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Hitchcock, Histoires angoissantes

Vieilles histoires mais histoires éternelles de ruse pour obtenir plus de pouvoir, plus d’argent, plus d’amour. Histoires originales, où la ruse est reine, où l’inventivité prime, où parvenir à ses fins exige un plan… parfois déjoué par le destin ou par l’autre qui ne reste pas inerte.

Ce sont donc vingt nouvelles, tirées du Hitchcock Magazine, qui sont publiées sous le thème de l’angoisse.

C’est un couple de riches qui se jalousent et désirent tirer avantage de la mort de l’autre ; sauf que c’est réciproque et que leurs actes s’annulent jusqu’à s’inverser même. C’est un amnésique à l’hôpital qui se meurt de ne plus se souvenir de rien ; et un petit garçon blessé par une chute de son cheval survient et il découvre qu’il sait consoler. C’est un autre petit garçon qui appelle un soir la police, sa mère et son beau-père sont morts par balle au rez-de-chaussée ; lui voulait aller vivre avec son père mais on ne lui avait pas demandé son avis ; en pyjama, les pieds nus, son père appelé revient pour qu’il vive désormais avec lui ; le garçon n’emmène qu’une boite qui contient ses secrets. C’est une vieille dame abandonnée de tous, que ses enfants veulent mettre en maison de retraite, mais qui se prend de passion pour les violettes tropicales d’Afrique. C’est un jeune couple qui se fait agresser, la jeune épouse est violée, tuée, le jeune mari est menacé mais ne tente rien ; il reproche aux voisins dans ce lieu isolé qui n’ont ni arme, ni téléphone, mais une famille nombreuse, de ne pas les avoir aidés – mais à qui faut-il s’en prendre, sinon à lui-même ?

Ce sont deux chasseurs qui aiment la même serveuse dans les montagnes américaines ; un évadé dangereux rôde aux alentours et chacun se dit que, peut-être, son rival pourrait disparaître à cette occasion. C’est un mari qui prend par habitude des étudiants en stop ; justement en voilà un qui arbore le même logo que l’école dans laquelle il a fait ses études ; son couple va mal, et le crime est parfait. C’est un détenu pour faits mineurs qui croit s’évader en endossant les habits d’un autre, un témoin contre un mafieux ; sauf qu’il n’a pas songé aux conséquences, ni que la Mafia avait de l’imagination. C’est une vieille tante que son neveu voudrait voir disparaître pour claquer l’héritage ; il imagine un piège diabolique qui a pour centre la salle de bain, mais c’est sans compter l’amitié de la vieille avec les enfants du coin et leur savoir scout en matière de morse. C’est une petite fille qui veut se tuer parce qu’elle n’aime pas son beau-père et que sa mère en est emprise ; elle fugue incognito et lorsqu’elle revient, le beau-père est déjà arrêté sur la foi de la lettre laissée par la gamine disant qu’il avait l’intention de la tuer ; la mère en profite. C’est une épouse qui veut divorcer aux torts de son mari qui a une maîtresse ; mais le mari est plus subtil qu’elle et inverse les rôles, se débarrassant à la fois d’elle et d’une maîtresse chanteuse.

C’est un soldat durant la guerre de Corée qui reconnaît un autre homme qui avait agressé, des années auparavant, un vieillard dans un parc et l’avait tué ; il l’avait à peine vu mais l’a reconnu mais, imbécile comme un naïf, il croit qu’il suffit de révéler la vérité pour que tout rentre dans l’ordre moral. C’est un tueur qui vient déclarer ses revenus pour établir ses impôts ; le fonctionnaire lui dit qu’il est illégal d’être « tueur » et qu’il devrait le dénoncer ; commence alors une série de passes d’armes juridiques pour finir par un bel et bon chantage. C’est un malade à l’hôpital qui entend dans le sommeil de son voisin peu avenant une réminiscence d’un meurtre ; il a le tort d’en parler et doit être opéré… justement par le nom qui fut cité dans le rêve de l’autre. C’est encore un jeune flambeur qui voit de l’argent tomber du ciel, un portefeuille très garni du haut d’un immeuble ; il s’en empare mais une fille le retrouve et lui révèle qu’il appartient à un type dangereux, lequel va tenter de le tuer en effet, mais tout se termine bien – même mieux que prévu : aide-toi, le ciel t’aidera. C’est un ouvrier qui travaille de nuit et dont la bonne femme ne fout rien, il doit l’aider pour tout, les courses, les déjeuners, les enfants ; il s’épuise et décide d’en finir avec cette existence d’esclave pour – enfin – pouvoir dormir. C’est un avocat qui a durant deux ans été procureur dans un État sans peine de mort et a fait condamner un meurtrier qui le suit dans les montagnes et le retrouve ; il tire et le blesse au ventre, jouissant de le voir crever à petit feu ; mais l’avocat veut le voir puni et le dénoncer là où il faut, dans un État où la peine de mort existe ; il arrive par un effort surhumain à enfourcher un radeau construit par des scouts et à se laisser dériver jusqu’à la frontière requise où il dénoncera le crime. C’est un auteur qui se repose aux Caraïbes et qui rencontre un vieil indigène adepte de l’alectryomancie – la prévision d’avenir par les graines représentant des lettres que picore un coq attaché ; il ne croit pas à ces fariboles mais le coq, interrogé trois fois (comme Pierre devant le Christ arrêté), désigne par trois fois le mot « mort », cela ne peut que mal finir.

