Polynésie

La Compagnie Française des Phosphates d’Océanie à Makatea

La mécanisation était impossible vu la nature du gisement, des pelles, des brouettes et des seaux étaient les outils des travailleurs. Les ouvriers couraient sur des planches de 30 cm de large au-dessus du vide entre les feo. Les ouvriers étaient payés au rendement.

MAKATEA PLAN INCLINE

On peut s’étonner aujourd’hui que malgré ces méthodes rudimentaires, les résultats étaient étonnants. Une équipe extrait 5 tonnes/jour. En 1911 = 12 000 tonnes, en 1929 = 251 000 tonnes ; en 1960 = 400 000 tonnes. De 1908 à 1966 = 11 279 436 tonnes auront été extraites !

Makatea (7)

Il fallait des bras, l’île comptait peu d’habitants, 25 sur les 300 nécessaires furent recrutés sur l’île. Les cadres et spécialistes sont des Métropolitains sous contrat.

En 2014, la Société des Études Océaniennes a publié dans son numéro 331 le journal d’un médecin à Makatea au temps de la C.F.P.O, Docteur Claude Barbier. Il y demeura 4 ans avec femme et enfants.Témoignage intéressant d’un métropolitain débarquant à Makatea. La compagnie fit appel aux Asiatiques : Japonais, puis Chinois, puis Annamites jusqu’en 1920. Pour la main d’œuvre locale il y avait une multitude de problèmes : difficulté de s’adapter à un travail suivi, absentéisme au travail, mobilité du travail, caractère discontinu de l’effort, désir de changer de pays, d’occupation, lassitude…

Le grand-père de J. J. (Anglais) était comptable à Makatea avant de rencontrer sa femme polynésienne.

?

Au moment de la guerre, il fallut avoir recours aux Polynésiens des Cook. Après la guerre, les Polynésiens français furent plus nombreux à venir travailler à Makatea. La société recruta aux Australes, à Raivavae surtout, cela donna de bons résultats. Les « Australiens » sont courageux, forts – dit-on. Les groupes de travailleurs étaient constitués selon l’origine et les affinités insulaires et formaient alors des équipes homogènes que l’on reconnaissait à des détails vestimentaires. Durant les dernières années d’exploitation, il y avait 800 travailleurs, tous Polynésiens.

1960 Makatea comptait 3 000 habitants avec leur famille, en 1962 on en comptait 3 071 – ils avaient faits des petits. Tout le personnel était logé par la compagnie.

?

Makatea vit aussi la naissance du syndicalisme. L’île était un monde autonome : fourniture d’électricité 24 heures sur 24, 100 postes de téléphone automatiques, une station TSF, eau courante, l’électricité dans toutes les maisons. Les personnes qui, à la fermeture de l’exploitation, sont retournées dans leur île ou se sont installées à Papeete avaient réussi à se construire une maison et à vivre décemment.

MAKATEA MAISON DE FONCTION

Auparavant, les ouvriers signaient pour un contrat d’un an, renouvelable. Ceux qui optaient pour un an préféraient regagner leur île et, avec l’argent gagné s’offraient une « Vicky », vélomoteur très répandu dans l’archipel et leur permettant de circuler même sur les mauvais chemins. Le must, quoi !

?

Quelques statistiques qui en diront plus long : la CFPO versait 28% des salaires du secteur privé et assurait ¼ des recettes budgétaires du Territoire en 1960. Les impôts payés et les taxes diverses représentait 24,5% du budget du territoire. La CFPO apportait plus des ¾ des devises reçues par le Territoire.

En 1966, la CFPO plie bagages, tout est abandonné, 1/3 de la surface de l’île est creusée d’excavations. Elle laisse, à titre gracieux, toutes les installations au Territoire qui les donne… à la commune !

Hiata de Tahiti

Catégories : Economie, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Makatea et les phosphates

Un regain d’intérêt en ce début du 20e siècle, Les phosphates entrent dans la production d’engrais azotés indispensables aux terres pauvres en minéraux : Japon, Australie, Nouvelle-Zélande. Une autre utilisation et non des moindres, les phosphates servent de base de production pour des explosifs nitrés.

Makatea  (3)

1908 : création de la Compagnie Française des Phosphates d’Océanie, CFPO.

1917 : concession de l’exploitation.

Avant l’exploitation, le phosphate affleurait à la surface, ensuite apparaissent les feo (colonne calcaire dur, stérile, de composition magnésienne). Entre les feo, mais en profondeur il y a la prolongation du gisement de phosphate.

?

?

L’origine du phosphate est différente selon les lieux géographiques. Au Chili et au Pérou, le phosphate est d’origine aviaire, c’est le guano. Makatea lui est lié au fonctionnement des atolls par endo-upwelling. Le phosphate se serait développé au sein de sédiments organiques lagunaires, comme à Mataiva, ensuite porté à l’air libre lors du soulèvement.

?

?

Mataiva, autre atoll des Tuamotu, a fait l’objet d’une surrection de3 à 4 m. Son sous-sol recèle un important gisement de phosphate évalué à 15 millions de tonnes. Il est recouvert de quelques mètres de sable corallien. Les habitants se sont toujours opposés à l’exploitation de ce gisement qui défigurerait leur petit paradis. Ils ont sous les yeux l’exemple de leur voisine Makatea.

Makatea  (12)

C’est l’île la plus productive car la terre phosphatée est riche d’engrais naturel et produit nombre de légumes : tomates, concombres, pastèques, salades, melons, le lagon regorge de poisson. Qu’espérer de mieux ?

?

?

Impossible aux bateaux de s’approcher de Makatea pour charger le phosphate, la géographie de l’île empêchait l’établissement d’un port. Il a fallu entreprendre des travaux considérables. Créer une passe artificielle pour établir le bassin Temao pour des petites unités (1m50 de profondeur). Les cargos devaient attendre au large assurés par 4 bouées d’amarrage. Le chalandage se faisait par paniers.

Makatea  (22)

1927 : Une jetée métallique portait le minerai à 50 m de la déferlante du platier.

1954 : Un pont transbordeur long de 106 m, un tapis roulant 550t/h, 3 piles le long du récif augmentaient le chargement des cargos. Sur le flanc de la falaise avait été installé le transformateur du minerai. Un train desservait l’île sur plusieurs kilomètres qui amenait le sable phosphaté à l’usine de séchage. Le stockage se faisait dans 3 silos de plus de 30 000 tonnes. À l’arrivée sur l’île, il fallait prendre un monte-charge qui menait sur le plateau.

Une ville-champignon s’est élevée, Vaitepaua, avec des logements pour le directeur, ingénieurs, médecin, travailleurs, un hôpital, une maternité, un cabinet dentaire, une école, une poste, une coopérative, une boulangerie, une boucherie, une blanchisserie, une bibliothèque, un cinéma, un cercle de réunion, un terrain de basket, un tennis, etc. Un problème, l’eau. En 1933, la nappe phréatique est atteinte à 50 m de profondeur.

Après les habitations, on trouvait les ateliers mécaniques, la menuiserie, l’usine électrique, la forge, la fonderie sur 1 500 m de long, au centre la gare, au-delà du village les zones d’extraction reliées aux silos de Temao par 7 km de voies.

Hiata de Tahiti

Catégories : Economie, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Makatea (Papa tea ou le rocher blanc)

CARTE MAKATEA

ILE DE MAKATEAL’ATR (avion de transport régional) qui relie Papeete à Tikehau aux Tuamotu survole un « minuscule haricot blanc » à 180 km au nord de Papeete. Ce minuscule atoll, parmi les 76 qui constituent l’archipel des Tuamotu, a marqué le 20e siècle en Polynésie.

Makatea (1)

Ce confetti, sorti des flots, sans plaine littorale, entouré d’un récif frangeant, mesure 7,5 km dans sa plus grande longueur et 4 km dans sa plus grande largeur, soit une superficie de 28 km2. Il se situe par 115°30’ de latitude Sud et 148°11’ de longitude Ouest, contient 68 habitants en 2012, et possède à Puutiare son point le plus élevé : 110 m !

Makatea (4)

Makatea appartient au groupe des 132 atolls soulevés dans le monde, il est l’atoll le plus élevé de toute la planète. Ce soulèvement serait consécutif à un mouvement tectonique ancien lors de l’érection des îles de Tahiti et Moorea qui aurait provoqué la surrection des îles avoisinantes, dont Makatea, distant seulement de 230 km de Tahiti.

Makatea est difficile d’accès à cause de ses falaises abruptes et ses récifs, on y trouve seulement deux plages minuscules à Moumu et Temao. Le sol est fertile, l’île est boisée de cocotiers et d’arbres à pain.

Je vous souhaite une agréable découverte des Tuamotu et particulièrement de Makatea.

?

?

Une légende raconte que l’île de Makatea a été découverte par le grand guerrier Tu envoyé par le roi Pomare en mission à Tikehau. Sans s’arrêter il aurait surnommé ce rocher Ma’a Tea (poussière de clarté). Son fils Tuanaroa revenu bien des années après, pris possession au nom de son roi et l’aurait nommé l’île Papa Tea (rocher blanc, pierre soulevée et jetée sur l’océan). Vaitepaua renvoie elle au paua, feuille de cocotier tressée qui servait de réceptacle pour l’eau de pluie aux temps anciens. Les marae ont presque tous disparu sur l’île.

Makatea (20)

Aperçue le 13 février 1606 par les Occidentaux, Makatea s’est tout d’abord appelée Sagittaria de Quiros.

Jakob Roggeveen, navigateur hollandais, avait découvert l’île en juin 1722 et l’a nommée Eyland van Verwikking (Ile de la distraction). L’accueil des habitants ne fut guère cordial mais, après quelques coups de feu des visiteurs, tout se calma. Les marins débarquèrent et purent obtenir une abondance de provisions.

1812, Makatea est devenue un bagne.

Makatea (21)

1832, les hommes de Moerenhout se rendirent dans l’île pour y faire du bois, y trouvèrent des arbres de si grand taille qu’ils ne purent les transporter.

1860, le capitaine Bonnet, officier retiré à Tahiti y découvre un gisement de phosphates.

1898, une exploitation privée, artisanale est tentée puis abandonnée, faute de moyens techniques.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

La visite du président Hollande en Polynésie

Le Président Hollande qui est venu faire un petit tour en Polynésie a distillé des bonnes nouvelles, distribué des millions (les as-t-il ?) et est reparti. Des sous, des promesses, quelques mots sur le nucléaire, mais pas de demande de pardon… Les manifestants anti-nucléaires étaient bien présents. Dans la Loi Morin, pas de nouveautés donc déception pour ceux qui se battent depuis des années. Il y aurait plus de 1 000 demandes d’indemnisations et seule une vingtaine a reçu une proposition. La DGA (dotation globale d’autonomie) – qu’on appelle la dette nucléaire – sera sanctuarisée dans le statut de la Polynésie et son niveau sera de 30 millions d’euros dès 2017. Pour la dépollution de Hao, l’atoll où les Chinois veulent construire un élevage de poissons, rien de bien neuf non plus. Il resterait du plutonium disséminé sous la piste d’aviation. Hao était la base arrière de Moruroa. Hollande a reconnu des impacts aux essais nucléaires. Quant à la surveillance de Mururoa et de Fangataufa, elle existe déjà mais les informations n’arriveraient que deux, trois ans plus tard. La seule vraie bonne nouvelle semble être la promesse que l’État va apporter 700 millions de XPF pour aider au développement du service oncologie et mettre à disposition trois médecins internes au Centre hospitalier de Tahiti.

hollande sur la tombe de pouvanaa

Le Président était arrivé avec le soleil, mais est reparti avec ! Hollande est certainement allergique aux colliers de fleurs, dès qu’il en recevait il s’en débarrassait aussitôt. Mais il n’a pas échappé pas aux selfies, on dirait même qu’il y prend goût. Un marchand de perles lui offre un collier de perles POUR HOMME, il le met rapidement dans sa poche… Le programme est chargé. Arrivé à 22h46 sur le tarmac de Faa’a, à 23h10 il déclare : « je suis ici en France« , aïe, cela n’a pas dû faire plaisir à toutes les oreilles ! Le lendemain, à 6h38, il dépose une gerbe, se recueille sur la tombe de Pouvanaa a Oopa – selfies. À 7h30, il débarque au marché de Papeete dans un joyeux tumulte. Musique, tambours, les officiels, les petites gens. Hollande serre des mains, goûte des tas de produits, embrasse, sourit ; certaines marchandes de poisson (du frais, hein !) avouent « avoir fait tous les présidents : Giscard, Mitterrand, Chirac. » Quelques centaine de mètres à pied dans la cohue pour se rendre à la mairie de Papeete. On est à Tahiti et il fait chaud. De l’eau de l’eau.

Photo de famille, il rencontre en privé Michel Buillard, le tavana (maire) de Papeete et se change. Le président est en costume sombre, chemise blanche, cravate. Je pose une question à mon ami le Colonel Alain : « Colonel, le nœud de cravate était-il réglementaire ? Les poignets de chemise sortaient-ils comme il se doit ? » Merci Colonel de vos commentaires. Et bien sûr, dans une autre bafouille, je vous tiendrai au courant des notes d’habillement obtenues par le Président Hollande ! Certainement rafraichi, le président va assister aux spectacles de danses des groupes des cinq archipels où il dit « être parfaitement en France ». Direction la Présidence, le Versailles de la Polynésie. Il est 11 heures et il est attendu par un millier de personnes : invités, élus, chefs d’entreprise, fonctionnaires, militaires. Il faudra encore que ce public patiente, Président se refait une beauté, il a dû mouiller la chemise ! Fritch, président de la Polynésie enlève en 13 minutes son discours, 30 minutes pour le chef de l’État, tous les sujets sont abordés.

Enfin le déjeuner au Haut-Commissariat. Le menu ? Crevettes, mahi mahi sauce vanille, des frites d’uru et purée de taro et un café gourmand. Il apparaît détendu, il a même tombé la veste parait-il ! Colonel Alain, serait-ce bien dans les règles vestimentaires ce dépôt de veste ? La journée n’est pas finie. En route, il faut 40 minutes au Falcon pour déposer ces messieurs sur la piste d’Uturoa (Raiatea Iles sous le vent). 14h39, il monte à bord de l’une des deux pirogues à moteur qui emmène la délégation sur le site du marae de Taputapuatea.

À 15h40, Président débarque à Taputapuatea, 3 000 personnes l’accueillent, l’ambiance est joyeuse et conviviale. Sur le marae, Hollande reste à l’extérieur, seul Édouard Fritch se déchausse pour porter l’offrande. Il rend hommage à la culture polynésienne et annonce la création d’un musée, les sous sont toujours les bienvenus ! Un petit tour au buffet, un aller-retour à la plantation de vanille Hotu Vanilla. Le voyage officiel est terminé. Il lui reste un dernier rendez-vous « amical » à Faa’a chez Oscar Temaru où (d’après Oscar) ils n’auraient parlé d’aucun sujet qui fâche. Zont parlé de quoi alors ?

aides de la france a tahiti

Il semble que l’on ait parlé beaucoup de sous avec en plus. Pour exemple : un prêt pour l’hôpital de 1,7 milliards de XPF ; des terrains gratuits pour le logement social ; la défiscalisation jusqu’en 2025 même pour les projets chinois du Mahana Beach et la ferme aquacole ; une amélioration de l’aéroport de Faa’a ; un nouveau bâtiment multi-missions pour la Marine ; le soutien de l’État à l’énergie thermique des mers ; pour Taputapuatea un accord technique de l’État et une coopération pour le développement culturel avec l’ouverture d’un musée ; un investissement massif dans l’économie bleue. L’État aurait-il des revenus non déclarés ? Sinon des miracles devront se produire… Amen.

