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Colette, La retraite sentimentale

Après cinq tomes de ses aventures (chroniquées sur ce blog), Claudine dit adieu à la scène. Elle prend sa retraite – bien avant 64 ans – avec la mort de Renaud d’une tuberculose à 50 ans. Claudine se retire du monde (social) et reste dans sa maison des champs à Montigny, immergée au sein de la nature… L’amour, c’est fini.

Ce n’est pas le cas pour Annie, double de Claudine en libertine, dotée d’une autre façon de jouir. Si Claudine a découvert l’amour, le seul, le vrai, celui qui allie dans le mari pour la vie l’amant, l’ami et l’allié, Annie a subi le mariage, s’en est défaite et passe désormais de corps en corps, usant des jeunes bien-membrés comme de sex-toys. C’est ici ou là un jeune chasseur d’hôtel, un chauffeur pas encore majeur, voire le garçon du jardinier (15 ans ?) qu’elle se serait bien faite si ce n’étaient les commérages de la campagne… Elle y a pris goût : « il arrive qu’en touchant au péché elle aperçoit le but et la raison de sa vie, et alors… » p.863 Pléiade. Amour sentimental et spirituel ou amour physique ? Claudine a su allier les deux en un seul homme : Renaud ; Annie n’y parvient jamais et, plus le temps passe, moins c’est possible car la jeunesse ne dure pas et la vigueur non plus. Viendra un temps où elle ne pourra plus séduire et en sera réduite, comme un vieux beau, à payer pour être baisée.

Car Claudine habite chez Annie, dans sa campagne du Doubs où elle se repose entre deux voyages en quête d’amants. La Suisse où est soigné Renaud en sanatorium n’est pas loin et, si Claudine ne va pas le voir (interdit par les médecins), elle se sent plus proche de lui près de la frontière. Elle en profite pour faire parler son amie, toujours réservée et passive. Il faut lui arracher les aventures de la bouche et Claudine s’en délecte, le lecteur aussi car le procédé entretient le suspense. Ce ne sont qu’histoires de baise et de braises, laissant un goût de cendres à la fin, mais aussi le souvenir éreintant du plaisir, le feu au bas du dos. Claudine jouit ainsi par procuration de la voie qu’elle n’a pas choisie. Elle préfère s’accomplir par un seul amour total, complet mais qui s’achève. Annie ne s’accomplira jamais, pense-t-elle : impuissance de la chair seule.

Mais est-elle vraiment supérieure ? Annie la convainc que non : « Je voudrais vous faire partager cette conviction que chacun ne possède, ne doit posséder qu’une très petite part du bonheur. Même vous, Claudine. (…) je trouve (…) que vous demeurez dans l’ignorance, sinon dans le besoin de tout ce qui vous manque. L’amour, ce n’est pas seulement cette… cette filialité passionnée qui vous rattache à Renaud, ce n’est pas cette dépendance volontaire où vous vivez, ce n’est pas cette tendresse déjà grave que Renaud vous prodigue et qui s’épure lentement, exquisement – ce sont vos propre paroles ! (…) Et si un jour vous rencontriez le mien [d’amour], ce petit demi-dieu fougueux, tout brillant de jeunesse, les mains rudes, avec ce front étroit que j’aime sous les cheveux touffus ?… On ne peut guère lui demander de tendresse épurée, à celui-là ! Il vous tombe sans ménagement, il n’est vain que de sa peau, de ses muscles, de sa cynique vigueur, et l’on n’a de repos à ses côtés que quand dort d’un air têtu, les sourcils froncés, les poings clos. Alors, on a un peu de temps pour l’admirer et l’attendre… » p.867. Une belle page. Malgré sa vertu affichée avec Claudine, on voit où penche cependant le désir enfoui de Colette.

Colette a habilement confronté Annie à Marcel, le fils inverti de Renaud qui a l’âge de Claudine, désormais 27 ans. Le bel et brillant Marcel n’a plus vraiment cette fraîcheur de jeunesse qui le rendait irrésistible et favorisait ses amours de lycée. Il est usé, fatigué, amer. S’il drague toujours les 13-17 ans des lycées parisiens, ceux-ci défraîchissent aussi vite et il doit sans cesse, comme Annie, renouveler son désir. Avec son âge relatif, ses conquêtes le désirent moins et parfois le piègent avec des « truqueurs », des garçons qui se laissent baiser mais appellent une bande alliée qui menace de chantage l’amant enamouré. Marcel doit ainsi se mettre au vert auprès de Claudine et d’Annie pour échapper au harcèlement de très jeunes qui l’ont pris la « main dans le sac » (euphémisme).

