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Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet

Le second plus gros succès international d’un film français en langue française, 32 millions d’entrées dans le monde, 59 récompenses… Que reste-t-il, 25 ans après, de la fusée Amélie Poulain ? J’ai revu le film, dont je n’avais pas été vraiment sensible au charme la première fois. Je ne le suis pas plus cette fois-ci. Certes, le thème est original, les scènes rapides, les potacheries et les paradoxes sans nombre. Mais les aventures improbables d’une sociopathe élevée par deux névrosés ne peuvent qu’être une idéalisation sans lendemain.

Le genre « ça fait du bien » marque le déni de réalité de la société française, pourtant bien dans ses baskets (rouges) sous Chirac président et Jospin premier ministre. Juste avant le 11-Septembre et la chute brutale dans la paranoïa américaine, dont les conséquences se font jour avec le Caligula Tromp Deux et son équipe de ploucs désaxés, néo-fascistes par ressentiment profond. L’abus du filtre jaune par le directeur de la photo dans le film fait de Paris une ville au coucher de soleil permanent (alors qu’il y pleut souvent), tandis que le métro baigne dans une atmosphère verdâtre où évoluent de rares passagers tels des bébés nageurs (alors qu’il est bondé souvent). Nous sommes dans la BD, pas dans le réel.

Amélie mêle-tout (Audrey Tautou) a du mal avec les relations humaines, mais elle adore se mêler de celles des autres. Jusqu’à leur faire du « bien » malgré eux, car elle se croit responsable du malheur du monde. Un adulte taré lui a dit à 6 ans que des accidents se produisaient à chaque fois qu’elle était là, comme la mort de sa mère. Elle a pris dès lors une propension « progressiste » du politicien théoricien qui-sait-mieux-que-vous-ce-qui-est-bon-pour-vous. Typique du socialisme au pouvoir durant cinq ans, au point d’exaspérer les électeurs, qui lui préféreront Le Pen au second tour en 2002… avant de reculer, effrayés de leur audace. Heureusement, Audrey Tautou fait tout : cette jeune fille fraîche et simple, au visage expressif et à la coiffure de jeune garçon, plaît à tout le monde. Elle est la Parisienne pour les étrangers, avec ses grosses pompes de mec noires, selon la mode brutasse du temps, et son rouge à lèvres très rouge.

Le fabuleux destin est une carte postale pour Visit France, Montmartre à l’honneur avec sa bouteille de butane en guise d’hommage catho tradi sur la butte, pour expier la révolte de la Commune et la première défaite contre les Boches (il y en aura d’autres). Pourtant, le réalisateur présente la Butte comme une tanière de fous. Tout le monde est blanc, sauf Jamel Debbouze en victime du racisme ordinaire d’un épicier misogyne et célibataire (Urbain Cancelier), l’affreux Collignon. Mais tout le monde est décalé, névrosé, abîmé (au fond, seul l’arabe, « pas un génie » dit la voix off, semble sain d’esprit). Raymond aux os de verre (Serge Merlin) ne sort jamais et peint une fois par an depuis vingt ans la même copie de Renoir, le Déjeuner des canotiers, une guinguette où il rêverait d’être. La concierge Madeleine (Yolande Moreau) pleure comme une fontaine Wallace à cause d’un mari disparu il y a quarante ans. La patronne du café Les deux moulins où travaille Amélie, Suzanne (Claire Maurier), ne peut vivre l’amour à cause d’une jambe amputée, et elle surveille les amours des autres. Le comptoir du tabac voit Georgette (Isabelle Nanty), malade imaginaire à force de se triturer les méninges faute de sexe. Joseph (Dominique Pinon) est un pilier de bistro qui passe son temps à surveiller Gina la serveuse (Clotilde Mollet), avec qui il a eu une fois une liaison. Lucien le commis d’épicerie (Jamel Debbouze), traité de crétin et trisomique, sert de souffre-douleur pour se faire valoir et reste obsédé par la Didi, princesse de Galles écrabouillée dans sa Mercedes sous le tunnel de l’Alma. Le client Hipolito (Artus de Penguern) s’exhibe au bar en écrivain toujours apprenti, dont les manuscrits sont refusés car racontant l’éternelle histoire de l’époque : celle du nombrilisme, un jeune branleur qui ne fout rien et croit son histoire digne d’intéresser tout le monde. Nino Quincampoix (Mathieu Kassovitz) est un collectionneur maniaque et lunaire, circulant en mobylette dans un Paris quasi sans voiture, et qui bosse dans une sex-shop ; il est obsédé par les clichés ratés de photomatons qu’il va chercher dans les poubelles et sous les cabines ; il veut découvrir l’identité de l’homme chauve aux baskets rouges qui laisse des traces dans tous les photomatons de la capitale.

