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Chevaucher les vagues à Tahiti

La course Faatii-Moorea 2015, ce fut l’enfer ! Course des fêtes de juillet, cette année s’avère historique par les conditions cataclysmiques rencontrées. L’océan était déchaîné et cela a brouillé les cartes. Cette course de va’a 6 est longue de 92 km et un changement de seulement 6 rameurs est autorisé. Cette année, il y avait 41 pirogues au départ, seules 22 d’entre elles sont arrivées à bon port, 19 ont abandonné. Alors que tout avait bien commencé lors de la traversée du chenal entre Tahiti et Moorea, le contournement de Moorea en passant devant la baie d’Oponohu, le motu Tiahura (en face de l’ancien Club Med) s’est déroulé normalement. C’est au niveau de Haapiti que la situation climatique a empiré. Tous les bateaux suiveurs, officiels, médias et bien sûr les pirogues, se sont retrouvés dans un océan en furie. Tous n’ont pu progresser que difficilement, avec un fort vent de face, des rafales à 90 km/h, le tout avec une houle de 3 à 4 m avec des creux impressionnants… C’est la pirogue EDT qui triomphera en 7h50 de course. Une épreuve qui restera dans les mémoires !

Les championnats du monde 2018 de pirogues dites va’a se dérouleront à Pirae, dont le Président du pays est aussi le tavana (maire). Bien sûr il y aura des problèmes à résoudre afin que les visiteurs soient accueillis dans les meilleures conditions – à commencer par la mauvaise qualité des eaux de baignade ! A l’hôpital du Taone situé sur la commune de Pirae, la salle Aorai Tini Hau où se tiennent actuellement certaines expositions est à reconstruire, les stations d’épuration sont à mettre aux normes… en attendant d’accueillir les 2 000 visiteurs espérés, d’engranger les 400 à 500 millions de XPF de retombées économiques. Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Non, mais j’attends 2018, j’suis pas pressée !

surf tahiti grosse vague

Pour la vague de Teahupoo, c’est parti, les trials sont finis maintenant – place à la Billabong Pro Tahiti, 7e étape du championnat du monde. Les vagues sont moyennes, pas de beaux tubes. Il y a la pluie, le vent, mais pas ces magnifiques tubes…

Échec complet ! Ce sont 3,04 milliards de XPF qu’ont dû apporter par différents moyens le pays à Tahiti Nui Rava’ai et la SAS Avai’a. Le rapport de la Chambre territoriale des comptes est sans appel : ECHEC. Les raisons de cet échec ? Une inadéquation entre les bateaux proposés et les demandes des armateurs. Aucune étude préalable conduite auprès de ces derniers avant de commander ces bateaux de pêche…

Les armateurs étaient demandeurs de thoniers conçus pour la pêche fraîche et non de thoniers conçus pour des campagnes plus longues de pêche congelée. Totale contradiction avec les besoins et les souhaits des professionnels de la pêche alors qu’il s’agissait d’aider au développement d’une flottille privée. Entre 2001 et 2004, 43 bateaux ont été commandés, doublant les capacités de pêche ! Des malfaçons en pagaille se révèlent sur les bateaux construits dans les chantiers navals chinois – cela donne des frais de réparation d’environ 3 millions de XPF par thonier. La CTC constate que 17 thoniers sont inexploités, soit la totalité des thoniers-congélateurs construits en Corée ou en Chine. Que deviennent ces tas de rouille dans le port ?

Aranui 5

D’ici la fin de l’année, l’Aranui 5 sera dans nos eaux. Toujours cargo mixte mais quelle allure, du luxe, du luxe ! Un tirant d’eau plus faible (5,20 m) qui lui permettra d’entrer dans les ports des Iles Marquises à n’importe quelle heure ; soumis à la réglementation « Safe return to port ». Toujours équipé de 2 grues pour le chargement et déchargement, il pourra livrer jusqu’à 700 m3 de gasoil. Il contiendra 166 EVP (conteneurs de 20 pieds) et aura 40 prises pour les conteneurs réfrigérés. Ce numéro 5 est construit en Chine, les moteurs sont allemands de la marque MAK, le tout pour un coût de 4,2 milliards de XPF.

Évidemment, au prix demandé, le voyage sur l’Aranui est celui d’une vie. Ce nouvel Aranui aura 60% de cabines de « gamme supérieure » avec un balcon. Le nombre de croisiéristes passera de 190 à 270. Les prestataires locaux devront obligatoirement fournir des prestations pour 80 touristes supplémentaires. Actuellement, il y a 68 membres d’équipage tout confondus, il devrait y en avoir une centaine sur le nouveau cargo. La croisière dure deux semaines et, depuis cette année, le bateau s’arrête à Bora Bora au retour. Les barges de débarquement des passagers seront remplacées par 2 catamarans couverts de 70 places.

Avez-vous déjà réservé votre prochain cabotage sur l’Aranui 5 ? Dépêchez-vous il n’y en aura pas pour tous !

Hiata de Tahiti

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Vanille, tiare et plantes menacées à Tahiti

Très forte baisse de la production de vanille. Le volume de vanille a diminué de 63% en un an, alors que le prix au kilo progresse de 24% par rapport à avril 2014. On annonce seulement 12 tonnes de produit pour 2015, autant dire que les prix n’ont pas finis d’être en augmentation à l’export. 12 tonnes c’est la moitié de la production de 2014. En 2014, le prix était de 20 000 XPF/Kg, en 2013 de 18 000 XPF/Kg (pour 31 tonnes) alors que de 2009 à 2012, le prix moyen était de 17 000 XPF/Kg.

vanille

Il faut régénérer une plantation de vanille tous les 7 ans et cette année beaucoup de plantations sont en régénération. En 2014, il a fait « froid », la pluie a fait tomber les fleurs, la pollinisation manuelle a été effectuée dans de mauvaises conditions. De nouvelles ombrières seront installées, 42 pour être précis, qui représentent une superficie de 2,4 hectares principalement aux Iles sous le Vent (37 ombrières soit 2,1 ha) et 5 aux Iles du Vent (0,3 hectares). Attation, pas kado ! Ces ombrières seront attribuées aux agriculteurs produisant plus de 500 grammes par tuteur et ayant un terrain situé dans une bonne zone de production.

Coût de la structure livrée clés en main à l’agriculteur ? – 2 900 000 XPF. Le pays participe via l’établissement public Vanille de Tahiti à 50% du montant pour les agriculteurs des Iles Sous le Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora Bora, Maupiti) et à 40% pour ceux des Iles du Vent (Tahiti et Moorea).

L’espèce endémique de la fleur emblème de Tahiti, le Tiare Apetahi (qui veut dire regarder de côté, de travers) ne pousse que sur l’île de Raiatea et uniquement sur le Mont Temehani. Elle se raréfie dangereusement. En 20 ans la plante a disparu à 81%. C’est une plante fragile comme du verre. Elle ne se marcotte pas, ne se bouture pas. Si un rameau se casse, il ne repousse pas.

Il faut protéger et réhabiliter la vallée de la Punaruu. Cela commence quand ?

vallee de punaruu

On a constaté la présence de 200 plantes indigènes répertoriées, dont 83 plantes à fleurs et 47 fougères. Or il est reparlé des touristes qui envahiraient les lieux venant de l’hôtel Mahana Beach à Punaauia. On veut construire un fare qui retracerait l’histoire de cette vallée, on engagerait des guides locaux pour conduire les touristes, du travail pour les jeunes locaux, on sauverait les orangers du plateau, on sauverait les anguilles, et les omama’o (Pomarea nigra), oiseaux en voie de disparition. On…, on… Mais, au fait qui c’est « on » ? C’est de la poésie ? Cela rime avec … (ce que vous devinez) ?

Mais d’abord parlons espèces sonnantes et trébuchantes. C’est là le nerf de la guerre et toutes les entreprises installées dans cette vallée possèdent leur siège social ailleurs qu’à Punaauia – donc les taxes, les impôts, volent vers d’autres cieux.

Hiata de Tahiti

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Sur la mer polynésienne

Elles sont arrivées ! La première baleine de la liste ayant pris place dans nos eaux était une solitaire arrivée le 31 mai. Une éclaireuse ? Depuis on en compte plus d’une quinzaine autour de Moorea, Tahiti et Tetiaroa. Ces baleines, mâles, femelles parturientes et quelques juvéniles ont parcouru quelques 6 000 km avant de s’ébattre dans nos eaux. La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines. Il y a donc des règles pour approcher ces mammifères et les observer. Il faut se tenir à une distance de 50 m des adultes et à 100 m des baleineaux, garder une vitesse constante, changer de cap progressivement, ne pas approcher ces animaux par l’arrière. Rien que du bon sens mais que certains individus jugent trop contraignant.

TAHITI

Nos requins du Pacifique seraient-ils plus sociables, moins agressifs que ceux autour de l’Australie ou de la Réunion ? Ici, les attaques de requins sont rares. Certes, on cite quelques cas de morsures mais pas d’attaques mortelles. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006. Pour le requin bouledogue, sa présence est anecdotique, le requin blanc ne fréquente pas notre mer, mais le requin tigre s’y plaît. Nos eaux sont très claires ce qui n’est pas le cas à la Réunion.

D’abord des chiffres : la population de Pitcairn compte 50 habitants en 2015 contre 250 dans les années 50. Les îles Pitcairn sont composées de 4 petites îles volcaniques d’une superficie totale de 47 Km2 et dont seule celle nommée Pitcairn est habitée. Elles sont situées à environ 2 100 km à l’est de Tahiti. Ce petit morceau de terre où vivent depuis des générations des descendants de l’équipage du Bounty, ces marins qui s’étaient mutinés en 1789, a légalisé le mariage gay – selon le gouvernement qui l’a annoncé sur son site. Apparemment, nul, parmi la cinquantaine d’habitants ne serait à priori susceptible d’être intéressé par la nouvelle loi mais le territoire tenait à se mettre à la page, a expliqué le vice-gouverneur Kevin Lynch. C’est ici la dernière possession britannique dans le Pacifique entre la Nouvelle-Zélande et le Chili. La capitale des îles Pitcairn ? – Adamstown. Je suis sûr que vous ne le saviez pas.

ado gay colliers

Encore Clipperton : un autre confetti dans le grand océan, royaume des crabes, des oiseaux (quelques 110 000 fous masqués la plus importante communauté au monde) – et des rats. A 12 000 km de la France, à 6 000 km de Tahiti et à 1 300 km du Mexique, l’atoll de 7 km2 – dont 1,7 km2 de terres émergées seulement – est considéré comme le plus isolé du monde par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Avec cette ile isolée et inhabitée, la France dispose d’un véritable laboratoire à ciel ouvert. Clipperton est une chance pour la France ; elle ne devrait pas la gâcher. Ressources halieutiques (thonidés), champs sous-marins de nodules polymétalliques, position géographique dans une ZEE (zone économique exclusive) de 435 000 km2 supérieure à celle de la France métropolitaine (336 000 km2). Clipperton a permis à la France, en 1973, d’adhérer à l’Inter American Tropical Tuna Commission (I.A.T.T.C.) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches au monde et de participer à ses travaux (le tuna est le thon). Un accord lie la France et le Mexique, qui est autorisé à y faire naviguer 43 thoniers. En décembre aura lieu la conférence mondiale sur le climat (COP 21). Verra-t-on François Hollande se saisir de ce dossier et autoriser la création sur l’atoll d’un observatoire de l’océan « sur les plans faunistique, climatique et environnemental » ? Jacques Chirac n’avait pas saisi cette opportunité or, comme le dit le député UDI du Tarn Philippe Folliot, « Clipperton ne doit pas rester en jachère ». Rappel : Clipperton a été découvert par des marins français en 1711, le jour du vendredi saint, l’atoll fut d’abord appelé île de la Passion avant de prendre le nom d’un flibustier britannique qui écumait la région. Encore les Anglais !

Hiata de Tahiti

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Ça remue à Tahiti

Durant mon absence prolongée cet été, il s’est passé des évènements. Heureusement qu’à mon retour on m’a colporté des ragots. Pour le dernier, il s’agissait d’un vieil homme qui possède de nombreuses terres bien qu’il en aurait déjà comblé ses enfants. Mais l’avidité est un vilain défaut. Une de ses petites-filles, effrontée, à la voix puissante aurait – dit-on – conçu un plan machiavélique : il s’agissait de « cloîtrer » le vieux dans sa demeure pour disposer de sa signature et faire vendre ainsi facilement les terres à son seul profit. Bien vu, non ? Mais le vieux n’aurait pas accepté cet « hébergement ». Qu’à cela ne tienne, elle l’aurait alors fait déclarer incapable, et hop cela aurait été dans la poche. Pour faire « officiel et incontestable», les tutelles seraient la « couverture ». L’Harpagon en jupon était satisfait et riait à gorge déployée de son idée de génie. Le vieux n’ayant plus aucune ressource, il s’en serait allé mendier auprès des églises pour manger. Un petit tour de temps à autre et le tour serait joué, gagné ! C’était sans compter que, dans les districts, tout le monde se connait – et que le parau parau (prononcez propro) court très vite et monterait au ciel.

full contact gamins

Beaucoup de violence dans ces premiers jours de juillet. Et la geôle de Papeari qui n’est toujours pas prête à accueillir ses pensionnaires ! A Raiatea (Iles sous le Vent), après une beuverie au komo (alcool illégal artisanal de fruit) il bat sa concubine à mort. Elle n’avait que 20 ans et avait déjà subi des violences par son ex-tane. Ce couple vivait dans des conditions très précaires dans une cabane sans eau, sans électricité. Les témoins ne sont pas intervenus tandis qu’il la battait.

A Raiatea encore, il assassine son voisin à coups de marteau, prend la fuite et se rend 15 jours après à Bora Bora. Ce récidiviste avait déjà été condamné pour assassinat en 2007. Il avait été récemment libéré…

A Rikitea (Iles Gambier) deux hommes se sont battus et l’un a mordu sa victime. C’est l’un des adjoints au maire qui a mordu au visage, front, nez et oreille un retraité militaire de la Légion, tandis que le tribunal statuait sur le sort d’un cultivateur de cannabis pour payer son ice. Une descente aux enfers pour cet ex-champion de jiu-jitsu que le tribunal condamne à quelques années de mise à l’épreuve avec obligation de soins. Cataplasme sur une jambe de bois ?

tahitienne

Le mensuel Tahiti pacifique d’Alex du Prel devient hebdomadaire. Devenu propriété du groupe Fenua Communication d’Albert Moux (stations-service, club de va’a, journaux gratuits, et maintenant TPH) ce journal sera vendu tous les vendredis. AdP reste le directeur de la publication et ce TPH devrait rester fidèle à son grand frère, à savoir de l’info, de l’indépendance, de la neutralité politique – et rire des vicissitudes de nos politiciens. Et tout sortira d’une imprimerie sise à Papara dans la petite zone industrielle : le journal Tahiti infos pour 16 000 exemplaires, le magazine télé Fenua TV de 56 pages hebdomadaire, Tahiti Pacifique lui aussi hebdomadaire, un mensuel féminin, et d’autres plus encore. Les nuits seront courtes si je veux me tenir au courant de ce qui s’écrit et se publie au fenua ! Enfin, juste de quoi vous tenir au courant en vous envoyant quelques lignes de temps à autre.

