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Victoire  de la modernité sur le repli

C’est donc Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron dit Manu, né en 1977, qui l’emporte face à Marion Anne Perrine Le Pen dite Marine, née en 1968 – qui n’aime pas son année de naissance. Mais le président sortant ne l’emporte plus qu’avec 58,55% des voix contre 66.1% en 2017 contre la même, avec 28% contre 25.4% d’abstention. Avec parfois des bulletins nuls originaux…

J’ai regardé le débat du second tour entre les deux candidats le mercredi 20 avril. Un débat sans grand intérêt, un stage de rattrapage pour qui n’a lu aucun des deux programmes. Je juge plus sur la personnalité et la direction générale que sur le détail précis des « mesures » promises et pas toujours financées ni constitutionnellement possibles. Le président sortant a dominé le débat sans conteste, plus précis, plus pédagogique, plus sensé que sa rivale. Comme d’habitude, elle est trop légère, floue sur le financement, persuadée que « le peuple est souverain » donc que « tout est possible », sans réfléchir au fait que nous sommes dans un Etat de droit et qu’il y a des procédures à respecter, sans parler du Préambule de la Constitution. Rappeler les vérités, qui ne sont jamais bonnes à dire à ceux qui rêvent, fait taxer « d’arrogance ». Le populo envieux de l’intelligence et de la réussite scolaire, qu’il n’a pas été capable de suivre, préfère volontiers l’amoureuse des chats. C’est oublier que les chats, comme les enfants, sont mignons mais aussi cruels et sans morale ; ils sont routiniers et conservateurs, haïssant tout étranger survenant dans la maison. On voit bien que la candidate Le Pen se moque du droit et des procédures, qu’elle a fait sa chattemite pour mieux sortir les griffes une fois au pouvoir. Son but affiché pour qui sait lire entre les lignes est d’orbaniser la vie politique et les institutions, comme son congénère l’a fait en Hongrie.

Pour cela, violer le Parlement, tester l’Europe, plébisciter le principal par référendum en démocratie directe à la Mussolini – son idéologie le réclame. Elle a été moins agressive et moins nulle mais pas moins insuffisante. Même si Macron a été parfois condescendant, il est manifestement plus intelligent et surtout travaille plus ses dossiers que l’ancienne fêtarde qui n’a exercé que deux années comme avocate. Le talent, la vitesse de la pensée, la capacité de mémoire et de synthèse, n’est-ce pas ce qu’on demande à un président ? Naviguer à vue sous prétexte que « je veux » (en feignant que le Peuple veuille), n’est pas réaliste, même si c’est démagogique.

Le président sortant, réélu pour son second mandat, a un bilan plutôt bon par rapport à ses prédécesseurs. Sauf sur la dette à 112,9 % du PIB fin 2021, mais Covid oblige ; aurait-il fallu laisser se débrouiller toutes les entreprises et tous les salariés sans rien faire, comme dans les années 30 ? Les fascistes le rêvaient, puisque cela a permis alors de porter des autoritaires étatistes au pouvoir, Mussolini, Hitler, Horthy, Franco, Salazar. Mais nous sommes en démocratie libérale, pas en régime parlementaire à l’ancienne.

Emmanuel Macron a assuré + 6,0 % de pouvoir d’achat et de fortes créations d’emplois malgré une croissance deux fois plus faible que celle du quinquennat Chirac – pourtant si « populaire » ! Pour le présent, pas analysé par Le Pen, l’Europe et la France sont confrontés à trois chocs : un choc de confiance lié à l’incertitude géopolitique et énergétique croissante, un choc de demande par la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des ménages et les coûts des entreprises, un choc d’offre lié au bouleversement des chaînes de valeurs du à la pandémie comme à la guerre et aux sanctions, conduisant à des interruptions de production et à une inflation par rareté. Le baril de pétrole s’envole et l’euro baisse – à cause de l’agressivité russe d’origine soviétique ; les transports et les billets d’avion vont prendre encore 10 à 20 % dans les mois qui viennent ; même le train devrait augmenter au-delà du plafonnement du prix de l’électricité jusqu’à l’été. Ce n’est pas « l’immigration » ni « la sécurité » qui résoudront ces problèmes comme par magie.

Le combat électoral a affronté deux France, celle des petits – volontiers frileuse, nationaliste, égoïste, pleine de ressentiment, adepte des yakas expéditifs et de la théorie du Complot – et celle des éduqués qui veulent poursuivre le progrès, adhèrent à la modernité du monde, ouverte et moins pessimiste, croient aux réformes progressives et à la négociation avec les autres. En gros la Contre-Révolution ou la Révolution, Joseph de Maistre ou Nicolas de Condorcet, le corps politique primant l’individu ou les droits de l’Homme, les anti-Lumières (comme en Russie) ou les Lumières. On sait, dans l’histoire, comment les élections d’un jour permettent parfois d’éviter les élections futures en bâillonnant la presse, muselant l’opposition, emprisonnant les dissidents, faisant disparaitre les rivaux trop populaires. Hitler élu une fois, resté au pouvoir jusqu’à sa mort ; Poutine pareil ; Orban le suit ; Marine le veut. Heureusement, pour les cinq prochaines années, le peuple de France ne l’a pas voulu. Un répit bienvenu avant les grandes tragédies, peut-être…

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Convention climat

La montagne accouche donc d’une souris… C’était pourtant une bonne idée de faire plancher des citoyens lambdas, tirés au sort pour un panel représentatif, sur les mesures concrètes à prendre à propos de l’urgence écolo. Cela renouvelait la pratique démocratique ; cela mettait hors d’atteinte des lobbies le sujet. Sauf que… pas grand-chose n’en est sorti.

Une convention hors institutions a le mérite de sortir les sujets abordés de la politique politicienne, vous savez, celle qui fait grimper aux rideaux toutes les oppositions dès qu’une proposition quelconque est présentée : Pensez, tout changement, même à ma marge, dérange forcément quelque nid juteux ou entame quelque fromage – donc « l’opposition » en profite, c’est de bonne guéguerre dans les petits jeux de théâtre entres amis sortis des mêmes écoles et fréquentant les mêmes milieux. L’intelligence collective mérite mieux que ces chamailleries de cours de récré et une convention citoyenne est donc un renouvellement bienvenu.

Mais faut-il pour cela se contenter de sortir des incantations sans aucune évaluation du coût (économique, social, environnemental) ? D’abonder dans le sens des « experts » selon qu’ils parlent bien et sont persuasifs en répétant dix fois la même chose pour bien ancrer la « bonne direction » dans les esprits « libres » ? Faut-il éviter soigneusement toutes les mesures qui fâcheraient les gilets jaunes et autres manifestants, telle la taxe carbone pourtant économiquement significative ? Faut-il refuser toute responsabilité des choix en ne proposant au référendum que des mesures juridiques absconses que le citoyen moyen ne comprend pas ? Faut-il en rester au symbolique impuissant de « la Constitution », comme le fameux principe de précaution invoqué à toutes les sauces mais qui n’a eu aucune conséquence juridique concrète à ce que l’on peut savoir ?

Dans cette inconsistance, peut-être devons-nous y voir le tropisme du « bon élève » que chaque Français moyen veut présenter à autrui ? Plus égal que moi tu meurs… Plus conventionnel, jamais. Plus dans la ligne de la mode, surtout pas ! Le tirage au sort a donc accouché de la bonne vieille « sagesse des nations », pas très loin du café du commerce. D’autant que certaines propositions tendent à « interdire », vieille mentalité caporaliste française qui vient de loin et qui perdure. Surveiller et punir reste le mantra du citoyen lambda car ce sont toujours « les autres » qui ne sont pas assez vertueux – soi-même ? jamais. Pour que j’obéisse, il faut donc « les » forcer à faire pareil, sinon, pourquoi moi je le ferais ?

Que de yakas dans les « propositions » ! Il s’agit le plus souvent de « réfléchir », « légiférer », « informer », développer »… Rares sont les propositions concrètes, applicables ici et maintenant. « Aménager les voies publiques » en est une, « réduire la vitesse sur les autoroutes » une autre.

Mais quel exemple emblématique de l’absence de toute évaluation des conséquences ! Quel choc entre éthique de conviction et éthique de responsabilité ! Où les bonnes intentions accouchent de pas grand-chose… Yaka réduire la vitesse sur autoroute puisque ça pollue moins et que ça sauverait peut-être des vies – non, mais personne n’y avait donc pensé ? Quelle bonne idée, surtout quand elle n’est pas jaugée selon les conséquences : les conducteurs vont-ils continuer à prendre les autoroutes payantes s’ils ne peuvent pas rouler plus vite que sur les nationales gratuites ? Oh, mais yaka réduire la vitesse sur les nationales ! Et ainsi de suite… Pourquoi ne pas carrément « interdire » les voitures au profit des lobbies syndicaux radicaux des transports qui pourraient ainsi bloquer tout le pays à merci ? Pourquoi ne pas plutôt enjoindre aux constructeurs automobiles de produire des moteurs moins consommateurs, moins polluants, avec des énergies différentes – mais à des prix compatibles avec le pouvoir d’achat ? Le véhicule électrique à 40 000 € est un véritable scandale quand on sait qu’il y a beaucoup moins de pièces sous le capot qu’un moteur à essence à 25 000 €.

Sur la consommation, c’est mieux mais focalisé sur « l’éducation » (de l’enfant, du consommateur, de l’industriel), encore un vieux tropisme français dont l’efficacité n’est pas démontrée. Peut-être même au contraire : tous les « rebelles » font exprès de transgresser les injonctions éducatives pour niquer la société – voyez les révoltés du masque lors de la « fête de la musique » sur un air de Covid. Rançon du caporalisme curé-instit-flic-assistante sociale, faire craquer les gaines est la seule idée du rebelle mis sous camisole douce.