La jeune serveuse Amélie découvre, un matin qu’elle se met du parfum (pour qui ?), une boite de gâteau en métal derrière une plinthe de sa salle de bain. Un jeune garçon l’a cachée là quarante ans auparavant et elle contient des trésors de gosse : une voiture de course miniature, des secrets. La sociopathe décide d’en savoir plus : elle interroge la concierge, qui la renvoie à l’épicier, lequel l’envoie à sa mère, une véritable encyclopédie cancanière du quartier. C’est le vieil homme de verre qui lui déniche enfin le nom et l’adresse, que lui a probablement livré le « crétin » Lucien (qui ne l’est donc pas tant que ça). Amélie décide alors de faire du bien à ce gamin inconnu devenu adulte d’âge mûr (Maurice Bénichou). Plutôt que de l’aborder, elle l’espionne, pose la boite dans une cabine téléphonique (du genre qui n’existe plus) et téléphone dans le vide à son passage. L’appel du téléphone est irrésistible dans tous les films, même si la personne sait que c’est un harceleur ; l’homme décroche, elle raccroche. C’était juste pour qu’il voie sa boite. Il la découvre, l’ouvre, en est heureux. Et d’un !

Elle va faire ensuite le bonheur de la concierge en lui volant ses lettres d’amour et concoctant avec des ciseaux et une photocopieuse une lettre ultime où son mari lui dit venir la retrouver, lettre que la Poste distribue après quarante ans parce qu’elle provient d’un avion écrasé dans les Alpes – où est censé avoir disparu ledit mari amoureux. Et de deux !

Suivra l’homme de verre, avec qui elle échange des cassettes vidéo de scènes désopilantes et diverses pour le sortir de sa coquille. Ensuite Georgette et Gina, puisqu’en livrant sa consommation à Joseph, elle le persuade que la première est amoureuse de lui et pas l’autre ; ce qui aboutira à une scène d’anthologie, la baise hard dans les toilettes avec Georgette, qui fait trembler le bar et siffler le percolateur au moment de l’orgasme. Elle écrira sur un mur des mots d’Hipolito, lus dans son manuscrit impubliable. Pour son père (Rufus), qui ne l’a jamais touché que froidement sur geste médical et qui se morfond à la retraite dans son pavillon de banlieue en pierre meulière, elle fera voyager son nain de jardin via une hôtesse de l’air qui revient chaque fois au bar, lui envoyant une photo instantanée du nain devant un monument (prélude à ces selfies fétichistes des blogs des années 2000) ; son père finira par désirer voyager lui aussi et se sortir de son marasme mental. Puis ce sera le tour de Lucien qu’elle venge en s’introduisant chez le vil Collignon pour lui saccager ses habitudes : décalage du réveil à 4 h du matin, inversion du dentifrice et de la crème pour pieds, échange de la poignée des toilettes, ampoule grillée, tige de métal dans un fil électrique pour faire court-circuit, modification de la touche d’appel Maman sur le téléphone par celle des Urgences psychiatriques… Du drôle, du potache, du mesquin.

Mais l’acmé est pour Nino, le collectionneur maniaque. Elle va lui retrouver son album perdu et son chauve à baskets rouges ; elle va le retrouver lui-même, après un jeu de piste où elle se photomatonne en Zorro adolescent après l’avoir traqué à la Foire du trône où il œuvre comme squelette attoucheur. Elle aura enfin trouvé l’amour, après ces rituels névrotiques interminables.

Tout ça pour ça : est-ce que « ça fait du bien » ? J’y vois surtout l’inadaptation des urbains solitaires, mal élevés et perdus dans la grande ville, asservis aux petits boulots routiniers sans avenir, soumis à leurs tares psychiatriques. Ils ont la lâcheté de se laisser aller et le seul courage de ne rien faire pour s’en sortir. Sauf Amélie. C’est ça le message ; elle est un passeur. La musique de Yann Tiersen rythme bien ces dérives successives, décrites selon un humour dérisoire, bien porté par les acteurs secondaires. Ainsi la mort de maman, d’une chute d’une suicidée du haut de Notre-Dame lorsqu’Amélie avait 6 ans, son cœur qui bat la chamade lorsque son père l’ausculte, lui qui ne la prend jamais dans les bras à cet âge tendre. Le son lui aussi est passeur d’émotion.

Un film léger, agréable, dont il ne faut pas attendre trop.