L’État a versé les premiers 715 millions de XPF de son aide au RST (anciennement RSPF). C’est paru au J.O. Ben, c’est pas trop tôt ! Y avait des conditions pour recevoir ce Kado des contribuables français de métropole, certes, mais on espère que ces Kados seront pérennes, et puis « l’État » a également annulé la dette de la CPS (Sécurité sociale polynésienne) envers les hôpitaux publics parisiens, a aligné le tarif de facturation pour les malades évasanés ou les touristes polynésiens en France sur les tarifs des patients métropolitains. La CPS respire ! C’est que, pour le moment, cette aide en numéraire ne sera reconduite chaque année que jusqu’en 2017… On souhaite ici qu’elle soit prolongée ad vitam aeternam et qu’on n’ait à faire aucune réformes !

Hiata de Tahiti

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El Niño le retour

El Niño se confirme en Polynésie pour 2015, attendu de « modéré à fort ». La mer est à hauts degrés et va le rester jusqu’à la saison chaude 2015-2016.

Rappelons que ce petit garçon, nom par lequel les Péruviens nomment l’Enfant Jésus, est un phénomène climatique attesté depuis le 16ème siècle.

L’oscillation australe environ tous les 3 ou 4 ans, due à la modification du trajet des vents alizés, apporte de l’eau chaude à Noël sur les côtes sud-américaines. La montée des nuages sur le Pacifique font pleuvoir de façon torrentielle au Pérou tandis que les cyclones balayent la Polynésie et que l’Indonésie connait la sécheresse.

el nino

Les températures mensuelles de surface de l’océan sont déjà plus élevées qu’au cours de la saison 2014-2015, égales ou supérieures à 28°9 C. La température de surface de la mer dans la boîte Niño 3.4 affiche une hausse de + 1.6° C. Tous les climatologues s’accordent à dire que l’océan Pacifique équatorial présente des conditions d’un El Niño. D’après Météo France la Polynésie sera soumise, pendant la saison chaude et cyclonique allant de novembre à avril aux impacts de ce phénomène. L’intensité est annoncée modérée à forte (pour le moment), les précisions ne pourront être apportées qu’à la fin de la saison fraîche.

Un rappel des souvenirs El Niño en Polynésie : En 1997, le phénomène El Niño avait atteint une amplitude exceptionnelle et c’était poursuivi en 1998. Début novembre 1997, le cyclone tropical Martin a frappé l’atoll de Mopelia puis passa à l’est des Australes. Ce Martin est responsable de la mort de 9 personnes sur l’atoll de Bellinghaussen submergé par la marée de tempête.

Fin novembre 1997, le cyclone Osea passe au nord des Australes, à l’est de Rapa, provoque des dégâts à Bora, mais c’est à Maupiti qu’il frappe le plus fort avec 95% des infrastructures de l’île détruites.

Le dernier cyclone ayant frappé la Polynésie est Oli, pendant un épisode El Niño en février 2010, le bilan faisait état de un mort, un blessé grave, six blessés légers, 4 813 personnes évacuées et 374 habitations détruites ou endommagées essentiellement dans l’archipel des Iles Sous le Vent. Prudence donc pendant la prochaine saison chaude !

robbie madison surf en moto

Cela n’a pas empêché un crossman australien de surfer – à moto – la vague de Teahupo’o ! Robbie Madison, c’est son nom, a 34 ans ; il est le seul à avoir osé et réussi cet «exploit » avec (pour les spécialistes) une KTM 250 munie de palmes (!) lui permettant de se maintenir à flot. Peut-être les puristes du surf n’apprécieront pas cette « performance ». Le sponsor était la marque DC Shoes. Le photographe pour immortaliser la chose était Tim Mc Kenna. Une vidéo a été (évidemment) tournée sur les sites de Papara et Teahupo’o.

[Où est la beauté de la glisse en surf dans cette machinerie brutale de ce Mad ? Où serait son « exploit » sans la vidéo pour le montrer ? Le narcissisme contemporain ne cherche pas à tester ou dépasser les limites, il vise avant tout à se faire voir. Nous sommes dans la société du spectacle où tout ce qui n’est pas mis en scène et diffusé n’existe pas. / Note Argoul]

Hiata de Tahiti

Le site de la météo sur le phénomène climatique El Niño

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Utopie et réalité sexuelle en Polynésie

Serge Tcherkezoff, directeur d’études sur l’Océanie à l’EHESS, étudie les écrits des « premiers contacts » entre Français et Polynésiens. Il cite par exemple en 1769 Louis Antoine de Bougainville et son récit croustillant qui a titillé l’imagination d’époque : les pirogues remplies de nymphes nues, les invites sexuelles explicites à en user des mâles qui les accompagnent. Mais cette fameuse « liberté sexuelle » avant mariage, l’amour pratiqué en public, devenus mythiques en Europe, sont en contradiction avec les autres faits rapportés dans les journaux de bord. Les très jeunes filles ainsi présentées sont apeurées ; elles ne sont pas volontaires mais « offertes » par les chefs de tribus qui voient en ces hommes blancs des envoyés du monde divin. De même pour les jeunes hommes : ingurgiter la boisson cérémonielle (le kava) vise à la reproduction de l’identité masculine par l’absorption de substance séminale par analogie, liqueur régénératrice de force, dispensatrice de vie. La boisson sacrée transfigure les chefs en ancêtres divins et les sujets masculins en hommes forts. La chercheuse du CNRS Françoise Douaire-Marsaudon, dans son étude « D’un sexe, l’autre » (L’Homme, 157, 2001), émet l’hypothèse que cette réaffirmation culturelle vise à contrer la mythologie, qui enseigne l’origine féminine des sujets masculins.

vahine sur plage

Le fameux « amour libre » et la fête publique des corps dans l’égalité sexuelle, caractéristiques du mythe polynésien, révèlent l’Europe, pas la Polynésie. Ce mythe est le miroir dans lequel les savants et les explorateurs européens se sont regardés tout en croyant observer les autres – et en croyant faire de la science. Michel Foucault rappelait justement que l’Occident moderne a développé une « science sexuelle », pas un « art érotique ». La faute au puritanisme chrétien, affirmé avec délice par saint Paul dans l’aspiration à l’austérité des siècles déliquescents qui ont marqué la fin du monde romain. Nous constatons encore chaque jour que tout ce qui est plaisir, gratuité et assouvissement de désirs terrestres, est efficacement contré par la doxa. Croyants ou laïcs se retrouvent aujourd’hui dans le puritanisme d’effort, le malthusianisme d’austère économie et la contrainte morale que le Christianisme a véhiculé sans l’avoir forcément inventé. La droite s’indigne des mœurs privées mais se relâche en tout ce qui est public tandis que la gauche, laxiste en privé, se drape de vertueuse indignation publique (quand la télé regarde).

Rien d’étonnant à ce que ce couvercle moral ait inventé la soupape : l’utopie. Si, chez Homère ou Hésiode, « l’île des Bienheureux » est une sorte de repos terrestre d’abondance et de festins, situé « aux extrémités de la terre », Thomas More en fait une Utopie. Ce « non lieu » montre, par contraste, ce qui ne va pas dans la société ordinaire. Ses émules seront soit de coercitifs accoucheurs de mondes à venir, soit de nostalgiques conservateurs rêvant d’un retour à un régressif « âge d’or ». Quoi qu’il en soit, les femmes y paraissent ne pas vouloir ce qu’elles désirent le plus : baiser. Chez Thomas More, elles sont soumises aux hommes comme les jeunes aux anciens, la volupté y est condamnée et tout adultère férocement réprimé. Diderot le libertaire, inventeur de la cité océanienne libre et si hédoniste, voile et rend intouchables les femmes stériles. Fourier permet tout – mais dans une classification maniaque de phalanges, brigades, corporations et autres ordres, où même les orgies obéissent à un rituel rigoureux.

Puis viennent Sigmund Freud, Wilhelm Reich et Herbert Marcuse. L’utopie sexuelle se fait « politique », elle vise à libérer l’énergie libidinale refoulée par « le capitalisme », pris comme la pointe avancée du dressage séculaire d’église. Le rôle de l’utopie reste d’irradier le concret depuis l’abstrait, plaçant un « modèle » platonicien afin de modifier la façon de voir la réalité. Les communautés post 68 ont ainsi tenté de « réinventer » l’amour, les liens humains et la vie quotidienne ; l’esprit « queer » a joué des corps et des pratiques, subvertissant les genres et l’identité sexuelle. Jusqu’à aujourd’hui, où les « stars » miment le coït sur les affiches de pub…

viol Justin Bieber Calvin Klein

Rien de neuf au fond : la vieille idée est de retrouver « la nature », non entravée par les conventions sociales. Depuis Diogène le cynique jusqu’aux îles lointaines épargnées par « la civilisation » (sous-entendue « chrétienne et occidentale ») et à Rousseau, le sexe est censé se pratiquer sainement au vu et au su de tous – « librement ». Lubricité et perversité, tout comme pudeur et honte, seraient des contraintes artificielles de la morale convenue.

Sans conteste, il y a dans ce mouvement le meilleur et le pire… Comprendre l’autre sexe, ne plus le voir comme « inférieur », accepter le plaisir – et en donner –, accepter que la libido puisse n’être pas orientée par le genre, sortir la sexualité du tabou honteux pour la ramener dans l’ordre des relations humaines, voilà qui est positif. Mais, comme en toutes choses, cette « liberté » oblige. Elle n’est pas « laisser-faire ». Tout n’est pas « permis » : non par une quelconque instance extérieure à ce monde, mais par la propre dignité humaine que l’on a en soi. Baiser n’est pas une obligation, ni « le plaisir » un exercice mécanique, ni « forcer » un acte prophylactique envers « les coincé(es) » qui « ne demandent que ça ». La prostitution est par exemple le reflet de la misère psychique et physique, parfois un moyen de survie pour les victimes de discriminations ; elle est un commerce qui se sert de l’être humain comme d’un objet, en faisant une sordide marchandise. Accepteriez-vous que votre femme ou vos enfants se fassent « prendre » par n’importe qui ? Pourquoi alors en faire autant à ceux des autres ? Nul besoin de moraline là-dedans : rien que l’estime de soi suffit pour dire « non ». Autre exemple : la vidéo porno alimente en comparaisons « médiatiques » le narcissisme contemporain. Les jeunes se comparent aux étalons et les filles aux nymphomanes, comptabilisant le nombre de fois, observant l’invraisemblable des positions, se faisant une idée fantasmatique des filmiques « désirs insatiables ». Qu’y a-t-il de réel et d’humain dans cette charcuterie gymnique ?

bora bora fesses

Les îles ne sont plus désormais isolées et le sexe y est aussi pauvre et aussi tourmenté que dans nos pays. La télé comme le net sont partout. Un « sondage mensuel » de rentrée il y a quelques mois dans la presse tahitienne : « aujourd’hui pour vous, le sexe est-il un sujet tabou ? » Non à 84%. On peut douter de ce résultat idyllique. Il demeure difficile de parler de sexe en Polynésie Française : le poids des églises et la pudeur des gens demeurent. Quand on leur demande ce qu’évoque le sexe, 76% des résidents de moins de 5 ans et 55% des revenus supérieurs citent plus fréquemment « le plaisir » que l’amour… 59% considèrent que « les nouvelles générations sont plus précoces », même si 62% ont eu leur première expérience sexuelle à « 16,6 ans » et seulement 15% à 13 ans. 57% considèrent que les comportements sexuels sont « un traumatisme physique ou mental », 44% évoquant des maladies possibles. Rien d’étonnant à ce que l’influence majeure sur la sexualité dans les îles soit accordée par les interrogés aux églises pour 44% et à la télévision pour 24%. Sur l’influence propre des médias, 80% pensent à internet ! Même si les questionnés admettent à 95% que ce sont « les parents » qui doivent être les principaux acteurs d’une éducation sexuelle… A l’école, la dimension affective de la sexualité est mise au second plan dans les séances d’éducation ; elles sont surtout centrées sur la prévention des risques.

Alors, l’amour est-il un art ou une science ? Saurons-nous jamais cesser de compartimenter les comportements humains ? A chosifier toute relation dans le physiologique et le mesurable, dans le même temps que les églises comme les « bonnes âmes » laïques moralisent et répriment, ne risque-t-on pas de laisser l’être jeune tout seul face aux interrogations nées de la puberté, comme face aux fantasmes mis en spectacle dans l’industrie lucrative du « porno » ? Les littérateurs ont fait des îles un mythe d’utopie ; la triste réalité est bien loin de ces fantasmes !

Argoul

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La Polynésie est quand même un paradis

Conseils à ceux qui viendront : il n’y a que 22 heures d’avion depuis Paris et le dépaysement est garanti. Bons mois : septembre, octobre, novembre.

Il y a la mer et la couleur de l’eau, les coquillages et les perles. La « culture » des perles à Tahiti débute dans les années 1960. Elles sont cultivées dans l’huître appelée « lèvres noires » d’un diamètre qui peut atteindre 25 cm à maturité et dont la nacre est noire. L’insémination de fragments de manteau (tranches de tissu vivant) découpés dans une autre huître perlière de la même espèce et d’un noyau rond (petit grain de nacre sphérique prélevé dans la coquille d’une moule d’eau douce du Mississippi), doit donner de magnifiques perles noires. Les huîtres ensemencées sont immergées en mer à 2 ou 3 m de profondeur ; leur gestation dure entre 2 et 3 ans. Elles sont remontées tous les 15 jours pour un nettoyage du plancton qui risquerait de les étouffer. Les huîtres peuvent être réutilisées une fois, rarement deux. Les perles obtenues sont de 9 à 18 mm de diamètre. Elles sont de toutes les nuances de gris : tourterelle, paon, aubergine, vert ou bleu, anthracite.

perle noire

Les samedis, les dames vont à la mer, sur une plage privée de la famille. Nous partons avec une gamelle sous le bras pour acheter le maa chez le traiteur (je parlerai du maa un peu plus loin). Le repas est pris en commun, chacun ayant pris qui un plat, qui un dessert, qui des fruits, qui une bouteille de vin, il y a de quoi nourrir un régiment. Les Polynésiens adultes ne nagent pas beaucoup, ne s’étalent pas non plus beaucoup sur le sable, mais ils s’installent dans l’eau pour papoter, marchent un peu, laissant leur tête émerger de l’eau. Ils s’allongent, toujours dans l’eau, pour se protéger des rayons. Les canettes de bière ou l’eau fraîche sont dans une immense glacière sur la plage et c’est chacun à son tour d’aller puiser le précieux liquide.

paradis polynesie

Il y a les fleurs, épanouies, parfumées et innombrables. Le tiare, ‘gardenia tahitensis’ est la fleur symbole de Tahiti. On la cueille sur un petit arbuste aux feuilles d’un beau vert brillant. Les pétales sont d’un blanc éclatant disposés en étoile ; ils dégagent un parfum doux et agréable. Dans le mythe polynésien de la création du monde, le tiare apparaît lors de la création des plantes. Tressées en couronne de bienvenue, ces fleurs sont offertes aux voyageurs en guise d’accueil. Elles se portent aussi pour leur parfum sur l’oreille ou piquées dans les cheveux. Presque tous les Polynésiens font pousser des pieds de tiare dans leur jardin.

tiare tahiti

Il y a les fruits, délicieux ! Le cocotier, par exemple, est très voisin du palmier à huile africain. Vous savez que le palmier sert à tout sous les tropiques : en plus de l’utilisation de la noix, le cœur du cocotier est mangé en salade, les palmes séchées servent à la fabrication des toits en formant un revêtement imperméable, tressées, on en fait des nattes, des paniers, des chapeaux, les troncs peuvent être sculptés. J’ai eu la chance de manger du cœur de palmier à Huahine car on en avait abattu un, ce qui n’arrive pas tous les jours. Le goût ne ressemble pas à nos cœurs de palmier en boite, c’est autrement délicieux et tellement plus authentique !

