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24 Églises de Riga

L’église Saint-Jacques, où est venu le pape, est en restauration. Une messe se termine à l’intérieur en ce dimanche, et deux écrans permettent de suivre le prêtre donnant la communion dans le chœur. Nous entrons et ressortons avec discrétion.

Dans une rue, les maisons des Trois frères, appelées ainsi car elles sont côte à côte et de même style.

Nous déjeunons au restaurant Milnzis Kiploks – « à l’ail noir » – qui est très bon. Nous avons une soupe au chou-fleur et bouillon de poulet à la crème, du filet de poisson vapeur avec une purée verte de pommes de terre courgettes et salade, une meringue italienne sur un roulé de génoise.

La Doma est la cathédrale de Riga. Elle est luthérienne. La chaire est faible, les pierres tombaltes, mais il nous faut faire retour vers l’autel pour le concert d’orgue de 1880 par l’organiste Aigars Reinis qui interprète le prélude en mi mineur BWV 548 de Bach, puis le prélude chorale BWV 639, l’idylle du monastère d’Alfred Kalnins (que j’ai beaucoup aimé), enfin de Charles–Marie Widor, compositeur pour orgue français du début du XXe siècle, le final de sa sixième symphonie pour orgue. Reinis est le directeur de la musique de la cathédrale de Riga. Il a été pendant des années choriste et soliste avec le chœur de la radio lettone et membre de la Scola Cantorum de Riga. Il a reçu en 2019 le Grand prix de musique lettone pour l’ensemble de son œuvre. Nous avons beaucoup apprécié cet intermède musical qui nous changeait des musées et des vieilles pierres. Un jeune homme blond aux traits nordiques accusés, mais beau, assistait tout seul sur un banc au concert. Parmi les touristes, à part nous, seulement quelques Asiatiques.

Sur les vitraux subsistants de la cathédrale, l’homme en noir est le roi de Suède. Il possédait une armée faible en nombre mais puissante. On n’y voit la croix de fer allemande créée en 1813 pour récompenser les soldats contre Napoléon. Son origine est la croix des Teutoniques.

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23 Vieux Riga suite

Une balançoire en bois fait s’envoyer en l’air les très jeunes filles ; elle permet de faire voler leurs jupes et d’engouffrer de l’air qui titille leurs sens.

Une pierre appelée « tête de Liiv » trône, massive et virile, sur la pelouse à côté. L’original est au musée de l’histoire de Riga et de la navigation.

Riga est « la ville des chats noirs ». La maison art nouveau a des chats noirs sur ses tours d’angle. Le propriétaire, le riche marchand Strauman, s’était vu refuser au vote l’appartenance à la Guilde. En bâtissant sa demeure, il a tourné exprès les culs des chats vers le bâtiment de la Guilde. Cela a fait scandale et, cinq ans après, il a été élu – il a fait retourner les chats. Il s’agissait de la petite Guilde des marchands allemands de 1860.

Il existe une rue Richard Wagner. Le musicien a composé à Riga. Sa fille appelait Hitler « Wolfie », ce qui l’agaçait prodigieusement ; il a pris ses distances et j’aurais fait de même.

Devant le Parlement (une seule chambre, 115 députés), une pyramide en béton est gravée des noms des résistants tués lors des émeutes pour l’indépendance à l’été 1991. Gorbatchev n’a pas voulu signer l’ordre d’engagement de l’armée pour éviter trop de morts et seule la police politique soviétique est intervenue.

Trois maisons accolées sont appelées « les trois frères ». Elles se ressemblent.

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22 Vieux Riga

Sous les arcades d’un bâtiment qui borde la place du Conseil sont exposées des photos sur le Holodomor ukrainien. Staline, qui a organisé la Grande famine qui a fait entre 4 et 8 millions de morts, en prend pour son grade.

Riga revendique avoir érigé le premier sapin de Noël public, tout comme elle aurait créé la première fabrique de vélos de l’empire russe à la fin du XIXe siècle, ou encore d’avoir été juste après Paris a projeter les premiers films des frères Lumière.

Le point zéro de la ville est figuré par l’épée de la statue de Roland au centre de la place. Une clé de la ville a été forgée après 1991 par 52 000 clés offertes par les habitants, les clés de ville précédente ayant été détruites par le pouvoir soviétique ou le pouvoir nazi.