DVD Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet, 2001, avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Michel Robin, Rufus, Serge Merlin, UGC 2019, français, 2h01, 9,99Blu-ray €15,00
(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés par amazon.fr

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Roland Dorgelès, Le château des brouillards

Roland Dorgelès n’est pas seulement l’auteur du célèbre récit Les croix de bois, sur cette guerre de 14 que François Hollande a aimé « commémorer », comme il disait. Comme s’il fallait garder la mémoire des imbécilités du temps, la vanité des politiciens férus d’un « honneur » imité des aristos dont leur bourgeoisie étriquée ne connaissait plus le sens à l’ère de la guerre industrielle. L’héroïsme des Poilus lâchés sans armes suffisantes et en pantalon rouge bien visible de loin par des badernes qui se croyaient encore au défilé n’a fait que masquer les intérêts coloniaux, le nationalisme des revanchards de l’empire qui avaient perdu l’Alsace-Moselle par pure forfanterie, se croyant « insultés » par la dépêche d’Ems. Si l’on ravive le souvenir, ravivons-le jusqu’au bout : qui est responsable de cette guerre de 14 ? Qui a suicidé la population européenne pour rien – puisqu’une nouvelle guerre allait naître vingt ans plus tard faute d’avoir compris, d’avoir appris, d’être resté dans les fameuses et tant célébrées « traditions » ? Qui a mis en regard la « Victoire » des héros qui ont tenu Verdun avec les conséquences de la fausse paix des traités à Versailles ? Certainement pas Hollande…

Roland Dorgelès a combattu en 14 et a été blessé. Après-guerre, il veut se souvenir – lui – de ce qui « était mieux avant » : la Belle époque de la dèche à Montmartre, alors un village excentré sur les hauteurs de Paris, encore rural, peuplé de cabarets et de logis minables pour rapins, marlous, arpètes, anarchistes et filles de Pigalle. Sorti des Beaux-Arts, Dorgelès a été rapin et tiré le diable par la queue. Il a picolé du mauvais vin, couché sur des galetas pleins de poux, été amoureux des radasses ou des cousettes qui passaient. Mais il était jeune et il chante sa jeunesse pauvre à Montmartre.

Il en fait ce roman – vingt ans après. La rue Lepic et le Lapin agile, la neige et les ruelles non éclairées, le loyer en retard et la facture du gaz. Les villas décaties cernées d’un parc fermé par une grille comme le Château des brouillards sont rares. Lucie la relieuse l’occupe, vierge, solitaire, obstinée. Elle accueille des anarchistes pour qui tout est à tout le monde ; ils font de la fausse monnaie. Mais aussi les chiens perdus comme ce frère de 15 ans, Sauvageon, qui s’exerce torse nu à devenir acrobate. Et Gérard, poète dont le petit capital échu en héritage de sa mère fond comme neige au soleil avec les grisettes et les amourettes.

Il a écrit des vers, au fond pas mauvais, Gérard, l’ami de Roland, mais surtout met en chantier une pièce de théâtre qui devrait le faire connaître. En attendant, il lutine ici ou là, trop pour sa bourse plate, Une Marie-Louise mariée qui a le béguin pour lui car son mari représentant n’est jamais là et qu’il met en cloque (2000 francs pour la faire avorter), une sœurette Cricri de 13 ans surnommée la Poison tant elle agace par ses excès de mamours ou de cris (50 francs ici ou là pour qu’elle la ferme ou aille faire les courses), une Daisy américaine qui joue la comédie et se laisse entretenir comme « cela se fait » (200 francs par soirée, au spectacle et au restaurant) – et Lucie enfin, dont il découvre le trésor de cœur sur le tard, au moment où tout va mal, où il n’a plus un rond, où il a trempé dans la fausse monnaie avec les anars, où la police recherche tout ce beau monde et les cueille un à un.

C’est alors qu’au fond du trou la guerre de 14 éclate. Quelle délivrance ! Gérard se voit sauvé, comme Sauvageon et Lucie, revenue de Belgique où elle s’était mise au vert avec un faux passeport. Une délivrance dérisoire, car Gérard y restera, dans cette guerre inepte. Lucie n’a pas su l’empêcher d’aussitôt s’engager, elle avait pourtant fait faire par ses copains anars deux faux passeports espagnols pour échapper à la guerre. Mais le destin n’a pas voulu.

« Ce que nous ignorions, ce que la jeunesse apprend toujours trop tard, c’est qu’il lui est interdit d’espérer. Elle se croit forte : elle est fragile ; elle se croit éternelle : ses instants sont comptés. La jeunesse, mais on ne la franchit jamais assez vite. (…) C’est la pire épreuve au contraire. La passe dangereuse. L’âge où l’on désire tout sans savoir ce qu’on veut, le combat féroce qu’il faut livrer avec un cœur d’enfant, la timidité qui a honte et se fait prendre pour du cynisme, le geste qui vous entraîne sans qu’on ait le temps de réfléchir » p.229. Pas mal vu, un siècle après…

Il écrit bien, Dorgelès, il dit des vérités d’expérience. Et il décrit un monde « d’avant » disparu, celui du Paris des petites gens qui se croient des génies méconnus et qui le resteront en effet, car le génie est rare et se travaille assidûment. Un bon roman, même désuet.

