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Mai 68 en héritage

« Les vraies révolutions se font, on ne les fait pas », disait à peu près Kautsky. Ainsi en fut-il du mouvement de Mai-68, commencé le 22 mars à l’université de Nanterre. Le nombrilisme intello-parisien a forgé ce mythe que tout se serait passé en France, quelque part entre Odéon et Sorbonne, avec quelques extensions tardives du côté de Billancourt. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. Le bouleversement de Mai a débuté vers 1955 et la guerre d’Algérie, avant de se perdre dans les sables vers 1975 après le premier choc pétrolier. Il a touché tous les pays, il a été une mutation de société.

Vingt ans après la guerre mondiale et son cortège brutal de centralisme, d’autoritarisme et de moralisme, les sociétés occidentales eurent besoin d’un peu d’air. Ce fut le printemps qui leur apporta, en Californie comme à Prague ou à Paris. Mais aussi au Mexique et à Pékin. La gestation fut longue, la révolution courte, les conséquences durent encore. Mais peut-être plus qu’ailleurs, notre vieux pays hiérarchique et catholique, césarien et jacobin, s’est trouvé mis en cause.

La modernité frappait à la porte, véhiculée par la prospérité des Trente glorieuses et par la génération nombreuse des bébés boum nés après 1945. Comme Nathanaël encouragé par Gide, la société faisait craquer ses gaines. « J’enlève mon maillot de corps, qu’on voie mon corps », chanta Souchon. Mai-68 a été ce grand monôme irrigué d’hormones et ivre de blabla. On abolissait toutes les barrières, on refaisait le monde, tout devenait possible, l’imagination se voulait au pouvoir. Dans une société corsetée, victorienne, formatée technocrates et CGT, cela fit boum !

J’étais trop jeune pour avoir participé d’une quelconque façon aux événements de Mai. Mais pas assez pour n’avoir pas constaté les bouleversements pratiques dès 1969 : plus de pions au collège, plus de carte de sortie, plus de slip sous le pantalon ni de soutien-gorge sous la chemise, la liberté d’aller et venir dans les cours, les profs qui vous appelaient par votre prénom (et non plus par le nom, à la militaire), la notation de A à E plutôt que de zéro (pointé) à vingt, fumer dans les couloirs (début d’une tabagie imposée aux autres qui a duré des années !), la guitare dans la cour où l’on bronzait torse nu en public. Mettre à jour signifiait mettre à jouir – mais n’avait pas aboli le maître à jouir et la domination « naturelle » des mâles.

Le grand bazar a accouché d’un grand remue-méninges avant de se stabiliser en nouvel équilibre – et en nouvelles conventions. Plus rien n’a jamais été comme avant. Mai 1981 a été la suite logique de mai 1968, tout comme les privatisations de 1986, les cohabitations et l’élection d’un président de rupture en 2007 avant la pantalonnade Hollande – et la réaction d’ordre qui a dégagé d’un coup, en 2017, les vieux soixantuitards accrochés au pouvoir. Exit la génération d’avant la guerre libertaire – les anciens cons-battants, comme aurait dit Lacan – on leur rendra hommage lorsqu’ils seront poilus, vers leurs 105 ans.

Pour ceux qui sont nés après, qu’est-ce que Mai-68 a donc changé ?

La façon de faire de la politique : terminées les petites magouilles dans les petits coins – vive la transparence, la participation, le bavardage en forums et congrès, l’exaltation des valeurs historiques 1789, 1848, 1981… La renaissance du christianisme en « social », du socialisme en « visage humain », du tiers-mondisme en « alter » mondialisme, de l’utopie en « écologie ». C’est pourquoi les palinodies politicardes du parti Socialiste (et sa réticence à larguer le Surmoi gauchiste) sont apparues au grand jour en 2017 comme un pur archaïsme. Mais c’est pourquoi aussi, en réaction, le moralisme solitaire d’un Bayrou a fini par faire recette auprès d’un rigoureux, voire un brin arrogant, Macron ; c’est pourquoi le volontarisme d’engagement d’un Sarkozy a réussi en campagne (pour l’exercice du pouvoir ce fut moins vrai) – et que l’abandon laxiste Hollande a fait revenir la morale (contre Fillon) et l’ordre (contre Hamon).

