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Se connaître soi-même, prône Montaigne

Suite du chapitre XIII du Livre III des Essais, l’ultime texte de Montaigne où il expose à la fin de sa vie sa vision du monde tirée « de l’expérience » (titre du chapitre). « Le jugement tient chez moi un siège magistral, au moins il s’en efforce soigneusement ; il laisse mes appétits aller leur train, et la haine et l’amitié, voire et celle que je me porte à moi-même, sans s’en altérer et corrompre. S’il ne peut réformer les autres parties selon soi, au moins ne se laisse-il pas déformer à elles : il fait son jeu à part. » Il faut savoir raison garder, même en ses instincts pulsionnels et ses passions affectives.

D’où le conseil d’Apollon, gravé au fronton de son temple de Delphes : Connais-toi. « L’avertissement à chacun de se connaître doit être d’un important effet, puisque ce dieu de science et de lumière le fit planter au front de son temple, comme comprenant tout ce qu’il avait à nous conseiller. Platon dit aussi que prudence n’est autre chose que l’exécution de cette ordonnance, et Socrate le vérifie par le menu en Xénophon. » Sauf que ce n’est pas si simple, avoue Montaigne. « Encore faut-il quelque degré d’intelligence à pouvoir remarquer qu’on ignore », et chacun se croit toujours assez intelligent pour le croire. Mais est-ce le cas en vérité ? « D’où naît cette platonique subtilité que, ni ceux qui savent n’ont à s’enquérir, d’autant qu’ils savent, ni ceux qui ne savent, d’autant que pour s’enquérir il faut savoir de quoi on s’enquiert. Ainsi en celle-ci de se connaître soi-même, ce que chacun se voit si résolu et satisfait, ce que chacun y pense être suffisamment entendu, signifie que chacun n’y entend rien du tout. » Montaigne prend plaisir à jargonner en logique pour dire une chose bien claire : que la seule chose que l’on doit savoir, c’est qu’on ne sait rien.

Montaigne se juge à cette aune. Il se sait faible, ce qui le rend modeste, obéissant aux croyances prescrites (sans forcément y croire), « à une constante froideur et modération d’opinions » (qui lui permet de juger sans passion) – et surtout « la haine à cette arrogance importune et querelleuse, se croyant et fiant tout à soi, ennemie capitale de discipline et de vérité. Ecoutez-les régenter : les premières sottises qu’ils mettent en avant, c’est au style qu’on établit les religions et les lois. » Autrement dit, ils assènent d’autorité comme des dieux, ce qui leur permet de se passer d’étudier et de savoir. Combien de « spécialistes » mettent-ils en avant leur autorité de pontes pour affirmer sans preuve, qui que l’hydroxychloroquine soigne le Covid, qui que la terre est plate, qui que l’humain n’est pour rien dans le réchauffement climatique, qui que les vaccins ne servent à rien, et ainsi de suite. « C’est par mon humaine expérience que j’accuse l’humanité d’ignorance », affirme Montaigne au soir de sa vie. « L’affirmation et l’opiniâtreté sont signes de bêtise », assène-t-il. Ce qui se vérifie tous les jours.

C’est, dit-il parce que « dès mon enfance, [je me suis] dressé à mirer ma vie dans celle d’autrui ». Il étudie tout, ce qu’il faut fuir, ce qu’il faut suivre. Ainsi a-t-il le jugement assez sûr sur ses amis, ce qui les étonne.

Quel bilan tire-t-il de cette masse d’essais écrits au fil du temps ? « Toute cette fricassée que je barbouille ici n’est qu’un registre des essais de ma vie, qui est, pour l’interne santé, exemplaire assez, à prendre l’instruction à contrepoil. Mais quant à la santé corporelle, personne ne peut fournir d’expérience plus utile que moi, qui la présente pure, nullement corrompue et altérée par art et par opination . L’expérience est proprement sur son fumier au sujet de la médecine, où la raison lui quitte toute la place. » Pour être en bonne santé, « même lit, même heures, même viandes, et même breuvage. Je n’y ajoute du tout rien, que la modération », dit Montaigne. Les habitudes, c’est le secret des centenaires, interrogés depuis par les journalistes. « Ma santé, c’est maintenir sans trouble mon état accoutumé », résume Montaigne.