Roland Dorgelès, Le château des brouillards, 1932, Livre de poche 1961, 243 pages, € e-book Kindle €7.99

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Joseph Kessel, La passante du Sans-Souci

Ce n’est pas, à mon goût, le meilleur roman de Joseph Kessel tant il tombe dans le mélo et la propagande facile. Les nazis sont les Méchants absolus et la femme de trente ans Elsa Wiener, Allemande pure souche bien que baladine, se vautre dans la fange par amour comme Job sur son fumier. Elle est l’une des « pures » célébrées par Kessel inlassablement, idéalisme individuel de l’air du temps que Saint-Exupéry a critiqué dans Citadelle. La « pureté » n’est qu’une version démocratique de « l’honneur » d’Ancien régime et, en psychologie, une névrose obsessionnelle qui rend aveugle et sourd à tout ce qui n’est pas l’objectif. Que la fin justifie les moyens est bien la pire des choses.

Le narrateur, enfiévré, insomniaque, imbibé, voit soir après soir passer une jeune femme en renard, aux cheveux et au cou nus sous la pluie, devant le bar du quartier des plaisirs de Montmartre, le Sans-Souci. Elle l’intrigue et il l’aborde mais, malade, se fait raccompagner. Il reverra Elsa et obtiendra des enseignements sur elle par un souteneur vulgaire au nom mafieux. Il se rend alors à son hôtel pauvre pour la remercier et est accueilli… par un enfant difforme aux cheveux crépus.

Max est un Juif allemand battu par les SA et dont les jambes et le bassin ont été brisés tandis que son père mourait lapidé. Elsa l’a recueilli devant sa porte et soigné, adopté. Il en paraît 10 mais il a déjà 12 ans, mûri par les épreuves et avide de savoir, il apprend le français pour le parler sans accent ; il veut devenir écrivain. Elsa couche dans la chambre d’à côté et est chanteuse dans une boite qui va fermer car la mode change et « la crise » est là qui raréfie les clients. Elle est en quête permanente de fric pour « envoyer à son mari » Michel, resté en Allemagne et arrêté par les nazis au pouvoir depuis 1933 parce que juif, éditeur et de gauche. Il est en « camp de concentration ». Pour l’aider, elle va de déchéance en déchéance, de chanteuse en stripteaseuse puis entraineuse au Rotoplo – à la gloire des seins nus et opulents – avant de devenir putain. L’alcool, la fatigue, la nuit l’enlaidissent – mais elle se sacrifie pour son mari qui l’aime. Elle n’a jamais joui avec lui mais ne veut pas l’abandonner ni lui faire de peine.

Deux ans passent et Michel finit par être libéré du camp et expulsé d’Allemagne. C’était avant qu’ils décident, sous la pression de la guerre, de la Solution finale. Pour cela, Elsa a dû accepter de coucher avec le chef en second de la Gestapo à Paris, un inverti à petite tête et larges épaules (la caricature du nazi difforme, psychotique, brute et étroit du ciboulot). Il a été séduit par elle lorsqu’elle était jeune chanteuse d’opérette en Allemagne. Michel croit retrouver son amour intact, l’argent reçu régulièrement lui laissant penser que tout va bien pour Elsa, mais il retrouve une femme vieillie, fripée, usée. Lui qui l’aimait l’aime moins ; elle qui ne l’aimait pas l’aime plus. Drame du divorce de la tendresse et du désir déjà traité, en mieux, dans Belle de jour ! Mais Elsa n’est pas belle de jouir, au contraire, la nuit l’enlaidit.

Avec l’aide de Max et du narrateur, Elsa va finir par avouer la vie de débauche qu’elle a menée pour lui Michel, son mari, pour l’aider. Il comprend et ouvre ses bras, mais tout est brisé : il n’a pas saisi ni accepté lorsqu’il en était temps, il ne se montre pas jaloux comme avant et Elsa ne veut pas de sa pitié. Elle veut être aimée et, par orgueil bafoué, se laisse mourir, écrasée par une mécanique (comme les chars de Guderian en 40).

En 1935, Kessel est devenu militant, antihitlérien et contre les antisémites. Il veut faire de la déchéance d’une femme celle de l’Histoire, mais nul ne fait de bonne littérature avec de bons sentiments et La passante sent trop le mélo pour notre goût. Les excès d’alcool et de fumée du narrateur errant dans la nuit glauque du quartier des plaisirs est aussi une déchéance. Face aux nazis jeunes et forts (bien que bêtes), il ne fait pas le poids. S’en rend-t-il compte ? Faudra-t-il faire la pute avec les nazis (futurs collabos) et souffrir le martyre (futurs résistants) pour être délivré du mal ? C’est inconscient chez Kessel lorsqu’il écrit ce roman en 1935, mais en germe. Car la suite sera L’Armée des ombres.