Sur le travail, en dehors de « production, stockage et redistribution d’énergie pour et par tous » (qui remet donc en question le monopole EDF ?), peu de concret. Il s’agit encore et toujours d’« accompagner » de « prendre en compte », de renforcer » – rien qui ne fait déjà ni qui se ferait plus vite si les interdictions-injonctions étaient mises en œuvre. Parce que cela prend du temps – et coûte des emplois parce qu’il faut numériser et automatiser.

Se nourrir n’est concret que sur « le crime d’écocide », thème en -cide très à la mode comme génocide et féminicide. Mais la « Haute autorité des limites planétaires » est-elle autre chose que le vieux rêve utopique de la République universelle, donc sans effet concret face aux Trump, Xi Jinping, Poutine, Bolsonaro, Erdogan et consorts ?

A eux les Vertueux de faire la Morale aux citoyens ; aux autres, les agissants de « prendre leurs responsabilités » de politiciens – et les vaches seront bien gardées. La morale sera sauve, mais pas la société. Car il n’est pas nouveau de faire la morale aux autres, sans jamais rien faire de concret pour changer les choses. La gauche au pouvoir en France depuis Mitterrand II n’a fait que ça – il faut dire que les changements de Mitterrand I avaient montré leur désastre de Grand bond en avant au bord du précipice.

Le mieux pour assurer un atterrissage en douceur de la convention tout en forçant la responsabilité de proposer, serait probablement de réaliser un référendum à question multiples – comme en Suisse. Les citoyens décideraient. Ils voteraient oui ici et non là, ce serait clair pour tout le monde. Et bien concret, sans faux-fuyants ni tortillages de cul envers les lobbies industriels ou les manifestants hargneux. Le « Peuple » en a décidé, exécution.

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Pensée circulaire contre pensée linéaire

Après le règne, presque sans partage en trois siècles, de la pensée linéaire, voici que la pensée circulaire refait surface.

Depuis Hiroshima, l’humanité a pris conscience qu’elle peut disparaître en quelques minutes. Dès lors, le progrès n’est plus infini, linéaire, mais éminemment fragile. Les pollutions, les prédations, mais surtout les attaques industrielles contre la santé, la transgression des déséquilibres naturels, ont engendré des pathologies qui remettent en cause le rapport de travail au milieu. La chimie engendre des cancers ; les additifs et colorants des perturbations hormonales ; les voyages et les migrations, comme l’anarchie des mœurs, transmettent le sida et autres maladies ; la course au profit et les transgressions d’ingénieur encouragent les mutations des virus et les ruptures des barrières entre espèces, on l’observe avec la maladie de la vache folle. L’utopie communiste s’est écroulée dans la bureaucratie sclérosée ou la terreur de masse. La démocratie reste impuissante face aux millénarismes religieux ou aux haines ethniques, on le voit en Iran, en Irak, dans les pays du Maghreb, au Mali, au Liban, en ex–Yougoslavie, au Rwanda… Cela remet en cause la primauté des valeurs politiques sur les valeurs vitales. D’autant que le savoir, les institutions, l’économie, la science, ne préservent plus du chômage et de la misère de masse.

Dès lors, la raison perd du terrain au profit du magique. On assiste au retour des mythologies, au culte de l’histoire comme légende dorée. Ah ! Ces commémorations, ces « temps mémoriels » comme ces « lieux de mémoire » ! Nous observons la montée des sectes, des yakas simplistes et populistes de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, la prédominance de l’émotion et de l’irrationnel. Tout cela est amplifié par les nouvelles technologies : la télévision, en continu depuis la guerre du Golfe, rend bête en privilégiant le spectaculaire, l’affectif, l’anecdotique, le « temps de cerveau disponible » pour ingurgiter la publicité commerciale à haute dose. Les concerts pour la jeunesse cherchent à assommer de décibels et de rythmes, quand ne circulent pas les boîtes de bière et les pilules d’ecstasy. Internet permet de dire n’importe quoi à destination de n’importe qui, ou de donner accès à tous les fantasmes, roses, bleus ou bruns. Les jeux vidéo ou de rôles font évoluer dans un monde virtuel où tout est possible, surtout le pire.

En face ? Les pays sont gérés par des technocraties froides et sûres d’elle-même qui ne veulent pas convaincre, par élitisme, ni ne savent communiquer, par autisme. Ou bien par des mafias ou ces fameuses « cent familles » de ploutocrates, ou encore ces clans sortis des mêmes écoles ou fréquentant les mêmes lieux de culte. Tous ces groupements, adeptes de la pensée circulaire, se moquent bien des sociétés et parasitent les peuples. La loi de la jungle ressurgit durant l’anarchie, la loi de l’empire dans l’archipélisation des sociétés. Nul ne voit plus loin que ses intérêts et poursuit sa « mania ». On se replie, on se referme, on dénie.

Je suis frappé de constater que les symptômes de l’autisme comme maladie psychique s’appliquent de plus en plus à nos sociétés développées. Chacun regarde son nombril au lieu de regarder devant ; chacun s’enferme dans son couple, sa famille, son groupe, sa tribu et se moque du collectif, réticent même à payer l’impôt ou à aider les autres. Cette pathologie de repli sur soi est caractérisée par la coexistence de trois grands troubles : 1/ l’altération des interactions sociales, le regard qui fuit, le refus de tout contact physique, le « je » qui refuse de créer des rapports avec l’autre ; 2/ les troubles de la communication verbale, le langage qui ne sert jamais à construire une conversation mais monologue, l’écoute intermittente qui ne permet pas la réflexion (une seule chose à la fois), l’enfermement dans l’écho de mots ou de routines ; 3/ tout ce qui est nouveau panique, intérêts et activités sont réduits, machinaux, ternes. Tout cela n’est-il pas une bonne description de notre bourgeoisie technocrate ? Peut-être pas dans son existence quotidienne, avec ces pairs, mais dans son comportement officiel, terriblement « coincé ».

On ne sait pas d’où vient médicalement l’autisme. Peut-être d’un défaut de maturité du lobe frontal, ou du ratage de l’organisation des circuits de neurones. Mais s’est-on penché sur l’histoire personnelle des individus autistes ? On sait que, dans le très jeune âge, des connexions doivent se faire pour que le programme de développement suive son cours harmonieux. Si une étape est absente, le développement a des ratés. Comme l’autisme est un refus d’interactions sociales, on peut soupçonner quelque part un défaut d’amour. Parce qu’il n’est pas « accueilli », l’enfant s’enferme.

Ce n’est qu’une hypothèse pour les individus, mais l’attitude technocrate est bien la même. Orgueil, mépris, sentiment de supériorité, ne sont que des défauts d’interactions sociales. Ils hypertrophient le rationalisme et le recours aux règlements aux dépens de l’affectif et du commun. En regard, et par réaction, ceux qui sont rejetés survalorisent affectivité et irrationnel, multipliant à plaisir les transgressions citoyennes qui augmentent le sentiment d’insécurité (injures, vandalisme, graffitis, dégradations, violences).

Les interactions sociales s’apprennent et se développent, tout d’abord en famille, ensuite en société. C’est le défaut de caresses par les parents, d’affection par les amis, de valorisation de la personne par le groupe, c’est la solitude extrême de la compétition entre tous à l’école, qui engendrent ces eunuques maladroits et coincés. Yannick Noah lui-même avoue : « On ne s’embrassait pas, ne se touchait pas, on ne se disait pas qu’on s’aimait ». Il parle de ses parents. « J’en ai conclu de manière erronée qu’il fallait que je prouve quelque chose pour être aimé » (L’Express du 5 juin 1997).

Valeurs politiques et valeurs vitales, pensée linéaire et pensée circulaire, doivent être en équilibre pour que l’humain – qui n’est ni dieu ni bête – prenne toute sa place humaine. Mais on peut aisément basculer d’un côté ou de l’autre. Là est le danger. Qui veut faire l’ange fait la bête. Et qui est bête n’a rien d’humain. Dionysos, revient !

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Pas d’égalité sans frontières

La visée démocratique est d’assurer à chaque citoyen l’égalité en dignité et en droits, l’égalité des chances et les filets de solidarité en cas d’accidents de la vie. L’exercice de ces droits exige la cohésion sociale nécessaire pour que chacun contribue en fonction de ses moyens, en étant d’accord sur le vivre ensemble.

Tout cela ne peut se réaliser que dans le cadre de frontières définies, territoriales et de civilisation.

gamins aventure

Il ne s’agit pas d’ériger des barbelés (comme aujourd’hui en Hongrie et en Israël, hier en Europe avec le rideau de fer), ni même de revenir au souverainisme gaullien (traditionnellement nationaliste) de la génération passée. Les valeurs de démocratie parlementaire, majoritaires en Europe, ne doivent pas être bradées au non de « l’urgence » ou des « circonstances ». Devant les drames syriens ou libyens, l’Europe doit rester terre d’accueil – et offrir une hospitalité digne (même si elle est définie comme temporaire) aux demandeurs du droit d’asile. Mais confondre immigration de peuplement et immigration sous peine de mort est une imposture des politiciens. Ils doivent avoir le courage de dire à leurs peuples qu’accueillir les vies menacées n’est pas la même chose qu’accueillir « sans frontières » la misère du monde. A ce titre, l’allemande stricte Angela Merkel apparaît plus dans le ton des Lumières que le falot hésitant François Hollande, dont on se demande s’il incarne les « valeurs de la république » ou si ce ne sont, pour lui, que des mots. Il est vrai que le gauchisme des tribuns populistes ou des féministes arrivistes, et jusqu’aux frondeurs de son propre parti, lui font manifestement peur. La multiplication des « il faut que nous puissions… il faut que nous puissions… » dans son discours d’hier montre combien il pose de préalables, conscients et inconscients, à toute action.