La maison des Têtes noires est construite de briques et de statues. Sous le patronage de Saint-Maurice, la confrérie des Têtes noires a été fondée pour discipliner les adolescents de 15 à 18 ans des marchands de la Hanse. Ils effectuaient des tâches de surveillance, de pompiers, de secouristes, etc.

Nous goûtons la liqueur Balzam noire au goût pharmaceutique. Dans sa composition entrent 25 plantes dont le dosage et le nom sont tenus secrets. C’est une sorte de Fernet Branca ou de Génépi. La liqueur fait des larmes sur le verre, elle est épaisse, au goût de réglisse. Il en existe une variété au cassis qui est plus buvable. Ce breuvage a été mis au point au XVIIIe siècle par Abraham Kunze, apothicaire.

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21 Marché de Riga

C’est dimanche, il fait plus froid, 4° ce matin. Les jeunes apprennent ce matin qu’ils ont perdu leur match de basket hier et qu’ils ne jouent pas aujourd’hui. Ils sont patauds, certains plus mûrs que d’autres montés en graine, émouvants. Encore endormis, ils étirent leur corps comme des félins. Mais il se transforme en vautour pour le petit-déjeuner, se ruent sur le buffet, dans le style collectif pousse-toi de là que je prenne. Leur prénom est imprimé au dos de leur survêtement rouge, lorsqu’ils le portent. Sinon, leur T-shirt bleu ciel est sans inscription.

De l’hôtel, sort une fille au pantalon de cuir moulant beige. Une mode typiquement post–soviétique, à l’extrême pointe de la tendance.

Nous prenons un bus pour la ville. Nous faisons un arrêt devant l’Académie des sciences, missile du savoir soviétique offert par Staline et terminé en 1954.

Dans le marché central, des bidons de sève de bouleau qui est parait-il bonne pour la santé depuis le Moyen-Âge, contre les calculs rénaux notamment. Elle est riche en minéraux, oligo-éléments et en vitamines, notamment les B. Le marché est établi dans les bâtiments des anciens zeppelins.

Il y a le pavillon des viandes, celui des légumes, épices et confiseries, celui de poisson avec le frais, le fumé et les conserves, celui des vêtements et des cuirs. Des boutiques de miel et de cire présentent des angelots à faire fondre : la tête, le torse, le ventre… terminez par les petons. C’est pédocriminel. Les fraises sont tchernobylesques, énormes ; elles n’ont guère de parfum.

Au-delà du pont appelé « la guitare de Vos », chef du parti communiste, en raison des câbles qui le tendent, se situe le bâtiment moderne de la Bibliothèque nationale.

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20 Musée privé Zuzeum

Nous avons obtenu une visite du musée privé Zuzeum. Le mécène est propriétaire de casinos et adore acheter aux enchères des collections en rapport avec le pays. Est présentée en ce moment une exposition de céramiques de Kouznetzov qui avait de nombreuses usines en Russie tsariste. La dernière fabrique à Riga a fermé en 1995 en raison du marasme économique et du goût qui a passé.

On trouve des décors petit-bourgeois pré-soviétiques dont une tasse dorée superbe, des portraits révolutionnaires militants comme Lénine, Staline et un jeune pionnier au foulard rouge.

Il y avait quelques objets d’art asiatique mais beaucoup d’acquisitions récentes en peinture.

Au dîner à l’hôtel, nous avons une salade grecque, une viande au goût de foie mais qui n’en est pas, avec des pommes de terre grillée de la salade de betteraves rouges, un biscuit au chocolat et à la crème.

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19 Centre Art nouveau de Riga

Le romantisme national est du 19e, l’art nouveau va en gros de 1880 à 1905, l’art décoratif est celui des années 20. Telles sont les bornes de notre périple artistique.

Nous arrivons au musée sur l’art nouveau dans une rue perpendiculaire à la rue Alberta, rue Strëlnieku. Un bâtiment construit par l’architecte Konstantins Peksens, à la façade aux bas-reliefs de plantes et d’animaux. Outre un escalier en colimaçon remarquable, il présente des intérieurs reconstitués avec des meubles, des vases, de la vaisselle, des horloges, des vitraux art nouveaux. La caissière a un chapeau fleuri Jugenstil. Tout est mouvement, courses, végétales, mythologie païenne. Autrement dit la vie.

À 9h30, il n’y avait personne dans les rues ; à 12h30, les rues sont pleines, des jeunes, des familles, des enfants. En ce samedi, il fait soleil est assez doux. C’est une autre ville.

