Articles tagués : bombardement

Coutances

Le petit-déjeuner buffet est surtout continental et plutôt moyen ; il offre cependant du camembert et du pont-l’évêque à qui veut se nourrir autrement que de féculents et sucreries à la mode. Le café à la machine est en revanche très bon, pas trop fort et parfumé.

Nous partons de l’hôtel à pied, sac sur le dos, pour commencer par une visite de la ville. Coutances est une vieille cité sur sa colline qui a donné son nom au Cotentin, chapeautée depuis les temps médiévaux par l’Eglise en remplacement de Cosedia, la capitale des Gaulois Unelles. La cathédrale domine, siège de l’évêque du diocèse et capitale de la Manche jusqu’à ce que la Révolution décide de la décentrer à Saint-Lô. Les Anglais ne l’ont pas ratée en 1944, détruisant 60% de son bâti. L’évêché a été brûlé par les bombasses. Il fait gris, humide, un brin pluvieux.

Nous commençons par le jardin botanique, légué à la ville avec son hôtel particulier du XVIIe en 1852 par les Quesnel-Morinière pour cultiver des plantes médicinales à destination des indigents. Le jardin a été aménagé par un officier de marine en retraite qui a planté des arbres exotiques comme un gigantesque cèdre du Liban, un gingko biloba, un hêtre à feuilles de fougères, un séquoia. C’est un vrai « paradis des arbres » comme disait Rémy de Gourmont, romancier et critique littéraire fin XIXe originaire du Cotentin ; il aimait s’y promener.

Des buis taillés représentent un paon faisant la roue, un chat aux yeux brillants et à la queue dressée. Une statue de Anne Hilarion de Costentin de Tourville, vice-amiral et maréchal de France (1642-1701) y trône au bout d’une allée et un pressoir à cidre en pierre, jadis actionné par un âne, est sous hangar protégé d’une grille. Nous ne visitons pas le musée qui contient entre autres des peintures du Pou qui grimpe, un mouvement artistique transgressif de l’entre-deux guerres, mais nous passons par l’Hôtel de ville.

Le hall et la salle des mariages sont ornés de peintures locales qui rappellent l’histoire de la Normandie et la vie paysanne. Une vaste fresque évoque les vikings barbares puis les médiévaux de Guillaume. Dans la salle des mariages, femmes en coiffes traditionnelles et hommes en habit et chapeau haut de forme mènent une noce. Sur la cheminée, derrière la table de l’officier d’état civil, trône une statue en bronze représentant un couple idéal à la manière des demi-dieux antiques, tous deux enlacés, jeunes, vigoureux et presque nus pour montrer leur santé procréative (le communisme soviétique reprendra cette symbolique dans ses statues de prolos).

Le menu du restaurant de l’Hôtel de ville affiche normand : saumon fumé crème ciboulette, bulots mayonnaise, côte de porc au camembert d’Isigny Sainte-Mère, filet de poisson crème de salicorne, pomme au four crème fouettée. Alléchant !

La cathédrale élève sa voûte de pierre grise. Commencée en 1056 par le prélat-chevalier Geoffroy de Montbray, compagnon de Guillaume, elle a été poursuivie par les fils de Tancrède de Hauteville au XIIIe siècle dans le style gothique normand. Le transept est élevé en 1225 et le chœur achevé vers 1240. Epargnée par les bombes mais pas par la volonté des Anglais, la cathédrale reste un fleuron de Normandie avec ses flèches à 78 m.

Les colonnes montantes sans aspérité donnent une impression de hauteur intérieure. La tour-lanterne octogonale s’élève à 41 m. Des vitraux remontent jusqu’au XIIIe siècle et l’un du XIVe présente le Jugement dernier. La vierge Notre-Dame de Coutances, du XIVe, tient un Bambin tout nu qui la regarde avec tendresse.

Un petit garçon blond aux cheveux en casque et au tee-shirt rouge qui déambule avec sa mère dans la nef me rappelle les Vikings antiques tandis qu’à l’extérieur un adolescent vigoureux au teint fleuri arpente le trottoir pour aller voir un copain et qu’une robuste jeune fille arbore une bonne gueule de Normande. Si le duché de Normandie est fondé en 911, en 933 le duc Guillaume Longue-Épée conquiert l’Avranchin, le Cotentin et les îles Anglo-Normandes sur Incon et ses Vikings de Bretagne. Avec son consentement, le roi danois Harald, déchu par son fils et chassé de ses terres, débarque un peu plus tard avec soixante navires. Les Scandinaves ont clairement influé sur le patrimoine génétique du Cotentin selon des chercheurs britanniques de l’université de Leicester qui ont collecté en juin 2015 des centaines d’échantillons de salive pour le prouver.

Plus bas, nous faisons le tour de l’église Saint-Pierre avec une tour-lanterne de 1550 ornée de clochetons. Les maisons grises de la ville en granit des îles Chausey s’harmonisent avec le gris du ciel qui déverse parfois ses giboulées.

