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Pourquoi aller au Costa Rica ?

C’est un pays à la mode à notre époque où la plupart des pays musulmans nous sont interdits et où la révolution secoue des pays d’Amérique du Sud et d’Asie. L’Amérique centrale est tentante par son climat et sa verdure, notamment pour le Costa Rica ses forêts, 34 % de la superficie mais surtout par ses animaux sauvages, 5 % de la biodiversité mondiale, dit-on. Comme le pays est un carrefour des deux Amériques, des mammifères du Nord tel que coyote, écureuil, raton laveur et cerf de Virginie, côtoient des mammifères du Sud tel que coati, singe, tapir, paresseux, pécari, jaguar, etc. C’est ainsi que l’on m’a vanté le pays, que je ne connais pas.

Le Costa Rica est peu étendu, le dixième de la France, et son point culminant s’élève à 3820 m au-dessus de la mer. Son nom vient de Christophe Colomb qui l’aurait baptisé « côte riche », lors de son dernier voyage en 1502, en raison de sa terre fertile de son climat favorable à l’agriculture. Le pays prend son indépendance en 1821 avec la déclaration commune du Guatemala, du Honduras, du Salvador et du Nicaragua. Il devient indépendant de la République fédérale centre-américaine en 1836 et bâtit un régime républicain à suffrage universel. L’éducation gratuite et obligatoire est instituée en 1869 juste avant que l’United Fruit Company américaine ne décide de planter des bananes et d’encourager le chemin de fer. Le pays n’a plus d’armée depuis 1948.

La frontière sud est celle du Panama, la mer des Caraïbes s’étend à l’est tandis que l’océan Pacifique est à l’ouest. Pays volcanique, les basses terres littorales sont étroites et découpées tandis que le centre du pays est un vaste plateau creusé par une vallée centrale. Le pays exporte surtout aujourd’hui des bananes mais aussi du café, du sucre, des fleurs, des agrumes, des avocats, du cacao et de l’huile de palme. Des zones franches ont été installées pour les industries pharmaceutiques, des sociétés informatiques et des centres d’appel, qui ont permis une croissance relativement forte jusqu’à la crise économique de 2008. Le tourisme forme 10 % du PIB, il est la source principale de devises. Le pays est évidemment très dépendant de son grand voisin du Nord, les États-Unis.

La nuit précédant le départ, j’ai peine à dormir, il fait trop chaud, je subis un courant d’air depuis la fenêtre. Je l’ai entrouverte sur la rue mais des braillards bourrés, des couples sans gêne, des autos et des motos ne cessent d’alimenter le vacarme dans ce quartier touristique de la capitale. Le bus de nuit est à l’heure et il y a très peu de circulation. Le trajet dure une trentaine de minutes. Le passage au centre international de Rungis la nuit est pour moi une première. Le complexe est gigantesque, les pavillons s’étalent sur des dizaines d’hectares. Dans le bus, la clientèle est pauvre et immigrée, ou de jeunes travailleurs ; je suis le seul voyageur pour Orly. Une jeune fille, déjà mère et laide, sourcils froncés, sort de Paris en pleine nuit pour la banlieue. Elle tapote sans arrêt son gadget électronique à trois heures du matin comme si d’importants messages devaient être lus avant l’aube du dimanche.

Je suis en avance à l’entrée du hall 1 à Orly Ouest. Nous sommes déjà demain. Pour Iberia, la queue comprend beaucoup de familles dont un blond d’environ 11 ans, nuque et tempes rasées laissant sur le dessus une mèche à la mode foot. Il est français mais fait touriste avec son short, son débardeur et ses tongs malgré la climatisation sauvage. Il part pour le Portugal.

L’Airbus 321 a des sièges serrés. Le café est payant à bord et a peu de succès. Vu l’heure matinale, nombreux sont ceux qui ont prévu d’avaler boissons et sandwiches au bar avant le vol. À Madrid, le duty-free est plus grand, plus beau et mieux achalandé que celui d’Orly-Ouest. Mais il faut prendre une navette pour aller à l’embarquement pour l’outre-Atlantique.