Pour le reste, « il faut apprendre à souffrir ce qu’on ne peut éviter », dit encore le philosophe périgourdin. Imaginer, c’est périr avant même d’être touché. Et de s’étendre à pleines pages sur ses maladies. Avant de donner un conseil à la jeunesse : « Il n’est rien qu’on doive en recommander à la jeunesse que l’activité et la vigilance. Notre vie n’est que mouvement. » Lui dort beaucoup – huit ou neuf heures par nuit – n’est pas impétueux mais a de la résistance, il marche longtemps et n’apprécie rien, depuis l’enfance, qu’être à cheval. « Il n’est occupation plaisante comme la militaire, occupation noble en exécution (car la plus forte, généreuse et superbe de toutes les vertus est la vaillance), et noble en sa cause ; il n’est point d’utilité ni plus juste, ni plus universelle que la protection du repos et grandeur de son pays. La compagnie de tant d’hommes vous plaît, nobles, jeunes, actifs, la vue ordinaire de tant de spectacles tragiques, la liberté de cette conversation sans art, et une façon de vivre mâle et sans cérémonie, la variété de mille actions diverses, cette courageuse harmonie de la musique guerrière qui vous entretient et échauffe et les oreilles et l’âme, l’honneur de cet exercice, son âpreté même et sa difficulté… » N’en jetez plus. Montaigne aime son état de noble, donc guerrier au service, entouré de jeunesse et vivant simplement, tout dans l’action et l’observation de ce qui survient.

Après moult gloses sur les antiques et leurs prescriptions de vie saine, vient la phrase qui résume Montaigne en sa personne. « Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; voire et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude et à moi. » Si l’on traduit en termes contemporains, nul doute qu’il ne faut vivre qu’au présent, sans lâcher son imagination ailleurs ni plus loin. C’est cela le bonheur, l’accord de soi et du monde, au temps présent. Carpe diem : cueille le jour présent. La vie, dit Montaigne : « il y a de l’art à la jouir : je la jouis au double des autres, car la mesure en la jouissance dépend du plus ou moins d’application que nous y prêtons. »

Quelques maximes, ciselées pour la fin, dans ce chapitre ultime des Essais :

« Pour moi donc, j’aime la vie et la cultive telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer. »

« Nature est un doux guide, mais non pas plus doux que prudent et juste. »

« C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. (…) Au plus élevé trône du monde, nous ne sommes assis que sur notre cul. »

Et la toute dernière phrase : « Les plus belles vies sont, à mon gré, celles qui se rangent au modèle commun et humain, avec ordre, mais sans miracle et sans extravagance. » Autrement dit vivre en humain, pleinement humain, est la beauté même : c’est accomplir pleinement notre destinée. Suit une dernière remarque sur la vieillesse, puis une citation d’Horace, poète romain épicurien et stoïcien, né en 65 avant, qui plaisait fort à Montaigne, qui résume tout : santé, facultés, vieillesse pas avilissante, écriture.

C’est ainsi que nous avons chroniqué l’intégralité des essais de Montaigne, depuis 2011.

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Claude Pinganaud), Arléa 2002, 806 pages, €23.50

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Bernard Combeau et al.) avec préface de Michel Onfray, Bouquins 2019, 1184 pages, €32.00

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Soucions-nous du présent et de ce qui est, dit Montaigne

Dans le troisième texte de ses premiers essais, Montaigne médite sur l’erreur bien humaine (mais néanmoins erreur) qu’ont les humains « d’aller toujours béant après les choses futures » plutôt que se préoccuper en premier lieu du présent. Il s’agit d’une « imagination fausse » qui néglige nos actes au profit de notre supposé savoir.

« Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà », résume Montaigne en une formule lapidaire qu’il a dû tourner sur sa langue bien avant de la coucher sur le papier, ce qui fait tout son sel.

Chacun le reconnaîtra volontiers, le désir et l’espérance nous éloignent de l’ici et du maintenant pour nous faire miroiter un avenir aussi vain qu’incertain. Ainsi les gens s’angoissent sur le Covid-19 plutôt que de prendre les précautions d’usage et de se faire vacciner ; ils supputent sur l’après-Covid comme s’il allait sortir tout armé d’esprits démiurges alors qu’il ne se fera que pas à pas, selon tous. Or ce qui est vaut mieux que ce qui sera, car le futur envisagé pourra ne pas être alors que ce qui est devant nos yeux et que nous vivons est bel et bien réel. « Malheureux est l’esprit tourmenté de l’avenir », énonce Sénèque que Montaigne aime à citer.

Mieux vaut suivre Platon : « Fais ton fait et te connais ». Connais-toi toi-même avant de songer à l’ailleurs et à l’autre chose. Ne prend pas ce qui n’est pas toi pour toi, ni les idées des autres sans réfléchir, ni les actes de la foule pour les tiens, ni les croyances des uns et des autres pour celles que tu veux suivre. « Et qui se connait, dit Montaigne, (…) s’aime et se cultive avant toute autre chose ; refuse les occupations superflues et les pensées et propositions inutiles ». C’est en effet une perte de temps et d’énergie, en plus de susciter une angoisse sans fondement, que de se préoccuper de ce qui ne sert à rien (comme gloser sur le futur) ou de refaire le monde (comme si l’on en avait le pouvoir). La sagesse est d’être content de ce qui est présent et d’être soi avant d’être un leurre façonné par l’opinion ou l’image.