Près de l’ambassade de Russie est tendue une grande photo de Poutine au sourire tête de mort.

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18 Riga centre-ville

Dans la rue est érigé un monument en bronze des Quatre musiciens de Brême. Il a été offert à la Lettonie par la Finlande. Il figure le conte de Grimm où le chien monte sur l’âne, le chat sur le chien et le coq sur le chat, tous bramant à l’unisson pour faire peur à l’ennemi. Sauf qu’ici, ils traversent une porte de fer. C’est un monument en hommage à l’indépendance de la Lettonie en 1991.

Une église en briques du XIIIe siècle des chevaliers Porte-glaive. Deux moines se sont faits enterrer vivants dans le mur lors de la restauration au XVe siècle. On leur passait de la nourriture par une fenêtre mais ils ne sortaient jamais, jusqu’à leur mort dédiée en sacrifice.

Au restaurant Province, une soupe de pommes de terre vermicelles et bouillon de viande, de la viande bouillie Stroganoff à la purée – plat national- puis un pain d’épice au coulis de fruits rouges en dessert. Pierre nous apprend que le plat le plus populaire ici, qui tient à l’estomac pour la journée, est la pomme de terre fourrée à la viande. Elle est appelée « zeppelin » en raison de sa rondeur et de son ampleur, outre qu’elle est arrosée de crème ! Prise seule, cette patate fourrée coûte 15€.

L’église de saint Pierre, protestante, est payante avec des « vitraux soviétiques » – autrement dit du simple verre blanc.

L’ambassade d’Italie est toute peinte de jaune. Une maison art nouveau a été achetée et restaurée par un Français. La rue Alberta présente des façades art nouveau de l’architecte Mikhail Eisenstein, le frère du cinéaste.

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17 Musée d’art de Riga

Histoire de Pierre : un humoriste russe expose que pour être ministre en Russie, il faut être con. Comment cela ? – C’est simple, quand j’ai téléphoné au Kremlin pour demander à devenir ministre il m’a été répondu : « t’es con ou quoi ? » Je n’avais manifestement pas le profil.

Nous prenons devant l’ambassade de France. Le monument à la liberté est surmonté d’une statue de la déesse Milda brandissant trois étoiles pour les trois provinces initiales de la république de 1918. Elles sont aujourd’hui quatre.

Nous passons la rivière qui servait de douves à la butte sur laquelle sont bâties les casernes suédoises. Le pignon supporte les blasons des districts. La tour poudrière date de 1312 avec des boulets de canon encore enfoncés dans ses murs.

Il y a une collection d’art asiatique dans ce musée, « India the land of tradition ». Après Garuda, une statue de Bouddha thaï. De la porcelaine Sacuma japonaise du début du XXe siècle, des porcelaines de Meissen. Et même une momie égyptienne et deux statues grecques, en plus d’une pièce d’argent érotique où deux guerriers thraces s’enfilent avec enthousiasme, corps nu mais casque sur la tête. Le barbu est actif, l’imberbe subit.

Le peintre Nicholas Roerich, mort en 1947, expose ses peintures sur le Tibet ; elles sont de toute beauté. Il a parfaitement rendu le côté aérien, lumineux, du ciel des hautes altitudes dont je me souviens, les sommets aiguisés des montagnes coupant le paysage comme des diamants bruts.

Il faisait partie du courant anthroposophe visant à relier Orient et Occident. Le peintre Nicholas Roerich était fils de tibétologue. Il a été à l’initiative du pacte Roerich en 1935, la Pax Cultura, sorte de Croix-Rouge de l’art et de la culture qui visait à protéger le patrimoine en cas de guerre. Il n’a jamais été respecté mais à induit une réflexion pour les objets d’art, destinée à sanctuariser le patrimoine menacé.

Des peintures de l’âge romantique nordique sont recueillies dans deux salles. Je note un paysage de rivière d’Upes Ainava de 1642.

Un autre paysage d’hiver de Ziemas Ainava sans date.

Une « révélation » sous forme d’Idole, autrement dit une belle femme nue d’Elks Atklasme de 1932.

Une petite maison au bord de la mer de Majina Pie Juras en 1964, entre autres.

Il y a même une copie en bronze du Baiser de Rodin, mais placé en contre-jour et fort mal éclairée. La muséologie ne semble pas le fort du musée, il y a des reflets sur tous les tableaux !