La façon de considérer la culture : terminée la révérence obligée, le cours magistral des mandarins en chaire, la position dominante de l’Intellectuel-à-la-française fort de son poste inamovible, légitime de son œuvre publiée, interrogé comme oracle par les journalistes et intouchable pour le gouvernement. Sa dernière figure en fut Sartre. Bourdieu ? – c’est le tragique réduit en comédie. Mai-68 fut la tentative d’abolir la distance entre acteurs et spectateurs, entre théorie et pratique, entre politique et citoyens, entre public et privé. Nous y sommes – pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur quand chacun cherche à penser par lui-même et s’exprime via le net ; le pire quand la pie Paule épouse le pipeau dans le grand marketing médiatique qui invente « l’événement » (les Situationnistes, si imaginatifs en 68, disaient le ‘happening’) ou dénonce. On balance, comme sous l’Occupation, en tweets frénétiques tous ceux qui dévient du Mainstream et les comportements – aujourd’hui mal vus – qui ont eu lieu dans une autre époque et dans un autre contexte il y a 30 ans !… Le meilleur quand les élèves participent et posent des questions, aiment par curiosité apprendre ; le pire quand la lecture se meurt au profit du divertissement et du zapping sur écrans, quand l’éducation se réduit à l’animation socioculturelle et quand l’excès de permissivité laisse l’ado déstructuré, la famille démissionnaire, le chacun pour soi égoïste de baise bi à la carte, de divorces en recompositions. La mère Houellebecq, tard « libérée » en 68 (elle avait 43 ans) est, avec son livre provocant sur son écrivain de fils, la caricature de cet égoïsme tranquille de jouisseuse. Elle lâche un môme et le laisse à vie dans sa démerde – avec une tranquille bonne conscience de femelle libérée.

La façon de considérer les mœurs : terminée la posture sociale héritée du bourgeois victorien (sauf dans l’Administration où le grade fait encore foi, y compris à l’université). Terminée la sexualité ado coincée, on explore ses copines et ses copains, on essaie, on se lie et se sépare sans drame ou presque. Divorce, contraception, avortement, enfants nés hors mariage – c’est la grande liberté allant jusqu’aux préados en spectacle dès 69 à Amsterdam, où des limites ont été réinstaurées. Libertaire et hédoniste, égocentré mais fraternel, fusionnel et individuel – le comportement 68 est celui de l’adolescent poursuivi après l’âge. C’est charmant à 15 ans, émouvant à 25 ans, irresponsable à 35 ans, carrément bouffon à 50 ans (et grotesque à 70 ans !).

Oui, Mai-68 fut ambigu, autant réactif que modernisateur :

Il a libéré les femmes ; mais il a enfermé le féminisme dans un ghetto de ressentiment revanchard où macho rime avec facho et où le père est rejeté du couple fusionnel mère-enfant. Et quand la mère préfère jouir qu’élever, ça donne pour un Houellebecq plein de petits Fourniret.

Il a évacué la raison au profit de l’émotion, avec les conséquences évidentes du superficiel et de l’épidermique. Les bons sentiments tiennent lieu de politique, la moraline de règles de droit, le commentaire en réseau social de lynchage, la manif de bulletin de vote et l’occupation des lieux de vérité révélée ou de sens de l’Histoire (avec sa grande hache).

Il a libéré la parole – mais pour quelle « pensée » ? Tous les grands intellectuels français datent d’avant 1968 : Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Barthes, Deleuze, Derrida, Morin, et même Bourdieu. Aujourd’hui, il faut aller du côté des « spécialistes » pour écouter penser, mais à bas bruit, modestement : Villani, Héritier, Tirole, Klein et tant d’autres. Michel Onfray fait du médiatique, moins bien qu’Alain Finkielkraut mais en plus prolifique.

Il a libéré la société des appartenances de nature, de race, de religion et de milieu, des obligations sociales, de la révérence aux pouvoirs – mais avec cette solitude de la liberté, cette responsabilité qui écrase et « stresse ». D’où cette nostalgie de l’État-providence où tout est organisé et formaté à la soviétique, mais où chacun a sa petite place sans prendre d’initiative et où la Reproduction (sociale) laisse peu d’Héritiers sur le bas-côté (fils de bourgeois, de profs, de commerçants, d’artisans, d’artistes). D’où le retour des religions sous leurs formes rigoristes où les Commandements sont absolus et les fautes punies pour l’éternité ; les ados déboussolés exigent le fouet et le carcan moral pour avoir un guide que ni leurs parents, ni l’école, ni la société ne leur donnent ! Aujourd’hui, démerde-toi, personne ne t’attend, ni la famille, ni l’usine ou le bureau, ni l’administration de papa, ni les copains artistes, ni la société. Fais tes preuves, on verra après. Dur !…

Car c’est bien ça, au fond, Mai-68 : l’irruption de la modernité – donc de l’individualisme et de la liberté.

Au prix de la désappartenance collective et de la nécessaire responsabilité personnelle, ce qui fait peur à beaucoup. Nul doute que les sociétés libérales y soient mieux préparées par l’histoire que les sociétés autoritaires. C’est le drame des Chinois, le drame des Russes, le drame des Turcs et des sociétés maghrébines, le drame des sociétés sud-américaines. Et curieusement, en Europe occidentale, c’est le drame particulier de la France, ce « pays de commandement » qui ne sait que faire de la liberté pourtant revendiquée dans sa devise républicaine…

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Antipolitique ?