Le film tourné en 1982 en pleine euphorie socialiste militante déforme et caricature le roman pour en faire un pamphlet anti-dictature sud-américaine, reliant Pinochet aux nazis. Piccoli en bourgeois de gauche est toujours aussi infâme mais Romy Schneider touchante pour son tout dernier rôle. Préférez quand même le roman.

Joseph Kessel, La passante du Sans-Souci, 1936 revu 1968, Folio 1983, 224 pages, €6.90 e-book Kindle €6.49

DVD La passante du Sans-Souci, Jacques Rouffio, 1982, avec Romy Schneider, Michel Piccoli, TF1 studio 2009, 1h55, €16.44

Joseph Kessel, Romans et récits tome 1 – L’équipage, Mary de Cork, Makhno et sa juive, Les captifs, Belle de jour, Vent de sable, Marché d’esclaves, Fortune carrée, Une balle perdue, La passagère du Sans-Souci, L’armée des ombres, Le bataillon du ciel, Gallimard Pléiade 2020, 1968 pages, €68.00

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Patrice Montagu-Williams, Opération Petrouchka

L’auteur poursuit une série policière dans le décor de Montmartre, avec ses personnages de la diversité hauts en couleurs et un commissaire désabusé et plutôt philosophe. Cette fois, le quartier a maille à partir avec les services secrets russes.

Un grand écrivain russe contemporain en exil écrit des livres critiques sur le pays, le régime et son grand dirigeant – et cela amuse plus ou moins « Vladimir ». Ce qui l’amuse moins est le prochain ; il devrait évoquer, détails à l’appui selon ses espions, la livraison de matière nucléaire à l’Iran avec enrichissement personnel des intermédiaires – de quoi provoquer un scandale international très dommageable à l’image de la Russie, doublé d’un scandale intérieur qui éclabousserait les dirigeants, à commencer par le premier. Le président convoque à cet effet le chef du FSB, organe successeur du KGB, pour organiser l’opération Petrouchka, du nom d’une marionnette. Car le monde est un théâtre où chaque dirigeant joue un rôle dans la pièce.

Est envoyé à Paris un capitaine des forces spéciales spetsnaz, une sorte de Démon à la Dostoïevski surnommé RoboCop parce que tout sentiment humain semble mort en lui après l’attentat de Beslan où il a tué des enfants otages en dommages collatéraux. Physiquement, il est « à la fois beau et répugnant comme l’étaient certains nazis » p.21. Sa mission est de faire le ménage après l’intervention d’une personne insoupçonnable déjà sur place qui fera taire l’écrivain Anton Vinogradov, Nobel pressenti.

Le commissaire Boris Samarcande, aidé de son chat brown tabby de 8 kg, un Maine coon nommé Alphonse, est en charge de Montmartre dans le XVIIIe arrondissement où vit Vinogradov dans un appartement où a vécu Van Gogh. L’écrivain a ses habitudes au Lux bar, à la librairie-édition L’Epicerie tenue par l’Emir, un ancien terroriste du GIA reconverti dans la défense de la langue française et où il dédicace ses livres, et avec Star, une fée en rollers qui sert de fournisseur aux dealers et qui lui apporte son « petit remontant » pour contrer la nostalgie de la patrie.

La DGSI mandate le commissaire pour éviter tout assassinat ou enlèvement. Mais le FSB utilise Tatiana, une juive russe boursière en littérature dont la petite fille a été hospitalisée à Moscou et dont son amant ne veut plus payer les soins. Tatiana est devenue l’assistante de Vinogradov, elle tape ses textes écrits au stylo et effectue pour lui des recoupements sur Internet.

Comment cette affaire va-t-elle se terminer ? Suspense… Toujours est-il que c’est expédié avec brio, peut-être un peu vite, même si l’on ne s’attend pas à tout.

Préfacé par Claude Cancès, ancien chef de la BRI puis Directeur régional de la Police judiciaire de Paris, auteur de livres sur la police dont Histoire du 36, La brigade mondaine, et Commissaire à la Crim’.

