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Mépris à Paris

C’est la merde de Paris : s’il y en a moins sur les trottoirs, il y en a plus dans les esprits. Le sectarisme et le moralisme se conjuguent pour faire du « socialisme » un repoussoir de plus en plus net. Malapprise ou mépris ? Anne Hidalgo a refusé une place dans un cimetière parisien à l’écrivain académicien Michel Déon. Front de rhinocéros, attitude apparatchik de Komandirovka soviétique, stupidité administrative, tout se conjugue pour faire de cet événement minuscule « un même » – un comportement reconnaissable et imité.

Certes, Michel Déon est décédé en Irlande et, « administrativement », rien n’oblige la Mairie de la capitale à lui donner une place (même petite : il est incinéré) dans un cimetière parisien. Mais des exceptions sont possibles dans le règlement pour des hommes et des femmes célèbres. Cette décision est donc « politique ».

Et voilà où « le socialisme » pointe le bout de son nez. Oh, certes ! le socialisme incarné par Anne Hidalgo, ce qui n’en fait pas tout le socialisme, mais quand même par l’une de ses représentantes franco-espagnole exemplaire. Sommes-nous tous frères humains comme le croit le socialisme ? Sommes-nous collectivement orientés vers un avenir radieux comme l’affirme le socialisme ? Sommes-nous reconnaissants à ceux qui ont été « collectivement » reconnus par la patrie comme le proclamaient les socialistes historiques ?

Pas pour la socialiste Hidalgo dont la « directrice de cabinet » Ivoa Alavoine aurait opposé une fin de non-recevoir avant que la mairesse elle-même n’en fasse un cas d’école en ignorant purement et simplement – de façon toute « démocratique » et sans nul doute parfaitement « socialiste » dans le style centraliste bien connu – les appels téléphoniques d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française. Cette dernière, franco-russe, n’est pourtant pas une anonyme qu’on peut se permettre « politiquement » de négliger. Mais voilà : pas dans la ligne l’Académie, pas dans la ligne Michel Déon, pas dans la ligne Hélène Carrère d’Encausse… pourquoi perdre un temps socialiste précieux à répondre à tous ces gens ? Ils sont opposants et le bon socialiste ne parle pas au mauvais opposant. Du moins pas le socialiste sectaire, celui qui se prosterne devant « le Peuple », « le Progrès », « l’Avenir ». Celui qui affirme croire en Jaurès (pauvre Jaurès !).

Evidemment, aucun « débat » n’a eu lieu sur le sujet, ni au conseil municipal, ni au conseil départemental, ni dans le public. Pas même un avis motivé et raisonnable. Non, l’oukase de la secrétaire générale de la mairie de Paris est celui d’une secrétaire générale de parti communiste : pas de liberté pour les ennemis des socialistes. Or, à lire Michel Déon, on s’aperçoit que cet homme était plus libre qu’une Anne Hidalgo. Il n’était pas encarté, contrairement à la militante ; il n’était pas politique, il ignorait la politique, ce pourquoi il affichait la coquetterie de se dire « royaliste » (comme si « un roi » était d’une quelconque utilité au XXIe siècle) ; il avait quitté la France après la décision du général de Gaulle sur l’Algérie pour vivre en Grèce, puis en Irlande – mais Mitterrand lui-même n’avait-il pas lui aussi affirmé en son temps que « l’Algérie c’est la France » ? Michel Déon a fait vivre les lettres et a empêché que la France soit réduite au « nouveau roman » illisible et à la militance stalinienne puis castriste des Sartre, Duras et autres lettrés à la mode qu’on lit de moins en moins tant leur sectarisme ne réussit pas à atteindre l’universel.

Est-on maire pour représenter TOUS les citoyens de la commune ou seulement quelques-uns ? Est-on élu pour rester étroitement intolérant dans son petit cadre rigide de pensée ou pour s’élever au-dessus des querelles et pratiquer la négociation et l’arbitrage qui sont l’essence même de la « politique » – la vie de la cité ? Fait-on de l’impolitesse ou de la rusticité une qualité lorsqu’on représente la commune de Paris ?

Il semble que les comportements d’Europe de l’est reviennent en force dans « le socialisme » ces temps-ci, de France Culture qui vire Philippe Meyer et fait un procès à son émission reprenant sous un autre nom de façon indépendante – au refus de place en cimetière pour un Académicien français ! De quoi éloigner un peu plus les Français du socialisme « à l’ancienne », celui qui a explosé dans les urnes l’an dernier. C’est de plus en plus la merde à Paris.

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A pied de Lenno à Tremezzo

Surprise ! Ce matin, il fait grand beau. Le ciel clair sourit de toutes ses dents, son visage s’est lavé de ses larmes. Les couleurs sont fraîches comme une joue de jeune fille un matin d’avril. La neige, sur les sommets, donne une touche suisse, un trait de gouache blanche qui fait ressortir le bleu céruléen du ciel immensément vide de tout nuage. Une légère brise souffle une haleine de sève de pin sur le paysage.