Hitchcock, Histoires angoissantes, 1961, Livre de poche 1988, 319 pages, occasion €1,20

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Pierre Clostermann, Feux du ciel

Un livre ancien, bilan de la 2GM côté avions, par un pilote de la France libre aux 33 victoire homologuées et auteur du célèbre récit Le grand cirque – mémoires d’un pilote de chasse FFL dans la RAF qui a ravi ma prime adolescence – « le seul grand livre issu de la Seconde Guerre mondiale » selon Faulkner. Le récit documentaire s’ouvre sur cet épigraphe : « A mes camarades aviateurs qui sont morts pour effacer les fautes anciennes qui n’étaient pas les leurs ».

Car ces fautes, elles étaient celles de politiciens imprévoyants et démagogues, d’industriels peu soucieux d’innovation, de bourgeois soucieux de surtout ne pas penser aux dangers, d’officiers généraux rassis dans leurs vieilles tactiques dépassées. L’avion est une arme nouvelle, comme le char : qui s’en soucie ? Qui le pense comme tactique ? Qui l’affine et l’améliore pour les missions ? – Surtout les Nazis et les Japonais… Il faudra l’invasion de la Pologne en Europe et l’attaque sans prévenir de Pearl Harbor dans le Pacifique pour que les insouciants, conservateurs et imbus de leur statut, prennent enfin la mesure de la réalité.

Pierre Clostermann parle donc en ingénieur des avions, en combattant des pilotes, en historien des contextes et des tactiques. En neuf chapitres, il brosse neuf batailles cruciales, et signale neuf avions clés.

« Trop peu, trop tard » : ce fut la bataille de France. Ce fut la même chose à Pearl Harbour et Bataan. Deux avions : le Messerschimtt 109 allemand et le Zero japonais. Ils sont tous deux puissants et très manoeuvrants, le Zero construit d’une coque pleine, donc léger, pouvant virer plus vite que les chasseurs existants.

A Malte, île stratégique en plein centre de la Méditerranée, qui a coulé près de 50 % de la flotte ravitaillant Rommel en Afrique du nord, le Spitfire est roi côté Alliés : « typiquement britannique, sobre, représentant un parfait compromis entre toutes les qualités exigées d’un avion de chasse, défensif par excellence – mécanique raisonnable conçue par des ingénieurs d’une froide précision et construite par des ouvriers consciencieux » p.7

Pour détruire en vol l’amiral Yamamoto, stratège de génie de la guerre dans le Pacifique, un message intercepté et décodé par la marine américain permet de connaître son itinéraire sur quelques jours. Ce sont des Lightning P 38 qui sont dépêchés afin de le descendre. Le « diable à deux queues » américain est un bimoteur monoplace rapide à grand rayon d’action à armement concentré dans le nez.

En Afrique du nord, la France disposait d’une flotte aérienne importante de 46 groupes d’avions mais les badernes inféodées à Vichy restaient l’arme au pied, attendant de voir comment allait tourner le vent. Ce ne sont que quelques rebelles de la France libre, héros car sûrs de mourir étant donné leur infériorité numérique, qui vont relever l’honneur du pays. Dont le colonel Pijeaud du groupe Lorraine qui mourra en étant abattu dans son avion en flammes alors qu’il attaquait avec un groupe anglais une importante formation germano-italienne qui se rendait à Barce.

A Varsovie, les résistants sont appelés à prendre les armes contre les Nazis par Staline, puis laissés cyniquement à massacrer par le même Staline qui élimine ainsi l’élite armée du pays avant son invasion. Seul De Gaulle refuse les conditions du despote asiatique. Churchill se trouve contraint d’accepter les tracés exigés de frontières et de gouvernement sur les instances de son allié Roosevelt qui ne comprend rien au communisme et veut la paix avec le tyran géorgien – mais autorise de sa propre initiative les Services spéciaux de la RAF à ravitailler Varsovie par air, via les escadrilles spéciales polonaises de la RAF et deux escadrons sud-africains. Les Hallifax sont à la peine face au mur de DCA allemande.

