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Alain Dieckhoff, La nation dans tous ses Etats

L’auteur est Directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences-Po Paris. Il a d’abord étudié Israël et les Palestiniens, ces deux légitimités identitaires qui cherchent un Etat. Il a ensuite tout naturellement élargi ses recherches aux identités nationales en Belgique et en Italie, et cherché à analyser comment les sociétés modernes peuvent répondre aux exigences de pluralisme national.

Pour lui, en 2000, à l’aube du nouveau millénaire, l’Etat-nation a fait son temps et il faut inventer une nouvelle forme d’Etat démocratique multinational. S’il a raison sur l’effacement de l’Etat-nation, contesté à la fois par le haut dans la dilution dans des instances supra-étatiques du type Union européenne, OTAN, ONU, OMS, G7, par la mondialisation économique et culturelle de masse via le net – et par le bas via la décentralisation, la régionalisation, l’autonomie, – l’année 2020 prouve que ce n’est pas si simple. La « modernité » n’est pas à sens unique vers un progrès linéaire. Ce qui apparaissait comme une avancée il y a vingt ou trente ans montre ses défauts aujourd’hui : hors l’Etat-nation, qui se préoccupe de la santé des populations ? En cas de pandémie, c’est chacun pour soi. La région autonome est trop petite pour être viable économiquement et le supranational trop vaste pour être efficace partout au même moment – et les deux n’ont pas la même légitimité démocratique que l’Etat-nation.

Mais celui-ci n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui rend la réflexion de Dieckhoff encore d’actualité. La Chine, Etat totalitaire aux mains d’un parti unique, a montré de façon caricaturale durant la pandémie que c’est dans l’Etat central que ça se passe, pas dans les régions plus ou moins autonomes. Les Etats-Unis, à l’inverse, montrent que c’est dans les Etats fédérés que l’essentiel se passe, et non pas au centre où règne un clown vantard qui s’improvise médecin et préconise d’injecter directement de l’eau de javel dans les poumons des infectés après les avoir exposés tout nu au soleil.

L’ouvrage est en deux parties : L’appel du nationalisme pour comprendre les ressorts sociaux et culturels de l’aspiration à être soi dans sa propre culture ; et La multinationalité, un défi pour l’Etat, au travers des expériences de cohabitations pluralistes des Etats impériaux, nationaux, jacobins.

Les libéraux peuvent laisser-être les identités tout en conservant un Etat régulateur et arbitre, mais cela ne suffit pas. Les républicains se concentrent sur « les valeurs » rationnelles qui font sens commun, laissant les identités religieuses, culturelles et linguistiques au privé. Les multiculturels prônent un naïf « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », sans prendre en compte les exaspérations populaires contre les mœurs venues d’ailleurs qui veulent s’imposer dans certains quartiers ni la volonté de certaines religions de rompre avec la société. Les nationalistes, sur l’autre bord, sont tout aussi naïfs : le Pakistan montre que fonder une nation exclusivement sur l’islam, en niant les langues, les ethnies et les cultures, est illusoire (p.268) ; la Yougoslavie et l’URSS sur la religion communiste internationaliste, étaient du même type : ça n’a pas marché.

Mais tout d’abord, le nationalisme s’exacerbe de la mondialisation. Plus l’on se ressemble par le niveau de vie, les flux économiques, la culture-monde et les droits de l’homme, plus l’on a envie de se distinguer. Plus l’espace est réduit par les techniques de communication véhiculées par le capitalisme global, plus les lieux de vie de proximité et le « vivre ensemble » prennent de l’importance ; le confinement l’a montré un peu plus. L’identité résiste, n’en déplaise aux utopistes de la République universelle ; comprendre pourquoi et comment est l’objet de cette étude.

Les sociétés humaines se définissent par une diversité optimale au-delà de laquelle elles ne peuvent aller et en même temps en-deçà de laquelle elles ne peuvent descendre. C’est toute la dialectique de l’autre et du semblable, des relations indispensables sans s’annihiler, d’accueillir l’autre et le différent sans oublier d’être soi. Dans l’histoire, des cultures s’éteignent et d’autres apparaissent, la plupart se transforment. Une « identité » n’est pas figée mais référence évolutive. La diversité est au cœur de l’humain mais la relation aussi. D’où la balance entre les deux et l’équilibre à trouver.