La cuisine avec les produits des îles. Tous les mercredis, je reçois mon maa à Tahiti. Il s’agit d’un repas rituel composé de poisson cru à la sauce coco et citron vert. Il s’agit du poisson du large, en principe du thon rouge ou blanc. Les poissons du lagon se mangent frits ou au court-bouillon avec les légumes-pays : uru (fruit de l’arbre à pain), fei (banane sauvage orangée), taro, umara (patate douce), le tout arrosé de mitihue (sauce de lait de coco où le poisson a macéré). Vous pouvez mettre aussi du fafaru mais, alors là, attachez vos ceintures ! Pince à linge sur le nez obligatoire et petit sac comme dans les avions à portée de la main gauche ! Ce plat national doit en effet être mangé avec la main droite.

Et il y a la gentillesse et la bonhommie habituelle des gens. Je descends de mon nid d’aigle faire des courses, à pied. Je passe devant une école élémentaire. Une personne de l’école m’interpelle : Madame, tu passes toujours par ici, où tu habites ? Où tu vas ? ». Je vais faire quelques achats au magasin : « Madame, tu marches toujours ? Tu n’as pas de voiture ? Alors prends la servitude à droite (chemin de terre desservant des habitations), elle te mène directement au magasin. Si tu vas à la banque, tu prends la passerelle pour traverser la quatre voies et après tu marches un peu jusqu’à la pharmacie. » Quelques jours après, on klaxonne. Je ne me retourne pas, ce n’est sans doute pas pour moi. On insiste, je me retourne, c’est la surveillante de l’école : « Viens ! Tu ne me reconnais pas ? Ah, si. Où tu vas ? Je te mène, monte ! » Elle me tends la joue : « moi, c’est Yolande, et toi ? ». Devant le magasin, une femme vend des poissons de lagon, perroquets, rougets, dorades… « Tu me vends les deux perroquets ? – Non, tu dois prendre tout le lot de poissons attachés par la corde. – Dommage, c’est trop pour moi. Nana. » Je reprends ma marche. Un jeune homme en vélo me double : « Alors, t’as pas acheté les poissons ? – Non, il y en avait trop pour moi toute seule. – Ben t’avais qu’à les mettre au congélateur ou les donner pour ceux qui ont faim. – C’était trop pour une seule personne. – Ah, ouais, t’as raison. Nana. » (Nana est l’abréviation de ‘Ia orana’ qui signifie « je te souhaite une bonne journée », donc à te revoir bientôt.)

fleur

Je photographiais les fleurs rencontrées en chemin. Un papa s’arrête près de moi, me regarde faire. Tout lui indique que je ne suis pas Polynésienne. Il ouvre sa bouche édentée mais reste muet. « Papa, tu as de belles fleurs, je les mets dans ma boite à images. – Américaine ? – Non, non, Française. – D’où ? – Paris. – Mon arrière grand-père était originaire de l’Aube. Il était parti en Californie pour trouver de l’or, il n’en a pas trouvé. Alors il a pris un bateau, est arrivé à Tahiti, a épousé une Tahitienne, fait des enfants, et est resté. Tu sais, on est beaucoup. Tu es sûre que t’es pas Américaine ? – Non, sûre papa. – Ben tu ressembles pourtant à une Américaine. Nana. »

Hiata de Tahiti

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Le mal au paradis

La véritable femme de tout Polynésien est la bière Hinano qu’il consomme avec abus entre vendredi soir et dimanche soir. Le pakalolo (cannabis) et l’ice (metamphétamine) sont deux drogues dévastatrices ici, surtout lorsque mélangées à de la bière ou de l’alcool. Le résultat : des accidents de la route, des bagarres, des viols, des violences conjugales. Chaque fin de semaine voit des morts. Dans le cas des violences conjugales, la femme frappe avec un couteau son tane (mari) tandis que l’homme la bat à mort avec ses poings laissant, comme en juin, cinq orphelins de 10 à 2 ans. Ironie, le Français de Polynésie constate que le Français de France boit plus que lui sans être victime de tous ces maux ! Comme l’expliquent les journalistes en suivant les médecins, c’est que le Métropolitain boit certes trop aussi, mais sur huit jours – tandis que le Fenua (pays) avale la même quantité en deux jours, tout en le mélangeant avec d’autres drogues.

hinano biere tahiti

Pourquoi ? A cause du « fiu ». C’est un sentiment respectable et respecté. Quand un Polynésien vous dit : « je suis fiu », la Popaa que je suis se fait toute petite. Comment traduire : c’est peut être qu’il s’ennuie terriblement, qu’il est las de tout et que cela déclenche chez lui un sentiment de rejet, de ras-le-bol, et donc qu’il n’y a lieu de ne pas insister. C’est fiu de retourner acheter des allumettes oubliées chez le Chinois. Si le maçon est fiu, il s’arrêtera de travailler pour quelques jours ou pour plusieurs semaines. Si la serveuse du café est fiu, elle s’appuie sur son comptoir et reste là, donc pas de service. Je traduirais par mélancolie, langueur, dégoût de tout. Parfois, cela me gagne aussi. Est-ce que l’ennui n’est pas le revers du paradis ?

1932 lagon tahiti

Ne pas confondre le fiu avec le « burn out ». Une étudiante en médecine fenua, Sabrina Chan Lin, épouse Chanteau, a soutenu une thèse de doctorat sur l’épuisement professionnel. Il se manifeste par un épuisement émotionnel, une déshumanisation et la réduction de la compétence personnelle. A Tahiti, 12% des jeunes médecins présenteraient un tel syndrome.

Ils se suicident alors beaucoup aussi. Les jeunes de 15 à 35 ans sont les plus nombreux, même mariés, même chargés de famille.

Pour compenser, les festivités sont nombreuses, les dépenses en cadeaux importantes et les enfants gâtés pour la plupart. La nourriture d’exception, venue de Nouvelle-Zélande, prend ici de l’importance : les huîtres très laiteuses, les palourdes énormes, les moules vertes grosses comme des moules espagnoles, le veau débité en gros morceaux, le puaa (cochon) local grillé. On ne mange pas, ici, on bouffe.

Le mauvais cholestérol s’accumule car le Polynésien aime les moules farcies, les palourdes farcies, la volaille farcie et mange moins légumes et de fruits (produits locaux moins tentant). Le diabète apparaît avec les mœurs américaines de boire des sodas très sucrés, beaucoup et n’importe quand. Beaucoup de Polynésiens sont obèses, 30% selon les études, et 40% sont atteints de surpoids (soit 70% de la population au total !). Les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes, les gamines et les gamins sont obèses, sauf ceux qui s’adonnent aux sports traditionnels comme aux sports introduits par la modernité, mais cela demande un effort.

bouffe barbecue Tahiti

D’autres font confiance aux horoscopes. Chaque jour dans « La Dépêche de Tahiti » ou hier dans « Les Nouvelles de Tahiti » (disparu…), vous pouvez consulter votre horoscope. Sur toutes les radios et sur les différents programmes de télévision on diffuse plusieurs fois par jour l’horoscope « normal » et, en plus, l’horoscope « chinois ». Les programmes de télé donnent tous les horaires.

Les nouvelles religions fleurissent. J’ai été conviée à assister à une conférence donnée par une voyante marseillaise qui invoque les « Maîtres », Ramtha, les archanges, les anges, qui soigne par les chakras et la respiration « essinienne » (?). Mais elle fait concurrence aux sorcières et prêtresses locales. Un sort a été lancé sur la Marseillaise par la meneuse de la prière à la cascade. En effet, chaque dernier samedi du mois, j’accompagne E. à la cascade de Faaone. Merci de ne pas rire, pas même de sourire. Il s’agit d’aller recevoir de l’énergie. Tous les participants se mettent en rond, pieds nus sur le sol, se donnent les mains, une main donnant, l’autre main recevant. La Prêtresse parle aux nouveaux adeptes, puis récite un Notre-Père. Les nouveaux en priorité s’en vont, huilés de monoï, dans le bassin pour recevoir l’eau de la cascade. Ils touchent la roche pendant que la Prêtresse prononce des paroles. Certains pleurent, certains crient. Quand tout est calmé, les participants font déborder le bassin et prononcent une autre prière. Séchage, rhabillage et le petit-déjeuner est pris en commun de l’autre côté de la route face à l’océan.

Hiata de Tahiti

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Départ en France, séjour, retour à Tahiti

En juillet flemmingite suraiguë qui s’est poursuivie jusqu’à maintenant ; là il faut reprendre le taureau par les cornes sinon…

Des nouvelles en bref :

Politique à Tahiti ? Les chaises tournent toujours, je t’aime, moi non plus…

Toujours pas d’eau dans les tuyaux depuis de nombreux mois alors que les pluies sont omniprésentes durant cette saison sèche.

Rentrée scolaire effectuée.

Pas beaucoup de fruits dans les assiettes du petit déj : une mangue de temps à autre, une rescapée que les poules ont eu la très grande amabilité de nous laisser, quelques abius sous jupon, chaussettes, culottes que les poules, encore, tentent de visiter à coups de becs voraces ; amandes, noisettes ou noix des pays tempérés ; les mangues Bernadette (Vi Tahiti) ont elles aussi déserté nos assiettes, quelques pommes étoiles elles aussi habillées pour dissuader les poules.

jeannot

Nos animaux : Jeannot et Browny les lapins que j’ai gardés depuis mon retour d’exil vont bien. Je les ai gâtés avec pommes fruits, carottes, plantains, pissenlits, pain aux graines rassis.

brownie

Grisette, la Dame chatte est très jalouse des lapins.

chatte grisetteElle boude parfois, refuse les croquettes, quémande du filet de thon, oui, rien que cela ! Les ature (poissons du lagon) bien frais ont fait notre délice, en poisson cru, en poisson frit. Grisette a senti les poissons tandis que nous les préparions. Un morceau de poisson, cru évidemment, pour la chatte, elle y jeta un regard de mépris, et un regard courroucé pour nous les cuisinières. « Vous savez pertinemment que le seul poisson cru que je mange c’est du filet de thon rouge, poisson du large, à la rigueur du thon blanc par défaut, mais (« Ôh, Grand Jamais !) du poisson avec des arêtes comme les chats des « pauvres » ! Poisson frit, Grisette ? Des têtes d’ature ? Beurk ! Mais vous savez bien, pas de poisson avec arêtes à moins que les arêtes soient enlevées… Et le cirque continue ! Finalement nous avons cédé aux caprices de Grisette Piifare ! J’ai décortiqué un ature, enlevé toutes les arêtes, et servi les filets sur une soucoupe. Après moult inspection s’assurant que tout était en ordre la piifare a mangé ! Les voisins de me dire : « ah ! c’est un chat popa’a car un chat mao’hi aurait su manger son ature cru ». Et vlan ! encore un compliment pour les popa’a !

D’ailleurs, quelques jours plus tard, Browny n’est plus…

browny avis de deces

Mon jardin faa’apu ? Aussi terne que sa propriétaire ! Il y pousse bien les plantains pour Jeannot Lapin, les pissenlits pour nos salades, les pommes en l’air, la ciboulette pour l’omelette, les pota chinois, le gingembre et le rea mais rien de transcendant. Depuis mon retour d’exil, j’ai semé des tomates et des courges spaghetti.

J’ai fait des échanges avec le voisin aux mains vertes pour encore des pota, des papayers solo, des fuka, concombres amers. Ce monsieur est devenu végétalien, ce régime drastique lui a permis en une petite année de limiter considérablement un diabète très important qui l’aurait mené à coup sûr à la dialyse.

Carrefour se porte bien, mauruuru, bien qu’il y ait beaucoup de promeneurs dans les rayons et peu de charrettes remplies à ras bord – les temps sont durs pour tous et c’est la rentrée scolaire chez bon nombre de familles.

C’est tout pour aujourd’hui. Je dois reposer mon médium droit qui fait des siennes, encore un coup de jeunesse, mais promis je me remets à l’écriture.
Parahi ! Fa’aitoito.

Hiata de Tahiti

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Vahinés de Tahiti

Selon le dictionnaire de l’Académie tahitienne, vahiné signifie :

  1. Femme, épouse, concubine, maîtresse ;
  2. L’épouse de quelqu’un qui a une fonction. Te tāvana vahine = La femme du maire ;
  3. Madame, placé après le nom de famille ou le nom donné au mariage.

En tahitien, la vahiné est tout simplement la femme, dans toutes ses fonctions.

vahines fleurs nues

Une «belle » femme a le teint brun, vahiné ravarava. La célibataire est vahiné ta’a noa, la maîtresse est vahiné ta’oto, la femme licencieuse vahiné tīai. Comme quoi la vahiné n’est pas licencieuse par nature.

vahine nue au bain

Les vahinés sont plus belles à Noël… car c’est l’été dans l’hémisphère austral. En août, c’est l’hiver, il faire froid, seulement 25°. Les filles polynésiennes bénéficient d’un climat tropical à l’ensoleillement maximum, atteignant près de 3 000 heures de soleil par an aux Tuamotu, dit presque le site Tahiti tourisme. De novembre à avril, c’est la saison des pluies. L’air est lourd, très humide, mais on peut rester nu. C’est bien cette nudité « adamique » qui a fait la réputation des Tahitiens – surtout des femmes ! – auprès des navigateurs du 16ème au 19ème siècle. Les marins uniquement entre hommes depuis des mois croient arriver au paradis : eaux turquoise, soleil bienfaisant, fruits juteux accessibles sur les arbres… et ces femmes nues qui vous accueillent en souriant. Et ces éphèbes minces et  nerveux, c’est selon.

vahine nue buvant coco

Le mythe commence à naître et demeure… bien que la réalité d’hier comme d’aujourd’hui soit moins belle : hier obéissance, cadeau du chef aux mâles blancs ; aujourd’hui obésité, ignorance, avidité pécuniaire sont plus courants que le naturel. La vahiné est bel et bien un mythe.

vahine nue soif

Herman Melville, plus coincé avec les filles qu’avec les garçons évoque Tahiti dans Taïpi en 1846 : baignades nues, massages à l’huile de coco par de jeunes vahinés conduisant à l’extase, jeux avec les enfants. Paul Gauguin tombera amoureux de sa petite vahiné en 1924, comme il le conte dans Noa-noa, voyage de Tahiti.

ados des iles

De nos jours, les interrogations les plus fréquentes sur les moteurs de recherche et sur les blogs contiennent le mot « nu ». C’est donc à mes lecteurs que j’offre ce florilège de vahinés entièrement nues, pour la fête de l’assomption de la Vierge, bénie entre toutes les femmes.