Le vol pour les Amériques s’effectue en Airbus 330–200. Les sièges sont étroits et serrés. Durant les onze heures de vol, j’ai vu trois films et lu un roman policier. Les films ont pour nom Cinq cents jours, La corrida du labyrinthe et La jungle 4.0.

Vu d’avion, le Costa Rica apparaît très vert, un vent froid vient du nord et au sol règne une humidité de type caraïbe. La pluie est arrêtée par les volcans. Il fait cependant 28°, moins chaud qu’à Paris en plus suintant.

A l’arrivée, nous croisons une ligne de bus qui se dirige vers « La Morgue ».

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Bourse en avril

La situation globale reste favorable parce que la bourse américaine commande et qu’elle va bien. Moins qu’avant, d’où la forte hésitation de l’automne, mais pas si mal, d’où le rebond depuis. Les dernières Minutes du comité fédéral des marchés (FOMC) déclarent une pause dans les actions de politique monétaire de la Banque centrale américaine. L’opinion des gouverneurs sur la croissance passe de Forte à Solide, ce qui est moins optimiste mais encore soutenu.

L’inflation américaine reste sous les 2% avec un quasi plein emploi et 3.9% de chômeurs seulement. La croissance se tient, bien qu’inférieure à ce qu’elle était au dernier trimestre de l’année 2018. La consommation croit un peu avec les hausses de salaires tandis que les entreprises profitent toujours des impôts qui ont baissés grâce à Trump. Seul l’investissement immobilier résidentiel décline, mais n’est-ce pas sain au vu du niveau de l’endettement privé des citoyens américains ?

La création de monnaie favorable au crédit ne sera pas limitée et la taille du bilan de la Réserve fédérale ne sera pas réduite pour le moment. Donc ni hausse de taux attendue, ni retour sur le marché des achats fédéraux précédents.

Tout irait donc bien s’il n’existait le reste du monde, ce boulet pour les Américains, et s’il n’existait également le Trump, ce trublion pour le monde.

Car l’éléphant dans un magasin de porcelaine continue à sévir. Après avoir joué des matamores avec les Coréens du nord pour un « deal » ridicule où n’a rien obtenu de concret ; après avoir roulé des mécaniques pour relocaliser les usines tournevis du bon côté de la frontière avec le Mexique et juré de bâtir un mur (d’à peine 200 km) sans que le Congrès veuille lui avancer les fonds ; après avoir trompeté, tempêté, menacé l’ennemi principal – la Chine – le voilà qui se tourne, faute de mieux, contre ses alliés. Car la Chine résiste, pas l’Europe, qui s’effrite et doit bientôt voter, tandis que les Anglais clament qu’ils la quittent tout en refusant de le faire depuis trois ans. Le Boeing 737 Max est cloué au sol ? Attaquons Airbus ! Une bonne amende antisubventions, selon la loi territoriale américaine, ferait du bien à l’ego.

Tout va mieux côté chinois, donc soulagement ; tout va aller mal côté européen et la guerre commerciale va toucher les proches alliés, mais c’est tout bénéfice pour les spéculateurs du nord-est et les bouseux du centre-ouest : aux Etats-Unis, seuls comptent les bénéfices et on ne les obtient que le Colt à la main et la Bible juridique dans l’autre. La Turquie, alliée de l’OTAN, se tourne vers la Russie, cet ennemi juré du Département d’Etat ? Trump n’a pas le même ennemi : il est pour lui chinois et, au contraire de son Administration, il aime bien les Russes, même s’il a été « blanchi » officiellement de toute collusion avec leurs hackers pour être élu. Trump a ralenti le commerce mondial avec ses droits de douane ? Touché les exportations et fait monter les prix ? Que lui importe puisque le marché américain est très peu ouvert au reste du monde et presque autosuffisant.