L’avenir n’est écrit nulle part, et surtout pas après sa mort. Or il en est qui se préoccupent de leur postérité ou de l’au-delà au lieu de se préoccuper de ce qu’ils sont aujourd’hui et ici-même. Les actions des princes – on dirait aujourd’hui des politiciens – doivent être examinées après leur mort. C’est ce que l’on appelle la postérité dans l’histoire. Or nul ne peut fabriquer à son gré la trace qu’il laissera dans le futur : seul le futur décidera. Ainsi Chirac, adulé à son décès mais mal-aimé durant son pouvoir, ne devrait pas laisser une trace équivalente à celle d’un Mitterrand ou d’un Giscard. La raison est donc de bien faire son chemin et de garder sa vertu, les autres jugeront. L’estime et l’affection sont à ce prix, pas la position sociale. Même s’il est juste d’obéir « également à tous rois car elle regarde leur office ». Obéissons à la loi et aux princes, mais gardons notre jugement.

Montaigne fait honneur à Bertrand du Guesclin d’avoir voulu mourir face à l’ennemi alors que, blessé, il ne pouvait plus combattre. Son honneur était à sa main de son vivant mais, une fois mort, ne subsiste que le souvenir qu’il a laissé. C’est pourquoi le même Montaigne raille ceux qui décident avec précision de leur convoi funèbre et de leur cérémonie (tel il y a peu le prince Philip). Il ne faut « réserv(er) au tombeau que la réputation acquise par (ses) actions passées », pas faire de son corps une relique ni de commander à sa maisonnée de se trouver en foule à ses obsèques, ou à l’inverse de désirer être enterré sans dépense, ce qui est ostentation. Suivez plutôt la coutume, conseille Montaigne, faites ce qui est juste dans votre société, sans plus mais pas moins. Tout comme la légion d’honneur est une distinction que l’on ne réclame pas mais que l’on accepte si on vous la donne (ou l’entrée à l’Académie française pour Montherlant et Yourcenar), de même les funérailles sont à laisser à la discrétion de l’usage. Une fois mort, vous n’êtes plus, pourquoi réclamer une boite de luxe et une belle demeure ? Et de citer une fois de plus Sénèque : « Tu demandes où tu seras après la mort ? Où sont ceux qui ne sont pas nés ». Comme si tu n’avais jamais existé – donc pourquoi t’en soucier ?

Comme à son habitude, Montaigne ne se contente pas de généralités mais prend de multiples exemples tirés des textes des antiques, philosophes et historiens, mais aussi des exemples de son temps que l’on cite en anecdotes. C’est aujourd’hui un peu fastidieux mais permettait de se poser en érudit à l’époque. Je ne fais ici qu’en tirer la substantifique moelle.

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Claude Pinganaud), Arléa 2002, 806 pages, €23.50

Michel de Montaigne, Les Essais (mis en français moderne par Bernard Combeau et al.) avec préface de Michel Onfray, Bouquins 2019, 1184 pages, €32.00

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Anatole France, La vie en fleur

Le titre est bien joli pour les souvenirs d’adolescence de Pierre Nozière, le double romancé d’Anatole France. Le livre commence en classe de cinquième, où le préado laisse place lentement à l’ado. Oh, très lentement ! France reste dans une France qui a peut-être fait trois révolutions (1789, 1830 et 1848) mais élu tout aussitôt un Napoléon bis autoritaire, hiérarchique et paternaliste de droit divin, le Peuple comme abstraction s’étant substitué à Dieu, tout aussi abstrait. C’est dire combien l’adolescence ne saurait exister, ni comme biologie ni comme classe d’âge, dans une société qui impose les pouvoirs d’en haut, infantilise les mineurs et réprime toute velléité de désobéissance avant la majorité (21 ans depuis 1792). La société bourgeoise a repris les mœurs d’Ancien régime, qui ne voulait rien savoir de la liberté personnelle avant 25 ans, un métier, une épouse, etc.

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Autant dire que l’adolescence du petit Pierre s’est développée sous serre chaude, dans un Paris à peine éventré par le baron Haussmann dont on sort très peu, dans un quartier central en face du Louvre, et dans un appartement familial décent et posé. Les hormones poussent les sens, mais ceux-ci ne trouvent d’expressions que dans les passions pour les camarades proches, et d’exutoires que dans l’imagination, volontiers enflammée par les femmes au théâtre. C’était le tropisme bourgeois que d’enfermer les garçons entre eux pour leur faire nouer des relations sociales à vie par les amitiés particulières de collège : une sorte de réseau social sans les photos. De la sexualité, on ne saura rien, l’auteur, à 78 ans, réduisant encore les évocations sensuelles qu’il avait pu lâcher dans Le livre de mon ami, paru quand l’auteur désirait encore, à 41 ans

La biographie révèle cependant l’amour pour Élisa, devenue nonne, déguisée ici en rieuse fille du père Gonse à Granville. Elle révèle aussi combien l’adolescent Anatole a aimé platoniquement la comédienne Élise, à 17 ans, masquée ici en Isabelle, fille de coiffeur. Tout l’intime est exclu au profit de la légèreté du conte. Rien de moins romantique que France. Le connais-toi est source de tourment et, l’exemple de Montaigne est pour lui ambigu : écrivit-il pour se connaître ou pour s’amuser ? Sa propre histoire est matière à fantasme, support pour l’envol de l’imagination, pourquoi ne pas se nourrir de son miel ?