Car Dieu a aussi créé la femme – même dans la Bible macho. Et les commentaires catholiques des Évangiles racontent même que Marie, la Mère de Dieu, est montée tout entière au ciel avec son corps de chair, comme un demi-dieu antique, glorifiant ainsi la beauté corporelle, image de la bonté spirituelle. Les Orthodoxes, plus réalistes, se contentent de préserver le corps de Marie de toute putréfaction par la Dormition jusqu’à la fin des temps. Mais toujours le souffle de l’Esprit transfigure la chair et justifie d’aimer. D’abord le plus accessible, dit Platon, le beau corps devant nous, puis, par son intermédiaire, la Beauté en soi, l’Esprit.

De la vahiné nue à la sagesse, le chemin est long mais commence… Avis aux ados !

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Fierté fenua

Le fenua se mobilise pour tenter de battre le record du monde. Actuellement, ce sont les Anglais qui sont inscrits premier dans le livre Guiness des records. C’est aussi le premier festival international d’ukulélé à Tahiti. Des artistes hawaïens sont arrivés sur le territoire. Il s’agit de réunir le plus grand nombre de joueurs d’ukulélé interprétant en même temps le morceau choisi à savoir Bora Bora. Des répétitions sont organisées. Même les novices sont conviés car il faut absolument battre ce record. Pensez donc, c’est un pays européen, la Grande-Bretagne, qui détient actuellement ce record alors que l’ukulélé est un instrument polynésien. Cette petite guitare à cordes pincées, c’est une adaptation du cavaquinho portugais arrivé à Hawaï en 1879 dans les valises des migrants de l’île de Madère venus travailler comme ouvriers agricoles. Il comprend 4 cordes. Mais il en existe avec 6,8,10 et même 12 cordes. Pour les néophytes, 4 cordes suffiront ! Vous avez un ukulélé entre les mains ? Parfait on démarre, il ne reste que peu de temps pour vous préparer ! Ce sera samedi. Déjà les USA veulent eux aussi ce record.

ukulele tahiti

Alors, le fameux samedi venu, c’est fini, on a gagné. Un peu moins de 5000 gratteurs ! Vous avez la position des doigts et la mélodie sur l’image ci-dessous, préparez-vous pour l’an prochain car Los Angeles va certainement battre le record…

chanson bora bora ukulele

Mais, c’est raté, le record reste entre les mains des Polynésiens. Ouf, je peux donc me reposer !

COURONNE DE CROTONS

Les « grands électeurs » vont élire les 2 sénateurs, puisqu’ils avaient perdu leurs sièges. On divise. Pour le parti de Flosse l’équipe gagnante se représente, une autre équipe de 2 pour l’équipe de Fritch, dans l’opposition il y a également de la brouille dans l’air, deux équipes également. On part en ordre dispersé il va falloir changer les règles car tout ce petit monde veut LA place et pas de strapontin. Il faudra sûrement agrandir le Palais du Luxembourg car les Polynésiens sont 260 000. Deux sénateurs ne vont pas suffire pour représenter la population, pour réclamer encore et encore.

Faratea

Du changement bien sûr, après le pharaonique Mahina Beach de Punaauia, voilà que l’on change d’idée pour Faratea (Presqu’île). C’était un grand projet de port international, fini, terminé, ce sera toujours grandiose bien entendu mais ce sera un « hub » de la pêche et des métiers de la mer, bâti sur des fonds privés. On y avait déjà investi 4,5 milliards de XPF, 1 milliards pour la darse et 3,5 milliards pour les hangars, voirie – alors si des investisseurs sont prêts pour le grand saut, ils sont les bienvenus, on pense aussi à l’aquaculture, à la réparation navale, enfin on touche à tout !

Hiata de Tahiti

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Préparation des plats qui accompagnent le grand tamara’a tahitien

Fafaru (dites ou) : Les Tahitiens « testent » les Popa’a en leur présentant un plat polynésien traditionnel « LE » fafarou : Coupez quelques poissons en 3 ou 4 tronçons. Mettez-les dans un récipient. Recouvrez-les d’eau de mer ou, à défaut d’eau salée. Laissez-les macérer au soleil pendant 2 ou trois jours. Éliminez les morceaux de poissons et filtrez le liquide de trempage au chinois. Détaillez plusieurs autres poissons frais en tranches (si possible du thon, rouge de préférence ou blanc), les faire mariner pendant 6h minimum, dans le liquide de trempage filtré ? Dégustez. L’odeur est particulière… bon appétit.

preparation du fafaru tahitien

Fafa : C’est le nom que les Polynésiens donnent aux tiges et feuilles de taro (racine comestible). Le fafa ressemble à l’épinard. Faites bouillir les feuilles de fafa dans l’eau salée et citronnée. Laissez cuire pendant 30 minutes. Égouttez soigneusement dans une passoire, pressez les avec le dos d’une écumoire afin d’en extraire toute l’eau.

Vous pourrez remplacer bien entendu le fafa par des épinards, hachés ou en branches. Si vous utilisez les épinards surgelés de chez Picard, le plus grand légumier de France, faites-les fondre auparavant, dans une casserole sur feu vif, avec un filet de jus de citron pour qu’ils perdent leur eau. Égouttez soigneusement.

Si vous voulez du poulet fafa, des cuisses de poulet, des oignons, de l’ail, une tablette de bouillon instantané, de la muscade, du gingembre, le lait de coco et votre fafa préparé, le tout dans une marmite qui ira dans le four tahitien.

poe potiron tahitien

Po’e potiron : 1,250 kg de potiron, 2dl de lait de coco, 3 c à soupe d’amidon de manioc, 2c à soupe de rhum ambré, 1c à café de vanille en poudre, 20 g de beurre. Épluchez le potiron, enlevez les graines et la partie filandreuse. Coupez la chair en morceaux, ajoutez 2 dl d’eau, faites cuire 20 mn. Égouttez, passez au moulin à légume. Délayez l’amidon de manioc avec le rhum dans un bol. Ajoutez à la purée de potiron avec le sucre et la vanille. Mélangez le tout, évitez les grumeaux. Beurrez un grand plat, étalez la préparation. Dans le four tahitien. Au sortit de celui-ci, coupez le po’e arrosez de lait de coco et laissez se servir vos convives. Une sieste est à prévoir à moins qu’un orchestre kaina ne soit présent.

Le Po’e banane est préparé avec 6 bananes mûres (si vous en trouvez, bonne chance !) 2dl de lait de coco, ½ gousse de vanille, 40 gr de sucre en poudre, 40 g d’arrow-root (ou gélatine végétale en poudre), 10g de beurre, et hop dans le four tahitien !

Le po’e ‘I’ita (papaye), même procédé. Vous avez le choix.

Beignets de ‘ina’a : Les ‘ina’a sont de tout petits poissons de rivière, pour réaliser cette recette en métropole, utilisez des éperlans bien que ceux-ci soient plus gros. Pour 6 personnes 1kg de ‘ina’a ou éperlans, 1 gros oignon, 2 gousses d’ail, 1 bouquet de persil, huile pour friture. Pour la pâte : 1 œuf, 100g de farine, 1,5dl de bière, 1 c à soupe d’huile, sel, poivre.

Lavez soigneusement les poissons. Égouttez-les et épongez-les avec du papier absorbant. Épluchez l’oignon et l’ail. Hachez-les très finement. Lavez le persil. Égouttez-le, coupez les tiges. Ciselez les feuilles. Préparez la pâte : 100g de farine dans un saladier, creusez-le centre. Cassez-y l’œuf. Mélangez en ramenant la farine vers le centre. Ajoutez la bière, du sel et du poivre. Battez vivement pour éviter la formation de grumeaux, jusqu’à ce que le mélange soit homogène ? Incorporez l’huile. Ajoutez les poissons, l’oignon, l’ail et le persil ciselé à la pâte et mélangez soigneusement, de façon à ce que tous les poissons soient enrobés de pâte. Faîtes chauffer l’huile dans une friteuse et plongez-y la préparation précédente cuillerée par cuillerée. Faîtes dorer les beignets pendant 3mn sur chaque face. Égouttez. Servez chaud, avec une salade verte et des crudités.

À vous tous bon appétit.

Hiata de Tahiti

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Trésors de la mer tahitienne

En avril, ne te découvre pas d’un fil. Ici on crève de chaud et la grippe est aux portes. Le Prairial était parti en mission à travers le Pacifique, en débarquant à Clipperton, un paquet bien ficelé les attendait.

prairial cachet postal

Cadeau de bienvenue ? Yes, 1,2 kilo de cocaïne. Rien d’extraordinaire pour cette région. Une mission scientifique de 14 personnes est sur place accompagnée par une section du détachement terre du Rimap. Là-bas ils sont à 6 000 km de Tahiti. Bon séjour et bonnes récoltes… de renseignements scientifiques.

cocaine paquet

Dans le port de Papeete, sont venus plusieurs navires de recherche ces derniers jours : NOOA Ronald H. Brown, bateau américain qui appartient à la National Oceanic and Atmospheric Administration. Il collecterait des données climatologiques et s’intéresserait en particulier à El Nino. Il y avait aussi le Yuan Wang 6, navire chinois reconnaissable entre tous avec ses larges paraboles et qui vient souvent saluer le port de Papeete ! Également Polaris 2, brise-glace battant pavillon panaméen.

l atalante ifremer

L’Atalante, navire scientifique français qui venait de mettre à l’eau une mini-station d’observation dans le cadre du programme Thot et s’apprêtait à effectuer des relevés des fonds marins dans l’optique d’étendre la superficie de la ZEE polynésienne. Il devait intervenir également pour le compte de l’armée, en cartographiant le plancher sous-marin des anciens sites d’expérimentation nucléaire. La mini-station a déjà parlé. Son dispositif « flotteur profileur » remonte à heure fixe en surface et transfère les informations recueillies entre 1 000 et 2 000 m de fond : température, salinité, oxygène, chlorophylle. Tout est mesuré et parle aux scientifiques de l’IRD. L’IFREMER elle s’occupe de la « croûte ». Toujours d’après les scientifiques la Polynésie serait riche en « encroûtements cobaltifères », en « dépôts métalliques » contenant du cobalt, du fer, du manganèse, et autres métaux précieux. À quand la richesse ? Il faudra patienter encore un peu !

Pitcairn carte

Pitcairn, vous connaissez ? C’est à 2 200 km à l’est de Tahiti. Et c’est british ! Les révoltés du Bounty ? Le seul territoire britannique d’outre-mer dans l’océan Pacifique ! Un ensemble de 4 îles, superficie totale 47 km2. La majorité des habitants (ils sont 50) descendent des mutins du Bounty et de leurs femmes tahitiennes. Donc, le gouvernement de Sa très Gracieuse a présenté un projet en vue de créer une grande réserve marine, d’une superficie de 831 334 km2, un peu plus vaste que le Royaume Uni ! 1 250 espèces marines ont été recensées dans cette zone à ce jour. L’environnement marin est exceptionnel d’après les scientifiques, récifs coralliens les plus profonds du monde et les eaux parmi les plus claires de la planète.

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Tourisme pour tous à Tahiti

Envie d’une croisière aux Marquises ? Qui n’a pas rêvé d’une croisière sur l’Aranui pour Madame la marquise ? Retenez encore un peu votre envie et dès janvier 2016, l’Aranui 5 entrera en fonction. Ce nouveau géant des mers que vous pouvez découvrir sur Mer et Marine sera dans les eaux polynésiennes dès novembre. L’Aranui nouveau sera toujours un cargo mixte, et deviendra le fleuron de la CPMT. Mer et Marine vous le dévoile, il est en cours d’achèvement… en Chine… L’Aranui 3, construit en Roumanie, sera vendu. Ce géant tout neuf est long de 126 m, large de 22,4 m, a un tirant d’eau de 5,2 m, comptera 100 membres d’équipage et aura 110 cabines. Il pourra accueillir 266 croisiéristes et 46 passagers pour le transport inter-îles. Il pourra charger du fret pour un maximum de 3 200 tonnes, sera équipé de 2 grues et capable d’embarquer 166 conteneurs de 20 pieds avec 40 prises reefer pour les conteneurs réfrigérés. Pour le gasoil il pourra en livrer jusqu’à 700 m3. Sa propulsion ? 2 moteurs de 4000 kW chacun et 4 diesel-générateurs. Il sera équipé d’un propulseur d’étrave de 400 kW et aura 2 lignes d’arbres. Il est construit conformément à la norme SRTP ‘Safe Return to Port’). Pour les passagers, 61 cabines sur les 110 seront dotées d’un balcon et, pour les passagers locaux, des dortoirs de 4 à 8 personnes sont prévus. Vous embarquez quand ?

aranui 5 photo mer et marine

Une bonne nouvelle pour les atolls de Puka Puka, Fakahine, Fangatau, Tepoto Nord, Napuka, Takume (Tuamotu) qui vont recevoir des fruits et légumes frais grâce à la goélette le Taporo IX. Tous les 15 jours, ce bateau apportera des fruits et légumes directement des Marquises sans passer par la case Papeete : gain de temps, de fraicheur et d’économies. Mais attention, l’armateur n’a pas reçu l’autorisation d’inclure ces atolls « définitivement » dans sa desserte. Ce n’est qu’une dérogation valable 6 mois ! Les Paumotu vont apprécier les papayes, pamplemousses, mangues, bananes, aubergines, citrons de Marquises, un vrai délice. La noix de coco n’a qu’à bien se tenir !

archipel de palau carte

L’archipel de Palau, dans le Pacifique-Sud, a ouvert ses portes au tourisme chinois. Mais attention, la capacité hôtelière est limitée à 1 600 chambres. Pour 1 000 € (120 000 XPF) les Chinois peuvent s’offrir 6 jours aux Palau. Hôtels, restaurants, tour-opérateurs, guides sont TOUS chinois. Dans ces îles paradisiaques, les Chinois sont critiqués pour être peu sensibles à l’écologie, bruyants, irrespectueux.

archipel de palau

Pour publicité un tour opérateur chinois « Yellow skin tour » (sic) affiche un prospectus avec des photos de touristes brandissant fièrement une tortue prélevée sur un récif corallien.