La chute du Reich dans les airs ressemble à un crépuscule des dieux. C’est là que trônent les avions les plus innovants de l’époque, qu’une bourde d’Hitler (une de plus) a empêché de jeter dans la guerre six mois plus tôt. Le Messerschmitt 262 est le premier avion à réaction à voler et à frôler le mur du son, bien plus rapide que n’importe quel chasseur allié. Très en avance sur son temps, il cumulait les innovations techniques : « Parachute à lanière contenant une bouteille portative d’oxygène pour les sauts à grande vitesse et à hautre altitude. Plan fixe réglable en vol pour changer l’assiette de l’avion aux vitesses critiques, aile en flèche, ailerons multiples et commandes relayées par un servomoteur, sièges éjectables, collimateur gyroscopique, radar, fusées air-air, etc. » p.180. Quatre cents Me 262 furent utilisés, mais une seule fois, les aérodromes détruits et l’usine écrasée sous les bombes.

C’est le De Havilland Mosquito, « construit en lamelles de balsa et de bouleau » et équipé de deux moteurs Rols Royce Merlin pour 3200 CV qui a représenté le bombadier le plus performant dès 1942. Rapide – 695 km/h à 8200 m d’altitude – léger et manoeuvrant, il échappait à la chasse allemande. La version chasseur était équipée de quatre rockets et de quatre canons de 20 mm. « C’était surtout en rase-mottes de jour que les Mosquitos bombardiers remplirent d’incroyables missions – en particulier la destruction des QG de la Gestapo à Oslo et à Copenhague, ainsi que le coup célèbre de la prison d’Amiens – au cours desquelles les avions volant au ras des toits plaçaient littéralement leurs bombes dans les fenêtres des objectifs » p. 215.

A Okinawa, lors de la bataille du 1er avril 1945, les kamikaze japonais sur leurs avions Jinraï (coup de tonnerre), ont coulé 33 avions dont des porte-avions et des croiseurs, 57 transports de troupe, tuant 12 260 hommes et en blessant 33 769. Le Jinraï était un avion à réaction miniature propulsé par cinq fusées sur 70 km seulement ; il portait dans le nez 1000 kg de TNT. Mais le 6 août 1945 la Superforteresse B29 Enola Gay survolait tout seul Hiroshima et larguait à 8h45 son unique bombe A. Elle détruisit dix km² et tua 105 000 personnes d’un coup, marquant la fin de la guerre.

Une épopée où ce sont les hommes qui font la technique et l’utilisent comme outil, pas l’inverse.

Pierre Clostermann, Feux du ciel, 1951, J’ai lu Seconde guerre mondiale 1968, 249 pages, €11;00 occasion

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Claude Simon, Triptyque

claude simon triptyque
Je ne vous dirai rien de La Bataille de Pharsale, publié en 1969, qui est à mes yeux illisible. Triptyque l’est un peu plus, mêlant trois histoires afin de « déconstruire » le concept même d’histoire, de récit cohérent avec un début et une fin. Cette affectation de rébellion, tellement à la mode chez les auteurs du « nouveau » roman des années 1960, est une impasse littéraire. J’aimerais être contredit, mais qui lit aujourd’hui Robbe-Grillet ou Claude Simon ? Chez ce dernier, certains lecteurs peuvent être envoûtés par certains textes. Pour ma part, Triptyque fait partie de ceux-là.

Car le lien entre ces histoires disparates est l’érotisme. Que resterait-il du roman sans cette fièvre érotique qui mène quasiment tous les personnages ? La scène commence par une gravure, qui deviendra puzzle à la fin, où deux garçons observent sur un pont les truites nageant dans le courant, dont le mouvement ondulant est analogue au membre viril dans la vulve de femme. Alentour, un paysage champêtre où un gamin aux cheveux filasse ramène ses vaches, une vieille paysanne qui écorche un lapin, dont l’agonie produit les mêmes soubresauts qu’un orgasme de femme.

Les deux garçons, qu’on imagine avoir 13 et 14 ans puisque l’un est « plus jeune », prennent prétexte de la pêche pour se baigner et aller nus observer une fille qui se déshabille. Ils frissonnent du bain récent autant que d’excitation, lorsqu’ils manquent d’être surpris par un gros en marcel et sa moitié de retour de pêche en un meilleur endroit. Fuite dans les maïs, pieds nus croulant les mottes, traversée de la rivière, de l’eau au ras des mamelons, rhabillage rapide sans slip, trop mouillé, enfin, l’air de rien, pêche là où rien ne vient. La nature dans ce roman engloutit l’humain dans un découpage cinématographique volontaire.

Passe une jeune domestique tenant à la main une fillette. Ils ont surpris auparavant son regard vers un beau motard viril, chasseur dont la chemise ouverte laisse entrevoir la poitrine velue. Lorsqu’elle leur demande de garder l’enfant pendant qu’elle s’éloigne un peu, ils comprennent : les deux vont baiser dans la grange. Ils laissent la gamine à trois petites filles qui passent le long des berges (laissée une fois de plus, il est à peine évoqué que la gamine va se noyer). Eux vont mater le couple effréné aux coïts multiples par un trou de la grange. Ils ne ratent rien de la vulve touffue comme un buisson ni du pénis dur comme un marteau. La chair même, chez Simon, est nature.