Catégories : Normandie, Voyages | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Ernst Jünger, Premier journal parisien, 1941-43

La prose de Jünger semble être d’une matière céramique. Elle est composée de terre rare, et passer par l’épreuve du four la durcit. Les émotions sont là, mais le langage les fige. Retenue, pudeur, distance : Jünger écrit pour retrouver l’éternel sous le contingent. Il est sensible aux fleurs, aux bêtes, aux enfants, aux adultes. Il a le caractère profondément humain d’un être qui fut aimé durant son enfance. En même temps, il possède une exigence de vérité, une rigueur d’exécution, il a besoin d’absolu, ce qui le contraint et le raidit.

Son expression se fait froide, parfois sibylline, par souci d’exprimer exactement ce qu’il ressent. D’où ces termes d’entomologiste pour parler des êtres qu’il aime : de ces enfants, il parle rarement, sinon pour noter d’un trait rapide une attitude exceptionnelle. Il les appelle par un vocable neutre, « l’enfant » pour Alexandre le petit, « le jeune garçon » pour Ernstel l’aîné. Les prénoms viendront plus tard sous sa plume, en 1943 et 1944, où l’intensification de la guerre, les bombardements, la menace « lémure », la proximité de la mort sur leurs têtes l’incitera à se livrer plus avant. Alors ils deviendront ce qu’ils sont, Ernstel et Alexandre, et parfois même « mon fils ». Sa femme reste éternellement « Perpetua » une compagne de caractère, réfléchie, un référent dans son existence.

En ces années de guerre, où il lit la Bible chaque soir durant trois ans, il proclame son exigence de vérité. Il la trouve dans « l’inestimable et salutaire pouvoir de la prière », « la seule porte qui mène à la vérité, à la loyauté absolue et sans réserve ». La prière incite à tout dire à un juge muet, à s’analyser sans concession comme une catharsis, à confier son âme à une sagesse ultime. La prière, comme le journal sans concession, est une psychanalyse.

Cette vérité, il la cherche en lui-même, dans son « humanité » opposée au nihilisme de la « technique ». Celle-ci, en se développant, dévore l’homme de l’intérieur ; elle le rend mécanique, abstrait, inhumain. Elle en fait un robot, variante machinale du fonctionnaire. C’est une très ancienne forme de refus du savoir que cette crainte de l’inhumanité de la science. Déjà, au paradis, le serpent était le tentateur, puis vint Babel, la tour trop orgueilleuse où tous les hommes coopéraient pour la bâtir et qui fut donc détruite par le Dieu unique et jaloux. Nous sommes dans le thème éternel de l’apprenti sorcier, du Golem, de Frankenstein, du savant fou, du docteur Folamour, du savoir comme source du Mal. Pour Jünger, à son époque, il s’agissait d’une prodigieuse massification politique dans une période d’accélération technique. Tout allait trop vite pour les cadres traditionnels de pensée issus de la paysannerie. Il note les automatismes, les blindages, les rouages, « l’arsenal des formes vivantes qui se durcissent comme des crustacés » p.20. Il note aussi l’anonymat des bombardements, les tueries industrielles. « Des couches d’être commencent à se détacher de l’état humain proprement dit pour tomber dans l’inertie » p.51 – ce qu’il appelle « la monstrueuse puissance du nihilisme ».

Il cherche l’humanité en l’homme, la vérité de l’humain parmi ses semblables. « Les êtres cachent encore en en eux beaucoup de bons grains qui germeront à nouveau dès que le temps s’adoucira et reprendra des températures humaines » p.37. La ville lui est une amie « ou des cadeaux vous surprennent. J’éprouve de la joie surtout à voir les amoureux marcher, étroitement enlacés » p.44. Aux premières étoiles jaunes des Juifs aperçues dans Paris, le 7 juin 1942, il écrit : « je considère cela comme une date qui marque profondément, même dans l’histoire personnelle » p.136. Au lendemain de la rafle du Vel’ d’Hiv’ : « pas un seul instant, je ne dois oublier que je suis entouré de malheureux, d’êtres souffrant au plus profond d’eux-mêmes. Si je l’oubliais, quel homme, quel soldat serais-je ? » p.149. Il s’effraie de constater que certains restent aveugles aux souffrances de ceux qui sont sans défense et se glorifient même de les rudoyer. « La vieille chevalerie est morte. Les guerres d’aujourd’hui sont menées par des techniciens. Et l’homme est devenu cet homme annoncé depuis longtemps, et que Dostoïevski décrit sous les traits de Raskolnikov. Il considère alors ses semblables comme de la vermine, ce dont précisément il doit se garder il ne veut pas devenir insecte lui-même » p.290.