A quoi servent les gouvernants, sinon à gouverner ? Mais lorsqu’ils donnent le sentiment de n’avoir aucune vision de l’avenir du pays, lorsqu’ils multiplient les mesurettes bien loin de l’ampleur des problèmes à la résolution desquels auxquels ils disent s’atteler, lorsqu’ils se défaussent sur « les autres » (les États-Unis, la Finance, Bruxelles, l’OTAN, les régions…) – à quoi peuvent-ils bien servir ? A inaugurer les chrysanthèmes, comme on disait du président de la IIIe République ?

La contestation grandissante, en bas dans le peuple qui vote extrémiste (de droite) et en haut chez les intellos qui critique la gauche, la droite et les partis, est moins contre l’arbitraire que contre l’impuissance. Avant, les gouvernant gouvernaient et leur contrainte était contestée ; maintenant, les gouvernements ne font rien et leur mollesse fait se débander non seulement les militants, mais aussi les citoyens.

politique

Ce n’est pas manque d’intérêt pour la chose politique, c’est le manque d’intérêt pour le blabla de com’. Ce n’est pas montée de l’égoïsme et du repli sur soi, c’est la montée de l’exaspération pour les édredons politiciens. Non seulement l’élite qui gouverne n’est pas à la hauteur, mais elle empêche même les décisions – par inertie, par habitude, par procédures, par copinage, par tabou idéologique, par peur de déplaire aux roquets de la Morale. Les gouvernants – président, ministres, sénateurs, députés, conseiller généraux – sont devenus professionnels de la politique. Ils ont acquis l’expertise qui va avec – mais accru l’écart avec les simples citoyens, par le jargon et l’entre-soi. Les pros ne parlent qu’aux pros, pas aux prolos.

C’est le temps des experts, ceux qui sont censés savoir, malgré leur domaine souvent étroit et leur culture générale souvent déficiente. L’économie, c’est une grande matière ; l’économisme est une vision étriquée. Gouvernants et technocrates n’écoutent jamais les gens, mais les médias et les sondages. Ils ne répondent jamais aux véritables questions, mais aux grands principes de parti. Ils ne résolvent pas les problèmes mais considèrent qu’il suffit de « faire une loi » et basta. Être proche des gens, ce n’est pas jouer au bouffon sympa, mais c’est comprendre la vie au ras des gens pour répondre à leurs vraies préoccupations : chômage, santé, retraite, civilité. L’insécurité nationale, sociale et culturelle fait plus de ravages que les « graves questions » blablatées à longueur de discours par les orateurs de tribunes.

  • Ce n’est pas l’immigration qui est un problème en soi, c’est l’intégration, donc un certain islamisme : que fait le gouvernement pour répondre à cette préoccupation légitime ? De la morale et du déni, plus préoccupé par les syndicats enseignants que par l’avenir de la société…
  • Ce n’est pas le manque de travail qui pose question vraiment, c’est la peur d’embaucher des patrons soumis aux règlementations et taxes qui s’accumulent sans ordre et constamment, c’est la crispation des syndicats qui veulent à tout prix « conserver » les acquis de leur minorité électorale – et tant pis pour l’emploi des autres (voir les pilotes d’Air France).
  • Ce ne sont pas les impôts en soi qui sont contestés, c’est leur remaniement chaque année, le « toujours plus » – tandis que le déficit du Budget et les dépenses de l’État (y compris le « nombre des fonctionnaires ») ne baisse pas.

C’est le mensonge et l’impuissance, les promesses jamais tenues, le déni des réalités nationales, sociales et culturelles des bobos confits entre eux autour de Science Po et l’ENA, ne connaissant rien à la banlieue, ni à la province, ni à l’entreprise – c’est tout cela qui exaspère les électeurs citoyens.

tout est possible

Ces derniers se disent qu’après tout, autant élire un vrai bouffon que les faux qui nous gouvernent. Beppe Grillo en Italie, le maire de Reykjavik en Islande, le maire de Londres, sont-ils plus mauvais que les pros de la pol ? Les intellos français se disent qu’après tout ils pourraient y aller, comme Jacques Attali, Dominique Reynié, Michel Onfray peut-être. S’il suffit d’être médiatique pour être connu, donc élu, pourquoi feraient-ils plus mal que les élus devenus connus, donc médiatiques ?

Il y a un problème d’équilibre des institutions en France depuis Mitterrand. Ce pourquoi une commission planche sur le sujet. Mais son rapport servira-t-il une fois de plus à caler les armoires ? Un seul mandat présidentiel de 7 ans (ce que voulait Raymond Barre) est probablement plus intelligent que deux mandats étriqués de 5 ; un Premier ministre enfin gouvernant (comme le prévoit la Constitution) est probablement plus habile que l’hyper-présidence touche-à-tout qui ne décide jamais de rien, éternellement dans la « synthèse » ou la course à la suite ; une dose de proportionnelle aux Législatives permettrait peut-être moins de démagogie en faisant entrer aux Parlement des extrémistes qui seraient mis au pied du mur des votes à décider.