Une affiche sur la grange évoque un film, prétexte au second paysage, intercalé sans mise à la ligne ; les deux garçons sortent en effet de la poche poitrine de leur chemise des bouts de pellicule, images sur lesquelles ils se caressent sous la culotte : dans un palace méditerranéen, une mère s’efforce d’aider son fils impliqué dans un trafic de drogue, elle est femme nue sur un lit, un homme mûr assis qui regarde, un adolescent bouclé en blue-jean qui claque la porte, convulsé de fureur. Un troisième paysage s’intercale encore, prétexte à fantasmes : dans une banlieue industrielle où l’on boit le genièvre, une noce tourne mal et le beau jeune marié saute la serveuse à hauts talons dans une ruelle en face de l’estaminet. Des scènes de clown s’associent à tout cela en version grotesque. L’ensemble repose sur les descriptions maniaques des décors, des personnages et des choses – l’histoire n’est plaquée qu’ensuite, pour tenter de lier le tout bout à bout.

Peut-on en inférer, selon la sociologie de Marx, que Simon produit une littérature qui émane tout droit de la société bureaucratique des années 50 et 60 ? Littérature descriptive, moralement neutre, quasi comptable. Heureusement que le sperme sert de liant à ce procédé qui autrement serait chiant ! Les peintres Paul Delvaux, Jean Dubuffet et Francis Bacon ont servi de support pictural au montage cinéma des différents paysages.

Il n’y a que matière et mouvement, aucun jugement édifiant, c’est ce qui fait la modernité de l’œuvre – et sa lisibilité malgré les obstacles. Pas de bons sentiments, ni de leçon de morale, les faits bruts, décrits minutieusement comme un peintre, montés en kaléidoscope comme un cinéaste. Ce n’est pas réaliste mais est en même temps hyperréaliste : aucun enchaînement logique ou psychologique, mais des états successifs de fantasmes et de sensualité bien réels, supports libres à l’imaginaire de chacun.

Plus de phrases interminables ni d’incidentes entre parenthèses, le texte se lit facilement, même s’il saute du coq à l’âne sans arrêt. Un peu difficile à lire pour qui a perdu l’habitude des livres, mais un fabuleux efficace.

Claude Simon, Triptyque, 1973, éditions de Minuit 1973, 225 pages, €19.25
Claude Simon, Œuvres 1, Pléiade Gallimard 2006, 1583 pages, €63.50
Les œuvres de Claude Simon chroniquées sur ce blog

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Yasushi Inoué, Le fusil de chasse

yasushi inoue le fusil de chasse
Concis, sobre, percutant – tel est Inoué, peut-être parce qu’il a pratiqué assidument le judo – et c’est par ce livre que l’on peut aborder son œuvre. Le fusil de chasse l’a fait connaître et apprécier jusqu’à lui valoir le prix Akutagawa en 1950, à 43 ans.

Prenant prétexte d’un poème demandé par un ex-copain d’école qui dirige une revue de chasse, l’auteur reçoit un étrange dossier fait de quatre lettres : celle du chasseur (qui n’a jamais lu un poème avant celui-ci), et celles de trois femmes qui furent sa femme, sa maitresse et la fille de celle-ci. Nous sommes dans les poupées russes des sentiments et des passions, construction apte à révéler toute la complexité humaine.

Le chasseur solitaire a touché le poète, car le marcheur au fusil à deux canons luisants porté sur les épaules est une métaphore du dragueur qui, en son existence, chasse les femmes avec son engin. Ce qui compte est moins le coup que le chemin, ce pourquoi le chasseur tue rarement. Dans l’amour, chacun est seul, isolé comme un chasseur dans la montagne japonaise. Voire jaloux et perfide envers ses proies, car chaque être recèle en lui un serpent.

Mais, tandis que la majorité désire fébrilement être aimé(e), rares sont les meilleurs : ceux ou celles qui désirent aimer – prenant plus de joie à donner plutôt que recevoir. Car l’amour animal est simple, question de peau, tandis que l’amour humain est compliqué, chatoyant mais sous le regard social. L’épouse Midori fantasme ainsi sur un jeune homme nu et parfait, trouvé dans le désert de Syrie où il partageait la vie des antilopes. Mais elle sait – d’expérience – qu’« une nuque charmeuse et soignée, un corps jeune et robuste comme celui d’une antilope… peu d’hommes satisfont à ces deux simples conditions ». L’amour n’est donc pas seulement attirance.

