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Kathya de Brinon, La femme aux cicatrices

Dans un précédent roman, Des larmes dans les yeux et un monstre par la main, l’autrice a raconté ses années d’enfance. Née en 1948, elle est confiée à ses grands-parents paternels jusqu’à l’âge de 9 ans et elle vivra ses meilleures années. Lorsqu’elle retrouve ses parents, son autre grand-père, le maternel, la violera et la prostituera à ses amis aussi vieux que lui. Elle l’appellera le Monstre et, devant le déni de sa mère qui la culpabilise, elle aura une relation perturbée avec la maternité. Comme tous les enfants violés sauvagement, elle tentera de s’autodétruire par dégoût de soi via dépression, boulimie, anorexie, amnésie et tentatives de suicide.

C’est à 30 ans que débute le second livre, La femme aux cicatrices. Elles sont physiques : frigidité vaginale, sein balafré par une opération mal conduite ; elles sont morales : dépréciation de son corps par le viol enfantin, regret éternel de l’avortement de son premier bébé pas assumé à 25 ans. Muriel a choisi de renaître sous l’égide d’un psychiatre sous le prénom de Kathya à l’orthographe improbable en français. C’est un prénom  de pornstar, de voyante ou d’escort… Quant au nom, elle a choisi celui de sa mère, la fille du Monstre qui ne l’a jamais écoutée, et qui fait référence à un collabo notoire fusillé à la Libération. C’est dire l’image que cette femme a d’elle-même et se donne au monde entier !

En 1980, année où débute ce second volume, Kathya, mère d’un petit Mickaël, rencontre Julien, en instance de divorce avec deux petits enfants, Maeva et Adrien. Ils vont faire leur vie ensemble et un second bébé pour Kathya, Alexandra. Mais Christiane, l’ex-épouse de Julien, voudrait garder maison et gosses plus obtenir une pension alimentaire, ce qui permettrait à son nouveau couple de vivre à l’aise avec allocations familiales et logement. Elle poussera René, séducteur gigolo et malfrat, à harceler la nouvelle, à payer la femme de ménage pour l’empoisonner grâce à son allergie à la naphtaline, allant jusqu’à l’agresser dans l’ascenseur et à foncer sur elle avec une voiture.

Mais la niaise ne fait rien, se laisse dominer, ne porte jamais plainte, comme si tout ce qui lui arrivait était de sa faute. Merci maman ! Kathya va jusqu’à se fourrer bêtement dans la gueule du loup, allant confier Mickaël, 3 ans, à son oncle, le frère du Monstre ! Si l’oncle ne viole pas le gamin, il l’enferme dans le placard et le terrorise : la mère, tout à son ego blessé, ne voit rien, n’entend rien, ne fait rien. A elle ensuite d’assumer l’énurésie, la jalousie et les colères du petit enfin récupéré… Au lieu de virer la femme de ménage qui a sciemment dissimulé des boules de naphtaline dans son armoire pour lui nuire, elle la garde ! Au lieu de déménager sans rien dire à ses harceleurs, elle le clame sur tous les toits ! Au lieu de choisir un endroit pratique et agréable, elle emménage avec son mari juif près de Dreux, ville où le Front national a emporté la mairie ! Au lieu de choisir des vacances en famille, elle confie ses enfants à sa propre mère indigne ! Pourquoi être masochiste à ce point ?

Si ce n’est de la bêtise (après tout, ça existe), le lecteur comprend que ce sont les séquelles des viols durant l’enfance qui poussent à répéter de façon compulsive les situations de domination, jusqu’à lasser (j’avoue, sur la fin, avoir sauté des pages). Une phrase de septième ciel est aussitôt suivie de trois pages de déboires, revers et lamentations, avec amnésies régulières où Muriel sort de la réalité tandis que des réminiscences pédopornographiques lui font détailler les sévices à un tel point qu’on peut y voir une certaine fascination : attachée nue, écartelée entre deux arbres, fourrée par deux libidineux ; en poney fustigée par une ceinture et pénétrée ; fouillée au doigt à la caisse sous le comptoir devant les clients… Tous les détails croustillants sont donnés afin que tous parents puissent se mettre à la place de leur fillette prise comme objet de plaisir par des adultes. Pour cela, le livre est intéressant : il développe les conséquences d’actes sexuels qui paraissent anodins aux violeurs, tout à leurs désirs pervers. Pénétrée par le doigt et le sexe dans la bouche, le vagin et l’anus, la fillette (en âge du mariage selon le Coran) en est brisée à vie, frigide et suicidaire, entraînant ses enfants avec elle.