CHINA-US-JAPAN-ENVIRONMENT-TOURISM WH2756

Les autorités de ce petit pays s’inquiètent et tentent de prendre des mesures pour restreindre les nuitées chinoises. Et si tous les Chinois arrivaient en Polynésie dans le mégaprojet de Punaauia, resterait-il une seule goutte dans l’Océan ? Un milliard 600 millions de personnes qui se jettent à l’eau en même temps, ça ferait quoi ?

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Mer amère à Tahiti

En février une tortue verte avait été découverte au large près d’un dispositif de concentration de poissons, la patte et la tête coincées dans du matériel de pêche. Le MRCC et la Diren l’avaient confié au docteur vétérinaire de la place, spécialisé en reptiles. Son foie et ses reins étaient abîmés, elle était maigre, déshydratée. La tortue baptisée Hope (Espérance) a été remise en forme avant de subir une opération. Intubée elle a été nourrie avec un mélange de soupe de légumes, de vitamines et de produits pour la soigner. Elle a été amputée sous anesthésie de la patte avant droite. L’opération a duré 5 heures. Elle se trouve actuellement en convalescence, ses soignants espèrent la relâcher d’ici 2 à 3 mois.

hope la tortue verte de tahiti photo ladepeche

Des nouvelles fraîches : Hope survivra sur trois pattes. Elle passe sa convalescence au centre des tortues du Méridien de Bora Bora. Elle est actuellement entre les mains des biologistes. Elle est en forme, a commencé à se nourrir seule. Pour le moment elle est seule dans son bac, sa cicatrice mettra 45 à 60 jours pour guérir. Elle nage sans aide. Ensuite elle ira dans un hoa vivre en semi-liberté et, si tout se passe bien, elle retrouvera le grand bleu en fin de convalescence.
L’Assemblée nationale a voté la création de l’Agence française de la biodiversité, 5 sièges du conseil d’administration sont réservés aux Ultramarins. Il faudrait faire vite, ici au fenua, car 61 espèces sont en danger critique d’extinction. La Polynésie française, c’est 88 espèces éteintes, 61 espèces en danger critique d’extinction, 87 espèces vulnérables et 21 en danger. Des chiffres encore ? La France compte 13 325 espèces endémiques ; 10% des récifs coralliens mondiaux sont « en France » (4e rang mondial) surtout en Nouvelle-Calédonie et Polynésie. La Nouvelle-Calédonie abrite à elle seule 3 000 plantes dont 2 423 sont endémiques. La Polynésie française compte plus de 550 plantes, 989 mollusques (sur terre et en mer) et 27 oiseaux endémiques. La Polynésie française compte à elle seule 20% des atolls de la planète.

chanos chanos poisson lait

Dans la presqu’île Vairao, l’Ifremer étudie actuellement l’espèce Chanos chanos ou poisson-lait. Lors de mon séjour à Kauehi, j’avais déjà brièvement évoqué le chano, connu localement sous le nom de pati ou ava. Les scientifiques ont sélectionné 500 individus afin de poursuivre un élevage pilote. Ce petit poisson est intéressant pour les pêcheurs et les gourmets. Ce poisson herbivore est présent dans les eaux des Tuamotu et offre un ratio intéressant entre ses faibles besoins alimentaires et sa croissance. Les pêcheurs devraient également tendre l’oreille car le Chanos chanos pourrait remplacer la sardine achetée à grands frais (+ 2000 XPF le carton de 10 kg) pour servir d’appâts. Pour déguster le chano, nous attendrons encore un peu, priorité aux pêcheurs.

jeune marin torse nu

Un jeune marin-pêcheur avait disparu du Vini Vini 9. L’équipage le pensait tombé à la mer, avait averti le MRCC qui avait organisé une importante et coûteuse opération de recherche en engageant le Gardian de la flottille 25F de la Marine Nationale et l’hélicoptère inter-administrations Dauphin, ainsi que trois navires de pêche dont celui du disparu. Après près de 24 heures « d’absence » le disparu est réapparu – alors que les recherches venaient d’être arrêtées. Il s’est réveillé après un repos de presque 24 heures et est venu sur le pont, effarant tous ses collègues. Fatigué, c’était sa première campagne de pêche, il s’était trouvé un petit coin à l’avant du bateau pour dormir sans prévenir quiconque, enroulé dans une couverture, l’équipage le cherchait dans la partie vie du bateau à l’arrière. Tout est bien qui finit bien, mais combien de moni envolé encore une fois ?

Hiata de Tahiti

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Maoris entre bonne et mauvaises nouvelles

On célébrait il y a peu le 218ème anniversaire de l’arrivée de la Bonne nouvelle (Évangile) en Polynésie. Cela fait un jour férié de plus ! L’arrivée des missionnaires anglais à la Pointe Vénus à Mahina (nord de Tahiti) marque le début de l’évangélisation de la population, autrefois tournée vers d’autres cultes païens.

pointe venus mahina photo tahiti heritage

Dépôt de gerbes sur la tombe du pasteur Henry Nott, du roi Pomare II. Chacun des arrondissements de l’Église protestante ma’ohi avait organisé une journée de prière et de fête.

pasteur Henry Nott timbre

Comme le précise M. le Procureur de la République, les combats de coqs sont tolérés par la loi, en Polynésie comme dans le nord de la France où ils sont organisés dans des gallodromes. En Polynésie, cela existe depuis de nombreuses années, à Papara, à Punaauia, mais aussi dans les îles comme Moorea, Huahine, Raiatea, Bora Bora, Arutua, Rurutu et Tubuai. Un combat de coqs peut drainer jusqu’à un million de XPF, ils démarrent généralement à partir de 100 000 XPF à Papara, de 20 000 XPF à Hitia’a. Certains éleveurs de coqs de combat sont des passionnés qui dépensent des fortunes pour se constituer un cheptel, préparer les coqs à se battre, les entraîner. Tout autour de ce petit monde gravite des parieurs, mais aussi de l’alcool, du paka (drogue, cannabis), le kikiri (jeu de dés clandestin), et tout cela gêne le coqueleur.

combat de coqs tahiti

Sordide faits divers à Mahina où l’homme après avoir très grièvement blessé sa compagne au couteau a mis le feu à leur fare puis s’est suicidé… Un nouveau drame familial toujours à Mahina, un autre homme complètement ivre s’est disputé avec sa compagne, l’a aspergée de pétrole puis a mis le feu transformant cette dernière en torche humaine.

gamin muscle tahiti

Une histoire de ma’ohitude :

  • le lieu : une bringue sur les hauteurs de la Mission, Papeete.
  • dialogue entre un gamin et sa mère :

Sa, le petit Pa’umotu nerveux : – Maman, c’est quoi la zoophilie ?
Maman agacée : – Iiiiaaa, Mon Dieu ! Je t’ai dit de pas rester seulement avec tonton Charles, sauf si y’a un autre adulte avec toi !
Petit Pa’umotu nerveux : – A pai (en fait) ! On avait ho’i (aussi) papa avec moi !
Maman agacée : – Iiiiiiaaaaa ! Pas bon ça ! On va repartir ho’i (aussi) dans les îles !

Hiata de Tahiti

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Petite fable tahitienne

Le chemin, le carrosse et la guêpe

land rover tahiti
Dans ce chemin montant, caillouteux, malaisé,
Et de tout côté exposé aux critiques,
Cinq cent cinquante chevaux vapeur tiraient un coche.
Femme, chiens, vieillard, tous étaient descendus.
L’attelage cahotait, peinait,
Une guêpe survint et du 4×4 s’approche,
Prétend l’animer par ses susurrements,
Pique, pique, à tout moment clame et déclame
Qu’elle fait presque chavirer la voiture,
S’empare du volant sous le nez du cocher.
Aussitôt le char avance
Et elle voit les roues souffrir mais vaincre
Elle s’en attribue aussitôt la gloire,
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Une impératrice courant en tout endroit
Faire avancer ses obligés et hâter la progression.
La guêpe en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule et qu’elle doit tout faire,
Qu’aucun n’aide sa Majesté.
Les voisins pourtant utilisent son chemin
La folle rejette des cailloux ayant roulé sur ses terres.
Dame guêpe s’en va de ce pas hurler aux oreilles
Ses insultes toujours prêtes.
La guêpe avait en son temps dénoncé en mairie
Les cailloux trop pointus qui grignotent les pneus.
Je ne puis tolérer
D’être spoliée de la gloire qui m’est due,
J’annexe, commande, exige dit la guêpe.
Ce chemin est mien et demeurera mien.

Ainsi certaines guêpes, toujours empressées,
S’introduisent dans toutes les affaires,
Elles jouent partout les nécessaires
Et, toujours importunes, souhaiteraient être encensées.

jean de la fontaine

J’espère que Monsieur Jean de la Fontaine voudra bien excuser le mauvais plagiat de sa fable « Le coche et la mouche ». Mais c’est tellement adapté à la vie de Tahiti…

Portez-vous bien les amis, nana !

Hiata de Tahiti.

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Cuisine Tahiti

C’est surtout sur les atolls que l’on utilise la noix de coco pour fabriquer de délicieux pains paumotu. Pas de boulangerie ici. La noix de coco est la matière première de l’alimentation des Paumotu. Ici sur l’atoll, on utilise le fruit ancestral pour élaborer des plats traditionnels. Dans la noix de coco, tout s’utilise : l’eau de coco, le lait de coco, l’amande râpée et même le germe. Les noix de coco à maturation procurent un germe comestible appelé nounou. Tombée à terre la noix de coco germe et l’eau de coco se transforme en boule de chair comme de la mousse blanchâtre qui se développe dans la noix. Une sorte de barbe à papa paumotu ! On tranche la noix, on extrait la boule de germe et on la consomme crue, elle a un goût sucré.

coco cocotier

L’eau de coco et le nounou sont utilisés pour la confection de pains sucrés typiques de l’archipel. L’avaro, pain à base de lait de coco sucré cuit au four tahitien. Au fait, ceux qui avaient construit un four tahitien, il est temps de vérifier si tout est en ordre car bientôt le temps des barbecues en France avec l’arrivée des beaux jours !

L’ipo est un pain cuit à base de farine dans l’eau. Le tuuipa’a est un ipo mélangé avec du nounou pakari râpé et légèrement sucré tandis que le itiiti est du ipo cuit dans de l’eau de coco et arrosé de lait de coco (vous suivez ?…). Les faraoa nounou sont des galettes de pain cuites sur les pierres. Enfin, le karapu nounou se compose de boulettes de pain coco cuites dans la casserole avec de l’eau de coco et du sucre.

Vous verrez bien sûr que ce sont des recettes nourrissantes et caloriques si venez passer vos vacances sur un atoll des Tuamotu. Vous aurez alors tout loisir d’apprendre ces recettes des Paumotu car à ce jour aucune publication n’est parue quant à la pâtisserie paumotu. Avis à la population.

noix de coco bronzees

Uru et Taro à l’honneur. Avant l’arrivée des Blancs, le taro, l’uru (dire ourou) et la banane étaient les principaux aliments des populations des îles de la Polynésie. Le taro ou Colocasia esculenta, appelé encore madère, chou-Chine ou dachine, demeure un aliment consommé et apprécié des Polynésiens. Il est aujourd’hui cultivé dans des terrains marécageux. On établit une plantation avec de jeunes pousses provenant de vieux pieds que l’on pique dans des trous de 20 cm de profondeur dans la vase, espacés de 80 cm. La récolte a lieu au bout de 8 à 14 mois. Les Australes fournissent le meilleur taro de Polynésie. On consomme le rhizome bien sûr mais aussi les jeunes feuilles (pota) et les jeunes tiges (fafa), les épinards polynésiens.

bananes taro tahiti

Mais le fruit de l’arbre à pain est plus favorisé par les Tahitiens. L’arbre à pain pourrait bien être le produit de demain. Importé d’Indonésie par les navigateurs polynésiens l’Artocarpus altilis possède des propriétés médicinales et nutritives. Le latex de l’arbre est utilisé par traiter des fractures, des foulures ou des douleurs articulaires. Ce fruit est riche en vitamine C et sa farine ne comporte pas de gluten. Il demeure toutefois difficile de faire admettre aux plus jeunes les qualités du taro et du uru tant ils préfèrent aller acheter, fort cher du reste, un big machin plein de graisse et de sauce mais vanté à la télé, dans les journaux, par les potes.

Hiata de Tahiti

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150 ans d’immigration chinoise à Tahiti

Il y a 150 ans que le premier Chinois a foulé le sol de Tahiti : un anniversaire. Le 25 mars, les Polynésiens d’origine chinoise se sont donné rendez-vous à Atimaono à Papara, là où tout a commencé. Le 8 décembre 1865, 342 coolies chinois descendent du Spray of the Ocean, et le 6 janvier 1866 c’est au tour de 339 coolies de débarquer de l’Albertine.

spray of the ocean 1854

La date d’arrivée de ces premiers immigrants peut différer selon les sources, certains avancent le 28 février, d’autres le 25 mars 1865, mais ce dont on est sûr c’est que c’est à Hong Kong que leur périple a commencé sur le trois-mâts prussien Ferdinand Brumm.

ferdinand brumm trois mats prussien 1865

La plupart étaient des paysans chassés par la famine, ces hommes ont quitté la région de Canton (Guangdong). Les Punti étaient les premiers occupants et les Hakka venus de Mandchourie n’étaient pas les bienvenus. La Chine d’alors a un régime impérial en pleine décadence, une guerre de l’opium savamment orchestrée par les puissances occidentales, enfin une démographie explosive. Ces coolies appartiennent aux groupes ethniques Hakka (famille d’accueil) et Punti (terre d’origine), beaucoup embarquent pour Tahiti sans femmes ni enfants.

residence de william stuart tahiti

A Tahiti, la société Tahiti Cotton and Coffee Plantation Cy Ltd de William Stewart a besoin de bras pour cultiver les 1 000 hectares de coton, les 150 hectares de caféiers et les 50 de canne à sucre à Atimaono. Les autorités voulaient faire venir des travailleurs indiens, ce seront des Chinois ! En 1865 et 1866, deux autres bateaux accostent à Tahiti, en tout ils seront 1 000 Chinois enregistrés par les autorités. A Atimaono, les coolies travailleront sans relâche 12 à 15 heures par jour. Des morts parmi cette population jeune : en 1865 24 décès sur 337 Chinois, en 1866, 67 sur 949 (Gérald Coppenrath, Les Chinois de Tahiti).

coolies chinois tahiti 1865

Des rixes éclatent aussi entre Chinois, on en déporte à Anaa (Tuamotu) et aux Marquises. Une rixe fait un mort à Tahiti, quatre hommes sont arrêtés et condamnés à la peine capitale. L’un d’entre eux se dénonce, les trois autres sont graciés. De ce Chinois on connait seulement son nom, Chim Soo Kung, et son matricule, 471. L’île ne possède pas de guillotine, on en construit une, sommaire, dans la plantation et on l’essaie sur des bananiers et des chiens… Une partie des Chinois de Tahiti considère Chim Soo Kung comme un martyr, et certains se recueillent toujours devant son mausolée au cimetière chinois d’Arue.

coolie chinois tahiti Chim Soo Kung avant son execution

La première vague de Chinois devait retourner en Chine aux frais de l’employeur. La plantation d’Atimaono fait faillite en 1873, ils sont rapatriés d’office mais 320 d’entre eux restent dans la clandestinité. Une nouvelle vague d’immigration de plus de 2 000 personnes, dont des femmes, débarquent entre 1904 et 1914, ces immigrants ont été refoulés d’Australie ou des États-Unis. Ils seront dockers le temps d’amasser un pécule pour ouvrir un restaurant, un commerce. Ils prospèrent, font venir femmes et enfants, ils fondent les familles de commerçants que l’on trouve toujours à Tahiti.