Une fois le petit déjeuner avalé, nous sortons pour notre première journée. Le guide nous apprend, sur le bateau, que la région de Tremezzo, en face, est appelée la conqua del olio, la coquille de l’olivier, parce qu’elle rassemble en son microclimat une variété d’oliviers à huile.

Le bateau nous dépose à Lenno, nous reviendrons à pied jusqu’à Tremezzo durant la matinée. Nous passons par le sentier pavé qui court sur la corniche, bien au-dessus de la route littorale. A Lenno, la place du marché donnant sur le lac exhibe une statue de bronze d’un partisan marchant d’un pas prudent (à l’italienne). Le bronze brun vert (couleur allemande) se détache puissamment sur le fond ocre jaune de la façade d’un grand bâtiment derrière lui. C’est un véritable théâtre organisé pour le regard qui me frappe aussitôt.

Nous montons par les ruelles pavées, le long des maisons refaites qui suintent la richesse acquise à Milan ou dans le tourisme. Pline possédait deux villas à Lenno, l’une près de l’eau et l’autre sur les pentes. L’une de ces villas serait devenue l’église San Stefano, bâtie au 11ème siècle, à ce que l’on sait.

Le sentier en haut du village laisse déborder les fleurs et les herbes folles de ses murets maçonnés – comme la chair jeune éclate des vêtements au printemps ou comme les passions emportent le compassé social. Tel est le romantisme et nous en saisissons l’essence en ce sentier. C’est la jeunesse, son pulsionnel libidinal et son irrationnel sentimental, qui fait irruption dans la société rassise des adultes trop policés. C’est Fabrice Del Dongo, révolutionnaire des sentiments, gentil mais d’une sottise à peine pardonnable. C’est un jaillissement, mais hors de raison, une allégresse, mais qui ne dure pas faute d’être canalisée.

Du petit chemin, nous avons une vue directe des toits qui dévalent vers le lac immobile, scintillant de soleil. Les villages nous apparaissent comme des tomates dans la salade, dans leur écrin de verdure, cadrés dans de petites baies littorales. Les arbres moutonnent à l’assaut des pentes. La neige poudre toujours les sommets. Tombée hier, elle commence déjà à fondre, ruisselant vers le lac par des ravines profondément incisées dans les flancs de la montagne.

Nous passons, sur la route côtière, à l’endroit même où fut tué Mussolini alors qu’il cherchait à gagner la Suisse dans les fourgons allemands. La station s’appelle Azzano et le hameau même Giulino di Mezzegra.

Le guide, qui est en train de lire une biographie de Benito, dictateur italien, nous raconte que Mussolini s’était déguisé en soldat allemand et qu’il avait pris place à l’arrière d’un camion vert de gris. Ses compagnons germaniques disaient qu’il n’était rien qu’un soldat ivre. Mais les partisans italiens qui tenaient les cols ont reconnu le dictateur dont les portraits avaient orné les murs du pays durant des années et ils l’ont arrêté avec sa maîtresse Clara Petacci. Ils voulaient l’emprisonner et le juger, mais l’ordre est venu d’en haut, des Britanniques qui fournissaient les armes : « descendez-le sur place ». Ainsi fut fait. le Mussolini et sa Petacci ont été fusillés, puis exposés comme des cochons pendus à des crocs de boucher.

De Petacci on a fait en français « pétasse » pour désigner une fille de peu (et de mauvaise vie), comme de tapetti, ces marchands de tapis italiens dont les boutiques fleurissent ici, on a dû faire « tapette » qui signifie tortilleur de cul, embobineur au boniment (et homme peu viril). Fin de la séquence culturelle.

Sur les murs de la villa au numéro 14, en ce coin resserré de la route où cela s’est passé, une plaque commémore l’événement. Elle est religieusement fleurie chaque année au 28 avril depuis 1945, date fatidique. Certains contestent l’histoire écrite par les vainqueurs et osent dire aujourd’hui qu’après tout, Mussolini n’était pas un Hitler (et encore moins un Staline) et que ses mesures sociales ont été bénéfiques au peuple.

Nous poursuivons par les petites églises des villages et hameaux. Les Guelfes ont la queue d’aronde et les Gibelins la queue carrée – c’est ainsi que les résume le guide pour les reconnaître aux restes gravés des pierres. A Rogaro, le portail de l’église de la Vierge noire, du 18ème siècle, porte cette inscription latine : nigrasum sed formosa, « je suis noire mais bien faite » – nous en demeurons d’accord.