Si la culture « originelle » pure est un fantasme (les Aryens, la négritude, le Yamato), la mobilisation identitaire encourage à se définir par rapport au dominant et donne une dignité nouvelle au dominé. Ce pourquoi la revendication « identitaire » vient le plus souvent du peuple et non des élites, même si celles-ci peuvent l’utiliser à des fins politiques : l’autonomie corse ou l’indépendance catalane offrent des postes nouveaux à cette élite ; en Belgique par exemple, le clivage linguistique flamand / wallon recouvrait un écart social qui ne permettait pas un accès égal au centre du pouvoir. Dans l’histoire, la traduction de la Bible en allemand populaire par Luther puis les poètes romantiques ont donné à l’élite un sentiment national via la culture, tandis que les mouvements anticoloniaux sont partis de l’élite dominée qui aspirait à l’indépendance pour prendre le pouvoir. « L’ethno-régionalisme des années 1960 emprunte d’ailleurs dans un effet de mimétisme évident ses méthodes et son vocabulaire aux mouvements de libération du tiers-monde » p.105. Mais en Italie, la Ligue du nord ne réclame une sécession que pour mieux réformer l’Etat central dans le sens d’un plus grand fédéralisme, pas pour le faire éclater. L’exemple du Québec le prouve : autonomie oui, sécession non – le coût économique, social et diplomatique serait trop grand. Macron a raison quand il déclare que l’Europe peut plus que la petite nation France dans les luttes du monde ; ce n’est pas nier l’identité française mais l’intégrer dans un ensemble culturel, économique et géopolitique plus vaste, aux valeurs communes fondées sur le droit, la démocratie et la solidarité.

L’intégration républicaine continue de fonctionner en France, malgré les Cassandre ; en témoigne l’usage du français, les mariages non traditionnels, les unions mixtes, l’aménagement des comportements religieux, les pratiques sociales à la française – seules exceptions : une minorité turque tenue par l’islamo-fascisme d’Ankara et les illuminés de Daech séduits par l’utopie. Mais le modèle républicain droit s’adapter à la multiculture.

L’auteur introduit ici une distinction utile entre les différents sens du mot : le multiculturel peut renvoyer au constat de la coexistence de cultures diverses à l’intérieur d’un même Etat ; il peut faire référence aux politiques publiques destinées à gérer cette diversité ; il peut enfin être une véritable idéologie de la promotion active des différences. C’est ce dernier sens qui fait problème. Contrer cette foi utopique et naïve est la première étape indispensable pour tolérer la diversité sans en faire une angoisse de Grand remplacement ! Si l’on ne barre pas la route au multiculturalisme ainsi conçu, la voie est ouverte aux extrémismes, qui peut s’exacerber en guerre civile (quelques-uns l’appellent, pour rejouer à l’envers la guerre d’Algérie). Les identités complémentaires sont en revanche fort possibles – elles existent déjà sans être formelles. Parler basque, corse ou alsacien ne remet pas en cause le sentiment d’être français, ni celui d’être européen. Il suffit d’aller à l’étranger pour le constater.

Il faut encore distinguer polyethnicité et multinationalité. Les migrations successives rendent les Etats polyethniques, sur le modèle américain ; la multinationalité est historique, rassemblant des communautés à culture propre dans le même Etat (Kurdes en Turquie et Irak, Arabes en Israël, Russes en Estonie…). Il est nécessaire de trouver des façons de fonctionner appropriées. L’auteur étudie la consociation suisse réussie, le fédéralisme canadien ou espagnol contrasté, et l’éternelle tentation sécessionniste (Irlande, Ecosse, Padanie). Cette seconde partie est la plus bavarde et se perd parfois dans les détails, sans vue d’ensemble claire. Il semble que le fédéralisme soit la meilleure formule – à condition que les clivages sociaux soient multiples et croisés comme en Suisse. Il exige pour cela le compromis libéral démocratique et surtout pas le nationalisme à base ethnique ou religieuse.

« La pluralisation croissante des sociétés rend de plus en plus intenable le postulat qui veut qu’à un Etat corresponde une nation et une culture. Elle donne par contre une actualité nouvelle à l’Etat multinational qui, par nature, est fondé sur l’expression d’identifications multiples et se trouve en harmonie avec les aspirations des individus modernes à jouer simultanément sur plusieurs registres d’appartenance » p.287. A l’inverse, la Russie tsariste, qui a cherché à se comporter comme un Etat-nation alors qu’elle était un empire multinational, s’est effondrée.

Alain Dieckhoff, La nation dans tous ses Etats – Les identités nationales en mouvement, 2000, Champs Flammarion 2012, 355 pages, €9.00 e-book Kindle €8.99

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William Faulkner, Absalon, Absalon !

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Tout commence par une scène primitive : un « nègre-singe » d’une grande plantation de Virginie renvoie un gamin anglo-écossais de 14 ans, vêtu en tout et pout tout d’une salopette de coton bleu recoupée à sa taille et rapiécée, à la porte de derrière pour qu’il porte sa commission. Le gamin, devenu brusquement homme par cette injustice biblique (un fils de Cham rabrouant un fils de Japhet !), est Thomas Sutpen ; il décide de prendre désormais son destin en main, tout seul, puisque Dieu et son père ont failli.