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16 Jelcava

Un coup de bus pour Jelcava où Louis XVIII a séjourné dans le château de son exil jusqu’en 1804. C’est aujourd’hui une université, il ne se visite pas. Sa façade est peinte en rouge framboise encadrée de blanc. C’est toujours Rastrelli qui l’a érigé. Un gamin pêcheur hante les roseaux de la rivière qui coule paresseusement ses eaux glauques ; je ne sais pas ce qu’il arrive à prendre.

Nous passons la frontière de Lettonie, peu marquée avec aucun contrôle. Nous rallions Riga et l’hôtel VEF, face à un bâtiment industriel soviétique désaffecté. L’hôtel est moderne, construit pour les JO de 1984. Il abrite souvent des équipes de jeunes venus disputer des matchs. Une bande de 14 ans en survêtement rouge surgit joyeusement, ils ont pris leur pique-nique sur la pelouse. Il s’agit d’une équipe de basket qui va disputer un match pour la coupe d’Europe le week-end.

Le petit-déjeuner est à huit heures. Deux adolescents polonais au teint de farine jouent au basket – sport national comme le foot en France. Ils affrontent Riga après-demain dimanche, si leur équipe passe la sélection. Celui à qui je pose la question me sourit, il parle un peu anglais. Il a 14 ans et ce réflexe enfantin de passer ses bras sous son T-shirt pour caresser son torse et se réchauffer la main. Il faut dire qu’il est en tee-shirt et est dans ses savates de réveil.

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3 Riga

Il fait gris, neigeux, froid. Peu d’habitants dans les rues en ce mardi d’avril et de rares enfants. Il y a peu de population dans le pays letton (moins de 2 millions d’habitants), une émigration forte en raison des bas salaires (moins 15% en 20 ans) et le taux de fécondité est devenu très bas (1.74 enfant par femme en âge de procréer). Les voitures roulent toutes en code parce qu’il fait brumeux. Le tropisme antisoviétique et pro-européen est clairement indiqué par l’appartenance à l’Union européenne, à l’euro, à Schengen et à l’Otan. Les couples qui reviennent de Paris avec nous dans l’avion sont vêtus à la mode occidentale un peu passée, de vestes de jean et de maillots de sport au sigle d’équipes américaines.

Sortant du musée, je vais voir la cathédrale orthodoxe rénovée. Elle abritait un planétarium à l’époque soviétique. Une statue de Lénine avait été érigée devant, le bras levé vers l’avenir radieux comme il se doit. Un photographe lituanien plein d’humour avait pris en photo cette statue devant l’église avec la croix dans la main de l’athée communiste, comme s’il la tenait (c’est devenu un même sur les blogs, avec n’importe quoi). Autant dire que le pouvoir a fait scier la croix de l’église aussitôt l’image publiée. Cela faisait partie des micro-résistances au pouvoir totalitaire.

Guita nous dit que cette façon d’envisager les choses subsiste encore aujourd’hui. Par exemple la ville de Riga a débaptisé quelque 200 m de rue où se trouve l’ambassade russe pour l’appeler « rue de l’indépendance de l’Ukraine ». Catholiques, luthériens et orthodoxes cohabitent sans heurt dans le pays, et quelques familles mixtes suivent deux cérémonies dans l’année, tels que Noël ou Pâques. C’est l’occasion d’avoir deux fois des cadeaux.

Une statue de granit du poète Rainis trône dans le parc devant la cathédrale. Plus loin, des vêtements défraîchis pendent aux arbres comme autant de loques en guirlande colorée ; ils appellent aux dons pour les réfugiés.

Nous revenons à l’aéroport pour nous embarquer vers Vilnius en Lituanie, à 20h05. L’avion est lui aussi en retard d’un quart d’heure : il est givré. Des machines spécialement équipées viennent l’arroser en bout de piste.

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2 Riga musée d’art national

Dès notre arrivée, nous prenons le bus pour le musée national des Beaux-arts de Lettonie, un bâtiment du XIXe siècle. Il présente surtout de la peinture locale, principalement du début du XXe siècle. Je vois de belles choses sur la nature, les hommes, les saisons, mais rien de mondial. Il s’agit d’une peinture traditionnelle et régionale, centré sur le pays. Guita, notre guide de la journée, est purement lettone de culture mais lituanienne de nationalité. Elle parle un français chantant un peu archaïque, très clair et plutôt précis. Elle vante la sensibilité à la nature des gens de son pays, capables de manifester contre la coupe des arbres plus que pour l’âge de la retraite. C’est une sensibilité « un peu païenne », dit-elle. Elle est issue de la culture des Vieux Prussiens avant les conquêtes teutoniques et polonaises des XIIe-XIVe siècle.