Donc tout va bien pour la bourse américaine malgré le ralentissement de la croissance mondiale, l’escalade des tensions commerciales, la hausse des dettes publiques et privées, le ralentissement accentué en Chine et les risques politiques dans de nombreux pays. Si la bourse américaine va bien, les bourses du reste du monde n’iront pas trop mal car la planète finance est globale. Il reste probablement plusieurs mois de hausse des marchés actions.

Si l’on observe un graphique du SP 500 (indice Standard & Poors des 500 plus grandes valeurs de la bourse américaine), nous semblons nous situer à la fin de la phase de correction qui devrait précéder la dernière vague de hausse du cycle. Le schéma graphique de la période récente ressemble à la correction de fin 2015 et début 2016 – avant la grande hausse 2017-2018. Commence aujourd’hui une phase plus dangereuse car plus spéculative, mais aussi plus rapide et plus brutale peut-être.

Se terminera-t-elle à l’automne 2019 (les mois d’octobre sont meurtriers) ou courant 2020 ? Difficile de le savoir pour le moment : 2020 sera l’année où Trump joue sa réélection, avec toutes les outrances possibles d’un tel clown – mais représentatif d’un Américain réel sur deux. D’ici la fin de cette année auront lieu le Brexit et les élections au Parlement européen, Macron devra montrer qu’il baisse autant les impôts qu’il le dit, mais aussi la dépense publique pour compenser – faute de quoi la dette dépassera les 100 % du PIB comme en Italie, et Merkel sera remplacée par AKK à échéance dans deux ans.

Il y a donc des risques – il y a toujours des risques. Mais les autres actifs ne rapportent rien ou peu, seules les actions ont un rendement compatible avec l’évolution de l’économie et supérieur à la hausse des prix.

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Innovation et emploi

L’innovation, c’est « bien » ; le chômage, c’est « mal » – telle est l’impasse morale dans laquelle s’enferment les pseudo-économistes. Car l’innovation tue d’abord l’emploi avant d’en recréer, c’est que qu’un vrai économiste nommé Joseph Aloïs Schumpeter, né en Autriche, a rondement démontré.

Notre époque sans histoire croit que l’innovation vient de l’informatique. Ce n’est pas vrai, l’essor de l’informatique aide à l’innovation mais n’en est pas le cœur. Le numérique aide plutôt à être encore plus efficace, encore plus productif, encore plus direct dans les circuits qui vont du producteur au consommateur : l’informatisation détruit des emplois plus qu’elle n’en crée. Voyez Uber contre les taxis, Air B&B contre les hôtels, Amazon contre les librairies de base, Leboncoin contre les bazars, et ainsi de suite.

L’innovation de notre époque a lieu surtout dans les matériaux, l’énergie, la génétique, la biologie moléculaire, les nanotechnologies. La voiture sans chauffeur n’est pas une véritable innovation mais une dérive de la technique ; en revanche, la voiture électrique ou le moteur à hydrogène sont de véritables innovations : ils n’existaient pas avant.

La révolution que nous vivons n’est pas informatique, mais algorithmique. C’est moins la numérisation qui compte que le processus logiciel qui décompose les opérations et fait se suivre les opérations logiquement. Il s’agit donc d’organisation plus que de puissance de calcul, un principe d’efficacité plus qu’un principe de force. Ce pourquoi l’informatique n’est pas la panacée, mais l’organisation logicielle si.

C’est à confondre les deux que nombre d’entreprises investissent pour pas grand-chose, remplaçant seulement la paperasserie par la mêlerie, réclamer des documents ou des renseignements aux autres par mail étant tellement plus facile que d’aller chercher soi-même. Elles confondent donc le réseau (qui aide) et l’art de multiplier les obstacles (qui englue). L’Administration française (avec un grand A) est spécialiste de cette dérive, qui n’est que la traduction rond-de-cuir du numérique (et allez ! un extrait de casier judiciaire n°3 tous les 2 mois, puisque c’est si facile via Internet…).