Rien ne va plus, que les prébendes. Mais si l’on veut réhabiliter la politique, il faut sortir les sortants (comme les ex-sortants) et faire en sorte qu’on ne les revoie plus !

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Cette gauche d’amateurs…

François Hollande n’est pas un économiste, il n’a manifestement aucune idée des grands équilibres macroéconomiques ou géopolitiques ; avant l’ENA qui l’a formé à l’étatisme, il a été formé par HEC à la gestion d’entreprise. Pas à la stratégie mais à l’administration. Il ne connait rien aux « humanités », il ne sait guère ce qu’est « la culture » – tout est pour lui dans « l’expertise ». Il ne peut donc avoir aucune vision d’en haut, guère de recul critique, et peu de bon sens.

impot des entreprises france 2002 2016

Déclarer qu’il faut augmenter les impôts pour désendetter le pays a un sens. Sauf que, trois ans après, non seulement les impôts mais aussi la dette ont augmentés ! Ce fait réel enlève tout sens au discours initial. La raison ? Toute bête, macroéconomique, « keynésienne » : le Budget de l’État doit économiser en phase de croissance (ce que Jospin a raté) et dépenser en phase de récession (ce que Sarkozy avait commencé et que Hollande a raté). On apprend ça en première année…

2015 1995 dette publique france

Comment s’étonner alors qu’il y ait tant de chômage ? « Inverser la courbe » était un engagement présidentiel niais quand, dans le même temps, il sapait volontairement les fondements même de la croissance : l’argent pour dépenser et produire. Il n’y a guère que l’administration d’État qui s’en sort bien – la clientèle de la gauche ? Pour le reste ? Une réformette pour les entreprises avec le CICE (compliqué, retardé, lent à avoir effet, ouverte à toutes, CAC40 comme TPE car l’égalitarisme constitutionnel veille !), une inertie envers les paysans (avec multiplication des taxes et normes plus environnementales qu’ailleurs en Europe, jusqu’aux portiques détruits par exaspération et jacquerie), une hypocrite bienveillance envers les humbles avec les dernières « baisses » des impôts (préalablement augmentés). Constat : l’offre en panne, la consommation arrêtée, la production nationale non compétitive qui se saborde. Beau bilan pour Monsieur le Président !

2015 2003 chomage en france insee

« On a payé les 11 milliards d’impôts nouveaux levés à notre arrivée », a-t-il déclaré à Françoise Fressoz, journaliste au Monde dans son dernier livre, qui vient de paraître et dont vous pouvez lire le début. Si c’était à refaire, « je ne serais pas allé aussi loin, j’aurais gardé l’augmentation de la TVA décidée par Nicolas Sarkozy pour boucler le budget qu’il nous avait laissé, j’aurais fait le crédit d’impôt compétitivité emploi pour les entreprises et j’aurais évité les hausses dans les budgets suivants. »

Il est bien tard pour s’en rendre compte ! Et certains ne manquent pas d’analyser que cette confession (mea culpa très chrétien ou autocritique trotskiste – selon les sensibilités) permettent d’ouvrir un droit d’inventaire qu’il pilote personnellement, en vue des prochaines présidentielles. Faute avouée n’est-elle pas réputée à moitié pardonnée ? Sauf que les Français mis dans le marasme par le gouvernement Hollande ne sont peut-être pas prêts à pardonner – même s’ils doivent pour cela faire revenir l’honni Sarkozy qui, lui, au moins agit.

Françoise Fressoz, a cueilli les aveux de plusieurs acteurs de la gauche de gouvernement, dont le président lui-même. Le titre de son livre dit l’essentiel : Le stage est fini. Il montre tristement, sans jugement de valeur, « l’amateurisme du début, l’absence de vision, la faiblesse des équipes » de « cette bande d’adolescents attardés qui n’avaient visiblement pas fini de régler les comptes. Bonjour la gauche ! »

2012 ratio-depense-publique-sur-pib

« Ils voulaient le pouvoir sans accepter de s’y préparer, viscéralement hostiles à la mondialisation, crispés sur la pérennisation d’un État-providence à bout de souffle, et le pire, c’est qu’ils le reconnaissent : « Le Parti socialiste n’a pas assez travaillé sur le fond, il a trop vécu sur ses acquis locaux », assène l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault. « Le logiciel est dépassé », analyse l’actuel premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. « Depuis 2005 on met la poussière sous le tapis, on esquive la question centrale : l’Europe est devenue un problème au lieu d’être une solution », renchérit Pierre Moscovici. »