Face à cela, son attitude voudrait être celle du moine zen : « Lorsque que je vois les fleurs s’étaler si calmement au soleil, leur béatitude me paraît d’une profondeur infinie » p.22. Il cherche l’éternité dans les rites de la collection : « Il s’agit, dans la diversité, d’assurer des perspectives qui s’ordonnent autour du centre invisible de l’énergie créatrice. Tel est également le sens des jardins, et le sens, enfin, du chemin de la vie en général » p.185. Parce qu’en fait, « nous sommes de passagères combinaisons d’absolu » p.209. Alors, « l’œuvre doit atteindre un point où elle devient superflue – où l’éternité transparaît. (…) Il en est de même pour la vie en général. Nous devons parvenir en elle à un point où elle puisse passer de l’autre côté aisément, osmotiquement, à un niveau où elle mérite la mort » p.115.

Pour bien mourir, il faut avoir bien rempli sa vie, l’avoir aimée à chaque instant, avoir touché à la vérité du monde.

Les pages indiquées sont celles de l’édition Livre de poche 1998 épuisée

Ernst Jünger, Premier journal parisien, Journal 1941-43, Christian Bourgois 1995, 318 pages, €11.61

Ernst Jünger, Journaux de guerre, coffret 2 volumes, Gallimard Pléiade 2008, 2396 pages, €120.00

Catégories : Géopolitique, Livres | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

André Gide, Journal II, 1926-1950

Gide aborde cette seconde partie de sa vie à 57 ans par un périple en Afrique occidentale française – avec Marc Allégret, son amant adolescent devenu son ami adulte, jusqu’à sa mort. Il a publié Corydon, puis les Faux-Monnayeurs, il devient célèbre, et cette stature nouvelle l’oblige en même temps qu’elle le handicape. S’il se lie avec d’autres célébrités du moment, il est aussi trop souvent sollicité par « les amis, les admirateurs, les quémandeurs » (p.91) qui lui demandent conseil et grignotent son temps d’écriture et de pensée.

Ce pourquoi il s’évade, à la campagne, dans les voyages. Son tropisme est le soleil, la Normandie mais surtout les bords de la Méditerranée toute proche : la Provence, la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte. Il rencontre en Afrique du nord ce mélange intime de ferveur religieuse et de sensualité charnelle qu’il affectionne. Il s’y sent bien, comme Camus qui y est né. Gide n’y est né qu’à l’amour sexué entre deux corps, mais cette empreinte l’a marquée à vie. Il y emmènera sa femme Madeleine, avant qu’elle ne meure en 1938, le laissant à nouveau orphelin – il l’avait épousée à la mort de sa mère en 1895.

andre-gide-par-jacques-emile-blanche

Malgré l’âge, le désir reste entier et les pulsions ne manquent pas de trouver des partenaires emplis de jeunesse et de sève pour s’assouvir : à 61 ans « un petit débardeur de seize ans » à Marseille p.227, à Calvi p.233, à Berlin p.384, à 70 ans le jeune berger Ali en Egypte p.649, les jardiniers prime adolescents p.671, et à 73 ans encore un gamin blanc de 15 ans venu de lui-même dans sa chambre à l’hôtel à Tunis le 3 août 1942, « deux nuits de plaisir comme je ne pensais plus en pouvoir connaître de telles à mon âge », p.826. Pas d’amour vénal, mais une faim réciproque ; pas de pénétration mais des caresses à l’envi. « C’est de treize à quinze ans, seize ans au plus, lorsque l’adolescent commence à découvrir son exigeante nouveauté avec une surprise exquise. Passé quoi, je le cède aux femmes » 13 février 1939, p.657. Paradoxalement, à l’encontre de ceux qui adorent dénoncer au nom de la Morale, André Gide n’a jamais « violé » personne : l’article 222-23 du Code pénal qualifie en effet de viol tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Ni contrainte, ni pénétration, Gide reste blanc comme neige…

Ce n’est pas cette sexualité, différente de la mienne, qui m’a fait relire Gide et surtout son Journal, à mes yeux son œuvre la plus pérenne. L’auteur livre un itinéraire intellectuel français remarquable, élevé dans la religion pour s’en émanciper tout seul, gardant la culture chrétienne en acceptant les cultures autres, se convertissant un temps au communisme comme « religion raisonnable et raisonnée » prenant la suite de l’Evangile (p.421), avant de reprendre sa liberté, s’efforçant de penser par lui-même malgré les pressions amicales, familiales, sociales, politiques et religieuses. « Croire, obéir, combattre » (p.562) est pour lui la devise du fascisme. C’est celle de tout dogme et de toute foi.

Je m’aperçois, dans la maturité, que nombre des idées qu’il émet sont devenues les miennes sans que je puisse distinguer ce qui ressort de son exemple, lors de mes lectures de jeunesse, ou de sa façon d’être – humaniste libérale – enfant des Lumières. Comme lui, je révère Montaigne et Shakespeare, Nietzsche évidemment, Goethe jadis, Dostoïevski sûrement, Racine pour la psychologie et Montesquieu pour la langue, Balzac et Stendhal beaucoup et moins Zola ou Hugo. Je considère l’Eglise comme une perversion bureaucratique et idéologique du message des Evangiles et je ne dissocie pas la chair de l’esprit (p.1077). Je crois comme lui en l’amitié plus qu’en « l’amour », ce mot-valise trop galvaudé dont personne ne sait vraiment ce que c’est entre exaltation des hormones, fuite des sens, désir fusionnel ou idéal inaccessible. Je suis et reste sans-parti, conservant comme lui mon libre-arbitre. Et, comme lui, « dans les écrits de Marx, j’étouffe » p.584.