Claudine voudrait aider Annie comme Marcel à quitter l’amour libre qui ne conduit qu’à d’éternels tourments de la tentation et de l’insatisfaction (ô Don Juan !). Elle tente d’apparier les deux amputés d’amour, éclopés de la vie. Marcel est séduisant, jeune, blond imberbe au teint de pêche ; Annie aime les beaux jeunes faunes. Sauf qu’ils les lui faut vigoureux pour bien la défoncer et la faire jouir au plus profond. Marcel, disons-le crûment, ne bande pas pour les filles ; il ne sait même pas faire semblant en incrustant un fantasme pour faire monter son désir. Après tout, Annie n’a pas tant de seins que cela et pourrait passer pour un jeune garçon. Mais il est sans doute trop tard pour Marcel, cela fait bien dix ou douze ans qu’il est avancé dans la voie étroite, l’envers du décor, et sa sensualité n’est plus assez exubérante pour honorer n’importe quel orifice offert. C’est un échec : Marcel est chassé à Paris, Annie repart en voyage, Claudine revient dans sa campagne pour y accueillir Renaud qui va très vite y rester, et se fixer au cimetière.

La suite ? Laissée ouverte par Claudine : « L’autre tentation, la chair fraîche ou non ?… Tout est possible, je l’attends. Cela ne doit pas être terrible, un désir sans amour. Cela se contient, se châtie, se disperse… Non, je ne le crains pas. Je ne suis plus une enfant qu’il peut surprendre [comme Minne rêvant à l’apache appelé le Frisé], ni une vieille vierge qui s’embrase à sa seule approche » p.953. Il n’y aura pas de suite.

Colette, La retraite sentimentale, 1907, Folio 1972, 256 pages, €7,50 ; e-book Kindle 8,99

Colette, Œuvres tome 1, Gallimard Pléiade 1984, 1686 pages, €71,50

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Dépendance affective et lien social

La société japonaise est pour nous étrange et familière, comme un à-côté auquel nous avons par miracle échappés. Décentrer notre regard trop français vers l’étranger est une façon de revenir à soi pour observer notre propre société d’un œil différent. Le psychothérapeute Takeo Doï a étudié la matrice culturelle et affective dans laquelle il a baigné et il en retire le concept de dépendance affective, « amae », qui engendre une attente d’indulgence en société.

Il s’agit d’un modèle de relations sociales fondé sur les relations mère-enfant, fusionnelles. Elles sont plus importantes au Japon qu’ailleurs étant donné que le mari et père part chaque matin à 7 h pour ne rentrer que vers 21 h, passant le reste du temps avec ses collègues et ses chefs dans l’entreprise où il travaille.

« A mon avis, c’est dans la mentalité d’amae que, depuis deux millénaires, les Japonais ont puisé les forces émotionnelles qui ont eu un rôle fondamental dans leur développement, qui leur ont donné l’élan nécessaire. Or, apparemment, il a fallu la défaite de la Seconde guerre mondiale pour qu’on s’avise du fait que cette mentalité est d’essence infantile » p.63.

Le Japon est une île, donc porté à l’isolement. Le pays est essentiellement montagneux, séparant les villages dans d’étroites vallées, donc porté à la communauté. La maison est le cocon de la famille, où règne la grand-mère, ce qui resserre les liens entre les jeunes et les matriarches. Le zen même engendre l’idée que sujet et objet ne font qu’un. Le respect fonde un statut sécurisant, l’individu se fond dans le groupe que mène le chef qui, lui-même, dépend de ses vassaux. Le chef ne décide pas, il est le porte-parole de l’unanimité du groupe.

« C’est celui qui incarne la dépendance infantile sous sa forme la plus pure qui est le plus qualifié pour se tenir au sommet de la société japonaise » p.46. Exemple l’empereur, les grands patrons de firmes – mais aussi les enfants et les vieillards qui ont droit à plus d’indulgence que les autres parce qu’ils sont plus dépendants.

La soumission affective aux réactions des autres engendre une attente d’indulgence qui fonde le giri : le devoir, les obligations parents-enfants, maîtres-élèves, chef-troupe, amis et voisins. Cette dépendance exalte le ninjo, le sentiment humain de compassion que vante le bouddhisme et que promeut le zen.

Le revers est la honte. « Le sens de la honte, qui porte avec soi une impression d’imperfection, d’inaptitude, d’insuffisance de sa propre personne, est plus fondamental. Celui qui éprouve de la honte doit nécessairement souffrir de son désir d’amae, exposé aux regards d’autrui » p.44. D’où le taux de suicides mâles élevé au Japon, plus qu’ailleurs. La honte est impardonnable à ses propres yeux.

A l’inverse, quiconque n’a aucun lien avec soi, ni de parenté ni d’obligations, est géré par le tanin : cette indifférente froideur qui frappe dès que l’on débarque au Japon. « Les autres » ne sont pas du cercle d’indulgence réciproque et l’on se conduit autrement avec eux.

