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Dana Ziyasheva, Choc

Le choc, c’est celui du 11ème Choc, le régiment des opérations spéciales françaises ; c’est aussi celui des parents qui ne voyaient pas leur fils dans les commandos ; c’est enfin celui (relatif) du public face à des photographies particulières… Tout commence en effet par des tirages d’appareil photo jetable confiés par un jeune homme à une boutique de la station Les Halles à Paris. Le laborantin effaré aperçoit des cadavres éviscérés, des morceaux de chair humaine dans les mains de soldats asiatiques, et un jeune Blanc qui rit derrière eux. Il prévient la police ; le client est arrêté, interrogé. Il minimise : il était avec des soldats Karen en Birmanie, c’est la coutume là-bas de manger le foie et le cœur de ses ennemis. Mais le Journal du Dimanche en fait un article sur le Blanc cannibale…

Ce « roman » est tiré d’un fait divers cité par le JDD en 1996, dit-on car il n’a pas laissé de traces sur le net : un certain François Robin devenu mercenaire en Birmanie. L’autrice, Française originaire du Kazakhstan, ex-reporter télé dans son pays puis ex-diplomate Unesco, aujourd’hui scénariste à Hollywood, raconte « après sept ans d’enquête », en plus de cinq cents pages touffues et un peu longues, au vocabulaire parfois étrange, les errances d’un fils de la petite-bourgeoisie de Troyes, patrie des andouilles, un certain François Lefebvre, devenu mercenaire au plus offrant.

Élevé dans une famille catholique sans histoire avec une mère effacée, un petit frère dans les jupes de maman et un père sportif et sans alcool, le jeune François choisit l’armée dans ce qu’elle offre de plus ardu, les commandos des services spéciaux. Après le bac, malgré l’ire paternelle, il entre dans la formation à la dure du 11ème régiment parachutiste de choc destiné à former les commandos du groupe action du SDECE, devenu DGSE. Ce régiment a été dissout en 1993 par les socialistes après la première guerre du Golfe. Le gamin de 18 ans qui intègre la formation est tout fou, fana mili comme on disait alors, malgré son bac littéraire-langue A2. Il rêve plus d’en découdre que de patrie, plus de fraternité et de famille que de massacre. Il n’est pas psychopathe mais plutôt sans limites.

Il ne sait pas se tenir. Pour aller contre son père qui ne boit pas d’alcool, il se saoule et, en permission après l’entraînement où il est bien placé dans la sélection, il pille un tronc d’église par désœuvrement et rosse les gendarmes venus l’arrêter. Il est donc viré du centre d’entraînement du 11ème Choc à Margival, qui ne tolère pas de soldats qui n’ont pas de conduite. Son ami et compagnon d’armes Olivier a lui aussi été viré, mais pour avoir dans sa famille un oncle gauchiste. La soldatesque ne tolère aucune déviance à la ligne.

François est donc sur le carreau, orné de ses pectoraux impressionnants et de sa carrure d’athlète, possédant à la perfection l’art du combat à mains nues et expert en tir de précision. La violence de son entraînement a lessivé toute personnalité en lui : il n’est qu’un outil aux mains de ses commanditaires. Il est embauché par une entreprise de sécurité – d’extrême-droite comme il se doit. Il fait aussi des piges auprès du DPS de Jean-Marie Le Pen. Au Département protection sécurité, beaucoup sont d’anciens militaires ou policiers. François est jeune et il s’en fout. Il est pour les Blancs et contre les racailles, c’est tout.