Puis entre 1918 et 1928 ce sont des Punti qui arrivent avec des objectifs commerciaux préétablis avec les grandes maisons de commerce de Canton. La notion de retour en Chine demeurera très présente dans cette communauté jusqu’en 1949, quand la Chine bascule dans le communisme de Mao Tse Toung. Dans les années 1950 débute alors un processus de naturalisation et d’intégration. En 1973, la loi du 9 janvier accorde la nationalité française aux Chinois de Tahiti avec francisation du nom… souvent de manière fantaisiste, dans une même fratrie, les frères n’ont pas le même patronyme !

Hiata de Tahiti

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Aire marine protégée à l’étude

Le gouvernement a invité la fondation Pew à faire un état des lieux scientifique suite au souhait des maires des Australes de rendre leur archipel une grande aire marine protégée. L’organisation non-gouvernementale Pew a donc financé cette étude confiée au Criobe de Moorea.

Un récent état des lieux des Iles Australes par les scientifiques afin d’étayer le dossier de création d’une Aire Marine Protégée indique un taux d’endémisme important. Cette expédition aura permis d’observer 34 espèces jamais vues aux Australes et il aurait été découvert une nouvelle espèce de « demoiselle » (poisson) à 61m de profondeur. La biodiversité côtière est importante.

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Isolées, aux Iles Australes, on trouve 5 à 10% des poissons et mollusques endémiques. Un atout pour le tourisme vert : 14 espèces de requins et les pêcheurs locaux en connaissent 6 de plus ; 5 espèces de raies les locaux en ajoutent une sixième ; la tortue verte est présente partout, la tortue imbriquée et la tortue caouanne ont été observées par les locaux ; 23 espèces d’oiseaux marins (sur les 28 en Polynésie) habitent les Australes ; 10 espèces de mammifères marins (sur 21 en Polynésie) sont présentes aux Australes.

tortue imbriquee

A Rapa, les coraux sont très diversifiés avec 112 espèces, à Tubuai avec 77 espèces sur 170 espèces dans les Iles de la Société. Pour les mollusques, on a répertorié 455 espèces aux Australes sur un total de 2 400 connues en Polynésie et un quart d’entre elles ne se rencontrent que dans l’archipel. A Rapa, l’endémisme est important environ 10% d’espèces n’existent nulle part ailleurs dans le monde. Pour les crustacés, on trouve 200 espèces sur la zone littorale et en profondeur. Pour les poissons, c’est un peu moins que dans certaines îles polynésiennes, en raison de la température des eaux. On dénombre 471 espèces de poissons dans la partie septentrionale de l’archipel et 383 dans la partie méridionale de Rapa et Marotiri. Pour les algues, la flore côtière est relativement abondante avec 152 espèces répertoriées soit la moitié des espèces connues de Polynésie française.

ANAA

Aucune des Iles des Australes ne ressemble à aucune autre. Les îles Australes sont les témoins de montagnes sous-marines s’élevant du plancher océanique, situé à environ 4 500 m de profondeur et dont émergent les sommets. Cette chaîne volcanique sous-marine s’étire sur plus de 1 300 km entre Maria et Marotiri. Plus de 40 monts sous-marins ont été identifiés dans le secteur des Australes. Marotiri est un îlot volcanique, Tubuai et Raivavae ont deux grands lagons, Rapa a un platier sans lagon, Rimatara et Rurutu ont des formations calcaires surélevées. L’archipel a été créé par deux points chauds : 1/ Mc Donald a donné naissance à Mangaia dans les îles Cook puis à Maria, Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae, Rapa et Marotini ; 2/ Arago, plus récent, a créé Mauke, Aituki et Atiu dans les iles Cook. En passant près d’autres îles, comme Rimatara, il les a surélevées ou leur a légué un nouveau volcan (Rurutu). Ce ne sont que les premiers résultats de la mission Pew.

points chauds du pacifique

Le Criobe de Moorea était également en mission à Scilly et Mopelia. Rappel : Mopelia, appelé également Maupihaa est un atoll situé au S-W de Maupiti, 4 km de terres basses entourent un lagon fertile en nacres. Scilly appelé aussi Manuae est un atoll de 4 km2 couvert de cocotiers, habité par des tortues et des parcs à huîtres. Il s’agissait de faire un comptage visant à compléter l’inventaire des poissons de Polynésie française et d’en connaître la biodiversité. 429 espèces ont été identifiées sur les 2 atolls. Les scientifiques ont clairement identifié 413 espèces de poissons dans les lagons et récifs de cet atoll ouvert sans passe.

L’atoll de Scilly est un atoll fermé, sans passe, qui a basculé sur son axe NE/SW. Il avait été aussi commandé aux scientifiques une étude sur les stocks de nacres (Scilly est un atoll source) pour le cheptel sauvage non soumis à des introductions pour la nacre Pinctada margaritifera. Près de 300 nacres ont été prélevées à Scilly et Mopelia et ont ainsi été transférées de ces atolls vers les écloseries du pays. L’équipe s’est ensuite rendue sur l’atoll ouvert de Mopelia pour poursuivre un inventaire qui se chiffre à 464 espèces de poissons répertoriées. Des publications de ces travaux sont à venir.

Hiata de Tahiti

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Ragots des îles

ANAA

Gaston ne décolère pas depuis qu’il a été déchu de tous ses mandats alors il travaille pour « son » parti le Tahoera’a. On dirait qu’il veut faire SA loi. Il veut réformer le statut d’autonomie de la Polynésie française. Ainsi, ce statut sur mesure aiderait grandement à la dissolution de l’Assemblée (son remplaçant, ex-gendre viré !). Il permettrait de faire élire un président (lui) qui n’est plus représentant à l’Assemblée où, à sa tête, son nouveau fils spirituel s’occupe de TOUT. Ce qui fait écrire au journaliste de La Dépêche : « le statut version Flosse plus fort que le droit ». A 84 ans bientôt, Gaston ne décroche pas ! Il est déçu de tout le monde sauf de lui-même. Et puis, encore quelques désagréments prochains car la loi foncière Mahana Beach vient d’être retoquée par le Conseil d’État (rien que ça). Ce gigantesque projet Mahana Beach à Punaauia dont j’ai parlé il y a quelques temps était le bébé de Gaston qu’il voulait lancer à tout prix. Les Hawaiiens, Le Group 70 qui avait remporté le concours d’architecture, annoncent pouvoir financer ce projet (estimé à 251 726 507 453 XPF) en levant 300 milliards de XPF. Il y aurait 3 128 chambres, une tour en forme de voile de pirogue double de 106 m de hauteur, etc. Les investisseurs seraient anglo-saxons, chinois, mexicains et polynésiens. Atchoum !

Les élus sont en voie d’obtenir le report de près de 10 ans de l’application du Code général des collectivités territoriales. Une aubaine ! mais pendant ce temps, par exemple à Tiarei, côte Est de Tahiti, les travaux se font au compte-goutte. Les habitants racontent qu’en 20 ans l’eau du robinet a été de toutes les couleurs, on voit des petits trucs en suspension dans l’eau quand on se sert un verre d’eau, des petits vers, une fois même il y a eu une chevrette ! Bon, c’est une crevette pour les continentaux, mais quand même. Le parti de Gaston réclame à l’État (encore et toujours) de financer beaucoup plus le fonds intercommunal de péréquation. Allez la métropole paie et paie et repaie !

ANAA

Tiarei, ceux qui connaissent Tahiti y sont certainement passés, le site touristique « Les trois cascades », ça vous dit quelque chose ? Eh bien, c’est fermé depuis mars dernier. Sécurité, sécurité. Touristes passer votre chemin ! Certes la pancarte est toujours au bord de la route de ceinture mais on ne passe plus. Les trois cascades, elles, coulent toujours, et s’appellent toujours Vaimahuta, Haamaremare iti ou Haamaremarerahi. Mais il faudrait sécuriser les lieux car on a encore besoin de pépètes là aussi – pas grand-chose 50 millions pour les travaux et 200 millions pour l’expropriation, rien du tout, environ 210 000 €. Allo, la métropole, envoyez la monnaie, et vite !

Habla español ou do you speak english ? Oscar Temaru a envisagé de faire venir au fenua des « médecins » cubains (pas chers car pas formés autant que les vrais médecins). Depuis plus de cinq ans, les gouvernements d’Etats océaniens tels Tuvalu, Kiribati, Salomon, Nauru, Fidji, Vanuatu (prenez une loupe pour chercher sur l’Atlas) entretiennent des relations de coopération avec La Havane. Les médecins océaniens sont formés en langue espagnole à Cuba. A leur retour au pays, médecins diplômés, les autorités s’inquiètent de la capacité de ces médecins nouvellement formés à pratiquer dans la langue anglaise. Des réserves de certains pays océaniens quant aux obstacles linguistiques de leur coopération avec Cuba en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé… À suivre.

ANAA

Certains membres du CESC se posent des questions quant à Faratea, rêve de port à la presqu’ile. Il serait paraît-il plutôt adapté pour un hub portuaire destiné au transbordement du poisson, car ce port manque de profondeur ! Qui avait eu cette géniale idée de construite Faratea ? Hein ? Par contre un port à Vairao aurait un véritable potentiel car il a déjà accueilli des navires à grand tirant d’eau, et pas n’importe quel rafiots, pensez-donc, le porte-avion Clémenceau ou le paquebot Le France. Mais les élus locaux sont soucieux de la préservation de l’environnement, croit-on.

J’attends devant la mairie mon taxi. Une Polynésienne s’approche de moi. « T’es qui toi ? Une popa’a qui habite PK x. – Moi aussi j’habite là, je te connais pas. – Depuis quand ? Ah ! t’habiterais pas là-haut, chez M ? – Parfaitement. – C’est elle ton taxi ? – Oui. – Dis à M que je suis la sœur de X, elle me connait bien, j’vais à la même église. Allez, nana ! – Nana.»

Pour les prochains ragots, vous voudrez bien patienter jusqu’en fin avril.
Portez-vous bien.

Hiata de Tahiti

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Drôles de drames à Tahiti

Barthélémy Arakino, originaire des Tuamotu, a quitté la scène à l’âge de 58 ans. La dernière voix Kaina s’est éteinte. Hospitalisé en novembre dernier suite à une insuffisance respiratoire provoquée par une affection due au virus du chikungunya. Il demeurait le dernier représentant de la chanson Paumotu, après Emma Terangi. C’était un grand artiste qui a eu un parcours local mais aussi national. Il avait réussi à s’imposer au concours 9 semaines et 1 jour avec une chanson que tout le monde pensait ringarde : Café de l’amour. Il s’était produit aux Francofolies de la Rochelle en 2005 devant 20 000 personnes.

barthelemy arakino

Radio cocotier : « Tu savais que la fille de X était en France ? – Aita (non). – Si, si, elle est en France et elle donne des leçons de piano à la Sorbonne. – A la Sorbonne ? Elle a un diplôme de piano d’ici. Elle était pas partie avec son tane (époux) en Suisse ? – Aita, aita, c’est à la Sorbonne. – Ah ! bon »

salade

T’as-pas d’salades ? J’ai envie de manger de la salade ! J’te dis que j’ai pas d’salade. Discussion stérile car en saison des pluies, y a pas de salade ou si peu… Tous les ans c’est la même constatation. En allant au marché vers 4 heures du matin, on a une toute petite chance sinon il faut se passer de salade. Les maraichers peinent à produire. Les prix prennent la grosse tête et la salade (pas très belle malgré tout) s’arrache à 800F le kilo (6,70 €) au lieu de 400F (3,35 €) habituellement.

chou chinois

Cette pénurie concerne surtout les salades et dans une moindre mesure les tomates, les navets, les pota (choux chinois ou blettes). Cette saison des pluies abondantes impacte les cultures, principalement à la presqu’île de Tahiti, la principale zone agricole. Tous les ans le problème se repose. Les Autorités ont autorisé l’importation de 30 tonnes de salades sur pied car la consommation locale mensuelle atteint les 80 tonnes ! Pas d’autosuffisance alimentaire aujourd’hui, ni pour demain.

requins

La législation est formelle. Les mammifères marins et les requins sont des espèces protégées arrêté n°396/CM du 28/04/2006. Trois pêcheurs de Bora Bora ont massacré 5 (cinq) requins-citron et prétexté qu’ils ne connaissaient pas la réglementation ! Pour traduire ces contrevenants devant la Justice, il faut une plainte, mais actuellement aucune plainte n’a été déposée. Les trois pêcheurs auraient expliqué que les requins étaient dans une zone où il y a avait des enfants…

Hiata de Tahiti

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Il est de bon thon d’invoquer la mer tahitienne

Une étude pour la santé des populations d’Océanie révèle les bienfaits du thon. C’est ici, en Océanie, que les populations affichent les taux de prévalence de l’obésité et du diabète les plus élevés du monde ! Les tubercules, le poisson et les coquillages, aliments traditionnels ont été remplacés peu à peu par des denrées importées, bon marché, à forte teneur calorique et faible qualité nutritionnelle.