Gide est un maître de vie – aujourd’hui encore et malgré l’Internet et la mondialisation – se situant sans cesse dans le mouvement, à l’intersection de son moi et du monde. « Prendre les choses non pour ce qu’elles se donnent, mais pour ce qu’elles sont. Jouer avec les cartes qu’on a. S’exiger tel qu’on est. Ce qui n’empêche pas de lutter contre tous les mensonges, falsifications, etc. qu’ont apportés, qu’ont imposés les hommes à un état de choses naturel et contre lequel il est vain de se révolter. Il y a l’inévitable et il y a le modifiable » p.1048.

Il a connu le grand espoir du communisme rouge… avant de déchanter en allant visiter le pays des soviets, devenu beaucoup moins soviétique et beaucoup plus bureaucratique, beaucoup moins participatif et beaucoup plus surveillé par les policiers de Staline.

Il a connu le moralisme égrotant du Maréchal en 40, étant bien près de le croire tant ses mots sonnaient justes sur la défaite due à l’hédonisme et à la lâcheté – avant de constater très vite que l’abandon n’était pas seulement celui des élites effondrées… mais celui de Vichy tout entier : « J’admire ici encore l’habileté consommée de Hitler et la naïveté routinière des Français, notre chimérique confiance en des droits que, vaincus et reniés par notre seule alliée, nous n’avons plus aucun moyen de faire respecter ; notre impéritie » 19 juillet 1940, p757.

Il a connu les bombardements alliés de Tunis occupée, la peur et le rationnement, l’égoïsme forcené de l’adolescent « pas encore pubère « Victor » (pseudo pour François Reymond, né en 1927) dont il tartine des pages d’observations aigües, mais aussi les solidarités à ras de terre des immeubles et du quartier. Il est des moments où il faut s’engager, mais c’est toujours au détriment de sa liberté intérieure et ces moments ne doivent jamais durer sous peine de sombrer dans le conformisme.

2017-confiance-francais-dans-les-medias

Les « aboyeurs de vertu » ont sévi avant la guerre et ont préparé le fascisme ; pendant la guerre ils ont favorisé la collaboration ; après la guerre ils se sont mués en inquisiteurs vainqueurs qui n’hésitaient pas à lyncher leurs ennemis personnels au nom de l’Humanité. Gide s’est toujours méfié de ces gens dont les abois sonnent bien plus fort que la vertu qu’ils affichent, et dont l’exemple qu’ils devraient pourtant donner manque trop souvent. « Certains êtres ne se maintiennent vertueux que pour ressembler à l’opinion qu’ils savent ou espèrent que l’on a d’eux » 9 octobre 1927 p.48. Ou encore : « quant aux vertus du moins qu’ils préconisent, et dont très souvent ils se persuadent que la foi leur permet de se passer » 7 février 1940, p.687. Croyez et vous serez pardonnés ! C’est valable en communisme comme en religion.

Chrétiens, communistes, résistants de la dernière heure, moralistes, tous ces « croyants » qui abolissent leur personnalité pour le Dogme appauvrissent la civilisation même : « La culture doit comprendre qu’en cherchant à absorber le christianisme elle absorbe quelque chose de mortel pour elle-même. Elle cherche à admettre quelque chose qui ne peut pas l’admettre, elle ; quelque chose qui la nie » 14 juin 1926, p.5. Mettez n’importe quelle foi à la place du « christianisme » et vous aurez le bon sens. L’islamisme aujourd’hui est dans ce cas : en cherchant à admettre un islam qui ne peut littéralement pas l’admettre, la culture humaniste des idiots utiles injecte quelque chose de mortel dans « la » culture – la nôtre. « L’on excusera mal, plus tard, cette modération, cette longanimité, cette tolérance dont nous avons fait preuve à l’égard du catholicisme ; notre sympathie paraîtra faiblesse, et notre indulgence sera jugée sans indulgence. Encore heureux si l’on ne dit pas que nous avons eu peur », écrit Gide le 6 juillet 1938, p.86. Cette phrase s’applique telle qu’elle aujourd’hui. Quant à la « post-vérité » érigée récemment par Trump en dogme de gouvernement, Gide la notait déjà chez Barrès, le nationaliste de son temps : « Je ne consens à connaître pour vrai que ce qui me sert », lui fait-il dire le 11 novembre 1927, p.59.