Patrice Montagu-Williams, Opération Petrouchka (Les enquêtes du commissaire Samarcande 3), 2019, Otago éditions, 159 pages, e-book Kindle €9.99

Les romans de Patrice Montagu-Williams déjà chroniqués sur ce blog

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Moi César, 10 ans ½, 1m39 de Richard Berry

Moi César est un film charmant, tourné en 2002 et sorti en 2003. Tout est filmé à hauteur d’enfant et avec le vocabulaire du CM2. Richard Berry, né Benguigui, tourne un film juif sur le modèle du Petit Nicolas. Mais les années 1960 sont loin et le début des années 2000 montre un Paris métissé, notamment dans le quartier de Montmartre, des familles éclatées et une école primaire où les profs sont carrément déjantés. Il s’agit donc d’un film d’époque en plus d’un film familial, vu avec cet humour juif à la Woody Allen qui donne sa magie tout au long.

Il y a beaucoup de tendresse dans l’histoire, racontée par le gamin d’un ton doux amer empli d’une amicale ironie. Tout commence par un enterrement au Père-Lachaise, où l’associé du père de César est enterré dans le carré juif. La pluie qui vient fait fleurir une forêt de parapluies noirs, à l’exception d’un rose contre le sida : l’atmosphère est donnée.

Le jeune César (Jules Sitruk) a pour nom Petit et son existence est tiraillée entre l’enflure ambitieuse de son prénom et le riquiqui social de son nom, peinture assez féroce des petits-bourgeois bohèmes habitant Montmartre. La mère (Maria de Medeiros) se contente d’attendre une petite sœur tandis que le père (Jean-Philippe Écoffey) est dans les « affaires », ce qui demeure un peu louche. L’enfant croit même qu’il part en prison alors qu’il déclare un voyage d’affaires. Il faut dire qu’un flic est venu le chercher et que sa mère comme son père le considèrent comme un bébé. Mais toute l’école le sait très vite et voilà le Juif célèbre parmi les Arabes de la classe lorsque la mèche est vendue involontairement par le meilleur ami de César, Morgan, un métis magnifique à la fois helvético-allemand et burkinabo-malien (Mabô Kouyaté).

Les acteurs ont plus que l’âge de leurs personnages et ce qui parait parfois incongru est ici pleinement justifié. À 13 ans au tournage, Morgan joue aisément l’athlète de la classe de CM2 et sa présence physique emplit l’écran tandis que son regard parfois émouvant ramène l’enfance au premier plan. César et lui sont amoureux de la même fille, Sarah (Joséphine Berry, la fille du réalisateur), « la plus belle de la classe », une mixte elle aussi puisque franco-anglaise. Le trio est déchiré entre l’amour qui naît et l’amitié qui demeure.

Les premiers émois sexuels se manifestent gentiment lorsque, par exemple, César regarde danser deux « pétasses » chez ses grands-parents en vacances, quand César et Morgan découvrent la nouvelle maîtresse du père de Sarah (Stéphane Guillon) les seins nus en train de bronzer (Cécile De France), ou lorsque les garçons de la classe s’exclament à la vue de leur maîtresse à demi dépoitraillée à son entrée en coup de vent, en retard dans la classe. Morgan donne d’ailleurs un cours d’éducation sexuelle à César en dessinant « les trois trous » de la femme sur une feuille de cahier, que le pion niais prend pour un dessin de « petite souris ».

Si les enfants sont décalés entre prison, divorce ou père absent, l’école de la République ne leur offre guère mieux. Le directeur (Didier Bénureau) est un autoritaire mielleux qui cherche plus à dominer qu’à comprendre les enfants, la maîtresse (Guilaine Londez) une envolée sexy dont les notes données au pif ne représentent pas le travail réalisé, le prof de gym (Jean-Paul Rouve) un rappeur à dreadlocks qui mêle le langage américain branché à toutes ses phrases dans un dynamisme forcé style Club Med, quant au pion, il arbore une tronche à cheveux longs et un œil concupiscent particulièrement glauque.

Toute l’histoire va consister à retrouver le père de Morgan à Londres où il est censé exercer le métier de journaliste. Les enfants profitent d’un week-end pour inventer un anniversaire chez Sarah tandis qu’ils prennent l’Eurostar pour Londres à l’insu de leurs parents. Seul César n’a pas de passeport et ne peut donc théoriquement pas sortir de France sans autorisation, mais il ruse et s’agrège à une classe pour passer les contrôles.

Une fois sur place, comment faire ? Déjà au début des années 2000 il n’y a plus d’annuaire papier et les enfants doivent aller en bibliothèque pour en trouver un. Heureusement que Sarah parle anglais. La liste des noms que porte le père de Morgan comprend plusieurs pages et ce serait bien le diable s’ils trouvaient le bon papa dans l’ensemble. Mais justement le diable est absent et le hasard fait qu’ils le réussissent, non sans péripéties et quelques peurs. Le père s’est mis en ménage avec une Noire et à trois autres enfants métis, signe quasi idéologique de modernisme et de mondialisation affichée.