Ceux qui donnent sont rares mais précieux. Tel est le cas de Josuke Misugi, l’auteur du dossier envoyé à l’auteur. Tel est le cas de sa maitresse Saiko, comme de sa femme Midori. Reste la fille de la maitresse, Shoko, trop jeune encore pour avoir connu l’amour, et qui souffre des treize années de secret entre les amants. Mais elle entrevoit un paradis dont elle est un peu jalouse ; à elle de faire sa vie et sa lettre en ouverture des deux autres (après celle du chasseur en présentation) donne un redéploiement à cette histoire qui se ferme.

Car la maitresse déjà divorcée meurt, l’épouse divorce à son tour et le chasseur se retrouve solitaire ; même la fille de sa maitresse ne veut plus le revoir. Tragédie ? Probablement, mais à la japonaise : rien n’est jamais définitif puisque tout renaît sans cesse. Il s’agit d’observer et d’en tirer leçon pour les vies futures.

Ce court roman laisse une forte impression. Le réalisme du japonais et l’aptitude des littérateurs nippons à pénétrer le labyrinthe des âmes est dense et nutritif.

Yasushi Inoue, Le fusil de chasse (Ryoju), 1949, Livre de poche 1992, 87 pages, €4.10

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J’étais archéologue à Tautavel

Tautavel est un petit village des Corbières à une trentaine de kilomètres de Perpignan. Une rivière, le Verdouble, sort de la falaise de marbre et a creusé la plaine où poussent des champs de vignes à muscat et des vergers d’abricots. L’eau du ciel a, durant les millénaires, creusé d’en haut le calcaire, s’infiltrant avec obstination dans les fissures. La chimie a fait le reste, l’acide carbonique de la pluie dissolvant le carbonate de chaux pour ouvrir des cavités internes. Et puis un jour, par écroulement, une grotte bée vers l’extérieur. C’est ce qui est arrivé à Tautavel.

La grotte en question est appelée ici la « Caune de l’Arago ». Elle s’élève d’une centaine de mètres au-dessus des gorges des Gouleyrous où s’étrangle l’eau rapide et froide du Verdouble.

C’est à l’intérieur, dans la brèche, que les archéologues sous la direction du professeur Henry de Lumley ont découvert, le 22 juillet 1971, le crâne écrasé d’un homme d’une vingtaine d’années. Non, la police n’a pas été prévenue car le sol archéologique le datait d’il y a environ 450 000 ans : les coupables avaient depuis longtemps disparu. Et oui, je suis venu à la préhistoire comme Henry de Lumley en lisant La guerre du feu de Rosny aîné, vers dix ans.

Ce premier Français sans le savoir n’était pas très grand, 1 m 65, mais debout, un front plat et fuyant, des pommettes saillantes, un grand bourrelet au-dessus des yeux qu’on appelle en mots savants « torus sus orbitaire » – rien de cela n’est bon signe : l’Homme de Tautavel n’est vraiment « pas comme nous ».

Surtout que l’on n’a retrouvé nulle trace de feu alentour, mais de grossiers cailloux taillés (appelés « bifaces ») et quelques éclats de silex. Ce barbare était chasseur et bouffait ses proies toute crues. De fait, petit cerveau et robustes épaules, il s’appelait Erectus et pas encore Néandertal. On soupçonne même que ce jeune homme fut mangé…

La grotte lui servait de camp provisoire, avec vue dégagée sur la plaine, où il pouvait tranquillement dépecer cerfs, rhinocéros, éléphants, chevaux et mouflons d’époque. Voyait-il au loin la steppe à graminées ou des forêts de chênes verts ? Nous étions en pleine glaciation de Mindel car – n’en déplaise aux écolos mystiques – le climat n’a eu de cesse de changer tout seul depuis que la planète existe.

Je n’étais pas présent à la découverte de 1971, je suis venu fouiller la grotte à l’été 1977. C’était dans le cadre d’un stage pratique obligatoire que suivent les étudiants en archéologie, tout comme les stages en entreprise des écoles de commerce. Nous étions jeunes, de 14 à 30 ans ; certains étaient venus en couple avec leurs petits enfants. David, 7 ans, Géraldine, 5 ans, jouaient avec les enfants Lumley : Édouard, 10 ans, Isabelle, 7 ans et William, 5 ans. Lionel, l’aîné, aidait déjà quelques heures les fouilleurs, du haut de ses 12 ans. J’étais venu avec des amis et nous campions sur le pré au bas de la grotte.