La pathologie d’amae, selon l’auteur, est l’obsession et l’immaturité. On a besoin d’apparaître parfait aux yeux des autres parce que l’on dépend d’eux pour sa propre image. La figure de l’autre est crainte. D’où la perpétuelle insatisfaction qui, en contrepartie, motive le zèle au travail. D’où aussi la propension à se comparer, à admirer meilleur que soi, à s’égaler au miroir de l’autre. Ce qui engendre des sentiments homoérotiques vers ceux qui vous ressemblent. Il s’agit moins de pulsions sexuelles, encore que le sexe ne soit ni tabou ni péché, que de narcissisme. L’intimité entre hommes se traduit par la révérence envers le sensei, le maître, le désir étant jeune d’avoir l’air mignon, touchant, digne de protection par les autres (hommes ou femmes).

L’Eglise catholique avait quelque tendance à susciter ces mêmes comportements issus de la dépendance affective. La Vierge Marie étant la Mère à qui l’on son confiait et le curé un Protecteur qui avait une relation directe avec Dieu – et qui pouvait donc se « permettre » des comportements affectifs à la limite du sexe. Ce n’est plus admissible aujourd’hui que la société a évolué, mais peut-être faut-il chercher dans cette dépendance affective longtemps couvée en serre par la bourgeoisie conservatrice catholique ces enfermements affectifs du patronage, des scouts, des collèges et pensions ou couvents.

Un autre trait de ce sentiment d’amae est la mélancolie, l’apitoiement sur un héros défunt. Nous l’avons eu en Occident dans le romantisme comme dans la pratique religieuse où le Christ martyr suscitait des émois empathiques au point d’attraper les stigmates de ses plaies. Ce sentiment victimaire est proche du sentiment d’injustice, d’être en butte aux persécutions, surtout à l’adolescence (voir L’enfant de Jules Vallès, Poil de carotte de Jules Renard, et Vipère au poing d’Hervé Bazin).

Le moi n’est pas construit mais malléable au groupe ; au Japon il ne se construit pas. L’enfant parle de lui à la troisième personne, s’identifiant à un héros imaginaire ou à un être persécuté, se complaisant vers la puberté dans les tortures fantasmées et la mort théâtrale. Le moi n’émerge que par le groupe, sans le groupe l’individu est comme un escargot sans coquille, nu et fragile, croqué par le premier prédateur qui passe.

D’où la recherche éperdue de consensus, qui nous étonne dès que l’on s’immerge dans la société japonaise, mais qui arrive comme une vague dans nos contrées avec les réseaux sociaux, surtout à cette période immature de l’adolescence. « Être d’accord » est le mantra de tous ; la hantise de devoir penser par soi-même et s’affirmer, même gentiment, contre les autres apparaît insupportable.

L’amae ne permet jamais d’être adulte, mûr et responsable de soi et des autres. Les Japonais sont dépendants de leurs familles, connaissances et supérieurs ; les Français sont dépendant de l’Etat-providence qui les materne (trop) et a remplacé l’Eglise pour les empêcher une fois de plus de se prendre en main.

Takeo Doï, Le jeu de l’indulgence, 1973, L’Asiathèque 1991, €23.85

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Clément Rosset, Schopenhauer – philosophe de l’absurde

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Un philosophe oublié est à redécouvrir : Schopenhauer, prédécesseur de Nietzsche mais moins connu que lui et que l’on n’étudie plus guère. Il est pourtant le premier à rompre avec la philosophie classique et à ouvrir la voie à la philosophie généalogique. Nietzsche, Marx, Freud seront ses successeurs les plus célèbres, avant les philosophes de l’Absurde. Cet apport majeur et original a été néglige, selon Clément Rosset, au profit de caractères secondaires et anecdotiques du personnage : pessimisme, idéalisme esthétique, morale de pitié et de renoncement.

Le raisonnement généalogique est une perspective « qui vise à établir des rapports entre deux termes d’un même phénomène, sans aucune préoccupation historique ou dialectique : l’acte de naissance généalogique n’étant pas dans un temps antérieur, mais dans une origine sous-jacente qui ne diffère de son expression actuelle que par sa faculté à ne pas s’exprimer – différence selon le langage, non selon le temps » p.2.