Un grand escalier s’ouvre pour accéder à l’étage. Ses vitres donnent sur le parc solitaire et glacé où trois ados en survêtement font du skate à grands raclements de planche. Ils ne sont pas très doués. Le hall du premier est orné de cartouches présentant les paysages du pays, dans le style Europe centrale de tradition.

Une belle femme de Johan Nepomuks Hibers en 1845 : elle est sereine en mauve pâle sur fond de vert. La nature, les bouleaux, les lacs gelés, la neige, sont chantés par Janis Roberts Tilbergs.

Les paysages de Mihaels Aleksandrs Mihelsons, peintre du plein 19ème, sont à la fois réalistes et romantisés. Julijs Feders, à la même époque, fait de même. Il présente la nature telle qu’il la voit et la célèbre en sa natureté.

Arturs Baumanis va jusqu’à en faire une Arcadie pour des humains au naturel, demi-nus, vivant en communauté sous l’égide d’un patriarche. Johans Walters fait se baigner des enfants nus en 1904. Janis Rozentals n’hésite pas, en 1901, à peindre des enfants jubilant, au printemps, le torse nu, le garçon de 12 ans comme la fille du même âge. Ils sont amis par la nature. Leur chair chante de joie au soleil renaissant ; ils sont le cosmos qui bouillonne, la sève qui monte, la vie qui s’élance.

Le même peintre expose une mère apaisée, tenant son bébé dans les bras en 1905.

J’aime aussi ce moulin pâteux, coloré, exacerbé, d’Uga Skulme en 1936. Une maison est au fond, un bois sur la gauche ; la forêt et le vent fournissent l’énergie aux hommes. Nikolajs Breikss, en 1936, chante la marqueterie des champs et des prés aux abord d’un village, la nature domptée, adaptée à l’humain par l’humain, havre de paix et de douce prospérité… qui va être bouleversé et ravagé par la guerre qui vient et qui est déjà prévisible en cette fin des années trente.

Le printemps de Vilhelms Purvitis n’en est que plus éclatant, explosant de pétales, la vie en fleurs en 1933 encore, le tragique du végétal exubérant.

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Henning Mankell, Les chiens de Riga

Second roman policier de la série Kurt Wallander par un auteur suédois décédé du cancer en 2015 à 67 ans, cet opus a toutes les caractéristiques de l’auteur et de son personnage : le pessimisme, la dépression, l’impression d’un monde qui se délite. C’est que la Suède, au début des années 1990, est encore cet État provincial, conservateur, content de son modèle social et de sa neutralité géopolitique. Elle n’est pas encore gangrenée d’immigrés musulmans qui importent leur djihad, ni menacée par son voisin impérialiste Poutine. Au fond, la Suède et les Suédois s’isolent du monde et sont contents d’eux.

Alors, lorsqu’un canot pneumatique s’échoue sur la côte avec deux cadavres à bord, c’est un événement. Surtout que les cadavres sont ceux d’hommes jeunes, vêtus richement et tués par balle après tortures. Le canot s’avère provenir d’une fabrication yougoslave, largement utilisée sur les cargos du bloc de l’Est. Ces hommes seraient donc venus des rivages prosoviétiques, peut-être des pays baltes où la contrebande fleurit avec la Suède.

L’URSS s’effondre en cette année 1991 et les pays satellites n’ont qu’une hâte, s’émanciper du « grand frère » soviétique. Bien avant la propagande mensongère de Poutine, qui accuse les autres de pratiquer les horreurs qu’il pratique avant eux, les pays baltes sont « comme des provinces coloniales » p.136. C’est dit en toutes lettres en 1991 dans le roman, et c’était dans les paroles de l’époque. Il n’y a que les aveuglés de l’idéologie extrémiste de droite, les intellos qui se prennent pour des historiens, comme Zemmour, pour « croire » le dictateur mongol, au mépris des faits historiques.