Aux heures chaudes après la fouille, nous nous baignions dans les eaux froides de la rivière tandis que les équipes de cuisine, par roulement, préparaient le dîner pour une trentaine. Le vin de l’année, produit dans le pays, était étonnamment fruité et nous donnait de la gaieté. Le soir nous voyait aller au village pour prendre un dernier muscat local (Rivesaltes n’est pas loin), tout en dérobant quelques abricots trop mûrs au passage. Ou bien un grand feu collectif nous attirait autour de sa lumière pour brochettes et patates sous la cendre, « à la préhistorique ». Cela pour la grande joie des enfants. Nous étions jeunes, nous goûtions la vie par tous nos sens. Il y avait de l’ambiance – celle toute d’époque, à 9 ans de 1968 – feu de camp, torses nus et guitare… Ce qui avait lieu ensuite ne concernait pas les enfants.

La fouille était un travail agréable, car à l’ombre constante de la grotte. Monter la centaine de mètres vers son entrée nous mettait en nage, mais un quart d’heure plus tard, nous étions régulés. J’avais pour mission de fouiller un carré dans le fond de la grotte, sur les hauteurs, tout en surveillant deux novices des carrés d’à côté. J’étais en effet déjà un « spécialiste » de fouilles, ayant pratiqué 4 ou 5 chantiers différents, y compris en Bulgarie et en Suisse.

Dans la terre, nous creusons habituellement à la truelle ; mais dans la brèche qui compose un sol de grotte, qui est du calcaire solidifié, nous sommes obligés d’y aller au burin et au marteau. Dégager les objets archéologiques (cailloux taillés, éclats de silex, os fossilisés, dents) n’est pas une sinécure. Il faut être attentif, détourer les objets, ne pas aller trop vite. Il faut dessiner, numéroter et fixer en altitude tout objet avant de le bouger. Recoller les morceaux ou le consolider au polycarbonate s’il s’effrite trop, comme l’os fossile.

Mais quelle émotion de découvrir, brusquement, une dent humaine ! Ce fut mon cas à plusieurs reprises avec, à chaque fois, le même souffle coupé. 450 000 ans plus tôt, des êtres humains avaient vécu là, y étaient morts, et le temps écoulé, les phénomènes naturels, n’ont pu éradiquer cette trace ultime…

Clignant des yeux au sortir de la semi-obscurité, retrouvant le monde d’aujourd’hui, nous regardions alors les petits avec d’autres yeux : comme des chaînons d’une lignée, comme des transmetteurs d’humanité, même si ces enfants n’étaient pas les nôtres.

Il y avait la fouille, il y avait la position et le dessin des objets, leur description dans le carnet de carré (d’un mètre sur un mètre), mais ce qui se passait sur le terrain n’était qu’une partie du travail. La suite consistait à tamiser les déblais, à nettoyer les objets, à les numéroter à l’encre de Chine vernie, avant de travailler – par roulement – à la reconstitution des plans généraux et des coupes de la grotte. Cette activité se passait au musée, à peine bâti à l’époque. Le mélange de vie quotidienne et de labeur scientifique, de mains dans la terre et de crayons sur le papier, d’observations neutres et d’imagination – rend le travail d’archéologue d’une richesse inouïe. Nous n’étions point payés, seulement nourris, mais quel bonheur !

Je garde de cette époque, du pays de Tautavel, de ce travail de fouilles, de l’ambiance d’été du chantier, un souvenir ému. Certes, nous étions jeunes, mais régnait dans tout le pays, malgré la première crise du pétrole quatre ans auparavant, un optimisme général qui a bien disparu ! Comme un air d’insouciance que les millénaires sous nos pieds justifiaient de tout leur poids. « Vivez ici et maintenant », disaient ces dents humaines et ce crâne écrasé, « vivez pleinement votre vie d’homme » – car votre temps n’a qu’un temps. Nous l’avons croqué à belles dents – et c’est heureux.

Patrick Grainville, agrégé de lettres et professeur de français au lycée de Sartrouville, lauréat du prix Goncourt 1976 pour « Les flamboyants », n’est plus guère lu aujourd’hui, tant sa sensualité, son érotisme et sa fougue sont peu en phase avec notre époque frileuse, craintive et austère. Il évoque pourtant la grotte de Tautavel dans un roman échevelé, érotique et luxueux que traversent motards, terroristes, amoureux et jeune camerounaise, sous le regard profond de la caverne…

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John Connolly, L’empreinte des amants

Où l’on retrouve Charlie Parker. Non pas le jazzman bien connu mais le détective privé de Connolly, irlandais comme lui. Cette enquête très spéciale met en musique la vie même de Charlie. « On » lui en veut, il ne sait pourquoi ; « on » le protège aussi, mais il s’agit d’une autre entité indéfinie. Un journaliste veut écrire un livre sur ses enquêtes bien sanglantes, Charlie refuse, autant s’en charger soi-même quand le quotidien devient incompréhensible.