Hiata de Tahiti

Catégories : Politique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , ,

Touristes face aux requins de Tahiti

Bienvenue les touristes. La Polynésie veut changer de stratégie pour vous faire revenir. Auparavant plein feux sur les plages et ses lagons par la pub. En 2000, 260 000 touristes, en 2011 moins de 160 000, en 2015 183 000 plus 50 000 croisiéristes. Objectif ? 500 000 visiteurs par an dès 2020. J’espère que les machines à pronostic n’ont pas pris un coup de chaud… C’est que les touristes, par ici, passez la monnaie, ils dépensent 40 milliards de XPF (335 millions d’euros), c’est bon à prendre d’autant que c’est 3,5 fois le montant des exportations de produits locaux (Institut de la statistique en P.F.)

coco marrant

Mais où le bât blesse, c’est le prix du billet d’avion, en haute-saison un aller-retour Paris-Papeete allège votre portefeuille d’un peu plus de 2 500 euros.

Il faut aussi compter sur la concurrence des autres îles du Pacifique comme Cook, Fidji, où la main-d’œuvre est nettement moins chère.

Alors, on va construire ce grand complexe hôtelier sur la côte ouest de Tahiti, on va faire plonger les touristes aux Tuamotu, on leur fera visiter les églises construites en pierre de corail aux Gambier, on les enverra chevaucher aux Marquises, ce sera culture, culture, j’oubliais ils randonneront sur les sentiers, ils feront de la voile, ils plongeront… Ils retourneront épuisés mais ravis chez eux et ici les caisses déborderont de devises. Quelle joie.

iar tahiti nui reseau

Pour les touristes Chinois ? En 2012 on en comptait 1 183, en 2015, 4 635. Le premier charter de cette année a capoté, l’avion d’ATN a eu des ennuis et après 2 heures de vol est revenu à son point de départ. Pas de chance, ça fait mauvaise impression, non ?

Curieusement on a découvert des nouveaux requins dans le Pacifique ! Cette nouvelle espèce a reçu le nom de requin-lanterne ninja (Etmopterus benchleyi). Il vit dans les eaux très profondes du Pacifique, entre 800 et 1 000 m de profondeur, il mesure entre 30 et 50 cm, sa peau est noire. Il possède sur le ventre des photophores. Découvert en 2010 dans un filet de pêche par des chercheurs du Pacific Shark Research Center.

requin lanterne ninja

Clipperton, bientôt une base scientifique. Espérons-le. Il faut être sur place pour affirmer sa souveraineté sur cet atoll perdu dans une zone qui regorge de thons. Il semble qu’un député du Tarn Philippe Folliot ait réussi à taper à la bonne porte. Cela devenait urgent car passer une fois par an avec un bateau militaire pour affirmer en être propriétaire, c’est léger, non ? Il faut d’abord dératiser l’atoll puis installer des équipements et une base scientifique. Cette base pourrait accueillir également des chercheurs étrangers. Rappel, découverte en 1711, Clipperton ou Ile de la passion est une terre française inhabitée à laquelle est associée une zone économique exclusive de 431 000 km2 dans une région les plus riches en thonidés au monde.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , ,

Tahiti, allons-voir si l’arrose…

Mignons et Mignonnes allons voir au jardin si l’on peut y jardiner, y récolter les fruits…

Mais voilà depuis trois (3 !) semaines, il pleut jour et nuit et nuit et jour et pas ce petit crachin breton par vous connu !

Tornade ce dimanche 21 février sur Tahiti, 90 km/heure, ça décoiffe. L’avion d’Air France ne peut se poser, il tourne pendant 30 minutes au large de Tahiti avant de recevoir l’autorisation de se poser ! Dans notre jardin, un arbre sectionné par le vent a rendu le papayer chauve, regardez-vous-même.

papayer scalpe

Voulant jouer les sauveteurs-acrobates malgré mes ans, je suis descendue « libérer » le papayer couvert de fruits. Le lendemain, mon vieux dos et mes os m’ont demandé des explications quant à cette maltraitance.

En avant pour quelques jours à béquiller ! Le pacayer (pakai) du voisin a lui aussi souffert des affres de la tempête, une grosse branche s’est rompue sur le chemin. Il a fallu faire vite pour dégager le passage à coup de tronçonneuse afin de ne pas envenimer les relations, hum ! difficiles avec ceux qui s’imaginent propriétaires de la terre, du ciel, du chemin.

Nous avons un bébé fruit : c’est un robinia. Une nouveauté.

Un magnifique arc-en-ciel juste au-dessus de la geôle de Papeari. Un signe ? de gaieté ?

Le petit manguier a reçu la visite et les soins de l’esthéticienne et de la manucure. N’est-il pas magnifique avec ce rouge aux ongles !

C’est tapotapo (pomme-cannelle). Ce fruit de la famille des Annonacées (Annona squamosa) est originaire d’Amérique tropicale. Il est très délicat, ne peut être consommé que sur place car un voyage vers le marché serait une catastrophe. Ce fruit est principalement consommé par les oiseaux qui n’en laissent que l’enveloppe extérieure. Dommage car le tapotapo est très sucré, riche en calcium et en vitamine C.

Le vent et les pluies des dépressions successives nous transforment en galériens. Il faut ramasser les feuilles, les fruits tombés. C’est la saison des uru (fruits de l’arbre à pain). L’uru (le fruit) qu’on appelle aussi maiore (l’arbre) appartient à la famille des Moracées (Artocarpus altilis). Les marins de la célèbre HSM Bounty qui étaient venus à Tahiti cherchaient des plants pour les transporter aux Antilles afin de nourrir les esclaves des colons.

Le maiore que j’avais copieusement scalpé il y a quelques mois m’en sait gré et nous gratifie de magnifiques fruits. Il faut les cueillir, les peler, cuire leur chair à la vapeur, précuire des frites que l’on congèlera pour les périodes de disette, les cuisiner en ragoût ou concocter le pepe uru quand nous étions à la tête d’une dizaine d’uru…

C’est un mets composé de fruit de l’arbre à pain très mûr, que l’on cuit au four avec du lait de coco. Ça tient bien au corps, un peu bourre-coquin parfois mais un régal pour les Tahitiens. Tout le quartier en profite, je fais les livraisons en TGV sans les béquilles quand j’ai récupéré mes capacités. Pour parfaire vos connaissances pour 100 grammes d’uru vous avez 5% de calories, 5% de protéines, pas de vitamine A, mais 67% de vitamine C, 11% de vitamine B1, 5% de vitamine B2, 6% de calcium, 5% de fer, 8% de vitamine B3, et pas de gluten. Bon app !

L’avocatier nous comble aussi de fruits. Chaque jour, il libère 2 ou 3 avocats voire plus. Au p’ti déj, un fruit dans l’assiette, et un demi-fruit sur la figure pour redevenir des jeunes filles au teint éclatant. Au diable l’avarice ! Si bien qu’on nous envie notre fraîcheur… Ce qu’il y a des gens jaloux, j’vous jure ! Mais avec 30% de matière grasse, ça comble bien les petites défaillances d’une peau mûre.

L’analyse de 100 grammes d’avocat c’est 13% de calories, 8% de protéines, 20% de vitamine A, 60% de vitamine C, 26% de vitamine B1, 28% de vitamine B2, 6% de calcium, 5% de fer et 20% de vitamine B3.

C’était le marché de ce début d’année 2016. Bientôt les ramboutans ou litchis chevelus. Portez-vous bien

Hiata de Tahiti.

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Du vent à Tahiti

Makemo atoll des Tuamotu, 56,2 km2 de terres émergées, surface du lagon 854 km2. Troisième plus grand atoll des Tuamotu après Rangiroa et Fakarava. Les éoliennes gisent au sol ! Les éoliennes devaient devenir un projet pilote et… un modèle pour les autres ! Aujourd’hui, on est revenu à l’électricité d’origine thermique, néanmoins tous les habitants n’ont pas encore été raccordés au réseau. La faute à qui ? Fiu ! C’était il y a dix ans, la SEM (Société d’Economie Mixte) était délégataire de service public et détenue à 66% par le Pays, le reste du capital est réparti entre la Société de réseaux d’études et de service (SPRES) et la société d’études et de développement polynésienne (SEDEP) appartenant à l’homme d’affaires Dominique Auroy. Par manque de pépètes. Il est urgent d’attendre.

Manuae

En attendant, le réchauffement climatique poursuit ses effets.

Le samedi 12 décembre, en 24 heures, il est tombé 179 mm d’eau à Papenoo (côte est de Tahiti), 201 mm à Maheana, 163 mm à Hitiaa à 2 m d’altitude et 168,4 mm à Hitiaa à 500 m d’altitude. Un homme est décédé suite à un éboulement qui a détruit sa maison. Les crues étaient impressionnantes, des torrents de boue et d’eau dévalant à toute allure, emportant maisons et voitures. Les habitants de la vallée d’Onohea ont dû être évacués, la rivière ayant recouvert la route. Le lendemain… on constate une soixantaine de maisons détruites, des familles ont tout perdu. Là encore la solidarité polynésienne n’est pas qu’un mot.

cyclone pam

Le cyclone Pam dévaste le Vanuatu, 16 morts, 450 millions de dollars de dégâts, des rafales de vent à 320 km/h. Comme toujours, les Polynésiens sont solidaires et envoient des conteneurs de dons, des secouristes, des bûcherons, des agents EDT sur place pour aider les populations.

En attendant, la prévarication continue.

atoll

Scilly ? Ce nom ne vous dit rien pour les antipodes ? Confetti de 4 km2, appelé aussi Manuae est un atoll sans passe, couvert de cocotiers dont on a parlé récemment au tribunal correctionnel. De la prison a été requise contre René Taputu, le « roitelet » de l’atoll de Scilly. Cet individu se serait érigé en roitelet depuis plus de 30 ans. D’après le procureur, « il y a créé une communauté sur laquelle il règne, il y vit avec un harem, des enfants naissent sans même être déclarés, vivent sans électricité, sans soins. Il cultive du paka (cannabis) et pêche la tortue (espèce protégée). Le pays devra un jour ou l’autre prendre ses responsabilités et organiser le rapatriement de cette communauté. Il pourra compter sur le concours du Haut-Commissariat ». N’y aurait-il pas un castelet libre à Tahiti pour y loger ce roitelet et sa cour ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Aranui 5 inauguré

C’est fait ! Et bien fait ! Le voyage inaugural du cargo mixte Aranui 5 s’est merveilleusement bien passé. Satisfaction générale. Le 13 décembre était le jour tant attendu. La famille Wong, propriétaire du nouveau bébé, était au grand complet pour ce départ avec 220 personnes à bord contre 150 pour l’Aranui 3, afin de permettre aux croisiéristes de se rendre au festival des arts des îles Marquises se déroulant à Hiva Oa du 16 au 19 décembre. Le nouveau commandant s’appelle Vatea Sitjar, il est âgé de 36 ans.

aranui 5

Première escale à Takapoto où les passagers sont débarqués sur des barges à fond plat.

Puis Nuku Hiva, chef-lieu administratif des Marquises 387 km2, 3 000 habitants, Taiohae, la cathédrale (1973) où officiait Monseigneur Le Cléac’h le traducteur de la Bible en marquisien, celui qui a permis de remettre à l’honneur les traditions ancestrales des Marquises et de créer le premier festival des arts des Iles Marquises à Ua Pou en 1987. Le site des pétroglyphes de Kamuihei, la danse des cochons, kaikai (repas) chez Mamy Yvonne. Au cinquième jour Ua Pou, ses pitons rocheux, ses pierres fleuries. Tout le peuple se presse pour voir le nouvel Aranui.

takapoto

Ensuite Hiva Oa pour le Matavaa (festival des Marquises). Hiva Oa c’est aussi Gauguin et Jacques Brel.

Fatu Hiva, 600 habitants, c’est la Baie des Vierges (il n’y en a plus), l’une des plus belles baies au monde, le tapa et le monarque, ce petit oiseau en voie d’extinction.

Puis Tahuata. C’est le jour de la messe, et ceux qui croient au ciel, et ceux qui n’y croient pas garderont un inoubliable souvenir des voix marquisiennes résonnant sous les voûtes de l’église.

Ua Huka, la belle, avec ses quatre musées, son jardin d’Eden qui regorge de pamplemousses au goût sucré, le santal et les explications de Léon Litchlé.

Le retour s’effectue par l’atoll de Rangiroa aux Tuamotu et enfin la perle du Pacifique Bora Bora.

Je n’en dis pas plus car la personne qui fera cet été la croisière sur l’Aranui 5 vous en « mettra plein les yeux ».

C’est vraiment le voyage d’une vie, incomparable, inoubliable, mais pour ceux qui peuvent y consacrer quelques liasses de billets…

Kaoha (Bienvenue en marquisien).

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

2016, soleil à Tahiti

Pour 2016, je lis les prévisions de Madame Mahana (soleil) :

soleil tahiti

Le député Jean-Paul Tuaiva au tribunal pour détournements de fonds publics. Le 28 avril le tribunal correctionnel nous en dira plus.

Pour Gaston, les casseroles Haddad-Flosse, l’affaire Anuanuraro et celle du SED, wait and see.

Une nouvelle grille tarifaire et une baisse au 1er mars pour EDT (EDF polynésien).

Un nouveau record à battre, le nombre de danseurs de ‘ori tahiti (danse tahitienne) détenu par le Mexique depuis le 5 septembre 2015 avec 1 500 danseurs. Ce n’est plus une prévision puisqu’en ce sabbat du 30 janvier, les Polynésiens ont battu un nouveau record avec 2 980 danseurs à Atimaono.

François Hollande en Polynésie en février. Merci qu’il n’oublie pas son carnet de chèques.

hamac a tahiti

Au moins 25% de la population polynésienne a été touchée par l’épidémie de chikungunya qui aura duré 5 mois, fait une quinzaine de morts et fait apparaître le manque de préparation et de lutte anti-moustiques des responsables de la santé.

Déjà 160 détenus indemnisés pour « conditions indignes de détention ». L’État a été condamné à verser plus de 40 millions de XPF en l’espace de 26 mois. L’indemnité moyenne est de 250 000 XPF, peut atteindre 576 000 XPF. Au 1er septembre 2015, 443 personnes s’entassaient dans les 147 cellules de la maison d’arrêt de Nuutania à Faa’a, une occupation estimée à 268%. D’ici l’ouverture de la geôle de Papeari prévue courant 2017, 800 nouveaux dossiers pourraient être présentés par d’anciens détenus.

Un meurtre à Bora Bora, un meurtre gratuit. A Bora Bora, l’île joyau de la Polynésie. C’était un week-end. Un homme rentre chez lui, il est poursuivi, agressé, battu à mort, sa voiture volée sera retrouvée dans le lagon ; évasané, cet homme jeune décédera à l’hôpital du Taaone. C’est la colère dans la population, 5 000 personnes habillées de blanc dans les rues de Papeete crient « plus jamais cela ».