Redescendant vers le lac, nous passons dans le parc d’une grande villa fermée à la façade décorée de faux balcons et d’anges. Nous descendons les marches arrondies de la fontaine où se gèle une naïade arrosée malicieusement par deux gamins qui chevauchent des dauphins tout en se pâmant à force de se frotter à leur cuir soyeux. Le pique-nique aura lieu à cet endroit, sur les balustrades au-dessus de l’eau, devant le lac où nagent des canards et des cygnes, fort intéressés par le pain que nous leur jetons. Le menu est toujours le même mais les ingrédients varient : salade mélangée, fromage différent, charcuterie locale… Nous allons prendre un vrai café au kiosque installé au bord du lac un peu plus loin. Des revues sur papier glacé recueillent de belles femmes aux formes sexuelles outrées, des éphèbes comme l’on rêverait d’être encore malgré l’âge qui vient, et des articles « nature » sur les mystères des découvertes. La lenteur de la promenade oblige à nous occuper comme l’on peut.

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Flaubert contre la manie sociale des écrivains

Écrivain à la mode, quel oxymore ; écrivain engagé, quelle vanité ; mais se croire écrivain alors qu’on n’en a pris que le titre – quelle pitié ! C’est ainsi que Flaubert s’élève contre la mode de son temps – la bourgeoisie triomphante sous Louis-Philippe – dans l’une de ses lettres à Louise Colet (18 septembre 1846, p.351).

« Il est facile, avec un jargon convenu, avec deux ou trois idées qui sont de cours, de se faire passer pour un écrivain socialiste, humanitaire, rénovateur et précurseur de cet avenir évangélique rêvé par les pauvres et par les fous. C’est là la manie actuelle ; on rougit de son métier. Faire tout bonnement des vers, écrire un roman, creuser du marbre, ah ! fi donc ! C’était bon autrefois quand on n’avait pas la mission sociale du poète. Il faut que chaque œuvre maintenant ait sa signification morale, son enseignement gradué ; il faut donner une portée philosophique à un sonnet, qu’un drame tape sur les doigts aux monarques et qu’une aquarelle adoucisse les mœurs. L’avocasserie se glisse partout, la rage de discourir, de pérorer, de plaider ; la muse devient le piédestal de mille convoitises. »

Écrire ne serait plus un métier mais une mission. L’objectif ne serait plus « d’aller à plusieurs siècles de distance faire battre le cœur des générations et l’emplir de joies pures. » Mais « ils s’animent contre toutes ces misères ; ils crient contre tous les filous (…) comme s’ils étaient venus pour cela au monde ». Non seulement « tout cela est petit », vilipende Flaubert, mais encore « que tout cela passe ! » Aller selon le vent ne fait pas de bon poète ; caresser la société dans le sens de son poil d’époque ne fait pas le bon romancier ; se poser en moraliste, en partisan, en écrivain engagé, ne fait pas le bon penseur. Pourquoi ? Parce qu’on reste collé à l’actualité, au présent qu’on ne voit pas à cause du nez dessus. Parce qu’il faut prendre du recul, le temps de la réflexion, pour dire des choses sensées – des choses autres que des braillements d’instinct grégaire ou des cris d’émotion du moment.

Certes, la question sociale reste criante à toutes les époques. Et l’on se souvient de ceux qui l’ont chantée – décrite, dénoncée, rendue exemplaire. Mais il y faut le recul de l’esprit et la chimie de l’imagination pour reconstituer une peinture sociale qui « fasse vrai » ; il y a de nombreux évrivaillons mais très peu de Balzac ou de Proust. Aucun journaliste n’égale un écrivain. Le journaliste, même très bon, décrit, recoupe, analyse – mais dans l’instant, sans recul. L’écrivain opère une alchimie – c’est ce qui rend son œuvre universelle, au-delà de son temps. Pour Oscar Wilde, né une génération après Flaubert, « La Renaissance a été une grande époque parce qu’elle n’a pas cherché à résoudre de problèmes sociaux et que ces préoccupations ne l’intéressaient pas ; elle a permis à l’individu de se développer librement, naturellement, dans la beauté ; c’est pour cela qu’elle a produit des artistes immenses et singuliers et des hommes immenses et singuliers. »

C’est que nous sommes, entre 1750 et 1850, à cette charnière du passage de la religion à l’idéologie. Nous passons du temps social légitime tourné vers le passé – la tradition fixée par la foi – au temps tourné vers l’avenir – le mouvement de la société par elle-même dans l’histoire. A l’époque de Flaubert, l’idéologie commence à prendre la place de la religion. Avec la même intransigeance doctrinaire, le même militantisme missionnaire, le même aveuglement de caste. Camus le disait lui-même à Jean-Claude Brisville en 1959 : « L’époque a fini par donner un visage si dérisoire ou si odieux à la ‘préoccupation sociale’ qu’elle nous aide à nous libérer un peu sur ce point » (Pléiade, Œuvres complètes 2008, t.IV).