Tout remonte au suicide de son père, un policier du NYPD, après qu’il ait abattu deux adolescents. C’étaient un garçon et une fille presque du même âge que son fils. Charlie avait quinze ans et n’a jamais compris pourquoi le père avait tiré – c’était la première fois qu’il abattait un suspect – ni pourquoi il a mis fin à ses jours. Il va donc interroger les anciens collègues de son père et découvrir plusieurs choses. Un que tout est lié, deux que la violence qui le suit n’est pas due au hasard, trois qu’il y a plus de chose sur la terre et dans le ciel que ne peut en comprendre toute notre philosophie.

Ne dévoilons pas l’histoire. Disons qu’elle frise le fantastique et qu’elle fait appel aux mythes américains par excellence que sont le démonisme avant christianisme, la possession, la jeunesse dévoyée, l’éternelle lutte policière contre le mal. Surgit un rabbin, dont on peut se demander pourquoi il intervient dans ce milieu irlandais catholique.

C’est que le christianisme n’explique rien de l’avant raison humaine, rien de ces puissances créées dans le chaos primordial avant le Nouveau testament. Seule la Kabbale – selon l’idée reçue – le peut.

C’est ainsi que toutes les déviances, fussent-elles bénignes comme aujourd’hui l’homosexualité (celle d’un ancien flic nommé Jimmy), sont nécessaires à la société. « Nous présentons tous un visage au monde et en gardons un autre caché. Personne ne peut survivre autrement » p.230. Il faut y voir dans ce respect de la différence le ressort de la liberté américaine, ce qui distingue fortement ce pays de l’unanimisme citoyen et de convention sociale exigé par exemple en France. La jeunesse en Amérique peut se dévoyer mais ce n’est que provisoire… sauf si elle est possédée. La loi est alors impuissante mais il faut faire avec parce que l’on est humain, trop humain..

C’est ainsi qu’un ancien flic des flics (un bœuf-carottes dans le jargon français) expose son idée du jeu : « Parce qu’il y a une procédure à suivre. Il y a un système judiciaire. Il n’est pas parfait et ne marche pas toujours comme il devrait, mais c’est le meilleur que nous ayons. Et quiconque – quiconque – se met en-dehors de ce système pour s’ériger en juge, jury et bourreau est un ennemi de ce système. (…) On ne peut pas faire le mal au nom d’un plus grand bien, parce que le bien en pâtit. Il est corrompu et pollué par ce qui a été fait en son nom » p.207.

Parker le chasseur du mal n’est pas ainsi parce que sa vie fut violente (suicide de son père, mort de sa femme égorgée et de sa petite fille). La vengeance n’est qu’un but immédiat qui peut détruire un être. Charlie « ne se détournait pas facilement de la souffrance des autres (…) Il était tourmenté par l’empathie. Plus que cela, il était devenu un aimant pour le mal » p.287.

Privé de sa licence de détective au début de l’intrigue, la récupérant à la fin, Charlie Parker vit cette aventure comme une parenthèse sur les thrillers d’action qui ont précédés et qui suivront. Mais ce n’est pas pour cela qu’il ne se passe rien, au contraire ! L’action est prétexte d’entrer plus avant dans le personnage. Nous sentons sa profondeur. Est-ce un hasard si ce tome est le septième de la série écrite par l’auteur ? Comme Dieu, il s’est arrêté le septième jour pour contempler son œuvre. Et il vit que cela était bien…

John Connolly, L’empreinte des amants (The Lovers), 2009, Pocket avril 2011, 442 pages, €7.03

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Jules Verne, Deux ans de vacances

Lorsque j’étais enfant, j’aimais beaucoup Jules Verne. Parmi ses œuvres, « Deux ans de vacances », écrit en 1888, était l’une de mes préférées. Non que je n’aimasse point l’école, mais l’aventure me semblait une école plus réaliste de la vie. J’étais heureux de cette atmosphère de groupe, cette fraternité de bande qui régnait dans le roman. Jules Verne a bien rendu cet âge entre 8 et 15 ans.

Quinze préados et ados sont entraînés par la tempête durant leur sommeil hors du port d’Auckland où ils étaient amarrés, à 1800 lieues de là. Ils échouent sur une île déserte comme Robinson. Sauf qu’ils sont encore des enfants et qu’ils sont plusieurs. Sur ce thème, l’amoureux de jeunesse qu’est Jules Verne va déployer ses talents. Il a le sens de la mise en scène, le style enlevé qui ne craint pas les clins d’œil au lecteur, les caractères tranchés. S’ajoutent à ces ingrédients de base l’encyclopédisme « fin de siècle », l’hymne au savoir du positivisme d’époque et la morale patriotique de rigueur aux débuts de la IIIème République.