L’Assemblée de Polynésie fêtera ses 70 ans le 11 mars. Ça va guincher.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , ,

2015 à Tahiti, année erratique

Bof, 2015 n’était pas une année extraordinaire au fenua : crimes, assassinats, vols, viols ; tourisme en berne. Le divorce est consommé entre Fritch et Flosse. [Edouard Fritch est le 16ème président de la Polynésie française et Gaston Flosse le 15ème président, son prédécesseur…]

Vendredi 13 novembre un rassemblement devant le monument aux morts à Papeete faisant suite aux attentats perpétrés à Paris a ému les habitants du fenua ; deux vols Air France avec des Polynésiens à bord obligés de se poser en urgence après des alertes à la bombe ; l’état d’urgence affecte aussi les Outre-mer. Avant le début de la COP 21 Edouard Fritch offre un casse-tête marquisien au président de la république, pour l’aider dans sa lutte contre le terrorisme. Symbole du soutien de la Polynésie à la France. En janvier 2015, on était tous « Charlie » même si loin de Paris.

edouard fritch

Le 11 avril, 4 750 joueurs d’ukulele battent le record du monde en jouant ensemble et sans fausse note la chanson Bora Bora.

Mai, Juin, grèves à la CPS (Sécurité sociale polynésienne), Huilerie de Tahiti, Gaz de Tahiti, l’hôpital de Tahiti… les leaders syndicalistes sont en pleine forme, histoire de pouvoir entre chefs ! Sûrement une hausse des cotisations sociales, et toujours un risque cyclonique à 90%.

Nous avons reçu la visite de George Pau-Langevin, ministre des Outre-Mer.

Air Tahiti Nui annonce en février son choix d’acheter deux 787-900 Dreamliner de Boeing et d’en louer deux autres pour le renouvellement de sa flotte.

gaston flosse

Le projet Ecoparc 200 chambres d’hôtel, un golf, une télécabine, la reconstruction d’un village polynésien, etc., tout cela au fond de la vallée de la Papenoo divise beaucoup !

Ouf, c’est fait le contribuable français revient avec des pépètes financer le régime de solidarité… de 2015 à 2017, sous certaines conditions. Envoyez la galette d’abord, même si nous avons signé cet accord avec l’État, nous ne lirons que les lignes « positives pour nous » ! On vous a encore bien leurré ! Il faut avouer que nous sommes et demeurons des experts !

En résumé, du bon, du moins-bon et du pas bon. Bof !

Venons-en aux faits maintenant.

Des projets, des projets, encore des projets. La rétrocession des terrains militaires : cela donne des projets variés, des zones économiques, des espaces culturels, sportifs, un hôtel. A ce jour, 2 100 personnels militaires (groupement du SMA et gendarmerie inclus). Environ 900 personnels militaires et civils devraient quitter la Polynésie à l’horizon 2020. Cela libère des terrains au profit de 6 communes.

oscar temaru

Oscar Temaru en route pour l’Élysée. Ben quoi, il en a le droit, non ? Pour revenir sur le devant de la scène médiatique, il n’y a pas mieux. Il faut d’abord recueillir 500 signatures d’élus nationaux ? Fastoche ! Il a cité François Hollande et Ségolène Royal comme alliés potentiels et comme dis Lolo « plus que 498 à trouver. » A ce jour Oscar aurait déjà près de 80 promesses de parrainage spontanées. Oscar déclare « Si, en Polynésie, la majorité des électeurs votent pour moi, on pourra parler d’auto proclamation de l’indépendance ». Il souhaite créer « les États fédérés de Ma’ohi Nui » en lieu et place des cinq archipels de l’actuelle Polynésie française.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , ,

Chinois de Polynésie

Gaston Tong-Sang, un temps maire de Bora-Bora, a été Président de Polynésie, « pays d’outre-mer » français. Il est d’origine chinoise. Tout comme en Guyane, les Chinois tiennent le commerce entre leurs mains. A Papeete, mais aussi dans les bourgs, à Tahiti comme dans les îles, le magasin qui alimente, qui chausse et qui habille, c’est « le Chinois ». Il ouvre son magasin dès 5 heures, à l’aube, et le ferme vers 19 heures, une fois la nuit tombée.

Les Chinois sont arrivés en 1856 pour travailler dans une plantation de coton sur Tahiti. Mais c’est en 1865 que l’immigration chinoise devient importante, quand les Cantonais débarquent en nombre pour le coton et le café. En 1873, conséquence de la fin de la guerre de Sécession, la plantation de coton tahitienne fait faillite mais les Chinois sont restés. D’autres immigrants arriveront dans les années 20 et deviendront les premiers négociants et commerçants. Ce n’est qu’à la fin des années 60 que la Métropole accordera progressivement leur naturalisation aux Chinois installés en Polynésie. Ils se sont depuis intégrés à la population locale par des mariages.

chinois des plantations polynesie

Cette minorité d’origine chinoise devient un enjeu géopolitique. L’allégeance des petits États polynésiens à Taïwan est battue en brèche par la Chine populaire. Pour étendre son influence dans le Pacifique, celle-ci n’hésite pas à annuler les dettes de ces micro-états en échange d’un vote à l’ONU contre Taïwan. La Chine propose d’envoyer ses touristes si ces pays répondent à ses critères : hôtels chinois, personnel chinois, nourriture chinoise. Cette diplomatie « de carnet de chèque » irrite l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’argent taïwanais tend à être remplacé par l’argent chinois. Les États en faillite de la région tendent à devenir le terreau d’une nouvelle idéologie et de toutes sortes d’attitudes nouvelles. Les Maoris arrivés en Polynésie venaient de Taïwan, dit-on… Et si la Chine, « propriétaire de Taïwan », venait à réclamer ces îles où ont abordés les valeureux piroguiers, comme faisant partie intégrante de sa zone d’influence ?

La culture chinoise contamine les croyances des îles. Ma Chinoise me prévient : « attention aux 1er et 2 novembre. – Pourquoi ? – Le 1er novembre, ça va encore, c’est la fête de tous les saints. Mais si tu veux aller au cimetière de l’Uranie voir les illuminations des tombes, attention à toi ! – Pourquoi, ça se passe vers 18 h et ce n’est pas loin de chez toi ? – Une enfant de 10 ans a été violée sur une tombe lors de ces cérémonies. – J’ai beaucoup plus que 10 ans et je ne suis pas peureuse. – Je t’aurai prévenue. – D’accord, je tiendrai compte de ton avertissement. Mais le 2 novembre, que se passe-t-il ? – Nous, les Chinois, nous ne sortons pas de chez nous car il y a des esprits partout. Je n’irai pas me baigner à la mer ! – Ah, bon ? Notre fête de Ka-san, nous la faisons dans le cimetière à midi car les esprits sortent le soir et la nuit ; mais ils demeurent présents tout le temps : ma belle-mère, qui était catholique, faisait son lit le matin et n’y touchait plus de la journée, surtout elle ne s’y asseyait pas ! – Mince alors, moi qui n’ai qu’un canapé-lit, vais-je devoir rester debout toute la journée ? Et mon genou droit qui ne me porte pas trop, que vais-je faire ? – Cela, c’est ton problème, mais je t’aurai prévenue… »

Dimanche 5 novembre, lever à 5 h, comme tous les dimanches, marché, retour chez moi pour la douche et le café. Puis ma Chinoise vient me chercher pour filer au cimetière chinois de Arue, pour fêter Ka-san avec ses trois frères. Les Chinois fêtent Ka-san deux fois dans l’année, une fois aux alentours de la Toussaint et la seconde vers avril, suivant le calendrier lunaire. Nous avons rendez-vous à 8h au cimetière. Les trois frères et leur famille arrivent, les bras remplis de paquets. Les tombes des parents sont déjà couvertes de fleurs. Ces tombes chinoises sont toutes construites avec un toit plat qui en protège deux ou trois à la fois. Les plus riches font installer un toit pentu recouvert de tuiles vernissées vertes ou orange. Leurs tombes sont recouvertes de marbre. Les autres les laissent carrelées de blanc. La femme est enterrée à gauche, l’homme à droite. Tous regardent la mer, adossés à la montagne. Si l’on ne voit pas la mer, il faut un plan d’eau. Ce cimetière est une colline donnée aux Chinois par le roi Pomaré.

chinois cimetiere polynesie

Pour Ka-san, il faut égorger un poulet, en recueillir le sang et laisser tomber plusieurs gouttes sur un papier blanc que l’on posera sur le dosseret de la tombe. Cela prévient le mort qu’on vient lui rendre visite. Le poulet est ensuite cuit entier, le foie sorti de l’abdomen et cuit en même temps. Il est dressé sur un plat avec les ailes collées aux flancs, le cou tordu et cuit de manière à ce que la tête regarde le ciel. Le sang du poulet a été cuit comme pour faire un boudin, et conditionné en un disque rond d’environ 5 cm de diamètre. On dispose trois verres de vin rouge (et du bon !), trois bols de riz et trois paires de baguettes, puis le plat où repose le poulet, avec un morceau de porc, de préférence du cochon de lait pour faire bonne mesure. Tout cela afin que les morts puissent se restaurer. Certains amènent le cochon de lait entier et des pommes rouges, tout est rouge. Chacun fait selon sa richesse. Un paquet de biscuits fourrés de confiture rouge, des fruits rouges, du thé « noir » (appelé « thé rouge » en Asie) complètent les libations.

Une jardinière remplie de sable sert à planter les bâtons d’encens allumés que chacun des participants aura, dans ses mains jointes, agité plusieurs fois en direction des tombes tout en murmurant une prière. On allume des bougies rouges que l’on plante dans la jardinière aux côtés des bâtons d’encens. La fumée se répand dans l’air comme après une manif à Paris, quand les flics ont balancé leurs gaz lacrymogènes.

Pendant que les hommes s’affairent à préparer ce « repas », les femmes et les enfants ouvrent des paquets de billets, les tournant en grosses fleurs. Ils ouvrent d’autres sachets enveloppés dans des journaux sur lesquels figurent les mots « femme » ou « homme ». De ces paquets sortent des habits de papier, des pantalons, des vestes pour les hommes que l’on reconnaît à ce qu’elles sont boutonnées devant, des vestes pour les femmes boutonnées sur le côté, des petits chaussons chinois noirs, des chapeaux noirs pour les hommes. Les vêtements femme seront posés, puis brûlés dans le chemin bordant la tombe sur le côté gauche, ceux des hommes posés puis brûlés sur le côté droit. Sur les habits, on pose tous les billets de banque et on met le feu à tout cela. L’un des frères avait amené deux bâtons au cimetière, je me demandais à quoi ils allaient servir : eh bien, ils ont servi d’instrument pour faire en sorte que tout brûle entièrement. Il ne doit rester que des cendres que les vivants laisseront sur place et que le vent emportera à son gré. Vu le nombre de billets de banque partis en fumée, les ancêtres devaient être satisfaits. Eux partis, la prospérité demeure !

Comme les familles chinoises sont étendues, nous sommes allés sur d’autres tombes après celle des parents. Le même cérémonial a été accompli pour la grand-mère. Les autres parents ont reçu des fleurs, des bâtonnets d’encens et des prières. Mais, sur la tombe de la grand-mère une fois tout brûlé, frères et sœurs lui ont annoncé qu’elle devrait dorénavant se joindre aux parents directs pour le cérémonial de l’an prochain ; il n’y aura plus qu’une cérémonie commune pour les ancêtres. Tout est dit en hakka, mais on m’a traduit.

L’un des frères m’a confirmé qu’avant, les Chinois laissaient toutes les victuailles sur les tombes et s’en retournaient à la maison. Mais les Polynésiens guettaient et venaient voler la nourriture des morts une fois les vivants partis. Désormais, les Chinois remportent toute la nourriture chez eux pour la consommer en famille.

Hiata de Tahiti

Catégories : Chine, Polynésie, Religions | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Notre Administration des antipodes

timbre polynesie francaise fille coquillage

Dès mon arrivée il y a quelques années, je cours à la Mairie faire ma déclaration de domicile. Comme je suis une popaa (métropolitaine), on me dit « vous » et moi je ne dois pas dire « tu » à la préposée, alors que tous les Polynésiens disent « tu » à tout le monde. Dans l’Administration, « on doit faire comme à Paris » ! J’indique ma nouvelle adresse ici, elle me tend un document, me dit : « ici, tous les papiers sont payants. Mais, aujourd’hui, il y a trop de monde à la caisse, je ne te fais pas payer. Nana. » (Nana veut dire « au revoir », rien à voir avec le fait que je sois une femme.) Je réponds alors : “ Maururu.” Ce qui veut dire merci.

En Polynésie, pour se saluer on se fait deux bises entre homme et femme, entre femme et femme et quelquefois entre homme et homme, s’ils sont intimes ou famille. La représentante de l’État n’échappe pas à la règle. L’autre jour, elle accueillait avec Oscar Temaru (le président élu de Polynésie Française), une délégation chinoise comprenant l’Ambassadeur de Chine à Paris. A l’époque Anne Boquet, au pied de la passerelle, a bisé par deux fois l’Ambassadeur aux yeux bridés avant de lui passer autour du cou un collier de fleurs en signe de bienvenue. Ensuite, Oscar s’est avancé, a serré la main de l’Ambassadeur, et lui a passé un autre collier de fleurs autour du cou. Quand Anne rencontre Oscar, c’est toujours « ia orana » (abréviation « nana » ou salut) et la double bise, même s’ils ne sont pas très copains… Si, à l’arrivée sur le sol polynésien c’est obligatoirement collier de fleurs, au départ, c’est plutôt collier de coquillages (le phytosanitaire veille au grain).

timbre polynesie francaise garcon

Ici, pas de distribution postale à domicile, pas de boite aux lettres accrochées à la porte de la maison ou dans le hall d’immeuble. Il n’y a pas non plus de nom de rues. Chacun a une boite postale ou la partage avec quelqu’un, à charge pour lui d’aller dans un local contigu à la Poste chercher son courrier, au jour et à l’heure qu’il désire. Chaque habitant a d’ailleurs deux adresses : l’une postale avec numéro de boite et l’autre géographique, indispensable pour l’électricité, l’eau, le téléphone. Par exemple nom de la maison ou de l’immeuble, le point kilométrique depuis le point zéro de la cathédrale de Papeete (ex. PK 13), le nom de la ville, du bourg, du lieudit, et le côté. Soit côté mer, soit côté montagne : il n’y a qu’une route qui fait le tour de l’île…

timbre polynesie francaise fille guitare

En Polynésie française, on a tardé à passer à l’euro. Cela facilite grandement les opérations financières mais l’euro fait un peu peur aux indépendantistes. Mais c’est inévitable car on lorgne vers l’Europe et vers ses avantages. De jolis timbre-poste sont émis, recherchés par les philatélistes du monde entier, ce qui fait une petite source de devises. L’économie repose un peu sur le tourisme, très peu sur la pêche, mais surtout sur la compensation financière payée annuellement par la France pour l’arrêt des essais nucléaires. Il paraît inconcevable aux Polynésiens que les fabuleuses sommes versées par la France après la cessation des essais ne continuent pas éternellement… Ce qui est certainement plus grave, c’est que les politiciens du fenua (le pays) en restent persuadés.

On fait beaucoup la queue dans les bureaux, comme dans les quartiers populaires parisiens, car les agents s’occupent des opérations postales, des démarches financières, de vendre des kits pour téléphone mobile, des paraboles, des abonnements aux chaînes cryptées, de faire remplir la demande de téléphone fixe, etc. Alors, pour faire patienter le peuple, il y a une télévision branchée en permanence, fonctionnant dans chaque bureau de poste. Ce matin, il y avait sept personnes avant moi et une dame, dans la file d’attente, chantait à haute voix avec la télévision, en karaoké, quoi. On est sous les tropiques, alors du calme !