Lorsqu’il a l’opportunité d’aller exercer ses talents en Bosnie, il n’hésite pas ; il se retrouve côté musulman contre les Serbes orthodoxes, Blanc contre Blanc. C’est cela la géopolitique, les luttes claniques, les egos des chefs. Puis il est appelé par ses copains en Birmanie où la guérilla Karen ne cesse de tailler des croupières à l’armée birmane dans le nord-est du pays. C’est là que les deux adolescents soldats de 15 et 16 ans sont tués à l’arme blanche puis dépecés par les Karen qu’il accompagne. Naïf et stupide, il prend des photos. Il ira ensuite aux Comores en septembre 1995, participer à un énième coup d’État sous les ordres de Bob Denard qui croyait au soutien des Services avec un « feu orange », mais qui s’est trompé car la Françafrique sous Mitterrand ressort plus du niais Papamadit que du décati Jacques Foccart. En bon mercenaire sans foi ni loi, Bob Denard ne tenait pas plus que ça à « la patrie » : catholique de souche, il s’est converti au judaïsme au Maroc, à l’islam aux Comores. François, lui, est plus simple : il ne croit à rien. « La guerre établissait son identité : François était un mec qui faisait un travail dur. Il était donc un dur. Les rares individus au courant de son activité le respectaient. Malgré l’échec de Margival, il avait réussi à se caser dans une niche, se stabiliser dans une strate, sans compromettre ses rêves » p.221. Son ami Olivier a au moins une vision romantique de la vie qu’il faut croquer à pleines dents sans songer au lendemain. Pas François – il n’est rien, qu’une coque vide qu’on remplit, un bel outil prêt à servir qui le veut.

Il passe dix-huit mois de prison en France à la suite du raid aux Comores mais pour cannibalisme en Asie et en profite pour tuer un codétenu avec une dose qui lui a été donnée par un adversaire de foot ; il est reconnu comme un caïd. Lorsqu’il sort, car il est relaxé faute de « parties civiles », son CV ne permet pas de l’engager à nouveau dans la sécurité, le Front national désirant devenir « respectable ». Désespéré par le déménagement de la fille qu’il avait baisée et rebaisée avant de partir en mission, et qu’il avait dans la peau, solitaire, abandonné des siens, il se suicide en janvier 2000 en se tranchant la gorge puis, comme ce n’était pas suffisant, d’une balle de calibre 11.43 dans la tête. Il avait 28 ans.

Ce roman-récit d’un mercenaire blanc ravira ceux qui rêvent de combats et d’exotisme, tout en leur montrant quand même le vide intérieur qu’il faut développer pour devenir ce robot tueur, ce professionnel de la guerre sans aucune conviction autre que celle de ceux qui le payent. François a aimé tuer ; il pensait qu’il y avait trop de monde sur terre, notamment dans les pays du sud. Mais il aimait surtout la technique pour abattre, l’alignement de la mire sur le fusil, la belle mécanique des armes, le tir parfait.

S’il avait attendu quelques mois, la seconde guerre du Golfe après le 11-Septembre l’aurait probablement rappelé, avant l’Afghanistan et l’Irak puis, aujourd’hui l’Ukraine. Il y a toujours du travail pour les bons professionnels de la guerre qui ne croient en rien.

Dana Ziyasheva, Choc, 2023, autoédition Amazon, 502 pages, e-book Kindle €4,99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

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Un rescapé de La Méduse – mémoires du capitaine Dupont

philippe collonge un rescape de la meduse memoires du capitaine dupont
Gervais Daniel Dupont, originaire de Maintenon (dans la Beauce au nord de Chartres), soldat de l’An II engagé à 17 ans dans les armées de la République, est devenu au fil des campagnes capitaine d’infanterie. Sa dernière mission est de rallier le Sénégal, rendu à la France par l’Angleterre avec le retour de Louis XVIII.

Las ! Le lieutenant de vaisseau Duroy de Chaumareys, réintégré capitaine de frégate après 25 ans sans naviguer, est un dilettante vieilli qui jette toutes voiles dehors, bonnettes de course sorties, sa frégate La Méduse sur le banc d’Arguin au large de la Mauritanie, pourtant marqué sur toutes les cartes.

Dupont raconte la pagaille, la lâcheté, les révoltes des soldats contre les officiers, les affres de la faim, l’ivrognerie de désespoir, enfin le sauvetage in extremis… Tout le monde connait le tableau de Théodore Géricault qui montre avec l’exaltation propre au Romantisme, des naufragés blêmes à moitié nus gisant sur les planches qui font eau.

theorore gericault le radeau de la meduse construction

Le grand format est construit en deux cônes successifs, dans une atmosphère de fin du monde. Le premier suggère le passé, le radeau porté par sa voile de drap comme un destin subi ; le second est l’espoir, l’action de la chemise agitée vers le bateau qu’on croit apercevoir à l’horizon. Le tableau date de 1818 et le naufrage de 1816, encore tout frais à la mémoire. La presse parisienne – mais surtout l’anglaise, toujours avide de se gausser des Grenouilles vaniteuses (jusqu’au cirque Trierweiler tout récent) – donne un retentissement mondial au radeau de La Méduse.

