La vulgate croit, au vu du seul titre, qu’il s’agit d’une revendication à la flemme par un fout-rien révolutionnaire. Il n’en est rien. Il s’agit certes d’un pamphlet, certes du gendre de Karl Marx, certes pour contester le culte du travail, mais qui rappelle quelques évidences de bon sens. Un bon sens tordu par deux mille ans de christianisme et par deux siècles de bourgeoisie capitaliste.
Ce bon sens est : le travail fatigue, il doit être effectué pour vivre, mais limité pour bien vivre.
Paul Lafargue est né à Cuba, d’où son expérience enfantine de l’indolence propre aux tropiques où la nature offre en surabondance ses fruits – mais où il a aussi connu l’esclavage des nègres dans les plantations. Issu d’un Bordelais et d’une Juive à ascendance caraïbe, il appartenait donc à « trois races » comme on disait alors, faisant de lui l’exemplaire métèque d’une humanité en soi, sortie des glèbes et des gènes. Étudiant en médecine à Bordeaux, il devient proudhonien et franc-maçon avant d’adhérer à l’Internationale, où il va beaucoup s’investir en faveur des ouvriers et rencontrer Karl Marx. Il tombera amoureux de Laura, sa fille gâtée surnommée Kakadou, et l’épousera.
Il réunit en 1883 en un pamphlet de moins d’une centaine de pages une série d’articles qu’il a fait paraître en 1880 dans la revue hebdomadaire L’Égalité. Il réfute surtout le « droit au travail », de 1848, réclamé par les ouvriers alors qu’il faisait d’eux des esclaves. Il lui oppose un « droit à la paresse » qui n’est pas une fainéantise de chômeur (vue bourgeoise) ou de SDF hippie antisystème (vue gauchiste après 68) mais une saine régulation du labeur (vue démocratique et écologiste d’aujourd’hui). La Constituante de 1848, cette fameuse « révolution » chantée par toute la gauche après celle de 1789, dont par le « charlatanesquement romantique Victor Hugo », avait en effet instaurée la journée de douze heures, enfants de 8 ans et vieillards décrépits compris. Quel progrès depuis les Grecs raille Lafargue ! Ceux-ci considéraient en effet le travail comme une fonction d’esclave ou de machine ; les vrais hommes préféraient le sport et la philosophie, s’entraînant à être plutôt de parfaits citoyens votant aux assemblées et participant à la défense de la cité.
La bourgeoisie du XIXe siècle industriel, au contraire, reprend la vilenie chrétienne de l’homme voué à la souffrance ici-bas, selon le discours de Thiers. « Aux XVe et XVIe siècle [la bourgeoisie] avait allègrement repris la tradition païenne et glorifiait la chair et ses passions, réprouvées par le christianisme ; de nos jours [1880], gorgée de biens et de jouissances, elle renie les enseignements de ses penseurs, les Rabelais, les Diderot, et prêche l’abstinence aux salariés. La morale capitaliste, piteuse parodie de la morale chrétienne, frappe d’anathème la chair du travailleur ; elle prend pour idéal de réduire le producteur au plus petit minimum de besoins, de supprimer ses joies et ses passions et de le condamner au rôle de machine délivrant du travail sans trêve ni merci. » Une idéologie de l’exploitation qui fait croire au salut par le travail tout en organisant la misère : payer juste ce qu’il faut pour la survie, mais sans aucun surplus qui entamerait le profit. Capital et goupillon, même combat ! Assuré par le sabre qui est aux ordres et ne produit rien. Il s’agit d’une religion du capital, dit Lafargue, dont l’excommunication est le chômage, l’exclusion de la communauté des vrais hommes qui, eux, travaillent.
Or exercer un travail est bienfaisant au corps et à l’esprit tout en étant utile à la société, dit encore Lafargue, à condition qu’il soit limité dans le temps. Pour lui, « trois heures par jour » devraient suffire ! « Pour forcer les capitalistes à perfectionner leurs machines de bois et de fer, il faut hausser les salaires et diminuer les heures de travail des machines de chair et d’os. »
Assez prémonitoire sur l’essor de la technique et de la productivité, convenons-en.