Cette « gêne » des politiciens, particulièrement français, tient à ce qu’ils récusent « l’identité » nationale au profit d’un universalisme aussi vague que creux. Et lorsque les politiciens ne savent plus ce que signifie « être français » (sinon résider en France, d’après certains bobos de gauche…), le peuple de France ne veut pas voir « diluer » sa manière de vivre et ses mœurs dans un melting pot sans but ni queue, ni tête. Les Français sont accueillants à la misère du monde (voyez toutes les associations d’aide aux migrants) ; ils refusent cependant qu’on leur impose (par lâcheté) d’accepter que les miséreux viennent imposer leur foi et leurs façons. cela se comprend. La France, comme l’Europe, ne peut être accueillante aux menacés pour leur vie QUE si elle est sûre d’elle-même, de ses valeurs et de sa civilisation. Pour cela, il lui faut un espace, délimité par des frontières, et une charte du « vivre ensemble » commune à laquelle tous les postulants à s’installer soient soumis. C’est le rôle du politique que de définir le territoire, les règles, et de les faire respecter : où sont donc ces pleutres au moment où les enfants se noient à leurs portes ? Ne rien faire est pire que décider car, au moins, le peuple sent qu’il a des décideurs et pas des couards à sa tête.

Les enfants devraient être heureux de vivre (voir ci-dessus), pas mourir pour rien (voir ci-dessous).

enfant syrien noye

Plus généralement, dans un monde qui se globalise et qui devient plus dangereux, les petites nations fermées sur elles-mêmes sont amenées à disparaître. Je crois en l’Union européenne qui harmonise le droit et fait discuter entre eux les pays voisins, comme en la Banque centrale européenne qui assure la liquidité au grand ensemble monétaire, tout en surveillant les risques financiers du système international. Même si l’affaire grecque a été mal gérée, revenir au « franc » et aux petites querelles d’ego entre politiciens avides de dépenser sans compter pour leurs clientèles me paraît dépassé. Ce serait une régression, un renferment sur soi, avec barrières protectionnistes et montée de haine pour tous les hors frontières (pour ceux qui étaient là, rappelez-vous les années 50…)

Mais en contrepartie, la tentation des fonctionnaires européens de niveler les cultures au profit d’un politiquement correct neutre, où la diversité des projets politiques et la diversité des approches paralyse la décision, me paraît tout aussi une impasse. Les palinodies du Conseil européen sur l’accueil des migrants en est un exemple, le faux « débat » sur la Grèce également : si les Grecs veulent rester dans l’euro, ils doivent obéir aux règles définies en commun et acceptées précédemment par leurs gouvernements ; s’ils veulent sortir, ils le votent et l’on aménage leur repli. Un peu de clarté serait nécessaire aux citoyens.

La convergence du droit est utile à l’Europe, la convergence des cultures non. C’est la diversité qui fait la concurrence économique (selon les règles pour le bien-être des citoyens), et la diversité encore qui fait l’originalité culturelle du continent. Les exemples de la Chine et de la Russie, unifiées sous un empire centralisateur, montrent que le progrès humain avance mieux dans les ensembles de liberté que dans les ensembles autoritaires en termes de curiosité scientifique, de création culturelle, d’innovations techniques, d’entreprises. La Cour européenne des droits de l’homme et sa définition neutre, par exemple, de « la religion » montre combien ses jugements peuvent être biaisés, incompréhensibles et inefficaces. Car le neutre nie le particulier. Qu’y a-t-il de commun entre le christianisme, dont le modèle est le Christ pacifique tendant l’autre joue et rendant à César son dû, et l’islam, dont le modèle est le croyant guerrier qui veut convertir la terre entière à la loi unique (charia) et se bat même contre ses propres démons (djihad) ? Regarder chaque religion en face, c’est reconnaître en l’autre sa différence, donc le respecter – tout en pointant bien les règles communes que tous les citoyens en Europe doivent eux aussi respecter, comme partout ailleurs.

La France est paralysée parce qu’elle a abandonné beaucoup à l’Europe, mais l’Europe est paralysée parce que nul politicien national ne veut se mettre dans la peau d’un citoyen européen. Parce qu’il n’existe qu’en creux : vous ne comprenez ce qu’est « être européen » qu’uniquement lorsque vous allez vivre ailleurs qu’en Europe…

L’Union européenne doit avoir des frontières sûres et reconnues : à l’est, au sud (le nord étant pour les ours et l’ouest pour les requins). Le flou entretenu sur les frontières au nom de l’intégration sans limites est dommageable pour l’identité de civilisation européenne (identité qui n’est en rien une « essence » figée, mais qui évolue à son rythme et par la volonté de ses membres – pas sous la contrainte extérieure). D’où les partis nationalistes qui ressurgissent ça et là, un peu partout, et qui montent en France même.

Car la France socialiste a peine à incarner une identité nationale dans cet ensemble flou européen. L’universalisme, la mission civilisatrice, la culture littéraire existent ; mais c’est une identité du passé. Que dire d’universaliste aujourd’hui, sinon des banalités de bonnes intentions jamais suivies d’effets concrets, ou avouer une soumission plus ou moins forte aux empires alentours (l’argent américain ou qatari, la brutalité russe, la croyance islamiste) ? L’Éducation « nationale » veut délaisser l’histoire « nationale » pour en souligner dès le collège ses péchés (esclavage, colonialisme, collaboration, capitalisme) – sans présenter de modèles positifs auxquels s’identifier, à cet âge de quête. L’histoire est-elle notre avenir ? Si François Hollande l’affirme du bout des lèvres, dans un discours convenu en juin au Panthéon écrit probablement par un technocrate, ce n’est qu’un mot creux comme le socialisme sorti de l’ENA en produit à la chaîne. Dans le concret, ce « mouvement » qu’il appelle semble sans but. Consiste-t-il à s’adapter au plus fort dans le monde – comme le montre la loi sur le Renseignement ? Où au vent de la mode chère aux bobos qui forment le fond électoral du PS, prônant une vague multiculture furieusement teintée américaine ?

France Vidal de la Blache

L’écart est moins désormais entre la gauche et la droite qu’entre les nomades globalisés hors sol et les sédentaires solidaires nationaux. Reste, au milieu, l’Europe – mais elle ne fait pas rêver, trop tiraillée, trop honteuse, sans objectif clair.

Les grandes idées en soi sont des moulins à vent. Il ne s’agit pas de céder la morale au cynisme des intérêts, mais d’élaborer une morale pratique. Entre deux légitimités, la politique doit adapter les moyens possibles. Il faut désormais sauvegarder la sociabilité au détriment de l’hospitalité car, comme le disait Michel Rocard, nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde – même si nous devons en prendre notre part. Les conditions d’un bon accueil est de préserver la cohérence de la société. Ce qui exige le rejet de ceux qui refusent de suivre les règles, qu’elles soient de mœurs, économiques ou religieuses. Pour qu’il y ait vie commune, il faut le désirer ; qui n’en a pas envie n’a pas sa place – ce qui est valable aussi bien pour la Grèce que pour l’islam salafiste.

A l’époque où la modernité agite non seulement la France et l’Europe, mais plus encore les grandes masses aux frontières que sont la Russie et les pays musulmans, la « république moderne » chère à Hollande (reprise à Brossolette et Mendès-France) reste à construire. Lui n’a pas même commencé. Au lieu de mots creux et des yakas de tribune, établir des frontières distinctes pour dire qui est citoyen et quels sont des droits, quels sont ceux qui sont accueillis au titre du droit d’asile, faire respecter la loi sans faiblesse contre les autres, les hors-la-loi (salafistes, UberPop) ou les non-citoyens illégaux (imams interdits de territoires et qui sont revenus prêcher dans les mosquées – comme l’avoue Nathalie Goulard, député). Les repères d’identité française dont parle Patrick Weill dans son récent livre – égalité, langue, mémoire, laïcité par le droit – doivent être appris, compris et acceptés par tous ceux qui aspirent à vivre en France. L’assimilation, dit Patrick Weill, est le fait d’être traité de façon similaire. L’égalité en droits n’est possible que s’il existe un consensus minimum sur cette culture du droit.

L’éternelle « synthèse » du personnage actuellement à la tête de l’État comme s’il était à la tête d’un parti est non seulement fadasse, mais inefficace : elle entretient l’insécurité sociale, culturelle et militaire.

Il n’y a pas d’égalité sans frontières définies : qui est citoyen ou accueilli, avec quels droits, sur quel territoire.

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Comment traiter la délinquance ?

Sujet d’actualité, puisque l’on parle des enfants perdus de nos banlieues dans l’islam ; sujet politique, puisque l’on parle de la délinquance et de notre incapacité à la traiter ; sujet idéologique, puisque les gouvernements français successifs de droite et de gauche s’obstinent à traiter la question selon les Grands Principes Universels plutôt qu’avec l’efficacité du pragmatisme.

La délinquance est l’écart à la loi – mais qui définit la loi, et pour qui ?

La loi est faite par des politiciens professionnels, en majorité issu des corps de fonctionnaires – qui ont donc perdu le contact avec la réalité de terrain (s’ils l’ont jamais eue), et ne se sont jamais préoccupés de chômage, de santé ni de retraite – ces questions cruciales pour les classes populaires. Quant aux organismes de sondage du social, ils se gardent bien de poser les questions qui fâchent – chaussant volontairement des lunettes roses. Les ghettos ethniques des banlieues, même s’ils servent souvent de sas d’intégration, ne peuvent fonctionner entièrement selon « la loi » et doivent leur intégration sociale comme leur survie de jeune adulte à des comportements délinquants. Cela permet aux plus intelligents une « accumulation primitive du capital » (comme aurait pronostiqué Marx) qui leur fait sauter les étapes de l’école et de l’administration pour créer leur affaire – légale, cette fois : bistrot, commerce, artisanat.