Schopenhauer bâtit sa philosophie sur l’étonnement premier et sur la causalité que toute explication scientifique ne suffit jamais à cerner. La causalité est la seule forme de l’entendement selon Schopenhauer, et elle envahit la philosophie en même temps que progressent les sciences mathématique et physique. Or les formes d’opérations intellectuelles sont différentes selon le domaine auquel elles s’appliquent : dans les représentations empiriques le principe de raison revêt la forme de la causalité, mais pour les notions abstraites la raison n’est que le rapport d’une connaissance à ses conséquences, pour les perceptions n’intervient a priori que la sensibilité pure, quant à l’être, il est vouloir, sa raison est motivée par autre chose qu’elle-même, par un désir, un mouvement intérieur. « C’est pour avoir confondu dans son esprit des notions voisines mais distinctes que l’homme moderne est devenu sourd à l’étrange même, qui est l’existence en tant qu’elle est sans cause ni raison ». p.10.

L’idée de causalité, mécanisme logique de la raison, appliqué hors de sa sphère, a tué l’étonnement qui est émerveillement premier, possession imaginaire des choses, poésie. Cet autre savoir que celui du rationnel est intuitif, englobant, mais étouffé par le siècle moderne. En cela il limite l’humain, le réduit à la pure logique et à la seule mathématisation du monde, ce qui l’empêche de saisir pleinement le cosmos. Car la nécessité réelle est indépendante de la façon que nous avons de la penser ; elle est inaccessible en sa totalité à notre humble expérience et nous ne pouvons en avoir qu’un schéma approximatif. Le monde est donc étrange et angoissant.

Sous toutes les représentations du monde, minérale, végétale, animale, humaine, se cache une force, un principe moteur, une tendance vers quelque chose qui est probablement de s’étendre et de se reproduire. « Elles sont irréductibles à toute causalité réelle : elles sont là, données d’emblée, sans raison explicative ou justificative » p.20. L’homme surprend le mystère de cette motivation universelle dans ses propres gestes. Le terme « volonté » est impropre, qui implique une intention ; c’est bien d’un « vouloir » qu’il s’agit, sans cause ni conscience, une sorte d’instinct qui va de soi.

Il en résulte que l’individualité n’est qu’illusion en regard du Grand vouloir dont elle n’est qu’une manifestation. Les bouddhistes l’ont bien compris qui font du moi l’origine de la souffrance et de l’union au Tout l’apogée de la libération humaine. La « pitié » est issue de cette identité radicale, de même que la vanité de se croire chacun volontaire. L’intellect se forme des masques et use de prétextes pour justifier ce qui ressort du pour vouloir, ce désir instinctif irrésistible. On feint de commander ce qui nous agit.

C’est ce que montrera Freud, dans son hommage à Schopenhauer en février 1914. Pour le psychologue, la folie est une issue « économique » pour l’affectivité, à laquelle elle épargne le spectacle cru de la réalité. L’être humain sain d’esprit et équilibré n’a pas besoin d’oublier mais s’attache au contraire à la perfection de la réminiscence. Mais le désir lui-même est sans cause, ce qui conduit au sentiment de l’absurde : « Derrière l’insatisfaction propre au désir se cache un secret plus sombre qui est l’absence de motivation dans le désir » p.67. Cette absence de finalité, dans un monde en apparence organisé en vue d’une fin, crée le paradoxe « absurde ». Ce n’est pas l’illogique mais le sans-cause qui humilie l’homme en le faisant croire au Dessein intelligent, aux Complots, et en le ravalant à son asservissement aux instincts.

Je souscris à cette idée que la liberté humaine dans son sens absolu est une illusion. Un « vouloir » instinctif, malgré nous, nous meut au plus profond. Notre « liberté » n’est qu’un « jeu » au sens de l’ajustement imparfait de de pièces qui s’emboitent l’une dans l’autre. C’est cependant notre condition humaine que d’orienter ce vouloir sans cause ni finalité, avec les instruments à notre disposition : notre raison comme nos affects et nos tropismes conscients. Une part obscure nous échappera toujours dans notre pseudo « volonté » et le réalisme est de reconnaître le pouvoir du désir, de l’inconscient, du mythe, de l’illusion. Le seul pouvoir que nous ayons sur cette énergie qui anime notre existence est celui de l’intelligence, qui englobe plus que la raison, contrairement à ce que les philosophes rationalistes voudraient nous faire croire.

En revanche, je ne souscris pas à cette conception schopenauérienne d’un temps qui serait mort, éternelle répétition à la manière de la roue d’Ixion. L’homme serait-il ainsi, comme les pierres et les plantes, qu’une marionnette s’agitant mécaniquement tant que son ressort le tend ? Il semble manquer à Schopenhauer, selon mon avis très humble, la dimension tragique des Grecs, de Pascal ou de Nietzsche.

Écrit non sans quelque jargon, propre à la matière de philosophe, ce petit livre réhabilite Schopenhauer et donne envie d’en savoir un peu plus malgré ses limites.

Clément Rosset, Schopenhauer – philosophe de l’absurde, 1967, PUF Quadrige 2013, 96 pages, €10.50
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