Il a fallu attendre le début des années 1990 (et l’effondrement du communisme) pour sortir de cette période. L’histoire n’est plus objet de foi comme un Destin aux Lois déterminées ; l’histoire se construit par les rapports de force internationaux, par l’échange des idées démocratiques, par les unions de communautés régionales. Il n’y a pas de loi de l’Histoire, de Progrès linéaire, ni de Mouvement social que nous aurions tous à subir – ou à précéder pour avoir « raison » avant tout le monde. Dans la société post-idéologique, les idéologies ne disparaissent pas mais elles ne font plus religion. Elles ne sont que les reflets des intérêts des groupes sociaux, des positions qui permettent le débat ouvert.

Ce nouveau relativisme n’est pas une démission du rôle de citoyen ou de penseur (au contraire !) ; pas plus que le délaissement de la religion pour le privé intime ne pousse à l’anarchie morale. La perspective passe du « tout fait » au « ce faisant » du parti dogmatique au mouvement en marche ou insoumis : le citoyen, adulte, pense par lui-même en s’informant à plusieurs sources. Il ne se laisse pas faire par une foi ou une organisation, il donne son avis, vote selon ses convictions. La dénonciation des valeurs établies, ou de la moraline du temps, critique le « tout fait » ; l’affirmation de la vie est un appel à l’effort créateur.

Nous retrouvons chez Flaubert nos interrogations sur le rôle de l’artiste : passer de l’individuel à l’universel sans rester coincé dans le militantisme contingent et corporatiste. « Qui dira tous les tressaillements divins qu’Homère a causés, tous les pleurs que le bon Horace a fait en aller dans un sourire ? Pour moi seulement, j’ai de la reconnaissance à Plutarque à cause de ces soirs qu’il m’a donnés au collège, tous pleins d’ardeurs belliqueuses comme si alors j’eusse porté dans mon âme l’entraînement de deux armées. »

Qui se souviendrait encore de Louise Colet, poétesse et théâtreuse du temps, ou de Maxime du Camp, voyageur et journaliste à la mode d’époque – si Flaubert n’avait pas écrit une œuvre qui traverse le temps ?

Gustave Flaubert, Correspondance 1830-1851, t.1, édition jean Bruneau, Gallimard Pléiade, 1973, 1232 pages, €55.00

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Flaubert et la médiocrité

La médiocrité… « vaste programme ! » aurait dit de Gaulle. C’est une vieille idée de Flaubert que la « bêtise ». En 1850 déjà (dans les débuts du Second Empire), il écrit à son ami Louis Bouilhet à propos de ce qui deviendra le Dictionnaire des idées reçues (Correspondance I p.678). Il en aurait eu l’idée première vers 1845, à 24 ans.

Il précise en 1852 à sa maîtresse Louise Colet : « Ce serait la glorification historique de tout ce qu’on approuve. J’y démontrerais que les majorités ont toujours eu raison, les minorités toujours tort. J’immolerais les grands hommes à tous les imbéciles, les martyrs à tous les bourreaux, et cela dans un style poussé à outrance, à fusées. Ainsi, pour la littérature, j’établirais, ce qui serait facile, que le médiocre, étant à la portée de tous, est le seul légitime et qu’il faut donc honnir toute espèce d’originalité comme dangereuse, sotte, etc. Cette apologie de la canaillerie humaine sur toutes ses faces, ironique et hurlante d’un bout à l’autre, pleine de citations, de preuves (qui prouveraient le contraire) et de textes effrayants (ce serait facile), est dans le but, dirais-je, d’en finir une fois pour toutes avec les excentricités, quelle qu’elles soient. Je rentrerais par là dans l’idée démocratique moderne d’égalité, dans le mot de Fourier que les grands hommes deviendraient inutiles… » (Correspondance II, p.208).

Non que Flaubert soit anti-démocratique. Mais il préfère les bourgeois des villes, lettrés et braves en 1789, ou les convaincus de 1848, aux lèche-culs qui se disent « démocrates » ou – pire ! – « socialistes » pour faire comme les autres, pour en rajouter dans la démagogie ambiante. Louis-Napoléon n’était-il pas un « démocrate » ? Surtout avant de devenir Napoléon III par coup d’état ? « Les majorités ont toujours eu raison… », raille Flaubert. Lénine et ses épigones réaliseront cette utopie « de la canaillerie humaine sur toutes ses faces », immolant « les grands hommes à tous les imbéciles », glorifiant les bourreaux et appesantissant le silence officiel sur tous les « martyrs » minoritaires des camps ou des prisons. Sous le régime soviétique – comme sous la France de Robespierre et de Saint-Just – « le médiocre, étant à la portée de tous, est le seul légitime et il faut donc honnir toute espèce d’originalité comme dangereuse, sotte ». L’URSS, suivie par Cuba et le Cambodge de Pol Pot, a même fait une « maladie mentale » de l’originalité. Être « déviant » politiquement y signifiait être malade dans sa tête, donc soumis aux exigences « sociales » d’être soigné de force dans des hôpitaux spécialisés. Pas sûr que la France « socialiste » d’il y a peu, mélenchoniste ou mariniste depuis, ne partage pas cette pensée unique que tous les autres sont des cons qui ne pensent pas comme vous.