François Hollande, faute de Dominique Strauss-Kahn, apparaît en 2012 au PS comme le moins pire si l’on peut dire, « un petit arrangeur, un bricoleur », avec sa petite boite à outils mal ajustée aux enjeux du XXIe siècle. Contrairement à ses partenaires européens : « Dans un manifeste commun, le Britannique et l’Allemand pointaient l’épuisement de l’État-providence, appelaient à s’armer dans la mondialisation en encourageant la production, en baissant les charges et les impôts. Et pendant que la gauche française résistait de toutes ses forces, persuadée d’être dans le vrai, l’Allemand passait à l’acte. C’est de cette époque que date le grand écart franco-allemand. »

Tous ces batteurs d’estrade, les Mélenchon, Montebourg et autres frondeurs, préfèrent les discours bardés de « grands principes » au terrain et à ses cruelles réalités. François Hollande en a peur, ce pourquoi il reste dans le presque-rien cher au philosophe Jankélévitch : ce « je ne sais quoi de douteux et d’équivoque, à ce presque rien qu’est le fuyant devenir. »

La gauche archaïque, retardataire, fonctionnaire dans l’âme, a repris l’inertie décennale de Chirac : surtout ne rien faire qui puisse remettre en cause son pouvoir éphémère chèrement gagné ! De vrais petits énarques, parfaits caméléons qui ne veulent surtout pas changer le monde mais le gérer. Pas de vague, mon vieux, pas de vague ! La gauche lyrique, c’est pour gagner les élections (tout comme le « gaullisme » travailliste – cet oxymore àlachiraque) ; la gauche de gouvernement, c’est la gestion : ne prendre aucun risque – sauf le risque justement d’oublier qu’on est élu pour agir. Alors, comme à l’ENA, on fait ce pourquoi on a été formaté : du blabla, de la com’. Du hollandisme à la perfection.

Dont la dernière « conférence » à la presse a donné hier le spectacle.

Françoise Fressoz, Le stage est fini, 2015, Albin Michel, 272 pages, €18.00 / format Kindle €12.99

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Échec hollandais ?

A presque mi-mandat, la gauche menée par François Hollande a-t-elle réussi à convaincre ? Entre les promesses du candidat et les réalisations, apparemment pas ; entre le changement de cap de janvier et les réalisations sept mois plus tard, apparemment pas. Ce qui semble manquer à François Hollande est le temps : temps de penser, temps de consulter, temps de décider, temps de convaincre. Il lui faudrait une génération entière, à cet homme, s’il suivait son tempérament. Procrastination, quand tu nous tiens…

Crédit emploi-recherche, compte pénibilité, temps partiel, ABCD de l’égalité, Ecomouv, réforme territoriale, intermittents du spectacle, SNCF, SNCM, les réformes socialistes existent. Mais elles sont mal pensées, mal rédigées, abstraites, impraticables – comme si les politiciens de gauche ne connaissaient RIEN aux relations du travail. La promesse (légère) de maîtriser la finance, l’instauration de nouveaux rapports avec l’Allemagne, les rodomontades montebourgeoises sur Mital, Peugeot et Alstom, la réaction ridicule et velléitaire à l’application du droit américain dans l’affaire BNP, sont des pétards mouillés. Ces gens au pouvoir sont-ils vraiment sérieux ? Savent-ils s’entourer d’experts autres qu’idéologues ?

Si le décalage entre le gouvernement des doctrinaires et les entrepreneurs réels persiste, si le décalage entre des syndicats non représentatifs et les travailleurs persiste, si le décalage entre les politiciens et les citoyens persiste – rien ne va changer, donc tout va exploser par un vote massif en faveur de la droite (Juppé/Le Pen au second tour en 2017 ?). L’erreur majeure de la gauche est de n’avoir rien préparé ni rien compris au bout de (pourtant) dix ans d’opposition, de n’avoir toujours rien appris au bout de deux ans et demi de pouvoir…

francois hollande ministres racontent 2014 05

Vous souvenez-vous du « Programme » du parti socialiste ? Il est déjà obsolète avant même d’être appliqué, à commencer par le slogan « abroger la réforme territoriale » (proposition 30)… que le socialiste Hollande est en train de remettre à l’ordre du jour ; à continuer avec « une République fière de ses valeurs » dont on observe les dérives mafieuses dans la justice avec ces créateurs du Mur des cons qui n’hésitent pas à écouter à la dérive un ancien président durant 9 mois, et même l’avocat des avocats, le Bâtonnier, au mépris du secret professionnel – sans parler du ministre Cahuzac, pris la main dans le sac d’argent évadé fiscal ! Quant à l’affirmation claire (proposition 16) « Pour les retraites, nous rétablirons (…) l’âge de départ sans décote à 65 ans » – au vu des réalités (apparemment ignorées des technocrates socialistes), vous y croyez encore ? Et « nous fusionnerons l’impôt sur le revenu et la CSG » (proposition 17), c’est pour quand ? « Les responsables de l’audiovisuel public ne seront plus nommés par le président de la République » (proposition 28) : première nouvelle !