theorore gericault le radeau de la meduse ecoliers au louvre

Philippe Collonge, habitant de Maintenon à sa retraite du groupe Air France, s’est intéressé à l’histoire de sa commune et a collecté les manuscrits conservés soigneusement par la famille du capitaine, adjoint au maire sur ses vieux jours. Il a fait un véritable travail d’historien, n’hésitant pas à comparer la version des faits écrite de la main Dupont avec les témoignages des autres rescapés de La Méduse, et à nous donner un éclairage sur les années de jeunesse du soldat devenu capitaine pour ses capacités humaines et sa bravoure au combat.

Dupont ne dit pas tout. Même s’il parle moins bien le français que sa langue maternelle le beauceron, il connait l’art de l’ellipse, tant sur les putains de Saint-Domingue que sur l’épisode cannibale du radeau et la répression des révoltés sans-grades. Mais ce qu’il dit est franc et honnête, son écriture est directe, sans langue de bois.

theorore gericault le radeau de la meduse cadavre

theorore gericault le radeau de la meduse carte naufrage

Une première partie narre ses campagnes de 1792 à 1815, tirées d’un journal tenu succinctement à mesure ; une seconde partie met en scène La Méduse et après, de 1816 à 1818. Les deux parties tiennent à peu près le même nombre de pages mais l’éclairage des années de soldat montrent combien la personnalité d’un homme compte plus que ses connaissances théoriques lors de dangers immédiats. Gervais Daniel Dupont a 41 ans lors du naufrage de La Méduse ; il n’a jamais été marin mais a beaucoup navigué pour l’armée, notamment vers les Antilles et dans les Caraïbes. Il voit très vite combien les officiers de la frégate sont peu compétents, à l’exception d’un aspirant d’une vingtaine d’années qui ne survivra que par miracle, blessé gravement à la jambe, et qui adressera un rapport tout professionnel au ministère de la Marine.

Si la première partie intéressera surtout les Antillais et les amateurs d’histoire maritime du XIXe siècle, la seconde captivera tous ceux qui aiment les mystères des faits divers. Car ce malheureux naufrage n’est que la traduction de la misère humaine : l’impéritie, l’inaptitude, l’arrogance, la veulerie, la démission… Les officiers mariniers et les officiels embarqués se sauvent en chaloupe. Ils ne remorquent qu’un moment le radeau où s’entassent le tout-venant, 150 personnes avec Dupont et sa compagnie de terre, ainsi qu’un mousse de 12 ans qui mourra et une seule femme. Lorsque le brick L’Argus retrouvera le radeau de La Méduse, 15 jours après le naufrage de la frégate, il ne reste que 15 survivants.

Ce témoignage d’un fait vrai donne envie de relire le roman ensorcelant d’Edgar Allan Poe, Les aventures d’Arthur Gordon Pym sur le même sujet.

Un rescapé de la Méduse – mémoires du capitaine Dupont 1775-1850, Manuscrit original présenté et commenté par Philippe Collonge, La Découvrance novembre 2014, 161 pages, €17.94

Attachée de presse Guilaine Depis

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Georges Guille-Escuret, Les mangeurs d’autres

Montaigne, largement cité par l’auteur, avait tout dit du cannibalisme, condamné par religion et morale au nom de notre supériorité de « peuple élu » du « seul vrai Dieu » et de notre « progrès » de « civilisation ». Je l’avais évoqué en 2008. Les cannibales seraient des sauvages et nous des civilisés. Ce qui nous différencie est ce qui distingue la nature de la culture. Mais est-ce bien la vérité ? N’est-ce pas plutôt une idéologie ?

Selon Guille-Escuret, « Par elle-même, une idéologie n’invente rien : elle arrange les images, gomme des contrastes, ajoute des compléments issus de ses références préférées, mais elle ne crée pas. Sa fonction consiste à protéger un ordre établi de la pensée en transformant l’inconnu en connu et en digérant l’inédit à coup de réminiscences » p.182. L’indignation couvre l’indigence de la description et l’incapacité mentale à penser le nouveau comme à réfléchir sur soi-même. « A cet égard, les explorateurs français se montrent assurément les plus pénibles, qui répètent les clins d’œil jusqu’aux tics, soulignent leurs ironies en caractères gras et présupposent avec leurs lecteurs des complicités voltairiennes aux dépends de tous les primitifs qui croupissent à mille lieues de la fine fleur cartésienne de Saint-Germain » p.185.