C’est là où l’idée d’égalité dérape, là où Rousseau a fait plus de mal que de bien aux Révolutionnaires. Flaubert analysera, en 1853, cette situation nouvelle de son époque : « 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n’y a plus rien qu’une tourbe canaille et imbécile. – Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. L’égalité sociale a passé dans l’Esprit. On fait des livres pour tout le monde, de la science pour tout le monde, comme on construit des chemins de fer et des chauffoirs publics. L’humanité a la rage de l’abaissement moral. » (Correspondance II, p.437) Vulgariser la science ou la culture pourrait élever les esprits ; c’est ce que font les bons médias. Mais l’inverse plutôt l’emporte : l’abêtissement général par le racolage, le divertissement, la décérébration, le politiquement correct. Pour mieux « vendre Coca-Cola » avoue Patrick Le Lay. Par démagogie bêtasse où flatter le nombre signifie faire du chiffre, dit le marketing. Pour « le peuple » disent les partisans ; Par travers mental, dit plutôt Flaubert, « la rage de l’abaissement moral. »

Il s’en prend à l’art de masse dans une autre lettre de 1853 : « Qu’est-ce que ça fout à la masse, l’Art, la poésie, le style ? Elle n’a pas besoin de tout ça. Faites-lui des vaudevilles, des traités sur le travail des prisons, sur les cités ouvrières et les intérêts matériels du moment… » (Correspondance II, p.358).

Flaubert ne décrit-il pas près des deux-tiers de ce qui paraît chez nous chaque année ? Le principal de l’intérêt intello-médiatique ? Et plus des trois-quarts des émissions de télé (Souchon vaut bien une messe) ? Il faut se faire à cette idée que l’art doit élever les gens et non pas leur complaire – contrairement au parler démago en jacklangue où « tout » est art, comme chez les staliniens « tout » était politique (c’est-à-dire récupéré, manipulé, englouti dans l’attrape-tout partisan).

Ce qui plaît à la masse n’est qu’événementiel, sentimental, narcissique, aussi vite passé que survenu ; ce qui reste est autre chose ! Démocratie n’est pas démagogie : Flaubert nous le dit, on ne saurait confondre le médiocre et le populaire.

Gustave Flaubert, Correspondance, t.II, édition Jean Bruneau, La Pléiade, Gallimard 1980, 1542 pages, €61.00

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Albert Camus, La peste

Souvent les lecteurs d’aujourd’hui préfèrent ‘L’Étranger’ à ‘La peste’ et je m’en étonne, trouvant ce dernier mieux réussi que le premier. Est-ce parce ce que l’étranger tue « un Arabe » et que cet acte fascine à la fois les pro et les anti ? Ou que la peste fait peur, tout comme la grippe à chiens et nains et celle de Sale RaS ? La philosophie humaniste de Camus prend toute son ampleur dans ‘La peste’, évoluant de la révolte individuelle (qui se termine mal) à la révolte commune (fraternelle) des humanistes. Le personnage de Rambert, jeune, amoureux, journaliste, et tiraillé entre la femme de sa vie au loin et ses amis de hasard proches, est emblématique : il choisit l’ici et maintenant de la fraternité au grand amour – mais personnel, futur et lointain.

C’est que ‘La peste’ est une allégorie. Le fléau qui s’abat sur la ville « innocente » a tout d’une tyrannie. Chacun y réagit à sa façon.

  • Le chrétien y voit la punition des péchés et se résout au fatalisme. Le personnage du père Paneloux s’abandonne, il refusera tout médecin parce que contradictoire avec les desseins de Dieu.
  • Le partisan y voit le moyen d’accoucher de l’Histoire et de réorienter les vices vers la vertu, ou bien de faire avec sa bande ses petites affaires. Le personnage de Tarrou, hanté par les condamnations à mort de la société bourgeoise a rêvé de la société communiste… jusqu’à ce qu’il assiste à un peloton d’exécution en Hongrie, au nom de la société future ; il se replie alors sur la contrebande.
  • L’humaniste à la Camus ne se veut ni héros, ni saint ; il se contente de faire ce qu’il doit, c’est-à-dire « bien son métier », solidaire de ses semblables, consentant à être ce qu’il est – ni Dieu, ni maître, ni esclave. Le personnage du docteur Rieux est le narrateur, objectif et détaché, dévoué et efficace. Celui qui, malgré le tragique de la condition humaine, ne baisse jamais les bras.