C’est la défaillance des services publics de l’État dans ces zones, faute de volonté et de moyens mais surtout faute d’une véritable politique de l’immigration, qui crée ces ghettos. Manuel Valls s’est récemment élevé contre eux, mais en pur communiquant, sans dire comment les résorber. École, animation, formation adulte, aide à l’emploi, aide à la création d’entreprise, aides sociales ciblées, police de proximité et tolérance zéro pourraient gérer le stock de délinquants potentiels ; une politique plus volontariste aux frontières et avec l’Europe pourrait réguler le flux d’immigration, tandis que des quotas ethniques et sociaux dans les logements pourraient la gérer. Or c’est tabou pour la gauche archéo et ignoré pour la droite sécuritaire, les yakas remplaçant aux extrêmes toute idée lucide sur le sujet (yaka les « foutre dehors » à l’extrême-droite, yaka laisser ouvertes les frontières à l’extrême-gauche). Beau déni de démocratie !

ligote fouette en ville

Deux politiques de sécurité sont possibles : redresser les individus délinquants, ou viser les facteurs déterminants des infractions. Historiquement, toutes les sociétés occidentales développées ont commencé par la première ; seule la France, parmi les grands pays, la poursuit – les autres sont passés à la seconde politique, désormais plus efficace.

  1. Dans les sociétés occidentales homogènes d’après-guerre, était appliqué le redressement des individus qui fautaient. La socialisation se faisait aisément dès l’école, renchérie par la famille, disciplinaire au travail, la société étant portée par l’optimisme du baby-boom, les besoins en main d’œuvre de la reconstruction et l’avenir alléchant de la consommation (machine à laver, auto, télé, vacances…). Églises, syndicats et partis encadraient la société, tandis que des rites d’initiation inséraient progressivement le jeune parmi les adultes (communion, certificat d’études, BEPC ou bac, service militaire, mariage).
  2. Après 1968, la guerre du Vietnam a remis en cause la morale factice d’État, les chocs pétroliers ont cassé l’essor économique, et la saturation en biens de consommation a détruit le bonheur de dépenser. Le relâchement des corps au travail grâce à l’informatisation a permis l’autonomie des individus, mais en même temps les affres de leur responsabilité (trouver un nouveau travail, faire un enfant ou pas, se lier en couple pour la vie ou divorcer, s’expatrier ou faire de nouvelles études…). Le modèle de socialisation traditionnel s’est fissuré au profit de modèles alternatifs plus communautaires (hippies, agriculteurs bio) ou plus individualistes (bobos des villes), moins consommateurs et plus proches de la nature – allant jusqu’au naturisme, spontanéisme et autre libération sexuelle selon Wilhelm Reich.
  3. Vers les années 2000 s’efface tout modèle de socialisation unique. Internet permet à chacun de savoir tout sur tous, et surtout d’aller faire allégeance ailleurs partout dans le monde, induisant le repli identitaire des mal-intégrés allogènes comme des déclassés endogènes. Des groupes sociaux divergents coexistent désormais dans le même pays et la même commune, chacun avec leurs normes différentes qui entrent parfois en conflit (« les odeurs » de Chirac, les restrictions aux libertés des filles, les trafics). Des comportements opportunistes de fuite des Français de souche ou d’éviction des « kafirs » se mettent en place. Ils créent ces ghettos qui font peut-être tache pour les partisans du tous-pareils et des Grands principes, mais ne sont au fond que des réponses réalistes à l’impossibilité de vivre ensemble avec des normes trop différentes ou des valeurs à l’opposé (voile intégral vs transparence démocratique).

A cette sociologie due à l’histoire récente, comment réagir ?

Réaffirmer les Grands principes comme une incantation impuissante ? Faire de constants rappels à la loi sans aucune conséquence pratique ? Remettre la morale à l’école et le service militaire pour les jeunes ? Tout ceci est très français mais apparaît comme plutôt régressif : revenir à un passé définitivement révolu comme si de rien n’était, et comme si « tout était mieux avant ». Redresser les individus délinquants est un véritable tonneau des danaïdes. Dans le n°183 de janvier 2015 de la revue Le Débat, Jean de Maillard, magistrat, livre quelques chiffres édifiants pour la France en 2012 : pour 1000 infractions déclarées, 250 plaintes, 61 suites judiciaires et… 3 condamnations effectives. Autrement dit, 997 infractions sur 1000 ne font l’objet d’aucune sanction, pas même d’un rappel à l’ordre ! On sait les prisons engorgées, les flics mal équipés et surexploités, les juges croulant sous les dossiers – mais force est de constater que l’appareil policier et judiciaire est nettement improductif. Cela au nom des Grands principes et de l’universalité des peines. En France, si l’on ne fait pas tous pareils, on n’est pas « démocratique » ! Le bris de vitrine doit-il être traité avec autant de moyens que le crime de sang ?

A cette foutaise répondent les sociétés plus pragmatiques. Parties comme la France du même traitement personnel de tous les délinquants pareils durant les décennies de société homogène, elles en sont venues à modifier leur politique pénale inefficace au nom de la démocratie même : comment éviter le mieux la délinquance. On sait qu’environ 5% des auteurs commettent environ 50% des infractions, dès lors, pourquoi poursuivre « tout le monde pareil » avec les mêmes moyens ? Se focaliser sur ces multirécidivistes permet au contraire de réduire nettement la délinquance pour un même budget.

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L’idée de fond est que le délit n’est pas d’abord une déviance individuelle mais un dysfonctionnement social : il existe des incitations à « mal » faire dans certains milieux où règnent certaines normes ; ce qu’il faut, est réduire ces incitations – par l’éducation, l’offre de travail, la possibilité alternative de réussite dans la société. C’est le désordre social ambiant qui conduit à une régression collective des comportements vers l’antisocial. Le mal est donc moins dans l’individu que dans son environnement. Il ne s’agit pas d’excuser les comportements individuels mais d’agir sur le milieu social et économique. Il ne s’agit pas de morale (issue du péché personnel chrétien) mais de pragmatisme politique pour faire baisser la délinquance globale.

Les pays d’Europe du nord, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada, appliquent depuis des années cette nouvelle politique, mieux adaptée aux sociétés hétérogènes d’immigration que ces pays sont devenus. Contrairement aux Français, ils ne nient pas le problème, ils s’y attellent ; ils ne nient pas l’immigration et ses maux, ils créent des incitations positives adaptées.

Avec Sarkozy puis Taubira, nous sommes loin de les suivre, malgré notre Budget restreint et l’exaspération sociale croissante envers les délinquants, l’immigration et la mise de tout cela dans le même sac. Comme si n’existaient pas d’autres délinquances aussi inacceptables, fraude fiscale, arnaque aux subprimes, favoritisme politique, siphonnage de trésorerie… Le tabou des politiciens de gouvernement sur les Grands principes au détriment de l’efficacité démocratique, le déni de gauche sur les diagnostics lucides pour traiter des vraies questions sociales, l’ignorance des technocrates et élus fonctionnaires sur le terrain réel – préparent des lendemains extrêmes. Ce ne sera pas faute de l’avoir annoncé !

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Double bonapartisme à droite

Le problème de la droite est qu’elle est désormais bicéphale : bonapartiste libérale à l’UMP (bien que personne ne revendique ce mot tabou dont l’aversion a été imposée par l’idéologie de gauche) et bonapartiste nationale-sociale au Front (synthèse traditionnelle du gaullisme version ethnique).

Nicolas Sarkozy veut récupérer la nation mais ne sait trop que faire du social, tout en ne réussissant pas à comprendre le libéralisme – ce qui fait désordre dans l’opinion. Marine Le Pen joue sur le velours de n’avoir jamais gouverné, ce qui lui permet tous les yakas possibles (et contradictoires) : fermer les frontières mais toujours exporter ; retrouver le franc mais avec la dette en euro ; faire tourner la planche à billet via une Banque de France renationalisée (donc l’inflation) mais assurer qu’elle protège les « petits » (épargnants, commerçants, patrons…).

Son succès électoral 2014 est net, mais surtout par ressentiment contre le système socialiste qui apparaît sans idée autre que la minable « boite à outils », sans vision présidentielle, sans personnel local à la hauteur, perclus de copinages. Les jeunes ne se retrouvent plus au PS, dans cette technocratie de caciques aux idées sociétales datant de 1968 ; les milieux populaires ne se retrouvent plus dans le discours du président, eux qui valorisent l’effort, le travail et leur juste récompense. Quant à l’UMP, elle s’est déconsidérée avec la guéguerre des chefaillons entre le faux-vertueux Fillon et le filou Copé, entre la posture de sage rigide Juppé et celle de l’agité revanchard Sarkozy. Les affaires « Big millions » et des vraies fausses confidences Jouyet à propos d’une demande qu’aurait faite Fillon contre Sarkozy ajoute au désordre ambiant. Sans parler de sa démagogie de communicant avide de faire avant tout parler de lui, jouant du franc-parler comme d’une langue de bois qui se veut populaire, énonçant n’importe quoi « si ça vous fait plaisir ». Le succès du Rassemblement bleu Marine apparaît dû plus aux circonstances qu’à un vrai mouvement de fond. On ne bâtit pas un programme de redressement sur le rejet pur et simple de tout ce qui gouverne.

2014 candidats de droite

Mais il est vrai aussi que les partis politiques ne sont plus ce qu’ils étaient. Effet médiatique, effet réseaux sociaux, effet transparence – tous les politiciens sont aujourd’hui surveillés, obsessionnellement traqués par des médias en mal de scoop dans la concurrence pour la manne publicitaire et par de jeunes journalistes sans plus aucun scrupule sur la vie privée ni sur l’intérêt de l’État. Si l’international échappe un peu à la tyrannie des « commentaires » et autres « éditoriaux », c’est que les petits sachants qui font le buzz y connaissent peu de choses. Le présidentialisme de fait français et la pression médiatique toute récente poussent les partis à devenir des machines électorales à l’américaine – sans plus aucune dimension d’initiatives ni de projet. Les autres pays européens connaissent des débats parlementaires – pas la France, aux assemblées pléthoriques pour sa population, toujours pressée par le calendrier des votes, contrainte constitutionnellement par le rythme gouvernemental.