Son témoignage tient plus du roman à la Zola écrit par un Musso pour la collection Harlequin que d’un véritable « récit autobiographique » car tous les noms et prénoms de personnes et les noms de lieux ont été changés. De plus, en 1980, Kathya déclare que son ami Luc « est mort du sida » or, si la maladie existait, personne n’avait encore fait le lien avec un nouveau virus et le terme « sida » en 1982 n’existait pas encore. Le sigle AIDS n’est en usage aux Etats-Unis qu’à l’été 1982 et le terme français « SIDA » ne sera en vigueur que l’année suivante, écrit sans majuscule depuis la fin des années 1980. L’histoire est donc « arrangée » comme on le dit d’un rhum, la vérité « alternative » reconstituée comptant seule pour la mémoire.

Cela dit, car il ne faut pas être dupe, ce livre se lit bien. Le retour à la ligne presque à chaque phrase donne un ton haletant et les péripéties s’enchaînent sans temps mort, à croire que la vie entière de Muriel n’a jamais été un long fleuve tranquille mais un torrent agité. Des amis « très chers » disparaissent on ne sait comment, tel Karim le confident, dont on n’entend plus parler sans aucune raison. Mais oui, la destruction de soi va jusque-là. Les incidents des colonies de vacances que Kathya et sa clique dirigent sont cocasses. Il semble que la directrice s’occupe plus des enfants qui ne sont pas les siens que de ceux dont elle est mère. Cyclothymique, alternant autoritarisme et lâcheté, intolérance et amnésies, adonnée aux somnifères et parfois à l’alcool, elle présente un bien piètre exemple pour des enfants qui demandent avant tout stabilité et attention personnelle. Cela explique la rébellion adolescente, la rupture dès la majorité pour les garçons et pour les filles, réflexes de santé car l’égoïsme est parfois la seule façon de se préserver d’un parent toxique. Ce que Muriel n’a jamais réussi à faire, bondissant d’un bout de l’Europe à l’autre pour être « au chevet » de tout malade de la famille, comme pour se racheter.

« Kathya de Brinon » a enseigné sous son vrai nom le droit en lycée après avoir été hôtesse de l’air ; elle est devenue journaliste dans la presse électronique, créant une revue bilangue avant la faillite due au virage numérique. Elle a coulé la société de cosmétiques héritée de son père par naïveté et « bons salaires » versés à la famille, tandis que les coûts de production n’ont pas été maîtrisés. Elle vient de créer l’association SOS Violenfance pour laquelle ce « témoignage » est écrit. Les pédocriminels doivent être prévenus, écartés et soignés. La vie entière des enfants tient à cela. Sans hystérie mais sans concession.

Kathya de Brinon, La femme aux cicatrices – Survivante de l’inceste, « récit autobiographique », éditions Maïa, 2019, 317 pages, 24€

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

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Un siècle de bains de mer

Se baigner a toujours été une tentation, mais pas toujours un plaisir. Ce n’est que l’hédonisme post-68 qui en a fait un bonheur d’été, un art de vivre décorseté. Longtemps, en effet, l’eau était hostile. Les marins ne savaient pas nager et les mamans craignaient par-dessus tout le coup de froid, puis les microbes. Ce pourquoi on se baigne habillé en 1900, surtout aux Etats-Unis puritains.

A Brest en 1910, le « bain de mer » a déjà des vertus prophylactiques et est même considéré, les jours de soleil voilé, comme médical. Le torse se dénude un peu, mais pas trop, juste pour prendre sa dose de vitamine D.