Heureusement, il y a Montaigne : « Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux ». Manger son ennemi est le respecter, vouloir par mystique assimiler son esprit et sa force vitale ; le torturer comme sous l’Inquisition, sous Staline et Hitler ou dans les geôles du Lao gai, c’est l’asservir, le mépriser, en faire un animal domestique, voire un objet d’esclavage. Le sauvage serait alors moins « barbare » qu’on ne croit, et le « civilisé » bien plus qu’on ne dit. Surveiller et punir vaudrait-il mieux que chasser et manger ?

C’est probablement la thèse que défend Georges Guille-Escuret, même si son ouvrage de synthèse (complément d’une sociologie du cannibalisme en deux volumes) est moins destiné aux profanes qu’aux « cher collègues » en anthropologie. Le « redoublement du même » de Françoise Héritier, cité sans autre précision, fait ainsi appel à un jargon pro et à une spécialisation que peu de lecteurs peuvent avoir… En sept chapitres, Guille-Escuret « déconstruit » l’idée commune sur le cannibalisme et cherche à restituer le contexte significatif du fait chaque fois observé. Ce qui ne va pas sans traits d’humour. Par exemple : « en Océanie comme en Afrique : la chair du Blanc serait plus salée qu’aucune autre. C’est un motif de dévalorisation en Océanie et, au contraire, de valorisation en Afrique » p.165. Mais trop souvent la phobie occidentale envers le cannibalisme refuse de voir pour en faire tout de suite une essence. Les sociétés cannibales seraient sans histoire, croit-on, uniquement préoccupées de protéines : « de la viande ! de la viande ! » s’exclament les Nègres en découvrant Stanley, l’explorateur anglais bien connu…

Alors comment rendre compte du cannibalisme en évacuant les présupposés et les toiles d’araignée idéologiques ? « Bon gré mal gré, Harner s’impose comme l’auteur de la première théorie scientifique correctement énoncée – ce qui ne veut nullement dire ‘vraie’ ou ‘vérifiée’ – sur l’organisation sociale d’un cannibalisme » p.206. Matérialiste, il suppute la valeur nutritionnelle de la chair humaine, la relie à une logique sociale fondée sur le cycle des saisons et à la carence du milieu en protéines animales comme à la pression démographique, réservant ce surplus aux classes dirigeantes (Michael Harner, The ecological basis for Aztec sacrifice, American Ethologist, février 1977).

Mais comment qualifier le fait de manger les autres, ses semblables ? « Anthropophage » existe, venu du grec, qui signifie mangeur d’homme – mais à ce titre un crocodile peut l’être. « Cannibale » vient des peuplades caraïbes rencontrées par Christophe Colomb et signifie toute absorption du pareil – horreur « inouïe » pour l’époque chrétienne. Le terme sociologique est « allélophagie », se manger les uns et les autres, terme neutre sorti des phobies de la « civilisation » des auteurs antiques, comme des phobies de la « raison » des auteurs modernes. « Homophagie », qui signifie manger son propre sang, appartient au vocabulaire rituel et est moins usité. L’usage populaire et médiatique du vocable « cannibale » est donc idéologique : il s’agit d’une répulsion de moderne pour les pratiques jugées archaïques, d’un dégoût méprisant de peuple civilisé pour les enfants sauvages, d’un déni moral des profondeurs intimes de la psyché. Après tout, pense l’idéologie, la « civilisation » n’est-elle pas qu’un dressage de pulsions de nature qui demeurent dans nos abysses mentales, voire génétiques ?