Hiata de Tahiti

Catégories : Politique, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Poumaka, ce piton des Marquises

Il a été vaincu par sa face sud par deux alpinistes américains et se prononce Po-oumaka. Sur l’île d’Ua Pou, ce piton vertical de 458 mètres baptisé « the wild jungle tower » par les deux alpinistes dont l’ascension a été filmée grâce à des drones (video sur le site de tahiti-infos). Cette ascension a duré une dizaine de jours dans des conditions difficiles : pluies diluviennes, végétation dense, verticalité. Bravo à ces deux alpinistes Mike Libecki et Angie Payne et à l’équipe vidéo de 3 Strings Productions et au guide local qui les accompagnait.

poumaka alpinistes americains

Voici un récit marquisien traduit par Henri Lavondès. Il s’intitule ‘Le combat des pics : Matahenua et Poumaka’ : « Jadis, dans les temps anciens, dans l’archipel des Marquises ou « La terre des hommes », les pics allaient d’île en île se faire la guerre. Matahenua (autrefois, guerrier redouté mais vaincu par Poumaka), de l’île d’Hiva ‘Oa, était très fier de sa hauteur, néanmoins il était pied-bot. Il n’avait qu’une seule bonne jambe. Il alla, cependant, jusqu’à Taipivai (grande et profonde vallée, au sud-est de Nuku Hiva, arrosé par la plus importante rivière de l’archipel formant une très haute cascade) et combattit avec Tikapo (pointe qui se trouve à l’est de Ho’oumi, près de la baie de Taipivai appelé aussi Cap Martin, important repère de navigation à l’extrémité sud-est de Nuku Hiva). Tikapo mourut. Il coupa sa tête et la jeta dans la mer. Cette tête s’appelle aujourd’hui Teoho’oteke’a (écueil qui se trouve juste en face du cap Tikapo et peut être traduit par « la tête du rocher ».

poumaka sur ua pou carte

« Et il passa ici, à Ua Pou, par Hakata’o (baie et vallée au sud-ouest) de Ua Pou). Il donna une gifle en travers des oreilles à Motu Taka’e (îlot en forme de pyramide aplatie entre Hakata’o et Motu ‘Oa). Celui-ci s’aplatit, mais il ne tomba pas ; il se tint toujours debout. Puis il monta chez Motu ‘Oa (petite île peuplée d’oiseaux de mer à un demi-mille au large, au sud de Ua Pou, appelée île plate). Motu ‘Oa est aujourd’hui couché, il mourut. Il monta à Ha’akuti, se battit avec Motu Heruru (presqu’île entre Ha’akuti et la baie de Vaiehu, ancien guerrier du combat des pics, à la pointe de trouve sa tête Motu Heruru). Il lui coupa la tête et la jeta dans la mer. De nos jours, ce morceau de tête s’appelle Motu Matahi (rocher du côté ouest de la baie de Ha’akuti). Il se trouve devant la baie d’Ha’akuti (baie et vallée de Ua Pou).

« Puis il monta à Oneou (baie et vallée inhabitée au nord-ouest de Ua Pou, appelée aussi Aneou . On trouve deux rochers liés à la bataille des pics, Ke’a ‘Oa et Motu Pahiti) et combattit avec Ke’a ‘Oa (pic dans la vallée d’Aneou ; littéralement « long rocher »). Ke’a ‘Oa mourut, il coupa sa tête et la jeta dans la mer. Elle se trouve devant la baie d’Aneou et s’appelle aujourd’hui Motu Pahiti (écueil dans la baie d’Aneou). Poumaka (pain de sucre de 975m dans la vallée de Hakahetau – les deux petites pointes qui le terminent évoquent les deux chignons des jeunes guerriers) n’était encore qu’un enfant en ce temps-là. C’est la raison pour laquelle il ne fut pas tué. Matehenua retourna à Hiva ‘Oa.

Ensuite, Poumaka grandit : « – Je vais aller faire la guerre à Matehenua, dit-il, car c’est lui qui est venu sans raison tuer quelques pics. – Où vas-tu ? dit Tikapo. Poumaka répondit : – Je vais prendre une revanche sur Matahenua. Tikapo dit : – Oui, mais attends un peu, faisons cuire au four un cochon et étendons-nous ici tous deux. Je t’appendrai comment tu dois faire.

poumaka piton des marquises

« Tikapo donna des instructions à Poumaka :
– Lorsque tu iras faire la guerre à Matahenua, aie bon courage, ne l’attrape pas par sa jambe paralysée, mais par sa bonne jambe, sa jambe paralysée ne le portera pas et il tombera par terre.
Puis ils prirent leur repas. Quand il fut achevé, Poumaka se prépara à partir. Tikapo lui dit :
– Prends avec toi deux cuisses de cochon pour payer tribut à certains pics, de peur qu’ils ne veuillent prendre revanche sur toi.
– Oui dit Poumaka, et il partit faire la guerre.

« Il arriva chez Matahenua :
– Nous allons nous battre tous les deux, maintenant.
Comme Matahenua se préparait à le faire rouler d’un coup dans la poussière. Poumaka l’empoigna par sa bonne jambe et il tomba par terre. On peut le voir allongé de nos jours (Selon la légende, Matahenua, qui était autrefois un pic, est, depuis sa défaite, un cap qui s’avance dans la mer).

« Poumaka retourna chez Tikapo et lui dit :
– J’ai fait mourir Matahenua, voici sa tête à ma ceinture.
Tikapo répondit :
– C’est moi qui t’ai appris comment t’y prendre. Sans moi tu étais mort.
– Oui, répondit Poumaka.

« Puis Poumaka revint ici à Ua Pou. On peut le voir au fond de la vallée de Hakahetau avec la tête de Matahenua à sa ceinture (Le sommet du pic Poumaka présente deux éminences, d’où son nom qui signifie « pilier fourchu ». À courte distance se trouve un grand rocher appelé Teupoko Matahenua qui signifie « la tête de Matahenua ».

Pour ceux qui, un jour, décideront de fouler la terre des hommes, la connaissance de quelques détails, notamment les légendes, s’impose ; ce qui ouvrira grand les bras des Marquisiens très fiers de leur archipel et de leur culture.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Malades de trop bouffer

Les Polynésiens sont malades, alors le ministre de la santé en mission à Paris a visité un Cyclotron dans les sous-sols de l’hôpital Saint-Louis à Paris. C’est le seul cyclotron des hôpitaux de Paris (à quoi sert le cyclotron ? lire ici). Pour cette visite il a dû revêtir comme tous les autres personnes un équipement de protection, de la cagoule à la combinaison jusqu’aux bottes. Ce harnachement a fait rire ici en Polynésie et le Tahiti-Pacifique de cette semaine-là a publié la photo sous le titre « Modernisation à l’hôpital », ainsi que le commentaire de la bouche du ministre : « Ce sont les nouvelles tenues pour nous protéger de nos syndicalistes ! ». C’est vrai qu’ils sont très actifs les syndicalistes, dans le privé, à l’hôpital, à la prison, à la CPS (SS polynésienne) et encore et encore. Alors ce cyclotron, la France doit nous l’acheter ! Ça coûte « peu » : entre 716 et 835 millions de XPF. Il faudra aussi nous offrir le personnel compétent. Mais, pensez donc, Tahiti aurait alors le grand centre hospitalier francophone du Pacifique, les Néo-Calédoniens, les Wallisiens viendraient s’y faire soigner, plus d’Evasans en métropole ou à l’étranger, tout bénéf… Mais pour le moment on parle surtout de faire venir des médecins cubains car on ne les paie pas cher ! À v’ot bon cœur M’ssieux, Dames.

cyclotron

Santé toujours : Asseyez-vous et lisez ensuite. En 20 ans +554% de diabétiques suivis en longue maladie. Qui dit mieux ? Je lis qu’en 1995, le nombre de diabétiques suivis en longue maladie s’élevait à 1 250. Ce chiffre est passé à 8 150 en 2015, soit une augmentation de cinq fois et demi. Cela coûte en bien-être, en vie, en francs, quelques 3 milliards de XPF. Pour fêter ce record, on trinque ? On dit que toutes les 7 secondes, une personne meurt du diabète dans le monde. On trinque encore ? Il faut arrêter de déconner, 10% de la population adulte est atteinte. On fait quoi ? On pleure, on s’indigne, on se lamente ? On se satisfait des chiffres ? On sonne à la porte des contribuables français ? Les Polynésiens n’ont pas de pétrole mais ils ont des idées… comme augmenter l’offre alimentaire (faudra qu’on m’explique) offrir des activités physiques (?) prendre soin des patients concernés (?) Le ministre de la santé (encore lui) : « Nous allons faire venir le professeur Tounian pour mettre en place des outils qui serviront de projets pilote pour la prise en charge d’enfants obèses. Patrick Tounian est pédiatre et nutritionniste à l’hôpital Armand Trousseau à Paris, c’est un spécialiste de l’obésité, auteur notamment de l’Obésité de l’enfant ». C’est cela la solution ? Ou seulement un vœu pieu ?

obesite enfant tahiti

Si on lit les récits des premiers explorateurs en terre polynésienne, le capitaine Cook notait que les habitants des Iles Marquises étaient une belle ethnie. Le naturaliste George Forster écrivait son impression sur un groupe d’hommes marquisiens : « grands bien bâtis, pas corpulents comme le sont certains Tahitiens, ni maigres, ni ridés comme les natifs de l’Ile de Pâques… ». Herman Melville vante la beauté d’hommes élancés, bien faits, ils sont grands et musclés. Leur nourriture est essentiellement végétarienne. Leur alimentation de base est le fruit à pain. Le poisson est mangé cru. Leur boisson était de l’eau. Maintenant il est de bon ton de manger de la viande, du poulet, des frites, d’aller siroter une boisson sirupeuse gazeuse en dégustant une pizza ou un truc sans goût dans du pain mou… et l’on s’étonne d’avoir une population diabétique ?

moustique aedes aegypti

La dengue, les moustiques ? Vous en avez entendu parler ? Selon une étude des chercheurs de l’Institut Pasteur du Cambodge, de l’institut Pasteur à Paris et du CNRS, les porteurs sains du virus de la dengue peuvent infecter les moustiques qui les piquent, participant ainsi à la chaîne de transmission de la maladie. La dengue appelée également « grippe tropicale » est une infection transmise à l’homme par des moustiques du genre Aedes (tigre ou aegypti). Elle est bien connue en Polynésie française, et y sévit régulièrement. Les symptômes visibles de la dengue sont une forte fièvre, des maux de tête, des nausées, des vomissements, des douleurs articulaires et musculaires, des éruptions cutanées. Les porteurs sains ont été mis en contact avec des moustiques sains, élevés en laboratoire. Puis, l’analyse des moustiques a permis de vérifier qu’ils étaient infectés et capables à leur tour de transmettre le virus à un humain. Le virus de la dengue infecterait 390 millions de personnes par an dans le monde à la suite d’une piqûre infectieuse via un moustique. Il n’existe aujourd’hui ni traitement antiviral spécifique, ni vaccin commercialisé pour combattre cette maladie. La dengue a désormais touché l’Europe bien qu’initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde… Vous avez dit réchauffement ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Climat pas COPain à Tahiti

Environnement, ce mot est dans toutes les bouches. Mais qu’en est-il vraiment ? Beaucoup de paroles mais peu d’actes en fait. On constate une dégradation générale de la qualité de l’air, gestion des déchets, occupation du territoire, état de la pêche, agriculture, biodiversité, pollutions diverses, qualité des eaux. Les pesticides ? Les importations d’insecticides sont en baisse continue depuis 2008. Par contre les importations de pesticides sont en hausse continue depuis 2012, 700 tonnes par an, mais il parait que c’est 13% de moins qu’en 2005. Il n’y a pas lieu de se taper sur le ventre ! Le bruit ? Surtout un problème de voisinage. 57,7% des nuisances sonores sont constituées par les habitations, les voitures boum-boum, 13% par les chiens et les coqs (à savoir qu’ici les coqs polynésiens chantent jour et nuit…). Les autres bruits viennent des sports et loisirs, des établissements recevant du public tel les répétitions de danse locale avec toere (percussions). Le centre-ville de Papeete voit chaque jour 100 000 véhicules circuler, traverser, stationner : émission de C02 garantie. Les déchets sont en augmentation et leur traitement en baisse. Plus de 75% sont produits chaque année à Tahiti et Moorea. Une estimation faite en 2012 indique que le total des déchets de Polynésie serait compris entre 130 000 et 147 000 tonnes par an soit 13% de plus qu’en 2006. Il faut passer à la caisse, ce sera 12 500 XPF par an et par habitation ! Mais on recycle, du moins, on essaie, car les mairies ont décrété le tri sélectif et le recyclage. C’est une excellente chose mais si l’on menace le contrevenant d’amende, il vaudrait mieux que l’on ne ramasse pas le même jour le bac gris et le bac vert parce que la veille on n’a pas ramassé le gris ! Et les nuisibles ? En premier, le rat noir (rattus rattus) qui est la cause première de la disparition des oiseaux dans tout le Pacifique, le merle des Moluques, le bulbul à ventre rouge, la fourmi électrique ou petite fourmi de feu, la fourmi folle jaune, le tulipier du Gabon et le miconia. A partir de Tahiti, le miconia a contaminé Moorea, Raiatea et Tahaa, Nuku Hiva et Fatu Hiva aux Marquises. Un pays idyllique la Polynésie, mais l’envers de la carte postale… on le constate en y vivant.

coqs tahiti

On nous a prédit des cyclones très violents à compter de novembre et jusqu’en avril 2016. Dès novembre la chaleur est lourde, un vent présent, la mer chaude, les pluies fréquentes …

Cyclones ? Pas cyclones ? El Nino est bien des nôtres, mais les prévisions sont toujours aléatoires. Certes Météo-France et autres surveillent mais c’est via l’imagerie satellite que travaillent les prévisionnistes. Sera-t-il cyclone ou dépression tropicale ? Où nait-il ? Quel vent, quelle force ? Quelle sera sa trajectoire ? Quelle intensité ? Pour qu’une dépression tropicale se transforme en cyclone, il faut une force capable d’entraîner un mouvement de rotation : la force de Coriolis. Il n’y a pas de cyclone sur l’équateur, un cyclone ne peut pas passer d’un hémisphère à l’autre. Il faut des vents homogènes, une atmosphère instable, humide et une température de la mer supérieure à 26°5C sur une profondeur de 60 mètres. Si tous ces éléments sont réunis, le risque d’une dépression tropicale est très élevé. On comptera une douzaine d’heures pour que naisse la dépression. Ensuite le cyclone se déplace et peut survivre jusqu’à une dizaine de jours. La trajectoire ? La précision s’affine à mesure que le cyclone approche. Les conséquences terrestres ? Les pluies responsables d’inondations, de glissement de terrain peuvent se ressentir jusqu’à 1 000 kilomètres. L’œil du cyclone mesure entre 20 et 50 kilomètres, le temps y est calme, mais non loin de l’œil une marée de cyclone est possible. La dépression tropicale faible a des vents moyens entre 50 et 61 km/h. La dépression tropicale modérée a des vents moyens entre 62 et 87 km/h. La dépression forte, des vents entre 88 et 117 km/h. Le cyclone tropical, des vents entre 117 et 176 km/h. Le cyclone tropical intense des vents au-delà de 177 km/h. Ces chiffres sont des moyennes calculées sur 10 mn, pour estimer les rafales maximales, il faut compter +50%. Exemple : si les vents moyens sont de 177 km/h, les rafales peuvent atteindre 265 km/h ! Restons optimistes ! Bien que le NIWA (National Institute of Water and Atmospheric Research) de Nouvelle-Zélande ait établi une carte des risques de cyclones pour l’été austral (octobre-mai) 2015-2016 et l’on constate que les archipels polynésiens sont classés dans les zones les plus à risque. Avec même un risque de deux à trois épisodes cycloniques possibles pour les Iles de la Société.