Mais la « Grande » guerre survint, qui fit se replier sur soi les corps et la morale. Retour à l’habillé pour se tremper dans l’eau en 1918 – même si les vêtements mouillés refroidissent nettement plus que la peau nue, dès que l’on sort de l’élément liquide ! Le catholicisme aimait assez ce qu’on allait plus tard appeler, chez les « autres », le burkini.

En 1930, les épaules se dénudent aux Etats-Unis avec le débardeur de bain, mais pas question de montrer le moindre « nibble ». Le pointu téton masculin apparaît aussi pornographique que le lourd mamelon féminin.

Pourtant, les années folles en Europe remettent au goût du jour le sauvage et le naturel. Des filles de la haute osent se baigner nues dans les criques reculées en 1930. Elles s’encanaillent : en effet, seuls les jeunes garçons du peuple se baignaient nus sans vergogne ces années-là.

Dès 1940, les congés payés réhabilitent le populaire et ses mœurs – plus libres que celles des bourgeois collet monté. Le torse nu camping s’affiche sur les plages, au grand dam des poitrines creuses au pouvoir, pour qui ce laisser-aller vestimentaire « explique » la défaite – alors que les jeunes Allemands vainqueurs exhibent volontiers leurs pectoraux virils. Molière avait hélas raison : « cachez ce sein que je ne saurais voir ! » : ce mantra des impuissants érige le déni en bonne conscience.

Les années 1950 sont celles du baby-boom ; les enfants font l’objet de toutes les attentions tandis que les femmes commencent à revendiquer une autonomie. Les préoccupations reviennent à la santé, au médical : du soleil sur la peau pas trop, pas de bain froid durant trois heures au moins après avoir mangé – même une brioche ! De même communiait-on à jeun : il ne fallait pas mêler le Corps divin aux vulgaires nourritures terrestres. Le slip existe, mais le maillot de bain à bretelles (parfois en laine !) fait fureur. En une pièce pour les filles.

La grande révolte des mœurs à la fin des années 60 fait sauter tout ce carcan. « Laissez craquer vos gaines », conseillait Gide en début de siècle ; il a fallu attendre deux générations. Par refus de la société de consommation qui pousse à s’habiller même pour se baigner, par mépris de la morale sociale qui pousse au conformisme pour se faire bien voir et à se contraindre par discipline d’usine, l’àpoilisme fait des relations peau contre peau le nouveau mode d’être. Jusqu’à l’excès : on ne se dit plus bonjour, on couche d’abord avec.

En 1981, la gauche arrive au pouvoir, et avec elle le désir. Tout, tout de suite durera un an et demi avant que trois dévaluations du franc et une quasi faillite de la Banque de France n’obligent Président et idéologues « de gauche » à délaisser l’hédonisme pour la « rigueur ».

La discipline revient, mais plus individuelle que collective, plus narcissique que contrainte. Le culte des héros sportifs, la volonté de sculpter son corps, le féminisme qui remet en cause la prééminence du garçon, forcent à se muscler. La plage se prépare et les ados se comparent.

Si les garçons semblent plus sensibles à leur apparence que les filles, ces dernières ne sont pas en reste, affichant des hauts mini, moins pour afficher leur musculature que pour mettre en valeur leurs atouts plus ou moins gonflés. Comme quoi le « féminisme » est bien une idéologie : les filles ne veulent pas être « l’égal » des garçons, mais avoir les mêmes droits. A quand leur torse nu ?

Ces toutes dernières années, la frilosité américaine de l’attentat 2001 passe dans le moralisme des séries télé et contamine peu à peu les mœurs en Europe ; le rigorisme islamiste s’allie au renouveau disciplinaire catholique ; le tout est accentué par les attentats – et voilà qui pousse à se protéger de tout et de n’importe quoi. La plage est moins nue, le jean y fait son apparition, voire la salopette. Certains se baignent en tee-shirt – à cause des UV et du réchauffement climatique disent les peureux.

Demain, la combinaison de plongée intégrale sera peut-être exigée pour tous. Et les bédouins du burkinis pour une fois en avance sur l’Histoire.