pluie

L’inflation des normes et des pseudo-contrôles conforte la machine bureaucratique… en évitant les vrais contrôles, qui sont moins paperassiers qu’humains : le Médiator, après le sang contaminé et la vache folle sont trop d’exemples de ces faux contrôles opérés par des bureaux irresponsables qui croient avoir fait le boulot quand ils ont paperassé. C’est la même chose pour la viande de cheval roumain dans une certaine entreprise française, ou pour cet abattoir du sud-ouest dit aux normes de qualité « bio » qui torture les bêtes par carence du contrôle vétérinaire. Ces règles empilées sans ordre et ces contrôles forcément mal faits (à cause de ce fouillis désordonné) n’aident pas l’emploi, au contraire ! Parlez-en aux agriculteurs, de ces normes « écolos » encore plus écolos que ce que réclament les Directives européennes ! Non, tout n’est pas de la faute de Bruxelles.

L’innovation, c’est quand même autre chose. Elle contraint les entreprises à agir en réseau, les fournisseurs et sous-traitants coopérant pour un même produit. Airbus conçoit aujourd’hui peut-être 20% des composants de ses avions, alors que les avionneurs en concevaient près de 100% il y a 50 ans. Chacun se spécialise dans ce qu’il sait le mieux produire et les cahiers des charges incitent à améliorer les produits. L’innovation est une synthèse, pas une suite séparée de choses assemblées.

Les choix techniques, les choix d’esthétique du produit, les choix commerciaux pour répondre aux besoins des clients sont de l’innovation en grappe. Les entreprises n’innovent pas parce que la technique existe, mais parce qu’il existe un besoin, plus ou moins diffus dans le public. Ainsi Sony a-t-il inventé le baladeur parce que la fille du PDG en avait émis le désir. Ainsi Apple a-t-il créé un beau Smartphone, même si Samsung est peut-être techniquement meilleur. Ainsi Airbus développe l’A350 parce qu’il s’agit d’une gamme demandée – et pas le successeur supersonique du Concorde, trop polluant, trop bruyant et trop peu adapté à la clientèle. Ce sont ces innovations qui créent de l’emploi, et pas l’informatisation des tâches bureaucratiques.

Tout va plus vite parce que le monde presque entier émerge, et plus seulement l’Europe et l’Amérique du nord, même si les pays arabes ont encore du mal. Le cap des 15 millions de chercheurs dans le monde vient d’être franchi et il s’en ajoute en gros 1 million par an ! Quatre fois plus de brevets sont déposés cette année qu’il y a seulement sept ans. Même si tous les brevets ne vont pas créer des innovations commercialisables, le vivier est plus vaste et l’État, qui en France aime à se mêler de tout, pourrait utilement aider la recherche fondamentale plutôt qu’aider la bureaucratie envahissante.

S’il a fini (avec trois ans de retard) à créer le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), il cible indifféremment toutes les entreprises qui emploient des salariés – c’est donc La Poste qui en bénéficie le plus, entreprise à la pointe de l’innovation, comme chacun sait… S’il déclare vouloir « inverser la courbe du chômage », il taxe à tour de bras les salaires (autant de pouvoir d’achat en moins !), comme en témoigne le portail Vie-publique.fr : « la France est l’un des pays industrialisés où la part dans le PIB des cotisations sociales versées aux administrations publiques est la plus élevée (18,8% en 2011 selon les chiffres établis par l’OCDE, qui diffèrent légèrement de ceux calculés par l’INSEE, contre 16,9% pour l’Allemagne, 8,4% pour le Royaume-Uni et 6,2% pour les États-Unis) ».

C’est plus le tracassin réglementaire et la fiscalité qui valse à chaque majorité qui incitent les multinationales françaises à investir ailleurs qu’en France. Quant aux impôts, elles les payent dans chaque pays, comme le montre de façon assez neutre pour une fois la fiche Wikipedia : « Le cas du groupe Total est intéressant : son taux d’imposition est de 85 % au Nigeria et de 78 % en Norvège, d’où un taux moyen élevé : 67 % ; en France, où ses activités sont déficitaires, il n’a pas payé d’impôts depuis trois ans, mais les efforts engagés sur le raffinage ainsi qu’une meilleure conjoncture lui permettent d’envisager un retour aux bénéfices, et donc le paiement de l’IS, au titre de 2015 ».