Comme le premier tome, ce Journal est fait de bric et de broc, les cahiers de réflexions s’ajoutant au carnet plus vraiment quotidien, les relations de voyage restant brutes avant toute élaboration (le carnet d’URSS montre combien l’auteur devient prudent et ne note plus sur la fin que quelques phrases sibyllines). Mais il est bien vivant : « Tout ce que j’ai écrit de mieux a été bien écrit tout de suite, sans peine, fatigue ni ennui » 18 août 1927, p.41. André Gide fut le premier écrivain vivant à être publié dans la Pléiade en 1939, collection Gallimard dirigée par son ami Jacques Schiffrin. La dernière entrée du Journal date du 21 novembre 1950, Gide s’éteindra le 19 février 1951, moins de trois mois plus tard. Le bilan de son existence, il le tire le 3 septembre 1948, à 79 ans : « Un extraordinaire, un insatiable besoin d’aimer et d’être aimé, je crois que c’est cela qui a dominé ma vie, qui m’a poussé à écrire ; besoin quasi mystique au surplus, car j’acceptais qu’il ne trouvât pas, de mon vivant, sa récompense » p.1066.

Ce sont donc les carnets d’une vie entière, de 18 à 82 ans, qui composent cette œuvre. Ils disent l’homme et c’est ce qui nous importe, au fond, plus que les faits ou les imaginations. « Ne vaut réellement, en littérature, que ce que nous enseigne la vie. Tout ce que l’on n’apprend que par les livres reste abstrait, lettre morte » 4 novembre 1927, p.56.

André Gide, Journal II, 1926-1950, édition Martine Sagaert, Gallimard Pléiade 1997, 1649 pages (1106 pages sans les notes), €76.50

André Gide, Journal – une anthologie 1889-1949 (morceaux choisis), Folio 2012, 464 pages, €9.30

Le site André Gide en anglais http://www.andregide.org/

André Gide sur ce blog

Catégories : Livres | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Pierre Drieu La Rochelle, La comédie de Charleroi

En six nouvelles, Drieu décrit sa guerre de 14 avec le recul des années. Il avait 21 ans en 1914 et était encore capable d’exaltation guerrière, cette « puberté de la vertu » à la suite des légendes de Napoléon et de Marathon qui avaient enfiévré son enfance. Lorsqu’il publie La comédie, en 1934, il a vingt ans de plus et l’amertume de constater que la guerre n’a décidément rien appris aux démocraties parlementaires, toujours aussi affairistes, démagogues et bureaucrates. C’est cette même année 1934 qu’il publie l’essai Socialisme fasciste, tirant progressivement vers les nazis. Il n’entrera au PPF de Doriot qu’en 1936, mais sur son expérience de guerre, des vrais « chefs » qu’il décrit dans La comédie de Charleroi.

Pierre Drieu La Rochelle La comédie de Charleroi

Ce livre est peut-être son meilleur, mais je n’ai pas encore lu le reste. Il est en tout cas bien composé, style entraînant et réflexions utiles. Drieu parlant de lui est véridique, même si « le narrateur » n’est pas toujours son double, n’ayant pas combattu exactement comme lui. Il s’agit bien d’une expérience romancée, Drieu a passé un peu plus de 5 mois au front, le reste du temps blessé ou malade ou un temps pistonné par une femme. Cela n’enlève rien à la fraîcheur et à la violence de ses expériences vécues : Charleroi, Verdun, les Dardanelles.

« Alors, tout d’un coup, il s’est produit quelque chose d’extraordinaire. Je m’étais levé, levé entre les morts, entre les larves. J’ai su ce que veulent dire grâce et miracle. Il y a quelque chose d’humain dans ces mots. Ils veulent dire exubérance, exultation, épanouissement – avant de dire extravasement, extravagance, ivresse. (…) C’était donc moi ce fort, ce libre, ce héros. (…) Qu’est-ce qui soudain jaillissait ? Un chef. (…) l’homme qui donne et qui prend dans la même éjaculation » (I.IV). Au cri d’exubérance exaltée du jeune homme de 21 ans en 14 – « l’explosion suprême de l’enfance » (IV) – répond le cri de peur sorti des entrailles sous l’obus à Thiaumont en 17. Entre les deux, le passage de la charge à l’attente, du guerrier au bombardement industriel. « La guerre aujourd’hui, c’est d’être couché, vautré, aplati. Autrefois, la guerre c’était des hommes debout » (I.II). De la chevalerie à la masse, du combat d’homme à homme à l’écrasement de fer anonyme. En cause : la démocratie et la technique.