Il quitte donc la cabane où végète son paternel ivrogne et ses sœurs mères sans mari, pour aller tenter fortune ailleurs. Aux îles occidentales il réussit, jusqu’à épouser la fille d’un planteur après une révolte d’esclaves où il a fait montre de sa bravoure. Mais la fille a une tare dissimulée : elle est un peu nègre. Il négocie alors la séparation et laisse la propriété et le fils issu de cette union pour n’emporter avec lui dans l’état du Mississippi qu’une vingtaine d’esclaves nègres qui travaillent nus. Il fait sensation lorsqu’il débarque dans la petite ville endormie du sud où il va s’établir, négociant cent milles carrés de terre aux Indiens pour y établir une plantation de coton. Il va choisir soigneusement une épouse, fille de pasteur méthodiste, en avoir deux enfants, un garçon Henry et une fille Judith, et engrosser accessoirement une négresse puis la fille de 15 ans d’un pauvre Blanc paludéen. Il a désormais réussi à bâtir sa vie – sa maison, son industrie et sa descendance – de ses propres mains, sans l’aide ni d’un Dieu injuste ni de sa famille incapable.

Cet orgueil, proprement démoniaque, va le perdre. « Il habitait cette solitude de mépris et de méfiance qu’apporte le succès à celui qui l’a conquis parce qu’il était fort au lieu d’être simplement chanceux » chap.4. Sutpen lâche la proie (la vie éternelle) pour l’ombre (le pouvoir ici-bas où prestige et loisir appartiennent à la caste des planteurs). Macho, paternaliste, pater familias tout-puissant, Sutpen supplante Dieu : « l’autre sexe est divisé en trois catégories distinctes séparées (pour deux d’entre elles) par un abîme que l’on ne peut franchir qu’une seule fois et dans une seule direction – les dames, les femmes et les femelles » chap.4. William Faulkner, né en 1897 dans l’État du Mississippi, appartient à ce genre de vieille famille aristocratique qui sera ruinée par la guerre de Sécession. Et c’est en effet la guerre, mais pas seulement, qui va miner le château de sable bâti par Sutpen par sa seule force morale. Car l’homme n’est pas tout seul, Satan le fait croire mais dérange l’ordre divin, ange déchu défiant le Dieu unique. Tout dépend de Jéhovah ou du Destin, selon que l’on croit ou non, en tout cas de forces qui dépassent la maîtrise humaine. L’intelligence est de faire avec et de naviguer par tous les temps, pas de passer en force. En 1910, lorsqu’est raconté l’histoire, les grands-pères sont vaincus et les fils de Cham libérés, les plantations remplacées par l’industrie et l’égalité du nord a submergé l’aristocratie du sud.

torse nu salopette

Pire, le nord et sa mentalité ont gagné : « les principes d’honneur, de bienséance et de savoir-vivre appliqués à l’instinct humain parfaitement normal que vous autres Anglo-Saxons vous obstinez à nommer concupiscence (…) la perte de ce que vous appelez la grâce entourée d’une nuée obscure de paroles blasphématoires d’atténuation et d’explication, le retour à la grâce proclamé par les hurlements expiatoires d’un rassasiement d’humilité et de flagellation, dans ni l’un ni l’autre desquels – le blasphème ou l’expiation – le ciel ne peut trouver d’intérêt ni même, après les deux ou trois premières fois, de divertissement » chap.4. Le puritanisme, voilà l’ennemi ! « Il croyait au malheur à cause de cette éducation rigoriste, ardue et poussiéreuse d’eunuque qui enseignait que l’homme doit abandonner sa chance et ses joies à Dieu » chap.8.

Absalom (dont on ne prononce pas le m, d’où l’écriture en -on), est dans l’Ancien testament le troisième fils de David. Audacieux mais gâté par l’ambition, il tue son demi-frère Amnon, épris de la sœur d’Absalom Tamar qu’il a violée. Entrainé par l’orgueil de ce premier succès, il complote contre le roi son père mais est vaincu. Dans sa fuite, son opulente chevelure dont il est si fier (signe de virilité dans la Bible), se prend aux branches d’un térébinthe sauvage ; il est rattrapé et tué, malgré les ordres de David. Dieu a puni l’orgueil, malgré le père, son héros préféré. Absalom a eu des filles mais pas de fils, au grand dam de sa virilité irrésistible. Faulkner reprend ce schéma implacable du Dieu vengeur, jaloux paranoïaque, pour interpréter la situation faite au sud sécessionniste.