« Cela donnera à la vérité ce qui lui revient, à l’addition de deux et deux son total de quatre, et à l’héroïsme la place secondaire qui doit être la sienne, juste après, et jamais avant, l’exigence généreuse du bonheur », déclare le narrateur. Avec un coup de griffe aux médias, empressés de grands mots et de tout monter en épopée, il oppose les bons sentiments aux sentiments bons, « qui ne sont ni ostensiblement mauvais, ni exaltant à la vilaine façon d’un spectacle. »

Les incantations médiatiques à « la solidarité » (orchestrées pour le tsunami asiatique, le tremblement de terre en Haïti, la catastrophe nucléaire de Fukushima…) sont touchantes mais à côté. Démontrant « la terrible impuissance où se trouve tout homme de partager une douleur qu’il ne peut pas voir. » Inutile d’appeler à changer le monde, il faut simplement tout essayer là où l’on est, avec ses moyens humains. « Le salut de l’homme est un trop grand mot pour moi, dit le docteur Rieux au curé Paneloux, Je ne vais pas si loin. C’est sa santé qui m’intéresse, sa santé d’abord. » Car ce qui l’intéresse, c’est d’être un homme, ni un vertueux narcissique, ni un gourou paranoïaque, ni un dieu vivant – en bref aucune des figures de la gauche au temps de Camus… Seuls obtiennent ce qu’ils veulent ceux qui demandent « la seule chose qui dépende d’eux. »

L’épidémie révèle les dessous de la ville (les rats) mais aussi les dessous des âmes. Ceux qui sont de condition comme ceux qui n’en sont pas se retrouvent égaux face au malheur collectif. Grand, qui fait partie des petites gens, se révèle autant qu’Othon, juriste sec flanqué de « chiens savants » qui sont ses enfants. Son petit Philippe mourra, crucifié nu dans un lit par la peste, sans que cela sauve la ville. Le père biologique comme le père d’église s’y résignent, croyant que Dieu a un dessein caché ; ni Tarrou, ni le docteur Rieux ne s’y résignent, combattant jusqu’au bout ce scandale absolu de la souffrance d’enfant – même né « de classe » ! « Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n’est pas éclairée », dit le narrateur, autrement dit Camus.

Allégorie de la société, la ville devient une prison dans laquelle d’autres prisons de quarantaine sont installées : les camps de prophylaxie. On ne peut que songer aux camps nazis ou aux camps soviétiques. La métaphore est claire : la peste est bien la peste brune que la Résistance a combattue. L’Administration glisse insensiblement de la rationalisation de bureau à la barbarie nazie : ne voilà-t-il pas que, pour d’excellentes raisons abstraites, sanitaires et sociales, on en vient aux convois de trams charriant des monceaux de cadavres nus qui seront enterrés pêle-mêle en fosses communes sous des couches de chaux vive puis, un peu plus tard, entassés en four crématoire ? Les camps staliniens de Kolyma, ou ceux de Pol Pot ou de Mao ne vaudront pas mieux. « Il faut bien le dire, la peste avait enlevé à tous le pouvoir de l’amour et même de l’amitié. Car l’amour demande un peu d’avenir, et il n’y avait plus pour nous que des instants. » L’« ingéniosité des bureaux » est une peste insidieuse présente au cœur de chaque société. « Ce qui est naturel, c’est le microbe. Le reste, la santé, l’intégrité, la pureté, si vous voulez, c’est un effet de la volonté et d’une volonté qui ne doit jamais s’arrêter. »

« Mais qu’est-ce que ça veut dire, la peste ? C’est la vie, et voilà tout. » Vie qui se termine mal comme chacun sait. Résister, c’est vivre, lutter avec ses seuls moyens contre les forces de mort. Menés par l’amour, « la tendresse humaine », la sympathie avec les êtres, la vie est tragique parce qu’un jour on meurt. Est-ce pour cela qu’il faut choisir le suicide de suite ? Suicide violent ou suicide lent des allégeances qui annihilent : celles au Parti, à la Vertu, à l’Histoire, à Dieu… Celles qui font renoncer tout simplement à être un homme.

Le message, à la parution du livre, est plus vaste que l’allégorie nazie que l’on a complaisamment vue. Camus reste donc, contre toutes les religions, les superstitions et les croyances (y compris politiques, y compris rationnelles-bureaucratiques), plus que jamais actuel.