Wallender, chargé de l’enquête, se voit adjoindre rapidement un major venu de Riga en Lettonie, d’où les deux morts sont originaires. Enquête bouclée ? Pas si sûr. Il est appelé en Lettonie quelques jours après le rapatriement des corps et le départ du major Liepa pour compléments, sur la requête de Riga. Là, deux commandants de police lui apprennent que le major Liepa a été assassiné, ce qui pourrait avoir un lien avec ce qu’il avait découvert en Suède. Car c’est la pratique habituelle des services de force (KGB, police, armée) d’éliminer les gens qui dérangent.

Kurt Wallender ne sait pas trop ce qu’il fait là et comment il peut aider. Le major ne lui a dit que des généralités, mais il a compris que le régime soviétique, dans les pays baltes comme dans tout l’empire, était une alliance étroite des services de force avec les mafias criminelles. Il y a longtemps que « l’Etat » n’est plus régi par le droit mais par le bon vouloir des parrains qui se tiennent et se surveillent mutuellement – et c’est plus que jamais le cas aujourd’hui, où l’idéologie communiste est passée dans les poubelles de l’Histoire. La Lettonie veut s’en émanciper, mais les Bérets noirs russes ont tiré sur la tour de télévision et le Parlement en janvier 1991, juste avant la chute de l’URSS, réprimant toute velléité d’indépendance. Une guerre sourde fait rage entre les pro et les anti soviétiques et le major Liepa a été pris entre les deux.

C’est ce que comprend laborieusement Wallender, trop provincial pour la géopolitique et trop dépressif pour l’histoire qui se fait. Le lecteur touche ainsi les limites du personnage, qui deviendra plus allant dans les enquêtes suivantes. Mais là, tout est gris : le ciel, l’atmosphère, les gens, le régime, la Scanie même. Son père ne sait pas pourquoi Kurt a voulu devenir flic et le lui reproche sans cesse, tout comme il peint obsessionnellement le même paysage suédois avec coucher de soleil, avec parfois un coq de bruyère dans un coin. Son chef Björk chercher toujours à se couvrir, son adjoint Martinsson toujours à agir. Wallender boit trop de café, supporte de plus en plus mal les cuites, s’entend encore moins avec sa fille partie à Stockholm, et se demande s’il ne devrait pas démissionner pour prendre le poste de chef de la sécurité dans une boite provinciale.

Mais la résistance de groupes lettons l’entraîne malgré lui. Il veut savoir ce qui est arrivé au major Liepa ; la femme du major lui donne des rendez-vous secrets dans une Riga grise, où il doit semer ses surveillants. Un document dans lequel le major résumait ses enquêtes sur la mafia et les services doit bien être caché quelque part, il faut le trouver. D’autant que Wallender cherche moins à savoir qu’il ne tombe amoureux de l’épouse, Baiba Liepa.

Malgré l’atmosphère crépusculaire du héros, des personnages, et l’ambiance de fin du monde soviétique, il y a quelques séquences d’action assez prenantes, entrecoupées de séances de réflexions intéressantes. L’enquête progresse, tout se dévoile, non sans un ultime retournement.

Henning Mankell, Les chiens de Riga (Undarna i Riga), 1992, Points policier Seuil 2004, 336 pages, €8,50, e-book Kindle €7,99, livre audio gratuit avec l’offre d’essai Audible

Les autres romans policiers d’Henning Mankell déjà chroniqués sur ce blog

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Restaurant de Riga

Nous nous installons, cinq filles et moi, dans un restaurant à l’écart de la place principale, le « 1739 ». Nous sommes en terrasse, devant les gens qui passent dans la rue dévolue surtout aux piétons.

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De nombreux touristes européens déambulent dans cet endroit chargé d’histoire et de pittoresque préservé par un demi-siècle de couvercle socialiste.

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Les terrasses sur la place sont bordées de parterre de fleurs. Tout est riant, voué au plaisir des sens et de la vie bourgeoise : boutiques, boissons, bouffe.

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La nourriture est banale, bien présentée sur l’assiette mais aux prix européens, sauf la bière aux 50 cl à 3€.

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Une voiture de police effectue une ronde à petite vitesse toute les heures, des musiciens ambulants jouent, quêtant des pièces.

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Au-dessus d’un toit, un chat fait le gros dos, pas girouette, comme s’il veillait sur les habitants.

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La jeunesse sort en tee-shirt bien que la température baisse à 18° en soirée. Les deux garçons nous rejoignent, ils sont allés se promener tout seul et ils nous quitteront avant le retour à l’aéroport pour quelqu’un à voir.