L’aide à l’investissement fait partie de la politique de l’offre, qui a été délaissée ci cruellement en France depuis Mitterrand. Distribuer du pouvoir d’achat serait profitable à l’emploi si (et seulement si) l’offre de biens et services en France était à la hauteur. Or toute augmentation des salaires se traduit immédiatement par une augmentation des importations : les entreprises française ne produisent pas vraiment ce que les gens désirent acheter, leurs produits sont trop moyenne gamme, trop chers. La seule politique de la demande indispensable porte moins sur les salaires que sur le chômage : le réduire créerait plus de pouvoir d’achat sans diminuer la productivité du travail. Mais qui cela intéresse-t-il en France, l’emploi ? Fonctionnaires, syndicats et CDI s’entendent pour que tout reste en l’état, surtout préserver les Zacquis !

L’État devrait développer la recherche publique, les infrastructures de transport et de communication, revoir l’éducation dès le primaire et débloquer enfin la formation des adultes – au lieu de taxer tant et plus pour tout et presque rien, de multiplier les normes en faisant une loi à chaque événement, de proférer rituellement des incantations sur la courbe du chômage – et de paperasser au détriment des vrais contrôles sanitaires et sociaux !

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Pourquoi voter Marine Le Pen serait une aventure ?

Certains lecteurs m’ont reproché d’analyser plus la gauche que la droite. Mais c’est que la gauche est au pouvoir, poussée sans arrêt aux illusions par son extrême trotskiste ; il m’a paru jusqu’ici plus utile d’analyser ce danger immédiat que le danger Le Pen plus lointain. J’ai déjà écrit une note Contre le Front national, en décembre 2010. J’examine aujourd’hui quelles pourraient être les conséquences d’une application du programme Le Pen.

Mais disons-le tout net : la majorité des électeurs qui votent Le Pen s’en moquent comme de leur premier slip. Ce qui leur importe est de marquer leur protestation vigoureuse vis-à-vis de l’UMPS, gens au pouvoir depuis des décennies qui ont préféré leurs petits jeux d’ego plutôt que le bien de la France. Bobos et technos ont délaissé la classe moyenne et populaire, s’appuyant ou sur les très riches ou sur les immigrés. Vieillissement démographique, mondialisation, technocratie de l’Union européenne, crise des finances publiques, induisent une angoisse diffuse et une perte de repères. La protestation pourrait s’afficher au premier tour de présidentielles, et être abandonnée en grande partie au second en raison de l’aventurisme du programme…

scores front national 2002 et 2012

Chacun peut le lire intégralement sur le site du Front national (ce qui est écrit en petit doit se lire avec une particulière attention). Il se résume ainsi :

  • en politique, souverainisme, bonapartisme, populisme ;
  • en économie, dévaluation, protection, inflation ;
  • en social, préférence nationale, politique nataliste, censure pour les enfants.

La volonté est celle d’une contre-révolution comme celle préconisée par Joseph de Maistre après 1789, mais la date ici retenue est 1968, l’année de la chienlit sociale, du départ programmé du général de Gaulle (qui démissionne en 1969) et des négociations sociales qui font déraper le budget. Il s’agit d’établir un État organique par un rassemblement de forces, unies par un parti de la nation en colère. La vie est une lutte, le monde une jungle, et toute liberté doit se construire par une volonté recentrée sur soi et ses proches : famille, patrie, travail. L’individualisme n’est pas toléré, la fraude, l’immigration ou le crime non plus ; la communauté de sang et de sol s’impose comme seul souverain politique – donc économique et social. Ni libéralisme, ni socialisme, la promotion de l’homme intégral communautaire, contraint par l’État, représentant souverain du Peuple comme ethnos. Une forme nationaliste du bonapartisme traditionnel.