Albert Camus, La peste, 1947, Gallimard Folio €5.89

Pléiade Oeuvres complètes tome II, 2006

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La vraie question des présidentielles 2012

La campagne à l’élection présidentielle est partie. Moins avec les « universités » d’été qu’avec la primaire socialiste qui vise à faire élire un « président de gauche » avant de se présenter devant l’ensemble des Français. C’est alimenter l’usine à spectacle, faire agir le buzz des médias, focaliser en rose l’attention des gens. Au risque qu’ils se rendent compte de l’indigence fondamentale du projet politique… Certes, une présidentielle française est l’élection d’un personnage à la tête de l’État – pas celle d’un parti comme au Royaume-Uni ou d’une coalition comme en Allemagne ou en Scandinavie. La France se rapproche moins du modèle américain puisqu’elle n’a ni son fédéralisme ni ses contrepouvoirs, que du modèle russe où le parti ne sert qu’à rassembler les godillots autour du chef. Mais ce ne sont ni les minois altiers ni les petites phrases qui font une présidence. C’est le projet d’avenir, rassembleur des Français.

Où en est-il, ce projet ?

A droite il reste flou car les perspectives tracées en 2007 se sont diluées avec la crise financière mondiale et systémique. Le discours de Toulon était un bon discours, n’en déplaise à ceux qui considèrent que tout ce que fait Sarkozy ne peut qu’être entaché du péché originel. Toulon pointait bien que la France ne pouvait agir seule, qu’il fallait négocier pied à pied et dans la durée avec nos partenaires européens, occidentaux et internationaux pour imposer des règles communes à la finance, aux marchés, aux agences de notation. Il y a toujours un État qui a intérêt à conserver des paradis fiscaux, trous noirs où tout est possible et où les fortunes disparaissent. C’était avant-hier le Royaume-Uni, hier les États-Unis et la Russie, c’est aujourd’hui la Chine, le Brésil, le Mexique, les pays arabes… Sans transparence, pas de marché libre ; sans règles communes de sécurité, pas de libéralisme économique ; sans connaissance de qui investit dans quoi, pas de produits financiers sûrs. Or les trous noirs financiers continuent d’exister et les hedge funds de rester incontrôlés. La négociation Bâle III visant à renforcer les fonds propres des banques est un petit pas, mais pas avant 2019 et probablement insuffisant. Les contraintes des parlements de chaque pays de la zone euro font qu’avance très lentement le fédéralisme budgétaire indispensable à une monnaie unique. La Grèce fait ce qu’elle veut, sollicitant des fonds pour rester dans l’euro, menaçant en cas de faillite d’entraîner la faillite des banques allemandes qui lui ont beaucoup prêté, mais répugnant à toucher aux zacquis des richissimes, de l’église, des commerçants sans factures, des particuliers à piscine non déclarée, des cheminots payés 5000€ par mois pour faire rouler les rares trains.

Quelle « solidarité » y aurait-il à faire financer les fraudeurs grecs par les smicards français et allemands ? Sur le sujet, la droite en appelle au contrôle européen et la gauche se tait, le « grand principe » de solidarité suffirait…

A gauche, le projet reste dans les limbes car ce qui est publié date trop et reste trop partisan. Le futur président élu ne pourra que s’asseoir dessus. Car la dépense publique c’est bien… tant qu’on a les moyens. En situation de pénurie, il faut gérer ce qui reste. Les socialistes devraient en avoir l’expérience, puisque les systèmes du socialisme « réel » avaient cette gestion : par les queues, les privilèges catégoriels, la récompense du bon petit militant répétant la voix d’en haut. Las ! les socialistes capitalistes ont pris goût à l’expansion ; ils sont passés experts de la redistribution du toujours plus ; ils ne savent que faire lorsqu’il y a chaque année moins. Il ne savent surtout pas comment on produit plus et mieux ! D’où cette incantation rituelle au yaka : yaka faire payer les riches, yaka faire une grrrââânde réforme fiscale, yaka réinstaller des frontières, yaka forcer Merkel, yaka nationaliser les banques, yaka créer que des emplois publics…

La fin des grandes espérances

Les Grandes espérances est un roman de Charles Dickens qui date de 1860 ; il a été repris brillamment en film par David Lean en 1946 (extrait vidéo sur Allociné). Le jeune Pip se trouve pris par des événements qui le dépassent ; il voit ses illusions s’évanouir en même temps que ses espérances financières et de statut lorsqu’il devient adulte. Tel est le cas de la France et, avec elle, de nombreux pays européens. 2012 verra des élections sans espérance. Ni changer la vie, ni travailler plus pour gagner plus ne résistent à la crise. On ne change pas la vie, on l’adapte ; on ne peut ni travailler plus en raison du chômage ou, si c’est le cas, on gagnera moins parce que les impôts augmentent et les retraites diminuent. La quinzaine Mitterrand a dépensé à tout va et la décennie Chirac n’a rien foutu. Conséquence : la France a pris une génération de retard dans les réformes nécessaires. Il ne s’agit pas de réformer pour réformer mais d’adapter notre État providence (jamais en reste de dépenses) à notre démographie (pourtant moins mauvaise que d’autres). Les Suédois ont mis 15 ans à réviser leurs retraites ; nous n’avons pas encore commencé hors les mesurettes à la serpe (donc injustes) qui ne font que gagner du temps et augmentent la grogne sociale comme l’incertitude sur l’avenir.