Mais ce qui importe à Morgan, au regard plein d’émoi, est de trouver un repère : ce père qu’il n’a jamais connu. « Quand on veut, on peut ». Enfant beau, musclé et débrouillard qu’admire César qui n’est rien de tout ça, sa faille réside en sa solitude. Sa mère infirmière ne le voit que le week-end et ne communique avec lui entre-temps que par mobile et post-it collés un peu partout dans l’appartement. Lorsque l’orage gronde, Morgan n’est qu’un enfant et a peur ; il enfile à la hâte un sweat à capuche et court sonner chez César qui habite tout près. Il arrive trempé, ce qui lui vaut de montrer à l’image son torse nu pour la troisième fois. César, à l’inverse, reste constamment habillé et jamais aussi décolleté que Morgan, se trouvant trop enveloppé par amour des pâtisseries.

Le rythme de l’histoire veut que les enfants se fassent aider par une Française installée à Londres et qui tient un pub. Gloria a la cinquantaine et n’a pas d’enfant (Anna Karina), encore une solitaire.

Le message final est peut-être que, malgré les mélanges qui suscitent des angoisses identitaires, les états d’âme des adultes qui éclatent les familles, les liens d’amitié et d’amour qui se tissent au fil des jours finissent quand même par l’emporter dans une nouvelle forme de relation qu’est la tribu. Cela est conté avec humour et tendresse et donne un bon film où les acteurs jouent naturel.

Mabô Kouyaté est mort accidentellement à 29 ans le 3 avril de cette année.

DVD Moi César, 10 ans ½, 1m39, Richard Berry, 2003, avec Jules Sitruk, Maria de Medeiros, Jean-Philippe Écoffey, Joséphine Berry, Mabô Kouyaté, Anna Karina, Stéphane Guillon, Katrine Boorman, Jean-Paul Rouve, Didier Bénureau, Guilaine Londez, Cécile De France, EuropaCorp 2003, 1h31, standard €5.99 Blu-ray €21.50

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Michel Déon, Les trompeuses espérances

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Prenez un lieu magique, ici Positano en Campanie, non loin de Naples ; prenez une femme dont le visage vous a marqué un jour, vous ne parlerez pas d’elle mais elle vous inspire ; prenez votre expérience de toutes les femmes, car vous êtes écrivain et vous avez 36 ans. Cela donne un roman sur l’amour, ses espoirs et ses déceptions, ses espérances, mais trompeuses.

Ecrit en 1955 mais intemporel, ce roman met en scène Olivier, un jeune prof qui n’a jamais vraiment aimé, tombé brutalement sous le charme d’Inès, rencontré par le plus grand des hasards dans la rue alors que l’un de ses élèves de troisième, Ballu, a fait tomber par inadvertance le carton à dessins qu’elle portait. Olivier baisera la mère de Ballu, danseuse nue dans un cabaret de Montmartre, mais là n’est pas le sujet – juste pour montrer qu’Olivier n’est pas niais.

Tout commence en Italie, dans un lieu qui pourrait être Positano, où un crime vient d’être commis sur la plage…

Je ne vous raconte pas l’intrigue, car ce serait déflorer le sujet, même si le sujet reste quand même Inès, déflorée elle-même depuis longtemps. Mais je vous en dis peut-être déjà trop… Olivier tombé en amour accompagne Inès dans la rue jusqu’à son cours de dessin – où il s’inscrit aussi. Ainsi commence une idylle. Mais au chapitre deux.

Hésitations, retours en arrières, repentirs, Olivier l’amoureux, qui raconte son histoire pour s’en purger l’âme, n’a rien du cartésien linéaire et logique qu’il affecte de paraître. Au Canada où il s’est exilé pour fuir cette histoire, il confie sa confession hachée au manuscrit, souffrant dans son orgueil de jeune homme comme dans sa pudeur d’amour pur.

Hors époque, égocentré, ce roman a pour sujet le désir. Au beau milieu des années 1950 « engagées » de la littérature, cette désinvolture irrite les intellos. Mais elle prouve que c’est ainsi que l’on passe le temps. Car ce roman d’amour a passé les années et se lit encore avec bonheur.

Se succèdent les descriptions psychologiques qui font les délices de ceux qui aiment l’humain. Comme sur le métier de prof : « Ceux qui voient l’enseignement de l’extérieur ne savent pas à quel point il est un bain de jeunesse perpétuelle. (…) La gaieté, la brusquerie, la sottise, la maladresse et la confiance des garçons restent d’extraordinaires stimulants » p.33. Il faut rappeler que les classes n’étaient pas mixtes. Ou sur la gent femelle : « La force de beaucoup de femmes tient non pas à leur duplicité, mais à leur multiplicité, à ce don spécial qu’elles ont de se réincarner dans un autre personnage sans nous prévenir » p.112.