« Nous, ethnologues, avons tous souhaité ‘excuser’ le cannibalisme : en l’oubliant, en le niant, en le désinfectant, en lui trouvant des déterminations naturelles ou des justifications culturelles. Mais, surtout, en le maintenant chez les autres, sans prendre la peine de refuser en soi cet ‘autre’ qui se glorifie de ne pas être cannibale en dissimulant ce qui l’a amené à ce rejet » p.89. Car le cannibalisme surgit dans les sociétés en crise. Tout ne vaut pas tout, comme se complaisent à dire les relativistes culturels, ces paresseux du concept, bobos repus et content d’eux, contre lesquels l’auteur se déchaîne avec délectation : « une ambiance complice, caractérisée par le regain spectaculaire d’un relativisme échevelé, conduit par un postmodernisme qui se donne à admirer comme une avant-garde prête à prendre les devants tous azimuts » p.120. Ou encore : « Le relativisme contribue à forger ce qu’il combat en participant à la fabrication de l’illusion hiérarchique qu’il prétend ensuite démentir. Pour le plus grand bonheur des scientismes grossiers, qui s’appuient sur cette participation avant de démentir le démenti » p.180.

Une bien belle étude, qui nous ramène aux tabous de NOTRE culture, et notamment à ce qui nous constitue : notre « identité ».

Georges Guille-Escuret, Les mangeurs d’autres – civilisation et cannibalisme, mars 2012, éditions EHESS, Cahiers de l’homme n°41, 292 pages, €20.90 

Émission ‘A plus d’un titre’ d’Alain Louyot sur France Culture en réécoute (passer les 30 premières minutes) 

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Hommes et bêtes à Tahiti

Article repris par Medium4You.

Le pahi, joli oiseau, est le martin-chasseur des Marquises. Son dernier refuge se trouve sur l’ile de Tahuata. En 2003, on en dénombrait 700 individus. L’association Manu s’est chargée du recensement, il n’en resterait que 451. L’habitat favorable à l’oiseau se fait de plus en plus rare et, sur l’île, il y a des chats sauvages. Le Pahi niche dans les arbres morts, ses arbres préférés sont le cocotier et le fara (pandanus). De plus il n’élève qu’un seul oisillon par nichée. Il faut sauver le soldat Pahi.

L’atoll de Tetiaroa détient la palme, 17 tortues vertes ont été observées en train de pondre sur l’atoll, malgré le braconnage. A Tetiaroa on a dénombré 295 traces de montées sur le sable et 37 à Tupai. Les sites en déclin sont Maiao et Maupiti. Sur les 295 montées enregistrées à Tetiaroa, 107 pontes ont été constatées. Cette poussée importante des pontes serait expliquée par la présence du phénomène climatique El Niño. Le courant marin augmente la température de l’eau, les tortues ont davantage à manger et elles viennent plus nombreuses sur les plages, expliquent les scientifiques. Le braconnage ? Il est présent mais concernant Tetiaroa depuis les travaux de construction de l’hôtel The Brando les braconniers sont dissuadés par la présence de nombreuses personnes sur le chantier. Ils mettent un point d’honneur à les empêcher de vaquer et à nuire aux tortues. Autour de l’île de Moorea les scientifiques ont dénombré 47 tortues vertes, comestibles, et 243 tortues imbriquées, non comestibles.

Le kaveu est le crabe de cocotier. C’est qu’il est beau dans sa cuirasse bleue ou rouge-orangé, le plus gros crustacé terrestre au monde ! L’adulte peut mesurer 40 à 50 cm, peser 4 à 5 kg, avoir une envergure de 1 m, et porter des objets pesant jusqu’à 28 kg. Il possède neuf paires de pattes, une paire de pinces très puissantes qui lui permettent de se nourrir de noix de coco ou des fruits du fara (pandanus).

Son espérance de vie peut atteindre 40 ans. Son odorat très fin lui permet de trouver des cadavres de poissons ou de rats, dont il se nourrit. Il est omnivore, nécrophage et peut devenir cannibale si besoin. En Polynésie, il est rare sur les îles hautes, présent sur la plupart des atolls, et surtout abondant sur les atolls surélevés, où les forêts de feo sont présentes comme à Niau ou Makatea. Le feo a poussé sur les coraux morts, pointus et coupants qui se trouvent sur le récif ou à l’intérieur des terres.

Ici on cuisine le kaveu au court-bouillon, son abdomen serait un mets exceptionnel pour les fins connaisseurs, dit-on. Atation toutefois il y a eu des intoxications humaines suite à la consommation des viscères ! La chasse au kaveu se pratique la nuit, et à ce jour n’est pas réglementée en Polynésie, ce qui laisse place à des abus.

Hiata de Tahiti

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