Il préfère donc décrire le rusé Fontanet, copain d’études ; Mouron surnommé « pour les petits oiseaux » qui le touche par sa solitude ; le rustique Chazal dont les muscles tiennent à bras tendus une chaise pendant une minute – et Desrais doté du joli prénom de Tristan et de « cheveux châtains légèrement ondés et dorés par endroit, ses longs cils (…) Sa sveltesse et sa taille déliée dissimulaient des muscles robustes. » Anatole France, plutôt chétif et pas bien beau, ne peut qu’avoir une admiration mimétique allant jusqu’à un vague désir pour de tels êtres qu’il voudrait avoir pour amis proches, à défaut d’être comme eux. Ce qu’il dit de Tristan le montre sans ambigüité : « Tous ses mouvements étaient empreints d’une élégance que ma précoce habitude de la statuaire antique me faisait sentir » p.1077. « Un jour, je lus dans je ne sais quel traité de la poésie grecque l’épigramme funéraire d’Amyntor, fils de Philippe, qui mourut jeune dans un combat, en couvrant un ami de son bouclier. Je tressaillis et me sentis transporté du désir de mourir pour Desrais » p.1080. Vexé de n’être pas choisi en retour par ce camarade trop admiré, il ne se réconcilie avec lui qu’après le bac, à 16 ans, lorsqu’il le voit lutter avec le bon robuste Chazal : « Ils se mirent tous deux nus jusqu’à la ceinture et se prirent à bras le corps. Chazal, osseux et noir, taillé à la serpe, présentait un contraste parfait avec Desrais, fait comme un athlète de Myrrhon, ou comme un fellow de Cambridge ou d’Eton » p.1091. Joli understatement pour dire l’appétit à être comme lui, d’être lui, de fusionner en amitié particulière avec lui.

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Toute son ire va à l’enseignement français. Professeurs médiocres, bâtiments lépreux, mépris de l’institution pour les gamins à dompter et dresser pour l’obéissance bourgeoise – Anatole France n’est pas tendre pour l’éducation nationale et ses profiteurs pontifiants. « L’éducation en commun, telle qu’elle est donnée encore aujourd’hui [1922], non seulement ne prépare pas l’élève à la vie pour laquelle il est fait, mais l’y rend inapte si peu qu’il ait l’esprit obéissant et docile. La même discipline qu’on impose aux petits grimauds d’école devient pénible et humiliante quand des jeunes gens de dix-sept à dix-huit ans y sont soumis. L’uniformité des exercices les rend insipides. L’esprit en est abêti. (…) Aussi, en quittant le collège, éprouve-t-on un embarras d’agir et une peur de la liberté » p.1094. Est-ce croyable de constater que presque rien n’a changé, sinon la démission professorale face à l’orthographe, aux règles de plan et à l’expression orale ?

Pourquoi une telle persistance de la stupidité nationale dans l’éducation ? Est-ce pour abêtir la masse alors que l’élite bourgeoise s’en sortira toujours via ses établissements réservés et ses séjours à l’étranger ? Comment se fait-il que des syndicats (qui se proclament « de gauche ») persistent à tolérer ce mépris de la culture et de la langue au profit d’un spontanéisme dont on voit depuis trente ans les ravages ? L’étranger social-démocrate, dont les élèves ont de meilleurs scores aux tests identiques et une vie scolaire plus apaisée, est-il un exemple à surtout ne pas suivre, tant la profitude syndicale nationale se croit plus belle de toutes en son miroir ? Il y a là pour moi un mystère, que la lecture de tous les grands classiques ne cesse de réitérer : l’enseignement en France a toujours été néfaste aux grands hommes ; les élèves qui ont le mieux réussi dans le système scolaire ont toujours formé ces vaniteux abstraits, forts de leurs certitudes matheuses et débiles en relations humaines qui hantent nos ministère comme nos industries, les précipitant dans le déclin.

Anatole France, La vie en fleur, 1922, dans Œuvres IV, édition Marie-Claire Banquart, Gallimard Pléiade 1994, 1684 pages, €65.08

Anatole France, La vie en fleur, 1922, format Kindle gratuit, broché €21.04

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