Le coût du travail n’est pas l’explication du chômage en France. Un entrepreneur embauche s’il a besoin, pas si on lui agite une incitation fiscale (différée) sous le nez. Il faut être vraiment idéologue pour croire que la raison d’être d’une entreprise est de créer de l’emploi. Une entreprise produit et vend, elle ne fait pas « du social », ce n’est ni son objet ni son rôle. C’est au contraire à l’État de faire en sorte que de bonnes conditions soit réunies pour produire, pour vendre et pour en redistribuer les fruits : des compétences, un réseau de transports entretenu (accablante SNCF pourrie de syndicalisme « fier » de son travail… à Brétigny-sur-Orge !), des services publics efficaces, des impôts en phase avec ceux de nos partenaires et concurrents européens, des règles communes, aucun excès de règlementation par rapport aux autres.

Or les politiciens, et surtout les politiciens français, adorent réglementer ; ils ont l’impression de résoudre tous les problèmes en faisant de tout des lois. La société serait-elle rongée par l’angoisse de l’avenir plus que l’allemande, la belge, l’italienne ou l’anglaise ? Les autres s’adaptent – pas nous. Il nous faut du temps, et encore du temps, pour accoucher de compromis bancals – à renégocier deux ans plus tard. Entre les fonctionnaires qui ne justifient leur emploi que par la réglementation et la paperasse de contrôle, entre le poids des codes et procédures qui régentent toute vie quotidienne et rend impraticable la vie d’une entreprise normale, l’initiative française s’étiole et se perd… Comme si la gauche n’était que l’État (ignorant Marx qui le voyait dépérir…), et que l’État centralisé, jacobin, parisien, avait décidé de surveiller et punir toute vie sociale, la vie des gens, des collectivités et des entreprises. Pour exister contre « la droite » ? Pour se prouver que le politicien peut changer le monde ? Par super-égo d’immature soixantuitard ?

Quel détournement des réalités ! En 20 ans, le bac est devenu plus répandu, mais jamais la sélection par les seules maths n’a été aussi vive ; les bacs classiques reculent nettement, au profit des bacs technologiques et professionnels. Où est la fameuse « égalité des chances » dont se rengorgent les politiciens de gauche et que revendiquent manif après manif les syndicats d’enfeignants ? (Oui, feignants, pas tous mais les principaux, les syndiqués de l’ENAtionale : bornés, corporatistes, démissionnaires, contents d’eux, jamais assez payés et travaillant toujours trop d’heures, refusant toute évaluation). Selon l’enquête PISA, les origines sociales pèsent sur la réussite scolaire pour 22,5 % à cause des maths, contre 15 % en moyenne OCDE. La réponse « minable » (terme qu’affectionnait Jean-Marc Ayrault, ci-devant Premier ministre) a été la « déconstruction » des stéréotypes hommes-femmes… Lire, écrire, compter, on s’en fout ! Le socialiste au pouvoir ne se préoccupe que du politiquement correct entre zizi et foufoune, socialement Monsieur et Madame, au profit du genre unique. Même constat pour le mariage gai-trans-lesbien ou la poursuite de la clientèle putes : peut-être fallait-il le faire, mais était-ce le problème urgent à résoudre ? Là, on pouvait prendre du temps; pas sur le chômage ni sur la complexification des règlementations. « On veut du boulot, pas du mariage homo » est un slogan qui a fleuri sur les trottoirs et les murs des grandes villes : il résume à merveille la réaction des gens du peuple devant ces préoccupations de bobos nantis socialistes. L’égalité, le symbole, c’est bien, mais quand on ne fait rien par ailleurs, c’est trop : de l’amusement public, de la démagogie électoraliste, hors des VRAIES questions que sont l’emploi et les entraves à entreprendre ou créer. En plus, lorsque ces réformes « sociétales » ont été mal expliquées, mal préparées, mal rédigées, elles apparaissent comme du vrai travail d’amateurs !

Photo : Le cri du cœur du « street art » si cher aux bobos parisiens !

hollande sur un mur

Quant à l’Europe, les politiciens de gauche français sont-ils ignorants, ou incompétents ? Autant les Anglais et les Allemands savent placer des hauts fonctionnaires dans les rouages, autant les Français envoient les recalés du système électoral ou les ratés de la politique à Bruxelles (par charité, je ne cite pas de noms). La gauche française se moque de l’Europe et des électeurs français ; elle préfère ses petits calculs électoralistes pour promouvoir la carrière de ses affidés, sans aucun projet autre qu’un blabla universaliste à la Victor Hugo (bien daté pourtant…). L’incantation à la croissance et à l’emploi de François Hollande n’est que la reconnaissance de la puissance allemande et l’avilissement devant ses intérêts économiques. Avec la probable sortie du Royaume-Uni de l’UE, nous aurons une grande Allemagne avec une France croupion – puisque la gauche matamore reste incapable de mener à bien une quelconque réforme d’un État obèse, interventionniste et jacobin – dont elle profite à plein, comme une colonie de rats dans un fromage.