Ici en Polynésie française, à Tahiti, existe un individu assez corpulent qui passe la débroussailleuse ASSIS. Ce n’est pas commun. Il fait transporter SA chaise (une bien solide) par ses collègues, il a une certaine façon de profiter d’eux, de tenter de les commander, de sans cesse se plaindre. C’est que le manche de l’outil ne lui suffisait plus alors, par dépit sans doute, il « petit-travaille » trônant sur sa chaise. J’ai raté la photo, dommage.

obese

Dans le cadre de la lutte que mène le Pacifique contre l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et le diabète, une nouvelle étude révèle qu’une quantité suffisante de thonidés d’un prix abordable réservée à une consommation locale permettrait d’améliorer considérablement l’état de santé de la population.

obesite polynesie 5 a 14 ans

Il serait nécessaire d’améliorer davantage l’évaluation des stocks des quatre espèces de thonidés de la région : bonite, thon jaune, thon obèse et germon. La CPS (Communauté du Pacifique Sud) réfléchit désormais aux investissements à engager pour accroître de manière conséquente le nombre de DCP (Dispositifs Côtiers de concentration de Poisson) et d’établir les petites entreprises et infrastructures requises pour la distribution des thonidés de deuxième catégorie et des prises accessoires que les senneurs transbordent dans les ports régionaux. D’ici 2020, les habitants des 22 États et territoires insulaires océaniens auront besoin de 268 000 tonnes de poisson par an pour garantir leur sécurité alimentaire car on estime à moins de 1% les prises moyennes de thonidés utilisées actuellement pour répondre à la consommation locale.

thon jaune

Aux Tuamotu, les mollusques de la branche lamellibranches ou bivalves sont très nombreux dans le milieu marin corallien. Les huîtres et les bénitiers sont les plus variés. Le bénitier est composé de 2 valves articulées au moyen d’une charnière. Sa coquille ? – 80% de son poids, les parties consommées ? – 12% de l’animal ! Du pahua (bénitier) on consomme la chair, cuite assortie d’un jus de citron, ou crue arrosée de lait de coco, mais aussi en beignets, en soupe… Seuls le muscle adducteur, le manteau et les gonades se dégustent. L’huître perlière est exploitée et vidée de sa substance, le korori (pied) est détaché du manteau, nettoyé, dégusté cru avec du citron, en tartare ou tel quel, ou encore cuit. La couleur noirâtre du manteau rendue à la chaleur est peu appréciée. Les coquilles de bénitiers servent d’ornement : transformés en cendrier, porte-savon, bénitiers d’églises… La coquille de l’huître sert à fabriquer des boutons, ceintures, parures, colliers ; on la grave, sculpte, façonne. La nacre est utilisée en poudre dans la pharmacopée chinoise. Tout est bon dans le mollusque !

benitier pahua tahiti

La forte houle de janvier a sévi sur les atolls et causé des dégâts peu importants mais il est à craindre que les oiseaux marins qui nichent sur les motu soient encerclés avec leurs poussins. Ces oiseaux nichent à même le sol à cette époque comme le tavake (Phaéton à brin rouge) et il est à craindre que les femelles et oisillons n’aient eu aucune chance de survie. De nombreux cocotiers, des Miki miki (Pemphis acidula), des Geo geo (Tournefortia argentea) ont été emportés. Les embarcations suspendues aux portiques ont été relevées au maximum car l’eau ne cessait de monter. Les habitants demeurent vigilants, les oiseaux restent menacés.

Les hoa sont malmenés par la tempête. Un hoa est un bras de mer qui sépare les motu des atolls. Ils ont été la proie de la houle transportant des tonnes de sable. Ce sont habituellement des lieux privilégiés qui abritent une faune et une flore sous-marine uniques. Ils ont été détruits et mettront des années à se reconstituer. Ce sont des abris naturels pour nombre d’espèces qui les utilisent comme lieu de ponte, les holothuries y sont à l’aise, les étoiles de mer, les oursins se réfugient dans les failles, les coraux. Les porcelaines, les échinodermes choisissent les hoa pour se reproduire en toute sérénité… Bref, la nature est dure.

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Morts de maladies polynésiennes

J’espère que tout va bien pour vous et les vôtres. Ici c’est la saison des pluies chaleur 31°, pluie, inondations, glissements de terrain. Voici quelques nouvelles du fenua en ce début de l’année 2015.

Cet après-midi, on a enterré un jeune surfeur de 14 ans, mort de la leptospirose. Pendant la saison des pluies, les risques sont accrus – après la dengue, le zika et le chikungunya. Les microbes de l’urine des animaux d’élevage et des rats sont charriés par les pluies et se transmettent à l’homme par l’eau sale, la boue, l’eau des rivières à l’embouchure. Chaque année 100 à 150 cas sont déclarés. La bactérie, le leptospire, trouve son chemin à travers la peau, mais pas une peau saine : il profite de la plus petite blessure. En principe ce sont principalement les personnes qui travaillent dans les fa’apu, mais aussi les chasseurs, les randonneurs, les surfeurs même qui peuvent être contaminés.

surf tahiti 14 ans

Actuellement, on peut confondre chikungunya et leptospirose : ils ont des maux communs comme fièvre, mal de tête, douleurs généralisées. L’épidémie de chikungunya a déjà fait 15 morts. Les rhumatologues voient le chiffre de leurs patients augmenter d’environ 20%. Les arthrites chroniques ou polyarthrites rhumatoïdes apparaissent plusieurs mois après la maladie. Deux mois après, les patients souffrent des pieds, des chevilles, des mains, des poignets, avec des gonflements et un épaississement des mains qui montrent un début d’arthrite.

A la marina Taina, on table sur la fin de l’épidémie de chikungunya en avril ou mai 2015 car les richissimes clients ne se sont pas bousculés en 2014. La haute saison des yachts charters est terminée. Le méga yacht Noble House qui se loue seulement 250 000 $ la semaine n’a été utilisé que 4 semaines depuis le mois d’août, aux Tuamotu et à Bora Bora pour sa première saison à Tahiti. Et ce malheureux catamaran de luxe Douce France, au prix plus qu’abordable de 150 000 $, personne ne l’a encore loué ici.

b129a

L’Institut Louis Malardé a créé un site internet dynamique et collaboratif qui recense les cas de ciguaterra dans toute la Polynésie. Ce site est un référant mondial. La ciguaterra est une intoxication alimentaire qui fait suite à la consommation de poissons ou d’invertébrés marins (oursins, bénitiers, trocas). Les bestioles ont un état de fraicheur parfait, mais sont rendus toxiques par une toxine. Chez les poissons, la toxine est issue d’une micro-algue : le dinoflagellé Gambierdiscus, chez les invertébrés d’une cyanobactérie. Les chercheurs disent que l’apparition de cette toxine dans une zone est due à l’agression de corail (cyclone, houle violente, ou pollution, travaux, échouage.) Si vous êtes intéressés, www.ciguatera.pf ou www.ciguatera-online.com

L’État (merci aux contribuables français) versera 1,4 milliard de XPF pendant 3 ans pour le RST (Régime de solidarité territorial). Un meilleur dialogue s’est instauré avec l’État depuis que Flosse a été écarté du pouvoir en perdant tous ses mandats, mais le pays souhaiterait que l’État verse 2,8 milliards et…. à vie ! En Polynésie, encore française, peu de cotisants et beaucoup de bénéficiaires. Mais l’État demande dorénavant une contrepartie pour savoir où ira cet argent. Aïe ! C’est pas du jeu, ça !

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A la pêche des âmes et des thons en Polynésie

Le symbole de la commune de Faa’a a chu ! Le flamboyant de la pointe Hotuarea s’est retrouvé à terre sous l’action de fortes rafales de vent. Les morceaux du tronc non mités serviraient à faire des meubles ! Cette pointe est classée depuis 1952 comme site protégé. C’était autrefois le point de départ du sentier qui traversait le district de Faa’a en allant jusqu’à la pointe Tataa à l’Ouest. La légende raconte qu’une femme avec un flambeau, Te vahine ramarama se rendait souvent à la pointe Hotu-area. Elle habitait le mont Ta-aretu d’où elle guettait le passage des âmes en direction de la pointe Tataa, point d’envol des âmes de l’île de Tahiti. Lorsqu’elle allait à la pêche, elle prenait le nom de Te vahine tui a rama (la femme allumant son flambeau) avant de descendre par le sentier jusqu’à Hotuarea d’où elle rejoignait la source Te one roa. De là, elle se rendait sur un banc de sable blanc Toa poto. Ensuite, elle pêchait le long des récifs coralliens, Toa roa et Te aay roa jusqu’à une petite passe appelée Veo dans la barrière récifale à l’extrémité ouest de Faa’a. Sous les apparences de Te vahine ramarama, cette dame pêchait les âmes des défunts (d’après Tahiti Héritage).

vahine en string

Le citron-caviar, vous connaissez ? Dans l’Est de l’Australie, il y prospère ; ce citron caviar poussait dans la nature mais il disparut avec l’arrivée des colons qui ont défriché les terres où il prospérait pour installer leurs cultures et leur bétail. Mais l’agrume a résisté et depuis une vingtaine d’années, connaît une nouvelle vie ! Il a une forme allongée de 6 à 12 cm qui lui vaut le nom de finger lime (Microcitrus australasica) que les Français appellent citron-caviar à cause des petites billes qui le composent et explosent en bouche, à la manière des œufs d’esturgeon. Il y aurait 65 variétés de citron caviar dans la nature mais la plupart ne sont pas bonnes à être consommées. Environ 12 variétés sont commercialisées. La production est estimée à environ 20 tonnes par an Ce fruit se récolte à la main de décembre à août. C’est un produit exclusif, il faut débourser 100€ le kilo en Europe, en Australie 55 $ AUS le kilo. Vu l’engouement, certains tentent de le faire pousser en Californie, en Espagne, mais la qualité n’est pas comparable à celle d’Australie. Les meilleurs fruits viennent des régions subtropicales.

citron caviar

A vos cannes, les ature sont de retour (poisson de la famille des Carangidae). Pour les passionnés de pêche, le poisson n’est revenu que depuis quelques semaines seulement. Femmes, hommes, enfants, occupent dès potron-minet les lieux. Le ature se consomme cru, c’est excellent ! Après les ina’a (béchiques de la Réunion), voici la saison des ature, ensuite viendra celle des moi (poisson-chat de mer), puis suivra le temps des pa’aihere (carangues). Un vrai plaisir d’aller taquiner ces bestioles et si vous ne le voulez pas, vous pouvez acheter au bord de la route un sachet de ature pour 1 000 XPF. Certains pêchent par passion, d’autres pour se nourrir et d’autres pour commercer et arrondir les fins de mois !

ature

Je vous ai déjà parlé de Mehetia, cette île inhabitée située à 110 km à l’Est de Tahiti. Pour les habitués, Mehetia est une véritable réserve à thons. Il faut pour les bateaux les plus rapides, 2heures 30, voire 3 heures pour rallier Mehetia depuis Tahiti. Il y avait en cette fin janvier beaucoup de pêcheurs venus là pour remplir leurs glacières. Certains partent pour une journée. D’autres y restent plusieurs jours. Quelques-uns ont même fait une pêche miraculeuse : sur le trajet ils ont harponné 7 mahi mahi (dorades coryphènes), pêché 6 beaux thons. Le lendemain matin encore 10 nouveaux thons dont l’un de 25 kilos et encore 5 mahimahi sur le chemin de retour. A la marina Tehoro de Mataiea, la rumeur a fait le reste et certains pêcheurs se sont eux aussi lancés dans l’aventure…

La Société des Etudes Océaniennes (S.E.O.) avait consacré son bulletin n°323 à Me’eti’a l’île mystérieuse. Bulletin très bien documenté pour qui s’intéresse à la Polynésie. L’île est rattachée à la commune de Taiarapu-Est (presqu’île de Tahiti).

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Croisière en Floride et fin du périple

En mer, gymnastique, salsa, tennis de table, ventes de sacs à main, bingo, guitare et voix ; au théâtre ce soir Les Pampas Devils qui proposent du tango d’Argentine, un spectacle gaucho, découverte du porto (il doit encore rester des bouteilles !) – et casino. Pour le restaurant, on est prié de se vêtir en tenue de gala ou d’aller finir les restes au buffet !

Aujourd’hui on vend des t-shirts BCRF pour la recherche du cancer du sein, le Norovirus est toujours présent à bord de l’Infinity, casino, préparer vos valises, encore du vin (français cette fois) à tester, encore des émeraudes à vendre… Des achats à faire encore et toujours à partir de 1$ et jusqu’à 75% de rabais sur certaines marchandises. Profitez, profitez, demain débarquement à Fort Lauderdale.
Fort Lauderdale, Floride, arrivée 7h, débarquement régimenté.

La distance totale que nous avons parcourue est de 4 523 milles nautiques (1 mille nautique = 1,85 km)

Pour rejoindre la sortie, il faudra patienter plus de deux heures pour accéder aux guichets de la police américaine, pour se faire prendre les empreintes des deux mains et photographier. Grâce à S. de Monaco nous pourrons prendre un taxi, à nos frais, et rejoindre notre hôtel à Miami. M. et moi ne sommes pas en forme du tout, V. qui était malade durant toute la croisière semble aller un peu mieux mais elle demeure très faible. Nous avions prévu de faire plus ample connaissance avec Miami, nous n’oserons qu’un petit tour le long du port avant de regagner notre chambre. Demain il faudra prendre l’avion pour Los Angeles. Le fenua nous manque.

miami sapin de noel

L’avion est surbooké, en retard, il n’y a pas même de place pour le bagage à main de 3 kilos… une vraie pétaudière. Heureusement nous retrouvons J. et le chien Freddy. Le beau temps nous a quitté, il fait froid, quoi de mieux pour se réchauffer que d’aller dans un centre commercial ? C’est bientôt Noël, les gens font la queue pour manger, pour se faire prendre en photo, pour acheter. Alors les crèmes glacées, tout en couleurs, sont les bienvenues pour les faire patienter !

Pour terminer le voyage avec Air Tahiti Nui, le repas spécial que j’avais commandé n’était pas dans l’avion ! Pour le prochain voyage sur ATN, je me munirai d’un panier-repas avec poisson cru au lait de coco, riz chaud, quart de vin blanc (les boissons sont-elles à nouveau autorisées à apporter au-dessus de 100 ml ?), au moins je pourrai me restaurer normalement.

sculpture de fruit

Nos commentaires ne seront pas trop élogieux :

L’agence de voyages de Monaco de S. n’est pas absolument pas capable de faire un travail correct, puisqu’elle propose un San Diego-Miami elle est à notre avis indigne de représenter la compagnie de navigation Celebrity.

Le bateau est très confortable mais nous conseillons d’éviter sur le pont 8 les cabines près de la bibliothèque comme les n°8123 et suivants car il y règne un froid sibérien. L’ingénieur requis avoue que cela a toujours été ainsi, que le froid vient du pont 10. OK, mais le pont 9 ne souffre pas de cet air glacial et il est bien entre le 8 et le 10, non ? Nous avions pensé qu’un tupapau avait investi les lieux.