La synthèse conservatrice et libérale de la droite, qui a joué tout au long des années gaullistes et s’est modernisée sous les centristes giscardiens et barristes, est à réinventer. Chirac avait démissionné sur le fond au nom d’un vague « travaillisme à la française », Sarkozy a imposé sa brutale énergie médiatique, hélas peu suivie d’effets long terme, président omniprésent, omnichiant faute d’être omniscient. L’UMP n’a toujours pas tiré le bilan de sa courte défaite 2012, ni marqué une quelconque volonté de changer. Comme toujours, elle attend un « chef ». Le précédent veut revenir et la tuer pour créer un parti à sa botte ; les challengers sont pâlichons ou réservés, ce qui nuit à l’image de la droite apte à gouverner et laisse caracoler Le Pen dans les médias. Ces médias bien faux-culs – se disant « évidemment de gauche » – mais ravis de « suivre » l’opinion qui monte. C’est ainsi que Pétain devint chef de l’État en 40, avec l’assentiment de (presque) tous, et avec soulagement dans les syndicats et les partis « de gauche ».

duel ados torse nu pierre joubert Angus

Alain Duhamel croit que la montée Marine et l’effondrement Hollande vont forcer l’UMP à accélérer le mouvement en termes d’organisation et l’obliger à élaborer un programme d’inspiration nettement libérale (qui serait du Hollande assumé et qui réussit). Peut-être… Mais l’hypothèque Sarkozy n’est pas levée malgré les « affaires ». L’ancien président est un homme d’action pour qui tous les moyens sont bons pour un seul objectif : gagner. S’il l’emporte, à l’arraché, ses rivaux traîneront les pieds, se feront boulets, laissant la Force imposer (tout seul) ses idées (courtes).

Or le système présidentiel français n’est pas fait pour l’activisme solitaire : le président a été conçu par De Gaulle et Debré comme décisionnaire, mais arbitre. Au Premier ministre de gouverner, au président de donner les grandes orientations (mais seulement les grandes) et de décider en dernier ressort : par les moyens solennels du changement de Premier ministre, de la Déclaration aux Assemblées, du référendum, de la dissolution (arme ultime). Jospin qui se voulait chef de gouvernement malgré la cohabitation a poussé aux législatives juste après les présidentielles ; Chirac le démissionnaire de la Ve a laissé faire le quinquennat; Sarkozy l’hyperactif a achevé de déformer les institutions, emportant certes les médias avec lui dans le tourbillon qu’il crée (ils n’ont que ce qu’ils méritent), mais désorientant l’opinion. Il est donc amené à caricaturer sa volonté, à zapper sans cesse d’un thème à l’autre, suscitant chocs et résistances dans un pays au fond conservateur et ancré sur des principes généraux que les Français répugnent à jeter aux chiens (république, laïcité, identité culturelle historique, puissance francophone).

Nicolas Sarkozy peut-il gouverner au centre, dans la modération arbitrale requise d’un président de la Ve République ? Après 5 ans d’expérience 2007-2012 et au vu de sa jalousie infantile à créer l’événement en disant tout et son contraire, c’est probablement trop demander. Si lui ne se met pas « au-dessus des partis », comme le requiert la fonction, les électeurs tendront à pencher vers une autre candidate, elle « contre les partis » – car la caste politique est tellement déconsidérée par les Français qu’ils désirent une présidence garante de l’intérêt général, au-delà des petites querelles de bac à sable, arbitre sage des évolutions nécessaires.

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Modèle brésilien pour la gauche ?

Plus rien à foot au Brésil, mais aussi peu de chômage… et peu de croissance (1,3%), à cause d’une politique dirigiste plutôt démagogique. En France, peu de croissance mais chômage massif. La différence ? La dépense publique : un modèle pour la gauche jacobine ?

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Le Brésil a de meilleures bases que la France, son déficit public reste encore faible (3,3% du PIB) malgré des dépenses structurellement plus élevées (+11% sur les trois dernières années) que les recettes (+9,2%) ; son endettement reste autour de 58% du PIB. La contrepartie est une inflation forte (6,4%) à cause de la consommation privée et de la dépense publique qui font que la demande est supérieure à l’offre de production dans le pays. Donc l’excédent commercial est passé en déficit à cause des importations en hausse (+1,4% sur 1 an). On n’augmente pas de 10% les prestations sociales (la Bolsa Familia), on n’offre pas de nouvelles augmentations de salaires aux fonctionnaires, on ne se contente pas de relever le plancher de l’impôt sur le revenu moins que l’inflation (4,5% seulement, et pas avant 2015), sans offrir un pouvoir d’achat plus élevé, auquel la production nationale ne suffit plus. Le pays vit donc à crédit, dépendant de l’étranger, au risque de voir monter brusquement les mécontentements lorsqu’il faudra revenir à un certain équilibre des comptes. Sauf à endetter la génération suivante sans lui demander son avis.

Est-ce ce dont rêve la gauche ? Quitte à « remettre les pendules à l’heure » en ponctionnant « les riches » (ce qui signifie les classes moyennes, tous ceux qui gagnent plus de 3000€ par mois disait Hollande durant sa campagne électorale, et tous ceux dont le patrimoine dépasserait les 800 000€, ancien déclencheur de l’ISF) ? Le problème est qu’il y a de moins de moins de riches, et de moins en moins de classes moyennes. Piketty, dans son pavé pensum où valsent les statistiques sans qu’elles soient vraiment comparables, pointe cependant une vérité : en période de crise économique, les très riches deviennent de plus en plus riches, tandis que tous les autres s’appauvrissent – y compris les moyens riches et les faiblement riches – autrement dit les classes moyennes.

Au Brésil, la classe moyenne émerge à peine et se voit remise en cause par les limites du modèle brésilien : tensions inflationnistes, taux d’épargne et d’investissement historiquement bas, investissement en recul (3 trimestres consécutifs, -2,1% sur 1 an). Seul l’investissement de productivité, donc l’épargne et le travail justement rémunéré, crée la classe moyenne – pas l’intervention d’État qui n’est que coup de pouce ou assistanat.

bresil anti foot

Pour éviter les tensions entre l’offre (qui peine à suivre) et la demande (pléthorique en raison de la dépense publique et des prestations sociales), les taux d’intérêt brésiliens ont été relevés (à 11% depuis le mois d’avril contre 7,25% un an plus tôt), rendant le crédit plus cher. Les exportations (-3,3% sur 1 an) ont été pénalisées par le recul des ventes de produits manufacturiers, puisque la production industrielle retombe dans le rouge à cause de l’inflation intérieure (-0,3% m/m en avril et -0,5% m/m en mars). Les entreprises créent moins d’emplois et les salaires réels ralentissent, faute de prix stables pour l’exportation, et faute d’investissements (de 20,2% à 18,2% du PIB entre 2010 et 2013). L’inflation décourage d’épargner, donc d’offrir aux banques les dépôts permettant les crédits aux entreprises ; le taux d’épargne intérieure (déjà bas) est passé de 18% à 14,6% du PIB. Conséquence : pour la première fois depuis le fin 2011, la consommation privée recule (-0,1% contre une moyenne trimestrielle de +0,6% en 2013), la confiance des ménages atteint des niveaux proches du plus bas historique 2009.

Seule la hausse des prix des matières premières, surtout café et soja (leader mondial), soutient la balance commerciale. Ce sont principalement les incitations fiscales qui attirent les capitaux étrangers pour couvrir les besoins de financement du pays. Ce qui entraîne une surévaluation du real (+ 8% depuis janvier contre $) et un real fort pénalise les exportations (tout comme un euro fort pénalise l’exportation française, incapable de produire du haut de gamme fiable à forte image de marque – ce que font excellemment les Allemands).

Le modèle de croissance reposant sur la consommation privée et publique montre qu’il engendre de sévères déséquilibres. Et c’est ce modèle que voudraient la gauche radicale, voire la droite extrémiste ? L’économie brésilienne a besoin de réformes de fond pour l’équilibre budgétaire dans la durée (ce que préconisait Keynes), des gains de productivité des entreprises et un environnement plus favorable à l’investissement. La France aussi, n’en déplaise à la gauche radicale et aux croyants des yakas.

L’analyse de conjoncture du Brésil par BNP-Paribas

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La France, ce malade de l’Europe

Les élections européennes, techniques et sans enjeux concrets perçus par les citoyens, suscitent en général une abstention assez forte. Elle a été moyenne en Europe, égale à 2009 en France. Plus les pays ont connu récemment la dictature, plus ils sont poussés à exercer ce « droit » – rare sur la planète – de pouvoir aller voter. La Thaïlande comme l’Égypte sont sous coup d’État, l’Ukraine voit des milices rouge-brun empêcher les citoyens d’aller s’exprimer à l’est du pays, la Russie et la Turquie ont « élu » sous pressions et fraudes un genre de dictateur qui réprime toute forme de démocratie autre que le plébiscite campagnard.

2014 05 europennes carte participation

Voter est un luxe de nanti. C’est pourquoi les bobos français (bourgeois bohème) devraient être appelés plutôt égoédos (égoïstes hédonistes), tant ils marquent du mépris snobinard pour cette façon vulgaire d’aller « donner leur voix » comme le bas peuple : 58% des votants Hollande en 2012 ne sont pas allés voter, 52% des Parisiens ! En dehors de leurs petits intérêts de caste comme le mariage gai (et lesbien) ou le vélo à contresens dans les rues, les bobos se foutent de la gauche et de ses « idées », c’est manifeste. L’effondrement du parti socialiste est confirmé et au-delà, le seul socialisme qui subsiste aujourd’hui est national.