Question ? Qu’est-ce qu’une extraction ? Et qu’est-ce qu’un curage en rivière ? Je lis dans Tahiti-Pacifique, nouvelle version hebdomadaire : « les curages ne sont pas une extraction, mais peuvent cacher une extraction ». Allo, mon cerveau, t’as compris ou je dois répéter ? Période de cyclone, on nettoie ? Erreur : on « tente de » nettoyer les rivières. Définition : un curage consiste à nettoyer le lit d’une rivière de ces amoncellements pour protéger les habitations éventuelles. Les extractions dans le lit des rivières sont interdites en Polynésie française, mais le curage autorisé par dérogation, les quantités à enlever sont alors précisées dans l’arrêté. Par contre, un case ou tractopelle peuvent prendre plus profondément qu’ils n’y sont autorisés. Le curage se transforme alors en une extraction. La direction de l’Équipement est chargée des contrôles.

baignade tahiti

La qualité des eaux de baignade est catastrophique aux quelques 100% des embouchures en zone urbaine. Les lagons sont maltraités par l’homme, ceux très fréquentés sont pour 29% impropres à la baignade ; la taille des poissons est inversement proportionnelle à la pression de la pêche ; un tiers des forêts a disparu ; 128 espèces sont éteintes et 316 autres menacées ; les pestes végétales sont en expansion (le tulipier du Gabon et le miconia sont un désastre pour les espèces locales et la stabilité des sols) ; la production de 544 kg de déchets par an et par habitant augmente. La Polynésie émet autant de C02 qu’un pays industrialisé ? On dira : peut faire… non, DOIT mieux faire. Et vite !

Pour compléter cette carte postale d’un magnifique pays, carte postale un peu ternie tout de même, on reconnait 400 SDF à Tahiti. Qui sont-ils ? Des mineurs, des jeunes majeurs (18-26 ans), des jeunes salariés, des personnes sortant de prison, des personnes âgées. Les mineurs en situation d’errance consomment de l’alcool, des drogues, du tabac ; les individus de plus de 50 ans ont des handicaps physiques, consomment des alcools forts (komo= alcool local clandestin) et beaucoup d’entre eux ont des troubles psychiatriques ; les sortants de prison récidivent pour retrouver la prison. La délinquance a augmenté de 16% en 2014 par rapport à 2013. Heureusement toutes les personnes en errance ne sont pas à classer dans ces catégories. À noter toutefois que 99% des mineurs interpellés en 2014 étaient déscolarisés. Il reste beaucoup à faire aux associations caritatives pour rendre un peu d’espoir à ces SDF.

C’étaient quelques nouvelles depuis un confetti sur l’océan. Portez-vous bien. Iaorana

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Course, prison, sécurité à Tahiti

Début novembre, pendant les vacances scolaires de Toussaint a eu lieu la course de va’a Hawaiki Nui. J’ai déjà évoqué ce sujet mais c’est toujours un plaisir d’en reparler et surtout de féliciter TOUS les rameurs car la prouesse est de rallier – à bout de bras – Bora Bora, la perle du Pacifique. Cela après avoir transpiré sur les trois épreuves en trois jours, Huahine-Raiatea 45 km, Raiatea-Taha’a 26 km et Taha’a. Bora Bora se profilera après 58 km à la force des poignets sur un va’a (pirogue à balancier de course) comportant 6 rameurs. Chapeau Messieurs ! Au départ 83 pirogues V6 .Trois grands clubs ont remporté chacun une étape. D’abord EDT (EDF polynésien) Va’a en 3h30 d’efforts, avec une avance de 4 minutes, la seconde étape, la plus dure physiquement, par Shell Va’a, et la troisième, certainement la plus belle par Team Opt (la Poste polynésienne). Tous les rameurs sont méritants et seulement quatre clubs n’ont pu finir la dernière étape. La participation étrangère est… balbutiante mais il est possible d’espérer que des étrangers viennent, un jour, s’intercaler entre les Tahitiens et pourquoi pas les battre ! L’étape la plus courte entre Raiatea et Taha’a est la plus éprouvante car elle se déroule dans le lagon, en eau plate, tandis que les deux autres étapes permettent aux rameurs de surfer sur les vagues du Pacifique ! Excusez mes piètres explications sportives mais vu mon âge avancé… Et les rameurs comme les mousquetaires de la mer « un pour tous, et tous pour un », une seule toute petite différence 4 mousquetaires et ici 6 rameurs, mais tous dans l’action. Pour votre gouverne, il existe des courses pour V1, V6, V12. Pour le moment les Polynésiens sont les champions mais à quand une victoire des Chinois ? Quand ils auront copié et décomposer tous les gestes des rameurs ? Du matériel utilisé ?

course de vaa tahiti

Les travaux pour la geôle de Papeari avancent à la vitesse polynésienne. Il semble qu’il y ait des vols de matériel, aussi y a-t-il maintenant un « contrôle » à l’entrée du chantier ainsi qu’un vigile la nuit et le week-end. Le concours pour le recrutement de matons a eu lieu. Maintenant les syndicats exigent de l’État le paiement des billets d’avion de ces messieurs et dames qui doivent rejoindre la métropole pour « subir » huit mois de formation à Agen. On peut s’attendre à ce que les syndicats exigent d’autres sous pour ceci, pour cela, acheter les rayons du soleil, acheter des vêtements chauds, des caleçons molletonnés, etc. Les syndicats font la loi. Les questions à l’écrit n’ont pas plu du tout. À l’origine plus de 6 000 candidats s’étaient inscrits, 4 800 ont été retenu pour l’examen. Et pour être fonctionnaire de l’État, une partie de la jeunesse de Tahiti serait prête à vivre sa vie en prison. Il paraitrait que certains avaient un niveau Bac + 3. Il faut également savoir que les heureux choisis commenceront leurs carrières de matons au salaire indexé de 380 000 XPF/mois (3 750 €) plus les avantages ! C’est pas mal non ? Là encore les syndicats exigent de l’État que ces élèves-matons reçoivent le même salaire en France qu’à Tahiti, les autres élèves de métropole eux n’ont pas le salaire indexé, c’est normal parce que ici à Tahiti la vie est plus chère, il fait plus chaud…

SANS COMMENTAIRES

SANS COMMENTAIRES

Il était prévu de déplacer les cuves de stockage des hydrocarbures de Fare Ute vers Motu Uta. C’était prévu pour 2013. Or dès 1986 ces stockages avaient été remis en cause… En mai 2001, l’inspection générale de l’administration notait que « l’insécurité du port de Papeete est considérée comme alarmante… il est menacé, ainsi que son environnement, par une rare accumulation de risques… ». Les inspecteurs ciblaient les dépôts d’hydrocarbures et la sphère de gaz aérienne. Le port de Papeete est vulnérable. Papeete est un port de commerce, de passagers, pétrolier, de plaisance, de pêche, militaire, site de constructions navales, zone industrielle, siège d’activités tertiaires, le tout à proximité de la ville et dans le prolongement de la piste de l’aéroport international. Le site officiel du port indique que 3 500 personnes travaillent dans 250 entreprises implantées dans l’espace portuaire. Il paraît qu’en 2023, les cuves de Fare Ute seront peut-être déménagées ! On pourrait résumer ainsi, la sécurité du port est bien remise en cause depuis 2001, mais Sœur Anne ne voit toujours rien venir en 2015 !

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Meilleurs vœux de vitalité 2016 depuis Tahiti

vahines nues tahiti calendrier

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , ,

Tahiti bêtes

Laissez venir à nous les tortues vertes. Entre octobre et mars, elles sont sous haute surveillance car elles viennent pondre leurs œufs. À Tetiaroa, c’est l’Association Te Mana o te Moana qui s’y colle. Quelques détails sur la ponte de la belle verte : la profondeur des nids est de 54 cm, le diamètre de la chambre d’incubation de 30 cm, le nombre moyen d’œufs par nids de 85, le temps moyen d’incubation entre la ponte et l’éclosion des œufs dure 73 jours. Elle est de plus en plus rare te honu (tortue) matie (verte). L’association en recense quelques-unes à Mopelia, Tetiaroa et Tupai. L’association a encouragé l’hôtel The Brando à s’adapter aux tortues pendant la saison de ponte : les lumières de l’hôtel sont équipées de filtres rouges, le niveau sonore est abaissé pendant la nuit et les clients et employés sont sensibilisés aux bons gestes pour ne pas déranger les reptiles aquatiques ! Mais ta honu matie rencontre d’autres dangers, comme la pollution.

tortue verte

En Nouvelle-Calédonie, le méconnu et menacé dugong est aussi sous étroite surveillance. Celui qu’on appelle la « vache marine » ou le « jardinier des mers » se nourrit exclusivement de plantes et de fleurs des herbiers marins ; il vit dans le lagon entre 2 et 20 m de profondeur. Il ne migre pas. Il a un ancêtre commun avec l’éléphant, pèse entre 300 et 400 kilos, possède des petites défenses plantées dans son museau moustachu. Il est discret, possède une queue échancrée comme les baleines et les dauphins mais ne plonge pas. Les femelles n’ont que 5 à 6 petits au cours de leurs 60 à 70 ans d’existence. Le dugong est menacé par les prises accidentelles dans les filets de pêche et surtout par le développement de la navigation de plaisance. Les collisions ou les coups d’hélice sont un risque tandis que les herbiers sont détruits par les ancrages.

dugong

C’est la pleine saison des Annonacées. Nous récoltons des totara (corossol Annona muricata).

corossol exterieurC’est un fruit originaire d’Amérique du Sud. Il ressemble à un gros cœur vert couvert de petits piquants souples. Pour le consommer il faut extirper la chair et ôter toutes les graines de son intérieur.

corossol interieur

On dit que la chair très crémeuse calmerait les anxieux, chasserait les angoisses et procurerait un sommeil réparateur. Normal : la teneur en sucre est élevée !

jacquier fruit tahiti

Une autre délicatesse est l’uru taratoni (jacque – fruit du jacquier -, Artocarpus heterophyllus de la famille des Moracées). Lui est originaire de l’Inde, c’est le plus fruit du monde puisque ses dimensions peuvent atteindre 1 m de longueur pour un poids de 50 kg. Il pousse à même le tronc de l’arbre. Les fruits sont composés de nombreuses carpelles liées entre elles par des tubes et des cordons de fibres. Ici, à Tahiti, ce sont les Chinois qui en sont friands – et moi. C’est un dessert succulent, mais sa dégustation passe après un temps certain à enlever les graines comme pour le totara. Les graines se mangent cuites ou grillées, leur goût rappelle celles des marrons sur la braise. L’appellation tahitienne uru taratoni signifie qu’il a été introduit en Polynésie depuis le Fenua taratoni (la Nouvelle-Calédonie). Le bois dur de l’arbre est utilisé pour la construction de bateaux, on peut également en faire des masques. Il fournit également le basanti, la couleur jaune permettant de teindre les vêtements des moines bouddhistes.

jacquier intérieur du fruit tahiti

Les scientifiques l’ont finalement prouvé car ils le soupçonnaient : la perle tourne pendant sa formation au sein de l’huître. C’est à l’Ifremer que l’on doit cette découverte. Vous savez tous que l’on introduit un nucléus dans les perles d’élevage, Pinctada margaritifera, l’espèce polynésienne. D’après les scientifiques « durant les 40 premiers jours, la perle est animée de mouvements chaotiques, interrompus régulièrement par des périodes d’immobilité. La perle met en moyenne 4h43 pour faire un tour complet dans l’huître. La rotation se poursuit pendant 12 à 18 mois durant le processus de formation de la perle. Cette rotation est associée à un certain nombre de défauts des perles. Les chercheurs ont introduit des nuclei magnétiques de 6,5 mm de diamètre dans plusieurs huîtres d’élevage (le nucleus est l’élément autour duquel se forme la perle). Les huîtres ont été suivies à l’aide d’un magnétomètre ultra-sensible, un dispositif d’étude novateur. L’étude a été publiée dans la revue Royal Society Open Science du 15 juillet 2015 ».

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,

Voyage à Rurutu aux Australes

Vous appréciez les lieux bizarres ? Vous aimez les stalagmites et les stalactites ? Partons à Rurutu ou l’île troglodyte.

Cette île a été découverte le 13 avril 1769 par James Cook ; sur une carte, elle ressemble un peu à l’Afrique ou à un rein. Elle avait pour premier nom Eteroa (le grand panier), plus tard, elle prit le nom de Rurutu (la gerbe dressée).

RURUTU  (Australes)

Rurutu est une petite île montagneuse de 10 km sur 5,5 km de large, à 472 km de Tahiti, a une superficie de 38,5 km2. Elle se situe par 151,2° de longitude ouest et 22,27°de latitude Auti, Moerai (la capitale !) et Avera les trois bourgs principaux. Les sommets sont les monts Teape 368 m, Taatioe 389 m d’où par temps clair on peut apercevoir l’île de Rimatara, Manureva 385 m, Pito 190 m, Erai 288 m, Rairiri 263 m. Rurutu appartient à un archipel qui s’étend des Cook au sud des Australes, sur 2 200 km de longueur, depuis le volcan sous-marin Mac Donald à son extrémité sud-est jusqu’à l’atoll de Aitutaki à son extrémité nord-ouest.

Les scientifiques disent que Rurutu est une île volcano-karstique de type makatea, c’est-à-dire du presqu’atoll ressoulevé. Rurutu est marquée par le volcanisme et les hautes falaises. Le centre de l’île est formé de roches volcaniques : tufs, basaltes, scories. Des calcaires coralliens à 150 m d’altitude ! Les scientifiques parlent d’un bombardement de la lithosphère ayant entrainé un soulèvement calcaire. Les falaises côtières ont été creusées par la mer ; elles présentent des encoches de 2 à 3 m de haut et 3 à 6 m de profondeur et s’élèvent jusqu’à 150 m au-dessus du niveau de la mer. Des excavations qui correspondent aux différents niveaux de la mer : la première au niveau actuel ; la seconde entre 1,2 et 1,7 m au-dessus du niveau correspond au milieu de l’holocène ; la troisième, située entre 8 et 10 m, correspond à la dernière période interglaciaire.

rurutu falaises 2

On y trouve aussi beaucoup de corail fossilisé. Le récif frangeant est très proche des côtes, il enserre toute l’île. Les côtes ont des falaises qui sont les témoins de l’ancien récif-barrière et forment un plateau circulaire calcaire façonné en karst avec lapiez, dolines, pinacles, avens et bien sûr de très nombreuses grottes. Autre caractère propre aux makatea, Rurutu n’a pas de lagon.

Le climat est de type subtropical océanique à flux d’alizée d’est, avec d’abondantes chutes de pluie. Avis à la population : de janvier à mars, il pleut TOUS les jours ! Les nuits d’hiver sont fraîches 10° à 12°, le jour entre 20° et 26°. La pluie à Rurutu ? Des trombes d’eau, des cataractes. Sous les tôles des fare impossible alors d’entendre la télévision et pourtant elle continue à déverser!

Peuplement ? Un peu plus de 2 000 habitants. Si le karst intéresse le touriste, il n’est pas favorable à l’installation humaine. L’absence de lagon limite le développement des plaines côtières. Le regroupement de la population en trois villages a permis le maintien de structures communautaires vivaces : une intense activité associative avec l’artisanat, les groupes de danses. Rurutu est demeurée fidèle à l’Église évangélique. On plante toujours du taro dans les zones marécageuses.