Lorsque le Front national a réussi l’inédit, obtenir près de 25% des voix (exprimées) aux élections européennes, qu’a fait le chef de la gauche au pouvoir ? RIEN. Il a décidé que rien n’allait changer, sauf le Premier ministre. Manuel Valls a toutes les qualités que François Hollande n’a pas : bonapartiste, décideur, rassembleur. Ce pourquoi il est nettement plus populaire que le Procrastinateur en chef. Mais François Hollande, jamais à une contradiction près, a tissé autour du Premier ministre et possible rival en 2017, une toile d’araignée de postes-clés à sa botte et de « conférences » sociales ou commissions qui l’enserrent et le contraignent. Manuel Valls ne fera pas ce qu’il veut ; autrement dit il ne fera rien qui fâche la présidence – donc rien du tout sur le fond. Mais ce ne sera pas (en apparence) Hollande le responsable… Comme si les citoyens étaient dupes.

Le seul sujet de préoccupation de François Hollande semble moins l’intérêt général que d’occuper les médias et divertir l’opinion. La croissance reste en berne (au contraire de nos partenaires européens), les impôts sont au maximum acceptable, la dépense publique reste incompressible faute de volonté, le chômage en hausse, les problèmes d’intégration communautaire de plus en plus pressants, la droitisation extrême en progrès : quel beau bilan !

Cela nous promet une rentrée houleuse, voire agitée…

La gauche chroniquée sur ce blog

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2014 sera-t-elle plus socialiste que libérale ?

Pas facile de trouver le texte écrit des vœux présidentiels. Le site de l’Élysée délivre encore d’office les vœux 2012 après l’agenda (2 janvier : « rien » comme le 14 juillet pour Louis XVI), et il faut chercher. Par contre, les vidéos des médias pullulent, montrant combien ils restent dans l’apparence, le vernis, l’immédiat. Car c’est le texte écrit qui permet le mieux, à froid, hors des expressions du visage, des clignements d’yeux et des gestes de la main, de lire le « projet » présidentiel.

Il a été décrit comme social-libéral par ceux qui préfèrent coller des étiquettes plutôt que de penser aux réalisations concrètes. Or le discours présidentiel n’est qu’en apparence libéral ; les actes (qui seuls comptent) sont depuis 18 mois purement socialistes. C’est la vertu de la politique que de dire à chacun le mensonge qu’il veut entendre ; ce serait la vertu d’un président de prendre de la hauteur pour gouverner le pays tout entier et pas seulement son étroite base électorale – or, au bout de 18 mois, le doute s’installe. Si jamais François Hollande réussissait ne serait-ce que la moitié de ce qu’il promet aujourd’hui, ce serait bien. Mais ne rêvons pas, son tempérament est celui du Bisounours : tout va bien aller, l’ampleur des difficultés fait l’objet d’un déni obstiné (sur les banques, le déficit, la dette, l’Union européenne, l’armée), le volontarisme est de façade, trop lent à venir, trop fatiguant à tenir. Aboulie et procrastination sont les deux mamelles hollandaises.

bisounours hollande voeux 2013 a

Rien n’est simple, or il simplifie. Rien n’est facile, or il se contente de dire « je veux » et surtout pas comment. Un président ne gouverne pas seul comme un monarque, il a une flopée de ministres (bavards), un parlement à deux chambres (qui adore amender et réamender plutôt que de réfléchir au fond), une administration à multiples niveaux (où chacun attend pour décider de voir ce que l’autre service va faire), un parti socialiste d’installés qui préfèrent leur fromage électoral aux initiatives, des alliés politiques (écolos) instables et arrivistes.

« Je propose un pacte de responsabilité aux entreprises. Il est fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social. » Après les avoir insultées, taxées, vexé les innovateurs pigeons, dindons, oisillons, bretons et autres « riches » par décret d’en haut, revenir au contrat négocié est un pur blabla qui ne coûte rien. L’ignorance du monde des petites et moyennes entreprises est grande chez le président, parmi les ministres et les parlementaires : ce sont les fonctionnaires qui dominent. L’usine à gaz du CICE (si vous ne savez pas ce que c’est, cherchez, c’est le fonctionnariat qui veut ça) ne crée aucun « choc » de compétitivité, puisque compliqué, soumis au bon vouloir administratif et décalé d’un ou deux ans. Où est l’innovation, citée de façon incantatoire mais dont tous les socialistes ont peur ? Les PME, les créateurs d’entreprises et les autoentrepreneurs, voient ces promesses comme du vent. Où sont les décisions concrètes ? Quand ?