Car le problème aujourd’hui n’est pas européen, il est français.

Certes, le Danemark, le Royaume-Uni, l’Autriche ont donné plus de 15% des voix à des partis extrémistes anti-union – mais c’est en France que le Front national a réussi à passer largement en tête, avec un apparent 25%. La réalité est moins flamboyante car, du fait que 43.5% des votants seulement se sont exprimés et que les gens convaincus sont plus allés voter que les autres, le FN ne compte les voix que de 11% des 46 millions de citoyens français ce dimanche. C’est certes nettement mieux que les 6.3% qui ont voté PS ou le ridicule 2.8% du Front de gauche, habituel favori des bobos (calcul sur 100% des électeurs), mais ce n’est pas un raz de marée, tout au plus un « rat de Marine ». A une élection importante, présidentielle ou législative, le FN ne ferait pas ces scores là, noyé sous la participation utile. Il ne réussit que dans l’indifférence. Et c’est là où les bobos « de gauche ma chère, évidemment de gauche » ont toute leur responsabilité. Le « séisme » 2002 ne leur a rien appris et les mots graves de Manuel Valls hier vont leur passer par-dessus la tête, comme d’habitude.

Il ne leur restera plus que le ridicule d’aller « manifester contre le fascisme » comme en 2002, dans un refus trop tardif d’une démocratie qu’ils n’ont pas exercée par flemme. Au niveau européen, le vote français ne changera pas grand-chose, la coalition sortante reste majoritaire. En France, les seuls partis européens, les centristes et écologistes, se sont bien maintenus. Mais les écologistes en Europe ont fait bien mieux que les idéologues intellos de gauche de l’Hexagone : en cause le gauchisme catastrophiste mâtiné d’arrivisme du parti Duflot.

2014 05 nouveau parlement européen

La gauche française de gouvernement s’obstine à ne pas comprendre que les élites économiques éduquées (diplômés, cadres, hauts revenus, citadins, voyageurs) ne vivent pas dans le même monde que le populaire (peu diplômés, ouvriers, bas revenus ou chômeurs, suburbain ou rural qui n’ont rien vu du monde). Ce pourquoi le socialisme « internationaliste » ne passe plus, ni son tropisme multiculturel, ni ses attendrissements pour les « victimes » à aider en priorité qui sont toujours les autres (homos, étrangers, colorés, immigrés). Quoi d’étonnant à ce que le FN réalise ses meilleurs scores au sein des couches populaires : ouvriers (43%), employés (38%), chômeurs (37%), personnes à faible niveau de diplôme (37%), foyers à bas revenus (30%) et parmi les jeunes (30% des moins de 35 ans), touchés par le chômage ou la galère des stages et CDD à répétition ? (Sondage Ipsos/Steria 25 mai 2014)

Le socialisme à la française tout comme le pseudo-gaullisme à la Copé-Guéant-Sarkozy apparaît comme un ramassis d’impuissants qui envoient leurs déchets à Bruxelles, clament haut et fort en France l’inverse de ce qu’ils signent en sous-main au Conseil européen, agitent des yakas impossibles puisque pas prévus dans le Traité (comme le social, dont le Smic, qui est du ressort de chaque État). Quoi d’étonnant à ce qu’il y ait défiance envers ces hypocrites professionnels ? Quant à Mélenchon, il a clairement échoué : ses outrances ont fait fuir. Il était pathétique et presque sympathique lors de sa conférence de presse, mais toujours dans l’émotionnel alors que cela ne compte dans un vote qu’en plus du fond ; sans le fond, cela fait démago…

Si 62% des votants disent avoir privilégié les questions européennes sur le rejet du gouvernement, l’opacité du fonctionnement européen et la culture nécessaire du compromis empêchent les électeurs français peu éduqués de comprendre. L’Éducation nationale ne fout rien pour habituer les élèves à travailler ensemble et à échanger des idées, les médias perroquettent les mensonges des partis, les populistes trouvent un bouc émissaire commode dans « l’euro, Bruxelles, les 28, le libéralisme » et ainsi de suite.

Les Français, formatés à l’autoritarisme et au plébiscite du chef, sont à l’opposé de presque tous les autres pays européens, formés au parlementarisme et aux alliances de compromis. La France semble avoir une mentalité plus proche de la Russie de Poutine et de la Turquie d’Erdogan que de l’Allemagne de Merkel ou du Royaume-Uni de Cameron. Le marasme économique n’arrange rien, la politique stupide du gouvernement Hollande 1 (qui a insulté les patrons, insultés les investisseurs, insulté « la finance » – et taxé à tour de bras tout le monde, y compris en-dessous du Smic) a accentué la récession. Ce clown pathétique de Montebourg a plus fait à lui tout seul pour faire fuir l’investissement que les ministres de Mitterrand – et on le garde au gouvernement !

Les électeurs ne sont pas contre l’Europe, ils ne comprennent pas trop comment elle fonctionne ; ils sentent bien l’avantage de la monnaie unique, puisque 72% (sondage Ipsos ci-dessus) sont CONTRE la sortie de la France de la zone. Mais ils voudraient une Europe plus protectrice en termes économiques, moins accueillante à l’immigration sauvage, mieux unifiée socialement. Encore faut-il envoyer – comme les Anglais – des pointures politiques à Bruxelles, pas des recalés en échec de la politique nationale : des Fabius par exemple, comme hier Delors, pas des Désir. Jamais la « synthèse » molle du tempérament Hollande n’a montré aussi clairement son inaptitude à gouverner.

La France apparaît aujourd’hui comme

  • ce malade de l’Europe qui, faute de mieux, élit des politiciens minables qui promettent tout et en font le moins possible, se défaussant sur « Bruxelles » de leurs fautes ou impuissance,
  • ce malade de la boboterie, toujours en première ligne pour réclamer « des droits », mais qui reste douillettement chez elle dès qu’il s’agir d’agir,
  • ce malade des réformes sans cesse promises, sans cesse repoussées, car elles remettent en cause trop d’intérêts « acquis » sans que personne n’ose prendre le taureau par les cornes.

Puisse l’aiguillon Le Pen donner des hémorroïdes à cette caste de gauche aujourd’hui au pouvoir, à ces petits marquis inaudibles de droite qui aspirent à y revenir, pour qu’enfin – comme dans les autres pays européens – ils soignent la France :

  • inadaptée à intégrer sa jeunesse par l’éducation,
  • inadaptée à la mentalité parlementaire de l’Union,
  • inadaptée à la concurrence économique mondiale.
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Panne politique durable

Le développement durable existe : en politique, c’est la panne. La France s’y vautre avec la soif des nouveaux convertis – pour son plus grand malheur, peut-être. Ni droite, ni gauche ne sont crédibles, la politique française a son moteur grippé. Chacun joue son petit jeu dans son petit coin selon son petit ego : le Valls, la Dufflot, le Copé, le Fillon – et tous dansent allègrement sur le volcan. Car des fractures sous-jacentes sont perceptibles, mais croyez-vous que les petits egos vont changer ? Mélenchon n’a peut-être pas tort d’en appeler aux piques, tant ces marquis et petites dames agacent par leur vertu hypocritement affichée tandis que leurs dents rayent encore le parquet.

Rappelons quelques évidences : ce n’est pas le socialisme qui a gagné les dernières élections présidentielles, c’est la personnalité de Nicolas Sarkozy qui a perdu ; ce n’est pas « le programme » néo-mitterrandien selon Harlem qui est désiré par l’électorat en sa majorité, mais bel et bien les thèmes Buisson d’identité, de protection et de retour de l’État.

Hollande est un président faible : par son tempérament, porté à concilier en synthèses acrobatiques tous les points de vue de son camp ; par son souci antisarkozyste d’apparaître « normal », donc de faire du Chirac – c’est-à-dire le moins possible ; par la situation électorale qui l’empêche d’afficher un projet « de gauche » alors que la France se révèle chaque jour un peu plus clairement à droite : contre marier n’importe qui, pour l’autodéfense en cas de carence flic, contre les impôts et taxes qui ne touchent pas que « les riches », contre l’empilement de règles contradictoires qui empêchent de gagner plus, le dimanche si l’on veut.

Francois New President

Ne restent comme « marqueurs de gauche » que les symboles soixantuitards, déformés et amplifiés par une opinion braquée contre. Je caricature exprès : le mariage homo et l’assistanat à la procréation contre-nature, le vote des étrangers, l’accueil des demandeurs d’asile, les jours fériés bientôt étendus aux musulmans, aux juifs, aux bouddhistes, aux francs-maçons… Or ce sont les excès post-68 qui sont largement refusés par l’opinion. Si le desserrement des mœurs et la sensibilité pour l’environnement sont un acquis pour tout le monde, l’extrémisme écolo et les revendications communautaires catégorielles ne passent pas. Si Hollande persiste dans la surenchère, il va voir se lever en plus fort ce qui se lève déjà de façon plus ou moins spontanée : un radicalisme réactionnaire analogue au Tea parties américains qui font tant de mal à la crédibilité du parti républicain.

Que veulent les gens ? Du pain, de la protection et un sens aux sacrifices.

Moins de chômage et pas de tripatouillage statistique ni d’idéologie anti-entreprises (ce sont elles qui créent les emplois, pas les fonctionnaires montebourgeois), une maîtrise du libre-échange et du dumping chinois (contre le jusqu’auboutisme européen de la liberté absolue et le pillage des données personnelles par les réseaux sociaux – tous américains), un vrai cap sur des points économiques et sociaux essentiels (et pas la minable « boite à outils » hollandaise destinée à poser des rustines sur des problèmes qui pourrissent).