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Théo Kosma, En attendant d’être grande 2

Woman doing gymnastics on beach

Woman doing gymnastics on beach

Chloé passe ses dix ans, enrichie d’expériences, de cajoleries et de sensations sur la peau. L’année de ses onze ans est la révélation. Clou du tome, elle ne sera distillée qu’après de longues approches, les préliminaires étant tout dans l’érotisme, même enfantin. Car Chloé n’est encore qu’une enfant et le lecteur ne doit pas s’attendre à des turpitudes telles qu’Anal+ a su déformer les esprits. Nous ne sommes pas dans la pornographie, mais dans la sensualité. Tout reste bien innocent, à onze ans. « J’adore poser tout mon corps nu partout. Herbe, terre… c’est tout le plaisir » p.82.

Elle s’effeuille doucement couche par couche devant sa fenêtre le soir, sachant que son copain voisin Julius la regarde en secret. Mais ce cadeau ingénu cessera brusquement, le jour où il invitera des copains. Avec ses amies, elle participe à des soirées pyjama où l’on se met à l’aise, voire toutes nues, pour cancaner sur ses semblables et pouffer à des mots interdits. Rien de tel que les potins pour jauger ce qui se fait ou non. Par exemple : « Sur la plage hier, j’ai vu des cruches de vingt à vingt-cinq ans qu’on avait trop regardées, trop admirées au cours de leur vie. Elles ont fini par croire qu’elles étaient des filles géniales et du coup ne font plus bosser leur tête, se contentant de prendre soin de leurs corps. Chacun de leurs gestes, chacune de leurs paroles trahissent cela. Elles en sont réduites à glousser et à avoir des réflexions pas plus évoluées que celles des filles de ma classe. Voilà ce qui arrive lorsqu’on séduit trop facilement autrui. Une fois sur cette pente glissante, on n’en finit plus de sombrer. Rapidement le corps et la superficialité deviennent tout. Le physique devient un passeport pour l’ascension sociale, le logement et le travail, que ce soit en couchant ou en faisant des pirouettes » p.30.

Mais ce n’est pas pour cela que les limites sont franchies. Chloé, du haut de ses onze ans délurés, répugne au pornographique anatomique des magazines, dont elle découvre quelques exemplaires dans la table de nuit de son père, lassé de sa mère et qui va divorcer. Elle n’est pas narcissique mais conviviale, elle ne s’emplit de jouissance que lorsqu’un autre a du plaisir. Sous la douche collective d’après sport, elle mate les autres filles et se fait mater, pour comparer. Vivre entièrement nu éviterait bien des perversions, pense-t-elle. Et une copine de plage naturiste de lui conter comment elle a soigné ses deux cousins tout juste ado qui la mataient sous la douche : en vivant à poil devant eux toute la journée, jusqu’à ce que leurs regards en soient rassasiés.

De même ressent-elle le bonheur des autres par contagion. Ainsi de sa cousine Estelle, de quelques années plus grande, avec la religion. « Dieu nous a créé pour le plaisir » (p.35), dit l’adolescente qui connait plusieurs garçons, et Chloé, qui n’en connait pas encore, est séduite. Ce qui ne l’empêche pas de raisonner par elle-même : « En religion, quelque part, tout est un peu sexuel. Les gospels, le corps du Christ, les rapports troubles entre Dieu et Marie, entre le Christ et Marie-Madeleine, voire même entre le Christ et le Malin (le passage sur la tentation). Ceci dit dans la Bible, lorsque ça parle de baise, ça associe beaucoup cela au péché, au déluge, à la fin des temps. Sacré paradoxe » p.33. Ce qu’aime Estelle dans le catholicisme est l’harmonie, « ce ‘Aimez-vous les uns les autres’ si cher au Christ. Quand je couche c’est plus fort que moi, j’aime éperdument. Pas seulement le garçon à mes côtés, je m’aime aussi moi, les gens dans l’immeuble, ceux de la ville, de la région, du pays » p.35. Rien à voir avec « le tentateur ». Lui, « c’est autre chose. Lui il attrape en levrette et vous retourne dans tous les sens » p.38.

Intéressante approche baba cool du christianisme : « contrôler son corps et ses pulsions donne plus d’extase que se jeter dans le plumard de n’importe qui » p.86. Pas faux ! Sauf que ni les évêques ni le Pape n’enseignent cette simplicité biblique, et qu’il faut retrouver les écrits païens des Grecs pour cette philosophie de nature.