La production poussée par le surtravail aboutit à la surproduction cyclique, analyse Lafargue. C’est alors « la crise » – économique avec ses destructions d’emplois et de marchandises afin d’assainir les prix, – sociale avec l’essor de la misère et de la grogne allant jusqu’aux émeutes de banlieues, de casseurs ou de gilets jaunes, – et politique avec la montée de la défiance, le recours aux croyances et au Complot, la démagogie populiste qui favorise l’élection des extrêmes. Le travail excessif provoque donc du gaspillage et du désordre qui, par contrecoup, encourage l’aspiration à la dictature.
Dans le même temps, les bourgeois oisifs qui vivent de la rente se sentent obligés de s’empiffrer, au mépris de leur santé, et d’attifer leurs grognasses jamais contentes de colifichets luxueux et inutiles, qui sont d’autres gaspillages, tout en allant aux putes pour tenir leur rang social et ne pas déranger l’ordonnance de la coiffure de Madame.
Quant aux capitalistes actionnaires, ils attisent les désirs pour conquérir de nouveaux marchés : intérieurs par l’obsolescence programmée (« tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l’écoulement et en abréger l’usage »), la publicité et le marketing afin de susciter des besoins inutiles ; extérieurs par l’exportation, voire la colonisation, et l’évangélisation afin que « les culs noirs qui vont tout nu » soient forcés de se vêtir des cotonnades de Manchester. « Ils forcent leur gouvernement à s’annexer des Congo, à s’emparer des Tonkin, à démolir à coups de canon les murailles de la Chine, pour y écouler leurs cotonnades. » En attendant notre moderne soft power où les Américains sont devenus experts, imposant leurs logiciels qui aspirent sans notre consentement nos données, leurs fiestas commerciales de la Fête des mères, d’Halloween et du Black Friday, fourguant leurs « marques » et leurs « produits dérivés » à tout va – encore un gaspillage de ressources et de temps.
Assez prémonitoire sur nos préoccupations écologiques, convenons-en.
Même sous l’Ancien régime, au temps des corporations les artisans avaient des jours fériés et des fêtes religieuses qui coupaient le temps de travail. « Ils avaient des loisirs pour goûter les joies de la terre, pour faire l’amour et rigoler ; pour banqueter joyeusement en l’honneur du réjouissant dieu de la Fainéantise », s’exclame Paul Lafargue. Aujourd’hui, la natalité décline et la « fête » est droguée pour s’évader.
Assez prémonitoire sur notre aspiration aux trente-cinq (puis trente) heures et sur les revendications à ne pas augmenter l’âge légal de la retraite, convenons-en.
Surtout que Paul Lafargue s’est suicidé au cyanure à l’âge exact de 70 ans avant que la vieillesse ne le dépouille de ses forces et des plaisirs de l’existence – d’où sa revendication à une retraite précoce. Il y a entraîné sa femme qui n’avait que 66 ans, mais l’époque imposait à la femme le pouvoir de l’homme.
Au total, ce court pamphlet écrit d’un ton allègre recense nombre d’arguments utiles et toujours d’actualité sur le temps de travail, la souffrance au travail, l’épanouissement au travail. Il mérite d’être (re)lu.
Paul Lafargue, Le droit à la paresse, 1880, Fayard Mille et une nuits 2021, 80 pages, €3,00 e-book Kindle €0,99 ou emprunt abonnement
Martin Kurt, Améliorez votre pouvoir d’achat et faites vous plaisir
L’intérêt du livre est de tenir égaux ces deux plateaux de la balance, comme une entreprise. Vous devez gérer vos avoirs comme un entrepreneur avec les deux feuilles du bilan : l’actif et le passif. L’actif est ce que vous gagnez ou de dépensez pas, le passif ce que vous accumulez et gérez au mieux. Cela nécessite un certain temps et un peu d’efforts, mais pas tant que cela. C’est surtout d’écoute et de bon sens qu’il s’agit !
Martin présente nombre d’études de cas et d’exemples tirés de sa propre expérience dans des domaines divers, notamment les plus importants pour un budget : le transport et l’immobilier. J’ai bien connu Martin, l’ayant suivi depuis son école de commerce avec une spécialité en finance et en e-commerce, suivie d’un Master in business and Administration (MBA) dans une université américaine. J’ai vu se développer ses blogs et observer l’effet de ses conseils avisés.