Vous faites le tour de l’île, en 4×4 ou à vélo (pas facile) sur 32 km ; quatre vols Air Tahiti par semaine depuis Papeete sur ATR 72. Moerai, la capitale, vous offre sa poste, ses écoles, son collège, son CJA, son centre de soins (un docteur, un dentiste, quatre infirmières et une adjointe de soins), sa gendarmerie avec trois gendarmes, sa banque Socredo, sa station-service, son port, son Service de l’équipement… et ses 2 éoliennes.

Je vous entends dire : et les fameuses stalactites ? Un peu de patience, nous y arrivons.

rurutu falaises

Rurutu dresse ses immenses falaises calcaires face à l’océan. Un sandwich composé de deux couches de lave qui enserrent un rempart de calcite creusé de centaines de grottes, formations qui remontent à 122 000 ans, protégeant des terres agricoles très fertiles. Jouons les spéléologues amateurs avec un guide local. Bien équipés ?

On démarre par la « grotte Mitterrand », baptisée ainsi parce qu’en 1990, le président de la République y reçut en mains propres le fameux « code Rurutu », recueil de 95 textes de lois en vigueur à Rurutu jusqu’en 1945, que la population jugeait désormais inutile et caduque. Cet ana, Ana’io ou Ana A’eo – la Grotte Mitterrand donc – est une excavation facilement accessible depuis la route de ceinture sur Vitaria. Elle est située sur la terre taaromao dans la falaise calcaire soulevée, à 400 m du rivage. Elle mesure 40 m sur 30 m et 15 de hauteur. Elle offre de nombreuses stalactites et stalagmites. À son extrémité sud est une cavité de 2m50 de diamètre : c’est ici que se trouvait l’umu, four où l’on cuisait les prisonniers.

Ana Papa est un abri pour les pêcheurs. Ana Pu’uru dont la façade est obstruée par des stalactites était, d’après la tradition, utilisée pour le guet. D’autres ana (grottes) existent et votre guide local saura, selon votre condition physique, vous y faire pénétrer ou non, mais ne vous aventurez pas seul.

Rurutu véhicule bien sûr des légendes, des mythes, des histoires.

Voici la légende la grotte Ana O Ina : Ana O Ina était le refuge d’une ogresse qui dévorait les enfants. Un jour, elle dut attacher deux petits garçons qu’elle ne pouvait manger car elle était déjà rassasiée. Elle se mit à chanter, heureuse, et les deux enfants se mirent à danser (ligotés). Cela plut à l’ogresse qui détacha les enfants afin qu’ils ne soient pas gênés dans leurs mouvements. Les grimaces et gestes des enfants rendirent la sorcière moins vigilante et les enfants en profitèrent pour s’enfuir. Un peu plus tard, la sorcière fut capturée dans les filets de pêcheurs. Emprisonnée chez le roi, elle se laissa mourir de faim plutôt que de renoncer à la chair humaine. Ina est toujours vénérée par les mama de Rurutu car elle avait tapissée sa grotte de pandanus tressés. La vannerie de Rurutu remonterait ainsi à cette légende.

RURUTU

Au nord de Auti se situe se situent le massif et la falaise Toarutu. Là est le monstre de Rurutu : une énorme avancée de calcaire sur l’océan déchaîné de la côte Est. On dirait les puissantes mâchoires d’un monstre antédiluvien qui voudrait menacer de ses crocs le dieu Ruahatu. Le monstre lutte contre une mer formée. Le paysage est époustouflant : des dizaines de stalactites et de stalagmites soutiennent une mâchoire béante qui nargue l’océan, une denture impressionnante. C’est dantesque ! L’ana si haut perchée, des gours emplis d’eau en son milieu, des cascades de calcite dégoulinant des parois de la cavité. Attention à ne pas déranger les oiseaux pailles en queues qui viennent s’y reproduire début juin, ni les phaétons omniprésents dans les falaises de Rurutu.

Soyez assurés, vous ne serez nullement déçus de votre séjour à Rurutu.

Chaque année, entre juillet et fin octobre, vous pourrez saluer les baleines qui viennent mettre au monde leur nouveau-né. Les grandes jubartes et les mégaptères vous y donnent rendez-vous. Elles arrivent de l’Antarctique où elles se sont gavées de krill pendant plusieurs mois. Elles ne franchiront jamais l’Équateur ! Le récif de corail est collé à la côte à Rurutu – ainsi les baleines sont toutes proches quand elles se reposent dans les baies. Ces dames, qui peuvent peser 40 tonnes pour 15 m de longueur, aiment nos eaux chaudes bien qu’elles n’y trouvent rien à manger – sauf l’amour et l’eau fraîche ! La chance pour le plongeur avec masque et palmes est de trouver Dame baleine endormie pour avoir le loisir de la photographier. Bonne chance !

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie, Voyages | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Chercher des sous à Tahiti

Nouvelle de « l’hôpital » de Taravao : d’après le ministre de la santé Patrick Howell, le centre médical de Taravao aurait reçu l’appellation « hôpital » par les Anciens de la commune. Depuis ce nom est resté. Comme les Anciens sont tous morts… Il n’y aura pas de procès, mais c’est quand même leur faute à eux, les Anciens ! Le ministre indique qu’un véritable hôpital dispose de trois types de services : médecine, chirurgie et obstétrique. À Taravao il n’y a que le service médecine.

En juillet dernier, trois des quatre urgentistes de ce centre médical avaient démissionné. Aucune réponse de potentiels urgentistes à l’appel de recrutement – et pour cause ! Les candidats veulent aligner leur salaire sur celui des urgentistes du Taaone de Pirae. Or le ministre considère que Taravao n’est pas un hôpital donc pas d’égalité de traitement. Il précise même que les Urgences restent « un service d’accueil », on reçoit les patients et on les prépare… à éventuellement prendre la route, l’unique, longue de 60 km, surchargée, pour au grand minimum une heure toutes sirènes hurlantes ! Bah ! les cul-terreux de la presqu’île n’ont qu’à faire attention, et ne pas avoir d’accident, ni attraper de maladies.

gauguin nativite

Le musée Gauguin rouvrira ses portes en juin 2016, au plus tôt. Quelle bonne nouvelle ! Il avait été toiletté depuis 2007 par légères touches, puis fermé en 2013. Le pauvre musée est l’innocente victime des changements de gouvernements, des projets foireux, des désaccords sur les missions qu’il devrait assurer. Un espoir ? Peut-être. Là aussi on joue sur les mots à mon avis. Ce fut d’abord un mémorial, mais cela n’attirait pas les touristes. Alors va pour « le » Musée Gauguin. Un sérieux coup de pouce de la fondation Singer Solignac, une salle avec des œuvres originales qui s’ajoutait aux quatre espaces existants. Alors on ressort truelles et marteaux, pour la bonne cause, le tout accompagné de pépettes bien sûr (on parle de 92 millions de XPF) et en juin 2016, par ici les touristes ! Manava (mes entrailles), soyez les bienvenus ! Surtout que le Conseil des ministres a adopté un arrêté adaptant les conditions de la licence de transport touristique à l’exploitation des « petits trains routiers » pour des circuits en ville.

timbre tahiti

Le tarif postal local augmente en novembre. Pour une lettre de moins de 20 gr il faudra payer 80 XPF au lieu de 75 XPF. Évolution aussi du système de taxation des colis privés. Les importations non commerciales seront bientôt taxées en fonction du lieu d’achat à défaut de la présentation de la facture. Exemple : un sac fabriqué en France mais acheté par le voyageur aux USA sera taxé forfaitairement à 30%. Une tablette informatique achetée en France mais fabriquée dans un pays non originaire de l’UE sera taxée au taux de 20%. J’ai l’impression qu’on cherche des sous, non ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , ,

Frapper sur la table ?

« Nous frapperons sur la table. » Qui a dit cela ? Les leaders polynésiens réunis à Papeete en juillet ! Il y avait là les représentants de la Polynésie française, pays hôte, avec Niue, Iles Cook, Samoa, Tokelau, Tonga, Tuvalu, seul manquait à l’appel les Samoa américaines. Vous n’êtes pas très calés en géographie ? Prenez une loupe et regardez vers le Pacifique Sud : les confettis. En marge de la COP 21 qui se tiend à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 et où l’on essaiera de trouver des solutions au problème du changement climatique, ces Etats du Pacifique Sud veulent des sous, c’est toujours le nerf de la guerre. Ils veulent des décisions, à commencer par « faire payer ceux par qui ce changement climatique serait arrivé et comme première solution des sous pour protéger leurs populations… ». Il faut comprendre et trouver des solutions ? Certes mais pendant tout ce temps, les îles basses ont les pieds dans l’eau. Les scientifiques : « Si vous cumulez températures chaudes et cyclones, le corail ne s’en remettra pas ». Les scientifiques apportent la preuve que lorsqu’un cyclone important passe sur un récif il le détruit complètement, et il faudra 10 à 12 ans pour qu’il redevienne florissant, à condition qu’il n’y ait pas de nouveau cyclone. Avec les taramea (Acanthaster) c’est pareil. Elles mangent tout le corail et le détruisent à 100%. Puis elles disparaîtront pendant 10 à 12 ans jusqu’à ce que le corail redevienne florissant. Donc si ces deux phénomènes se cumulent, si des cyclones et des hausses de température œuvrent entre temps. Sortez les mouchoirs.

carte polynesie

Création d’un comité de pilotage sur les ressources minérales océaniques en conseil des ministres piloté par le Président du Pays et le Haut-Commissaire. Le premier rapport devait être rendu en octobre, il est composé de 10 scientifiques… rien à l’horizon. Ces ressources minérales des fonds océaniques deviennent de plus en plus courues par les compagnies minières privées ainsi que certains États comme le Japon, les USA, la Chine, le Canada. Encore mal connues, les conditions d’exploration des grands fonds marins, situés entre 1 000 et 6 000 m de profondeur, devront être évaluées pour s’assurer de leur rentabilité et de l’impact environnemental. Vaste programme.

C’est peut-être en prévision que le « navire-hôpital » chinois He Ping Fang Zhou (Arche de la paix) vint accoster dans le port de Papeete ? Un équipage de 200 marins et 600 médecins et infirmiers ; des installations comme salle de radiothérapie, un scanner, huit salles d’opération, un laboratoire d’analyses, une salle d’examen, une zone de stérilisation, des services de gynécologie, ophtalmologie, pédiatrie, médecine interne. Il pratiquerait la coopération civilo-militaire et aurait pris en charge plus de 90 000 patients lors de « ses tournées ». Le consul chinois précise que ces actions font partie d’un vaste plan de coopération économique et militaire entre Pékin et les pays qui ont signé des accords économiques avec la Chine. La Polynésie encore française aurait signé ? Ou était-ce seulement une visite amicale ?

he ping fang hzou

En attendant l’ouverture de la neuvième merveille du monde à Punaauia, le « Mahana Beach » qui devrait être en exploitation dès 2022 mais dont la construction n’a pas encore été attribuée entre les deux promoteurs chinois restant en lice ! A la mi-décembre, le gouvernement aura choisi entre le groupement sino-hawaiien Recas-China Railway-Group 70 et le groupe chinois Towercrest. On abaisse les prétentions – à savoir pour le pays les travaux routiers et d’assainissement de la zone. Le remblai annoncé en juillet 2014 par Flosse sur 18 hectares et financé par le Pays est dorénavant transféré à la charge de l’investisseur et n’excédera pas 12 hectares et 650 000 m3.

Et toujours dans les grands projets un hub de pêche au port de Faratea, na ! On attend des investisseurs… Allo ? Vous n’auriez pas quelques réserves d’argent à placer ?

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Tahiti a de l’avenir

Le pharaonique ‘Tahiti Mahana Beach’ sera-t-il chinois ? Il paraît qu’en décembre on en saura plus sur ce projet, pourvu que les cyclones n’emportent pas tout sur leur passage. Tout pour les Chinois : les Chinois construiront, les Chinois viendront par milliers emplir leurs hôtels, y mangeront chinois, dormiront dans des lits chinois… après avoir pris des avions chinois pour venir entre Chinois à Tahiti.

tahiti mahana beach resort projets

Le port de Papeete, un atout d’avenir ? A condition d’être modernisé car, avec l’agrandissement du Canal de Panama, ce sont de très très gros cargos qui transiteront. Actuellement le port n’est pas capable de faire entrer ces monstres ni de les faire accoster. Combien de containers sont déchargés sur les quais actuellement ? Est-ce que le port de Papeete sera capable d’accueillir ces gros cargos et combien déchargeront-ils de ces containers alors que la Nouvelle-Zélande ou l’Australie nous enverrons ensuite de plus petits bateaux engendrant ainsi un rallongement du temps de transit et bien sûr une augmentation des coûts et une dépendance vis-à-vis du port d’Auckland ? Le pays est aussi grand que l’Europe ? Certes mais avec seulement quelques confettis de terres habitables !

tahiti mahana beach resort

C’est alarmant, les populations d’animaux marins dans le monde ont chuté de moitié en 40 ans. L’homme est à l’origine de ce désastre : surpêche, industries extractives, aménagement du littoral, pollution, émissions de gaz à effet de serre responsables de l’acidification océanique et du réchauffement des mers. L’homme mange de plus en plus de poisson : la consommation moyenne par habitant était dans les années 1960 de 9,9 kg, en 2012 de 19,3 kg. On pense que les récifs coralliens et prairies sous-marines pourraient avoir disparu d’ici 2050. Or 25% de toutes les espèces marines y vivent et que 850 millions de personnes y trouvent leur moyen de subsistance…

legumes

Donc… à quand l’autosuffisance alimentaire en Polynésie française ? C’est le vœu pieu du ministre de l’Agriculture. Le ciel l’entendra-t-il ? Faudra-t-il donc augmenter la production agricole pour satisfaire les appétits tahitiens ? Peut-être, mais également la qualité, bien souvent, laisse à désirer. Le plan couvrira la période 2015-2020. Ce sont les carottes, choux, tomates, pommes de terre, salades qui sont principalement concernées, et des espèces qui s’adapteront à la période humide comme à la période chaude ! Et l’ananas ? La production n’est pas suffisante pour faire du jus toute l’année. En 2013 les agriculteurs en ont produit 3 450 tonnes, l’objectif serait d’atteindre 5 000 tonnes. On va augmenter la surface de production de 50 hectares. Mais le problème du foncier est toujours là, on parle de planter des ananas à Afaahiti (Presqu’île de Tahiti), Oponuhu (Moorea) sur Raiatea (Îles sous le Vent) et même aux Marquises… Il faudrait d’abord regarder le prix du transport depuis les Marquises.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , ,

Corps et esprit à Tahiti

Une maison close à Tipaerui, aux portes de Papeete. La madame Claude locale employait six vahinés âgées de 18 à 22 ans qui étaient bien traitées, avaient le droit de jeter un œil discret à l’arrivée du client et de refuser la passe si l’homme n’était pas à leur goût ou était une connaissance. Les clients ? Des hommes âgés de 30 à 70 ans pour la plupart mariés. Les tarifs ? Entre 10 000 et 15 000 XPF la passe (84 à 126€) en fonction des prestations demandées. 4 000 appels téléphoniques en un an ! 18 mois de prison – avec sursis- pour la tenancière.

tahiti fesses nues

Violence, violence : Il met deux hommes KO et frappe son frère à la tête au coupe-coupe. Il violait sa nièce de 11 ans tous les soirs : 12 ans de réclusion. En 2013, la brigade de prévention de la délinquance juvénile de la gendarmerie a eu à traiter 230 dossiers d’agressions sexuelles et viols sur mineurs. Il a 18 ans à peine, 13 condamnations, et s’en prend aux magistrats. Le juge lui demande « Vous faites quoi toute la journée ? » Le jeune homme « Je cambriole ».