Enfin, « ce fut l’année de mes onze ans qui fut déterminante dans mon apprentissage à la sensualité » – nous sommes à la page 56. Divorce des parents, garde alternée, entrée en sixième, vacances en liberté. Chloé connait grâce à sa tante un peu hippie la sensualité d’une robe portée à même la peau, le vent s’infiltrant sous la jupe pour flatter le duvet, les tétons pointant déjà sous le fin tissu. Quand les garçons ouvrent leur chemise, les filles portent plus haut leur jupe.

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A la plage avec sa mère, alors que celle-ci la laisse seule pour draguer, elle s’installe sur le sable et se déshabille au maximum. « Tout ce qui compte c’est pouvoir profiter du soleil, du sable et de l’eau de toute ma peau ». Elle ne tarde pas à faire des adeptes et lie connaissance avec une fille de son âge. Sandrine est naturiste, et elle va faire avec elle un « apprentissage pas sage » dès la page 99. Rien de torride mais quand même ; une jupe sans culotte est bien pratique pour effleurer le bouton avant d’explorer la caverne. Mais pour cela il faut « ressentir », ce qui signifie cajoler autant la peau que le cœur.

« Qu’en conclure ? Qu’on avait le droit à des expériences entre filles tout en aimant les garçons. Qu’il est compliqué d’être concentré sur le plaisir de l’autre en s’occupant de soi-même. Qu’une expérience avec son prochain valait cent expériences avec soi-même » p.113.

Quant au reste, à propos de Carl, le copain de sa mère, « il me suffisait d’un rien… lui tenir la main dans la rue en jupe, un petit coup de vent passant entre mes jambes et j’en ressentais de ces frissons ! Ou encore un petit câlin du soir sur ses genoux, revêtue d’une simple nuisette et m’arrangeant pour que le doux tissu remonte innocemment le plus possible vers le haut de mes cuisses. Ou lui murmurer une phrase anodine au creux de l’oreille. Ou faire semblant de me bagarrer avec lui. Ou lui demander quelques chatouilles. Toute une tripotée de petites astuces qui me mettaient immanquablement dans tous mes états, mélange de candeur et de dépravation si cher à mon enfance » p.138.

L’enfance est innocente et sensuelle. Est-elle perverse comme le dit Freud ? Oui, mais polymorphe, ajoute-t-il, ce qui nuance. Rien de morbide ni de déviant, une sensualité à fleur de peau, une sensibilité au ras du cœur, une attention au bord de la raison. Car tout est au présent pour une petite fille qui grandit, tout est nature et sensations. A ne pas juger du haut de la sécheresse des gens mûrs, surtout ceux d’aujourd’hui, névrosés d’être passés à côté de la liberté, faute d’avoir su être responsables.

« Ceux qui s’imaginent les seventies et le début des eighties comme une partouze géante avec fumette à tous les étages se trompent » – dit l’auteur. « Oui, il est vrai que chez les adultes, en certains milieux on faisait facilement l’amour… mais à la bonne franquette, sans perversité. À la maison les enfants ne faisaient pas la loi, davantage de sport et d’air frais, et la nuit les rues étaient assez sûres. Bref, nos caboches fonctionnaient mieux, pas perturbées par les SMS, profils Facebook et jeux vidéo. C’est ainsi et c’est tant mieux, et c’est surtout tant pis pour aujourd’hui » p.89.

Un tome plus mûr que le premier, la fillette grandit et devient plus réelle. Contrairement au tome premier, où elle manquait, l’histoire compte moins que les expériences des sensations dans ce tome second. Cette suite d’anecdotes fondées sur le corps, les éléments, les autres, le plaisir qu’on donne et celui qu’on ressent, est en soi toute une histoire. La sagesse d’une très jeune fille pas « sage » au sens rassis des bourgeois culs bénis intéressera tous ceux qui aiment les êtres.

Théo Kosma, En attendant d’être grande 2 – Éducation libre, 141 pages, autoédition Format Kindle, €2.99

Blog de l’auteur : www.plume-interdite.com

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