Le groupe d’enfants réunit ce que l’Occident produit de mieux à la fin du 19ème siècle : des Anglais, un Américain, deux Français. Plus un Noir de 12 ans, Moko, qui est mousse. L’aîné du groupe, Gordon, a 14 ans et est Américain. Ses deux seconds sont le français Briant et l’anglais Doniphan, 13 ans tous deux – donc en concurrence. Les autres gravitent autour de ces deux-là, les petits en faveur de Briant qui les aime et s’occupe d’eux, les autres en faveur de Doniphan dont ils admirent la prestance physique et l’aisance intellectuelle. Chacun des trois « grands » incarne à lui seul une vertu et manque des autres. Gordon est la prudence, Briant le dévouement, Doniphan l’intrépidité. Les caractères nationaux prennent des proportions métaphysiques. Le cœur, bien sûr, devant l’emporter à terme, « à la française ».

Gordon, l’Américain, est orphelin comme sa nation l’est de sa marâtre Angleterre. Self-made man, « esprit pratique, méthodique, organisateur », il a le goût « naturel » de fonder une colonie qui deviendra sa famille. Surnommé « le Révérend », élu premier chef démocratique de l’île, il est – à l’américaine – la religion et la loi. Il sera toujours le médiateur, en bon sens et raison.

Briant, le Français, est fils d’ingénieur, bourgeon idéalisé de l’auteur. Grand frère d’un petit Jacques trop expansif et turbulent, très protecteur avec les « petits », heureux de les voir rire, il est proche aussi du mousse qu’il respecte et protège « malgré » sa race (nous sommes fin 19ème). Peu laborieux mais intelligent, Briant assimile vite et retient fort. Il apparaît audacieux, entreprenant, adroit. Il est vif et serviable, vigoureux et plutôt rebelle. Toujours actif, bon garçon, débraillé, très inventif, il est l’idéal en herbe du Français positiviste qui croit en la Science.

Doniphan, c’est la morgue anglaise. Avec ses immenses qualités d’opiniâtreté, de stoïcisme et d’exemple ; et ses immenses défauts d’orgueil, d’excessive discipline et d’arrivisme. Fils de riche propriétaire de Nouvelle-Zélande, élégant, soigné, distingué, il se croit né pour commander. Intelligent et studieux, il tient à ne jamais déchoir. Son orgueil de caste le pousse à toujours être le meilleur, autant par désir de prouver que pour s’imposer. Impérieux avec ses camarades, il se croit – comme à l’époque – issu de la race élue pour guider les autres. Churchill s’en moquera un demi-siècle plus tard, ayant connu semblable enfance. Passionné de sport, très habile au fusil, il est intrépide par excellence, d’instinct chasseur et guerrier.

Comme à la scène, nous avons les trois nations incarnées dans un type : le prêcheur juriste (Gordon), l’entraîneur sportif (Doniphan), le politique sentimental et organisateur (Briant). De ces trois ordres, on voit le Français réduit au tiers-état par tradition révolutionnaire. La morgue aristocratique anglaise apparaît comme l’obstacle principal à la démocratie, vertu américaine et française. La bande est formée d’égaux sur l’île. Seuls l’âge et le savoir hiérarchisent les enfants – mais bien moins qu’à terre et que dans les pensions anglaises, puisque tous sont embarqués « sur le même bateau ». L’île (déserte) n’est qu’un bateau de terre ferme. La distinction de nature ou de classe cède le pas à la réalité des choses : les qualités humaines indispensables à la survie de groupe – dont Briant semble pourvu plus que les autres.

L’initiative enseignée dans les pensions anglaises, l’affectivité du tempérament français, le souci d’ordre de l’Américain orphelin, vont devenir les piliers de la colonie. « Que tous les enfants le sachent bien – avec de l’ordre, du zèle, du courage, il n’est pas de situations, si périlleuses soient-elles, dont on ne puisse se tirer. » Telle est la morale du livre, tirée dans les dernières pages, pour édifier les jeunes cervelles enfiévrées d’aventures. L’ordre Gordon, le zèle Briant, le courage Doniphan : tous complémentaires.

Briant, le « grand frère » de tous, est bel et bien « brillant ». Son nom n’est pas un hasard… L’histoire veut d’ailleurs que Jules Verne ait ainsi honoré le collégien Aristide Briand qu’il aimait bien et connaissait dans sa ville de Nantes (il deviendra 11 fois président du Conseil). Sa rivalité avec Doniphan, bourré lui aussi de qualités, suscite la passion du jeune lecteur. C’est dire si leur réconciliation est un moment fort du livre, au 22ème chapitre sur les 30.

Mais mon plaisir ultime, enfant, fut de découvrir sur un atlas que l’île Chairman où s’échouèrent les enfants existait bel et bien ! Elle porte le nom d’île Hanovre et est située dans un archipel au large des côtes sud du Chili, à 30 milles à peine du continent, au débouché ouest du détroit de Magellan.

Pourquoi les enfants d’aujourd’hui ne seraient –ils pas enthousiasmé comme je le fus, s’ils aiment encore lire ?

Deux ans de vacances en e-book

Jules Verne, Deux ans de vacances, en poche fac-similé collection Hetzel 5.22€

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