Dans une note de fin août Patrick Artus, économiste de Natixis, dresse un constat sans appel au bout de deux années Hollande : PIB 0,0%, consommation +0,5%, investissement des entreprises -0,8%, investissement en logement -2,4%, exportations 0,0%, importations +0,4%, production manufacturière -1,0%, production de services +0,1. Après 75 milliards d’impôts en plus, les hochets offerts aux entreprises pour réduire le coût du travail sont bien minces : 41 milliards – et sous conditions CICE ou pacte.
Patrick Artus ajoute, implacable : « Malgré l’absence d’amélioration du déficit public, les taux d’intérêt historiquement bas et la désinflation qui soutient le pouvoir d’achat et la consommation, la croissance est bloquée par un problème massif d’offre. L’industrie manufacturière continue à détruire de la capacité avec une rentabilité du capital la plus faible de tous les pays de l’OCDE. La construction résidentielle continue à chuter avec le recul permanent de l’offre de logements. La production de services est affectée par le coût trop élevé du travail peu qualifié. Il faut donc comprendre qu’il faut arrêter de mener pour la France des analyses conjoncturelles basées sur la demande mais qu’il faut raisonner à partir de ces contraintes d’offre. On voit bien au 2ème trimestre que le soutien de la consommation profite aux importations et pas à la production domestique que ce soit d’industrie ou de services. »
Et il y a encore des économistes – évidemment de gauche et socialistes plus ou moins atterrés, pour prôner un encouragement massif à la consommation par la dépense publique ! Car le pragmatisme hollandais n’a pu être imposé aux électeurs de gauche tant la croyance idéologique imprègne les esprits socialistes. Ils croient en l’État comme en Dieu, malgré le dépérissement de l’État annoncé par Marx, malgré la mondialisation. Le socialisme français a montré ce qu’il était : de l’anti-sarkozysme primaire sans aucune vision de l’avenir. Une navigation à vue avec un président préoccupé de gérer les courants de gauche et les bouffons en mouches du coche. L’histrion Montebourg insulte les chefs d’entreprise et méprise des investisseurs étrangers, l’arriviste Duflot fait s’effondrer le logement en 18 mois avant de cracher dans la soupe et de « tomber à gauche », comme si l’écologie était une lutte de sectes… Même s’il « change » et « accélère », le président est parti trop tard, ses réformettes vont faire pschitt ; on ne change pas une société par décrets et les réformes de structure se préparent longtemps à l’avance.
Le coût du travail est devenu (depuis 2000 où il était inférieur de 8%), plus élevé de 20 % qu’en Allemagne (à cause de la hausse continue des taxes sociales) – mais le socialisme ne dit rien pour « penser » cette plaie – ou seulement des incantations : « yaka » faire baisser l’euro, « yaka » faire payer les actionnaires. Sauf que les actionnaires vont ailleurs quand ils n’ont pas la rémunération juste que les impôts sans cesse modifiés et le bonneteau des retraites leur laissait miroiter lors de leur investissement. Qu’ont donc fait les énarques, économistes « de gôch » et autres technocrates socialistes depuis la fin des années Jospin ? – RIEN. Ils n’ont ni observé, ni pensé, ni prévu. Aucun plan d’ensemble, aucune mesure radicale (réforme fiscale, condition des subventions, plan d’investissement pour la recherche, encouragement à l’isolation des logements). Aucune remise en cause du sacro-saint gros État-Papa géré par les « éclairés », drogués au pouvoir, qui savent mieux que vous ce qu’il vous faut.
Tous les États dans la même situation (Canada, Suède, Allemagne, Espagne, Angleterre et même Italie) se sont retroussé les manches et ont pris les cinq ans nécessaires pour que les réformes structurelles portent leurs fruits. Tout le monde le sait – et qui ne le savait pas a pu à loisir l’observer in vivo dans les pays indiqués. Mais surtout pas les Français, pas les socialistes, pas les technocrates parisiens, pas François Hollande. Ils savent tout de droit divin ou de raison suffisante. Hollande promettait « l’inversion de la courbe du chômage avant fin 2013 », il affirmait encore en juillet « le redressement arrive ». Or la croissance s’affaisse à un maigre +0.5% prévu sur l’année (qui n’est pas encore finie) ; quant au chômage, il prépare des bataillons entiers de votes Front national dès que l’occasion en sera donnée.
Comme en 40, le socialisme n’a rien à dire, comme en 40, il ne fait que préparer le lit du pétainisme. Hollande débarque au moment où il « célèbre » l’anniversaire du débarquement.
Ah mais, s’écrient les dévots socialistes, célafôta ! Symptôme habituel du déni, addiction de croyants, voile d’illusion des faibles : c’est toujours de la faute des autres. Des riches bourgeois forcément en Suisse, des mauvais patrons qui n’embauchent pas quand il n’y a aucune demande, de Bruxelles qui complote évidemment pour affaiblir la France, de Merkel taxée d’égoïste parce qu’elle renvoie chaque État à ses propres responsabilités, de l’euro fort qui profiterait aux Allemands mais curieusement pas aux Français incapables de proposer comme eux des produits exportables fiables et attrayants, aux Espagnols qui font du dumping salarial sur les produits moyenne gamme qu’exporte la France… Ce n’est jamais de la faute du socialisme, jamais de la faute du parti des éléphants, jamais de la faute des ministres incapables, ni jamais celle du Président – qui connait forcément l’économie puisqu’il a « fait HEC » (il y a 40 ans) – lui qui a toujours préféré le confort d’être fonctionnaire. Dix ans d’illusions et d’incurie théorique dans l’opposition, deux ans de retard à l’allumage jusqu’au diagnostic réaliste des vœux de janvier, huit mois de procrastination et de zigzags pour établir une « boite à outils » de réformettes impuissantes et inutilement compliquées. Tout ça pour ça !
« Tout va bien ! » nasillent les kids proprets Max & Mango (photo) dans la scie de l’été. A 11 ans, ils ne doutent de rien, l’avenir (et l’argent) est devant eux. « Tout va mal » singent les Éboueurs du net dans une vidéo critique hilarante des gentils mignons. A 15 ans, eux doutent de l’avenir car leur adolescence a commencé sous le socialisme hollandais, ce triomphe des impuissants. En 2017, ils voteront !
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