1/ Politique :

Pouvoir international fort, souverain et austère qui inspire un idéal de vertu :

  • Sortir des traités européens pour une « association libre » (les autres en voudraient-ils et comment ?)
  • Partenariats industriels volontaires (type Airbus)
  • Maîtrise des frontières (fin de Schengen) et de la monnaie (fin de l’euro), indépendance énergétique (énergies vertes + nucléaire)
  • La Banque de France pourra prêter au Trésor public sans intérêts, ce qui permettrait d’augmenter salaires et pensions, de baisser les prix de l’énergie. C’est l’autre nom de la planche à billets – donc l’inflation – non compensée par des coûts à l’exportation abaissés puisque l’abolition du libre-échange entrainera rétorsions.

En politique intérieure, le Front national reprend le bonapartisme traditionnel :

  • Un mandat présidentiel unique de 7 ans non renouvelable.
  • L’appel au référendum pour toute modification de la Constitution.
  • Scrutin proportionnel à toutes les élections (comme dans toutes les sociétés organiques).
  • Fin de l’obligation bruxelloise de concurrence sur les services publics
  • Effort de défense à 2% du PIB, sortie du commandement intégré OTAN (mais pas de l’alliance). Institution d’une garde nationale de 50 000 réservistes + dissuasion nucléaire.
  • Réduction des subventions aux associations « ne relevant pas de l’intérêt général ». Lutte contre la fraude fiscale et la fraude sociale, contre le « coût de la décentralisation » (autrement dit recentraliser).

Un État fort signifie tolérance zéro pour les crimes, le communautarisme des banlieues et les attaques contre les forces de l’ordre. Leurs effectifs seront augmentés, comme les moyens de la justice ; la peine de mort et les peines incompressibles de perpétuité seront rétablies par référendum et 40 000 places de prison de plus seront ouvertes. Les mineurs seront responsables pénalement dès 13 ans.

  • Ce qui paraît contradictoire avec la volonté affichée de protection des « enfants » (les moins de 13 ans ? avec la majorité sexuelle qui va avec la « responsabilité pénale » à 13 ans ?), en rétablissant la censure sur le net et toute forme de « violence » (y compris « morale », ce qui reste éminemment flou, donc propre à toutes les dérives…)
  • A l’école, retour aux fondamentaux : lire, écrire, compter, méthode syllabique obligatoire en CP, suppression du collège unique, promotion des filières manuelles et surtout discipline. Cela marchera-t-il à l’époque d’Internet et de l’ouverture au monde ?
  • Au total, la contrainte autoritaire remplacera partout le laxisme issu de la pensée-68.

electeurs du front national 2006

2/ Économie :

La souveraineté implique de quitter l’euro, donc de dévaluer drastiquement le néo-Franc (autour de 40% dans les années 1930 et 1982) et de bloquer la liberté des capitaux par nationalisation partielle des banques. Conséquences prévisibles :