Un papi de 67 ans tabasse son mo’tua de 8 ans et l’envoie à l’hôpital, 45 jours d’ITT un bras fracturé, parce que l’enfant s’en prenait à un chien qui l’avait mordu ! A Bora Bora, la perle du Pacifique, trois jeunes s’en prennent à un automobiliste, un le frappe à coups de poings, de pieds, l’homme est à terre inconscient. Il décédera peu de temps après. Pourquoi ? « J’ai pété les plombs ». Ses deux autres amis ne sont pas intervenus. Le frappeur avait beaucoup consommé d’alcool… Certaines communes, devant cette hausse de la violence, ont limité voire interdit la vente d’alcool le week-end. Elles sont allées voir les parents de ces jeunes violents, car beaucoup de parents n’éduquent plus leurs enfants ou se laissent aller. La solution ? « Il faudrait que tous se donnent la main » pour combattre cette violence.

La plantation de paka et son commerce se portent bien, merci. Le pakaculteur de Papara reconnaît avoir écoulé 1 200 pieds de cannabis en moins d’un an. Au prix de 60 000 et 125 000 XPF le pied de paka. La gendarmerie détruit régulièrement les pieds quand elle les découvre et l’on considère que Papara, Paea et la presqu’île de Taravao sont les greniers de ces cultures sur l’île de Tahiti. La gendarmerie estime qu’un pied de pakalolo d’1m50 pouvait produire de 20 à 25 boîtes (en général petites boîtes d’allumettes) telles que celles qui sont revendues à 5 000 XPF (42€) dans la rue et ainsi générer un bénéfice compris entre 60 000 et 125 000 XPF (1050€) le pied.

eglise adventiste tahiti

Comme antidote : trois semaines de conférences en soirée données par un pasteur évangélisateur de l’Église Adventiste venu spécialement de Nouvelle-Zélande… Beaucoup de monde, l’homme est un pro. Ses discours sont rôdés. Il est bilingue anglais-français, originaire des Seychelles. Le matin, dès 5 heures, il réunit ses paroissiens dans le temple afin d’écouter les enseignements de la Bible, remettre les points sur les i, re-booster leur foi, prier. Il semble qu’il y avait un relâchement dans l’église adventiste de Polynésie, certains croyants avaient besoin d’être secoués de leur torpeur. « Il faut prier à tout moment, être de bons enfants, de bons parents, pratiquer le jeûne, manger végétarien » – enfin une totale remise en pratique des consignes adventistes. « Jésus revient bientôt. – Il devait revenir en 1844 ? – Alors, il a du retard ». A mon humble avis, les croyants n’étaient pas encore prêts.

Les conférences de soirée (19 heures-21 heures environ) sont traduites en tahitien par un bénévole laïc, à destination des ma’ohis. La majorité des présents sont attentifs sauf quelques énergumènes, surtout des ados qui, casquette vissée sur la tête, i-phonent à tout rompre. Cette lecture expliquée de la Bible est fort précieuse et nécessaire pour un grand nombre d’individus. A la fin de ces trois semaines de séminaire, un nombre important de demande de baptêmes a été annoncée et ont eu lieu sous le grand chapiteau. Certains catholiques, riches, ayant demandé le baptême aux Adventistes ont été pris « en chasse » par les membres du clergé. Les catholiques pauvres ayant été nouvellement baptisés adventistes n’ont pas reçu ces visites. On peut sauver toutes les âmes ou certaines seulement en fonction de l’épaisseur du portefeuille ?

Le concubinage, si courant en Polynésie française, est interdit de cité dans l’Adventisme. Les personnes ayant demandé le baptême par immersion au pasteur ont été priés de régulariser leur situation matrimoniale. D’abord se marier, ensuite le baptême. En attendant le mariage il ne faut plus vivre sous le même toit. Certains en profitent pour faire payer le repas de mariage à l’Eglise (en fait les généreux donateurs) repas où ils inviteront toute leur famille et amis, au bas mot une centaine d’affamés et ils emmèneront en plus les doggy-bags à la maison. Pour être belle la future Madame réclame des sous pour s’acheter des habits, de beaux habits aux couleurs qu’elle exige : pour elle ce sera blanc et mauve, fleurs itou. Pourquoi ne pas en profiter ? Pas de bijoux, c’est interdit dans l’Adventisme – heureusement sinon elle aurait demandé un diamant ou autre pierre précieuse, ouf !

Il y a neuf enfants à placer. La fille d’une paroissienne a pris un tane api (un nouveau mec) plus jeune qu’elle. Il ne veut pas des enfants de l’autre ! La mamy cherche à placer ses neuf mootua (petits-enfants) auprès des familles adventistes du village. Ainsi, dit-elle, je pourrai les voir au Sabbat. L’assistante sociale a la charge de placer ces neuf frères et sœurs délaissés.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Mauvaises nouvelles de Tahiti

Très mouillé ce mois dernier mais toujours pas d’eau au robinet sauf…. quelques gouttes en journée pendant le congrès des maires de Polynésie française. On fait comme si qu’on avait de l’eau courante, ça fait bien !

Une autre mauvaise nouvelle pour cette fin d’année, on annonce des cyclones et très puissants. Des réunions se succèdent pour préparer ces événements. On ne tentera pas de s’opposer à Tuni (tel est son nom) mais on active les plans État-Pays-Commune. Des messages : faites des provisions de bouche, de gaz, de piles pour la radio, attachez vos toitures, élaguez vos arbres, etc. Rien n’empêchera quel qu’individu de monter sur son toit alors que les rafales de vent sont violentes. Il pleut, il pleut bergère… Il y en a marre de toute cette flotte tandis que nos robinets sont désespérément vides. Le tavana reconnaît que le réservoir a des fissures et qu’il ne peut être qu’à demi plein, que de nouveaux habitants sont arrivés et que les conseils municipaux précédents n’ont rien fait et qu’ils (qui ?) vont faire des réparations. Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? – Si, si, les cyclones qui tournoient…

 Mais il fait bon siéger au Palais d’Iéna, miam, miam 3 767,91 € par mois avec en plus des crédits pour les déplacements, un régime de retraite avantageux, un siège parisien qui attise les convoitises. On revoit les mêmes qui postulent pour tout, et comme la méthode de désignation des représentants de cette assemblée est relativement floue… Pour le moment six candidats en lice. Deux membres issus des organisations patronales, deux membres issus des syndicats (Messieurs « grèves ? ») et deux autres demandeurs. On fourbit ses armes ?

Officiellement nous sommes 271 800 Polynésiens. 32,5 ans, c’est l’âge moyen auquel les Polynésiennes se marient (35,9 ans pour les hommes) tandis qu’en France 30,5 et 32,5 ans. L’âge moyen des mères à la naissance de leur enfant est de 27,5 ans (30 ans dans l’Hexagone). La mortalité infantile reste deux fois plus élevée qu’en France, c’est le côté négatif. L’espérance de vie, 73,8 ans pour les hommes contre 79,3 en métropole. Pour les femmes, l’espérance de vie est de 78 ans en Polynésie contre 85,5 ans en métropole.

paeari travaux terrassement prison

Allo, le centre pénitentiaire de Papeari ? C’est le plombier-serrurier qui vous répond ! Ah ? Ce n’est pas encore ouvert, alors ? Non, au premier trimestre 2017 (si tout va bien !) Voici quelques news de l’hôtel 5 étoiles : 410 baldaquins seront installés, Nuutania n’en gardera que 165. Pour le taux d’occupation de la maison d’arrêt il y avait 449 occupants au 20 août 2015 dont 16 femmes et 4 mineurs. C’est « la pire prison de la République » à cause de son sureffectif. Mais certains détenus refusent les aménagements de peine, ils travaillent en collaboration avec la mairie de Faa’a et sont rétribués. Par ailleurs la prison actuelle devrait fonctionner en cellules fermées mais, devant le grand nombre d’occupants, les cellules sont ouvertes le jour afin d’éviter une explosion, et apparemment cela fonctionne bien !

Je cours acheter piles et bougies, conserves et gaz, et vous tiendrais au courant de la suite des événements. Entre nous les prix ont fait un petit bond en hauteur !

Gardez-vous bien.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , ,

Projets des pharaons tahitiens

Le nouveau collège de Teva i uta a l’air d’être en bonne voie maintenant. On a beaucoup tergiversé : ici ? là ? Pour agrandir le golf ? Pour l’hôtel voulu par les Chinois ? Comme l’indiquait le président Fritch, « nous avons perdu le financement de l’État qui était aux alentours de 600 millions de XPF… parce que nous avons eu des retards sur le choix des terrains, et l’instabilité politique n’a pas arrangé les choses. » Il est sorti de terre, le gros œuvre presque terminé, en route pour la rentrée d’août 2016. Dix ans d’attente pour que les collégiens de Teva I Uta ne s’expatrient plus à Taravao et à Papara. Les locaux devraient accueillir 600 élèves. Le tavana de Teva I Uta voudrait que les enseignants originaires de ce district et certifiés y demandent leur mutation, que les chômeurs y trouvent un emploi pour l’entretien et la cuisine…

collégien collégienne

Sœur Anne ne vois-tu rien venir ?
– Si, je vois venir un nouveau « projet » pharaonique.
– Encore un ? Comme celui du Mahana Beach ? J’entends « Ecoparc de la Maroto ».
– Ce sera bien ?
– Merveilleux ! Deux hôtels, une cabine « téléphérique », des activités culturelles et de loisirs, un golf…
– Ce sera où exactement ?
– Au fond de la vallée de Papeanoo.
– Iiiiaaa ! Combien cela va coûter ?
– Oh ! seulement 14 milliards de XPF (1€ = 119,33 XPF).
– Ça fait beaucoup, c’est qui qui va payer ?
– Ils parlent seulement d’une vision, « le projet », ils verront après qu’on aura trouvé des investisseurs, mais que des investisseurs locaux, na.

relais de la maroto tahiti

Après le bleu du Mahana Beach avec ses 2 500 chambres voici venir le vert de l’Ecoparc Fare Fenua. Investissez, investissez. Actuellement, les trois fondateurs de la Société Ecoparc sont Dominique Auroy, Jean-Claue Teriierooiterai et Alban Ellacott. Plus de détails ? Avec plaisir :

  • Deux hôtels d’une capacité totale de 200 chambres. L’un est le Relais de la Maroto (reconstruit ou réhabilité) et agrandi, l’autre un établissement 4 étoiles adossé au golf d’altitude à proximité du barrage de Tahinu (au-dessus du fare Hape) : un golf d’altitude de 18 trous sur un dénivelé de 500m.
  • Une télécabine reliant le Relais de la Maroto au Mont Fare Fenua à 1 000 m d’altitude. Un parcours aérien de 1 900 m de long d’une dizaine de minutes pour apprécier le panorama complet de la caldeira et la vue des sommets à proximité.
  • La reconstitution d’un village polynésien à proximité des sites archéologiques ; un village artisanal ; un musée avec des espaces d’animations culturelles.
  • Un centre de thalassothérapie, centre de massage et spa alimenté par des eaux gazeuses et ferrugineuses.
  • Des chemins aménagés à la découverte des arbres et plantes de Tahiti
  • Des loisirs variés comme VTT, parapente, canyoning, baignade et toboggans naturels, luge d’été, jeux pour enfants, etc.
  • La bouffe ? aucun souci : restauration gastronomique et rapide à l’Ecoparc, au sommet du Fare Fenua, buvette à la cascade de la Maroto et au village artisanal, boutique…

Une petite précision, le Relais de la Maroto avait été construit à l’origine comme résidence des ouvriers de Marama Nui qui travaillaient à la mise en place des ouvrages hydroélectriques de la Papenoo. Les travaux ont duré 10 ans. Propriété de M.D. Auroy, le relais a été mis en gérance depuis 2 ans, il vivote dans son activité hôtelière et survit grâce à son activité de restauration pour les touristes en « safari » dans le centre de l’île.

A vos porte-monnaie ! Le peï devrait sortir 4 milliards de XPF de ses poches… tant le « projet » est séduisant ! Ouverture (prévue) en avril 2018.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , ,

A boire et à manger à Tahiti

Qui veut des escargots au beurre aillé ? C’est à Rimatara (Australes) que cela se passe. En apparence, ce sont des escargots géants, venus d’Afrique, qui ont envahi les plantations. Et quand on sait que les Australes sont le garde-manger de Tahiti, il y a de quoi s’inquiéter. Les habitants de l’île se sont mobilisés pour éradiquer cette espèce qui ravage les champs et qui met l’escargot endémique (partula hyalina) de Rimatara en grand danger.

escargot beurre ail

On ne connait pas l’origine de la présence de ces escargots africains, escargots géants (Lissachatina Fulica) qui mesurent environ 8 cm de long, mais peuvent dépasser les 20 cm pour un poids qui peut aller jusqu’à 1,5 kg. Ce morfale dévore les tomates, les pota (bettes chinoises), les choux, les salades et les escargots de Rimatara, ces escargots endémiques qu’utilisent les Mama pour confectionner les couronnes de coquillages. Qui a introduit ces bestioles ? Nul ne le sait mais ON accuse une femme d’un village qui aurait… En principe, toute plante, fruit, graine quittant Tahiti pour les îles doivent passer par le phytosanitaire ! Ce sont plusieurs tonnes de ces vilaines bébêtes qui ont été ramassées par les habitants et ont fini leur vie sur une plage d’Amaru dans un trou recouvert d’eau de mer. Pourvu que la Société protectrice des animaux ne soit pas mise au courant !

Des sacs pour fruits et légumes réutilisables ? Une bonne idée éco-citoyenne ! Après les sacs de courses réutilisables, voici ses petites sœurs pour les fruits et légumes. L’idée vient de la fondatrice de Green ID qui ne compte pas s’arrêter là. Ces sacs sont blancs, en maille polyester, légers, lavables en machine. [Pas très biodégradable ni recyclable, le polyester… pas très écolo / note Argoul]. Ils sont doublés en leur centre d’un carré de coton décoratif qui permet de coller l’étiquette après la pesée. Il existe 5 motifs différents sur les carrés de coton : une feuille et un fruit de uru, une tortue, un tiare, une carte de Tahiti et un hibiscus.

the

De l’eau potable, où ça ? Ben à Bora Bora la perle du Pacifique ! Depuis le début de l’hiver austral il a beaucoup plu mais nos robinets ne nous donnent pas une goutte d’eau. A Bora Bora ils ont de l’eau douce. Les 10 000 habitants de l’île et les 100 000 touristes annuels bénéficient d’eau potable ! La première usine de dessalement d’eau de mer y a été installée en 2001. Deux autres unités ont été installées depuis. Bora Bora ce sont 11 hôtels, dont 8 sont classés LUXE, 4 et 5 étoiles. Pas question de priver d’eau potable à gogo cette population habituée à un confort absolu. Il en allait de la réputation mondiale de Bora Bora. Mais tout cela a un coût – un coût élevé. Ici, l’eau au robinet est l’une des plus chères de Polynésie : 65 XPF le m3 pour la tranche sociale jusqu’à 10 m3, puis 165 XPF au-delà des 10 premiers m3 et même 800 à 900 XPF pour les très gros consommateurs, les hôtels. Le dessalement de l’eau de mer par osmose inversée est une technique coûteuse en maintenance et en énergie. Il faut 3 m3 d’eau de mer pour tirer 1 m3 d’eau douce et surtout, quand 1 m3 d’eau douce nécessite, par les moyens classiques, 3,7 Kw pour devenir potable, l’osmoseur en consomme plus.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , ,

Conserver à Tahiti

Le vent est fort et il n’annonce pas de très bonnes nouvelles. Chacun se prépare à affronter la période cyclonique qui d’après Météo France sera rude à cause du changement climatique, El Nino étant très puissant. Les quincailleries de ont été dévalisées : cordes, filins pour attacher les toitures, panneaux de bois pour protéger les vitres, bâches pour protéger les meubles à l’intérieur des fare (etc.) chez Carrefour (qui doit se frotter les mains), de bougies, de piles électriques… bombonnes de gaz aux stations. Tout doit être prêt avant l’arrivée du cyclone car à partir du déclenchement de l’alerte n° 1 par le Haussariat (Le Haut-Commissariat), il faudra être sur le qui-vive !