Enterré papa protecteur et maman consolatrice dans le film de David Lean. Le jeune Pip est orphelin, mais courageux, et ce n’est pas sans quelque humour qu’il oppose à la poigne du forçat un résolu « si vous me remettiez droit, peut-être que j’aurais moins mal au cœur et peut-être serais-je plus attentif ». Exit le gaullisme de la reconstruction que Villepin rêve de voir revenir, anachronique ; les Français refusent la victimisation à la Royal et le care d’Aubry, mot incompréhensible fait pour les balader. Le problème est qu’ils sont tourneboulés et qu’ils devront voter en étant pris à la gorge par les marchés et avec mal au cœur. Ce n’est pas « la faute à » ce grand méchant marché : si les traders s’amusent, c’est bien parce que le terrain de jeu leur reste ouvert (où est la régulation ?) et que les acteurs sont minables (que foutent les politiques pour réduire les déficits indécents qui durent en France depuis… 1974 ? et pour contrôler les fonds européens alloués à la Grèce ?). Sans les marchés, les salaires des fonctionnaires et des retraités sont automatiquement amputés de 10% par an. Est-il normal d’emprunter non pas pour investir mais pour payer le déficit courant ?

Conséquences politiques

Le prochain quinquennat aura à gérer l’austérité et non les espérances. Dans ce contexte, la légitimité du sortant se trouve renforcée : lui connaît mieux que les autres les arcanes et les partenaires ; lui a réagi à temps et comme il fallait pour réunir les Européens et les instances internationales. On peut lui reprocher son entêtement à ne pas revenir sur les cadeaux fiscaux faits au CAC 40 et aux bistrotiers-restaurateurs, mais peut-on lui reprocher les abattements sur succession et assurance-vie plafonnés, destinés avant tout aux classes moyennes ? Ces oubliés des redistributions socialistes et pressurés favoris du fisc durant des décennies n’ont-elles pas droit à un geste même si l’effort doit être réparti sur tous ?

Mais son caractère, ses haines et son histrionisme médiatique ont lassé. Peut-être les Français choisiront-ils à gauche. Pour gérer l’austérité, François Hollande apparaît le mieux placé par son ton raisonnable, sa réforme fiscale déjà pensée, les ralliements des partisans DSK. Hollande incarne la fonction présidentielle dès avant l’élection alors que Royal reste opposante à tout prix et Aubry chef de parti. Martine Aubry est plus l’incarnation des valeurs de gauche, mais cette élection se jouera moins sur les valeurs cette fois (contrairement à 2007), et plus sur la capacité à gérer l’incertain. La propension dépensière, l’accent mis sur les bobos-intellos avec « la culture », une certaine rigidité de mère autoritaire, font que Martine Aubry apparaît plus comme la présidente de la fonction publique que comme celle de tous les Français. Car ce qui manque à gauche est bien là : où sont les encouragements à la production ? Est-ce un État exsangue qui va créer les 3 millions d’emplois pour les 4.5 millions de chômeurs ou travailleurs à éclipse ?

A droite comme à gauche, pas question de toucher aux filets sociaux, seuls à même de conserver une relative unité aux égoïsmes de caste dans une France restée très Ancien régime. L’Éducation nationale les produit dès le collège avec l’élitisme matheux et les redoublements méprisants. Les principales dépenses sociales concernent la santé et le chômage. Difficile de réformer en profondeur la santé car le vieillissement de la population en font un secteur très sensible. Pour le chômage, la seule façon d’améliorer les choses est d’encourager les emplois. Moins de chômeurs, cela fait moins de prestations sociales, plus de taxes qui rentrent et moins d’assistanat santé avec les cotisations prélevées sur les salaires et les mutuelles abondées par les employeurs.

La vraie question 2012 est donc l’emploi

Un emploi de croissance et pas ces palliatifs temporaires qui consistent à créer des services tant et plus là où ils ne sont pas indispensables. Un emploi d’entreprise donc et pas des précaires d’État ni des auto-entrepreneurs provisoires. Sur l’emploi, on attend Nicolas Sarkozy, mais il se réserve pour la campagne. On attend François Hollande, mais il attend d’avoir gagné les primaires. Elles ne se gagnent, probablement, qu’en caressant les militants archaïques et la fonction publique dans le sens du poil. Souhaitons que le sens des réalités et le sens de l’État l’emportent ensuite sur le sens du poil…

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