La démocratie, cela fait « ces paysans alcooliques, dégénérés, maladifs », « des ouvriers tous sournoisement embourgeoisés », des officiers « ronds-de-cuir qui attendaient leur retraite », « cette armée si peu militaire, parquée dans les casernes » qui ne connaît « que l’exercice imbécile dans la cour et la théorie ». Sur le terrain, contrairement aux Allemands en feldgrau, « seuls nos pantalons rouges animaient le paysage. Stupide vanité, consternante idiotie de nos généraux et de nos députés ». En bref « l’accablement de toute cette médiocrité qui fut pour moi le plus grand supplice de la guerre, cette médiocrité qui avait trop peur pour fuir et trop peur aussi pour vaincre et qui resta là pendant quatre ans, entre les deux solutions » (I.II). « Depuis que j’étais né dans ce pays (…) on n’entendait parler que de défaites. Enfant, on ne me parlait que de Sedan et de Fachoda quand ce n’était pas de Waterloo et de Rossbach » (I.VII). La guerre va-t-elle retremper les âmes ? « Cet espoir, c’était que l’événement allait faire justice de la vieille hiérarchie imbécile, formée dans la quiétude des jours » (I.IV). Mais nous sommes en 1934 et les parlementaires sont toujours aussi médiocres. Le 6 février n’est pas loin ! « Je suis contre les vieux » (I.VIII). Car la Grande guerre a vaincu les hommes, elle ne les a pas régénérés.

cadavre allemand tranchee 14-18

En cause, la technique. « Cette guerre moderne, cette guerre de fer et non de muscles. Cette guerre de science et non d’art. Cette guerre d’industrie et de commerce. Cette guerre de bureaux. Cette guerre de journaux. Cette guerre de généraux et non de chefs. Cette guerre de ministres, de chefs syndicalistes, d’empereurs, de socialistes et de démocrates, de royalistes, d’industriels et de banquiers, de vieillards et de femmes et de garçonnets. Cette guerre de fer et de gaz. Cette guerre faite par tout le monde, sauf par ceux qui la faisaient. Cette guerre de civilisation avancée » (I.IV). Avancée comme le camembert lorsqu’il est fait… Il n’y a pas que les démocrates français, les impériaux allemands sont pris aussi dans cette absurdité industrielle : « J’ai vu ça en 1918, cette chère vieille infanterie allemande crever décidément sous le flot de l’industrie américaine. Ah ce tonnerre énorme, omnipotent, si bien installé, si sûr de lui. Dieu était avec eux » (I.IV). Quant aux fascistes, nés après guerre, ils seront pris aussi : « La guerre moderne est une révolte maléfique de la matière asservie par l’homme » (I.IV). Heidegger le pense au même moment. « Trop de ferraille (…) un supplice inventé par des ingénieurs sadiques pour des bureaucrates tristes. Mais ça n’est pas une guerre pour guerriers » (IV).

Drieu est contre la démocratie, contre la ville, contre la technique – « Je haïssais le monde moderne » (IV). La modernité, c’est aussi le nationalisme, dévoiement politicien du patriotisme pour les masses. Drieu est pour l’Europe, contre les nations. « Le nationalisme, c’est l’aspect le plus ignoble de l’esprit moderne ». Il est fabriqué par la mémoire reconstruite, « on définit le passé (…) Et ce sont les politiques qui font ces définitions ». Or « une culture aujourd’hui, c’est une nomenclature fixée par les ministères et les agences de tourisme, et interdite par les douanes du pays voisin (…) Je ne veux pas me battre pour une chose frelatée (…) Car plus on défend une culture, plus elle devient sèche, moins elle est digne d’amour » (V). Aujourd’hui lui donne raison, qu’aurait-il dit des lois mémorielles et de l’identité nationale ? Mais sa contradiction est d’avoir rejoint le fascisme qui était plus totalitaire encore dans l’exaltation de l’identité raciale.

Car l’Europe pour Drieu est le berceau d’une race, et il considère le mélange comme une dégénérescence biologique : « C’était plein de nègres, de Chinois, d’Hindous, et d’un tas de gens qui ne savaient pas d’où ils étaient – ils étaient nés dans le grand tunnel où, entre les deux tropiques, la misère et le lucre se battent et copulent » (III.IV). Le problème du Juif est qu’il a délaissé sa race pour les patries : « Ils s’en sont donné du mal pour les Patries dans cette guerre-là, les Juifs », tandis que les chrétiens n’osent pas croire en leurs propres dieux européens mais en cette religion « qui humilie la chair comme le vice » (IV). « Qu’est-ce qu’un chrétien ? Un homme qui croit dans les Juifs. Il avait un dieu qu’il croyait juif et, à cause de cela, il entourait les Juifs d’une haine admirative » (I.IV). Son ami Claude Praguen est juif, qui sera tué en août 14 ; le Jacob qu’il évoque devant son capitaine est aussi juif français. Drieu n’a pas de haine pour « les Juifs » dans ce livre ; il considère que les patries ne sont pas leur place et que l’Europe doit se bâtir sans eux, sans leur mentalité d’affaires « un peu servile », « un peu relâchée » (I.II), selon les stéréotypes d’époque. Il aurait probablement bien accueilli Israël.