La nourriture est insipide, au restaurant Treillis, on sert un cocktail de crevettes, crevettes dont on a omis d’enlever le filament noir donc retour en cuisine, je commande une salade de roquette on me sert de la salade iceberg, le menu indique un poisson de profondeur, ici en Polynésie on le nomme paru, c’est délicieux, très fin, ce poisson arrivé dans l’assiette de V. est servi sur des pois chiches et ce n’est pas du tout celui annoncé, les noms ronflants du menu en français sont sensés embellir les assiettes mais rien n’a de goût, ni les entrées, ni le plat, ni le dessert – rien n’a de goût. Certes, on peut commander toute la carte mais le premier plat, le troisième ou le dernier ont tous le même goût, plutôt la même absence de goût… Pour un bateau qui se voulait à la pointe de la cuisine…

 sculpture de fruit b

Mais j’y pense : ne serait-ce pas un problème de carte de paiement ? Au self, un jour lentilles à la nage, le lendemain lentilles essorées, le surlendemain lentilles séchées, il n’y a pas eu de quatrième jour sinon cela aurait été certainement lentilles amidonnées ou tas de lentilles lessivées. J’ai commandé un ceviche, il y avait du poisson… mais pas une goutte de citron ! Pour les desserts, c’était la pavlova… un truc collant loin des entrechats de la danseuse, une autre fois avec toujours un nom pompeux on aurait dit du fromage blanc, non, non, un carré de Kiri, posé dessus du vernis rouge et encore au-dessus une feuille de menthe, de la vraie menthe ! Nos estomacs se sont refermés et plus rien ne passait sinon un thé…

sculpture de fruit c

Si V et moi-même additionnions les croisières effectuées sous des cieux différents, jamais au grand jamais nous n’avons aussi mal mangé sur l’une d’elle. Même sur la felouque du Nil où notre accompagnateur nous a servi du kitkat. Quand nous dialoguons avec Tahiti par mail, on nous apprend qu’un grand nombre de personnes ont été malades sur un des Princess, le Crown, je crois. C’est grâce certainement aux prières de mes amies adventistes que nous n’avons pas été malades comme ceux du Princess. Merci Seigneur comme disent les Polynésiens.

Pour celles et ceux qui seraient tentés par une croisière, choisissez bien, ayez aussi beaucoup de chance… ou un compte carte bleue bien approvisionné !

Hiata de Tahiti

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Phénomènes de société à Tahiti

Mopelia est un atoll situé au sud-ouest de Maupiti. Quatre kilomètres de terres basses entourent un lagon fertile en nacres. Une quinzaine d’habitants vit du coprah. Mopelia possède une passe et est donc accessible par bateau. Aucune structure d’hébergement et aucun magasin toutefois. Il fut un temps, il y avait une rotation toutes les deux semaines depuis Maupiti, c’était, c’était… il y a pas mal de temps. La dizaine de famille vivant à Mopelia est privée de ravitaillement depuis le mois d’avril 2014 et 35 tonnes de coprah attendent de pouvoir être embarquées à bord du navire de la flottille administrative. En théorie, les rotations entre Tahiti et Mopelia s’effectuent tous les 6 mois. Le navire ne peut, compte tenu de son tonnage, emprunter l’unique passe de l’île. Il doit au préalable embarquer la barge de l’île de Maupiti pour effectuer les transferts de marchandises sur Mopelia. Malheureusement, l’état de la mer, l’indisponibilité de la barge pour cause de problème mécanique a empêché le Tahiti Nui 8 de procéder au ravitaillement en vivres des habitants. Depuis avril 2014, Mopelia n’a plus de gaz, d’essence ni de nourriture. Les habitants n’ont que les poissons pêchés dans le lagon et les cocos pour se nourrir. Le Tahiti Nui 8 n’a pu rejoindre Mopelia en novembre, il devrait atteindre l’île le 15 janvier, nous sommes déjà le 25 tandis que j’écris ces lignes… Sœur Anne, ne vois–tu rien venir ?

cascade foret tahiti

Mais ça avance, merci. Des murs gris, pas encore de toit, encore 4 girafes sur le chantier, la prison près de Papeete s’élève. Le palace s’annonce luxueux. Ce chantier financé par l’État coûte la bagatelle de 5,85 milliards de XPF (49 millions d’euros). Une cellule au prix d’un appartement 120 000 € par prisonnier. Nuutania, réputée la prison la plus surpeuplée de France et de Navarre, sera rafraîchie et continuera à servir (pour les femmes et les mineurs) quand celle de Papeari entrera en fonction au 1er semestre 2017. 410 détenus devraient intégrer cette nouvelle geôle. Madame la Directrice de l’Administration pénitentiaire était venue fin septembre 2014 se rendre compte sur place.

En début juillet, le Resort superluxe de Tetiaroa, The Brando, a ouvert ses portes avec deux familles de clients américains. Il aura fallu 5 années de travaux, un investissement annoncé de 11 milliards de XPF (presque 100 millions €, défiscalisés bien sûr pour), qu’enfin les premiers clients profitent de cet endroit paradisiaque. Le séjour minimum, d’après la pub, est de 3 jours en pension complète pour un couple et coûte au bas mot 9 000 € plus 600 € par personne pour l’aller-retour en avion (50 km, 15 minutes de vol). Qu’on se le dise, le refuge pour millionnaires est ouvert. D’après les langues de vipère de Radio Cocotier, cet hôtel serait un leurre pour une vaste opération immobilière. Il resterait à vendre 585 ha des motu de l’atoll. Du calme, il y en aura pour tout le monde !

montagne brume tahiti

« Et si on autorisait les casinos des bateaux de croisière à quai ? » Le Pays réfléchit à ouvrir aux croisiéristes les salles de jeux des navires amarrés à Papeete afin de favoriser des escales plus longues, qui seraient bénéfiques pour l’économie locale. La législation actuelle est ambiguë, mais le permettrait…

48 heures de dérive, deux nuits en mer et 11 vols de recherche effectués par 3 aéronefs différents (le Gardian de la Marine nationale, l’hélicoptère Dauphin de l’Administration et le Casa de l’armée de l’air). Mais ils ont été retrouvés ! Ils ne possédaient pas de balise de détresse. Ces trois naufragés appartenaient à la communauté de l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (Mormons). Le sauvetage a coûté 65 millions de XPF, aux frais de la société.

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Guerres picrocholines à Tahiti

La guerre est déclarée, ce ne sera pas la guerre des boutons mais la guerre des cailloux, de la fumée et de la poussière. Un couple polynésien s’est nanti d’origines impériales pour interdire, pour légiférer et pour insulter leur voisinage. Ils épient jour et nuit les faits et gestes de leurs voisins, contestent les limites des terrains (à leur seul profit évidemment), font venir la police municipale pour un oui, pour un non etc. De guerre lasse, les gens ne répondent plus aux insultes « impériales », aux mesquineries, mais trop c’est trop.

guerre des boutons 1961

Voilà qu’avec leur kyrielle de voitures, bateau, tracteur, 4×4, ils envoient les cailloux dans le jardin des autres. Les insanités pleuvent et les cailloux sont rejetés sur le chemin. Bientôt les mitrailleuses feront leur apparition. Chacun étant dans son bon droit ! et ici au fenua, les pito (nombrils) sont démesurés Peut-être que dans peu vous verrez en exclusivité mondiale la guerre des cailloux sur la télévision nationale.

L’ancienne base arrière du CEP de Hao rencontre des problèmes d’eau pour les toilettes de son aérogare. Ne riez pas ! Les sanitaires de l’aérogare sont fermés actuellement, ce qui oblige les touristes et les habitants prenant l’avion de s’égailler dans la nature pour faire leurs besoins pressants et naturels ! La réponse des autorités de l’atoll est : « le problème de l’aérodrome est lié au manque d’eau. L’usine de désalinisation étant fermée aux heures d’ouverture de l’aérodrome, celui-ci se trouve sans approvisionnement. Cela vient du fait qu’aucune citerne de récupération des eaux de pluie n’a été installée sur le site. Cette situation a été signalée aux ministres compétents (le précédent et le nouveau) depuis le mois d’avril 2014 ». La situation va perdurer, et on ne sait pas jusqu’à quand. Moi non plus.

carcasses voitures

Cinq mois déjà que le terrain bordant la route Papeete-Taravao, situé face au restaurant Terre-Mer, s’est transformé en dépotoir sauvage. Carcasses de voitures, débris en tout genre, sacs-poubelles ont été déposés là à l’insu du propriétaire du terrain. Les coupables n’ont à ce jour pas été retrouvés. Le propriétaire est dépassé. Certes les plaques d’immatriculation des voitures ont été ôtées… mais il faut avoir un matériel de remorquage pour amener jusque-là ces carcasses de voitures.

Régulièrement sur le territoire les carcasses sont enlevées et broyées avant d’être expédiées en Nouvelle-Zélande ou ailleurs, mais chacun doit mettre la main au porte-monnaie et c’est là que le bât blesse. Alors, nettoyage ou pas nettoyage ? En tout cas, pour les touristes qui font le tour de l’île lors des escales de bateaux de croisière, ces vues leur donnent une piètre image de la Polynésie. Aux dernières nouvelles le propriétaire du terrain ayant été sommé de nettoyer son terrain, la municipalité se chargerait d’éliminer les carcasses de voitures !

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Exposition de tapa au Musée des îles de Tahiti

Le tapa est une étoffe végétale fabriquée par battage de la partie interne de l’écorce de certains arbres et qui trouve son origine il y a 7 000 ou 8 000 ans en Asie du Sud-Est, berceau reconnu aujourd’hui du peuplement des îles du Pacifique. Le Musée des Iles de Tahiti y consacre une exposition avec la participation notamment d’Hawaï, Rapa Nui, Samoa, Tonga, Wallis et Futuna, Pitcairn, Cook, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée. Les pièces exposées proviennent des musées et des collections privées, des fonds du Musée de Tahiti. Un voyage dans le temps qui permet de voir l’évolution des battoirs traditionnels servant à frapper les écorces de aute, uru, et ora, des motifs qui ornent ces tapa, leur usage précis, des matrices et les pièces sélectionnées pour cette exposition.

tapa danseuse tahitiActuellement seuls quelques artisans aux Marquises continuent de pratiquer cet art. Les écorces battues à partir des aute (Broussonetia Papyrifera) donneront un tapa brun, celles des uru (arbre à pain) un tapa blanc, celui du ora (banian ou Ficus Marquesensis) un tapa brun clair et celui du mûrier à papier un tapa blanc et fin. Paul Pétard dans son livre « Plantes utiles de Polynésie » indique que « l’écorce des jeunes branches était employée pour la confection des tapa.

tapa sur male tahiti

Les plus beaux tissus étaient fabriqués avec celles de la variété puupuu pour le uru. Ils étaient de couleur blanche et rivalisaient avec les tapa préparés avec le aute (Broussonetia papyrifera). » Le mati (Ficus tinctorial) était utilisé pour teindre les tapa en rouge. Les tapa, étoffes indigènes non tissées obtenues en soudant ensemble les fragments d’écorce par battage prolongé, étaient imperméables ; leur abandon vers 1840 au profit des cotonnades européennes, auraient contribué à la propagation de la tuberculose.

La disparition de l’industrie du tapa remonte au début de notre siècle. Elle est toujours florissante à Fidji, aux Tonga, à Wallis. Dans l’exposition, outre les tapa, on peut voir trois superbes battoirs ayant appartenu à la Reine Marau (1839-1891), un autre battoir mis à jour à Huahine en 1977 par le Professeur Sinoto. La technique de la fabrication s’est au cours des siècles affinée et les rudimentaires battoirs en pierre ont cédé la place à de jolis battoirs en bois dur finement rainurés.

On peut y admirer également une matrice kupesi créée avec du kere (base des palmes de cocotier). Des nervures des folioles des palmes de cocotier (celles dont on fait les balais « niau ») permettaient à Fidji et à Samoa la reproduction à l’identique par estampage d’un motif décoratif. Le balai niau est bien connu des enfants tahitiens, c’est le martinet local (ouille !).

Sur les murs de l’exposition, de grands tapa vierges des Marquises côtoient les larges tapa anciens ou plus récents des Samoa, de Tonga aux motifs royaux, un gigantesque tapa de Wallis de 38 mètres de long, des tapa de Pitcairn dont on ignorait l’existence il y a peu. Les motifs qui ornent les tapa n’ont pas qu’un rôle de décor ! Ce lautafuhi de Wallis (mot wallisien qui désigne un tapa géant) a été confectionné en 2 jours à partir de mûriers à papier par 20 femmes du village de Fafaleu à Wallis. 200 pièces de tapa ont été nécessaires car chaque étoffe pré-battue fait à peu près de 3 à 4 m de long. On les double pour avoir un tapa assez épais qui ne se déchire pas. On colle les étoffes bout à bout avec de l’amidon préparé ou du manioc précuit. Sur l’étoffe nue, encore blanche, on procède à l’estampage avec un kupesi (matrice). On pose l’étoffe dessus et on frotte avec de la teinture rouge végétale. On dessine au fur et à mesure, à main levée, les motifs avant de laisser sécher au soleil. On rassemble pour ce travail collectif la population d’un village afin de gagner en unité.

tapa tahiti

A Wallis toute femme se doit d’avoir un lautefuhi chez elle. Le tapa est encore utilisé pour les naissances, mariages, décès, cérémonies coutumières. Il faut être prête à offrir un bout d’étoffe que l’on coupera de son tapa géant, mais pas n’importe comment. Il existe des codes pour le découpage, ce sera par 5, 10 ou 20 coudées. Chaque fragment porte un nom spécial : un de 5 coudées porte le nom de folaosi, celui de 10 coudées de lauhogofuleu, et celui de 20 coudées uafulu. De la personne à qui il va être offert dépendra la taille. Plus la place dans la hiérarchie est importante, plus le morceau sera grand. Ainsi la personne qui le reçoit sait l’importance qu’on lui accorde !

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Faits d’hiver en été à Tahiti

Même si, ici, c’est l’été – l’inverse austral de la métropole – la déshumanité n’en finit pas…

Jugé pour « esclavagisme moderne », l’homme de 74 ans employait deux salariés dans sa boulangerie, l’un depuis 14 ans l’autre depuis 4 ans sans les avoir déclarés. Ces « esclaves » travaillaient 7 jours sur 7 pour un salaire hebdomadaire de 21 000 XPF (176 €) et étaient contraints d’avoir un compte à crédit ouvert dans l’épicerie aussi propriété du vieil homme. Cet Harpagon avait acquis 4 maisons et investi dans une société de transport maritime. Le défenseur d’Harpagon a plaidé le fait que son client était de « la vieille école » et « qu’il avait toujours travaillé dur depuis ces jeunes années ». Fermez le ban !

gamin ecran

A Raroia (Tuamotu), la jeune femme de 21 ans, mère d’un bébé d’à peine un an a bien été poussée dans un puisard par son tane (homme) tête la première, il a ensuite mis le feu à leur fare (maison). Ce tane avait affirmé que sa femme s’était suicidée. Un atoll d’où il a fallu rapatrier le mari qui, devant les gendarmes, a reconnu son acte. Le corps de la malheureuse a été exhumé et rapatrié aussi à Papeete pour l’enquête…

A Papeete, le mari jaloux tue l’amant de sa femme en lui roulant dessus en voiture et en lui arrachant un pied ; sur un atoll l’oncle tue à coups de hache son neveu.

perles noires tahiti

Une bonne nouvelle pour commencer cette année 2015 : en 2017, les premières perles de culture marquisiennes feront leur apparition. Cette population des Marquises possèdera une signature moléculaire totalement différente de celles des Tuamotu, des Gambier et des Iles sous le Vent. Ces perles pourraient être d’une qualité exceptionnelle. Attendons de voir.

Hiata de Tahiti

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