La confiance n’est plus là ; elle est très longue à reconstruire et la fin de cette année verra la mi-mandat – déjà ! L’investissement des entreprises françaises est moribond parce que la consommation est morose et les taxes en relatif aux pays voisins trop lourdes, les bénéfices sont mal vus et au plus bas depuis des décennies. Les consommateurs sont hésitants, ayant peur pour leur emploi, leur santé mal gérée et leur retraite sans cesse rognée. La croissance est attendue comme le Messie, mais non elle ne reviendra que lentement et faiblement.

« Pour les démarches administratives, pour les actes de la vie quotidienne, pour la création d’entreprises, pour le développement de l’investissement. Tout doit être rendu plus facile. » Il y a 18 mois déjà était faite la même promesse. Qu’est-ce qui coince, Président ? Votre inaction ? Votre capacité à décider ?

« Faire des économies d’énergie, rénover nos logements, lutter contre le réchauffement climatique, soutenir l’artisanat » – c’est bien joli, mais un lourd clin d’œil aux écolos, ces « alliés » aux prochaines élections municipales et européennes. Où sont les actes, alors que le logement est en baisse largement cette année grâce à la ministre Duflot ?

« D’abord, je veux réduire la dépense publique. Nous devons dépenser moins pour réduire notre déficit mais aussi pour pouvoir, à terme, baisser les impôts » Or chacun sait que l’État ne paye plus les factures téléphoniques à partir de septembre pour les reporter à l’année suivante ; tout inscrit à Pôle emploi sait que la déclaration d’heures de travail déclenchant le complément ASS est « oubliée » voire « perdue » systématiquement chaque année en novembre, avant régularisation (sur réclamation) fin janvier. Sans parler des paiements de l’administration à 45 jours (si tous les papiers sont dûment reçus et tamponnés), sans évoquer aussi les pratiques de hors bilan systématiques… et l’ignorance même du nombre exact de fonctionnaires : le dernier état fiable date de 2009 !

« Une nouvelle loi de décentralisation accordera plus de responsabilités aux élus, et elle simplifiera l’organisation territoriale de notre pays, qui est devenue illisible et coûteuse. » Après avoir hurlé aux tentatives du Président Sarkozy de « simplifier l’organisation territoriale » et encouragé les zélus (en majorités socialistes) à résister à tout en faisant du lobbying, puis décalé (voire laissé tomber) la promesse de mettre fin au cumul des mandats, les citoyens électeurs rigolent à ce bavardage rituel. La seule réponse, irrésistible, est : alors, ça vient ?

Quant à l’Europe, « je prendrai donc, dès le printemps prochain, des initiatives avec l’Allemagne pour donner plus de force à notre Union ». Le « donc » fait rire : pourquoi avoir attendu 18 mois alors que – durant la campagne – on allait voir ce qu’on allait voir ? Pourquoi avoir laissé sans réponse la proposition allemande d’aller vers plus de fédéralisme ? La naïve croyance (idéologique) qu’une victoire écrasante du SPD socialiste allemand aurait-elle suffit pour que tout devienne rose ? Mais les Allemands (pas fous) n’ont pas élus des idéologues mais réélu des praticiens efficaces.

Donc du discours, rien de plus. Un cap de bon élève de l’Europe, mais des notes déplorables sur les devoirs rendus. Ce n’est pas dénigrer la France que de dire cela : c’est constater qu’à presque la moitié de son mandat, le président n’a encore quasiment rien accompli, que des réformettes pour panser les plaies, rien de cette réorganisation de l’État, de ses missions et de ses moyens pour adapter la France au monde d’aujourd’hui.

Que penser d’un politicien qui :

  1. promet n’importe quoi
  2. ne réalise pas ses promesses
  3. ne dit surtout pas pourquoi (des obstacles peuvent être légitimes, des retards explicables)
  4. et recommence à promettre comme si de rien n’était ?

C’est insupportable. La gauche « morale » qui reprochait à Sarkozy de communiquer plus que de faire, que fait-elle sinon communiquer bien plus que faire ? Comment ne pas rester sceptique face au discours du président ?

2014 ne devrait pas déroger à 2013. Nous avons entendu un président qui se confond de plus en plus avec un Bisounours : du miel plein la bouche, surtout pas de vagues, encore à hiberner jusqu’au printemps des élections, en attendant encore et toujours le bleu horizon 2017. « A long terme, nous serons tous morts », avait coutume d’ironiser Keynes, l’économiste chouchou des dépenseurs publics. En 2017, y aura-t-il encore des électeurs pour François Hollande ?

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