jeunesse allemande

Reste qu’au-delà de ces considérations politiques, pas simples en 1934 lorsque l’on n’a le choix qu’entre Staline, Hitler et les ploutocrates de la démocratie parlementaire – Drieu reste Drieu. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il parle de lui, lorsque son narrateur coïncide avec sa personne intime. Ni officier, ni homme du rang, Drieu sera caporal, puis sergent, jamais vraiment à sa place, toujours entre deux. « Je ne suis pas un intellectuel parce que je ne reconnais que l’expérience et la pratique. (…) Je ne suis pas un bourgeois, car j’ai toujours mis mes besoins au-dessus de mes intérêts. Je ne suis pas un prolétaire, car je profite d’une éducation. Peut-être suis-je un noble ? Mais non, je ne suis pas assez égoïste et mégalomane. Peut-être suis-je un homme ? Mais vous allez me parler d’humanisme. Je suis moi et qui m’aime me serre la main » (V). Certes, ce n’est pas Drieu directement qui parle, ni son masque le narrateur, mais un déserteur. Mais lorsque tout fout le camp, ne faut-il pas déserter ? Cette grande tentation, Drieu l’a éprouvée tout au long de la guerre et tout au long de sa vie. Son suicide final sera dix ans plus tard une désertion, aussi le déserteur parle en son nom.

Reste une alternance de témoignages et de satires, de récits et de comédie, de personnages positifs et négatifs. Car si la mère Praguen est négative, son fils Claude est positif ; si le lieutenant est couard, le colonel est fier ; si tant de galonnés sont planqués, le général est en première ligne. Il y a donc des capitaines courageux, comme avait dit Kipling – c’est bien la première fois dans un roman de Drieu La Rochelle. Une bonne réflexion sur la guerre industrielle donc toujours d’actualité, malgré quelques mots égarés sur les Juifs.

Pierre Drieu La Rochelle, La comédie de Charleroi, 1934, Gallimard l’Imaginaire 1996, 238 pages, €8.60

Pierre Drieu La Rochelle, Romans-récits-nouvelles, édition sous la direction de Jean-François Louette, Gallimard Pléiade 2012, 1834 pages, €68.87

Tous les romans de Drieu La Rochelle chroniqués sur ce blog

Catégories : Livres | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Louis-Ferdinand Céline, Féérie pour une autre fois I et II

Je le dis tout net, ce Céline là, « le plus abouti » selon l’éditeur, m’ennuie. Ce « roman » n’est que style, pas d’histoire mais une logorrhée ininterrompue de réminiscences, d’injures, de récriminations. Il y a même des portées musicales ! Les puristes parlent de style « purement émotif », affranchi de tout enchaînement, d’onomatopées à peines mises en mots, bulles d’exclamations agressives qui remontent de la boue. Fort bien, mais laissons cela aux « littéraires », aux extracteurs de quinte essence. Pour moi lecteur, ce Céline là est chiant, bien plus que ses romans de guerre, d’enfance ou d’exil.

Cette fois, pas d’histoire à raconter mais un état d’âme. Et il n’est pas joli, sans cesse dans le ressentiment, à la recherche de bouc émissaire pour ses démissions intimes. Le bombardement ? c’est à cause de « Jules », qui fait sémaphore au balcon, incantatoire, dans Féérie II. Jules est le double haï de Céline, un artiste qui modèle des nus dans la glaise, la main dans la pâte après avoir pétri la chair, tout comme Céline s’évertue à transformer en irruptions de mots ses visions. Sans cesse des apartés, des digressions, des impasses. Le besoin d’interpeller le lecteur qui s’emmerde pour s’excuser, s’expliquer, le raccrocher. La conversation « à bâtons rompus », qui fait tant les délices des dissecteurs, on a envie de les lui rompre sur le dos ces bâtons, à Céline ! Déjà le titre : Féérie c’est la confusion des lieux et des temps, la mise en tapisserie de tout le tissage de mémoire. Juste pour l’effet. « Féérie c’est ça… l’avenir ! Passé ! Faux ! Vrai ! Fatigue ! » p.15.

Il y a de l’histrionisme chez Céline, de l’héneaurme, du théâtreux : soixante mains, dix-huit corps… Le drôle a besoin d’un public pour sa paranoïa. « C’est effrayant ce que j’ai d’ennemis et outrageants à qui peut le plus ! » p.22. Éructés de 1946 à 1954, ces deux volumes ont été grafouillés en détention au Danemark, dans la récrimination permanente contre tous ceux qui lui en veulent (en bref la terre entière sauf Lili et Bébert). Céline n’a plus à séduire, il se lâche. Et ça nous ennuie profondément, surtout le Féérie I. « Normalement je suis gai et mutin, verveux, allègre, Vermot, espiègle ! Et puis un faible pour les danseuses ! » p.22. Céline ici n’est pas « normal », il est pris et chamboulé par le siècle. « L’enthousiasme des siècles, c’est tel ! Bûchers, massacres, poubelles ! Encore plus que le vol ! l’Islam, Port-Royal, la Concorde [mis pour guillotine], Gengis, l’atome, le phosphore, c’est quelqu’un ! Pour carboniser les missels, ‘L’Iliade’ aux cochons, brouter la Vierge, culer Pétrarque, jamais ça plisse ! Sitôt dit fait ! Croisade ! croisons ! Pendards ! pendons ! mauviette qui flube ! » p.34.