Car il y a pour lui une malédiction du sud, une punition jéhovesque par les élus puritains du nord sortis du Mayflower par la décadence due au péché originel de l’esclavage, importé des mœurs françaises aristocratiques. « Elle avait vu tout presque tout ce qu’elle avait appris à considérer comme stable se disperser comme des brins de paille dans une tempête » chap.6. Sécession ratée, plantations ruinées, nègres émancipés et – le pire – mélange ethnique insupportable du à la concupiscence sexuelle, dégénérescence raciale qui fait régresser auprès de Dieu, lui qui a clairement distingué dans la descendance de Noé ses fils Sem, Cham et Japhet. Le second, s’étant moqué de son père qui montrait à nu son sexe dans son ivresse, s’est vu maudit par lui et rendu esclave de ses frères, Sem le sémite élu du Dieu jaloux et Japhet dont sont issus les autres Blancs, domine Cham, l’ancêtre des Noirs.

Au-delà du suicide de la société sécessionniste, l’un des thèmes du roman est donc le racisme de la société du sud. Sutpen en est exempt, qui travaille nu avec ses nègres et ne les bat jamais, sauf à la loyale, ce qui révulse et fait vomir son fils quand il le voit, à 14 ans. En cause, l’intégrisme mortifère de l’Ancien testament, l’interprétation puritaine de la Bible qui oublie les Évangiles. Mais un autre thème en est l’orgueil comptable, lui aussi ancré dans la mentalité américaine comme en témoigne le récent krach des subprimes.

Sutpen a voulu se faire tout seul, il croit que l’humain se calcule et que cette comptabilité doit livrer son bénéfice si les efforts ont été suffisants, niant la liberté humaine. Il a répudié sa première femme non pour sa part nègre mais parce que le statut social inférieur que lui confère ce mensonge plus ou moins su ne sert pas ses desseins calculateurs d’ambition sociale ; celle-ci s’est vengée en lançant leur fils Charles à l’assaut de sa demi-sœur Judith, pour la séduire et commettre l’inceste ; Charles le nonchalant n’aime pas cette fille et attend surtout que son père biologique Thomas le reconnaisse ; mais il n’en est rien, Sutpen laisse faire, et la séduction que Charles exerce sur son demi-frère Henry signe sa perte car il n’est rien de pire qu’un amour déçu. « Peut-être, dans son fatalisme, était-ce Henry qu’il aimait le plus des deux, ne voyant peut-être dans la sœur que le double, le vase féminin au moyen de quoi consommer l’amour dont le jeune homme était le véritable objet » chap.4. Caïn va se venger d’Abel dans l’absence du Père, vouant Judith à la stérilité et poussant Sutpen à vouloir un autre fils avec la fille de 15 ans de son métayer – qui va le tuer. Ne restera de toute cette descendance stérile qu’un nègre idiot, engendré par Sutpen avec une esclave. Ô dérision… « Alors c’est le mélange de races, ce n’est pas l’inceste que tu ne peux tolérer » dit Charles à Henry chap.8. Métis, quarterons, octavons et même seizièmes sont insupportables à la « pureté » puritaine, à cette croyance d’être « élu » par Dieu après la déchéance des fils de Sem, élus de l’Ancien, qui ont crucifié Dieu en la personne du Christ. Sutpen s’est battu non seulement contre Dieu mais aussi contre la société, faisant des êtres ses pions. C’est de tout cela qu’il pâtit.

Comme trop souvent chez Faulkner, le roman commence trépidant avant de se perdre en marécages, puis de retrouver un rythme sur la fin. Absalon n’y échappe pas, signe d’un processus d’écriture difficile avec narrateurs-relais. Le trop lourd chapitre 5 aligne de façon incantatoire des phrases à la Proust emplies d’incises subordonnées ou entre parenthèses. Page après page – éditées en cet italique très pénible à lire – s’étend le bavardage inconséquent et logomachique de Rosa la vieille fille, logorrhée incontinente comme un radotage d’auteur un peu fêlé – une limite de cette littérature dont la démesure rappelle l’ambition de Sutpen. Mais la construction en suspenses et retours en arrière, ne livrant à chaque fois que des bribes d’informations au lecteur, tient en haleine et donne du souffle à mon avis bien mieux que les maniaqueries de composition, télescopages de mots et absence de ponctuation. Contrairement à ce qu’affirment les progressistes, toujours en mal de « transgression » de tout et de n’importe quoi – comme si seule la transgression faisait « moderne ».

William Faulkner, Absalon, Absalon ! (Absalom, Absalom !), 1936, Gallimard L’Imaginaire 2000, 434 pages, €13.50
William Faulkner, Œuvres romanesques tome 2, Gallimard Pléiade 1995, 1479 pages, €58.90

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