  • Notons au préalable que l’ampleur de la crise mondiale des années 30 est due justement au protectionnisme, aux dévaluations compétitives, aux restrictions dans l’accès aux matières premières et aux politiques autarciques d’États. Faut-il replonger tout droit dans les mêmes erreurs ?
  • Ne plus être dans l’euro serait-il un véritable avantage ? L’exemple du Royaume-Uni et du Danemark en fait douter. A l’inverse, la Suède montre un pays prospère, mais qui tourne le dos à un programme type FN : refus de l’autarcie (50% du PIB à l’exportation), inflation domptée (pas de planche à billets), large libéralisation des services publics…
  • La contrainte euro sur l’Allemagne existe via le Mécanisme d’aide européen : 350 milliards € selon Christian Ott (économiste Natixis, juillet 2012) via les prêts accordés à la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, et via ses participations auprès des pare-feu européens. Quitter l’euro = quitter toute aide.
  • L’Allemagne a subi avec l’euro une dévaluation de fait par diminution des salaires, augmentation de la durée du travail, allongement du nombre d’années de cotisation pour accéder à la retraite. Si l’Allemagne redevenait autonome, sa concurrence industrielle – donc à terme politique – redeviendrait redoutable. Il y a donc de multiples avantages pour la France à rester dans l’union.
  • La sortie française marquerait l’écroulement du système euro ; nos créances – importantes – sur les pays du sud (Italie et Espagne) ne seraient pas remboursées et certaines de nos banques feraient faillite, donc seraient nationalisées – et pèseraient sur le Budget.
  • Comme les deux tiers de nos échanges économiques se font avec l’Europe, quelles mesures de rétorsion prendraient les autres pays ?
  • L’abandon de l’union monétaire implique l’autarcie, donc l’appauvrissement : ce qui sera produit en France sera plus cher en raison du niveau de vie relatif du pays, ce qui sera importé sera plus cher en raison de la dévaluation du néo-Franc, des droits de douane ou contraintes phytosanitaires.
  • La fin de la discipline, sur l’exemple allemand, ferait retomber le patronat français dans sa paresse du passé : peu d’investissements, crainte de l’innovation, monopoles protégés par la puissance publique, ballon d’oxygène des dévaluations régulières, paix sociale par l’inflation auto-entretenue.
  • Les talents et les jeunes diplômés choisiront encore plus le large – et la liberté – qu’un pays préoccupé des vieux, du rural et du petit commerce.
  • La priorité nationale pour l’emploi et l’immigration choisie limitée (comment ?) à 10 000 entrées par an, ne permettront pas d’abaisser le chômage, contraint par la baisse programmée du nombre de fonctionnaires, le renchérissement de l’énergie importée et les moindres exportations…

3/ Social :

Le souverainisme se veut un pansement social pour les catégories d’électeurs du FN : ouvriers, employés, retraités, petits-commerçants et artisans, agriculteurs et pêcheurs.

  • Mais le patriotisme économique par le soutien au petit commerce ne sera pas compensé en termes de coûts par la simplification bureaucratique et la baisse d’impôts pour PME et entrepreneurs individuels.
  • La politique agricole française et la protection de la pêche dans la zone économique exclusive coûtera au budget national, même si l’outremer se trouve ainsi valorisé.

Pour compenser la perte économique par la fierté symbolique, promotion de l’ethnos français :

  • Suppression du droit du sol, naturalisation sous conditions strictes,
  • Interdiction de la discrimination positive à l’embauche et renvoi des étrangers chômeurs,
  • Pénalisation du « racisme anti-français », suppression des subventions aux lieux de culte et interdiction des signes religieux ostentatoires.
  • Réduction des budgets sociaux aux immigrés et politique nataliste : revenu de 80% du SMIC aux parents à partir du 2e enfant ; allocations familiales réservées aux familles dont un parent au moins est français
  • Un enfant devient un adolescent pénalement responsable de ses actes dès 13 ans, en apprentissage dès 14 ans (comme au moyen-âge où les rois se mariaient dès la puberté)
  • Refus du mariage gai (mais maintien du PACS), lutte contre l’avortement (mais pas abolition)
  • Solidarité organique entre les générations et régime contre la dépendance.

2012 1974 score-fn

En bref, un programme pour figer une France d’hier, immobile, essentielle : le retour aux années 1960 d’industrie forte, de gaullisme politique, d’autorité sociale et d’immigration marginale. Une sorte de pétainisme, mais revu XXIe siècle, qui irrigue souterrainement la psyché française – y compris à gauche – sous la forme d’un abandon masqué par le volontarisme bonapartiste. Le monde va plus vite et plus fort ? Levons le pont-levis, protégeons notre petite vie tranquille. Ce serait l’idéal suisse, si la Suisse ne montrait justement qu’on peut être sûr de son identité et plus démocratique, toujours ouvert sur le monde… A condition de se prendre en main.

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