Avouons que Féérie II, appelée par la première édition ‘Normance’ du nom d’un gros personnage qui ronfle sous une table, est plus lisible, « ça » prend parfois avant de retomber dans le galimatias. Parce que Féérie II évoque un bombardement autour de Paris que Céline voit à la fenêtre, vit avec les résidents de son immeuble et sent dans ses tripes à chaque sursaut d’explosion. Mais ça dure, ça dure, il se répète, il s’hébète, il radote. Il n’aime pas les gens, ni sa patrie résistante de dernière heure, ni son siècle de brutes machines. Pour dire ça, il trouve les mots, cisèle les phrases. « Question des hommes et des femmes ya que les malades qui m’intéressent… les autres, debout, ils sont tout vices et méchanceté… je fous pas mon nez dans leurs manèges… la preuve : comme ils arrangent leur cirque que c’est plus habitable, vivable, par terre, en l’air, ou dans le couloir ! et qu’ils engendrent ! acharnés fournisseurs d’Enfer ! et péroreurs ! et que ça finit pas de promettre !… et que ça s’enorgueillit de tout !  et bave et pavane ! Y a que couchés, crevants et malades qu’ils perdent un peu leur vice d’être hommes, qu’ils redeviennent pauvres animaux, qu’ils sont possibles à approcher… » p.230. Il y a parfois des perles de ce genre dans le galimatias.

Il tente de rationaliser. De dire qu’après l’irruption du film, les écrivains n’ont plus le choix qu’entre « le chromo » (le style Delly) et l’impressionnisme en littérature (son style éructant aux trois points). Qu’il s’agit d’une invention, d’un procédé révolutionnaire qui fait date, façon de retrouver la pensée brute en marge de la logique du discours. De court-circuiter la raison en échappant aux cadres. « Je vous donne un peu l’enthousiasme, la sueur, les tribunes, le soleil, les boas, les casques, les cimiers, l’artillerie montée, les dragons, la charge… « les voyez-vous » ?… le vaste mouvement des extrêmes !… » p.107. Mais tout ça, c’est pour les théoriciens. Un roman qui n’a pas d’histoire à raconter est un texte expérimental, pas quelque chose qu’on lit avec plaisir. « Je vous raconte les choses tout à trac… nature… je prétendrais imiter les bruits faudrait un volcan en personne !… c’est pas sur le pauvre papier que je vais érupter ! et Vésuve ! ni les aravions à la charge !… » p.214. « Aravion », c’est joli, mélange d’ara et d’avion, de perroquet chatoyant et de mécanique cruelle. Mais s’il s’agit de revenir au discours oral, pourquoi le livre ? Pourquoi pas le disque ? Céline lu au théâtre est probablement plus intéressant que Céline lu dans le silence de la page. Fabrice Luchini l’a testé.

Le lecteur qui voudra aborder Céline lira ‘Voyage au bout de la nuit’, son premier et meilleur. Celui qui voudra en savoir plus sur l’homme et ses compromissions avec le siècle lira la trilogie de 1945 ‘D’un château l’autre’, ‘Nord’, ‘Rigodon’ (Pléiade, Romans II).

Voir Céline sur le blog, vous pourrez même apprendre pourquoi Céline était antisémite.

Louis-Ferdinand Céline, Féérie pour une autre fois I et II (Normance), 1952 et 1954, Gallimard Pléiade, Romans IV, 1993, édition Henri Godard avec 8 versions, dictionnaire d’argot et Entretien avec le professeur Y, 1598 pages, €71.25

Louis-Ferdinand Céline, Féerie pour une autre fois, Folio, 632 pages, €9.40

Catégories : Livres, Louis-Ferdinand Céline | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Guerre médiatique en Libye

Notule reprise par Medium4You.

Je ne comprends pas les politiques qui commandent aux militaires.

Nous sommes dans un monde du spectacle où la seule chose qui compte est le théâtre, les médias. Ce n’est pas Sarkozy qui dira le contraire !

Alors pourquoi la télé de Kadhafi n’a-t-elle pas été détruite dès les premières frappes ?

Empêcher le dictateur assassin multirécidiviste (et protégé des bombardements par Chirac en 1986) de glapir devant le monde entier, d’affirmer que « le peuple » tout entier est derrière lui, n’est-ce pas à la lettre obéir à la résolution 1973 des Nations Unies ?

De qui se moque-t-on ?

PS de lundi : on a compris pourquoi… la « coalition internationale » s’est transformée en guerre américaine, commandée depuis un PC en Allemagne. D’où le revirement de la Ligue arabe et l’agitation vaine de Sarkozy qui joue le clown pour les militaires yankees qui n’ont jamais su gagner les guerres politiques.

Catégories : Géopolitique | Étiquettes : , , , , , , , , ,