Ou les évocations de lieux, toujours incisives : « Comment j’ai pu aimer Montmartre, je me le demande encore. Ces rues noires, ces squares pauvres, cette populace crapuleuse, ces petits rentiers malingres, ces bars tapageurs et les enseignes – désolées et désolantes en plein jour – des cabarets n’ont pas grand-chose à voir avec mes goûts » p.34. Il faut rappeler que le tourisme de masse n’a pas encore investi l’endroit.

Encore ces fantasmes érotiques, l’été la nuit dans la pinède… « Cette nuit-là, j’osais ouvrir de nouveau le chemisier qu’elle avait reboutonné après notre halte en haut de la côte. Elle ne se défendit pas et je retrouvais le sein tiède qui ne palpitait plus. Dans le creux de ma main, il durcit avec une ferveur qui me bouleversa. Visage renversé, Inès respirait plus vite. (…) Je baisais son torse nu. Il avait encore le goût de sel du bain de l’après-midi » p.54.

Sensuel, fouillé, douloureux – un bon romanesque qui n’a pris aucune ride. Les ingrédients du roman qui plaît restent les mêmes de nos jours, selon les lecteurs interrogés : de la passion, du sexe et une intrigue policière.

Michel Déon, Les trompeuses espérances, 1956 revu 1990, Folio 1993, 159 pages, €6.60

e-book format Kindle, 2016, €6.49

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Chroniques urbaines

chroniques urbaines

Quand les éditions numériques mûrissent, elles s’installent dans le papier. C’est le cas de France-Culture, de certains blogueurs qui se voient du talent – mais aussi des éditions Le texte Vivant. Christine Claude, Stéphane Garnier, Jean-Yves Duchemin et Alexandre Feraga ont été publiés en bits ; ils sont désormais en pages, sages comme des images, bientôt primés car imprimés. De ces originalités, vous me direz des nouvelles : il y a des chroniques de tous les styles, des regards issus de toutes les personnalités, de l’observation pour tous les goûts.

Des Facéties d’une vie de gamin de Jean-Yves Duchemin j’ai déjà parlé, lorsqu’il n’était encore que numérique. En tout cas, il aime Marseille et les livres. Ses récits enlevés, véridiques et enflés, sont d’une gaminerie réjouissante.

Stéphane Garnier ne dit pas à sa mère qu’il est chauffeur de bus à Toulouse ; elle le croit chauffeur de locomotive pour avoir écrit Haut le pied ! « La lente monotonie des journées busiennes regorge de mille et une péripéties que petit à petit je me suis amusé à relater, dans ma tête d’abord, puis sur papier. » Contemplatif, haut sur roue, il observe. Ses congénères, le paysage urbain, les mille vies de la ville. « Vous, je vous apprécie, car vous êtes le seul qui ne regarde pas mes nichons quand je monte », lui assène une cliente. Hum ! Il suffisait juste qu’elle attire son attention sur son 95b à ne pas rater.

Les rues atteNantes d’Alexandre Feraga évoquent cette ville de Premier ministre et Notre-Dame des glandes. « J’ai trouvé Nantes tout de suite, en quelques minutes. Une évidence. Je m’y suis senti bien dès les premières respirations entre randonnées en montagne ou escapades à Belle-Isle-en-Mer. » Ce travailleur du social connaît bien l’espèce humaine. Ainsi de la Gêneuse, genre crevarde illettrée qui borborygme trop fort dans son mobile avec le jargon branché fait d’onomatopées, emmerdant tous le wagon. Chacun s’y reconnaîtra.

Les pieds de la femme boutonnière est une histoire qui se passe rue Lepic, vers Montmartre à Paris pour ceux qui ne sont jamais « montés » à la capitale comme on monte en maison. Raconté par un livreur en mobylette curieux de cette femme bariolée qui coud des boutonnières pour costumes de scène, parfois pour de grands couturiers. Pieds nus quelle que soit la saison, Ma est routarde, boutiquière, trahie. Ma est son nom, qui se confie au gamin grandi. Elle évoque ces petits métiers de grand-mère en petites-filles, qui rassurent après avoir routé le monde dans la dèche. C’est doux-amer, nostalgique du « Paris d’avant », humain du Paris d’aujourd’hui où – mais oui – la vie de quartier subsiste. L’auteur, Christine Claude, est d’origine capitale mais navigue entre la Bretagne et le Maroc, cet orient à la porte des années 70.

L’ensemble est réaliste et surréaliste, classique et rock, social et urbain. En tout cas profondément humain – comme on aime. Ces petits bouts de vie, jamais édités en papier encore, font un cadeau original.

Chroniques urbaines – nouvelles, novembre 2013, éditions Le texte vivant, 289 pages, €13.30

Site de l’éditeur : www.letextevivant.fr

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