Cette expérience variée lui a offert une palette d’enseignements dont le principal est d’allier la théorie à la pratique. Les connaissances acquises doivent servir à quelque chose ! La variété des établissements a permis à Martin de rencontrer nombre d’entrepreneurs et d’artistes, de gens qui ont réussi leur vie. Un point commun : leur volonté de réussir et leur habileté à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour atteindre leurs objectifs.
« J’ai donné des cours particuliers, réalisé des missions en marketing, et passionné par la création sur Internet, j’ai réussi à développer des sites et à gagner de l’argent avec. »
Faut-il vraiment travailler plus pour gagner plus ? Le bon sens populaire le voudrait, mais ce n’est pas si simple… Il faut surtout travailler mieux : utiliser ses compétences, négocier son salaire, profiter des avantages. Mieux utiliser le même salaire quant aux dépenses et l’investir avec soin, par exemple en négociant son crédit immobilier, en achetant à rénover pour réaliser soi-même les travaux, ou en achetant des actions quand personne n’en veut.
Sans pour cela vous priver ! La hausse des besoins est tirée par les nouveaux produits technologiques et la publicité, mais arrêter de fumer et boire moins d’alcool ne sont pas des dépenses « contraintes » ! Les revenus « passifs » sont énormes quand on y réfléchit… Quant aux revenus actifs, vous pouvez développer des gains annexes : covoiturage, publicité sur votre site Internet, petit boulot à côté de votre métier principal.
« Au lieu de jalouser vos amis qui réussissent ou de vous plaindre – à vous, dès maintenant, de développer votre réseau, de lire davantage, d’être plus curieux. C’est un processus à long terme et difficile car cela implique d’être motivé ! »
Pensez aussi à la négociation, elle a lieu partout : décider dans quel restaurant manger avec vos amis (le prix n’est pas le même selon le style…), savoir où partir en vacances (pays riches ou pays pauvres…) La négociation va vous enrichir personnellement car elle vous forcera à faire attention aux autres.
« Que vous négociez pour de l’argent ou d’autres choses, comprenez les enjeux sous-jacents (les motivations profondes de votre interlocuteur), ce qui vous permettra de mieux négocier (…) N’attaquez jamais son ego, seulement le problème ».
En fait, gagner plus est un style de vie. Il ne s’agit pas de se transformer en « affreux » capitaliste (forcément affreux d’après l’opinion commune : avide et grippe sou), mais d’être ouvert pour découvrir des opportunités. Martin décline ainsi les dix commandements du gagnant :
1) Dites bonjour et souriez à vos amis, voisins, collègues de travail. Soyez positif.
2) N’ayez pas peur de discuter avec des inconnus.
3) Quand vos amis ont besoin de vous, aidez-les.
4) Quand vous ne savez pas, demandez. Les gens sont flattés qu’on s’intéresse à eux et vous développez votre expertise.
5) Soyez curieux. Regardez moins la télé, sortez et faites du tourisme, visitez des musées, allez au théâtre, lisez, écoutez vos amis. « Être curieux est sans doute un des meilleurs conseils pour vous aider à réussir votre vie. »
6) Développez vos compétences. Comprenez le monde dans lequel on vit pour pouvoir saisir les opportunités au lieu de subir votre destin.
7) Soyez optimiste dans vos projets de vie. Vous n’avez rien à perdre en négociant. Ne dites plus : « c’est trop cher » mais « comment je peux l’obtenir ».
8) Fixez-vous des objectifs. Si vous négociez au pire vous essuyez un refus, au mieux vous gagnez de l’argent pour vous faire plaisir. Bref, vous n’avez rien à perdre.
9) Acceptez la critique. Mieux : demandez à être critiqué de façon constructive.
10) Soyez entrepreneur de votre vie. Ayez des projets et le courage d’assumer vos décisions, ayez la persévérance d’aller jusqu’au bout.
N’est-ce pas cela le gagner durable ? Le développement personnel durable? L’efficacité même du capitalisme comme technique ? Pour être plus heureux avec un pouvoir d’achat limité par l’inflation et les perspectives d’avenir moroses de notre continent vieillissant, il faut être entrepreneur de son patrimoine, maître de soi comme le voulait Montaigne et volontaire comme le pressentait Nietzsche.
Un bon conseil pour une vie bonne : lisez ce livre !
Achetez le livre en direct sur Internet et contactez Martin Kurt, l’auteur, si vous avez la moindre question, il vous répondra dans les plus brefs délais.
Son blog finance : www.candix.fr