera vers le fascisme et terminera mitraillé à Sigmaringen par un avion allemand. Les références mélenchonistes sont aujourd’hui tout aussi belliqueuses : Evo Morales et surtout Hugo Chavez. Ce dernier est l’auteur d’un référendum sur l’opportunité de former une nouvelle assemblée constituante et pour l’inscription du socialisme dans la constitution du Venezuela.

On se dit alors que « l’intérêt général » est le paravent idéologique facile pour masquer une ambition à la Fidel Castro : prendre le pouvoir au nom du peuple… puis le garder parce que le peuple est sans cesse tenté de revenir aux pratiques capitalistes. Cachez ce sein que je ne saurais voir ! Le peuple est ignorant, dit Lénine, attardé : il vote contre les Bolcheviks ? Abolissez le peuple – pour son bien. Il y a de ça chez Mélenchon. Sa position sur le Tibet, qui reprend les thèses maoïstes pour« libérer » de l’aliénation cléricale, sont édifiantes à cet égard. Mélenchon mélange tout. C’est le danger des tribuns : séduisants utopistes avant de prendre le pouvoir, vieillards atrabilaires et paranoïaques une fois pris, incapables de le lâcher.

Émission d’Alain Finkielkraut Répliques sur France Culture, samedi 7 mai 2011, Mélenchon-Tillinac sur le thème de la laïcité et identité française

Jean-Luc Mélenchon, Qu’ils s’en aillent tous, octobre 2010, Flammarion, 142 pages, €9.50

Intéressante analyse du livre par Arion chez Actu

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Le mal au paradis

Un paradis, Tahiti ? Où le temps est toujours beau, la nourriture saine qui pousse sur les arbres et dans les lagons poissonneux, où les femmes sont belles et nues et les hommes faciles ? Tout cela, c’est le rêve, l’illusion biblique, parce que Tahiti se trouve au plus loin de la France et qu’on ne sait pas. La réalité est bien plus triviale… Alcool, drogue, dépression, suicides – qui se compensent par la bouffe, les horoscopes, les nouvelles religions.

La femme de tout Polynésien est la bière Hinano qu’il consomme avec abus entre vendredi soir et dimanche soir. Sa petite soeur est le pakalolo (cannabis) et l’ice (metamphétamine). Ce sont deux drogues dévastatrices ici, surtout lorsque mélangées à de la bière ou de l’alcool. Le résultat : des accidents de la route, des bagarres, des viols, des violences conjugales. Chaque fin de semaine voit des morts. Dans le cas des violences conjugales, la femme frappe avec un couteau son tane (mari) tandis que l’homme la bat à mort avec ses poings laissant, comme en juin, cinq orphelins de 10 à 2 ans.

Ironie, le Français de Polynésie constate que le Français de France boit plus que lui sans être victime de tous ces maux ! Comme l’expliquent les journalistes en suivant les médecins, c’est que le Métropolitain boit certes trop aussi, mais sur huit jours tandis que le Fenua (pays) avale la même quantité en deux jours, tout en le mélangeant avec d’autres drogues. Pourquoi ? A cause du « fiu ».

C’est un sentiment respectable et respecté. Quand un Polynésien vous dit : « je suis fiu », la Popaa que je suis se fait toute petite. Comment traduire : cela peut être qu’il s’ennuie terriblement, qu’il est las de tout et que cela déclenche chez lui un sentiment de rejet, de ras-le-bol, et donc qu’il n’y a lieu de ne pas insister. Le fiu est la dépression noire. C’est fiu de retourner acheter des allumettes oubliées chez le Chinois. Si le maçon est fiu, il s’arrêtera de travailler pour quelques jours ou pour plusieurs semaines. Si la serveuse du café est fiu, elle s’appuie sur son comptoir et reste là, donc pas de service. Je traduirais par mélancolie, langueur, dégoût de tout. Parfois, cela me gagne aussi. Est-ce que l’ennui n’est pas le revers du paradis ?

Ne pas confondre le fiu avec le « burn out ». Une étudiante en médecine fenua, Sabrina Chan Lin, épouse Chanteau, vient de soutenir une thèse de doctorat sur l’épuisement professionnel. Il se manifeste par un épuisement émotionnel, une déshumanisation et la réduction de la compétence personnelle. A Tahiti, 12% des jeunes médecins présenteraient un tel syndrome.

Ils se suicident alors beaucoup aussi. Les jeunes de 15 à 35 ans sont les plus nombreux, même mariés, même chargés de famille.

Pour compenser, les festivités sont nombreuses, les dépenses en cadeaux importantes et les enfants gâtés pour la plupart. La nourriture d’exception, venue de Nouvelle-Zélande, prend ici de l’importance : les huîtres très laiteuses, les palourdes énormes, les moules vertes grosses comme des moules espagnoles, le veau débité en gros morceaux, le puaa (cochon) local grillé. On ne mange pas, ici, on bouffe. Le mauvais cholestérol s’accumule car le Polynésien aime les moules farcies, les palourdes farcies, la volaille farcie et mange moins légumes et de fruits (produits locaux moins tentant). Le diabète apparaît avec les mœurs américaines de boire des sodas très sucrés, beaucoup et n’importe quand. Beaucoup de Polynésiens sont obèses, 30% selon les études, et 40% sont atteints de surpoids (soit 70% de la population au total !). Les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes, les gamines et les gamins sont obèses, sauf ceux qui s’adonnent aux sports traditionnels comme aux sports introduits par la modernité, mais cela demande un effort.

D’autres font confiance aux horoscopes. Chaque jour dans « La Dépêche de Tahiti »  ou dans « Les Nouvelles de Tahiti », vous pouvez consulter votre horoscope. Sur toutes les radios et sur les différents programmes de télévision on diffuse plusieurs fois par jour l’horoscope « normal » et, en plus, l’horoscope « chinois ». Les programmes de télé donnent tous les horaires.

Les nouvelles religions fleurissent. J’ai été conviée à assister à une conférence donnée par une voyante marseillaise qui invoque les « Maîtres », Ramtha, les archanges, les anges, qui soigne par les chakras et la respiration « essinienne » (?). Mais elle fait concurrence aux sorcières et prêtresses locales. Un sort a été lancé sur la Marseillaise par la meneuse de la prière à la cascade. En effet, chaque dernier samedi du mois, j’accompagne E. à la cascade de Faone. Merci de ne pas rire, pas même de sourire. Il s’agit d’aller recevoir de l’énergie. Tous les participants se mettent en rond, pieds nus sur le sol, se donnent les mains, une main donnant, l’autre main recevant. La Prêtresse parle aux nouveaux adeptes, puis récite un Notre-Père. Les nouveaux en priorité s’en vont, huilés de monoï, dans le bassin pour recevoir l’eau de la cascade. Ils touchent la roche pendant que la Prêtresse prononce des paroles. Certains pleurent, certains crient. Quand tout est calmé, les participants font déborder le bassin et prononcent une autre prière. Séchage, rhabillage et le petit-déjeuner est pris en commun de l’autre côté de la route face à l’océan.

Hiata de Tahiti

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