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Gens de Riga

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Il n’est pas possible en si peu de temps de connaître la population de Riga, ses quelques 640 000 habitants, sans compter les provinciaux montés à la capitale et les touristes qui viennent de tous les pays.

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Une vieille mendie, sa retraite collectiviste ne lui permettant probablement pas de vivre décemment dans le pays… Il ne faut jamais faire confiance au socialisme, toujours préoccupé de distribuer plutôt que de produire. Deux filles court vêtues, tout entière tournée vers la modernité à l’américaine, ne lui jettent même pas un regard : le socialisme est ringard et fait partie d’un passé que l’on ne veut plus voir.

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Un vieil homme nourrit les pigeons.

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Un couple d’amoureux s’est installé à l’écart, pour discuter.

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Nous sommes dans l’Europe paisible, libérale depuis que le soviétisme a failli. C’est l’été, le climat est doux bien plus qu’en hiver où l’on peut mesurer -34° parfois.

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Architecture de Riga

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Des bâtiments de pierre, des arches au-dessus de la rue, un pavement ordonné, montrent que Riga était une ville prospère – jadis, avant l’invasion soviétique – en raison du commerce portuaire sur la Baltique.

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Des atlantes, des blasons Modern style ou des statues de gloire comme à Vienne décorent les entrées ou les balcons.

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La ville laisse une impression médiévale, comme à Nuremberg. L’on imagine le confort des demeures en hiver, par le froid humide venu de la Baltique. Les filles à poil tenant une couronne réchauffent déjà les reins.

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Le pays se réveille, désormais bien loin du socialisme, malgré les maux des affairistes.

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Riga au premier abord

Nous prenons un bus collectif pour le centre-ville qui n’est qu’à 20 mn. Nous entrons dans le soviétisme germanique avec quelques façades art nouveau qui rappellent Vienne.

Lettonie Riga (12)

Saint-Pierre est une basilique luthérienne au décor intérieur réduit.

Lettonie Riga st pierre

La nef est un vaisseau aux nervures doublées de bois en forme de carène renversée. La saison attire de nombreux touristes, scandinaves, européens, russes.

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Les rues anciennes sont peuplées de boutiques de vêtements, de boites de nuit et de restaurants. La nourriture italienne est à l’honneur, rayon de soleil et parfum d’Europe libre dans ce pays souvent gris resté longtemps sous le joug socialiste.

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De grosses voitures noires, Mercedes ou 4×4 japonaises, rappellent que la mafia lettone a mis la main sur l’économie souterraine, soutenue par la diaspora américaine. On me dit qu’on ne peut pas faire d’affaires en Lettonie sans être contrôlé par les parrains américains.

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Riga en Lettonie

L’avion de la compagnie Air Baltic va se poser à Riga, capitale de la Lettonie, siège de la compagnie et hub pour l’international. De là on peut joindre à bas coûts Moscou, Kiev, Vilnius, Erevan, et jusqu’à Tel Aviv.

L’avion au départ de Paris est mélangé : Lettons aux gamins blonds fluets, Juifs rejoignant Israël par la voie détournée, Russes transitant par la Baltique pour y faire quelques emplettes, Arméniens retournant au pays pour les vacances…

lettonie carte

De faux jumeaux blonds de deux ans font la queue avec leurs parents en poussette. La petite fille est éveillée et me regarde avec ses grands yeux tandis que le garçon dort. Dans l’avion, ce sera le petit mâle qui fera les quatre cents coups tandis que sa doublure restera plus sage. Les deux courent dans la travée centrale, ou hurlent quand il faut rester assis. Selon une fille qui a parlé en anglais avec les parents, ce sont les enfants braillards et hyperactifs du consul de Lettonie à New York. Ils sont déjà trilingues, letton, russe et anglais. Ils gênent les passagers, mais ce sont des enfants. Et le vol ne dure que trois heures.

lettonie vue du ciel

Les environs de Riga, survolé par le Boeing 737-500, montrent une mosaïque de champs avec chacun une construction, puis des bois de conifères.

Des villas nordiques construites en bois jouxtent des « piscines » creusées à même la terre comme des étangs avec une passerelle usée à une extrémité. La pluie les remplit et renouvelle l’eau qui paraît vert sombre vue d’en haut. On ne distingue aucun personnage, ni dedans ni à côté. Il fait 20° en cet été letton.

Riga plan

La ville de Riga est très étendue, peu construite en hauteur sauf quelques immeubles d’époque soviétique.

Lettonie Riga

 

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