De l’écologie, certes, et une précaution contre le nucléaire, mais pas au prix de voir l’électricité augmenter d’un tiers en un an, ni d’être vertueux à se restreindre tout seul, alors que les pays émergents se lancent plein pot dans la production. Une considération envers les vrais pauvres, qui sont beaucoup moins dans les banlieues d’immigrés aujourd’hui, mais beaucoup plus dans le périurbain pavillonnaire et rural, loin des centres. S’occuper autant des Roms et pas assez des vieux isolés ou des jeunes en déshérence, est une faute citoyenne.

Une image du pays et une image de soi-même qui cessent d’être remises en cause à tous moments par les gauchistes du gouvernement, les langues de bois du parti socialiste, les bobos cultureux et les histrions ignares des médias qui veulent faire branchés : être français est déjà difficile, quand on compare aux autres nos prélèvements obligatoires aux services publics rendus ; mais s’il faut en plus s’entendre dire que n’existent plus ni père ni mère, qu’être citoyen n’est plus utile pour pouvoir voter, et que les logements vont être réservés en priorités aux minorités venues de Roumanie ou d’ailleurs – pour l’électorat, c’est trop.

francois hollande president

La gauche n’a plus rien à dire, qu’à brosser dans le sens du poil les intellos bobos et, pour le reste, jouer le rôle réactionnaire de « conserver les zacquis » en rabotant ici ou là sans surtout rien changer : la piètre influence de Mélenchon, cantonné à un vivier privilégié de petits fonctionnaires revanchards, montre que l’électorat ne veut pas d’internationalisme pro-immigré, ni d’excuses à la délinquance, encore moins de yakas aussi rapides que violents sur la finance, l’Europe ou les entreprises.

La droite n’a rien à répondre, orpheline de chef légitime, étalant des clowns en première ligne, et gênée de n’avoir pas réalisé ce qu’elle critique aujourd’hui. La seule gagnante à droite est Marine Le Pen car elle prend tout : l’anti-68 et la critique de l’Europe, l’anti-laxisme à la Taubira et l’anti-moraline à la Dufflot. L’impuissance des partis de gouvernement, et les attentes par l’opinion de protection et d’un cap, profitent à celle qui a eu plusieurs fois raison contre l’UMPS : sur la laïcité, sur le plan de sauvetage inutile à la Grèce, sur la boite de Pandore de la guerre en Libye, sur l’aide aux rebelles syriens gangrenés par les djihadistes. Sa limite est qu’elle n’a pas de parti crédible pour gouverner et presque aucun relai dans la société ; elle ne monte dans les sondages que comme défouloir mais, dès que les choses sérieuses se profilent, les électeurs la boudent. Car notre système bipartisan exclut les entrismes progressifs comme en Autriche, en Italie ou en Allemagne.

La démission de la gauche et l’état comateux de la droite offrent donc un boulevard aux « petits partis » pour les élections intermédiaires : le centre, la droite dure, la gauche gauchisante, écolos inclus. Juste pour dire la colère et le ressentiment envers les élites défaillantes et inaptes. Mais les vrais combats se livreront en 2017. D’ici là, les clowneries et les couacs vont continuer à alimenter la bêtise médiatique, dans l’ombre du grand méchant lou Pen.

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Nos politiciens ont-ils compris quelque chose ?

Le mouvement du monde nous berce sans que l’on prenne conscience des changements. La vertu des crises est de précipiter les choses et de montrer quelles sont nos fragilités dans cette histoire qui avance. Bien que beaucoup le dénient, nostalgiques du passé ou volontaristes de leur pré carré politicien, la France a son destin indissolublement lié à celui de l’Europe. Celle-ci fonctionne cahin-caha, mal organisée, mal comprise, mal gérée. On ne reviendra pas sur les erreurs politiques de l’élargissement trop précipité sans institutions fiables ; de la création d’une monnaie unique sans mécanismes de convergence réelle par étapes ; du refus de la démocratie par l’élection du Parlement unique le même jour et selon les mêmes modalités dans tous les pays.

Oui, les politiciens de droite comme de gauche, ont leurs responsabilités. Il est risible d’entendre les yakas socialistes aujourd’hui, alors que la méthode Delors a été largement piétinée et que les cinq ans Jospin n’ont vraiment pas faits la preuve d’une volonté d’aller plus loin.

Aujourd’hui, la crise financière est devenue économique, puis politique. Les États, surtout latins, ont pris des habitudes d’endettement systématique et de laxisme budgétaire clientéliste, fondées sur la politique de demande (soutien à la consommation plutôt qu’à la production). Les boucs émissaires commodes du déni sont naturellement « les autres » – surtout pas les politiciens !

C’est particulièrement vrai en Grèce où l’augmentation du nombre et du salaire des fonctionnaires a été bien supérieur aux capacités du pays, sans que ni la croissance, ni la fiscalité, ne permettent de financer. L’argent de l’Europe était une manne bénie, la force de l’euro permettait des importations hors zone à bas prix. La « descente » de l’héroïnomane est toujours vertigineuse, d’où le sentiment d’abandon et de désespoir des Grecs aujourd’hui.

Mais que font-ils, les Grecs, pour forcer leurs politiciens à faire rentrer les impôts fonciers ? A établir ne serait-ce qu’un cadastre ? A condamner le paiement des commerçants et des professions libérales au noir ? Pour supprimer les rentes de monopole ? Pas grand-chose en dehors de brailler dans la rue… Contrairement à la Suède, où la crise des finances publiques a été réglée dans le débat et avec les années, la Grèce manque de démocratie concrète. Trop longtemps asservie par les Turcs, elle en a pris les habitudes du clientélisme et du bakchich. L’exemple actuel de l’Irlande montre qu’un pays européen, démocratique, effondré par la même crise, peut se redresser avec les mêmes aides de l’Europe.

Graphique de la confiance dans la zone euro :

Ce qui compte est la confiance. Celle des ménages, des entreprises, des investisseurs. Parmi les investisseurs il y a évidemment les marchés (qui achètent les obligations d’État), mais aussi les banques. Les États-Unis financent leur économie surtout par les marchés, d’où le soutien qui leur est apporté par la Fed plus qu’aux banques. En Europe, c’est l’inverse : les banques financent près de 80% des entreprises – il est donc logique que les gouvernements et la BCE se soient préoccupés avant tout d’assurer la liquidité aux banques. Celles-ci restent fragiles, puisque plombées encore quelques années avec les produits toxiques (subprimes et CDS) comme avec les emprunts des États incapables de rembourser. Surveiller le système bancaire demeure donc crucial.

Mais il y a plus : sans confiance, pas de système. Les États doivent restaurer cette confiance générale par une double action de rigueur et de croissance. C’est politiquement difficile dans les pays où la démocratie est peu mûre – et la France en fait partie, État centralisé, à mentalité autoritaire, sans guère de contrepouvoirs institutionnels. Le citoyen considère que l’État est responsable de tout, donc yaka. Pêle-mêle : violer les banquiers, nationaliser les banques, dompter les marchés financiers, faire rendre gorge aux « riches » (au-dessus de 4000€ par mois pour un couple selon Hollande, « je prends tout » éructe Mélenchon qui a piqué le terme à Jean-Marie Le Pen… dans son « je prends tout » de l’histoire de France).

Suffirait-il de décider d’en haut pour que tout suive et s’organise ? Conception héritée tout droit du catholicisme romain que de considérer la Raison comme souveraine en soi, volonté de Dieu pour ses élus : il suffit qu’elle paraisse pour que tout le monde s’incline. Vieille légèreté française datant du culte à Robespierre que de croire en la Vertu, évidemment incarnée par un seul homme qui dit le bien et le mal et s’impose par la terreur – sans débat. Recopiage scolaire de la pensée allemande sous Hegel, pour qui  Dieu s’incarne dans l’Histoire, et que les histrions font accoucher en gueulant très fort comme des femmes en gésine.

  • Je m’interroge sur la contradiction à gauche de prôner le « développement durable » lorsqu’il s’agit de l’énergie et de la planète – mais de refuser ce même « développement durable » lorsqu’il s’agit de la dépense publique…
  • Je m’interroge sur le riche sénateur Mélenchon se faisant défenseur des « pauvres », comme si la fortune venue du public était plus « morale » que l’enrichissement issu de ses mérites, par la création ou l’entreprise. Peu d’ouvriers font confiance à Mélenchon, mais un maximum de profs.
  • Je m’interroge sur cette propension à redistribuer plus… tout en voulant rester « dans » l’euro, comme si la Grèce n’était pas le contre-exemple parfait de gabegie politicienne.

Le « pic » du pétrole est atteint, celui de l’endettement d’État aussi. Il faut donc organiser la « décroissance » de l’État obèse, celui qui se mêle de tout, qui régente tout, avec ses strates multiples de décision sans concertation. Maigrir, réorganiser, simplifier. Les écolos sont d’accord, mais pas Mélenchon. François Hollande a maigri lui-même avant d’être candidat, fera-t-il maigrir la France s’il est élu ? Où laissera-t-il ses petits copains, entrés dans la pâtisserie après être restés longtemps cantonnés derrière la vitre, mettre les deux mains dans les pots de bonbons, aiguillonnée par la gauche de la gauche ?

L’économie n’est pas mécanique, mais politique. Il ne suffit pas de verser d’un vase dans un autre, de prendre aux riches pour redistribuer aux pauvres, pour que tout se rééquilibre tout seul. Cela, c’est la Cité de Dieu catholique c’est le « laisser-faire » dont une certaine gauche ignare croit le libéralisme coupable. L’équilibre s’effectue dans le mouvement et, en économie, il s’agit de la confiance. Ériger la guerre civile en principe, droite contre gauche, riches contre peuple (stratégie d’évitement des élites…), national-socialisme contre libéral-Europe, dénigrer systématiquement tout ce qui a été fait par le précédent gouvernement, « détricoter » loi par loi pour rétablir cet âge d’or qui était avant, faire « comme si » ni le monde, ni l’Europe, ni les Français n’avaient changés – rien de cela n’est fait pour établir la confiance.