Le panie matete est en tahitien le panier marché. Matete vient du mot anglais market. Allons au marché faire des emplettes, et surtout n’oublions pas notre panier-marché ! Le panier de Madame Tout-le-monde est en fibres, vous pourrez l’acheter pour un prix de 1 000 à 1 800 XPF dans sa version locale. Il en existe d’autres plus finis, plus beaux, mais le simple panier marché est d’un usage quotidien. On y met les ustensiles de pêche, on le suspend pour préserver des rats ce qu’il contient, il peut contenir des objets tabous. On le trouve également dans le four tahitien, il sert de nasse aux pêcheurs. C’est un objet « de mode » ! A l’époque des trucks, il est sur les épaules des jeunes mamans ; à la fin des années 70, il devient le symbole des opposants aux essais nucléaires ; dans les années 80, l’artiste Bobby le remet à la mode en ne s’en séparant jamais, même à bicyclette ; dans les années 90, ce sont les lycéens qui y enfournent livres et cahiers ; puis plus rien, ou presque. Il tombe en désuétude. Des créateurs comme Isabelle Pahio Guardia de la marque Fenua Pop le remettent au goût du jour, le féminisent. Comme beaucoup d’objets, on l’oublie, on le retrouve, on le modifie. Mais au départ, il y a le pandanus.

panier tahiti

Réunis en Polynésie, les 8 États insulaires membres du PLG (Polynesian Leaders Group) se sont réunis les 15 et 16 juillet derniers pour préparer une déclaration commune à présenter lors du prochain COP 21, sur le thème des effets du réchauffement climatique dans les îles du Pacifique. Edouard Fritch, chef de l’exécutif local, a soumis à l’avis des autres membres le principe de la restauration d’une desserte aérienne intra-polynésienne pour établir des passerelles directes entre les diverses destinations régionales. L’idée est de ressusciter et développer une route desservie jusque dans les années 50 par la compagnie TEAL (Tasman Empire Airways Limited) qui est devenue Air New Zeland limited en 1965. Cette compagnie desservait alors en hydravion Auckland-Tahiti via les îles Fidji, Samoa et Cook. « Coral route » était son nom. Réalisable cette ligne pour tous les partenaires ou rêve pieux ? Let and see – and wait.

monarques oiseaux de tahiti

Manu (la Société d’ornithologie de Polynésie fondée en juillet 1990) va bien. Elle œuvre pour la protection des oiseaux sauvages de Tahiti et des îles, ainsi que pour la préservation de leur habitat. Déjà évoqué dans mes quelques lignes, le sauvetage du Monarque de Tahiti que l’on ne trouve plus que dans 2 vallées de Tahiti, Punaauia et Paea et du Monarque de Fatu Hiva (Iles Marquises). La société se compose de 150 bénévoles et quatre salariés. Le travail est immense. 38 espèces d’oiseaux sont protégées en Polynésie française : 5 espèces d’oiseaux marins menacées, 1 espèce d’oiseau migrateur menacée, 28 oiseaux terrestres endémiques dont 20 espèces sont menacées selon la classification UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et 8 autres espèces terrestres endémiques de P.F. qui présentent une valeur patrimoniale indiscutable, même si elles ne sont pas directement menacées.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , ,

Chevaucher les vagues à Tahiti

La course Faatii-Moorea 2015, ce fut l’enfer ! Course des fêtes de juillet, cette année s’avère historique par les conditions cataclysmiques rencontrées. L’océan était déchaîné et cela a brouillé les cartes. Cette course de va’a 6 est longue de 92 km et un changement de seulement 6 rameurs est autorisé. Cette année, il y avait 41 pirogues au départ, seules 22 d’entre elles sont arrivées à bon port, 19 ont abandonné. Alors que tout avait bien commencé lors de la traversée du chenal entre Tahiti et Moorea, le contournement de Moorea en passant devant la baie d’Oponohu, le motu Tiahura (en face de l’ancien Club Med) s’est déroulé normalement. C’est au niveau de Haapiti que la situation climatique a empiré. Tous les bateaux suiveurs, officiels, médias et bien sûr les pirogues, se sont retrouvés dans un océan en furie. Tous n’ont pu progresser que difficilement, avec un fort vent de face, des rafales à 90 km/h, le tout avec une houle de 3 à 4 m avec des creux impressionnants… C’est la pirogue EDT qui triomphera en 7h50 de course. Une épreuve qui restera dans les mémoires !

Les championnats du monde 2018 de pirogues dites va’a se dérouleront à Pirae, dont le Président du pays est aussi le tavana (maire). Bien sûr il y aura des problèmes à résoudre afin que les visiteurs soient accueillis dans les meilleures conditions – à commencer par la mauvaise qualité des eaux de baignade ! A l’hôpital du Taone situé sur la commune de Pirae, la salle Aorai Tini Hau où se tiennent actuellement certaines expositions est à reconstruire, les stations d’épuration sont à mettre aux normes… en attendant d’accueillir les 2 000 visiteurs espérés, d’engranger les 400 à 500 millions de XPF de retombées économiques. Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Non, mais j’attends 2018, j’suis pas pressée !

surf tahiti grosse vague

Pour la vague de Teahupoo, c’est parti, les trials sont finis maintenant – place à la Billabong Pro Tahiti, 7e étape du championnat du monde. Les vagues sont moyennes, pas de beaux tubes. Il y a la pluie, le vent, mais pas ces magnifiques tubes…

Échec complet ! Ce sont 3,04 milliards de XPF qu’ont dû apporter par différents moyens le pays à Tahiti Nui Rava’ai et la SAS Avai’a. Le rapport de la Chambre territoriale des comptes est sans appel : ECHEC. Les raisons de cet échec ? Une inadéquation entre les bateaux proposés et les demandes des armateurs. Aucune étude préalable conduite auprès de ces derniers avant de commander ces bateaux de pêche…

Les armateurs étaient demandeurs de thoniers conçus pour la pêche fraîche et non de thoniers conçus pour des campagnes plus longues de pêche congelée. Totale contradiction avec les besoins et les souhaits des professionnels de la pêche alors qu’il s’agissait d’aider au développement d’une flottille privée. Entre 2001 et 2004, 43 bateaux ont été commandés, doublant les capacités de pêche ! Des malfaçons en pagaille se révèlent sur les bateaux construits dans les chantiers navals chinois – cela donne des frais de réparation d’environ 3 millions de XPF par thonier. La CTC constate que 17 thoniers sont inexploités, soit la totalité des thoniers-congélateurs construits en Corée ou en Chine. Que deviennent ces tas de rouille dans le port ?

Aranui 5

D’ici la fin de l’année, l’Aranui 5 sera dans nos eaux. Toujours cargo mixte mais quelle allure, du luxe, du luxe ! Un tirant d’eau plus faible (5,20 m) qui lui permettra d’entrer dans les ports des Iles Marquises à n’importe quelle heure ; soumis à la réglementation « Safe return to port ». Toujours équipé de 2 grues pour le chargement et déchargement, il pourra livrer jusqu’à 700 m3 de gasoil. Il contiendra 166 EVP (conteneurs de 20 pieds) et aura 40 prises pour les conteneurs réfrigérés. Ce numéro 5 est construit en Chine, les moteurs sont allemands de la marque MAK, le tout pour un coût de 4,2 milliards de XPF.

Évidemment, au prix demandé, le voyage sur l’Aranui est celui d’une vie. Ce nouvel Aranui aura 60% de cabines de « gamme supérieure » avec un balcon. Le nombre de croisiéristes passera de 190 à 270. Les prestataires locaux devront obligatoirement fournir des prestations pour 80 touristes supplémentaires. Actuellement, il y a 68 membres d’équipage tout confondus, il devrait y en avoir une centaine sur le nouveau cargo. La croisière dure deux semaines et, depuis cette année, le bateau s’arrête à Bora Bora au retour. Les barges de débarquement des passagers seront remplacées par 2 catamarans couverts de 70 places.

Avez-vous déjà réservé votre prochain cabotage sur l’Aranui 5 ? Dépêchez-vous il n’y en aura pas pour tous !

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Vanille, tiare et plantes menacées à Tahiti

Très forte baisse de la production de vanille. Le volume de vanille a diminué de 63% en un an, alors que le prix au kilo progresse de 24% par rapport à avril 2014. On annonce seulement 12 tonnes de produit pour 2015, autant dire que les prix n’ont pas finis d’être en augmentation à l’export. 12 tonnes c’est la moitié de la production de 2014. En 2014, le prix était de 20 000 XPF/Kg, en 2013 de 18 000 XPF/Kg (pour 31 tonnes) alors que de 2009 à 2012, le prix moyen était de 17 000 XPF/Kg.

vanille

Il faut régénérer une plantation de vanille tous les 7 ans et cette année beaucoup de plantations sont en régénération. En 2014, il a fait « froid », la pluie a fait tomber les fleurs, la pollinisation manuelle a été effectuée dans de mauvaises conditions. De nouvelles ombrières seront installées, 42 pour être précis, qui représentent une superficie de 2,4 hectares principalement aux Iles sous le Vent (37 ombrières soit 2,1 ha) et 5 aux Iles du Vent (0,3 hectares). Attation, pas kado ! Ces ombrières seront attribuées aux agriculteurs produisant plus de 500 grammes par tuteur et ayant un terrain situé dans une bonne zone de production.

Coût de la structure livrée clés en main à l’agriculteur ? – 2 900 000 XPF. Le pays participe via l’établissement public Vanille de Tahiti à 50% du montant pour les agriculteurs des Iles Sous le Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora, Maupiti) et à 40% pour ceux des Iles du Vent (Tahiti et Moorea).

L’espèce endémique de la fleur emblème de Tahiti, le Tiare Apetahi (qui veut dire regarder de côté, de travers) ne pousse que sur l’île de Raiatea et uniquement sur le Mont Temehani. Elle se raréfie dangereusement. En 20 ans la plante a disparu à 81%. C’est une plante fragile comme du verre. Elle ne se marcotte pas, ne se bouture pas. Si un rameau se casse, il ne repousse pas.

Il faut protéger et réhabiliter la vallée de la Punaruu. Cela commence quand ?

vallee de punaruu

On a constaté la présence de 200 plantes indigènes répertoriées, dont 83 plantes à fleurs et 47 fougères. Or il est reparlé des touristes qui envahiraient les lieux venant de l’hôtel Mahana Beach à Punaauia. On veut construire un fare qui retracerait l’histoire de cette vallée, on engagerait des guides locaux pour conduire les touristes, du travail pour les jeunes locaux, on sauverait les orangers du plateau, on sauverait les anguilles, et les omama’o (Pomarea nigra), oiseaux en voie de disparition. On…, on… Mais, au fait qui c’est « on » ? C’est de la poésie ? Cela rime avec … (ce que vous devinez) ?

Mais d’abord parlons espèces sonnantes et trébuchantes. C’est là le nerf de la guerre et toutes les entreprises installées dans cette vallée possèdent leur siège social ailleurs qu’à Punaauia – donc les taxes, les impôts, volent vers d’autres cieux.

Hiata de Tahiti

Catégories : Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , ,

Sur la mer polynésienne

Elles sont arrivées ! La première baleine de la liste ayant pris place dans nos eaux était une solitaire arrivée le 31 mai. Une éclaireuse ? Depuis on en compte plus d’une quinzaine autour de Moorea, Tahiti et Tetiaroa. Ces baleines, mâles, femelles parturientes et quelques juvéniles ont parcouru quelques 6 000 km avant de s’ébattre dans nos eaux. La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines. Il y a donc des règles pour approcher ces mammifères et les observer. Il faut se tenir à une distance de 50 m des adultes et à 100 m des baleineaux, garder une vitesse constante, changer de cap progressivement, ne pas approcher ces animaux par l’arrière. Rien que du bon sens mais que certains individus jugent trop contraignant.

TAHITI

Nos requins du Pacifique seraient-ils plus sociables, moins agressifs que ceux autour de l’Australie ou de la Réunion ? Ici, les attaques de requins sont rares. Certes, on cite quelques cas de morsures mais pas d’attaques mortelles. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006. Pour le requin bouledogue, sa présence est anecdotique, le requin blanc ne fréquente pas notre mer, mais le requin tigre s’y plaît. Nos eaux sont très claires ce qui n’est pas le cas à la Réunion.

D’abord des chiffres : la population de Pitcairn compte 50 habitants en 2015 contre 250 dans les années 50. Les îles Pitcairn sont composées de 4 petites îles volcaniques d’une superficie totale de 47 Km2 et dont seule celle nommée Pitcairn est habitée. Elles sont situées à environ 2 100 km à l’est de Tahiti. Ce petit morceau de terre où vivent depuis des générations des descendants de l’équipage du Bounty, ces marins qui s’étaient mutinés en 1789, a légalisé le mariage gay – selon le gouvernement qui l’a annoncé sur son site. Apparemment, nul, parmi la cinquantaine d’habitants ne serait à priori susceptible d’être intéressé par la nouvelle loi mais le territoire tenait à se mettre à la page, a expliqué le vice-gouverneur Kevin Lynch. C’est ici la dernière possession britannique dans le Pacifique entre la Nouvelle-Zélande et le Chili. La capitale des îles Pitcairn ? – Adamstown. Je suis sûr que vous ne le saviez pas.

ado gay colliers

Encore Clipperton : un autre confetti dans le grand océan, royaume des crabes, des oiseaux (quelques 110 000 fous masqués la plus importante communauté au monde) – et des rats. A 12 000 km de la France, à 6 000 km de Tahiti et à 1 300 km du Mexique, l’atoll de 7 km2 – dont 1,7 km2 de terres émergées seulement – est considéré comme le plus isolé du monde par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec cette ile isolée et inhabitée, la France dispose d’un véritable laboratoire à ciel ouvert. Clipperton est une chance pour la France ; elle ne devrait pas la gâcher. Ressources halieutiques (thonidés), champs sous-marins de nodules polymétalliques, position géographique dans une ZEE (zone économique exclusive) de 435 000 km2 supérieure à celle de la France métropolitaine (336 000 km2). Clipperton a permis à la France, en 1973, d’adhérer à l’Inter American Tropical Tuna Commission (I.A.T.T.C.) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches au monde et de participer à ses travaux (le tuna est le thon). Un accord lie la France et le Mexique, qui est autorisé à y faire naviguer 43 thoniers. En décembre aura lieu la conférence mondiale sur le climat (COP 21). Verra-t-on François Hollande se saisir de ce dossier et autoriser la création sur l’atoll d’un observatoire de l’océan « sur les plans faunistique, climatique et environnemental » ? Jacques Chirac n’avait pas saisi cette opportunité or, comme le dit le député UDI du Tarn Philippe Folliot, « Clipperton ne doit pas rester en jachère ». Rappel : Clipperton a été découvert par des marins français en 1711, le jour du vendredi saint, l’atoll fut d’abord appelé île de la Passion avant de prendre le nom d’un flibustier britannique qui écumait la région. Encore les Anglais !

Hiata de Tahiti

Catégories : Mer et marins, Polynésie | Étiquettes : , , , , , , , , , , , ,