
Gros succès en son temps pour ce film de science fiction d’il y a trente ans. Il faut dire qu’il parle d’un virus mortel qui éradique cinq milliards de terriens en un rien de temps, l’année 1997. Échappe d’un laboratoire, comme très probablement le virus chinois, mais pas par inadvertance : par la faute d’un terroriste en col blanc, le chercheur aigri du labo travaillant dans le privé pour la Défense.
Mais cela, personne ne le sait, puisque les protagonistes sont morts. C’est pour cela que, dans le futur de vingt ans, les 1 % survivants réfugiés loin sous terre décident d’envoyer dans le passé un mauvais garçon, prisonnier mais vigoureux et observateur. Ils veulent savoir d’où le virus est parti et quelles sont les causes de son apparition. L’espion doit appeler une boite vocale pour rendre compte. James Cole (Bruce Willis, qui joue très bien les abrutis) doit se renseigner sur l’armée des douze singes, organisation terroriste qui envisage de libérer le virus, selon un message laissé par une femme. James est un cas psychiatrique, il revoit sans cesse dans ses cauchemars le meurtre par balle d’un homme dans l’aéroport de Philadelphie. Il l’a vécu enfant, il était lui-même cet enfant. Quant à l’homme tué… le spectateur apprendra qui il est.



La technologie n’est guère au point : viser le passé n’est pas très fiable. Voilà que James se retrouve non pas en 1996, mais en 1990. Erreur technique. Il est très vite arrêté par la police et enfourné en hôpital psychiatrique pour ses délires sur le futur. Le séduisant docteur Kathryn Railly (Madeleine Stowe) le soigne. Contrairement à ses collègues masculins, et sans doute séduite par la carrure mâle du patient, elle cherche à comprendre. James, assommé par les médicaments, est coaché à l’intérieur par le déjanté Jeffrey (Brad Pitt, excellent en taré). Il apprend que le garçon est fils du scientifique qui travaille sur les virus, dont celui qui va agir. Jeffrey croit que son père veut supprimer l’humanité, ce qui lui paraît tout à fait génial. Il hait la société de consommation, et l’enfermement des bêtes dans les zoos. D’ailleurs, tout ce qui dépare de la Norme est mis en cage : les fous, les marginaux, les criminels, les bêtes. Ne serait-ce pas la société qui serait folle ?
Avec l’aide de Jeffrey, James s’évade. Repris, il est mis en cellule d’isolement, attaché seul dans une cave obscure. Mais il disparaît mystérieusement. Il a été « rappelé » dans le futur, et les humains au présent ne peuvent l’imaginer. Après avoir été interrogé, il est renvoyé dans le passé. Il atterrit en pleine Première guerre mondiale, encore une erreur. Il y croise son codétenu du futur José (Jon Seda) ! Entre les tranchées, il se fait tirer dessus et prend une balle dans la cuisse.
C’est cette balle que le médecin psychiatre Kathryn va extraire après avoir été prise en otage par James, renvoyé dans le futur exact de 1996 cette fois, et qui veut en finir avec cette mission absurde. Il veut retrouver avec son aide Jeffrey, car il croit qu’il sera l’auteur de la pandémie qui doit se déclencher dans quelques semaines. Le garçon a été réintégré dans la société et prépare en secret un coup de terrorisme vert : libérer les animaux du zoo de la ville. Cette « armée des douze singes », selon un conte pour enfants, doit tourner en dérision la société humaine.


Le docteur Railly convainc James qu’il est sujet à des hallucinations et que le futur n’existe pas, sauf dans son esprit. Il finit par s’en persuader, car qui est fou ou sain d’esprit ? En même temps, elle-même finit par douter car le monde se décompose et va dans le mur. C’est la disparition du petit Richard dans un puits de mine, que James qualifie de canular car le gamin s’est caché dans une grange – ce qui s’avère un peu plus tard ; c’est la balle qu’elle extrait, expertisée, qui prouve qu’elle vient de 1917. Elle prend contact avec le père de Jeffrey pour le mettre en garde : que son fils n’ait surtout pas accès aux virus du laboratoire. Le savant (Christopher Plummer) se dit qu’il est peut-être utile de prendre des précautions supplémentaires, et en charge son assistant (David Morse) – précipitant sans doute sa décision d’en répandre un mortel. Elle appelle aussi le numéro que James devait appeler en 1990, alors pas activé, pour laisser un message sur l’armée des douze singes – celui-là même qui a motivé la mission de James.


Mais désormais, Kathryn et James sont tombés amoureux et décident de vivre au présent, sans plus se préoccuper des scientifiques qui veulent réguler l’humanité jusque dans la chambre à coucher. Ils sont toujours à évaluer, juger, donner des notes, formater. Les abîmes du temps et de la psychologie finissent par lasser et désorienter : autant en revenir au solide de la tradition. Et de bien vivre avant la catastrophe. Pour cela aller en Floride, la mode à l’époque, avant la fréquence augmentée des cyclones dus au réchauffement. Railly prend les billets, les deux se déguisent, recherchés par la police, James s’arrache les dents car on lui a appris qu’il était suivi dans le futur par un émetteur dans une dent – illustrant une fois de plus les dangers de la technologie. Les voilà prêts.
James laisse un dernier message téléphonique avertissant les scientifiques du futur qu’il reste dans son présent (ce qui perturbe l’ordre du temps) et que l’Armée des douze singes n’est pas cause de la diffusion du virus. Immédiatement repéré par la technique, il est abordé par un émissaire du futur qui lui remet un revolver pour tuer le Dr Peters, l’assistant du père de Jeffrey. Comme quoi le futur savait, ou l’avait deviné en suivant James à la trace. Kathryn Railly voit en effet Peters prendre l’avion devant elle avec une valise pleine d’échantillons virologiques, que le contrôle fait ouvrir. La préposée aux billets s’exclame du tour du monde qu’il s’apprête à faire… et dont les escales dont dans l’ordre de la propagation du virus que James a appris dans le futur. Vont-ils réussir à l’empêcher ?

Même pas… James se fait descendre par les flics de l’aéroport alors qu’il tente maladroitement de viser Peters qui s’empresse avec sa valise. Un enfant d’une dizaine d’années observe la scène de ses grands yeux bleus (Joseph Melito). Il est James vingt ans avant. Quant au Dr Peters, il s’assoit dans l’avion à côté d’une femme qui dit travailler dans les assurances, alors qu’elle est l’une des scientifiques du futur qui a envoyé James en 1996. Ce qui laisse au spectateur le soin de conclure… par diverses hypothèses, selon son pessimisme. Cette ultime fin énigmatique fait beaucoup pour l’attrait du film – tiré d’ailleurs d’un court métrage français de 1962 intitulé La Jetée.
DVD L’armée des douze singes (Twelve Monkeys), Terry Gilliam, 1995, avec Bruce Willis, Madeleine Stowe, Christopher Plummer, Brad Pitt, David Morse, DVTY 2002, anglais vo doublé français, 2h05, €6,79, Blu-ray version restaurée L’Atelier d’Images 2024, anglais vo doublé français €19,99
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