  • Ni celle des ménages (qui ne vont pas dépenser s’ils pensent être plus imposés) ;
  • Ni celle des entreprises (interdites de licenciements – donc soucieuses de ne pas embaucher – taxées plus, soumises aux banques par découragement des actionnaires, tentées de délocaliser, voire d’installer ailleurs leur siège social pour les plus grandes – comme Schneider) ;
  • Ni celle des investisseurs (taxés sur les transactions, taxés sur les gains, taxés sur le patrimoine, taxés sur les successions).

La démocratie, c’est le débat, pas le populisme des sondages plébiscitant des décisions idéologiques venues d’une secte : dénoncez tout et fermez les frontières ! dépensez tout et mendiez pour rester dans l’euro ! écoutez le complot Cheminade ! donnez tout le pouvoir aux seuls travailleurs d’usines !

L’Europe du nord sait faire, l’Europe du sud a beaucoup de réticence. Encore que l’Italie ne s’en sorte pas si mal : il y a une vraie souplesse politique sous des dehors partisans – contrairement aux rigidités françaises.

Peut-être est-ce parce que l’Italie exporte plus que la France via ses PME ? L’ouverture à l’extérieur, par les exportations des entreprises régionales, ouvre l’esprit au monde. Elle donne du bons sens à la souplesse et à l’inventivité. Chacun voit alors que s’il ne travaille pas assez, s’il produit trop cher, s’il bloque l’efficacité de l’organisation, si le service après vente est par-dessus la jambe, son salaire va en pâtir, son emploi être compromis.

La France est à l’inverse le pays du fonctionnariat. Près de la moitié de la population active est concernée par l’emploi public, soit directement, soit par le conjoint ou les enfants. De bonne foi, un fonctionnaire ne comprend rien à la compétitivité du pays. Il ne connaît rien à la pression économique (en témoignent les suicides par désespoir des salariés des ex-entreprises publiques à qui l’on demande de changer de mentalité…). Un fonctionnaire ne peut fonctionner mieux que s’il a « plus de moyens », c’est dans l’esprit même de l’administration des choses. Il ne faut pas lui en vouloir, il a été formé ainsi et est de toute bonne foi. Mais pour que la France aille mieux il ne s’agit pas d’administrer les choses : il s’agit de les produire. Qui parle de production, à gauche ? Qui ?

C’est aux politiciens d’expliquer et de convaincre, de prendre les mesures pour encourager à créer et à entreprendre, d’établir la confiance pour ne pas changer les règles à chaque élection, allant pour le produit du travail du laxisme à la confiscation. Mais nos politiciens ont-ils compris quelque chose ?

Les indices de confiance :

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Qui sera Monsieur X en 2012 ?

Nous sommes en crise des idées et des institutions, tout comme dans les années 1930 – mais nous ne sommes pas dans les années 1930. La démocratie libérale et le système économique du libre-échange paraissent comme dans les années 1930 en faillite – mais l’alternative au libéralisme est l’autoritarisme. Peu de gens, au fond, y sont prêts… Monte dans l’opinion le ressentiment contre les coupables, la tentation de tout fourrer dans le même sac (à noyer en Seine), attisée par la manipulation des pervers de la politique pour qui tout ce qui compte est d’arriver au pouvoir – mais le narcissisme infantile des impétrants « grands leaders » est risible tant leurs ficelles sont grosses. Le journalisme béat, pour qui la « nouvelle » se mesure au dernier dit, répète en boucle avec sérieux les petites phrases et formules ineptes à régler une quelconque crise en moins de 35 secondes de séquence télé – mais qui les croit vraiment ? Les options politiques restent donc ouvertes.

Le tenant du pouvoir actuel joue à faire peur pour se poser en sauveur rassurant, énergique décideur qui a la compétence et la volonté de changer les choses pour protéger les acquis et faire avancer le retour à la normalité. Mais qui peut croire cette mise en scène ? Il ne suffit pas de dire « je veux » ; il vaudrait mieux savoir motiver les siens, négocier avec les partenaires et expliquer à tous. Le storytelling – la belle histoire – ne séduit plus ceux qui ont cru y croire et qui mesurent, 5 ans après, ce qu’il en est.

Le challenger « de gauche » (« forcément de gauche » aurait renchéri la mode) croit qu’il suffit de faire tout l’inverse pour réussir là où l’autre échoue. Être « normal » quand l’autre est énergique ; réembaucher les profs que l’autre n’a pas remplacés ; suspendre toutes les réformes qui fâchent pour que tous soient contents ; faire payer « laids-riches » puisque les impôts ont été réduits pour tous – sauf pour ceux qui n’en payent pas, donc les plus pauvres. Donc pas de TVA sur les produits importés mais des impôts en plus pour les rares sociétés qui s’obstinent à produire encore en France… L’action sera sans doute moins stupide que cette caricature médiatique, mais force est de constater que cette caricature est la réalité politique de ce début d’année !

Ceux qui n’ont aucun espoir de parvenir à gouverner renchérissent dans la démagogie pour se faire mousser et négocier (peut-être…) de grasses prébendes contre un ralliement in extremis au vainqueur. C’est donc le déferlement des yakas, d’autant plus énormes et irresponsables qu’ils ne seront jamais proposés au test de la réalité. Chez ces ayatollahs rouge, brun, vert, le point commun est qu’ils haïssent ouvertement « la démocratie » parlementaire, libérale, représentative, au profit du plébiscite de crise, aidé de la terreur de masse appliquée par un petit groupe partisan violent. Les recettes de Lénine appliquées aux caniches…

Comme dans les années 1930, le dilemme en revient à démocratie ou totalitarisme – mais il n’est pas certains qu’on le résolve comme dans ces années-là.

Le grand modèle des totalitaires est la Chine ou la Russie, surtout pas l’Angleterre ou les États-Unis – ni l’Allemagne ou le Japon depuis qu’ils ne sont plus autoritaires. En Chine, c’est tout simple : l’État souverain décide de tout ; comme il n’a pas besoin d’électeurs, il peut sans vergogne s’asseoir sur les droits et les propriétés de la société civile pour imposer son ordre et ses objectifs long terme. Ceux-ci sont simples : que la Chine soit encore plus puissante, orgueil national et pouvoir économique réalisant ce que le militaire peut difficilement réussir aujourd’hui que les États-Unis ont une avance irrattrapable avant longtemps. Nos totalitaires rêvent en nuit de Chine : que « le peuple » ne vienne plus leur casser les pieds, ni les traités internationaux, ni les banques ou les institutions. Souverainisme ! Contrôle des importations et des capitaux étrangers, obligation d’investir conjointement avec une entreprise nationale, monnaie française non convertible pour piloter politiquement le taux de change, guichet ouvert à l’État par sa Banque centrale aux ordres, contrôle des entrées et sorties de capitaux. C’est ce que réalise la Chine, se disent nos antilibéraux, pourquoi pas la France ?

Mais les Français ne sont pas des Chinois et une dose de système russe s’impose. La Vème République est déjà proche de l’État-Poutine, pourquoi ne pas le pousser un peu plus en ce sens ? Le Président incarne à lui seul toute la société, son parti est aux ordres – à lui de donner le sens, de diriger la barque et de dire la morale ! C’est ce que les Français aiment depuis des décennies. Pourquoi ne pas accentuer le système mafieux à la russe des Grandes écoles, de l’inceste public-privé dans les grandes entreprises, du clan présidentiel, aidé des nervis du Milieu ? Le système Pasqua allait un peu dans ce sens dont Sarkozy a hérité, on découvre que le système socialiste en est proche dans les Bouches du Rhône, à Lille et en Septimanie – entre autres. La politique n’est plus un débat public dans des instances neutres mais se réduit à des décisions d’appareil à droite comme à gauche, où l’on soutient « les nôtres » – non parce qu’ils ont raison, mais parce qu’ils sont les nôtres, Nashi en russe, le nom même des jeunesses poutiniennes. L’allégeance compte plus que la compétence – tout comme au temps de Staline, Mussolini et Hitler, ces « grands politiques ».

Certes, nous ne sommes plus dans la conjoncture totalitaire des années 30, comme l’explique Marcel Gauchet dans son dernier livre (A l’épreuve des totalitarismes, Gallimard 2010). Le mode de structuration total des sociétés a fait son temps, on rigolerait aujourd’hui d’un Kim Jong-un français omniscient, idéologue, chef du parti et grand leader à vie. L’individualisme est irréversible en Occident pour notre temps. Mais, qui sait ?… Le grand Méchant Luc (franc-maçon) et dame Marine (les lys) se verraient assez en Kim Jong-un, au fond, tout comme Eva Joly, procureur disant le vrai, chef du parti et leader acclamée des nouveaux croyants en Notre Mère Gaia.

La France n’a probablement pas besoin de néo-Mussolini au petit pied, adeptes de la révolution permanente au profit de leur étroite clique de fanatiques croyants. Même après Nicolas Sarkozy, la crise continue. Les Français veulent un gouvernement décidé mais apaisé, un chef d’équipe solidaire de la société plus qu’un grand leader qui veut vous faire voir ce qu’on va voir. Un personnage apte à représenter « la France » sans excès d’arrogance mais avec fermeté, doué d’une morale en phase avec l’opinion, tempéré et empathique, capable de négocier avec nos partenaires européens sans reconstituer un impérialisme à deux…

Qui serait donc le « Monsieur X » de cette équation (sachant que, depuis les années 1960 où cette expression a fleuri à L’Express de JJSS, un Monsieur peut aussi être Madame) ?

A chacun de le découvrir : il paraît que la présidentielle aurait déjà plus d’une douzaine de candidats.

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